planted flowers in my head

Le sapin et les décorations sont déjà de sortie depuis plusieurs semaines. Nous les avons installé tôt cette année par rapport aux années précédentes, comme si on attendait avec impatience que cette année se termine. Ces derniers mois ont été particulièrement occupés et je pense avoir eu moins le temps de publier des billets sur ce blog. En total, j’ai publié beaucoup moins de billets cette année par rapport aux quelques années précédentes, ce qui casse une dynamique ascendante et c’est plutôt bienvenu. J’ai en fait publié moins de billets mais avec plus de textes sur chacun d’entre eux. Sont-ils intéressants, ces textes, c’est une autre histoire. Ils sont toujours écrits pour m’intéresser moi-même et j’avoue ne pas me soucier assez de ce qui pourrait intéresser les visiteurs. Ils sont pour sûr très subjectifs. Je pense que je dois tenir cette manière d’écrire aux articles interviews de magazines musicaux comme ceux des Inrockuptibles, que je lisais de manière assidue lorsque j’étais lycéen et étudiant. En plus de l’interview avec un ou une artiste, le journaliste décrivait à la première personne tout ce qui se passait avant et autour. Cette mise en scène, qui fait en quelque sorte durer le plaisir, m’a toujours beaucoup intéressé, et peut-être même indirectement inspiré. J’aime en tout cas beaucoup dévier du sujet principal du billet, car ce sont souvent ces divagations spontanées qui me permettent de découvrir de nouvelles choses. Quand aux photographies, qui devraient être le sujet principal de ce billet, elles sont prises à Daikanyama. La première donne une vue sur la gare depuis une passerelle piétonne. C’est un point de vue que j’aime beaucoup et que j’ai déjà plusieurs fois montré en photo. Je pense d’ailleurs que la première photographie que j’ai pris en argentique noir et blanc avec le Canon EOS était à cet endroit. Sur la troisième photographie, je montre une nouvelle fois la résidence Forestgate conçue par Kengo Kuma, derrière le palmier solaire planté au centre de Daikanyama.

Dans mon dernier billet sur Kurkku Fields, je mentionnais brièvement quelques vidéos de morceaux de Kyary Pamyu Pamyu pour illustrer la direction artistique de Sebastian Masuda et, de fil en aiguille, je me suis mis à réécouter la plupart des morceaux de Kyary que j’ai sur mon iPod, soit une petite vingtaine éparpillée sur plusieurs de ses albums. J’ai en fait dans ma collection un seul album entier, celui intitulé Japamyu (じゃぱみゅ) sorti en 2018, dont j’avais déjà parlé dans un billet. Cette envie de réécouter la musique de Kyary me prend de temps en temps, de manière soudaine, et je démarre toujours par Fashion Monster (ファッションモンスター). Je poursuivis par Invader Invader (インベーダーインベーダー), puis pars vers des morceaux plus récents comme le très électronique Dodonpa (どどんぱ) et Gentenkaihi (原点回避) pour suivre avec l’album Japamyu et revenir vers le morceau Noriko to Norio, dont la composition musicale s’inspire des sonorités d’Okinawa. Il y a beaucoup d’inventivité dans les compositions de Yasutaka Nakata (中田ヤスタカ) et dans les manières de chanter de Kyary. Toute sa discographie ne me plait pas mais certains morceaux ou album m’ont déjà fait dire dans le passé qu’elle est une figure importante de la J-POP japonaise, et pour de bonnes raisons. Quand je regarde ses vidéos, j’aime notamment guetter les moments de décalages volontaires avec son image kawaii, comme celui capturé ci-dessus de la vidéo de Fashion Monster ou plus récemment sur Gentenkaihi quand elle tombe d’un tapis roulant la tête la première et saigne du nez alors qu’elle est poursuivie par un ruban rouge géant. Une petite dizaine d’années séparent ces deux morceaux et vidéos.

