Une fois n’est pas coutume pour le premier jour de l’année, nous nous sommes levés très tôt pour aller observer le premier levé de soleil de l’année. Le soleil se levant à 6h50 du matin, nous avons dû tous nous lever vers 5h30, direction Odaiba, faute d’avoir le temps d’aller jusqu’aux bords de l’océan à Chiba, Oarai ou Enoshima. La vue en elle-même n’était pas magnifique mais nous avons pu voir le soleil se lever doucement, formant une boule de feu nous éblouissant de ses premières lumières de l’année pendant plusieurs minutes. Fort de cette énergie, nous avons ensuite pris la route pour Chiba et le grand sanctuaire de Katori que nous avions déjà visité. Nous y sommes arrivés vers 8h du matin. C’était une horaire idéale pour Hatsumōde (初詣), car ceux qui y sont venus après minuit sont déjà couchés et ceux qui viendront dans la matinée ne sont pas encore levés. Nous n’attendons pas beaucoup devant le sanctuaire, ce qui est vraiment appréciable. Il y a pourtant foule dans l’allée principale avec de nombreux stands vendant toutes sortes de choses, à manger ou à boire sur place. Je profite bien entendu de l’amazake avant de reprendre tranquillement la route. Dans l’après-midi, nous retournons au sanctuaire Hikawa (氷川神社) que nous avions visité le soir du réveillon juste après minuit et j’irais ensuite seul au sanctuatire Konnō Hachimangu (金王八幡宮). A pieds sur le chemin du retour, je n’ai pas ressenti les tremblements qui ont secoué l’Ouest du Japon à Ishikawa et Niigata, car ils restaient à un niveau relativement faible à Tokyo. Ce début d’année ne démarre pas sous les meilleurs augures pour la population affectée par ce grand tremblement de terre.
Le soir du réveillon, nous avons bien entendu regardé l’incontournable émission Kōhaku Uta Gassen sur NHK (NHK紅白歌合戦), mais je n’en garde pas un souvenir mémorable. Il y avait beaucoup de medley, même Sheena Ringo s’y est mis avec ㋚〜さすがに諸行無常篇〜 (MANGAPHONICS conscious) et c’était malheureusement assez peu convainquant. J’aurais tellement aimé la voir avec Daiki Tsuneta et Millenium Parade interpréter le morceau W●RK qui a quand même eu beaucoup de succès cette année. Il n’y avait pas pour moi beaucoup de moments mémorables à part les passages d’Ado qui interprétait son dernier single Show (唱) à Kyoto, celui de YOASOBI interprétant Idol entouré justement de la plupart des idoles féminines ou masculines présentes à l’émission, et Hiroko Yakushimaru (薬師丸ひろ子) chantant son morceau le plus connu tiré du film Sailor Fuku to Kikanjū (セーラー服と機関銃) que j’ai déjà évoqué plusieurs fois sur ce blog.
J’avais décidé avant le début de la nouvelle année que je la démarrerais avec l’album Surf Bungaku Kamakura (サーフ ブンガク カマクラ) d’Asian Kung-Fu Generation (AKFG ou Ajikan), qui a en effet été la première musique que j’ai écouté le premier jour de cette année. Je connais la musique d’Ajikan depuis presque vingt ans et c’est écouter le dernier single solo Stateless du chanteur et guitariste du groupe Masafumi « Gotch » Gotoh qui m’a donné envie de revenir vers le groupe dont je ne connais en fait que deux albums. Surf Bungaku Kamakura est le cinquième album du groupe sorti en 2008, mais Ajikan en a sorti une version augmentée en Juillet 2023. J’écoute pour le moment la version originale de 2008. L’album suit en fait un concept, celui d’utiliser des titres et un thème liés à la ligne de train Enoden qui parcourt une partie de Kamakura et de Fujisawa dans la longue région côtière du Shonan. Chacun des titres reprend le nom d’une station de la ligne Enoden, par exemple Shichirigahama Skywalk (七里ヶ浜スカイウォーク) pour la station de la plage Shichirigahama, avec toujours la même composition du nom de lieu en kanji accompagné d’un mot en katakana (ce qui me rappelle beaucoup les titres utilisés par Sheena Ringo). La ligne Enoden comprenant 15 stations, l’album de 2008 réutilise seulement les noms et lieux des stations les plus connus de la ligne Enoden, tandis que la nouvelle version Surf Bungaku Kamakura Complete de Juillet 2023 vient ajouter cinq morceaux pour compléter la ligne Enoden. Certains morceaux de cet album ont des sonorités de guitares qui me rappellent un peu le rock californien de Weezer, de l’époque de l’album bleu de 1994 que j’avais énormément écouté à l’époque. Ce son est peut-être volontaire pour comparer le Shonan à la Californie. Mais la voix de Gotch nous rappelle tout de suite qu’il s’agit clairement d’un album d’Ajikan.
