Il y a quelques semaines, ma course à pieds du dimanche, m’amenait vers le cimetière de Aoyama. Juste à côté, à Aoyama Sogisho, se déroulait à ce moment-là les funérailles de l’acteur Ren Osugi. Je l’avais vu dans un second rôle, celui de l’inspecteur Horibe, dans le film Hana-Bi de Takeshi Kitano, sorti en 1997. De retour à la maison, je cherche le DVD dans le placard près de l’entrée. J’ai beaucoup de DVDs, bien que j’en ai vendu un certain nombre, et ils sont enfouis dans ce placard derrière de nombreux cartons et boîtes en tout genre. Pas facile de retrouver un film dans ces conditions. Est ce que Hana-Bi ne serait pas parti par erreur avec l’Été de Kikujiro, lors d’une pulsion de vente au Book-off. Non, je retrouve bien Hana-Bi sur l’étagère. Je me souviens avoir beaucoup apprécié ce film lors de sa sortie au cinéma en France. Je pense que j’avais dû voir Sonatine également à ce moment-là. Dans Hana-Bi, Ren Osugi a un rôle assez important. Blessé par balle par un petit délinquant mafieux, et devenu paraplégique, il est forcé de quitter la police et se retrouve seul, abandonné soudainement par sa femme et fille, dans une maison au bord de la mer. Il se mettra à dessiner pour combattre sa solitude. De nombreux dessins, l’œuvre de Kitano lui-même, viennent entrecouper les scènes, et apporte beaucoup à la sensibilité du film. Kitano les avait dessiné après son accident de moto qui lui avait paralysé une partie du corps et du visage. Dans Hana-Bi, Takeshi Kitano joue aussi le rôle d’un inspecteur, Yoshitaka Nishi, violent sous ses apparences calmes. Il quitte la police peu après son ami Horibe et se frotte ensuite aux yakuza pour des histoires d’argent. Mais l’histoire du film est surtout celle du couple, Nishi et sa femme Miyuki, atteinte d’une maladie incurable. Ils partiront en voyage, près du mont Fuji, dans la neige et au bord de la mer. Les scènes pratiquement sans paroles sont touchantes, d’autant plus qu’elles sont accompagnées par la musique de Joe Hisaishi. Mais le film a aussi de nombreuses touches d’humour, assez discrètes et pince-sans-rire. J’avais un peu oublié le style cinématographique de Kitano, le découpage des scènes de violence coupées à la limite de l’action, suivies de scènes quasi immobiles avec un minimum de paroles. J’ai maintenant envie de regarder Sonatine, mais je ne pense pas l’avoir en DVD. Je vais quand même chercher sur les étagères de mon placard, au cas où ma mémoire me ferait défaut.
Étiquette : Marunouchi
東京99
Le premier jour de février de l’année 1999, le Boeing d’Air France me dépose à Narita en fin de journée. Ce n’est pas la première fois que je mets les pieds au Japon mais c’est bien la première fois que je vais entrer dans Tokyo, pour une période initiale de six mois de stage qui sera ensuite étendue sous d’autres formes jusqu’à maintenant. A cette époque, les vols long-courriers ne se posaient qu’à Narita et Haneda était plutôt réservé aux vols domestiques. Cette première entrée dans Tokyo était un long cheminement en bus limousine empruntant les autoroutes surélevées qui percent Tokyo à la hauteur d’immeubles de 4 où 5 étages. J’ai souvent dit dans quelques billets passés que l’autoroute surélevée intra-muros Shūto est le plus grand ouvrage architectural de Tokyo. C’est à la fois un formidable lien entre les différentes zones névralgiques de la ville, mais aussi une horrible cicatrice dans le paysage urbain. Le paysage avant l’arrivée dans le centre de la ville n’est pas des plus accueillants surtout de nuit. On est confronté à un mélange de barres d’immeubles quelconques et de docks maritimes, dont la froideur est saisissante. J’ai certes comme première impression celle d’un complexe urbain futuriste où l’humanité des lieux ne se dégage pas franchement. Tant que l’on navigue au dessus des âmes sur cette autoroute surélevée, la sensation d’une ville habitée ne se fait pas encore sentir. L’autoroute surélevée trace sa route comme un serpent cherchant son chemin dans le labyrinthe des rues et des rivières urbaines bétonnées. Lorsqu’il n’y a plus d’issues, l’autoroute plonge parfois dans les entrailles souterraines de la ville, pour reprendre sa respiration quelques centaines de mètres plus loin, en reprenant de la hauteur. Le bus limousine voyage d’hôtel en hôtel et termine sa course pour moi à Akasaka près du croisement de Tameike Sanno. Je ne séjournerais pas à l’hôtel mais dans un appartement loué au mois appelé Akasaka Royal Palace, qui n’a d’ailleurs de royal que le nom. Mais il faudra d’abord le trouver ce palace royal dans les rues sombres de lieux que je ne connais pas encore, en poussant péniblement une lourde valise. Il est pourtant assez proche mais il faut d’abord franchir un passage souterrain avec escaliers. On doit ensuite gravir une rue étroite sans trottoir en évitant soigneusement les taxis ayant pris leur élan depuis le bas de la pente. Après avoir tourné en rond plusieurs fois dans le quartier, je demande finalement mon chemin à une passante, d’un japonais hésitant. Elle se saisira aussitôt de ma carte et aura l’amabilité de m’accompagner jusqu’aux portes de mon palace royal japonais. Il fait nuit noire et l’appartement de la taille d’une chambre d’étudiant est bien sombre. Je me souviens de cette première nuit à Tokyo où le sommeil ne venait pas, peut être à cause du décalage horaire. Dans la nuit noire de la chambre, je me souviens m’être longuement demandé quelle idée m’était passé par la tête d’être venu m’installer aussi loin pour une période aussi longue de six mois. A ce moment-là, je n’avais aucune idée que 19 ans après, je serais toujours habitant de cette ville avec femme et enfant.