Je suis un peu en retard pour me mettre à écouter en entier le nouvel album de Yeule intitulé softscars car il est déjà sorti il y a un peu plus de trois mois, le 22 Septembre 2023 précisément. En fait, je connaissais déjà plus de la moitié des morceaux, déjà sortis progressivement en single. Je savais l’approche beaucoup plus rock indé, par rapport aux deux albums précédents qui avaient des sonorités plus électroniques. Cette approche me convient très bien, et la violence certaine du premier morceau x w x nous met tout de suite dans l’ambiance déchirante qui accompagne une bonne partie de l’album. L’ensemble de l’album est pourtant assez apaisé musicalement parlant et le premier morceau est en quelque sorte une exception bien qu’il joue également sur le chaud et le froid. On ne trouve pas dans cet album les instants de folie qu’on pouvait entendre sur l’album Glitch Princess de 2022, sur un morceau comme Mandy par exemple. Le son de Yeule évolue pour sûr et c’est de très bonne augure pour la suite. En concert, on voit Yeule jouer de la guitare accompagnée de la musicienne Sasami Ashworth également à la guitare. J’avais déjà parlé ici de Sasami pour son premier album éponyme sorti en 2019, que j’avais à l’époque beaucoup aimé. Cette association est intéressante, mais je ne suis pas certain que Sasami participe à l’album en lui-même. Parmi les morceaux remarquables de l’album de Yeule, il y a également dazies démarrant avec un riff de guitare remarquable. Les paroles de Yeule ne respirent jamais la joie de vivre, mais on ressent quand même que l’atmosphère au dessus de sa tête s’éclaircit. L’album dans son ensemble me paraît moins intime et plus émancipé. Je le regrette un peu car je ne retrouve pas sur cet album des morceaux à l’intensité aussi forte que Bites on My Neck sur Glitch Princess qui reste pour moi un de ses chefs-d’œuvre musicaux. En écoutant le morceau Inferno sur softscars qui est un de mes préférés et qui a une approche plus électronique proche des albums précédents, je me demande maintenant si je ne préfère pas cette atmosphère là, à celle beaucoup plus pop-rock sur l’avant dernier morceau cyber meat par exemple, qui est pourtant très bon. Le titre du dernier morceau, aphex twin flame, est intriguant car on se demande s’il s’agit d’une allusion à Richard D James. Les paroles ne le mentionne pas clairement. Après Moeka Shiotsuka qui mentionne un morceau d’Aphex Twin en interview avec Seiji Kameda et ce titre de Yeule, tout me pousse à revenir bientôt vers les sons électroniques après une très longue période rock ces derniers mois.

