street remixed

#11: mika scape. Shibuya.

#12: kusama dots. Harajuku.

#13: driving riding. Jingumae.

#14: bonjour girl. Jingumae.

#15: passing drawings. Omotesando.

Les marques vestimentaires de luxe redoublent d’astuces pour essayer d’attirer le passant étourdi dans ses filets profitant de quelques secondes d’inattention de sa part. Je remarque qu’un magasin temporaire Louis Vuitton s’est installé discrètement (ou à peine) près de la gare de Harajuku avec toujours les motifs en forme de poids colorés de Kusama Yayoi. Je devine à l’intérieur une statue de l’artiste en très grand format et je ne peux résister à l’idée d’entrer à l’intérieur pour la voir de plus près. Un peu plus loin à Omotesando et sur la dernière photographie de ce billet, les personnages de l’illustrateur Yoshitomo Nara viennent agrémenter les créations vestimentaires de Stella McCartney. On dirait que chaque marque essaie de s’attirer son artiste attitré. Loewe s’était emparé pendant quelques temps de certains personnages du monde de Ghibli, en premier lieu Totoro que la marque de luxe avait réussi à sortir de son sommeil. Sur la deuxième photographie du billet, un personnage haut en couleurs par l’illustratrice Mika Pikazo est affiché sur une grande baie vitrée d’un immeuble d’Udagawachō. Ce n’est pas la première fois que je fais le tour d’une exposition de cette illustratrice à Shibuya. La fois précédente devait être en Septembre 2019 dans un espace ouvert sur la rue près de l’ancien cinéma Rise, désormais reconverti en une live house nommée WWW WWWX. Je ne suis jamais entré à l’intérieur mais il faudrait que je trouve une occasion pour admirer l’architecture d’Atsushi Kitagawara tout en y appréciant un concert, par exemple. Je passe très souvent près de la galerie d’art Design Festa pour vérifier si les illustrations sur les murs ont été modifiées. Je ne pense pas avoir déjà vu ce petit personnage coloré uniformément de rose. Il y a certains endroits à Tokyo, comme ici ou sur les murs extérieurs d’un magasin de disques hip-hop à Udagawachō, où les fresques sont très souvent mises à jour. Ce genre de remix urbain satisfait forcément beaucoup le photographe amateur que je suis.

Je viens d’acheter au Tower Records de Shibuya l’album remix de morceaux de Sheena Ringo intitulé Hyakuyakunochō (百薬の長) sorti le 11 Janvier 2023. Il est sous-titré en allemand « das Allheilmittel für alle Übel », ce qui voudrait dire « le remède à tous les maux ». Il s’agit à mon avis d’une correspondance avec le EP Ze-Chyō Syū (絶頂集, SR/ZCS) sorti en Septembre 2000 qui reprenait également l’imagerie de la boîte de médicaments. La version initiale de la pochette de Hyakuyakunochō avait même un logo « Sheener » ressemblant à celui de Pfizer mais il n’a (heureusement) pas été conservé. Je me suis procuré la version standard sans les objets additionnels (les goods) fournis avec la version deluxe, car le problème d’utilisation du logo de La Croix Rouge m’a fait comprendre que Sheena Ringo n’avait en fait aucune implication dans le choix de leur design. Les albums de remix sont en général le fait des maisons de disques sans forcément un apport de l’auteur initial de la musique remixée. C’est du moins ce que la maison de disques Sony Universal Japan a annoncé suite au problème reporté dans les médias, très certainement pour protéger l’artiste. Une chose est sûre, je remarque maintenant les ‘Help Mark‘ (ヘルプマーク) marquées sur fond rouge du cœur blanc et du logo de La Croix Rouge, et j’en vois beaucoup dans les rues ou dans les couloirs du métro alors que je les voyais à peine avant. Merci donc Sheena Ringo de m’avoir sensibilisé sur ce sujet. Mais le véritable problème de ce genre de goods est qu’on a tendance à ne volontairement pas les utiliser pour ne pas les abîmer et ils finissent oubliés au fond d’un tiroir.

