street remixed

#11: mika scape. Shibuya.

#12: kusama dots. Harajuku.

#13: driving riding. Jingumae.

#14: bonjour girl. Jingumae.

#15: passing drawings. Omotesando.

Les marques vestimentaires de luxe redoublent d’astuces pour essayer d’attirer le passant étourdi dans ses filets profitant de quelques secondes d’inattention de sa part. Je remarque qu’un magasin temporaire Louis Vuitton s’est installé discrètement (ou à peine) près de la gare de Harajuku avec toujours les motifs en forme de poids colorés de Kusama Yayoi. Je devine à l’intérieur une statue de l’artiste en très grand format et je ne peux résister à l’idée d’entrer à l’intérieur pour la voir de plus près. Un peu plus loin à Omotesando et sur la dernière photographie de ce billet, les personnages de l’illustrateur Yoshitomo Nara viennent agrémenter les créations vestimentaires de Stella McCartney. On dirait que chaque marque essaie de s’attirer son artiste attitré. Loewe s’était emparé pendant quelques temps de certains personnages du monde de Ghibli, en premier lieu Totoro que la marque de luxe avait réussi à sortir de son sommeil. Sur la deuxième photographie du billet, un personnage haut en couleurs par l’illustratrice Mika Pikazo est affiché sur une grande baie vitrée d’un immeuble d’Udagawachō. Ce n’est pas la première fois que je fais le tour d’une exposition de cette illustratrice à Shibuya. La fois précédente devait être en Septembre 2019 dans un espace ouvert sur la rue près de l’ancien cinéma Rise, désormais reconverti en une live house nommée WWW WWWX. Je ne suis jamais entré à l’intérieur mais il faudrait que je trouve une occasion pour admirer l’architecture d’Atsushi Kitagawara tout en y appréciant un concert, par exemple. Je passe très souvent près de la galerie d’art Design Festa pour vérifier si les illustrations sur les murs ont été modifiées. Je ne pense pas avoir déjà vu ce petit personnage coloré uniformément de rose. Il y a certains endroits à Tokyo, comme ici ou sur les murs extérieurs d’un magasin de disques hip-hop à Udagawachō, où les fresques sont très souvent mises à jour. Ce genre de remix urbain satisfait forcément beaucoup le photographe amateur que je suis.

Je viens d’acheter au Tower Records de Shibuya l’album remix de morceaux de Sheena Ringo intitulé Hyakuyakunochō (百薬の長) sorti le 11 Janvier 2023. Il est sous-titré en allemand « das Allheilmittel für alle Übel », ce qui voudrait dire « le remède à tous les maux ». Il s’agit à mon avis d’une correspondance avec le EP Ze-Chyō Syū (絶頂集, SR/ZCS) sorti en Septembre 2000 qui reprenait également l’imagerie de la boîte de médicaments. La version initiale de la pochette de Hyakuyakunochō avait même un logo « Sheener » ressemblant à celui de Pfizer mais il n’a (heureusement) pas été conservé. Je me suis procuré la version standard sans les objets additionnels (les goods) fournis avec la version deluxe, car le problème d’utilisation du logo de La Croix Rouge m’a fait comprendre que Sheena Ringo n’avait en fait aucune implication dans le choix de leur design. Les albums de remix sont en général le fait des maisons de disques sans forcément un apport de l’auteur initial de la musique remixée. C’est du moins ce que la maison de disques Sony Universal Japan a annoncé suite au problème reporté dans les médias, très certainement pour protéger l’artiste. Une chose est sûre, je remarque maintenant les ‘Help Mark‘ (ヘルプマーク) marquées sur fond rouge du cœur blanc et du logo de La Croix Rouge, et j’en vois beaucoup dans les rues ou dans les couloirs du métro alors que je les voyais à peine avant. Merci donc Sheena Ringo de m’avoir sensibilisé sur ce sujet. Mais le véritable problème de ce genre de goods est qu’on a tendance à ne volontairement pas les utiliser pour ne pas les abîmer et ils finissent oubliés au fond d’un tiroir.