Kurkku Fields

Nous voulions visiter Kurkku Fields (クルックフィールズ) depuis plusieurs années et nous nous sommes finalement décidés il y a quelques semaines le temps d’un dimanche après-midi ensoleillé. Kurkku Fields est un vaste espace naturel implanté à Chiba près de Kisarazu, comprenant une ferme biologique durable, des restaurants et café, un petit marché, des œuvres d’art en plein air et des jeux pour enfants. On y trouve même une bibliothèque et un hôtel pour y passer la nuit. L’endroit formant une petite vallée est vraiment très agréable. Depuis le centre de Tokyo, il faut compter environ une heure de route en voiture en traversant la baie de Tokyo par le tunnel et pont Aqualine. En me renseignant sur le lieu avant de prendre la route, je me suis rendu compte que le musicien et producteur Takeshi Kobayashi (小林武史) est en fait le fondateur de Kurkku Fields. C’est une étrange coïncidence de vouloir y aller maintenant après avoir récemment vu et apprécier Kyrie no Uta (キリエのうた) de Shunji Iwai (岩井俊二) dont Takeshi Kobayashi a écrit et composé les musiques. En fait, en y repensant, il me semble qu’un événement lié à ce film avait eu lieu à Kurkku Fields, et c’est certainement ce qui m’a donné l’idée de vouloir y aller. Il s’agissait en fait d’un concert du groupe YEN TOWN BAND ayant eu lieu de 21 Octobre 2023. Ce groupe au nom étrange a été créé à l’occasion du film Swallowtail Butterfly (スワロウテイル) de Shunji Uwai sorti en 1996 dans lequel la chanteuse Chara jouait le rôle principal. Dans le film, Glico (グリコ), interprétée par Chara, forme ce groupe appelé YEN TOWN BAND fondé en réalité par Takeshi Kobayashi qui écrit les musiques du film. Ces musiques sont réunies sur un album intitulé Montage et le morceau Ai no Uta (あいのうた) chanté par Chara lui donnera un énorme succès. Ce n’est pas le premier rôle de Chara dans un film de Shunji Iwai, car elle a également joué dans le film Picnic (1996), que je ne connais pas, avec l’acteur Tadanobu Asano (佐藤忠信) avec qui elle se mariera. Ce modèle de groupe musical fictif créé pour les besoins du film mais qui prend sa propre réalité est tout à fait similaire à ce que Shunji Iwai mettra en place plus tard pour les films All about Lily Chou-Chou (リリイ・シュシュのすべて) avec Salyu comme chanteuse et Kyrie no Uta (キリエのうた) avec AiNA The End (アイナ・ジ・エンド). Takeshi Kobayashi écrit à chaque fois les musiques de ces films et c’est intéressant de constater ces similitudes volontaires dans un concept se répétant de film en film. Le concert à Kurkku Fields incluait YEN TOWN BAND mais également Lily Chou-Chou (avec Salyu) et Kyrie (avec AiNA The End), pour en quelque sorte boucler la boucle de cette trilogie cinématographique dont les films n’ont pourtant aucun lien narratif les uns avec les autres. En regardant d’un peu plus près le nom des membres du YEN TOWN BAND, je constate la présence du guitariste Yukio Nagoshi (名越由貴夫) qui joue très régulièrement pour Sheena Ringo. Takeshi Kobayashi est un des fondateurs de l’organisme sans but lucratif AP Bank, dédié aux projets environnementaux et aux énergies renouvelables, avec le regretté Ryuichi Sakamoto (坂本龍一) et le leader du groupe Mr Children, Kazutoshi Sakurai (桜井和寿). Takeshi Kobayashi est en fait le producteur de Mr Children, ce qui s’explique cette association. AP Bank organise un festival de musique appelé tout simplement AP Bank Fes, et cela depuis 2005. Les éditions récentes se déroulent sans surprise à Kurkku Fields, car ce lieu est un des projets de AP Bank. Le super-groupe Bank Band créé par Kazutoshi Sakurai et Takeshi Kobayashi s’y produit à chaque fois. Et qui est à la basse dans ce groupe Bank Band? Un certain bassiste et producteur nommé Seiji Kameda (亀田誠治). Ça m’étonne vraiment que Sheena Ringo ou Tokyo Jihen n’aient jamais joué à Kurkku Fields, mais je prédis que ça devrait arriver un jour ou l’autre. J’avais beaucoup aimé le single to U de Bank Band avec Salyu à l’époque de sa sortie, et je comprends maintenant un peu mieux l’origine de cette association entre le groupe et la chanteuse, ainsi que l’origine du nom du groupe.