Nous n’avons pas failli à notre habitude de regarder Kōhaku Uta Gassen sur NHK (NHK紅白歌合戦) cette année, sauf que cette fois-ci, j’ai l’impression que nous l’avons regardé plus assidûment que d’habitude. Nous l’avons en fait regardé depuis le début, ce qui arrive rarement, tout en commentant presque chaque intervention. Mari nous fait remarquer qu’on a bien vieilli pour regarder Kōhaku aussi religieusement, mais je pense plutôt que c’est Kōhaku qui a rajeuni. On restera sur cette dernière constatation. La plupart des artistes ou groupes qui se produisaient sur les scènes du Tokyo International Forum ne m’intéressent pas beaucoup musicalement, mais l’important n’est pas là. L’intérêt est plutôt de prendre la température de la scène musicale mainstream japonaise. NHK est certainement loin d’être à la pointe des nouveautés et des dernières tendances mais il y a quand même quelques efforts notés d’années en années, par exemple l’étrange représentation plutôt sombre d’ailleurs de Mafumafu. Il faut noter donc que l’émission était filmée au Tokyo International Forum à Yurakuchō cette année, plutôt qu’au NHK Hall de Shibuya qui est actuellement en rénovation. Certaines représentations étaient quand même filmées là bas. Ce qui était particulièrement intéressant, c’est que le Forum était utilisé dans sa quasi totalité: la grande salle du Hall A contenant un maximum de 5,000 personnes, mais également le long espace oval sous les élégants mâts métalliques blancs que j’ai déjà pris en photo et montré sur ce blog. Ikura de Yoasobi chantait par exemple en descendant les escalators dans cet espace. La scène du Hall A était élégamment décorée par des compositions florales de Makoto Azuma, dont j’ai également déjà parléplusieurs fois. On a tout de suite reconnu son style. Mon intérêt principal était de voir et d’écouter Tokyo Jihen interpréter le morceau Ryokushu (緑酒) du dernier album, devenu un des morceaux les plus populaires du groupe. Le groupe était habillé en kimono, comme l’année dernière, ce qui n’avait rien d’étonnant. Le final voyait Tokyo Jihen inondé d’une neige de confettis. Il y en avait trop mais ça n’avait rien d’étonnant non plus car Sheena nous avait prévenu dans une émission spéciale diffusée sur NHK le 29 Décembre 2021. L’émission musicale de quarante minutes dédiée à Tokyo Jihen s’intitulait Sōshū (NHK MUSIC presents 東京事変 総集) et voyait le groupe visiter les locaux de la chaîne de télévision en pleine préparation de Kōhaku. Tokyo Jihen avait en fait déjà participé à une émission spéciale sur NHK intitulé Gatten (ガッテン) le 10 Juin 2021 dont j’avais parlé précédemment et pendant laquelle ils avaient interprété Ryokushu sous une pluie de confettis au final. Lorsqu’ils rencontrent le personnel en charge de la mise en scène lors de cette émission du 29 Décembre, on voit Sheena Ringo renouveler cette demande de confettis au final et on lui promet qu’il y en aura beaucoup, à la manière des passages sur scène du chanteur Enka Kitajima Saburō. Ces confettis reprennent l’image des fleurs de cerisiers s’envolant dans les airs qu’on pouvait voir dans la vidéo de Ryokushu. L’OTK savait donc qu’il y aurait une pluie de confettis, mais j’étais loin d’imaginer qu’il y en aurait autant. Sheena et le groupe se sont changés trois fois de tenues pendant l’émission et celle qu’on retient est la dernière, habillée en skateuse avec sac à dos NASA et skateboard à la main. Le skateboard est d’ailleurs un élément récurrent du monde visuel de Sheena Ringo. On le voyait, toujours le même avec un dessin de glace au chocolat et un autocollant ARIGATO, sur la scène de Music Station pour l’interprétation de Gunjō Biyori (群青日和) avec Elopers, dans une scène de la vidéo de Arikitarina Onna (ありきたりな女), ou sur un visuel de la compilation Gyakuyunyū ~Koukūkyoku~ vol.2 (逆輸入 ~航空局~; Reimport, Vol. 2 ~Civil Aviation Bureau~). Le compte Twitter de Shane les répertorie sur un tweet et cette tenue de skateuse, qui est en fait une version alternative de la tenue de l’époque de l’album Sports, inspire les illustrateurs comme ce dessin ci-dessous. Lors du final sur la photo de droite, on voit Sheena entourée de la chanteuse Enka Sayuri Ichikawa et de Hoshino Gen (Ukigumo est également le guitariste de son groupe).
J’étais assez surpris ensuite de voir Hiroko Yakushimaru (薬師丸ひろ子) sur scène. Elle n’a pas interprété le morceau que j’aime du film Sērā-fuku to kikanjū (セーラー服と機関銃, Sailor suit and machine gun), dont je parle décidément souvent (trop) sur ce blog, car Ukigumo chantait notamment ce morceau sur le concert Hyakkiyakō 2015. L’autre bonne surprise et moment attendu de Kōhaku était de voir sur scène Daiki Tsuneta avec son groupe Millenium Parade accompagnés par Kaho Nakamura au chant pour interpréter le morceau U du film d’animation Belle (竜とそばかすの姫) de Mamoru Hosoda. La représentation sombre avec des musiciens masqués a du inquiéter quelques spectateurs. J’étais aussi particulièrement intéressé de voir BiSH participer pour la première fois à Kōhaku, d’autant plus qu’elles ont annoncé la séparation du groupe à la fin 2022. C’était certainement l’interprétation la moins réussie de Kōhaku et même AiNA avait du mal à chanter juste. En fait, je n’ai jamais entendu une interprétation correcte de leur part dans une émission télévisée. Je pense aussi qu’elles ne devraient pas s’obstiner à chanter le morceau Promise The Star, qui doit certainement avoir une valeur émotionnelle pour le groupe, mais qu’elles t’interprètent jamais très bien. Pour en avoir le cœur, j’avais regardé une émission musicale passant dans la nuit sur NHK montrant un mini-concert de BiSH sans public à Fukuoka et j’avais trouvé leurs interprétations tout à fait correctes. Peut-être s’agissait-il du stress du passage Live dans une émission très regardée. Mais bon, ça fait déjà un petit moment que j’attendais leur passage à Kōhaku et je suis tout de même content que ça se soit produit. Et il y avait l’intervention de Fujii Kaze (藤井風) qui était censé interpréter son morceau Kirari (きらり) seulement à distance, mais qui apparaît soudainement sur scène en pantoufles touffues vertes en se mettant à jouer au piano. Je ne connais pas très bien Fujii Kaze à part ses morceaux connus passant à la radio et je n’ai à priori pas d’attirance particulière pour sa musique. Il est ceci dit considéré comme un des jeunes talents. Je dirais même qu’il y a une certaine insolence dans son talent naturel. Les fans de Sheena Ringo et Tokyo Jihen le plébiscitent d’ailleurs pour une éventuelle collaboration, car il a interprété à plusieurs reprises sur sa chaîne YouTube des morceaux de Sheena Ringo et Tokyo Jihen: Marunouchi Sadistic (丸ノ内サディスティック) au piano seulement et en version chantée, et Nōdōteki Sanpunkan (能動的三分間). Ses interprétations sont excellentes et je parie qu’il y aura une collaboration cette année. Enfin, l’émission passe très vite et m’a dans l’ensemble plus intéressé que les autres années. La nouvelle année se fait proche et on se prépare déjà à aller au sanctuaire dans la nuit et le froid, avec comme récompense un verre d’amazake (pas de vin chaud comme sur les pistes de ski).
