Ma course à pied du week-end m’amène cette fois-ci vers Azabu-Jūban. Tout en courant, je remarque cette résidence en forme de rocher brun. C’est une teinte assez inhabituelle pour un immeuble de béton. On dirait la couleur du bronze. Il s’agit de House in Minami-Azabu de l’architecte Hitoshi Wakamatsu. L’extérieur de la résidence est assez irrégulier, ce qui est également le cas de l’intérieur que l’on devine un peu par la forme biseauté des ouvertures. A l’intérieur, un escalier en spiral ouvert fait le lien entre les 4 étages.
Sur la rue en pente Sendaizaka, l’ambassade de Corée du Sud est toujours très surveillée. J’hésite d’abord à prendre le bâtiment en photo mais j’essaie quand même. Les architectes de cette ambassade sont Chang-jo Architects et sont également coréens. Visuellement, le building projette une vision très high-tech. La partie droite semble s’avancer en apesanteur au dessus du sol.
En face de l’ambassade coréenne, s’étend un vaste espace occupé par une dizaine de temples. En entrant à l’interieur de l’espace, une allée piétonne semi-couverte laisse soudain apparaître l’un d’entre eux appelé Senko-ji. Tandis que je marchais doucement sur cette allée, ce temple de grande taille et surélevé se laissait peu à peu découvrir. L’approche photographique n’est ici pas suffisante pour donner une bonne impression de cette découverte progressive. La lumière de fin d’après midi d’hiver apportait une certaine beauté à ce grand temple qui ressemble à une forteresse, en raison de son élévation peut être.
Rentrons maintenant dans le centre de Azabu-Jūban. J’avais l’habitude de venir souvent dans ce quartier il y a de nombreuses années car j’habitais pas très loin d’ici, dans un appartement en haut de Sendaizaka. Je ne viens plus très souvent par ici. Le centre de Azabu-Jūban ne semble pas avoir beaucoup changé à part quelques nouveaux buildings à plusieurs endroits. L’immeuble LAPIS par les architectes Iida Archiship Studio, par exemple. Je le connaissais pour l’avoir vu dans un numéro de JA Japan Architect. La particularité du building est sa taille au sol plus étroite que la taille des étages. Cela donne un immeuble étrange et asymétrique aux lignes biscornues. Les ouvertures au rez de chaussée et à l’étage sont par conséquent déformées. Le béton et ces formes donnent au building un air brutaliste.
On dit parfois que Tokyo est un assemblage de villages. Il est vrai que lorsqu’on s’éloigne des grands axes, que l’on rentre à l’intérieur des labyrinthes des zones habitées, on est assez vite gagné par cette impression de village. Cette impression est renforcée par la présence des temples ou sanctuaires de quartier souvent entourés d’un minimum de végétation. Impression de village également accentuée par les méandres des ruelles étroites où l’on peut à peine passer en voiture. J’aime m’y promener, s’y perdre pendant quelques minutes, faire demi-tour, chercher une autre voie, parfois trouver l’issue du labyrinthe. La rue ci-dessus se trouve à Moto-Azabu près d’un mini jardin public, en bas d’une colline urbaine. Elle mène à un autre temps, comme une porte temporelle. Les vieilles baraques en bois des deux ou trois rues de ce quartier sont imperturbables des changements incessants de la ville. Cette zone semble avoir été oubliée des promoteurs immobiliers qui sont pourtant très actifs dans les quartiers de Azabu. Ils n’ont peut être pas encore découvert l’entrée du labyrinthe. Tout d’un coup, je pense à Murakami Haruki et aux mondes parallèles.
À côté des rues préservées de tout, le temple du quartier Honko-ji n’a pas grand chose de très particulier si ce n’est un étrange dôme de tôle verte à son entrée et cette petite construction de huttes végétales. L’assemblage est soigné et doit être sujet à beaucoup d’attention. Après une visite rapide du temple, je reprends la route en courant à travers Azabu pour en sortir bientôt sans me perdre.
Nous changeons d’addresse sur la dernière photo ci-dessus, car nous sommes de retour à Shibuya, au sanctuaire de Hikawa. En contre-bas, un jardin public occupe un grand espace le long de l’allée en pierre menant au sanctuaire. Un chapiteau de bois dohyō y est installé en permanence et on ne peut pas entrer à l’intérieur. Il est utilisé pour des démonstrations de combat de sumo de temps en temps. Je les avais d’ailleurs pris en photo il y a quelques années. Les escaliers en pierre menant au sanctuaire sont très boisés et un peu sombres. Le matsuri d’automne se déroule ici, dans ces escaliers et allées de pierre jusqu’à la rue quasiment piétonne menant à la grande artère de la Meiji-dori. Depuis l’escalier, le jardin est rempli de lumière. Il n’y a pas d’enfants aujourd’hui dans le jardin public, mais ils sont en général nombreux.