Hoki Museum

Nous profitons d’une belle journée du mois de Septembre pour aller visiter un musée que j’avais depuis longtemps sur ma liste de lieux à voir absolument, tout autant pour l’art qu’il contient à l’intérieur que pour l’expression artistique de son extérieur. Le Musée Hoki (ホキ美術館) est consacré à la peinture réaliste et compte une collection de 450 œuvres d’environ 50 artistes principalement japonais. Il est situé dans la zone résidentielle d’Asumigaoka (あすみが丘), à la limite du grand parc Showa no Mori (昭和の森), dans l’arrondissement de Midori de la ville de Chiba (千葉市緑区), dans la préfecture de Chiba. Le musée composé de béton et de matériaux métalliques a été construit par Nikken Sekkei et a ouvert ses portes le 3 Novembre 2010. Il a été fondé par Masao Hoki, président de Hogy Medical, qui est un grand fournisseur de produits médicaux, chirurgicaux et de stérilisation, pour y montrer sa collection privée de peintures réalistes. Le Musée Hoki est actuellement dirigé par sa fille Hiroko Hoki. Le bâtiment de sept mètres de haut se compose de trois étages, dont deux en sous-sol, formant de longues galeries en forme de couloirs courbés placées les unes au dessus des autres. La partie la plus impressionnante du musée est la longue zone cantilevée du bâtiment qui semble flotter dans les airs. Dès notre arrivée au musée après une heure et demi de voiture depuis le centre de Tokyo, on se dirige tout de suite vers l’arrière du building pour apprécier sa partie flottant dans les airs. Les parois du building sont fines et élancées. Un étroit chemin entouré de béton nous amène jusqu’à l’entrée du musée, mais on peut continuer ce chemin pour descendre vers l’arrière. Le bloc qui s’élance sur trente mètres dans le vide en défiant la gravité se révèle doucement alors qu’on descend la pente. J’avais bien sûr vu de nombreuses photographies de ce building et de ce tube cantilevé en particulier, mais la réalité est plus impressionnante que ce que j’ai pu voir en photo. On constatera plus tard dans le musée que la galerie à l’intérieur s’avance pratiquement jusqu’à l’extrémité de ce bloc poussé dans le vide. La surface du tube est fine, ce qui donne une légèreté et une grande élégance à l’ensemble qui n’en reste pas moins imposant vu de l’extérieur. C’est une architecture vraiment remarquable, qui me rappelle un peu la résidence privée White Base par l’architecte Akira Yoneda (Architecton) pour sa structure montant dans les airs.

Vue d’ensemble du musée et vues de l’intérieur de plusieurs galeries.

Nous revenons ensuite vers l’entrée du musée pour commencer notre visite, qui démarre par l’étage supérieur et nous fera ensuite descendre méthodiquement et progressivement vers les sous-sols. On ne peut malheureusement pas prendre de photos à l’intérieur, et celles ci-dessus proviennent de différents sites internet traitant d’architecture. La disposition des œuvres dans les galeries est également remarquable. Dans les longues galeries en forme de couloirs pouvant faire jusqu’à 100 mètres, on peut voir les peintures d’une manière séquentielle sans éléments venant perturber notre vision des œuvres. La forme courbée des murs donne en fait une vue d’ensemble des œuvres montrées dans l’espace d’exposition. On avance doucement, comme si on suivait un chemin, attiré par la lumière naturelle au fond du couloir correspondant à la partie surélevée du musée. La lumière varie alors que l’on descend progressivement vers les bas étages du musée. J’ai été plusieurs fois surpris par le volume des espaces qui sont par moment beaucoup plus importants que ce qu’on peut imaginer par rapport à la taille relativement limitée du musée vu de l’extérieur. Le musée fait en tout 3700 m2 de surface et les zones d’exposition couvrent environ 1800 m2 sur neuf galeries.

Sur la partie gauche: le Flyer de l’exposition The Artist’s Gaze. Past, Present, and Then … (作家口視線。 過去亡現在、そして•••) comportant les peintures et installations “Injection Devices” (2023) et “Idle Slumber” (1993-2012) par Kenichiro Ishiguro (石黒賢一郎). Sur la partie droite: de haut en bas et de gauche à droite, “Purple Tears” (2022) et “Praying Beneath a Tree” (2021) par Lo Chan Peng, “Still Life with Lemon” par Fumihiko Gomi (五味文彦), un portrait nu par Nobuyuki Shimamura (島村信之), Shaft Tower par Kenichiro Ishiguro, “The Sacred – Ⅳ” par Hiroshi Noda (野田弘志) et un portrait par Kenichiro Ishiguro.