Mais revenons maintenant à Kurkku Fields que nous découvrons pour la premiere fois et qui a ouvert ses portes en 2019. Le plan d’ensemble de cette ferme durable, avec panneaux solaires placés sur des flancs de colline, a été conçu par l’architecte Teppei Fujiwara (藤原徹平), qui a également dessiné certains bâtiments comme celui de la première photographie où se trouve le restaurant où nous avons déjeuné. Une des raisons principales de notre venue était de voir les quelques œuvres d’art placées en extérieur, notamment celles immédiatement reconnaissables de Yayoi Kusama (草間彌生). Les champignons rouges à poids blancs de Yayoi Kusama sont magnifiques lorsqu’ils sont délicatement posés au dessus de l’eau fonctionnant comme un miroir. On trouve une deuxième installation de Yayoi Kusama. Il ‘agit d’un mystérieux cube entièrement couverts de miroirs. On peut entrer à l’intérieur par petits groupes, les uns après les autres. L’intérieur est également couvert de miroirs et de petites lampes multicolores qui s’y reflètent à l’infini comme pour former une galaxie. L’effet est assez saisissant mais est difficile à rendre correctement en photo. Il faut aller voir par soi-même. A quelques dizaines de mètres de là, on trouve une installation de l’artiste et directeur artistique Sebastian Masuda (増田セバスチャン). L’extérieur, ressemblant à une grande cheminée sombre, est d’une sobriété déconcertante. J’ai d’abord eu un peu de mal à imaginer qu’il s’agissait d’une création de l’artiste, figure d’Harajuku, à l’origine des décors et tenues de Kyary Pamyu Pamyu (きゃりーぱみゅぱみゅ) à ses débuts, sur PONPONPON par exemple ou sur le fabuleux Fashion Monster (ファッションモンスター). L’extravagance se trouve en fait à l’intérieur de la cheminée remplie de divers objets de toutes les couleurs ressemblant à des jouets. Parmi les autres œuvres d’art, on trouve une petite statue verte de l’artiste française Camille Henrot et des sculptures étranges me faisant penser à des pieuvres alien par le collectif japonais Chim↑Pom. Ces œuvres d’art sont placées au milieu des champs et vergers et on a parfois un peu de mal à les repérer. Je ne perçois par vraiment les liens entre ces artistes et le choix de ces œuvres en particulier m’intriguent assez. Sur les espaces ouverts, on trouve de grandes tentes et j’imagine que des concerts en plein air doivent se dérouler par ici. Nous ne passerons pas la nuit à l’hôtel, appelé Villa Cocoon, de Kurkku Fields, mais je m’imagine m’y réveiller tôt le matin et marcher dans la fraîcheur de ces espaces sous la lumière naissante. Ce sentiment m’accompagne pendant une bonne partie de notre marche sur les chemins de terre. Nous terminons notre visite par un bâtiment très particulier conçu par l’architecte Hiroshi Nakamura (中村拓志&NAP建築設計事務所). Il s’agit d’une bibliothèque souterraine nommée Library in the Earth contenant environ 3000 livres. L’entrée se révèle derrière des butes de verdure. Un espace circulaire délimite la bibliothèque par des baies vitrées qui semblent s’enfoncer dans la terre. Cette architecture est très intéressante et me fait penser aux bâtiments de la Collina Omihachiman dans la préfecture de Shiga par Terunobu Fujimori. De la même manière, cette architecture semble sortir de l’univers onirique du studio Ghibli.

cause I don’t belong to anywhere

Continuons en noir et blanc près de la baie de Tokyo, sur les terrains gagnés sur la mer d’Odaiba. Près du centre commercial Diver City envahi par la jeunesse, le robot Gundam est toujours là fidèle au poste à attendre je ne sais quoi. Il reste immobile contrairement à la version plus récente construite à Yokohama, mais impressionne toujours autant les passants (et les enfants) dont je fais partie. Il me semble qu’il est différent de la version que je connaissais car je n’avais pas remarqué auparavant les lumières qui apparaissent à certains endroits de sa carcasse. A quelques pas de là, se trouve la Flamme de la Liberté (自由の炎), une statue de 27 mètres de hauteur, créée par le sculpteur français Marc Couturier et inaugurée en 2001. Elle est faite de bronze et d’aluminium doré à la feuille d’or. Elle a été érigée pour matérialiser l’amitié Franco-japonaise qui a été ponctuée à cette époque par l’Année du Japon en France en 1997-1998 et par l’Année de la France au Japon en 1998-1999. En face de Diver City, de l’autre côté de l’autoroute, je suis aussi toujours impressionné par les bureaux de la chaîne de télévision Fuji conçus par Kenzo Tange. Le building date de 1997 mais reste encore maintenant un des bâtiments les plus uniques de Tokyo. Ce qui m’impressionne le plus peut-être, à part la sphère, c’est la quantité d’espaces vides entre les piliers de la structure. J’imagine mal une construction actuelle dont la surface exploitable ne soit pas exploitée au maximum. L’aspect futuriste du building s’accorde en fait très bien avec le robot Gundam. La dernière photographie du billet change complètement de lieu puisqu’elle est prise à Shibuya, mais les formes irrégulières du Department Store Parco lui donne également un aspect futuriste qui s’accorde à mon avis bien avec le reste des photographies du billet.