Le lendemain, le 1er Janvier 2022, le rythme de la journée était très lent et on se décide comme d’habitude assez tard à aller au sanctuaire de Hikawa (氷川神社) et de Konnō Hachimangu (金王八幡宮) à Shibuya pour y faire les premières prières de l’année et pour y récupérer le goshuin spécial du premier de l’an. On évite pour le moment la foule à Meiji Jingu. Mon carnet est presque terminé et il faudrait que je le scanne et le montre sur Made in Tokyo. Comme tous les ans à cette même période, l’hésitation m’a gagné de continuer ou non ce blog pour une nouvelle année. L’hésitation me gagne à chaque fois qu’il faut payer l’abonnement annuel du hosting et du nom de domaine, en me demandant si tout ceci est vraiment nécessaire pour moi et pour les autres (les visiteurs occasionnels ou réguliers). Mais j’ai bien l’impression que je suis reparti pour un tour. 終わらせないで me dit une petite voix dans ma tête.
J’attendais également une annonce de Tokyo Jihen dans les premières heures de 2022, mais on a seulement reçu une carte de bonne année, celle ci-dessus avec une version alternative sur le site web du groupe. Le 1er Janvier 2020, Tokyo Jihen avait annoncé sa re-formation, le 1er Janvier 2021 était l’annonce du nouvel album. Je pensais qu’on allait avoir la confirmation d’une tournée, même online, mais ça n’a pas été le cas. On sait que le groupe a envie de tourner, du moins c’est ce que j’ai compris dans l’émission récente Sōshū sur NHK, et je n’ai pas l’impression qu’ils aient envie de s’arrêter tout de suite. La condition sanitaire actuelle étant pleine d’imprévus, ça semble toujours compliqué de s’engager dans une tournée nationale.
Pour me réconforter un peu, je pars en visite au Tower Records de Shinjuku car je sais qu’on y montre les tenues de la vidéo de Hotoke Dake Toho (仏だけ徒歩). Je prends les quelques photos ci-dessus, que je ne montre pas sur Twitter cette fois-ci. J’aime beaucoup ce médaillon de tête de chat que porte Sheena dans cette vidéo. Il ne ressemble pas vraiment à un de ses trois chats qu’elle montre de temps en temps sur Twitter ou sur Ringohan: Tekuno (テクノ), Jung (ユング) ou Moses (モーゼ). On sait que Sheena aime donner des noms de personnalités aux choses, mais j’en suis moins sûr pour les animaux. Je crois reconnaître Moïse et le psychanalyste suisse Carl Jung pour deux des chats, mais je suis moins sûr pour le troisième appelé Techno ou Tekuno (peut-être choisi pour son origine de l’antiquité). Entre les skateboards et les noms de chats, il y a beaucoup de mystères à résoudre. Le cadeau de nouvelle année (さえずり) de Ringohan que j’ai reçu il y a quelques jours n’arrange rien pour ce qui est des mystères. Il s’agissait de cinq cartes de tarot estampillées du logo de Tokyo Jihen avec des inscriptions en allemand. Il me faudra étudier un peu plus en avant la question, mais c’est exactement cela qui est intéressant.