L’exposition du moment s’intitule The Artist’s Gaze. Past, Present, and Then … (作家口視線。 過去亡現在、そして•••) et se déroule du 23 Mai au 11 Novembre 2024, mais elle se mélange avec la collection permanente. Pour les nouveaux venus dont nous faisons partie, cette distinction entre collection permanente et temporaire n’est en fait pas très importante car on découvre toutes ces œuvres comme un tout. Je suis relativement peu familier des œuvres ultra réalistes des artistes présentés dont les noms m’étaient inconnus jusqu’à maintenant: Kenichiro Ishiguro (石黒賢一郎), Nobuyuki Shimamura (島村信之), Fumihiko Gomi (五味文彦), Hiroshi Noda (野田弘志), entre beaucoup d’autres. J’ai tout de suite été impressionné par la qualité visuelle méticuleuse des natures mortes de Fumihiko Gomi qui touche à un réalisme photographique. Il en est de même des nombreux portraits. Ce qui est intéressant sur les portraits est que l’artiste n’essaie pas de gommer les imperfections comme ça pourrait être le cas en photographie, ce qui fait que ces portraits s’éloignent d’une beauté universelle pour s’approcher de notre réalité. Ces portraits ultra-réalistes en deviennent parfois plus réels que des photographies. Ces peintures prennent des mois à être réalisées, ce qui laisse beaucoup de temps à l’artiste devant sa toile pour non seulement travailler chaque détails mais également pour mûrir sa vision et sa conception des choses. On imagine ce travail et ce temps long passé seul devant une œuvre, mais on a un peu de mal à l’appréhender dans notre époque de l’immédiateté où n’importe quelle intelligence artificielle permet de créer des nouveaux portraits réalistes en quelques secondes. En regardant les œuvres exposées au musée Hoki, on apprécie à la fois la beauté et l’émotion de ce que l’on voit et la dedication sans limites de l’artiste à son œuvre. Cette beauté là n’a pas de prix et est très précieuse à notre époque.

Après notre longue visite du musée, serpentant de galeries en galeries, nous remontons finalement vers l’extérieur pour faire un dernier tour complet du bâtiment avant de reprendre la route. On peut constater que les surfaces arrondies de béton sans ouverture font face aux résidences du quartier pour éviter les vis-à-vis, tandis que les vitrages sont orientés vers la forêt toute proche. Cette forêt est immense et c’est le plus grand parc de la préfecture de Chiba. Nous tentons bien de la traverser en voiture mais nous sommes contraint d’abandonner en cours de route car il nous faut bientôt rentrer.

君ならきっと大丈夫さ

L’étroit building de neuf étages sur les deux premières photographies se nomme Jimbochō SFI (神保町SFI) et se trouve comme son nom l’indique dans le quartier de Jimbochō. Il a été conçu par Nikken Sekkei en collaboration avec la société SEO Inc. établie en 1935 à Takaoka dans la préfecture de Toyama et spécialisée dans la fabrication de chaînes métalliques qui conduisent l’eau de pluie des toits vers un bassin au sol. On peut voir régulièrement ce genre de « rain chains » dans les temples ou dans certaines architectures plus modernes comme sur le Co-Op Kyosai Plaza, également conçu par Nikken Sekkei, à Kitasando. C’est un building que j’aime régulièrement prendre en photo. Sur le building Jimbochō SFI, SEO Inc. a conçu la façade très particulière composée d’une multitude de cylindres dans le but d’améliorer la performance environnementale du bâtiment. Cette façade dessinée pour conserver l’énergie se nomme Envi-lope01. Cette membrane ou enveloppe, posée au dessus de la surface du bâtiment se compose de cylindres de 180mm de diamètre de trois formats différents reliés entre eux sur une même ligne verticale par deux câbles métalliques permettant d’ajuster l’orientation des cylindres notamment dans les parties courbes du building. La profondeur des cylindres vient contrôler l’intensité lumineuse à laquelle est soumise le bâtiment en bloquant les champs lumineux obliques et en réduisant ainsi la température totale du building, tout en préservant sa ventilation frontale. J’ai pris ces quelques photographies à Jimbochō alors que j’espérais y voir courir les marathoniens de Tokyo pour le marathon du 3 Mars 2024. Je suis malheureusement arrivé un peu trop tard et la course était déjà terminée à cet endroit. J’ai donc marché à toute vitesse, sans rattraper les coureurs, jusqu’à la station de Tokyo pour y voir quelques athlètes terminer leur course. Je me dis tous les ans en regardant le marathon que je devrais me donner un an pour m’entrainer et participer à celui de l’année prochaine, mais une réflexion rapide me dit que je n’aurais jamais la volonté nécessaire pour ce genre de choses.

