Étiquette : Kenzo Tange
Une voilure et des ouvertures
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Une voilure toute en courbe se lie à une colonne vertébrale centrale. Nous étions dans ce bâtiment grandiose pour un spectacle pour enfants et j’ai profité des entractes pour faire un petit tour avec Zoa et en même temps faire quelques photos, de la voilure, des détails des murs… Les yeux avisés auront peut être reconnu l’intérieur du grand gymnase Kokuritsu Yoyogi Kyōgi-jō de Kenzo Tange, le Gymnase Olympique de Yoyogi construit pour les Jeux d’été 1964 à Tokyo. En janvier 2009, j’avais exploré l’extérieur du grand stade sans voir l’intérieur qui était bien entendu fermé. Par contre, profitant d’un événement sportif, j’avais eu la chance de visiter l’intérieur superbe du petit stade. Il faisait sombre à l’intérieur du grand stade mais on pouvait tout de même appréhender la structure de la voilure et son raccord aux deux câbles centraux supportés par les piliers de béton aux deux extrémités du stade.
![Ouvertures [1]](https://www.fgautron.com/weblog/wp-content//IMG_7135m.jpg)
Sur quelques parois à proximité de l’entrée principale du stade, on peut apercevoir ces drôles d’ouverture sous la voilure. Il s’agit peut être de conduits d’aération. Le mur de béton est percé à plusieurs endroits pour laisser passer ces cylindres de métal qui pointent comme des canons. C’est un design assez radical pour des aérations. Ce stade relève définitivement plus de l’oeuvre d’art que de l’infrastructure sportive. J’avoue que j’aime beaucoup ce genre d’approche.
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Pour terminer une vue sur l’entrée, placée dans le décalage des deux demi-cercles formant le stade. J’avais déjà photographié l’extérieur, voici donc l’intérieur. La voilure prend un plis de presque 90 degrés au niveau de l’entrée et du raccord avec les piliers noirs. J’aurais voulu prendre plus de temps pour observer tout ça, mais ce n’était pas non plus le but initial de la visite.
Plonger sous les buildings
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Dessus la ville et sous les buildings. Une partie d’un immeuble de Kenzo Tange vole au dessus de Tokyo et semble plonger pour un atterrissage sur l’avenue 246. Pourquoi cette envie récurrente de faire planer les buildings au dessus de Tokyo? Il faudra que je me pose la question précisément un de ces jours.
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Côté musique, je voulais principalement parler de M.I.A. dans ce billet, mais je découvre tout récemment la musique de Glass Vaults, le morceau Forget Me Not d’abord et le EP mis à disposition gratuitement par le groupe néo-zélandais sur Bandcamp. C’est une merveille à découvrir, à l’atmosphère cinématographique parfois, comme l’ouverture du EP et ses sonneries de police dans une ambiance urbaine que j’imagine moite ou pluvieuse (certainement une déformation due au Tokyo pendant la saison des pluies). C’est une ambiance sombre principalement avec des nappes vocales et des sursauts rythmés sur certains morceaux comme New Space. Je ne saurais pas trop dire à quel style musical réfère ce mini-album, la Dream Pop peut être pour la voix diluée dans des textures électroniques douces et des accords lents de guitares. Les morceaux évoluent tranquillement et on se laisse prendre à son rythme lent sans sourciller. C’est une musique qui colle bien à la chaleur d’une nuit estivale. Et en parlant de Dream Pop, je passe refaire un tour vers Beach House et le morceau 10 Mile Stereo sur Teen Dream.
Pour revenir à M.I.A., j’ai été épaté par quelques morceaux de son nouvel album /\/\ /\ Y /\. Malgré les nombreux articles à son sujet postés sur les blogs musicaux, j’ignorais volontairement sa musique en pensant qu’il s’agissait d’une nouvelle Lady Gaga ou quelque chose du genre, genre machine pop instantanée. En écoutant le morceau Steppin Up, j’ai été surpris pour le côté incisif et radical de sa musique. En exemple, l’utilisation de bruit de perceuse ou tronçonneuse au choix. Contrairement à ce que je pouvais imaginer, les morceaux de M.I.A. ne sont pas facilement abordables, à part peut être quelques morceaux plus orientés single comme XXXO. La musique électronique souvent poussive se mélange au hip-hop ou aux guitares crasseuses de Sleigh Bells (sur Meds and Feds) pour donner un drôle de mélange qui pourra agacer ou opérer son effet d’addiction. En se promenant un peu sur Internet, j’ai l’impression que les avis sont très contrastés, ce qui me parait assez logique vu que c’est un ovni musical. Mon avis se base sur les quelques morceaux ci-dessous, car comme à mon habitude, je n’écoute que très rarement un album en entier.
