建築と曲の微熱

J’avais d’abord vu le bâtiment que je montre sur les deuxième et troisième photographies de ce billet sur le compte Instagram de l’architecte Mark Dytham. Il s’agit d’un immeuble de bureaux et d’appartements appelé The Twist, conçu par l’architecte Ken Yokogawa. Mark Dytham indiquait qu’il se trouvait à proximité du parc Yoyogi et de l’avenue Yamate. Je pensais le trouver facilement au hasard des rues du quartier de Yoyogi Hachiman, mais je ne l’ai malheureusement pas trouvé lors de mon premier passage il y a plusieurs semaines de cela. Pour ma deuxième tentative, j’ai eu la présence d’esprit de rechercher sur internet l’emplacement exact de ce bâtiment à partir du nom de building. J’ai eu la surprise de m’apercevoir qu’il se trouvait dans la même rue qu’un autre bâtiment du même architecte, la maison aux allures futuristes Hironaka House sur laquelle j’ai d’ailleurs déjà écrit un billet. Le bâtiment The Twist est très élégant car les pilotis blancs lui donnent une certaine légèreté visuelle. L’orientation décalée de chacun des étages explique le nom du bâtiment. Je ne peux m’empêcher de reprendre ensuite en photo Hironaka House (sur la quatrième photographie du billet). Ça doit faire la troisième fois en peu de temps que je passe devant, parfois par pur hasard, car j’aime en ce moment me promener dans les quartiers de Yoyogi et je finis par retomber sur des rues et des lieux connus. La première photographie montre un petit bâtiment devant lequel je passe souvent mais que je prends que rarement en photo. Il s’agit du POSH Hyojito par Shigeru Uchida / Studio 80 à Minami Aoyama. Je ne prends en photo que rarement ce bâtiment car je suis persuadé que toutes nouvelles photos prises en digital ne vaudront pas la version que j’avais pris en argentique en Juin 2010. Les deux photographies, une digitale et une argentique, ont été prises le même mois mais à 12 années d’écarts. J’aime beaucoup la lumière et le ton chaud de la photographie argentique qui donne l’impression que le petit bâtiment en béton est une maquette de lui-même. Les autres photos sont prises à Shibuya autour des studios de la NHK jusqu’au quartier de Sangenjaya. Je me concentre toujours sur les affichages de rues. Parfois, j’aimerais créer mes propres stickers pour les coller sur des poteaux électriques au hasard des rues de Shibuya. Lorsqu’on fait attention à tous ces graphismes de rue, on trouve parfois de belles choses, comme ce tigre assis en kimono ou cette horde de chiens fous dessinés sur la vitrine d’un salon de coiffure.

Qu’il est bien ce nouvel EP ou mini-album de UA intitulé Are U Romantic? Il se compose de six morceaux ayant la particularité d’être tous des collaborations avec d’autres musiciens plus ou moins connus. Le premier morceau intitulé Binetsu (微熱) est composé et écrit par MahiTo The People (マヒトゥ・ザ・ピーポー) du groupe rock GEZAN (que je ne connaissais pas). Le morceau Ocha (お茶) est une collaboration avec Takashi Nagazumi (永積崇), utilisant comme nom d’artiste Hanaregumi (ハナレグミ), qui en compose la musique. Shigeru Kishida (岸田繁) du groupe QURULI (くるり) compose la musique du troisième morceau intitulé Aiwo (アイヲ). Le quatrième morceau intitulé Hachimitsu to Milk (蜂蜜とミルク) est composé par un certain JQ (Jeremy Quartus) du groupe japonais Nulbarich. La musique et les paroles du morceau suivant, Honesty, sont de Kaho Nakamura (中村佳穂). Le dernier morceau Okay est lui composé par Kj (Kenji Furuya) de Dragon Ash. La plupart de ces musiciens et chanteurs/euses interviennent également au chant dans les chœurs ou pour des parties rappées. Ces collaborations sont bien vus car elles donnent des ambiances légèrement différentes à chaque morceau tout en étant toutes reliés par le style vocal très particulier de UA. Depuis le EP d’Ajico, la musique de UA m’intéresse. On a pourtant déjà plusieurs de ses disques à la maison, notamment celui intitulé Cure Jazz avec Naruyoshi Kikuchi (菊地 成孔). Le deuxième morceau Ocha est certainement mon préféré mais l’ensemble est très bon, car on y trouve une ambiance dans laquelle on se sent bien. Et je trouve un certain plaisir à retrouver la voix du chanteur de Dragon Ash sur le dernier morceau, qui me ramène à mes premières années à Tokyo. Je repense à quelques morceaux de Dragon Ash comme Under Age’s Song sorti en 1998 sur l’album Buzz Songs ou Grateful Days (avec son gros sample du début du morceau Today des Smashing Pumpkins) sorti en 1999 sur l’album Viva La Revolution. UA a eu cette bonne idée de mélanger des collaborations avec des artistes confirmés comme Quruli et Dragon Ash et d’autres plus récents de la scène musicale japonaise, comme Kaho Nakamura.