L’exercice du remix est assez compliqué et même périlleux. On a souvent plusieurs cas de figures. Le remixeur ne prend parfois pas de risques et n’ajoutent que des petites touches musicales sans modifier la trame initiale du morceau. On peut aller vers des propositions à l’opposé où l’empreinte du remixeur est tellement forte qu’on peine à reconnaître le morceau original sur lequel il est basé. C’est un parti pris d’essayer de conserver l’atmosphère originale d’un morceau pour ne pas choquer les fans ou de partir vers des pistes complètement différentes. Il est à mon avis très difficile pour un remix d’égaler un morceau original car ça demande à l’auditeur d’oublier en quelque sorte ce qu’il connaît d’une musique mainte fois écoutée et d’accepter quelque chose de nouveau. Il est assez rare qu’un morceau remixé vienne dépasser et transcender sa version originale. Il y a pourtant des remixes qui amènent des morceaux vers d’autres rythmes et d’autres ambiances, qui ajoutent une épice qui ne manquait pas forcément à l’original mais qui devient indispensable une fois qu’on l’a ajouté. Certains remixes arrivent à sublimer un morceau tandis que d’autres ne font que l’alourdir et le déséquilibrer. C’est une chimie compliquée qui peut très bien fonctionner ou échouer lamentablement. Il y a un peu de tout cela dans ce premier album remix de Sheena Ringo.

Je ne sais pas si Sheena est à l’origine de la sélection des musiciens en charge des remixes mais je dirais que probablement non, vu qu’il s’agit d’une initiative de la maison de disques. Il y a beaucoup de noms réputés japonais mais aussi quelques étrangers. Certains noms me sont cependant complètement inconnus. Comme je le mentionnais auparavant, la coréenne Miso prend en charge le morceau Marunouchi Sadistic (丸ノ内サディスティック), ce qui n’est pas une mince affaire vu que c’est son morceau le plus populaire. Elle s’en sort très bien et laisse même clairement son empreinte en ajoutant sa voix sur la fin du morceau pour le compléter. Cet apport de voix est très bien vu, et Miso n’est pas la seule à le faire sur cette compilation de remixes. Le morceau Ishiki (意識 ~Conciously~) remixé par Shinichi Osawa, dont je parle régulièrement ici pour son projet MONDO GROSSO, est particulièrement réussi et cerise sur le gateau, DAOKO vient ajouter sa voix rappée sur la fin du morceau. J’adore le ton de voix immédiatement reconnaissable de DAOKO et sa manière d’accentuer certaines syllabes pour donner de la force à son phrasé. La version par moment forte en basse de Shinichi Osawa donne un souffle complètement différent à ce morceau. Le remix de Yokushitsu (浴室 ~la salle de bain~) par une des figures importantes de la musique électronique japonaise, Takkyu Ishino (石野卓球), est tout à fait enthousiasmant. Il conserve toute la force de la voix de Sheena Ringo et arrive à faire décoller le morceau, notamment dans sa deuxième partie. Yokushitsu, Marunouchi Sadistic et Ishiki sont des morceaux qui ont déjà eu des versions alternatives (notamment en anglais) sur des albums ou live de Sheena Ringo. On est donc d’une certaine manière habitué à ce que ces morceaux ne soient pas figés dans leurs formes originales, mais les versions qui nous sont proposés ici ont tout de même un style bien différent et très marqué électro.

Le morceau JL005 Bin de (JL005便で ~Flight JL005~) est remixé par Yoshinori Sunahara (砂原良徳) qui était intervenu sur deux morceaux de Tokyo Jihen enregistrés sur une cassette accompagnant la version spéciale du best album Sōgō (総合) sorti en Décembre 2021. J’avais beaucoup aimé les deux morceaux qu’il avait remixé: Karada (体) et Zettaizetsumei (絶体絶命). Je ne suis pas déçu par cette nouvelle version de JL005 Bin de qui démarre sur des prises de sons d’aéroport. Il y a une élégance typique des remixes de Yoshinori Sunahara, enfin de ceux que je connais jusqu’à présent. On retrouve cette même élégance dans la vidéo tournée pour ce morceau par Yuichi Kodama (évidemment). SAYA, de la formation Elevenplay que l’on retrouve régulièrement dans les concerts de Sheena Ringo, joue le rôle principal en hôtesse de l’air. J’aime beaucoup ces images et notamment le petit nuage qui vient s’incruster dans le paysage urbain (j’utilise régulièrement les interventions nuageuses dans mes compositions photographiques). Et on découvrira dans la vidéo qu’un jeu de morpion tourne en rond sur le tableau de bord et les écrans de contrôle de l’avion certainement pendant le pilotage automatique (mais y-a t’il un pilote dans l’avion? de demanderait Leslie Nielsen). Je laisserais les spécialistes en aéronautique préciser la réalité de ce genre de situation. Le sous-titre de ce morceau est B747-246, un avion Boeing donc de la compagnie JAL effectuant le vol de l’aéroport JFK à New York jusqu’à Tokyo Haneda (le vol JL005).

