soleil couchant sur le temple

Ces quelques photographies datent du début du mois de Janvier et je n’avais pas réussi à les placer dans un billet jusqu’à maintenant. Au tout début de l’année, nous sommes allés au temple Ikegami Honmonji (池上本門寺) situé dans l’arrondissement d’Ōta. Ce complexe est gigantesque. Perché sur une colline, on approche le temple principal par un grand escalier de pierre qui semble avoir bien vécu. La pagode de cinq étages se trouve dans un grand cimetière couvrant une bonne partie de l’enceinte du temple. Le soleil commençait déjà à se coucher à notre passage ce qui m’a donné l’envie de jouer avec cette lumière solaire en contre jour.

Les visiteurs attentifs ont certainement déjà remarqué des petits changements dans l’entête du blog, avec un nouveau titrage en japonais. J’ai enlevé quelques liens vers des pages statiques du site et les liens vers Twitter, Instagram et les autres réseaux sociaux. Ces changements sont destinés à alléger un peu le design de l’entête, mais rien n’est définitif. Je cherche un moyen de garder ces liens quelque part sur le blog sans alourdir le design et j’ai donc créé une nouvelle page spécifique regroupant les liens vers les réseaux sociaux et peut-être vers d’autres pages statiques du blog. J’ai fait quelques tentatives de changements de thème du blog, mais je n’ai rien trouvé pour l’instant qui rivalise avec la simplicité du thème actuel. Il s’agit du thème que j’ai gardé le plus longtemps depuis les débuts de ce blog et je ressens de plus l’envie de faire des changements. Le blog aura officiellement 20 ans dans quelques mois et ça fait 24 ans que j’habite à Tokyo depuis cette semaine (mais j’étais très jeune quand je suis arrivé à Tokyo et démarré ce blog).

Continuons avec une petite playlist de nouveaux morceaux d’artistes que je suis depuis quelques temps et dont je ne manque pas d’écouter les nouveaux morceaux. Je commence par Miyuna (みゆな) qui vient juste de sortir le 1er Février 2023 un nouveau très beau single intitulé Yume demo (夢でも). Je le connaissais en fait déjà car elle l’avait interprété en avant-première lors du concert au Shibuya Club Quattro auquel j’avais assisté. Ce morceau est le thème du film Shōjo ha Sotsugyō shinai (少女は卒業しない) de Shun Nakagawa (中川駿) qui sortira le 23 Février 2023 au cinéma. Il se dégage une certaine mélancolie de ce morceau démarrant calmement sur quelques notes de guitare acoustique puis par la voix de Miyuna qu’on a beaucoup de plaisir de retrouver. Le morceau s’engage ensuite vers des terrains plus rock lorsque les guitares se réveillent jusqu’à l’assez long solo de guitare de Shūta Nishida (西田修大). Miyuna écrit les paroles et compose la musique de ce morceau, entourée de musiciens différents de ceux des concerts de Shibuya et d’Osaka à la fin de l’année dernière. J’aime beaucoup la manière dont ce morceau monte en intensité, la voix de Miyuna permettant ces pointes d’émotion. Ce morceau prouve encore une fois tout le bien que je pense de la musique de Miyuna. Elle le présentait sur un Instalive d’une demi-heure le Vendredi 3 Février à 19h30, tout en annonçant une tournée nationale de 7 dates qui ne passe bizarrement pas par Tokyo, mais juste à côté à Saitama et Kanagawa. Il s’agit d’une tournée en version acoustique qui sera accompagnée d’un mini-album également acoustique de quelques titres et d’un DVD reprenant une sélection de morceaux de sa dernière tournée Guidance.