初詣2◯22


アケオメ
コトヨロ
2〇22

Nous n’avons pas failli à notre habitude de regarder Kōhaku Uta Gassen sur NHK (NHK紅白歌合戦) cette année, sauf que cette fois-ci, j’ai l’impression que nous l’avons regardé plus assidûment que d’habitude. Nous l’avons en fait regardé depuis le début, ce qui arrive rarement, tout en commentant presque chaque intervention. Mari nous fait remarquer qu’on a bien vieilli pour regarder Kōhaku aussi religieusement, mais je pense plutôt que c’est Kōhaku qui a rajeuni. On restera sur cette dernière constatation. La plupart des artistes ou groupes qui se produisaient sur les scènes du Tokyo International Forum ne m’intéressent pas beaucoup musicalement, mais l’important n’est pas là. L’intérêt est plutôt de prendre la température de la scène musicale mainstream japonaise. NHK est certainement loin d’être à la pointe des nouveautés et des dernières tendances mais il y a quand même quelques efforts notés d’années en années, par exemple l’étrange représentation plutôt sombre d’ailleurs de Mafumafu. Il faut noter donc que l’émission était filmée au Tokyo International Forum à Yurakuchō cette année, plutôt qu’au NHK Hall de Shibuya qui est actuellement en rénovation. Certaines représentations étaient quand même filmées là bas. Ce qui était particulièrement intéressant, c’est que le Forum était utilisé dans sa quasi totalité: la grande salle du Hall A contenant un maximum de 5,000 personnes, mais également le long espace oval sous les élégants mâts métalliques blancs que j’ai déjà pris en photo et montré sur ce blog. Ikura de Yoasobi chantait par exemple en descendant les escalators dans cet espace. La scène du Hall A était élégamment décorée par des compositions florales de Makoto Azuma, dont j’ai également déjà parlé plusieurs fois. On a tout de suite reconnu son style. Mon intérêt principal était de voir et d’écouter Tokyo Jihen interpréter le morceau Ryokushu (緑酒) du dernier album, devenu un des morceaux les plus populaires du groupe. Le groupe était habillé en kimono, comme l’année dernière, ce qui n’avait rien d’étonnant. Le final voyait Tokyo Jihen inondé d’une neige de confettis. Il y en avait trop mais ça n’avait rien d’étonnant non plus car Sheena nous avait prévenu dans une émission spéciale diffusée sur NHK le 29 Décembre 2021. L’émission musicale de quarante minutes dédiée à Tokyo Jihen s’intitulait Sōshū (NHK MUSIC presents 東京事変 総集) et voyait le groupe visiter les locaux de la chaîne de télévision en pleine préparation de Kōhaku. Tokyo Jihen avait en fait déjà participé à une émission spéciale sur NHK intitulé Gatten (ガッテン) le 10 Juin 2021 dont j’avais parlé précédemment et pendant laquelle ils avaient interprété Ryokushu sous une pluie de confettis au final. Lorsqu’ils rencontrent le personnel en charge de la mise en scène lors de cette émission du 29 Décembre, on voit Sheena Ringo renouveler cette demande de confettis au final et on lui promet qu’il y en aura beaucoup, à la manière des passages sur scène du chanteur Enka Kitajima Saburō. Ces confettis reprennent l’image des fleurs de cerisiers s’envolant dans les airs qu’on pouvait voir dans la vidéo de Ryokushu. L’OTK savait donc qu’il y aurait une pluie de confettis, mais j’étais loin d’imaginer qu’il y en aurait autant. Sheena et le groupe se sont changés trois fois de tenues pendant l’émission et celle qu’on retient est la dernière, habillée en skateuse avec sac à dos NASA et skateboard à la main. Le skateboard est d’ailleurs un élément récurrent du monde visuel de Sheena Ringo. On le voyait, toujours le même avec un dessin de glace au chocolat et un autocollant ARIGATO, sur la scène de Music Station pour l’interprétation de Gunjō Biyori (群青日和) avec Elopers, dans une scène de la vidéo de Arikitarina Onna (ありきたりな女), ou sur un visuel de la compilation Gyakuyunyū ~Koukūkyoku~ vol.2 (逆輸入 ~航空局~; Reimport, Vol. 2 ~Civil Aviation Bureau~). Le compte Twitter de Shane les répertorie sur un tweet et cette tenue de skateuse, qui est en fait une version alternative de la tenue de l’époque de l’album Sports, inspire les illustrateurs comme ce dessin ci-dessous. Lors du final sur la photo de droite, on voit Sheena entourée de la chanteuse Enka Sayuri Ichikawa et de Hoshino Gen (Ukigumo est également le guitariste de son groupe).