Je reviens le temps d’un billet vers le noir et blanc en insistant sur les côtés obscurs. Ces photographies sont prises dans le parc Inokashira, si ma mémoire est bonne, en même temps que ce billet montrant des fleurs tendant vers le ciel. Les fleurs de ce billet là m’avaient incité à regarder vers le ciel et les nuages. Je force volontairement sur les ombres lorsque je développe numériquement les photographies au format RAW. Les réglages sont tout à fait particuliers sur les photos ci-dessus mais j’utilise depuis plusieurs mois des réglages de paramètres que je n’utilisais pas auparavant. J’applique donc cette nouvelle routine de développement depuis des mois alors que j’ai appliqué la précédente pendant des années. Je ne me souviens plus quel avait été le déclic provoquant le changement, mais peut être une certaine lassitude d’appliquer toujours le même traitement numérique aux photos même si ça reste très manuel et ajusté à chaque photo. Fut une époque où j’expérimentais beaucoup plus et triturais souvent mes photos, sans que ça soit toujours réussi mais toujours avec l’intention d’y apporter une force supplémentaire, un supplément d’âme peut-être. Ceci me fait repenser aux séries de photographies modifiées se basant sur la couleur rouge. Il y avait celle intitulée « rouge ciel » également prise aux environs du parc Inokashira et une série intitulée « rouge et toxique » prise dans le centre de Shinjuku. Dans ce dernier billet datant de 2019, j’évoquais d’ailleurs Nausicaä de la vallée du vent et repenser à l’association des images de Hayao Miyazaki et des musiques de Joe Hisaishi me donne l’envie irrésistible de revoir ce film d’animation. Je l’ai vu assez tard en 2003 alors qu’il était sorti presque vingt ans auparavant, mais c’est un de mes films préférés de Miyazaki.
Sheena Ringo étant fan de Nausicaä depuis son enfance, comme elle l’expliquait dans une des émissions radio sur Cross-FM Etsuraku Patrol de 1999 (je réécoute de temps en temps ces anciennes émissions), ça me fait une bonne transition avec ce qui va suivre, c’est à dire l’actualité de Tokyo Jihen. La bonne nouvelle de la sortie du All Time Best Album Sōgō (総合) de Tokyo Jihen le 22 Décembre 2021 (avec également une compilation des vidéos intitulée Prime Time) est qu’il contiendra deux nouveaux morceaux, un sur chacun des deux CDs composant cette compilation. On connaît maintenant les deux titres de ces nouveaux morceaux: Genzai to Fukuin (原罪と福), qu’on peut traduire en Péché originel et Gospel, sur le premier CD et Hotoke dake Toho (仏だけ徒歩), traduisible en Seul le Bouddha marche, en premier morceau du deuxième CD. Hotoke dake Toho sortira le Lundi 22 Novembre et la vidéo réalisée par Yuichi Kodama sortira le lendemain le 23 Novembre. La sortie du deuxième morceau Genzai to Fukuin n’est pas annoncée mais j’imagine qu’il sortira très certainement un mois plus tard le 22 Décembre 2021 en même temps que le best album. Du nouveau morceau Butsu dake Toho, on n’a pour l’instant qu’une image fixe visible sur YouTube (celle que je montre ci-dessus). On reconnaît tout de suite une DMC Delorean, celle qui apparaissait déjà dans la vidéo de Kujaku (孔雀) du dernier album Music (音楽). La maison montrée de nuit semble être extraite d’une zone résidentielle américaine (d’une ville comme Hill Valley par exemple). La question est de savoir si cette Delorean permettra le voyage dans le temps pour remonter dans la discographie du groupe, ce qui serait plutôt adapté pour un best album. On en saura plus très bientôt car cette photo reste bien mystérieuse.
L’emission Music Station du Vendredi 19 Novembre 2021 était particulièrement intéressante car elle incluait des courts interviews d’artistes féminines pour leur demander qu’elles étaient les artistes les plus importantes pour elles (celles qui ont eu une influence). Les cinq artistes invitées étaient AiNA The End, Aiko, Ado, Haruko Nagaya du groupe Ryokuōshoku Shakai (緑黄色社会) et Sheena Ringo. Divers artistes sont citées comme influences, notamment Aimyon présente à l’émission. Mais sans grande surprise, AiNA The End, Ado et Haruko Nagaya citent toutes les trois Sheena Ringo comme artiste importante pour elles. Ce n’est pas une surprise connaissant la participation récente de AiNA au groupe eLopers mené par Sheena pour cette même mission Music Station le 15 Octobre 2021. Ado et Haruko Nagaya avaient également mentionné leur admiration pour Sheena Ringo dans des émissions précédentes de Music Station lorsque Tokyo Jihen était présent. Aiko et Sheena Ringo ayant démarré leurs carrières musicales à la même période, elles ne se sont bien sûr pas citées entre elles. Nakamori Akina était également citée mais je ne me souviens plus par qui, et un extrait du morceau Shōjo A dont je parlais récemment était montré pendant l’émission.
La principale surprise pour moi était d’entendre Sheena Ringo citer NOKKO du groupe REBECCA et notamment le morceau MOON de l’album Poison sorti en 1988. J’ai déjà mentionné ce morceau MOON de REBECCA dans ce blog à plusieurs reprises car je le connais depuis de nombreuses années, avant même mon arrivée à Tokyo, et car je l’écoute régulièrement encore maintenant. La version que j’ai initialement écouté du morceau était la version anglaise présente sur la compilation Tokyo Babylon Image Soundtrack 2 (東京BABYLON イメージサウンドトラック 2) regroupant des morceaux qui devaient accompagner un anime ou film tiré du manga Tokyo Babylon de CLAMP. J’ai découvert la version japonaise un peu plus tard en arrivant à Tokyo. C’est un morceau qui m’accompagne depuis très longtemps et je suis agréablement surpris de l’entendre citer par Sheena, d’autant plus que c’est la version anglaise, moins connue que la version originale en japonais, qui était montrée en extrait sur Music Station. Je le dis souvent mais j’adore ce genre de coïncidence, s’il s’en est bien une. Des artistes interrogées pendant l’émission, je connais moins Haruko Nagaya de Ryokuōshoku Shakai. Je ne suis pas particulièrement amateur des morceaux du groupe mais les versions en formations minimalistes qu’elle chante sur The First Take sont excellentes, notamment le morceau Sabotage. Elle a pour sûr une sacrée voix, qui donne par moment des frissons à capella. Le morceau Shout Baby est aussi très bon, mais je n’aime pas particulièrement la version originale qui perd en puissance émotionnelle.