J’écoute en ce moment quelques morceaux de rock indé du groupe Yonige (よにげ) dont j’ai déjà parlé plusieurs fois sur ce blog. Yonige est originaire d’Osaka et a été formé par Arisa Ushimaru (牛丸ありさ), qui chante et est guitariste, et par Gokkin (ごっきん) qui joue de la basse et assure les chœurs. Le groupe se compose actuellement de quatre membres. De leur nouvel album Empire sorti en Janvier 2024, j’écoute trois morceaux dont deux possèdent déjà une vidéo officielle: Kamisama to Boku (神様と僕) et walk walk. Le troisième morceau que j’écoute est le premier de l’album: Super Express. Le rock de Yonige est sans artifice avec un brin de mélancolie, mais n’exclut pas un certain humour retranscri à travers les vidéos. Les vidéos accompagnant Kamisama to Boku et walk walk sont en fait liées. La première pour Kamisama to Boku démarre par la mise en scène d’une réunion avec le manager du groupe qui leur demande de faire plus énergique et entrainant pour pouvoir espérer attirer les foules et avoir un gros succès. On ressent que le monologue interminable du manager est insupportable pour le groupe, mais tous acquiescent sans rien dire en attendant que ça passe. On leur confie un sous-fifre incompétent qui sera en charge de la vidéo du nouveau morceau. Le budget étant limité, le groupe se retrouve à tout faire par eux même, porter les instruments jusqu’au lieu de tournage improvisé, puis se filmer ensuite soi-même. A ce moment là démarre la vidéo de walk walk, avec pleins de petits désagréments qui compliquent la vie du groupe. Malgré tout cela, tout le monde reste serein. On retrouve en quelque sorte cette sérénité dans la musique de Yonige, mais les morceaux sont pourtant très accrocheurs. Arisa Ushimaru n’hésite pas a poussé sa voix et les guitares sont très présentes. J’adore ce son rock indé qu’elles maitrisent extrêmement bien sans pourtant révolutionner le genre, mais le rock indé n’entend pas apporter des révolutions, simplement faire des bons morceaux et c’est bien suffisant.

Yonige et leur dernier album Empire étaient d’ailleurs mis en avant au Tsutaya de Daikanyama, aux rayons musiques à l’étage d’un des trois bâtiments du grand magasin multimédia. On y vend d’ailleurs de moins en moins de CDs, toujours au profit des vinyles. Je devrais passer plus régulièrement devant ces panneaux d’affichage, pour voir quelles sont les recommandations du moment. Je me souviens y avoir vu afficher une présentation de l’album Windswept Adan (アダンの風) d’Aoba Ichiko (青葉市子), bien avant que je l’écoute pour la première fois (rien que le fait d’évoquer cet album me donne envie d’écouter le morceau Porcelain). Les affichages du Tsutaya montre la vidéo de Kamisama to Boku (神様と僕), dont est extrait la vidéo ci-dessus, et les dates de la tournée du groupe. Je ne connais pas encore assez bien la musique de Yonige pour être tenté de les voir live, mais un morceau comme walk walk doit certainement très bien donner en concert.