J’étais assez surpris ensuite de voir Hiroko Yakushimaru (薬師丸ひろ子) sur scène. Elle n’a pas interprété le morceau que j’aime du film Sērā-fuku to kikanjū (セーラー服と機関銃, Sailor suit and machine gun), dont je parle décidément souvent (trop) sur ce blog, car Ukigumo chantait notamment ce morceau sur le concert Hyakkiyakō 2015. L’autre bonne surprise et moment attendu de Kōhaku était de voir sur scène Daiki Tsuneta avec son groupe Millenium Parade accompagnés par Kaho Nakamura au chant pour interpréter le morceau U du film d’animation Belle (竜とそばかすの姫) de Mamoru Hosoda. La représentation sombre avec des musiciens masqués a du inquiéter quelques spectateurs. J’étais aussi particulièrement intéressé de voir BiSH participer pour la première fois à Kōhaku, d’autant plus qu’elles ont annoncé la séparation du groupe à la fin 2022. C’était certainement l’interprétation la moins réussie de Kōhaku et même AiNA avait du mal à chanter juste. En fait, je n’ai jamais entendu une interprétation correcte de leur part dans une émission télévisée. Je pense aussi qu’elles ne devraient pas s’obstiner à chanter le morceau Promise The Star, qui doit certainement avoir une valeur émotionnelle pour le groupe, mais qu’elles t’interprètent jamais très bien. Pour en avoir le cœur, j’avais regardé une émission musicale passant dans la nuit sur NHK montrant un mini-concert de BiSH sans public à Fukuoka et j’avais trouvé leurs interprétations tout à fait correctes. Peut-être s’agissait-il du stress du passage Live dans une émission très regardée. Mais bon, ça fait déjà un petit moment que j’attendais leur passage à Kōhaku et je suis tout de même content que ça se soit produit. Et il y avait l’intervention de Fujii Kaze (藤井風) qui était censé interpréter son morceau Kirari (きらり) seulement à distance, mais qui apparaît soudainement sur scène en pantoufles touffues vertes en se mettant à jouer au piano. Je ne connais pas très bien Fujii Kaze à part ses morceaux connus passant à la radio et je n’ai à priori pas d’attirance particulière pour sa musique. Il est ceci dit considéré comme un des jeunes talents. Je dirais même qu’il y a une certaine insolence dans son talent naturel. Les fans de Sheena Ringo et Tokyo Jihen le plébiscitent d’ailleurs pour une éventuelle collaboration, car il a interprété à plusieurs reprises sur sa chaîne YouTube des morceaux de Sheena Ringo et Tokyo Jihen: Marunouchi Sadistic (丸ノ内サディスティック) au piano seulement et en version chantée, et Nōdōteki Sanpunkan (能動的三分間). Ses interprétations sont excellentes et je parie qu’il y aura une collaboration cette année. Enfin, l’émission passe très vite et m’a dans l’ensemble plus intéressé que les autres années. La nouvelle année se fait proche et on se prépare déjà à aller au sanctuaire dans la nuit et le froid, avec comme récompense un verre d’amazake (pas de vin chaud comme sur les pistes de ski).