L’exercice du remix est assez compliqué et même périlleux. On a souvent plusieurs cas de figures. Le remixeur ne prend parfois pas de risques et n’ajoutent que des petites touches musicales sans modifier la trame initiale du morceau. On peut aller vers des propositions à l’opposé où l’empreinte du remixeur est tellement forte qu’on peine à reconnaître le morceau original sur lequel il est basé. C’est un parti pris d’essayer de conserver l’atmosphère originale d’un morceau pour ne pas choquer les fans ou de partir vers des pistes complètement différentes. Il est à mon avis très difficile pour un remix d’égaler un morceau original car ça demande à l’auditeur d’oublier en quelque sorte ce qu’il connaît d’une musique mainte fois écoutée et d’accepter quelque chose de nouveau. Il est assez rare qu’un morceau remixé vienne dépasser et transcender sa version originale. Il y a pourtant des remixes qui amènent des morceaux vers d’autres rythmes et d’autres ambiances, qui ajoutent une épice qui ne manquait pas forcément à l’original mais qui devient indispensable une fois qu’on l’a ajouté. Certains remixes arrivent à sublimer un morceau tandis que d’autres ne font que l’alourdir et le déséquilibrer. C’est une chimie compliquée qui peut très bien fonctionner ou échouer lamentablement. Il y a un peu de tout cela dans ce premier album remix de Sheena Ringo.

Je ne sais pas si Sheena est à l’origine de la sélection des musiciens en charge des remixes mais je dirais que probablement non, vu qu’il s’agit d’une initiative de la maison de disques. Il y a beaucoup de noms réputés japonais mais aussi quelques étrangers. Certains noms me sont cependant complètement inconnus. Comme je le mentionnais auparavant, la coréenne Miso prend en charge le morceau Marunouchi Sadistic (丸ノ内サディスティック), ce qui n’est pas une mince affaire vu que c’est son morceau le plus populaire. Elle s’en sort très bien et laisse même clairement son empreinte en ajoutant sa voix sur la fin du morceau pour le compléter. Cet apport de voix est très bien vu, et Miso n’est pas la seule à le faire sur cette compilation de remixes. Le morceau Ishiki (意識 ~Conciously~) remixé par Shinichi Osawa, dont je parle régulièrement ici pour son projet MONDO GROSSO, est particulièrement réussi et cerise sur le gateau, DAOKO vient ajouter sa voix rappée sur la fin du morceau. J’adore le ton de voix immédiatement reconnaissable de DAOKO et sa manière d’accentuer certaines syllabes pour donner de la force à son phrasé. La version par moment forte en basse de Shinichi Osawa donne un souffle complètement différent à ce morceau. Le remix de Yokushitsu (浴室 ~la salle de bain~) par une des figures importantes de la musique électronique japonaise, Takkyu Ishino (石野卓球), est tout à fait enthousiasmant. Il conserve toute la force de la voix de Sheena Ringo et arrive à faire décoller le morceau, notamment dans sa deuxième partie. Yokushitsu, Marunouchi Sadistic et Ishiki sont des morceaux qui ont déjà eu des versions alternatives (notamment en anglais) sur des albums ou live de Sheena Ringo. On est donc d’une certaine manière habitué à ce que ces morceaux ne soient pas figés dans leurs formes originales, mais les versions qui nous sont proposés ici ont tout de même un style bien différent et très marqué électro.