Même si ce n’est pas systématique, j’écoute assez régulièrement les nouveaux morceaux de Kyary Pamyu Pamyu (きゃりーぱみゅぱみゅ) car j’y trouve assez souvent des choses que j’aime, que ça soit musicalement ou dans la manière par laquelle elle vient introduire dans son chant des petits quelques choses d’inattendu. Je pense m’être maintenant habitué à son ton de voix de telle manière qu’il ne devient pas un frein à mon écoute. Je n’aime pas toute sa musique mais j’avais beaucoup aimé son dernier album Japamyu et plusieurs morceaux plus anciens et emblématiques de son style musical. Je la trouve en fait authentique dans sa manière de dévier subtilement les symboles de la culture kawaii. Elle sort tout récemment un nouveau single intitulé Gentenkaihi (原点回避), comme toujours produit par Yasutaka Nakata (中田ヤスタカ), à l’occasion de ses dix années de carrière musicale. J’avais l’impression qu’elle était présente sur la scène musicale japonaise depuis plus longtemps que cela. C’est peut être sa voix inchangée, même si elle n’a plus les 18 ans de ses débuts, qui me donne l’impression d’un personnage immuable à l’abri des années qui passent et éternel symbole de la jeunesse de Harajuku et de l’image du Cool Japan que le pays a voulu mettre en valeur il y a plusieurs années. On ne peut pas nier que Kyary Pamyu Pamyu a fortement contribué à diffuser, comme une ambassadrice malgré elle, cette culture pop japonaise en dehors des frontières du pays. Ecouter ce nouveau morceau a soudainement nourri ces réflexions. Le titre du morceau fait référence à un retour aux sources mais la vidéo montre en contradiction, Kyary en train de courir pour fuir quelque chose. Elle est poursuivie par un immense noeud rouge qui a la particularité d’avoir une mâchoire et des dents de monstre. Là est le détail déviant que j’aime beaucoup. On a l’impression qu’elle essaie de fuir son passé qui finit toujours par la rattraper.