Toujours dans le même Tsutaya de Daikanyama, j’ai l’impression que l’espace consacré aux expositions artistiques a augmenté progressivement au fur et à mesure des années, ce qui est plutôt une bonne nouvelle. L’exposition ILLUSTRATION 2024, qui avait lieu du 23 Février au 17 Mars 2024 commémorait le dixième anniversaire de la série de livres ILLUSTRATION, qui est un catalogue annuel représentant l’état actuel de l’illustration au Japon. A cette occasion, étaient exposées quelques illustrations de sept artistes sélectionnés présents dans la dernière édition du livre ILLUSTRATION. Il s’agissait d’une toute petite exposition mais j’ai eu le plaisir d’y voir deux illustrations de NAKAKI PANTZ (ナカキパンツ), les deux visages féminins ci-dessus. Son style graphique est immédiatement reconnaissable. Je vois qu’elle continue à dessiner les pochettes pour les musiciens de MAISONDes et, dernièrement, on peut également voir ses illustrations sur une publicité Nissin Cup Noodles. Nissin s’est associé depuis longtemps avec des artistes graphiques de renom ou en devenir. Une des campagnes les plus connues était celle intitulé Freedom par Katsuhiro Ōtomo. Ces publicités sont assez souvent décalées et j’avais déjà évoqué tout cela dans un billet précédent. Parmi les sept artistes présentés, on trouve également l’illustratrice AKI AKANE (秋赤音) que j’avais déjà évoqué ici pour avoir vu une de ses expositions chez le libraire Komiyama Tokyo à Jimbochō. En repassant d’ailleurs par Jimbochō, je suis monté aux étages de cette librairie et j’ai constaté qu’on y montrait toujours des illustrations d’AKI AKANE. J’ai hésité à acheter son livre d’illustrations, car je ne pense pas apprécier la totalité de ses dessins, mais l’approche très pop de l’illustration montrée sur la photo de droite ci-dessus est vraiment magnifique. J’aime aussi beaucoup son approche graphique sur l’illustration de gauche, utilisant des ossements comme ornements vestimentaires.

ほら進め、前へ進め

Ce bâtiment couvert d’un treillis de bois se trouve sur le campus de l’Université Sophia (上智大学) à Yotsuya, mais il est accessible depuis la rue. Il s’agit du bâtiment numéro 15 de l’université (上智大学15号館) et il a été conçu par Sumitomo Ringyō (住友林業). Les formes de croix qui se répètent nous rappellent que cette université est chrétienne. A part cette façade extérieure remarquable, la structure de ce petit bâtiment construit en bois semble beaucoup plus classique. Il a ouvert cette année avec des salles d’étude aux étages et il doit y avoir un café ouvert au public au rez-de-chaussée. Je ne suis pas sûr qu’il soit déjà ouvert, car le site internet de l’école annonçait une ouverture à l’automne. Après avoir fait un tour rapide du bâtiment, je me suis rendu compte qu’il se trouvait à Kioichō, d’où l’envie d’aller voir ensuite le Kioi Seidō se trouvant dans le même quartier. Je ne sais pour quelle raison j’ai toujours du mal à réaliser que Yotsuya est aussi proche d’Akasaka.

Depuis les étages du centre commercial Ariake Garden, deux centres olympiques se détachent du commun des buildings. On remarque tout de suite les formes affûtées et le bois du centre gymnastique d’Ariake conçu par Nikken Sekkei. Sur la droite, l’autre centre olympique Ariake Arena, conçu par Kume Sekkei, à des formes et une couleur plus discrètes. J’avais été les voir de près l’année dernière mais on ne pouvait pas accéder à la base de ces deux bâtiments. Ces centres sportifs avaient tous les deux été utilisés pour les Jeux Olympiques de Tokyo l’été dernier. Ces jeux qui nous avaient passionné pendant leur déroulement me paraissent maintenant bien lointains, certainement car l’entrée de ces lieux nous était interdit à cette époque. Avec le recul, c’est comme si ils n’avaient pas vraiment eu lieu, comme une vaste illusion collective.

La vallée de Todoroki (等々力渓谷) est pourtant inscrite dans les guides sur Tokyo, mais je n’y suis allé que récemment. Elle se trouve dans l’arrondissement de Setagaya au milieu de quartiers résidentiels denses, s’étendant sur une longueur d’environ 1km. On accède à cette petite vallée depuis la station de Todoroki. Il faut marcher quelques dizaines de mètres pour trouver l’entrée du parc au pied d’un pont rouge appelé Golf Bridge car il desservait autrefois un terrain de golf. Un escalier nous donne accès au creux de la vallée entourée de végétation. On longe la fine rivière Yazawa, qui plonge plus tard dans la rivière Tama, en parcourant un chemin étroit. On se croit soudainement très éloigné de la ville, sauf à l’endroit où la vallée passe dessous la grande avenue périphérique Kanpachi. On sort de la vallée au niveau du temple Todoroki Fudōson (等々力不動尊). L’endroit est paisible. Quelques enfants y étaient habillés de kimonos pour la cérémonie des 7-5-3 ans (七五三). Après ce passage impromptu dans la nature, on retourne rapidement vers la réalité urbaine. Direction Jiyūgaoka que j’ai déjà montré dans le billet précédent.