Les morceaux Anoyo no Mon (あの世の門 ~Gate of Hades~) et Chichinpuipui (ちちんぷいぷい ~Manipulate the time~) remixés respectivement par Telefon Tel Aviv et Gilles Peterson sont d’excellentes surprises, car ils s’écartent complètement de la version originale au point où on la reconnaît à peine. Remplacer l’ambiance euphorique de Chichinpuipui par une atmosphère Dark Jazz est assez singulière. On a l’impression d’entendre des nouveaux morceaux où la voix de Sheena est défigurée. Le morceau Adult Code (おとなの掟) remixé par object blue est par contre assez déplaisante. Le morceau d’origine est loin d’être le meilleur de Sheena Ringo et le remix crachotant semble être en permanence décorrélé des paroles. L’écoute en est assez désagréable malheureusement. Les remixes de Nagaku Migikai Matsuri (長く短い祭 ~In Summer, Night~) par Yasuyuki Okamura (岡村靖幸) et de Carnation (カーネーション ~L’œillet~) par Ovall sont agréables sans forcément apporter des propositions nouvelles ou prendre de risques. Ils n’en deviennent donc pas indispensables, même si ces versions restent belles. Je suis un peu dessus de la version par STUTS de Onnanoko ha Daredemo (女の子は誰でも ~Fly Me To Heaven~). Là encore, le remix n’est pas désagréable mais n’apporte pas grand chose de plus à l’original. On peut même se demander s’il y a une différence. L’excellente surprise est de trouver KID FRESINO sur l’avant dernier morceau Niwatori to Hebi to Buta (鶏と蛇と豚 ~Gate of Living~) car il y apporte sa voix hip-hop ce qui change complètement la dynamique du morceau. C’est une belle réussite même si le morceau reste trop court (c’était le cas de l’original). Je trouve une satisfaction certaine d’entendre la voix rap si particulière de KID FRESINO interagir avec l’univers de Sheena Ringo. Le dernier titre, une reprise du morceau le plus récent de Sheena Ringo, Ito wo Kashi (いとをかし ~toogood~) par Ajino Namero (鯵野滑郎) est une curiosité. Il s’agit d’une version en sons 8bits sortis tout droit d’une Famicom (qui serait quand même poussée dans ses derniers retranchements). Les sons primaires prennent étonnement de l’ampleur au fur et à mesure que le morceau se déroule, lui donnant même une dimension épique. J’ai grandi avec ses sons 8bits donc j’adore forcément ce morceau de conclusion, laissé instrumental. Au final, j’adore le début (trois premiers morceaux) et la deuxième partie (des morceaux 8 à 12) mais je trouve qu’il y a un passage à vide au milieu de la compilation (les morceaux 4, 5, 6 et 7). Je trouve le résultat final inégal mais n’en vaut pas moins le détour et j’y reviens très souvent ces derniers jours. Et je me dis qu’il faut absolument que Shinichi Osawa compose un morceau pour DAOKO.

always have to go back to real lives where we belong

Sur la première photographie, la construction du nouveau bâtiment commercial au carrefour de Jingūmae dans la diagonale du Tokyu Plaza semble avancer bon train même si on ne parvient pas à avoir une idée très précise de la forme qu’il va prendre. L’architecture d’Akihisa Hirata (平田晃久) est en général remarquable, donc je suis assez impatient de découvrir à quoi va ressembler l’ensemble une fois terminé. Quelques images donnent en fait une représentation d’ensemble de ce redéveloppement urbain du bloc Jingūmae 6-Chōme. À la manière du Tokyu Plaza, on peut voir que les zones de terrasses vertes seront nombreuses, s’étendant sur plusieurs strates. Les informations que j’ai pu lire sur internet annonçaient une ouverture en 2022 mais j’ai un peu de mal à imaginer qu’il va ouvrir ses portes en si peu de temps avant la fin Décembre.