L’autre actualité de Tokyo Jihen est la confirmation de leur participation à l’émission Kōhaku sur NHK le 31 Décembre 2021. Ce n’était pas une grande surprise vu qu’ils ont sorti un album cette année, sans compter le best album qui sortira juste avant l’émission. La surprise est la présence de BiSH cette année. Je disais l’année dernière que je m’attendais à leur présence mais ça n’a pas été le cas. Je n’ai pas écouté leur dernier album Going to Destruction à part 2 morceaux. Je pense qu’elles tiennent plutôt leur présence à Kōhaku cette année à la sur-activité et popularité soudaine d’AiNA. Espérons que le Manager de leur agence, Junnosuke Watanabe, n’ait pas des idées saugrenues à leur faire faire sur scène. C’était apparemment un rêve pour les membres du groupe de participer à Kōhaku. L’autre surprise est de voir dans la liste Millenium Parade avec Kaho Nakamura pour interpréter, je pense, le thème du film d’animation Belle (竜とそばかすの姫) de Mamoru Hosoda. Je suis aussi surpris de voir dans la liste la chanteuse et ancienne idole Hiroko Yakushimaru (薬師丸ひろ子) car ce n’est que la deuxième fois qu’elle participe à l’émission Kōhaku. Va t’elle interpréter le morceau titre du film Sērā-fuku to kikanjū (セーラー服と機関銃, Sailor suit and machine gun) dans lequel elle jouait le rôle principal. J’ai déjà évoqué plusieurs fois ce morceau et ce film sur ce blog et j’en parlerais encore une fois dans pas longtemps, car j’ai eu la surprise d’entendre Ukigumo interpréter ce même morceau lors du concert Hyakkiyakō 2015 de Sheena Ringo (don’t je n’ai pas encore parlé ici). A part ces quelques surprises, la liste des interprètes de la cuvée 2021 de Kōhaku est relativement classique avec Perfume, Aimyon, milet, Yoasobi, LiSA, les groupes de filles en 46 et les groupes de garçons de Johnny’s Entertainment. Stardust arrive à se faire une place cette année chez les hommes avec la présence de DISH//, comme quoi Johnny’s perd un peu de son monopole depuis la disparition du fondateur. Mon regret est de ne pas voir Ado ni Vaundy parmi la liste des interprètes. J’imagine que c’est volontaire pour Ado car elle ne veut toujours pas se montrer en public. Vaundy a pourtant sorti de nombreux morceaux à succès cette année. J’ai quand même l’impression que la NHK a toujours un train de retard. Vaundy sera peut-être présent l’année prochaine.
En parlant de Vaundy, il vient justement de sortir un nouveau morceau intitulé Odoriko (踊り子) et c’est à mon avis le meilleur qu’il ait écrit jusqu’à maintenant. Le morceau mélange un rythme rapide et la façon un peu nonchalante de chanter assez typique de Vaundy. Le morceau est super accrocheur. Vaundy a décidément beaucoup de talent, et je ne peux m’empêcher de parler de lui dans mes billets. Il était invité à l’émission radio Hot 100 de J-Wave dimanche dernier et j’ai découvert le morceau pour la première fois à ce moment-là. Pendant l’interview, Vaundy nous disait qu’il avait écrit ce morceau depuis longtemps mais qu’il attendait le bon moment pour le sortir. Le titre du morceau Odoriko (la danseuse) n’a apparemment pas de lien avec le roman de Yasunari Kawabata, Izu no Odoriko (伊豆の踊子) publié en 1926. La danseuse dans la vidéo est l’actrice Komatsu Nana (小松 菜奈). Je ne pense pas que ça soit fait exprès mais le timing de sortie du morceau est excellent car Komatsu Nana vient juste cette semaine d’annoncer son mariage, forcément médiatisé, avec l’acteur et chanteur Suda Masaki (菅田 将暉). Il y a un morceau de Suda Masaki que j’aime beaucoup, Sayonari Elegy (さよならエレジー) sorti en 2018. Et pour rester dans les liens entre les choses, rappelons nous que AiNA The End avait nommé son morceau Nana sur son premier album d’après Komatsu Nana, et qu’elle avait même voulu citer son nom dans son morceau, ce qui lui a finalement été déconseillé.
C’est en quelque sorte une tradition de regarder l’émission musicale de la NHK Kōhaku Uta Gassen NHK紅白歌合戦 pour le réveillon du 31 décembre et nous n’y dérogeons pas cette année. Avec les années, j’ai même appris à apprécier cette émission au point de ne pas vouloir la manquer. Elle permet de faire un tour d’horizon de tous les artistes et groupes qui ont bien marché commercialement pendant l’année. L’émission comporte bien sûr son lot d’artistes d’un autre âge chantant toujours les mêmes morceaux tous les ans, du Enka par exemple, Matsuda Seiko qui chante encore et toujours les chansons de ses débuts, ou des vieux tubes légèrement mis à jour, ainsi que tous les groupes de l’agence d’idoles masculines Johnny’s Entertainment qui brillent par la répétition des mêmes formules mièvres et sans intérêt.
