Ces quelques heures dans les rues de Koenji ont été fructueuses en découvertes et en photographies d’architecture. Avant de reprendre le chemin du retour, j’emprunte quelques rues au Nord de la station de Koenji. Après quelques dizaines de mètres de marche dans ces rues, Mari par l’intermédiaire d’un message sur LINE me donne une dernière mission: aller acheter quelques gâteaux dans une pâtisserie qu’elle a repéré sur Internet. J’accepte cette mission volontiers. Elle me fera marcher et découvrir un peu plus les petites rues de Koenji. Ils y a beaucoup de petites rues dans ce quartier, un peu dans le style de Shimo Kitazawa, que je connais assez bien pour y avoir beaucoup marché de long en large. Il n’y a pas de grands immeubles et tous les bâtiments font 2 ou 3 étages de haut. Les rues commerçantes sont pleines d’affichages publicitaires, remplies à raz bord d’une pollution visuelle dont il faudra essayer de faire abstraction pour pouvoir s’enfoncer un peu plus dans ces rues.
En marchant un peu plus, me revient en tête un billet de Cedric Riveau sur son blog Color-lounge à propos d’une galerie du collectif d’artistes Chim↑Pom à Koenji. Alors que je cherche l’adresse sur Google Map sur mon iPhone, je me rends compte que je suis passé devant il y a quelques minutes et que j’ai même pris en photo le bâtiment de la galerie appelé Kitakore. Cette galerie du collectif est une vieille bâtisse qui pourrait être démolie à tout moment. J’avais été amusé par cette devanture avec de gros yeux dessinées sur fond rouge et des dents acérées sur le volet roulant en métal, mais j’étais loin de penser qu’il s’agissait là de la galerie du collectif. Je pensais plutôt à un vieux bâtiment abandonné pris d’assault par des tagueurs. Ceci étant dit, Chim↑Pom sont des provocateurs et ils ont déjà investi d’autres immeubles voués à la destruction. Cet espace me parait quand même assez anecdotique. Je cherche l’entrée, qui semble être près d’un bar attaché à la galerie. Les rideaux métalliques noirs sont dessinés de figures élégantes bien qu’aux couleurs délavées. L’espace semble fermé comme le montre l’écriteau. J’ai même pensé à ce moment là que cette galerie ouverte en 2015 était désormais fermée définitivement, mais apparemment les expositions y sont irrégulières, la dernière datant de Juillet-Août 2017. En regardant un peu le site web de la galerie, je vois qu’une des premières expositions, en 2015, était celle de l’artiste Sono Sion, connu pour son collectif Tokyo Gagaga qui parcourait les rues de Tokyo au début des années 90 dans un format de guérilla urbaine avec danses, banderoles et poèmes criés sur haut parleur portatif. On voyait quelques scènes de ces performances de rues au début du documentaire « Otaku, Fils de l’empire du virtuel » de Jean-Jacques Beinex. Je me souviens que ces scènes, qui ressemblaient à une révolte bruyante peu courante au Japon, m’avait impressionné et intrigué quand j’avais vu le documentaire de Beinex pour la première fois à la télévision en 1994.
Je continue ma route en m’enfonçant un peu plus dans les rues du Nord de Koenji. La pâtisserie n’est plus très loin. La difficulté sera ensuite de ramener les gâteaux dans leur boîte sans les bousculer dans les rues étroites, et tout en prenant des photos quand je ne peux pas m’en empêcher. Je prends d’ailleurs souvent en photo les autocollants de rues qui attirent mon regard, comme celui d’inspiration manga par Jose Aurelio Baez sur la dernière photographie du billet. Ce billet est encadré par une autre forme d’art de rue, sur la première photographie du billet, il s’agit d’un mur peint aux faux airs de Roy Lichtenstein.