En ce moment, je vais régulièrement à Shimo-Kitazawa soit à pieds soit en vélo, et les deux photographies suivantes ont été prises là bas. J’aime l’ambiance du quartier même si elle change petit à petit. La gentrification de Shimo-Kitazawa prend en fait son temps. Le renouvellement de la station n’a pas encore vraiment affecté les petites rues alentours qui n’ont pas beaucoup évolué, sauf les espaces situés au niveau de la ligne de train Odakyu Odawara qui a été enterrée. Une partie de cette ancienne voie ferrée s’est transformée en zone commerciale avec restaurants et même un hôtel. Une partie de cet espace prend le nom de Bonus Track, comme sur la version japonaise d’un CD d’artiste ou de groupe étranger. Une autre zone longiligne de restaurants a été placée sous la ligne ferroviaire surélevée de Keio Inokashira. Cette zone commerciale appelée Mikan Shimokitazawa est située immédiatement à la sortie de la station. Ces espaces attirent une population plutôt jeune, tout comme la place devant la gare qui avait accueilli la lune accrochée que je montrais récemment. Le week-end dernier, cet espace était occupé par un bar extérieur, ce qu’on appelle un Beer Garden, avec une petite scène sur laquelle jouait un guitariste plutôt doué. La photographie suivante montre un petit immeuble ultra-futuriste de Shin Takamatsu à Yoyogi-Uehara, qu’on ne présente plus tant je l’ai déjà souvent montré sur ce blog. Et ensuite, je pars vers Yotsuya et Ichigaya. On pourrait croire que j’essaie de répertorier en photo les affiches du single d’Ado écrit par Sheena Ringo, mais ce n’est qu’une coïncidence.

Les hasards de YouTube me voulaient du bien en me dirigeant vers la vidéo d’un long morceau live de 10 mins de The Cure. N’ayant pas ėcouté les albums du groupe de Robert Smith depuis quelques temps, je me lance dans le visionnage du morceau enregistré au smartphone par un spectateur lors d’un concert en Croatie datant du 27 Octobre 2022. Je me rends compte rapidement qu’il s’agit d’un morceau que je ne connais pas, ce qui m’étonne un peu car je pense avoir écouté tous les albums à part peut-être un ou deux. Les commentaires sur la vidéo donne un titre Endsong qui serait présent sur un album appelé Songs of a Lost World, que je ne connais pas. The Cure auraient sorti un nouvel album sans que je m’en rende compte? Et d’autant plus avec un morceau comme Endsong qui nous rappelle l’émotion des meilleurs morceaux du groupe (Robert Smith a les larmes aux yeux sur scène). En fait, ce nouvel album (le 14ème) intitulé Songs of a Lost World était censé sortir avant leur tournée démarrant en Octobre 2002, mais il n’a malheureusement pas encore vu le jour. Le dernier album du groupe était 4:13 Dream sorti en 2008, il y a donc 14 ans. La sortie d’un nouvel album paraît inespérée. Du coup, je me suis mis à réécouter ces derniers jours des albums de The Cure, Bloodflowers (2000) et Wish (1992). Bien que les meilleurs albums restent Disintegration (1989) et Pornography (1982), ces des autres sont également excellents. Le titre de ce billet est tiré des paroles du morceau Out of This World sur l’album Bloodflowers.