Malgré cela, la rétrospective du mainstream japonais est assez bien représentée, donc donne un très bon aperçu culturel de ce qui a compté cette année pour le « meilleur » comme ce morceau Lemon de Kenshi Yonezu 米津玄師 aux 250 millions de vues sur YouTube ou le « pire » comme le morceau U.S.A. du groupe DA PUMP reprenant des rythmes eurobeat revisités. Le « pire » car ce morceau de DA PUMP tombe dans les profondeurs abyssales du non-intérêt musical, mais est tout de même repris à toutes sauces dans les médias et même à un moment du spectacle comique que nous avons vu à Ginza. Le « meilleur » car on ne reste pas indifférent à la qualité de composition et aux capacités vocales de Kenshi Yonezu sur ce morceau Lemon. Ce n’est pas un style de J-POP que j’écoute habituellement mais je ressens quand même le besoin d’écouter ce genre de morceaux de temps en temps, pour changer un peu de la musique alternative que j’écoute d’habitude et parce que c’est une musique qui semble idéale pour accompagner nos petits voyages en voiture. Kenshi Yonezu est assez discret et n’affectionne apparemment pas les apparitions télévisées. On dit qu’il avait d’abord refusé cette apparition sur la scène du hall de la NHK à Shibuya pour Kōhaku, pour finalement accepter à la condition qu’il interprète son morceau dans sa ville natale de Tokushima à Shikoku. La mise en scène dans le musée d’art Otsuka à Tokushima donnait une ambiance magnifique faite de pénombre et de lumière.
Kōhaku joue en quelque sorte le rôle d’une séance de rattrapage sur des morceaux dont je n’ai volontairement pas porté attention car en dehors de mon spectre d’intérêt musical, mais qui s’avère intéressant après une écoute plus attentive en se forçant à éliminer tout apriori. J’ai été par exemple agréablement surpris par le morceau et les mouvements de danse de Daichi Miura 三浦大知 sur le morceau Be myself. Je ne pensais pas que je pourrais aimer un morceau de Daichi Miura, mais ce rythme était accrocheur. Un peu plus tard dans la soirée, la performance de Sheena Ringo 椎名林檎 avec Hiroji Miyamoto 宮本浩次 (du groupe Elephant Kashimashi) sur le nouveau morceau Kemono yuku Hosomichi 獣ゆく細道 était vraiment particulière et poignante surtout pour la voix et la chorégraphie de Miyamoto. Sheena Ringo était un peu trop statique comme d’habitude. Je n’aimais pas trop le morceau quand il est sorti il y a quelques mois, mais il faut avouer que la performance était impressionnante. Je suis par défaut fan de Sheena Ringo, mais j’essaie de garder un avis critique sur la musique qu’elle crée et qui m’intéresse un peu moins ces derniers temps. Mais, force est de constater qu’après avoir vu quelques fois la performance scénique du morceau, je finis par retenir et apprécier cet air.
Le groupe electro-pop Perfume est également habitué de Kōhaku depuis quelques années et comme d’habitude les effets spéciaux des morceaux de Perfume sont toujours beaucoup plus impressionnants que les morceaux eux mêmes qui se font complètement oublier. J’aimerais apprécier un morceau du groupe mais je n’ai pas encore trouvé, ou peut être seulement le morceau Fusion sur le dernier album Future Pop, car il est assez différent de la pop électronique ultra sucrée qu’on peut entendre en général de Perfume. De Kōhaku, je retiendrais également DAOKO, car c’était sa première apparition dans l’émission. Une représentation dans l’émission est une consécration pour un/une artiste, une reconnaissance de la profession. Le formalisme de la NHK doit jouer sur l’importance d’apparaître dans cette émission pour les artistes. En fait, c’est ce formalisme que j’aime également observer car l’émission est en direct et il y a forcément des couacs. Je me souviens d’une année où le leader du groupe Kishidan, Show Ayanocozey, sous le nom de DJ OZMA avec sa troupe du moment étaient apparus sur scène avec des t-shirts représentant d’une manière très réaliste des seins de femme. Il a été depuis banni de l’émission, bien que je ne pense pas que ça ait joué sur sa carrière. Le côté subversif lui a peut être été bénéfique d’ailleurs. Pour revenir à DAOKO, que je suis de loin mais dont j’apprécie quelques morceaux comme ShibuyaK sorti en 2015, elle reprenait sur la scène de Kōhaku un morceau de l’année dernière Uchiage Hanabi 打ち上げ花火. C’est un peu bizarre car elle aurait pu choisir un morceau plus récent de son nouvel album Shiteki Ryoko 私的旅行 sorti cette année, comme le single Owaranai Sekai de 終わらない世界で, que j’aime assez, ou Bokura no Network 僕らのネットワーク, en collaboration avec Yasutaka Nakata 中田 ヤスタカ mais moins intéressant. On peut comprendre qu’elle ait choisi le morceau qui l’a fait connaître du grand public l’année dernière. Alors qu’elle chantait Uchiage Hanabi en duo avec Kenshi Yonezu, dont je parlais plus haut, en 2017, elle interprète une version en solo de ce morceau à Kōhaku. C’est aussi la version présente sur son album.