En écrivant ces lignes, je suis justement en train de regarder Kyary sur le streaming du festival Supersonic qui se déroule aujourd’hui (Dimanche 19 Septembre) et hier. Le streaming est exclusivement disponible sur l’application 17Live que j’ai installé pour l’occasion, mais la qualité vidéo est plus que moyenne, surtout quand on fait un mirroring de l’écran de l’iPhone sur une télévision HD. Le son est cependant acceptable avec quelques décrochages pas forcément très gênant. On apprécie en tout cas que la diffusion soit gratuite. Il s’agit en fait d’un live différé de quelques heures et certains groupes, comme Perfume ne sont bizarrement pas diffusés. Kyary a interprété sur la scène de Supersonic quelques uns de ses morceaux les plus connus, notamment les deux morceaux que je préfère, Invader Invader (2013) qui démarra le set et l’excellent Fashion Monster (2012) qui le conclut brillamment. A vrai dire, c’est la première fois que je vois un live en vidéo de Kyary. Le petit détail très mignon, c’est qu’elle ponctue chaque morceau d’un petit ‘Thank you’ dans un anglais légèrement japonisé. Elle interprète bien sûr son dernier single Gentenkaihi et une version remixée par Steve Aoki de Ninja Re Bang Bang, car Steve Aoki est également un des invités de Supersonic un peu plus tard dans la soirée. Ce qui est excellent d’ailleurs, c’est que Steve Aoki lui renvoie l’ascenseur en incluant lui aussi le remix de Ninja Re Bang Bang dans son set avec des images d’un concert de Kyary en arrière-plan. Le festival est dans l’ensemble très orienté EDM. Ce n’est pas le style musical que je préfère, mais je suis quand même très curieux. L’électronique de Steve Aoki est beaucoup trop poussive et directe pour moi, même si certains morceaux finissent par m’accrocher malgré moi. Par contre, l’imagerie qu’il construit autour de son personnage sur l’écran géant de la scène est très intéressant, et pousse même à sourire par moments. Il réutilise par exemple le passage du film Titanic où Leonardo De Caprio tient Kate Winslet par les bras pour faire l’oiseau à l’avant du navire. Dans cet extrait vidéo, Steve Aoki remplace les visages des acteurs par le sien, comme pouvait le faire Richard D. James sur les vidéos d’Aphex Twin a une certaine époque (celles réalisées par Chris Cunningham comme Come to Daddy ou Windowlicker). Je suis agréablement surpris de voir les allemands de Digitalism, sauf que Jens Moelle est seul à monter sur scène. Je n’ai pas écouté ce groupe électronique depuis plus de dix ans, mais j’avais énormément apprécié certains morceaux à l’époque. J’ai eu une larme à l’oeil en écoutant le morceau Blitz (sur le EP du même nom sorti en 2010) interprété sur la scène de Supersonic. Blitz est un morceau sublime alliant puissance (les basses) et subtilité (les légers tremblements de sons), comme j’en connais malheureusement peu dans le genre. J’en parlais brièvement il y a dix ans, mais je n’essayais pas beaucoup à l’époque de transmettre les émotions ressenties lors de l’écoute. Je n’ai malheureusement pas passé toute mon après-midi de dimanche devant l’écran de 17Live, mais ce que j’ai vu et entendu m’a pour sûr fait beaucoup de bien.

Le compte Twitter Mikiki, lié à Tower Records et spécialisé dans les revues et critiques musicales, me fait régulièrement découvrir de belles choses musicales. Cette fois-ci, c’est la compositrice et interprète (SSW comme on dit, pour Singer Song Writer) RöE (ロイ) que je découvre à travers un morceau très enthousiasmant intitulé YY. J’aime beaucoup la dynamique et l’intensité pop du morceau. La voix particulièrement engageante de RöE me plaît en fait vraiment beaucoup. Elle est très marquée et possède une puissance et une assurance qui nous entraînent sans faiblir. On a même beaucoup de mal à se sortir le morceau de la tête après l’avoir écouté, et on a sans cesse envie d’y revenir. Le morceau est utilisé comme thème d’ouverture du drama Hakojime (ハコヅメ〜たたかう!交番女子〜) avec Tsuyoshi Muro (ムロツヨシ), Erika Toda (戸田恵梨香) et Mei Nagano (永野芽郁), actuellement diffusé sur Nippon TV et basé sur un manga de Miko Yasu (泰三子). On regarde parfois ce drama d’un œil distrait mais comme on le prend en général en cours de route, je n’ai jamais entendu le morceau YY au générique de début des épisodes. RöE a en fait sorti un EP de six titres intitulé Warusa (ワルサ) contenant ce morceau YY. La qualité du EP me paraît plus inégale mais j’ai quand même envie de voir si d’autres morceaux m’accrochent. En écrivant ces lignes, je me rends compte que j’aime aussi beaucoup le quatrième morceau intitulé Violation dont la vidéo me rappelle un peu l’ambiance dérangée qu’on pourrait voir sur certaines vidéos de AiNA The End. L’ambiance y est beaucoup plus rock et agressive que YY qui est résolument pop. Ce morceau était également utilisé pour le thème d’ouverture d’un drama (décidément). Il s’agissait de Strawberry Night Saga (ストロベリーナイト・サーガ) sur Fuji TV avec Fumi Nikaidō (décidément) et Kazuya Kamenashi. RöE est définitivement une artiste à suivre, en espérant qu’elle continue à sortir des nouveaux morceaux dans l’esprit, certes très différents, de ces deux là.

