tant qu’il y a un soleil (1)

Les premiers jours de l’année paraissent déjà bien loin. Les quelques photographies ci-dessus sont prises dans l’enceinte du grand temple Ikegami Honmonji et au plus petit sanctuaire Ontakesan à quelques stations de là. Nous découvrons petit à petit l’arrondissement de Ohta à travers ses temples et sanctuaires, mais nous y allons doucement pour éviter la foule. Visiter les temples et sanctuaires est aussi l’occasion de marcher, lorsqu’on finit par en avoir marre des émissions télévisées du Nouvel An. J’aime beaucoup cette période tranquille et sans obligations des premiers jours de l’année. Je pense à chaque fois que je vais pouvoir faire des choses que je ne trouve pas assez le temps de faire en temps normal, comme par exemple terminer Neige de Printemps de Yukio Mishima, que j’ai déjà commencé depuis quelques temps. En fait, je lis ce livre par petites doses comme pour le faire mijoter dans mon esprit. J’aime beaucoup cette histoire et l’écriture de Mishima, et je ne suis en fait pas pressé de le terminer car j’ai envie que Kiyoaki Matsugae et Satoko Ayakura continuent à m’accompagner encore quelques temps. J’avais un sentiment similaire envers les personnages de Murakami dans 1Q84, Aomame et Tengo Kawana, ou envers le narrateur anonyme du Meurtre du Commandeur. J’ai même trouvé une certaine tristesse à me séparer de ces personnages une fois terminé ces romans. Pendant les jours du Nouvel An, je pensais lire quelques chapitres de Neige de Printemps, ou peut être me remettre à écrire sur mon carnet, mais j’avais cependant oublié que le cerveau se met en pause à cette période de l’année et que toutes les bonnes volontés du monde ne peuvent l’emporter sur la lenteur générale de ces moments.

Musicalement parlant, je ne sais quelle raison m’a poussé à rechercher dans mon tiroir de CDs l’album de mix Code4109 de DJ Krush (Ishi Hideaki de son vrai nom). L’album est déjà sur mon iPod depuis très longtemps mais je ressentais tout de même le besoin d’ouvrir la boite du CD et de réouvrir le livret. Je n’avais pas écouté depuis longtemps cet album de hip-hop instrumental composé d’un mix de 19 morceaux formant un long morceau non-stop de 68 minutes. La beauté de Code4109 est dans les transitions et certains choix musicaux comme celui de faire intervenir des chœurs bulgares sur un morceau (le neuvième Taiyou Ga Arukagiri 太陽があるかぎり qui m’inspire d’ailleurs le titre de ce billet). En le réécoutant maintenant, je me rends compte que je connais chaque enchaînement et retournement de situation par cœur. Je ne pensais pas m’en souvenir aussi bien, mais il faut dire que je l’ai beaucoup écouté au début des années 2000. Code4109 est sorti en 2000 sur le label Mo’Wax. Je pense que j’ai connu DJ Krush à travers DJ Shadow également sur ce même label de James Lavelle. Endtroducing….. de DJ Shadow sorti en 1996 est un album grandiose que j’ai aussi beaucoup écouté. Toujours sur Mo’Wax, me revient en tête Psyence Fiction de 1998, par le groupe UNKLE composé de James Lavelle et Shadow, et où intervenaient de nombreux invités comme Thom Yorke ou Richard Ashcroft.

before eternity kicks in

Ikegami est un quartier de Tokyo que je ne connais pas beaucoup mais que j’apprends à connaître tranquillement en commençant par le grand temple Ikegami Honmonji, de l’école bouddhiste Nichiren. Pour cette première visite, on n’a pas exploré tous les recoins de l’enceinte du temple qui est gigantesque et on s’est plutôt limité à la surface, c’est à dire à ce qui saute immédiatement aux yeux. La place devant le bâtiment principal est vaste et très dégagée. On y accède par un grand escalier dont les marches de tailles inégales accusent les années. Je reviendrais très certainement bientôt dans ce temple pour l’explorer un peu plus profondément. La rue courbe qui nous amène au temple depuis la station de Ikegami est intéressante car elle nous replonge dans l’ère Showa lorsqu’on regarde les devantures de certaines échoppes. Cette rue a le charme du désuet et contrairement à des quartiers plus prisés de Tokyo, cette ambiance ne changera certainement pas dans les années ou même décennies qui viennent.