Je pense soudainement à mon arrivée à Tokyo en relisant Tokyo, c’est fini, le roman de Regis Arnaud publié en mars 1999, car la première scène du livre se déroule à l’aéroport de Narita. Je l’ai commandé et reçu récemment après une envie soudaine de le relire. Je l’ai lu pour la première fois l’année de sa publication en 1999 et je me souviens qu’on se le passait entre amis coopérants du service national à l’étranger (ou CSNE, équivalent du VIE maintenant). Il y avait une certaine proximité entre la situation des personnages du bouquin et la notre, ce qui rendait ce roman tout spécialement intéressant. Il devait se dérouler une ou deux années avant mon arrivée à Tokyo. On y reconnaissait quelques lieux que l’on fréquentait également de temps en temps à l’époque. Le trait était pourtant forcé et le portrait des jeunes français en mission à Tokyo, changeant de compagne à la moindre occasion, était même assez peu reluisant mais sans être dénué de certains traits d’humour. À vrai dire, personnellement, je ne me reconnaissais pas vraiment dans ce type de personnage sur-jouant leur culture française, mais comme eux, j’ai passé ma véritable jeunesse, la période de mes 20 ans, ici à Tokyo. Me revient maintenant le souvenir des dimanches matin après des nuits trop courtes dans les rues et boites de Tokyo, vers 4h quand il était temps pour nous de se séparer et de rentrer se coucher, alors que le soleil lui était déjà en train de se lever. Les rues de Shibuya près du croisement étaient calmes, mais loin d’être désertes à cette heure-ci. Il y avait des corbeaux et leur croassement m’était insupportable quand j’essayais de dormir pendant la journée du dimanche pour ne me réveiller que lorsque le soleil se couche déjà. C’était il y a 19 ans, et ça me paraît être une éternité. Je me dis maintenant que j’aurais du écrire un journal à cette époque pour me souvenir maintenant de tout ce qui s’est passé. Ce n’était pas ma priorité car il fallait d’abord que je vive ma jeunesse à Tokyo avant toute chose. Il ne me reste que quelques bribes de nouvelles provenant de mon ancien site internet et réunies à posteriori avant le premier article du blog. Peut être devrais-je faire travailler ma mémoire et coucher sur le papier ou les pages de ce blog mes souvenirs de cette époque.
Les 4 photographies de cet article ont été prises en 1999 avec un appareil photo Kodak APS. De haut en bas: (1) une vue du balcon de mon premier logement à Akasaka, (2) une vue sur le Rainbow Bridge depuis Odaiba, (3) une vue sur Akasaka sans les tours Akasaka Sacas et Tokyo Mid-Town pas encore construites, (4) une vue sur Marunouchi sans la plupart des tours actuelles.
des couleurs imprimées pour surmonter la ville
En revenant de Ueno en voiture, nous nous arrêtons quelques instants près d’un nouvel espace aménagé sous les voies ferrées, aperçu brièvement sur le chemin allé. L’endroit s’appelle 2k540 Aki-Oka Artisan. Comme son nom le laisse en partie deviner, il s’agit d’un espace regroupant des dizaines de boutiques artisanales, de styles variés. Les marquages au sol ainsi que tout l’intérieur de l’espace sont peint en blanc. Cela donne un assez bel effet, notamment les piliers soutenant la voie ferrée, comme on peut le voir sur les photographies ci-dessus.
Le reste des photographies de ce billet est beaucoup plus décousu. On commence par les points noirs et blancs de la boutique Comme des Garçons, à Marunouchi sur Naka-dori. Il y en a plusieurs dans cette rue. Le dessin de fleur bleue ainsi que la maisonnette très colorée au bord du canal se trouvent à Tennozu Isle. Je profitais d’une petite heure de libre pendant que Zoa assistait à son cours de programmation de robot, pour aller faire un petit tour à Tennozu Isle. Mon but était de prendre en photo la peinture gigantesque d’un sumo, ressemblant comme deux gouttes d’eau à Edmond Honda dans Street Fighter II. Malheureusement, elle avait été effacée. C’est bien dommage mais je ne suis que moyennement étonné car l’art de la rue est de toute façon éphémère. La dernière photographie montre un petit bâtiment près de Ebisu, également sur-imprimé, avec un visage et un buste dessinés. Je pense qu’il s’agit d’un bar ou d’un restaurant, mais je n’ai pas été voir de plus près.
Border city super flat
Je continue doucement avec cette composition la petite série des bordures de ville commencée il y a 3 ans avec ce même constraste entre une surface urbaine et un toit de temple comme support. Je m’amuse avec les clichés de cohabitation tradition/modernité au Japon ainsi que ceux d’une ville qui n’en finit pas, et que j’essaie ici de contenir dans un cadre bien délimité.
Tokyo en Noir et Blanc 3
Encore et toujours des photos de Tokyo prises avec l’analogique et retravaillées sous Photoshop, ça va de soit. (les dégradions de l’image sont volontaires, ne pas s’inquiéter ou essayer de re-régler son moniteur d’écran). Cette série se passe à Ueno (la rue Ameyoko sur-animée), Ginza, Tokyo Marunouchi, …