Le morceau JL005 Bin de (JL005便で ~Flight JL005~) est remixé par Yoshinori Sunahara (砂原良徳) qui était intervenu sur deux morceaux de Tokyo Jihen enregistrés sur une cassette accompagnant la version spéciale du best album Sōgō (総合) sorti en Décembre 2021. J’avais beaucoup aimé les deux morceaux qu’il avait remixé: Karada (体) et Zettaizetsumei (絶体絶命). Je ne suis pas déçu par cette nouvelle version de JL005 Bin de qui démarre sur des prises de sons d’aéroport. Il y a une élégance typique des remixes de Yoshinori Sunahara, enfin de ceux que je connais jusqu’à présent. On retrouve cette même élégance dans la vidéo tournée pour ce morceau par Yuichi Kodama (évidemment). SAYA, de la formation Elevenplay que l’on retrouve régulièrement dans les concerts de Sheena Ringo, joue le rôle principal en hôtesse de l’air. J’aime beaucoup ces images et notamment le petit nuage qui vient s’incruster dans le paysage urbain (j’utilise régulièrement les interventions nuageuses dans mes compositions photographiques). Et on découvrira dans la vidéo qu’un jeu de morpion tourne en rond sur le tableau de bord et les écrans de contrôle de l’avion certainement pendant le pilotage automatique (mais y-a t’il un pilote dans l’avion? de demanderait Leslie Nielsen). Je laisserais les spécialistes en aéronautique préciser la réalité de ce genre de situation. Le sous-titre de ce morceau est B747-246, un avion Boeing donc de la compagnie JAL effectuant le vol de l’aéroport JFK à New York jusqu’à Tokyo Haneda (le vol JL005).

Les morceaux Anoyo no Mon (あの世の門 ~Gate of Hades~) et Chichinpuipui (ちちんぷいぷい ~Manipulate the time~) remixés respectivement par Telefon Tel Aviv et Gilles Peterson sont d’excellentes surprises, car ils s’écartent complètement de la version originale au point où on la reconnaît à peine. Remplacer l’ambiance euphorique de Chichinpuipui par une atmosphère Dark Jazz est assez singulière. On a l’impression d’entendre des nouveaux morceaux où la voix de Sheena est défigurée. Le morceau Adult Code (おとなの掟) remixé par object blue est par contre assez déplaisante. Le morceau d’origine est loin d’être le meilleur de Sheena Ringo et le remix crachotant semble être en permanence décorrélé des paroles. L’écoute en est assez désagréable malheureusement. Les remixes de Nagaku Migikai Matsuri (長く短い祭 ~In Summer, Night~) par Yasuyuki Okamura (岡村靖幸) et de Carnation (カーネーション ~L’œillet~) par Ovall sont agréables sans forcément apporter des propositions nouvelles ou prendre de risques. Ils n’en deviennent donc pas indispensables, même si ces versions restent belles. Je suis un peu dessus de la version par STUTS de Onnanoko ha Daredemo (女の子は誰でも ~Fly Me To Heaven~). Là encore, le remix n’est pas désagréable mais n’apporte pas grand chose de plus à l’original. On peut même se demander s’il y a une différence. L’excellente surprise est de trouver KID FRESINO sur l’avant dernier morceau Niwatori to Hebi to Buta (鶏と蛇と豚 ~Gate of Living~) car il y apporte sa voix hip-hop ce qui change complètement la dynamique du morceau. C’est une belle réussite même si le morceau reste trop court (c’était le cas de l’original). Je trouve une satisfaction certaine d’entendre la voix rap si particulière de KID FRESINO interagir avec l’univers de Sheena Ringo. Le dernier titre, une reprise du morceau le plus récent de Sheena Ringo, Ito wo Kashi (いとをかし ~toogood~) par Ajino Namero (鯵野滑郎) est une curiosité. Il s’agit d’une version en sons 8bits sortis tout droit d’une Famicom (qui serait quand même poussée dans ses derniers retranchements). Les sons primaires prennent étonnement de l’ampleur au fur et à mesure que le morceau se déroule, lui donnant même une dimension épique. J’ai grandi avec ses sons 8bits donc j’adore forcément ce morceau de conclusion, laissé instrumental. Au final, j’adore le début (trois premiers morceaux) et la deuxième partie (des morceaux 8 à 12) mais je trouve qu’il y a un passage à vide au milieu de la compilation (les morceaux 4, 5, 6 et 7). Je trouve le résultat final inégal mais n’en vaut pas moins le détour et j’y reviens très souvent ces derniers jours. Et je me dis qu’il faut absolument que Shinichi Osawa compose un morceau pour DAOKO.