this is not the end of a new beginning

Ces quelques photographies sont prises dans un espace relativement restreint de Jingumae, dans un bloc délimité par l’avenue Meiji, l’avenue Omotesando et l’avenue Aoyama un peu plus haut. Il y a une densité certaine dans ce bloc mélangeant résidences et commerces, parfois reminiscente d’un village. La rue piétonne très étroite et pleine de végétation sur la troisième photographie en est un bon exemple. Elle débouche pourtant sur la longue avenue Meiji après s’être faufilée entre deux hauts immeubles. Ces immeubles forment en quelque sorte une muraille protégeant un village. On dit que Tokyo est composé d’une multitude de villages et c’est tout à fait vrai sauf que cette impression s’estompe de plus en plus avec les années qui passent, au fur et à mesure que la standardisation urbaine prend le dessus. Il y a beaucoup de clichés sur la ville de Tokyo et ils sont pour la plupart vrais. Le souci est d’éviter de généraliser et de créer une nouvelle vérité globalisante à partir de quelques exemples. Je ne suis pas contre montrer des clichés en photos sur ce blog dans la mesure où je m’efforce à montrer autre chose. Mais loin de moi l’idée de vouloir montrer à tout prix un Tokyo différent que les autres ne montreraient pas. De toute façon, tout a déjà été montré en long et en large sur Tokyo. J’ai pourtant été intéressé par l’approche du numéro sur Tokyo du livre-magazine Gokan, créé par une équipe française vivant au Japon menée par David Michaud (que je ne connais qu’à travers son blog Lejapon.fr). Le livre est très bien documenté et fait intervenir plusieurs plumes. J’y ai appris certaines choses notamment historiques. Les photographies sont très belles sans pourtant essayer d’en mettre plein les yeux. Il y a une grande honnêteté dans l’approche qui m’a bien plu. Le livre n’a rien d’un guide mais partage de nombreux lieux plus ou moins populaires. Je suis en tout cas content que Zōshigaya (雑司ヶ谷) soit évoqué car j’en retiens une ambiance particulière que j’avais apprécié lors de mes quelques passages. J’ai trouvé ce numéro de Gokan sur Tokyo à la grande librairie Maruzen de l’immeuble Oazo à Marunouchi, il y a déjà plusieurs semaines. Je ne suis pas certain qu’il en reste encore.

Utaha (詩羽) est le nouveau visage et la nouvelle voix de Suiyoubi no Campanella (水曜日のカンパネラ, Wednesday Campanella) après le départ de KOM_I annoncé officiellement en Septembre 2021. Ce départ était apparemment un choix personnel et elle ne part pas en mauvais terme. Elle souhaitait plutôt poursuivre un nouveau chemin et elle a même passé le flambeau à Utaha lors d’une conversation retransmise sur Instagram. C’est bien dommage de voir KOM_I se séparer du groupe, mais je suis déjà convaincu par la prise de relais de la remplaçante Utaha. Un premier EP vient d’ailleurs juste de sortir le 27 Octobre. Il contient deux morceaux intitulés Alice (アリス) et Buckingham (バッキンガム). Buckingham ne nous dépayse pas beaucoup du style de Wednesday Campanella. Il n’y a pas de révolution dans l’air, mais plutôt le début d’un nouveau commencement qui j’espère ne se terminera pas rapidement. La ressemblance avec la manière de chanter de KOM_I semble tout d’abord un peu trop prononcée, mais on se laisse très vite embarquer par le phrasé de Utaha, qui n’a en fait pas grand chose à envier à celui de KOM_I. J’ai l’impression que ce morceau a été écrit exprès pour assurer la transition en douceur entre les deux chanteuses. C’est en tout cas un vrai plaisir de retrouver ce type de morceaux, dont l’esprit était tellement novateur à l’époque. Alice est un peu différent et m’a tout de suite accroché. Utaha a une voix plus juste et prononcée que Kom_I. On y perd peut-être un peu en originalité mais elle a une très belle voix qui annonce beaucoup de belles choses à venir. La composition musicale électronique de Hidefumi Kenmochi (ケンモチヒデフミ) reste très fidèle au style du groupe. Ces sons électro donnent un ensemble qui n’est pas forcément très délicat, mais qui se révèle très efficace et généreux. Ils sont peut être parfois un peu trop fournis, mais accrochent en même temps l’attention à tous moments. La voix franche de Utaha ne s’efface pas, ce qui fait que l’ensemble fonctionne bien. Ayant écouté et aimé tous les albums de Suiyoubi no Campanella sans exceptions, je suis content de retrouver cette formation en version Phase 2. Je reviens d’ailleurs régulièrement sur la musique du groupe et étonnamment souvent sur le dernier album Galapagos (ガラパゴス) de 2018. Il y a quelques morceaux que j’adore comme Melos (メロス), Kaguya Hime (かぐや姫) et l’avant-dernier morceau The Sand Castle (愛しいものたちへ) qui est très différent du reste des morceaux de la discographie du groupe. J’aurais d’ailleurs bien voulu que KOM_I poursuive la direction lancée sur ce dernier morceau. Peut-être continuera t’elle à chanter en solo?