Aimyon あいみょん est une jeune chanteuse, une des révélations de cette année 2018 avec le morceau Marigold マリーゴールド. On dit qu’elle a une belle voix et que les paroles de ses chansons sont des compositions intéressantes de mots, mais j’ai du mal à accrocher à ce style, car il est trop universel. Ce morceau me fait penser à ce que pourrait chanter le groupe Spitz. C’est une musique qui se laisse écouter facilement, sans efforts, mais qui pour moi, ne monopolise pas toute mon attention et je finis vite par m’ennuyer en court de morceau. Yoshiki, la force motrice du groupe mythique X JAPAN, est également habitué de Kōhaku depuis plusieurs années et interprète cette fois deux morceaux à la batterie ou au piano, dont un morceau intitulé Red Swan avec d’autres membres d’actes majeurs du feu rock flamboyant visual kei à savoir Hyde, le chanteur de L’arc~en~ciel et Sugizo, guitariste de LUNA SEA. Je ne me souviens déjà plus du morceau qu’ils interprétaient ensemble, car j’étais en fait plus intrigué de les voir jouer ensemble. A mon arrivée à Tokyo en 1999, j’écoutais beaucoup d’albums de L’arc~en~ciel, mais j’ai du mal à les réécouter maintenant à part quelques morceaux de l’album Heart sorti en 1998. J’aime bien revenir vers LUNA SEA par contre, en particulier l’album Mother sorti en 1994, qui est leur chef-d’œuvre et que je place personnellement de ma liste des meilleurs albums rock japonais. Par contre, je ne suis pas vraiment leurs dernières créations musicales, le groupe étant encore actif à présent. Sugizo prête régulièrement main forte à X JAPAN sur leurs concerts, il est donc habitué d’être aux côtés de Yoshiki. Le reste des membres de X JAPAN n’étaient pas présents cette année. Peut être que Toshi, le chanteur du groupe, est trop occupé à vendre son image au plus offrant sans se soucier de sa dégradation, car on le voit maintenant intervenir dans des émissions de variétés, comme des quizz. Il garde sa veste de cuir cloutée mais apparaît maintenant comme une mascotte un peu ridicule. Yoshiki apparaît également dans des émissions de variétés ces dernières années mais arrive plus ou moins à garder son aura. La force persuasive télévisuelle au Japon est en général destructrice de l’art musical.
La soirée passe très vite. Plus les années passent, plus le temps passe vite et nous arrivons très vite à la fin de l’emission vers 23h40. Pendant les vingt dernières minutes de l’année, NHK nous montre toujours des images de sanctuaires dans la nuit, filmés sous un éclairage bien étudié mettant toujours en valeur l’architecture du lieu. On nous montre les premières personnes rejoignant le sanctuaire dans la nuit et dans le froid pour la première prière de la nouvelle année. J’attends toujours qu’on nous montre un sanctuaire en montagne sous un mètre de neige, mais ce n’était pas le cas cette fois-ci. En regardant ces images, nous nous préparons également mentalement à sortir dans le froid vers le sanctuaire de Aoki juste à côté. J’aime ce moment dans le froid et la nuit. Il y a déjà du monde dans le petit sanctuaire mais il règne une tranquillité admirable. Ce n’est pas le silence, mais presque. Les gens parlent normalement pourtant, mais une grande sérénité règne en ce lieu. Un feu de camp est allumé sur la petite place devant le sanctuaire et on vient s’y réchauffer avec un verre de amazake offert généreusement par le personnel ou les volontaires du sanctuaire. On ne reste pas très longtemps mais assez pour s’imprégner de l’ambiance. Je bois mon verre de amazake lentement exprès pour faire durer un peu plus ce moment dans la pénombre, éclairé par quelques lanternes et par le feu de camp.
Nous retournerons au sanctuaire le lendemain matin, en empruntant l’entrée principale s’ouvrant sur un escalier de plus de cent marches donnant accès à l’unique bâtiment du sanctuaire en haut de la colline. Pour 200 yens, nous nous procurons un mikuji qui nous indiquera notre bonne fortune pour l’année qui démarre. Il s’agit de folklore, bien entendu, mais Zoa y croit très fort et est particulièrement content quand il décroche un « Daikichi », une grande chance, pour la nouvelle année. En ce qui me concerne, je n’aurais qu’une demi-chance Hankichi cette année, mais je n’ai de toute façon pas le souvenir d’avoir eu un Daikichi ces dernières années.
Le premier de l’an est comme toujours une journée très calme à ne pas faire grand chose à part manger les plats froids Osechi, accompagnés cette fois-ci d’un sake de Kobe dont l’étiquette dorée représente un sanglier, le symbole de cette nouvelle année. Nous nous déplaçons le deuxième jour de l’année en direction de Chigasaki, mais plus près des montagnes à Isehara. En haut de la petite montagne de Ōyama se trouve un sanctuaire nommé Ōyama Afuri Jinja 大山阿夫利神社. On interprète également le nom de cette montagne où se trouve le sanctuaire par d’autres kanji 雨降山, qui veulent dire la montagne où la pluie tombe. Il ne pleuvait pas le jour de notre visite mais le ciel était étrangement couvert au dessus de la montagne. Ōyama est une des montagnes de la chaîne Tanzawa et elle culmine à 1252 mètres d’altitude. Le sanctuaire n’est pas tout à fait situé au sommet de la montagne mais dans les hauteurs. On y accède en empruntant un train à traction par câble qui monte à l’oblique sur le flanc de la montagne. Le wagon unique du train est également construit à l’oblique, dans un style similaire à celui de Hakone, et a reçu le prix Good Design en 2016. Je pense que le wagon a été renouvelé récemment car ce train à traction par câble est plus ancien que 2016. Pour accéder à la station de train, il faut marcher pendant 25 minutes depuis le parking dans le centre de la bourgade.