your eyes are flashing like traffic lights

Je joue une fois encore avec le décor urbain tokyoïte en mélangeant et en superposant les images pour brouiller les pistes. Nous sommes bien à Tokyo sur toutes ces photographies mais à des endroits très différents et éloignés. De photographies prises à Shinagawa et à Haneda, nous allons ensuite sur les deux dernières photographies vers la banlieue de Tokyo près des montagnes, dans le restaurant japonais Toutouan de la petite ville de Akirunoshi あきる野市. Ça doit être la quatrième ou cinquième fois que nous y allons pour, à chaque fois, des réunions de famille après être passé au cimetière. Toutouan 燈燈庵 est un havre de paix. La vieille bâtisse du restaurant est entourée d’un jardin avec allées sinueuses et forêts de bambou. On y mange très bien, la cuisine y est très raffinée. A l’entrée du restaurant se trouve une petite boutique d’objets en porcelaine et en verre. On trouve également dans cette boutique quelques magazines ou livrets nous parlant du restaurant. Un classeur au format A4 posé sur la grande table en bois de la boutique m’intrigue un peu. En jetant un œil à l’intérieur, on découvre des photographies du restaurant à différentes saisons ainsi que des photographies des employés et cuisiniers à l’œuvre. Elles sont l’œuvre de Lionel Dersot. Il y a de cela plusieurs années, je suivais régulièrement son blog, attaché au journal en ligne lemonde.fr, qu’il appelait Journal de résidence. On le suivait dans ses déambulations dans Tokyo, mais il nous parlait surtout de cette ville d’une manière piquante, ce qui n’était pas très fréquent dans la blogosphère française au Japon. Il n’écrit plus sur ce blog depuis quelques temps. La plupart des blogs sur Tokyo ou sur le Japon que je lisais régulièrement il y a dix ou quinze ans sont malheureusement devenus inactifs ou ont tout simplement disparu. Les photographies à Shinagawa sont prises dans un restaurant de type izakaya dans un des buildings de la gare JR, au niveau des quais du Shinkansen. Nous sommes éclairés par une lune de papier japonais et avons une vue sur des rayons de bouteilles de saké, ce qui me laisse penser que la majorité de l’activité de ce restaurant doit être le soir lorsque les employés de bureaux des tours voisines d’Intercity terminent leurs longues journées de labeur. La photographie de la toiture courbe de l’aéroport joue comme un trait d’union entre ces deux mondes tokyoïtes. Toutes les photographies de ce billet, en plus du parasitage par superposition d’images des feux de la ville, sont légèrement teintées d’une couleur rose pour faire le lien avec la musique qui va suivre.

La chanteuse J-POP Kyary Pamyu Pamyu きゃりーぱみゅぱみゅ (de son vrai nom Kiriko Takemura 竹村 桐子), fer de lance du mouvement kawaii de Harajuku, n’est plus à présenter tant sa renommée dépasse depuis plusieurs années les frontières du Japon. On ne peut pas dire que je sois un fervent amateur ni que je suive sa carrière et ses disques avec attention, mais j’ai toujours gardé une oreille même distraite sur les créations pop électronique de Kyary, épaulée depuis ses débuts par le compositeur et producteur Yasutaka Nakata 中田 ヤスタカ, également aux manettes d’autres formations J-POP populaires comme Perfume. Autant je ne trouve pas beaucoup d’intérêt pour la musique sans profondeur de Perfume, autant certains morceaux de Kyary m’ont plu de manière ponctuelle au fur et à mesure des années. Je reconnais également une personnalité et une authenticité dans sa manière d’être, correspondant à sa musique. D’abord découverte dans les rues de Harajuku, elle n’était pas une pure création marketing. A ses débuts, il y avait quelque chose de novateur dans ce style, quelque chose d’un peu décalé, même dans la surdose générale de kawaii de cette musique. On remarquait parfois ce décalage dans sa façon de chanter ou dans l’imagerie utilisée. Malheureusement, ce décalage n’est pas constant et de nombreux morceaux sont je trouve assez peu intéressants. Son style ne s’est pas vraiment renouvelé d’où une certaine perte de popularité ces dernières années. Je pense que la machine marketing a poussé un peu trop loin les recettes des premiers morceaux à succès. Nous l’avions aperçu dans les rues de Omotesando pour un défilé d’halloween. C’était en 2012, la période de son pic artistique de l’époque de Fashion Monster ファッションモンスター.