パビリオン②

Je l’ai appris juste après avoir publié mon billet précédent, les Jeux Olympiques de Tokyo se passeront finalement à huis clos. Je m’en doutais fortement mais c’est bien dommage de manquer cette chance de voir une compétition olympique depuis l’intérieur du grand stade olympique. Près du grand stade et devant les studios d’enregistrement Victor, une petite maison couverte de verdure est installée. Elle est conçue par l’architecte Terunobu Fujimori. Il s’agit d’une maison de thé appelée Tea House Go-an (茶屋「五庵」), faisant partie des installations architecturales et artistiques temporaires de Pavillon Tokyo 2021. C’est la première fois que je vois une œuvre architecturale de cet architecte, reconnu pour ce type de maison de thé en suspension ou perchée dans les arbres. La base pyramidale de Go-an est recouverte d’herbe pour son fondre dans une végétation qui n’existe malheureusement pas devant le grand stade olympique. J’imagine que cette petite colline pyramidale verte serait bien à sa place dans un parc, entourée éventuellement de cerisiers. On accède dans la base par une petite entrée ronde. Des escaliers donnent accès à l’étage où on peut s’asseoir pour boire du thé en regardant le grand stade. Les parois de l’étage sont faites de bois de cèdre carbonisé selon la méthode traditionnelle dite « yakisugi » qui permet de préserver le bois en lui apportant une plus grande résistance au feu. Il y a une approche très poétique dans cette architecture atypique qui me plait beaucoup et qui attire les passants.

ユー‐エフ‐オーではないか

J’ai déjà montré les deux photographies d’architecture du billet (la première et la troisième) sur mon compte Instagram il y a plus d’un mois et j’y lançais un appel pour identifier les architectes de ces deux bâtiments de béton. Malheureusement, personne ne m’y a apporté l’information que je recherchais. J’ai donc continué un peu mes recherches pour identifier les concepteurs du bâtiment de béton de la première photographie. Il s’agit des architectes du groupe Mikan (comme mandarine) dont l’architecte français Manuel Tardis est co-fondateur. Le bâtiment appelé House in Jingumae ressemble à un ovni par ses formes en demi-sphère et l’impression qu’il s’élève légèrement de sa base. Le bâtiment de la troisième photographie reste très mystérieux mais j’ai finalement découvert qu’il s’appelle Experience in Material 45, House in Jingumae par Ryoji Suzuki (2003). Le bâtiment a également une forme étrange. Un grand bloc monolithique de béton est entouré d’un très large escalier en deux parties montant jusqu’à son toit couvert de verdure. Je me demande bien qu’elle peut être la fonctionnalité de ces escaliers, qui ne sont peut être que décoratifs, à part le fait qu’ils donnent un accès au toit. Ce qui est plus étonnant peut être, c’est que je n’ai aperçu aucune fenêtre sur les façades lisses bétonnées. Je me demande bien à quoi peut ressembler l’intérieur de cette grande maison très particulière. Sur l’avant dernière photographie, on construit ce qui ressemble à une n-ième nouvelle résidence auquel je ne prêtais guère attention jusqu’à ce qu’on commence à y poser un étrange maillage métallique. Les tiges métalliques, tout d’abord de couleur blanche, sont peintes en marron foncée pour donner une apparence de bois. Je ne connais pas encore la forme finale que la façade va prendre mais ça serait intéressant si on introduisait une couche de verdure sur ce maillage de branches.

J’écoute beaucoup en ce moment le dernier album Womb de Purity Ring, sorti au tout début du mois. Ce nouvel album s’inscrit dans la continuité des deux premiers albums du groupe, sans apporter de changement radical et en gardant la même ambiance electro-pop (je dirais même dark pop) délicate portée par la voix typée de Megan James. C’est un très bel album, honnête dans le sens où le groupe reste fidèle à leur style sans dévier et sans en faire trop. Womb demande quelques écoutes pour l’apprécier pleinement. A la première écoute, je m’étais d’abord dit que ce nouvel album était moins bon que les deux précédents, Shrines et Another Eternity. Les morceaux de Womb demandent plusieurs écoutes pour prendre substance mais s’enchaînent comme un ensemble avec de nombreuses pépites, comme Pink Lightning, I like the devil, Peacefall ou le plus sombre et mystérieux Vehemence. Et il y a le morceau final, Stardew, qui comme je le mentionnais dans un billet précédent est un des plus beaux morceaux de l’année pour l’instant à mon humble avis. Au final, je trouve Womb magnifique et je pense même que c’est l’album que je préfère du groupe. Cette musique et cette ambiance me parle beaucoup.