Pour continuer encore dans des styles complètement différents, je retourne vers les univers sombres et les bruits sourds de Eulogy par LA Vampires & Zola Jesus, avec une ambiance cinématographique là encore, pour un film de vampires certainement. Justement, Bat for Lashes et Beck compose un beau morceau Let’s get lost, à deux voix pour un film de vampires, Twilight Eclipse semble t’il. J’aime beaucoup la voix de Natasha Khan qui se conjugue bien avec celle de Beck ici. Autre morceau à deux voix, Die. de Carissa’s Wierd, un groupe dont je n’avais jamais entendu parler (comme beaucoup en fait, c’est ça qui est bien). Et entre autres, quelques morceaux qui accompagnent ce début d’été: Excuses de Morning Benders, peut être attiré par l’atmosphère rétro de bord de mer de la pochette, Colours de Grouplove, Windstorm par School of Seven Bells et pour finir avec du rock efficace et classique Echoes de All the Damn Kids. Tout ceci donne un ensemble assez diversifié, en espérant également donner quelques pistes d’écoute aux visiteurs de ce blog. Pas beaucoup de groupes japonais me direz vous, mais c’est vrai qu’il serait temps d’essayer de se réconcilier avec la musique japonaise: de l’électro qui ne serait pas lounge, du rock qui serait inventif et ni trop pop ni trop bruitiste, un chant qui interpelle… En attendant, je vais ré-écouter mes disques de Sheena Ringo. J’y repense alors que j’ai un agenda offert et estampillé Tokyo Jihen sous les yeux.
国立代々木競技場 (2)
Continuons la visite du gymnase de Yoyogi de Kenzo Tange par le deuxième stade, le plus petit dédié notamment aux sports de lutte. J’ai toujours cru que l’entrée dans l’enceinte du gymnase n’était pas libre à moins d’avoir un billet pour un match ou pour une activité sportive dans les stades. Ce lundi matin de décembre, je suis passé près du garde à l’entrée l’air de rien en pensant qu’il allait me stopper pour vérifier que la raison de ma visite était bien légitime. Finalement non, et j’ai l’impression que l’enceinte du gymnase est libre d’accès, mais peut être seulement ouvert au public aux horaires des compétitions sportives. Par chance, il y avait en effet une compétition de jeunes lutteurs dans le petit stade qui m’a permit d’y entrer pour visiter l’intérieur.
En levant les yeux au plafond, on peut admirer la charpente d’acier tubulaire, ancrée au sommet du pilier central de béton et qui vient se dérouler en colimaçon autour de celui-ci. Un système de câbles vient ensuite supporter le toit et donner une forme arrondie similaire au grand stade. Que ça soit en vue extérieure (les lignes du pilier central) ou intérieure (la mécanique supportant le toit), c’est un travail d’art vraiment impressionnant.
Je fais le tour des gradins en admirant l’édifice plus que la compétition qui se déroule, mais je suis content de découvrir cet espace en utilisation. J’aurais retrouver pendant cette courte matinée de décembre l’enthousiasme et l’excitation de la découverte architecturale, une escapade trop courte qui se termine déjà sur ces quelques photos.
国立代々木競技場 (1)
Revenons sur ce lundi de décembre. Tôt le matin, j’avais pris la direction de Ana Hachiman à Waseda pou ensuite revenir vers Nishi Shinjuku pour voir d’un peu plus près la tour Cocoon. Comme troisième étape de cette matinée, je poursuis ma promenade architecturale vers un chef d’oeuvre de Kenzo Tange, peut être le point culminant de sa carrière: le Gymnase National des Jeux Olympiques de Tokyo (été 1964). Ce gymnase près du parc Yoyogi (国立代々木競技場 Kokuritsu Yoyogi Kyōgi-jō) est composé de deux stades construits entre 1961 et 1964. Le grand stade (en photos ci-dessus) est destiné à la natation, patin à glace tandis que le petit couvre le basketball, la boxe, les sports de lutte. Je reviendrais sur le petit stade dans un prochain billet.
La caractéristique la plus frappante de ce gymnase est son toit suspendu. Le stade est composé de deux demi-cercles décalés. Les décalages aux deux extrémités ouvrent les entrées principales avec accès aux guichets. Le toit suspendu est soutenu par deux piliers de béton armé et par un système de câbles d’acier permettant ces formes courbes. La forme courbe rend d’ailleurs le toit plus résistant aux intempéries, notamment aux typhons venant du Pacifique qui frappent régulièrement l’archipel.
L’ensemble du bâtiment allie élégance, force et légèreté, délicatesse et prouesse technique. C’est un parfait équilibre entre technologies modernes et formes architecturales traditionnelles japonaises. En 1964, pour les Jeux Olympiques, Tokyo devait montrer une image marquante et Kenzo Tange montra au monde entier une oeuvre profondément unique.
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Pour terminer et donner une meilleure idée de la composition du grand stade, ci-dessus quelques schémas provenant du site Citylab.wikia.com: une vue du dessus montrant les deux demi-cercles décalés (1), une vue en coupe dans la longueur donnant une idée de la disposition du terrain de Jeu (2) et une vue en coupe dans la largeur montrant les élévations des bords donnant cette sensation de légèreté du bâtiment (3).