Le morceau suivant de ma playlist s’intitule melt into YOU sur le EP Time Leap de Chiaki Satō (佐藤千亜妃) sorti le 25 Janvier 2023. La grande surprise de ce morceau est que Chiaki l’interprète avec la compositrice et interprète a子 que j’aime beaucoup et dont je parle très souvent sur ces pages. On est loin sur ce EP et ce morceau des atmosphères rock indé de Kinoko Teikoku, car Chiaki Satō évolue dans des ambiances beaucoup plus pop sur ses projets en solo. L’ambiance y est extrêmement tranquille (’chill’ pour les anglophones), assez proche des morceaux que pourrait composer a子. C’est un vrai plaisir de les écouter chanter ensemble sur un morceau. Je me demande bien ce qui les a réuni, peut-être le fait qu’elles soient toutes les deux fans de Sheena Ringo. Chiaki Satō apprécie en fait la musique de a子 au point de la citer dans l’émission musicale du dimanche soir KanJam (関ジャム), à laquelle elle était une nouvelle fois invitée. Les deux dernières émissions du 22 et du 29 Janvier 2023 demandaient à trois musiciens professionnels de donner chacun une liste des dix morceaux préférés de l’année dernière. Chiaki Satō était donc l’une des invitées avec, entre autres, Junji Ishiwatari (いしわたり淳治), autrefois guitariste du groupe Supercar. Dans sa liste de morceaux préférés, Chiaki Satō mentionne a子 en neuvième position avec son morceau Sun (太陽) sur lequel intervient Neko Saito (斎藤ネコ) au violon. Espérons que ça puisse la faire un peu plus connaître du grand public, car elle le mérite franchement. Une curiosité du EP Time Leap est le premier morceau intitulé Time Machine qui utilise un sample immédiatement reconnaissable d’Automatic du premier album d’Utada Hikaru. Je trouve même que certains tons de voix de Chiaki Satō sur ce morceau ressemblent à ceux d’Utada Hikaru. C’est certainement volontaire et me replonge encore une fois vers une certaine nostalgie de l’insouciance d’il y a 24 ans.

Dans la liste des meilleurs morceaux de l’année 2022 sélectionnées par les trois musiciens professionnels pour l’émission KanJam, on retrouve trois fois le morceau Edison de Wednesday Campanella (水曜日のカンパネラ). Utaha (詩羽) est de plus en plus présente dans les médias depuis le succès de ce morceau, un peu en retard de phase par rapport à sa sortie. Ce regain d’intérêt pour Edison serait dû à un succès soudain sur la plateforme TikTok. Apprécier la musique limitée à quelques secondes sur TikTok me dépasse complètement et m’inquiète même un peu. Mais Wednesday Campanella avec Utaha mérite grandement ce retour de reconnaissance, après le départ de Kom_I qui paraît désormais bien lointain et même d’une tout autre époque. Le nouveau single du groupe s’intitule Akazukin (赤ずきん, le petit chaperon rouge). Utaha y est à la limite entre le chant et le parlé. La composition musicale electro d’Hidefumi Kenmochi (ケンモチヒデフミ) ne nous étonne plus beaucoup mais reste efficace et accrocheuse. Utaha est encore une fois très convaincante dans son phrasé rapide plein de naturel.

Et pour terminer cette petite sélection, je retrouve le son et la voix très particulière d’Aya Gloomy sur son nouvel EP de deux titres SHIRO KURO sorti le 24 Janvier 2023 sur un label indépendant. J’écoute surtout le morceau KURO qui ne dépareille pas de l’univers flottant que l’on connaît de la compositrice et interprète. Il y a toujours cet univers teinté de mystère irréel qui me fait à chaque fois me demander si elle n’est pas réellement une extra-terrestre. Elle crée clairement une musique très personnelle et différente des tendances actuelles, pour notre plus grand plaisir. C’est par contre un peu dommage que le EP soit aussi court. J’aimerais beaucoup qu’elle s’engage sur des morceaux plus longs où on aurait assez de temps pour s’évader avec sa musique et sa voix sur des planètes lointaines.

tant qu’il y a un soleil (1)