Kyary vient de sortir son nouvel album Japamyu じゃぱみゅ le 26 septembre et je suis agréablement surpris. Attention, en prélude à ce qui va suivre, la musique de cet album est dans la continuité du style ultra-pop avec voix aiguë et style kawaii de l’ensemble de son œuvre. C’est un style aux antipodes de la musique rock indépendante ou électronique que j’écoute d’habitude. Cet album Japamyu est d’ailleurs le premier album de Kyary que j’écoute en entier, donc je ne peux pas vraiment comparer avec ses autres albums. Japamyu commence avec un court morceau intitulé Virtual Pamyu Pamyu バーチャルぱみゅぱみゅ pratiquement instrumental ressemblant à la musique d’un jeu vidéo de style shoot them up et prend ensuite des sonorités un peu plus pop. A vrai dire, ce premier morceau me surprend, mais c’est moins le cas des suivants qui me donnent l’impression de déjà les connaître et qui sont beaucoup plus classiques du style electro-pop sucré qu’on lui connaît. En fait, ce sont des singles déjà sortis auparavant, il y a longtemps même pour Harajuku Iyahoi 原宿いやほい, que j’avais d’ailleurs acheté sur iTunes à l’époque de sa sortie. J’aime beaucoup ce morceau, notamment pour certains passages où elle semble chanter un peu faux dans les couplets. C’est ce style un peu « off », en décalage, qui m’attire dans certains morceaux de Kyary. Il y a un certain nombre de morceaux japonisants également sur cet album, assez concis dans l’ensemble d’ailleurs, ce qui est une bonne chose. Certains sons électroniques me rappellent un peu ce que pouvait faire Suiyoubi no Campanella sur certains de leurs albums. Il y a un côté très ludique dans les enchaînements électroniques et la voix de Kyary sur un morceau comme Oto no Kuni 音ノ国. Un des morceaux de l’album que je préfère est le morceau intitulé Enka Natorium 演歌ナトリウム pour ses couplets parlés-rappés et son refrain aux accents de musique traditionnelle mais modifié électroniquement. Je me suis dit en écoutant ce morceau qu’elle devrait explorer un peu plus cette piste musicale, différente de ce qu’elle fait d’habitude. Ce morceau et celui d’avant Chami Chami Chamin ちゃみ ちゃみ ちゃーみん m’ont convaincu que cet album valait le coup d’entrer dans cet univers musical. Ce sont les deux meilleurs morceaux de l’album, à mon avis. Même si je ne me sens pas vraiment à ma place dans cet univers musical, je ne peux m’empêcher de vouloir y retourner.

Kyary and monsters

Ceux qui connaissent auront peut être reconnu la chanteuse à la mode Harajuku sur les trois premières photos de ce billet. Alors que nous étions, avec Zoa déguisé, à la parade de Halloween dimanche dernier sur l’avenue de Omotesando, on voit une New Bettle jaune pâle sortir du parking de Omotesando Hills. Il s’agissait de Kyary Pamyu Pamyu, qui est une des sensations pop du moment et notamment en cette période d’Halloween avec un single sorti pour l’occasion Fashion Monster. Ces chansons ont une certaine originalité et accroche, certainement aidée par la production de Yasutaka Nakata (Capsule). Elle a également une authentique provenance de la rue fashion Harajuku (réfèrence à une vidéo que j’avais trouvé en janvier), mais la machine marketing dernière elle est désormais énorme…