写真が次から次へと出てくる

Vous reprendrez bien un peu de citrouilles? Je ne me lasse pas de les prendre en photo. Elles me remémorent le petit musée consacré à Kusama Yayoi (草間彌生) que l’on trouve dans le quartier de Bentenchō à Shinjuku et que nous avions visité l’année dernière en Novembre. La deuxième partie des photographies de ce billet a été prise à Yanaka, que j’ai parcouru plusieurs fois cette année. La fin d’année est toujours une occasion de regarder les statistiques de ce blog. On comptant celui-ci, j’aurais publié cette année 154 billets sur ce blog, ce qui est un peu moins que l’année dernière avec 166 billets publiés et un peu plus que 2020 avec 146. Il y a eu 222 commentaires laissés sur des billets cette année, ce qui est moins que les deux années précédentes avec 262 pour 2021 et 253 pour 2020. Ceci étant dit, le nombre de commentaires sur ces trois dernières années reste beaucoup plus important que pour les dix années précédentes, bien que ces commentaires ne soient le fait que de deux personnes principalement, que je remercie vivement, et de moi même en réponse. Pour ce qui est du volume d’écriture, il était moins important cette année (environ 130,000 mots) par rapport à l’année dernière (environ 163,000 mots) mais également très similaire à l’année 2020. Les visites sont en baisse progressive continuelle, avec environ 14,000 cette année, contre 16,000 en 2021 et 17,000 en 2020. L’année prochaine, ce blog démarré en Mai 2023 aura 20 ans. Le design du blog (version 9) n’a pas évolué depuis 2017 et il est grand temps que je lui trouve une évolution. En attendant, les photographies continuent à defiler les unes après les autres sur les billets de ce blog, et ce flot semble inarrêtable.

s’envoler comme dans un rêve

Je ne voulais pas manquer les installations artistiques de Kusama Yayoi à différents endroits de Tokyo jusqu’au 29 Décembre 2022. Ici, je passe par le parc Shiba près de la Tour de Tokyo et du temple Zozoji. Une citrouille jaune à poix, emblématique des créations de l’artiste, s’envole dans les airs depuis un bloc arrondi fait de miroirs. Juste à côté, des sphères et demi-sphères réfléchissantes sont posées sur la pelouse du parc et font réfléchir les photographes aux éventuelles prises de vue intéressantes qu’on pourrait en faire. J’en profite, chose extrêmement rare, pour faire un auto-portrait légèrement déformé. Je n’avais pas pris jusqu’à maintenant les feuilles rouges d’automne mais je me rattrape in extremis à l’entrée du parc. Les trois dernières photographies du billet sont prises à Marunouchi devant la station de Tokyo et sur la rue devenue temporairement piétonne Naka-dōri. Les lumières de fin d’année sont difficiles à saisir en photo, donc je préfère les rendre floues.

