∆ (Delta) par Architecton

Je mentionnais dans un billet précédent que je recherchais une petite maison au murs d’argent dans le quartier de Meguro. Je l’ai finalement trouvé de bon matin, un samedi du mois d’août. Ce n’est pas une mince affaire que de partir à la recherche dans Tokyo de maisons individuelles vues dans des livres ou magazines d’architecture. Comme il s’agit de résidences privées, l’adresse des lieux n’est bien entendu mentionnée nul part. En l’occurence, j’avais repéré dans un article vu quelque part sur internet que cette maison à la couleur argent nommée Delta se trouvait quelque part dans Meguro-Ku. Mais Meguro-Ku est très grand et le seul moyen de la découvrir était de parcourir les rues à pied et de survoler le quartier en s’aidant de Google Maps à la recherche d’un point argenté qui m’indiquerait l’emplacement de cette maison. En quadrillant sur Google Maps les quartiers que je n’avais pas parcouru à pied au hasard des rues, je finis par découvrir une piste dans un recoin de Meguro. La petite taille du bâtiment n’aide pas à la découvrir et le quartier où elle se trouve n’a rien de remarquable. Il s’agit d’un quartier résidentiel comme on en trouve beaucoup à Tokyo ou dans sa banlieue. Google Street View évite également de passer devant la maison, peut être volontairement. Ce samedi matin, je pars donc vers Meguro, dans le doute d’y trouver ce que je recherche. Mais au détour d’une rue, une parois grise argentée se dévoile et les doutes s’estompent. J’ai bien trouvé la maison △ / デルタ (Delta) par les architectes Akira Yoneda de Architecton et Masahiro Ikeda (comme ingénieur de structure). L’extérieur nous laisse deviner que peu de choses sur l’organisation intérieure, qui semble bien entendu minuscule. Il y a assez peu d’ouvertures et on se demande même ou se trouve la porte d’entrée. On dirait un objet spatial non-identifié et hermétique. Delta date de 2006 et est extrêmement bien conservé. Aucune altération n’est visible, les parois apparaissent brillantes comme neuves.

meg

On Sundays ring road supermarket

An empowered and informed member of society

Fitter, happier, more productive

No longer afraid of the dark or midday shadows

Hole in the wall

No paranoia

Nothing so ridiculously teenage and desperate

No chance of escape

Sleeping well No bad dreams

Nothing so childish

Less chance of illness

Keep in contact with old friends Enjoy a drink now and then

J’amène mon petit carnet noir Moleskine avec moi tous les jours le week-end. Il est dans mon sac mais je ne l’utilise pas à chaque sortie. Il faut un moment seul, un moment d’attente propice et une inspiration d’écriture pour le sortir du sac et commencer à coucher sur papier ligné quelques mots qui engageront des phrases et qui mettront en forme quelques idées du moment.

je suis à Naka Meguro et il est presque 7h du soir. J’attends Zoa qui est au cours du soir. J’avais deux heures de libre pour marcher dans les rues de Meguro. Je recherchais une maison aux murs d’argent, mais je ne l’ai pas trouvé malheureusement. Je sais qu’elle se trouve quelque part près de Meguro, une petite maison individuelle qu’on peut voir quelques fois dans les livres d’architecture. J’ai beaucoup marché et je fatigue maintenant. Je m’arrête dans un café pour ouvrir mon carnet noir.

Pendant ma marche au hasard des rues de Meguro qui ressemblent à un labyrinthe, j’écoutais Biolay, La Superbe, puis Gainsbourg. Je n’écoute pratiquement jamais de musique francophone, mais allez savoir pourquoi, j’ai toujours été tenté d’écouter Benjamin Biolay sans jamais me lancer dans l’écoute, jusqu’à maintenant. A vrai dire, cet album est une révélation pour moi (un peu en retard certainement). Je ne soupçonnais pas une telle qualité d’écriture et de composition musicale, où chaque morceau est superbe avec une très bonne consistance de l’ensemble, ce qui est très fort pour un album aussi long. Je continuerais très certainement à écouter d’autres albums de Benjamin Biolay, mais dans la foulée de ma promenade dans les rues tokyoïtes, je me mets à écouter un long album best-of de Gainsbourg. Je n’ai pas non plus l’habitude d’écouter Gainsbourg mais l’envie m’est venu suite à l’écoute de Biolay. Il y a une certaine lignée entre les deux artistes, très certainement.

En cette journée de samedi, je me suis levé très tôt à 4h30 du matin. La lourde fatigue de la semaine écoulée m’a fait tomber de sommeil dès 22h le soir d’avant. Une des activités du samedi matin est de regarder les nouveaux épisodes de la saison 3 de Twin Peaks. Après 7 épisodes visionnés, on ne sait pas encore exactement dans quelle direction s’oriente la série, mais j’aime énormément cette ambiance si particulière et l’inattendu de chaque instant. Parfois, j’ai un peu l’impression que David Lynch s’amuse à nous faire tourner en rond et nous perdre dans les méandres de la série. Il y a une multitude d’histoires possibles en parallèle et on ne sait pas exactement lesquelles vont se développer, ou si chacune des histoires contribue à l’intrigue générale. Toujours est il que la formule fonctionne extrêmement bien car les scènes et les situations sont brillantes à tous moments. On ne souhaite pas qu’il y ait une fin à ces histoires. Tout cela me donne envie de revoir les saisons 1 et 2, mais je les ai déjà revu l’année dernière, ce qui était d’ailleurs bienvenu car la saison 3 n’est pas du tout indépendante des saisons précédentes et les liens sont multiples et omniprésents.