Les premiers jours de l’année paraissent déjà bien loin. Les quelques photographies ci-dessus sont prises dans l’enceinte du grand temple Ikegami Honmonji et au plus petit sanctuaire Ontakesan à quelques stations de là. Nous découvrons petit à petit l’arrondissement de Ohta à travers ses temples et sanctuaires, mais nous y allons doucement pour éviter la foule. Visiter les temples et sanctuaires est aussi l’occasion de marcher, lorsqu’on finit par en avoir marre des émissions télévisées du Nouvel An. J’aime beaucoup cette période tranquille et sans obligations des premiers jours de l’année. Je pense à chaque fois que je vais pouvoir faire des choses que je ne trouve pas assez le temps de faire en temps normal, comme par exemple terminer Neige de Printemps de Yukio Mishima, que j’ai déjà commencé depuis quelques temps. En fait, je lis ce livre par petites doses comme pour le faire mijoter dans mon esprit. J’aime beaucoup cette histoire et l’écriture de Mishima, et je ne suis en fait pas pressé de le terminer car j’ai envie que Kiyoaki Matsugae et Satoko Ayakura continuent à m’accompagner encore quelques temps. J’avais un sentiment similaire envers les personnages de Murakami dans 1Q84, Aomame et Tengo Kawana, ou envers le narrateur anonyme du Meurtre du Commandeur. J’ai même trouvé une certaine tristesse à me séparer de ces personnages une fois terminé ces romans. Pendant les jours du Nouvel An, je pensais lire quelques chapitres de Neige de Printemps, ou peut être me remettre à écrire sur mon carnet, mais j’avais cependant oublié que le cerveau se met en pause à cette période de l’année et que toutes les bonnes volontés du monde ne peuvent l’emporter sur la lenteur générale de ces moments.

Musicalement parlant, je ne sais quelle raison m’a poussé à rechercher dans mon tiroir de CDs l’album de mix Code4109 de DJ Krush (Ishi Hideaki de son vrai nom). L’album est déjà sur mon iPod depuis très longtemps mais je ressentais tout de même le besoin d’ouvrir la boite du CD et de réouvrir le livret. Je n’avais pas écouté depuis longtemps cet album de hip-hop instrumental composé d’un mix de 19 morceaux formant un long morceau non-stop de 68 minutes. La beauté de Code4109 est dans les transitions et certains choix musicaux comme celui de faire intervenir des chœurs bulgares sur un morceau (le neuvième Taiyou Ga Arukagiri 太陽があるかぎり qui m’inspire d’ailleurs le titre de ce billet). En le réécoutant maintenant, je me rends compte que je connais chaque enchaînement et retournement de situation par cœur. Je ne pensais pas m’en souvenir aussi bien, mais il faut dire que je l’ai beaucoup écouté au début des années 2000. Code4109 est sorti en 2000 sur le label Mo’Wax. Je pense que j’ai connu DJ Krush à travers DJ Shadow également sur ce même label de James Lavelle. Endtroducing….. de DJ Shadow sorti en 1996 est un album grandiose que j’ai aussi beaucoup écouté. Toujours sur Mo’Wax, me revient en tête Psyence Fiction de 1998, par le groupe UNKLE composé de James Lavelle et Shadow, et où intervenaient de nombreux invités comme Thom Yorke ou Richard Ashcroft.

before eternity kicks in

Ikegami est un quartier de Tokyo que je ne connais pas beaucoup mais que j’apprends à connaître tranquillement en commençant par le grand temple Ikegami Honmonji, de l’école bouddhiste Nichiren. Pour cette première visite, on n’a pas exploré tous les recoins de l’enceinte du temple qui est gigantesque et on s’est plutôt limité à la surface, c’est à dire à ce qui saute immédiatement aux yeux. La place devant le bâtiment principal est vaste et très dégagée. On y accède par un grand escalier dont les marches de tailles inégales accusent les années. Je reviendrais très certainement bientôt dans ce temple pour l’explorer un peu plus profondément. La rue courbe qui nous amène au temple depuis la station de Ikegami est intéressante car elle nous replonge dans l’ère Showa lorsqu’on regarde les devantures de certaines échoppes. Cette rue a le charme du désuet et contrairement à des quartiers plus prisés de Tokyo, cette ambiance ne changera certainement pas dans les années ou même décennies qui viennent.