La fin d’année est aussi l’occasion de voir fleurir sur Internet des playlists des meilleurs albums et singles de l’année, et c’est souvent l’occasion de se rattraper sur des morceaux ou artistes que j’aurais pu manquer. La playlist japonaise de Ryo Miyauchi qui publie la newsletter This Side of Japan est étonnement proche de ce que j’ai pu écouter cette année, du moins les six premiers morceaux qu’il mentionne dans sa liste sont tous des morceaux que je connais et ai beaucoup aimé cette année. Ce genre de playlist est évidemment très subjective et je suis assez rarement en phase avec ce qu’il propose mais j’y ai découvert cette fois-ci beaucoup de morceaux qui me plaisent vraiment beaucoup, comme Midnight Dew de DÉ DÉ MOUSE & Punipunidenki (ぷにぷに電機). Je connais DÉ DÉ MOUSE, projet solo du musicien, producteur et DJ Daisuke Endō (遠藤大介), depuis le morceau électro entêtant Baby’s Star Jam de 2007 que j’ai vraiment beaucoup écouté, mais je n’avais jamais poursuivi la découverte de sa musique. Puniden (en version courte de Punipunidenki) est également un nom que j’ai souvent aperçu sur internet sans pour autant être parti à la découverte de ses morceaux. Midnight Dew est excellent et son ambiance nocturne se construit un peu plus après chaque écoute. J’écoute également la musique électro-jazz du musicien et producteur STUTS sur le morceau Floating in Space de son album Orbit. STUTS s’est fait connaître l’année dernière pour le morceau Presence I avec KID FRESINO et l’actrice Takako Matsu (松たか子) au chant. Je viens de me rendre compte qu’il fait aussi parti d’un collectif appelé Mirage Collective avec Yonce (de Suchmos) et Ryōsuke Nagaoka (長岡 亮介, alias Ukigimo) entre autres. Je n’aime par contre pas beaucoup le morceau qui passe en ce moment avec l’actrice Masami Nagasawa (長澤まさみ) au chant. Autre découverte de la playlist ci-dessus, le morceau électronique agité comme du math rock, SOS de Midnight Grand Orchestra, qui semble être un collectif autour de la virtual YouTuber Hoshimachi Suisei (星街すいせい). Je ne pensais être amené à écouter de la musique de virtual YouTuber mais il y a un début à tout, quand le talent est là. Après tout, Ado apparaît dans toutes les émissions télévisées de fin d’année sous les traits virtuels du personnage d’Uta (ウタ) pour interpréter son single à succès, tout à fait mérité, Shinjidai (新時代). Ce n’est pas dans la liste ci-dessus, mais j’écoute aussi ces derniers jours le nouveau morceau quasi-instrumental de D.A.N. intitulé Afterglows, le morceau Deep Down d’Aimer que je mentionnais précédemment car il est utilisé comme musique de fin de l’épisode 9 de l’anime Chainsaw Man et Life with Love, nouveau single très pop de RöE que j’écoute presque uniquement pour sa voix si particulière.

時が過ぎて行くのが早すぎるから

Revenons maintenant à la couleur pour ce nouveau billet. On peut voir en ce moment à différents endroits de Tokyo des œuvres de l’artiste Kusama Yayoi, associées à la marque Louis Vuitton. La première photographie de ce billet est plutôt une composition photographique détournée montrant son visage, mais je montrerais un peu plus tard quelques installations artistiques à Marunouchi et dans le parc Shiba près de la Tour de Tokyo. Les photographies de ce billet ont été principalement prises dans le centre de Shibuya, à Udagawachō, et le long de la rue Meiji à Jingumae. Je ne devrais même plus le préciser tant ces lieux ont constitué mon « terrain de jeu » préféré cette année. Cette année 2022 a passé très vite mais le mois de Décembre, avant que mes vacances de fin d’année ne démarrent, m’a semblé se dérouler au ralenti. J’espère que les cinq prochains mois vont passer vite car j’ai hâte d’aller enfin voir Sheena Ringo en concert au Tokyo International Forum début Mai 2023. J’espère que rien ne pourra m’empêcher d’y aller comme ça avait été le cas en 2020 pour Tokyo Jihen alors que la crise sanitaire était pleine d’incertitudes.