Le lendemain, le 1er Janvier 2022, le rythme de la journée était très lent et on se décide comme d’habitude assez tard à aller au sanctuaire de Hikawa (氷川神社) et de Konnō Hachimangu (金王八幡宮) à Shibuya pour y faire les premières prières de l’année et pour y récupérer le goshuin spécial du premier de l’an. On évite pour le moment la foule à Meiji Jingu. Mon carnet est presque terminé et il faudrait que je le scanne et le montre sur Made in Tokyo. Comme tous les ans à cette même période, l’hésitation m’a gagné de continuer ou non ce blog pour une nouvelle année. L’hésitation me gagne à chaque fois qu’il faut payer l’abonnement annuel du hosting et du nom de domaine, en me demandant si tout ceci est vraiment nécessaire pour moi et pour les autres (les visiteurs occasionnels ou réguliers). Mais j’ai bien l’impression que je suis reparti pour un tour. 終わらせないで me dit une petite voix dans ma tête.

J’attendais également une annonce de Tokyo Jihen dans les premières heures de 2022, mais on a seulement reçu une carte de bonne année, celle ci-dessus avec une version alternative sur le site web du groupe. Le 1er Janvier 2020, Tokyo Jihen avait annoncé sa re-formation, le 1er Janvier 2021 était l’annonce du nouvel album. Je pensais qu’on allait avoir la confirmation d’une tournée, même online, mais ça n’a pas été le cas. On sait que le groupe a envie de tourner, du moins c’est ce que j’ai compris dans l’émission récente Sōshū sur NHK, et je n’ai pas l’impression qu’ils aient envie de s’arrêter tout de suite. La condition sanitaire actuelle étant pleine d’imprévus, ça semble toujours compliqué de s’engager dans une tournée nationale.

Pour me réconforter un peu, je pars en visite au Tower Records de Shinjuku car je sais qu’on y montre les tenues de la vidéo de Hotoke Dake Toho (仏だけ徒歩). Je prends les quelques photos ci-dessus, que je ne montre pas sur Twitter cette fois-ci. J’aime beaucoup ce médaillon de tête de chat que porte Sheena dans cette vidéo. Il ne ressemble pas vraiment à un de ses trois chats qu’elle montre de temps en temps sur Twitter ou sur Ringohan: Tekuno (テクノ), Jung (ユング) ou Moses (モーゼ). On sait que Sheena aime donner des noms de personnalités aux choses, mais j’en suis moins sûr pour les animaux. Je crois reconnaître Moïse et le psychanalyste suisse Carl Jung pour deux des chats, mais je suis moins sûr pour le troisième appelé Techno ou Tekuno (peut-être choisi pour son origine de l’antiquité). Entre les skateboards et les noms de chats, il y a beaucoup de mystères à résoudre. Le cadeau de nouvelle année (さえずり) de Ringohan que j’ai reçu il y a quelques jours n’arrange rien pour ce qui est des mystères. Il s’agissait de cinq cartes de tarot estampillées du logo de Tokyo Jihen avec des inscriptions en allemand. Il me faudra étudier un peu plus en avant la question, mais c’est exactement cela qui est intéressant.