Mais je me suis levé très tôt ce samedi matin pour une autre raison. Ce matin à 8h20, j’avais rendez-vous à l’école de Zoa avec d’autres pères pour aller tondre la pelouse de l’école. C’est sur la base du volontariat et ce n’est d’ailleurs pas rare de mettre les parents à contribution dans les écoles privées japonaises. J’y vais assez volontiers en fait car j’aime me lever tôt même le week-end. Il y a quelques années, j’étais plutôt du soir, mais je suis désormais matinal. Parfois levé dès 5h ou 6h du matin le samedi ou le dimanche. J’aime ces moments où je suis le seul levé à la maison, et quand Tokyo n’est pas encore réveillé. Je sors en général quelques instants sur le balcon, j’écoute les bruits de pas des promeneurs de chiens, je scrute les environs et les immeubles sur le haut de la colline en face, près de l’hôpital. Nous ne sommes qu’au troisième étage mais les régulations urbaines imposent des bâtiments de quelques étages seulement dans le quartier. Sur le balcon, je suis au dessus de la cime des arbres et des immeubles voisins, ce qui donne une vue relativement dégagée.

A Naka Meguro ce soir, je suis assis sur une chaise haute qui donne directement sur la vitre extérieure du café. Je regarde les passants et ils sont nombreux lorsque l’on s’approche de la gare de train. Tout le monde semble affairé, peut être pour aller avec des amis au restaurant ce samedi soir ou peut être pour rentrer chez soi au pas de course pour s’écrouler sous la table basse devant la télé après une longue journée à servir des cafés dans un Starbucks quelconque. Il fait bon et même chaud dehors ce soir. J’aurais bien tenté la terrasse du café, mais les deux tables étaient pleines. Un géant assis à une des tables devant la vitre où je suis assis me cache la vue sur l’extérieur. Il décide enfin à se lever, mais en laissant son ordinateur portable sur la table ronde à l’extérieur. Etrange. Il entre à l’intérieur pour commander une autre boisson certainement. L’ordinateur est seul sur la table à l’extérieur à la merci du premier passant peu scrupuleux venu. Souvenons nous que nous sommes au Japon et que même à Tokyo, on peut laisser un objet de valeur sur une table sans se le faire voler. Le cas de ce soir me paraissait quand même un peu juste.

En étant assis ici à Naka Meguro, je me dis que le quartier est agréable et vivant. A l’époque où nous cherchions un appartement, nous avions considéré habiter à Naka Meguro. Lors de ma longue promenade de deux heures en cette fin d’après midi, je suis tombé par hasard sur une maison étroite de 3 étages que nous avions visité il y a plusieurs années. Elle est située près d’un petit parc mais complètement perdue dans un labyrinthe de ruelles résidentielles. Le quartier est relativement aisé et on peut voir par ci par là quelques belles maisons de béton, complètement fermées sur la rue et l’extérieur. Il y a certainement un jardin minimaliste à l’intérieur, renfermé par des murs de béton.

Au hasard des rues, mais assez près de la gare de Naka Meguro, je découvre une petite librairie de livres anciens qui s’appelle Dessin. Elle est petite mais agréable, je pense y revenir de temps en temps. On y vend le photobook Ravens de Masahisa Fukase. Je suis tenté mais il est cher, donc je vais passer mon tour jusqu’à la prochaine fois. Un peu plus loin, des affiches de OK Computer de Radiohead sont placardées sur une vitre d’un petit immeuble et me rappellent que la ré-édition OKNOTOK pour les 20 ans de OK Computer vient de sortir le 23 Juin. Je ne tarde pas trop à me le procurer car en plus de l’album original que j’ai dans ma discothèque personnelle depuis 1997, il y a un deuxième CD composés de B-sides et d’inédits. J’avais eu une période à vide avec Radiohead après Hail to the Thief, mais le dernier album du groupe A moon shaped pool m’a définitivement réconcilié avec l’atmosphère de Radiohead.

Les textes en dessous des photographies ainsi que les icônes noires sont tout droit sortis de l’imagerie et des paroles de l’album OK Computer. On peut trouver les icônes quelque part dans le labyrinthe du site internet OKNOTOK.

Essais en Noir et Blanc

Quelques premiers essais de photos en noir et blanc prises avec un Canon EOS10, à partir de négatifs scannés. Ne tirez pas sur le photographe, ce sont de premiers essais…

Rues de Daikanyama

Rivière à Meguro

R1150R à Daikanyama

Dame

Rues de Daikanyama

Tourelle a Daikanyama

Hôtel Gajoen à Meguro

Antenne-Robot à Daikanyama

Parc à Daikanyama

Midorigaoka

midorigaoka001

midorigaoka002

midorigaoka003

midorigaoka005

midorigaoka007

midorigaoka015

midorigaoka020

A Tokyo (et par extension au Japon), si on ne sait pas comment passer son après-midi, on peut toujours se lancer à la recherche de temples. Ils sont partout, au détour d’une rue, cachés derrière un labyrinthe d’immeubles modernes, perdus dans un lotissement de banlieue, cachés dans une forêt millénaire. Au retour de mon exam de japonais, et après m’être perdu pas mal de fois à moto (ça peut arriver), j’ai découvert celui-ci à Midorigaoka, entre Jyugaoka et Ookayama, dans les environs de Meguro. Un petit temple entouré de ses feuilles mortes.