Je ne résiste pas à l’envie de montrer ci-dessus plusieurs extraits de la vidéo de Zutto, le nouveau et certainement dernier single de BiSH avant leur séparation à la fin de cette année. J’adore quand des parallèles se créent entre l’architecture et la musique que j’aime, ce qui est relativement rare, il faut bien l’avouer. J’étais en tout cas très satisfait de voir le groupe évoluer à l’intérieur du KAIT Plaza de Junya Ishigami, que j’ai découvert et montré sur ce blog le mois dernier (il faudra un jour que je fasse un mind-mapping de ce blog). Je peux très bien comprendre que ce lieu a inspiré le réalisateur de cette vidéo, Masaki Ohkita, qui a également réalisé plusieurs autres vidéos pour le groupe. Le morceau en lui-même a une composition très classique et fidèle à l’image que peut avoir quelqu’un ayant suivit BiSH depuis plusieurs années, ce qui est mon cas. Sans être pourtant fanatique du groupe, je dois quand même avoir tous les albums et une grande partie des singles sur mon iPod. Et j’en parle assez souvent sur ce blog, l’air de rien. Ce morceau Zutto est le douzième d’un éventuel dernier album qui pourrait s’appeler BiSH is Over. Je n’arrive pas à bien comprendre si un album regroupera les douze morceaux sortis en single pendant cette année ou si BiSH arrêtera réellement ses activités à la fin de cette année, car Wack, l’agence du groupe, vient d’annoncer un dernier concert le 29 Juin 2023 au Tokyo Dome. Je ne suis en général pas convaincu par les qualités vocales du groupe en live ou lors d’émissions télévisées, mais l’ambiance dans un espace aussi vaste que le Tokyo Dome doit être très particulière. Je garde toujours en tête cette vidéo du morceau GiANT KiLLERS en concert à Makuhari Messe. Ce nouveau single Zutto me plaît beaucoup, mais je me rends également compte avec cette dernière vidéo que la représentation visuelle du groupe a toujours été particulièrement réussie. Je pense au morceau Stereo Future dans les mines d’Oya, que l’on a également visité récemment, ou au cimetière d’avions américain pour la vidéo de My Landscape. Ces deux vidéos ont d’ailleurs été également réalisées par le même Masaki Ohkita.

Yayoi Kusama Museum

Le musée dédié à Kusama Yayoi (草間彌生) a ouvert ses portes en 2017. On le trouve dans le quartier de Bentenchō à Shinjuku. Je voulais le visiter depuis longtemps mais le fait d’avoir à faire une réservation préalable nous a fait patienter. On s’est dit qu’on allait attendre plusieurs mois après l’ouverture avant d’essayer de le visiter et les mois ont passé jusqu’à maintenant. La crise sanitaire nous a désormais habitué à réserver à l’avance tous nos déplacements dans des musées mais a eu tout de même comme conséquence une diminution de nos visites récentes. On se décide souvent le jour même et il est en général déjà trop tard. Pour ce musée de Kusama Yayoi, réserver le jour d’avant (même le soir d’avant) était suffisant pour obtenir quelques places. Il semble par contre difficile de réserver pour le jour même, en particulier un jour de week-end.

Le musée conçu par Kume Sekkei est tout en hauteur et est dans l’ensemble assez petit. On est loin d’y voir ici regroupée une rétrospective complète de l’artiste, qui a beaucoup créé et qui crée encore maintenant à l’âge de 92 ans. On trouve les sculptures végétales colorées de Kusama Yayoi un peu partout dans le pays. Une de ses créations les plus connues est la citrouille jaune à poix noirs posée sur une jetée abandonnée de l’île de Naoshima, et qui a d’ailleurs été emportée par les eaux lors d’un typhon le 9 Août 2021. Il en existe une similaire à Hakata dans la ville de Fukuoka. Les installations de Kusama Yayoi sont parfois éphémères. Nous avions vu des sculptures de formes rondes rouges à poix blancs en haut de Roppongi Hills pour la première exposition que nous avions vu de l’artiste. L’exposition s’appelait Kusamatrix et se déroulait en 2004. Des formes similaires étaient soudainement apparues quatre ans plus tard dans les jardins de Tokyo Mid-Town. Nous avions également aperçu des citrouilles blanches à poix rouges dans le grand hall du Department Store Ginza6 en Juin 2017. Cette même année, se déroulait une grande rétrospective de Kusama Yayoi au musée NACT à Nogizaka. Il y avait de très nombreuses peintures au format typique carré et des sculptures colorées de fleurs. Cette exposition intitulée My Eternal Soul (わが永遠の魂) nous faisait entrer dans le monde fantastique de Kusama Yayoi d’une bien belle façon. Il y a également un musée permanent montrant des œuvres de l’artiste à Matsumoto dans la préfecture de Gifu, sa ville de naissance, mais nous n’y sommes jamais allés.