Avant de monter, nous déjeunons dans un bel endroit, une vieille maison faisant musée d’art moderne à l’étage et restaurant de tofu au rez-de-chaussée. Il n’y a pratiquement que des restaurants de tofu dans la bourgade de Ōyama, c’est une spécialité. Le restaurant qui fait musée s’appelle Mushin Tei. En attendant nos plats, je monte à l’étage par l’escalier en bois. Les trois pièces du musée sont couvertes de tatami et séparées de portes coulissantes. On y montrait des peintures et des sculptures de l’artiste Yu Seino. Dans la salle à manger du restaurant, un grand piano à queue est installé dans un coin. Personne n’en joue ce jour là, mais j’imagine qu’on doit parfois y jouer le soir à certaines occasions.
Après le déjeuner, nous commençons notre « ascension » vers la station du train à câble. Ce n’est pas un chemin de terre dans la forêt qui nous y amène, mais une étroite rue piétonne en escaliers bordée de petits magasins d’un autre âge et de restaurants. La rue est couverte d’une toiture de tôle à certains endroits qui ressemblent à des points étapes à notre ascension. Il y a du monde à monter ces marches mais ça reste très acceptable, par rapport à ce que l’on peut voir à Enoshima par exemple où l’on doit marcher au pas. Il faut dire que Ōyama est plus difficile d’accès. Il y a bien un bus qui monte jusqu’ici depuis Isehara mais pas de station de train. Il faut plutôt se déplacer en voiture. L’endroit est pittoresque et la marche est agréable. Le train nous amène rapidement en quelques minutes dans les hauteurs de la montagne jusqu’au sanctuaire de Ōyama Afuri. A notre arrivée, la vue est dégagée et on peut voir l’océan pacifique au loin derrière la ville de Chigasaki. Il faut attendre un peu en file indienne en bas du sanctuaire mais l’attente se fait plus courte que ce que je pressentais pour un tout début d’année. En s’approchant du bâtiment principal du sanctuaire, on remarque tout de suite les décorations du toit comportant des épis appelés chigi aux extrémités du toit et de courts rondins décoratifs katsuogi. On retrouve par exemple ce type d’ornements sur les sanctuaires de Ise-Jingu. La lumière de fin d’après midi met particulièrement en valeur les dorures des chigi. Nous redescendons ensuite du sanctuaire en reprenant le train oblique. On peut également redescendre par un chemin de montagne mais il est déjà 16h passé et le soleil se couche dans à peine une heure en plein hiver.
Pendant les congés de début d’année, nous ne manquons jamais la course à pieds des universités Hakone Ekiden 箱根駅伝 qui relie en deux jours Tokyo, Ōtemachi pour être précis, jusqu’à Hakone pour ensuite revenir vers Tokyo. La course se fait en 5 étapes à l’aller et 5 étapes au retour, avec donc 10 coureurs différents par école se passant le relais d’étape en étape. Nous supportons l’école de Zoa tous les ans au même endroit sur la route nationale 1 juste avant l’étape de Totsuka sur la partie retour de la course. Nous nous postons au grand croisement de Harajuku. Rien à voir avec le Harajuku de Tokyo, bien que les kanji soient les mêmes. La course sera pleine de suspense cette année. Alors que Aoyama Gakuin a gagné 4 fois de suite et se préparait pour une cinquième victoire, la partie a été plus difficile que prévue. L’université de Tokai a finalement fini premier à l’arrivée à Ōtemachi, devant Aoyama Gakuin. L’université de Toyo finit troisième, alors que l’équipe avait dominé une bonne partie du parcours. Cette course est un événement important du nouvel an et on en parle beaucoup dans les émissions d’information les jours suivants. Le seul problème quand on regarde cette course, c’est que ça monopolise une bonne partie de la journée. Ce n’est pas un gros problème car le concept du nouvel an au Japon est de ne pas faire grand chose, mais les jambes finissent par nous déménager à tourner en rond dans les pièces de la maison.
En fin d’après midi, nous allons voir l’océan pacifique. Nous comptions aller faire un tour du côté de Hayama, un bord de mer que j’aime beaucoup, mais de nombreuses routes à Kamakura sont bloquées à la circulation au nouvel an. C’est par conséquent assez compliqué de se rendre à Hayama. Nous rebroussons finalement chemin vers la plage de Shichirigahama 七里ヶ浜 plus proche. Le soleil est déjà en train de se coucher au moment où nous arrivons. Zoa voulait absolument essayer son petit cerf volant de papier traditionnel Takoage. Il n’y a pas assez d’espace de plage pour faire évoluer le cerf volant donc on essaie dans une rue presque déserte, en pente avec vue sur l’océan. Mais, je ne peux m’empêcher de descendre plus vite que les autres sur la plage pour prendre ce soleil couchant en photographie. Des rayons du soleil couchant transpercent d’abord les nuages. Un dégradé subtil entre le bleu et le rouge se construit ensuite autour du Mont Fuji. L’océan brille de couleurs orangées et argentées. J’essaie de descendre sur le sable entre deux vagues, sans se faire mouiller les pieds. Je me pose quelques instants au pied du rempart de béton délimitant la plage de sable noir. Il y a une zone légèrement surélevée qui permet d’éviter les vagues tout en se trouvant au plus près d’elles. Le rayon de lumière se reflétant sur la surface de l’océan est traversé de temps à autres par un surfeur solitaire qui n’a pas peur du froid. J’essaie de prendre ces scènes en photographie, mais elles ne rendent pas aussi bien sur l’écran qu’en réalité… Nous rentrons le soir sur Tokyo vers 22h30 pour éviter le rush du retour de congé.