J’étais très curieux de découvrir ce musée à Bentenchō non seulement pour les œuvres d’art qu’il contient mais également pour l’architecture du bâtiment en lui-même. On ne pouvait malheureusement pas prendre de photos aux deuxième et troisième étages, les principaux étages d’exposition du musée. C’est bien dommage car la qualité de l’espace intérieur est remarquable, surtout le troisième étage possédant un très haut plafond. Les murs blancs à l’extérieur le sont également à l’intérieur ce qui donne un espace lumineux même si les stores sont fermés. J’imagine que la lumière doit être éblouissante si on ouvre complètement ces rideaux. Les murs du bâtiment sont arrondis aux coins et on retrouve cette configuration à l’intérieur. Les marches de l’escalier sont collées sur ce mur comme des plaques. On peut continuer à apprécier les œuvres de l’artiste tout en grimpant les marchés de l’escalier. Le système de réservation limite beaucoup le nombre de personnes pouvant entrer simultanément à l’intérieur du musée, ce qui facilite grandement la visite, surtout pour l’espace d’art collaboratif au quatrième étage. Le visiteur pouvait coller des fleurs jaunes données à l’entrée à l’intérieur de cette pièce meublée. Nous n’étions pas les premiers et il était plutôt compliqué de trouver un espace libre pour coller une petite fleur supplémentaire. Ce type d’espace collaboratif est assez typique de l’art de Kusama Yayoi. Pendant la période olympique, il y en avait un similaire à l’intérieur d’un bâtiment administratif de Shibuya. L’exposition en cours se concentre sur les œuvres monochromes, noir et blanc ou à couleur unique (comme ces fleurs jaunes). L’exposition s’intitule ‘Midway Between Mystery and Symbol: Yayoi Kusama’s Monochrome’. Certaines des œuvres sont anciennes mais d’autres beaucoup plus récentes. La peinture carrée appelée ‘STAIRWAY TO HEAVEN’ qui sert de présentation pour l’exposition date de 2019. On passe un bien agréable moment dans ce petit musée avec l’impression d’échapper au réel pendant quelques instants. L’exposition est à sens unique, c’est à dire qu’on évolue de salle en salle en montant l’étroit escalier. Un ascenseur nous permet quand même de redescendre à un des étages pour redémarrer notre ascension, ce que nous avons fait. Le haut du building donne accès à une terrasse ouverte sur un ciel bleu s’accordant bien avec une fleur colorée posée là. J’essaie de la prendre dans tous les angles. Je sors l’iPhone de ma poche pour pouvoir prendre une photographie en contre-plongée. Dans ce musée, même l’ascenseur est une œuvre d’art. Les parois qui composent le caisson de l’ascenseur sont toutes couvertes de miroirs avec des poix rouges collés de manière aléatoire. Cette disposition nous pousse forcément à se prendre en photo en selfie par réflection sur les miroirs. La dimension ludique de l’art de Kusama Yayoi est omniprésente. La baie vitrée couverte de poix blancs au rez-de-chaussée à côté de l’entrée me pousse également à imaginer quelle photographie amusante on pourrait faire, en association avec la rue qu’on aperçoit derrière la vitre en transparence.