Avant d’aller voir son concert à Shibuya le 15 Novembre 2022 , je suis parti à la découverte des mini-albums de Miyuna (みゆな) sortis avant son premier album Guidance (ガイダンス). J’ai déjà parlé brièvement de Reply dans un billet précédent et j’aborde dans ce billet celui intitulé Yurareru (ユラレル) sorti le 18 Septembre 2019. Miyuna n’avait à cette époque que 17 ans et on a beaucoup de mal à s’en rendre compte, vu la maturité de sa voix et de son chant. Ce qui est amusant tout de même, c’est qu’elle écrit dans les paroles du morceau Kan Beer (缶ビル) des phrases comme « ビルを買って » (Achètes moi de la bière), alors qu’elle n’est légalement pas en âge d’en boire. Ce morceau en particulier est d’ailleurs produit et arrangé par Shin Sakiura, nom que je trouve régulièrement sur mon chemin au fur et à mesure de mes découvertes musicales. Je le mentionnais rapidement auparavant, Shin Sakiura a notamment collaboré avec AAAMYYY pour quelques morceaux comme Kono mama Yume de (このまま夢で) ou Night Running (dont mahl parlait d’ailleurs sur son blog). Il a aussi arrangé le morceau Takes Time de son album Annihilation. Ce qui me fait penser que j’aimerais vraiment voir AAAMYYY en concert, mais elle a l’air plutôt active en ce moment comme membre du groupe Temparay, qui ne m’intéresse malheureusement moins musicalement. Shin Sakiura avait également assuré la pré-production de trois morceaux du premier album d’AiNA The End (ハロウ, サボテンガール et STEP by STEP) et plus récemment écrit et composé le morceau Higher du premier album de la re-formation de EMPiRE en ExWHYZ. Je ne dirais pas que ses compositions sont particulièrement originales ni disruptives mais elles ont le mérite d’être fluide et naturelle, sans superflu ou extravagance. Et cela s’accorde très bien avec ce morceau de Miyuna au point où il devient un des morceaux que l’on retient immédiatement dès la première écoute du mini-album. C’est un morceau volontairement ludique gagnant rapidement l’auditoire. C’est d’ailleurs le morceau que Miyuna avait choisi pour ses interactions avec le public pendant les rappels du concert à Shibuya auquel j’avais assisté. Le morceau le plus marquant émotionnellement du mini-album est le dernier intitulé Ikinakya (生きなきゃ) que j’évoquais déjà longtemps dans mon rapport du concert car il s’agissait d’un des moments forts. Comme sur tous ses albums, il y a en général une balade que j’aime un peu moins. Il s’agit ici du troisième morceau intitulé Boku to Kimi no Lullaby (僕と君のララバイ). Je suis beaucoup plus attiré par l’énergie pop de morceaux comme Susume (進め) ou Guru Guru (グルグル), un autre morceau phare de ce mini-album. Le premier morceau prenant le titre de l’album, Yurareru (ユラレル), est un des plus intéressants en terme de construction, notamment car il est soudainement interrompu par une rébellion instrumentale. Il est plus sombre bien qu’ayant par sursauts une dynamique forte marquée par le phrasé rapide de Miyuna. Sa versatilité vocale lui permet beaucoup de retournements de situations dans ses morceaux. Kuchinashi no Kotaba (くちなしの言葉) est un autre morceau que j’aime particulièrement et que j’ai d’ailleurs beaucoup écouté avant le concert, ce qui tombait bien car elle l’a également interprété. Je trouve que c’est un des meilleurs morceaux de sa discographie. Miyuna écrit les paroles et compose la musique de la plupart de ses morceaux, mais on voit parfois le nom de TSUGE à la composition musicale. TSUGE semble être un collaborateur fidèle car je le vois également mentionné sur l’album Guidance. Même si Yurareru n’est pas aussi abouti que Guidance, on y trouve une émotion qui me touche personnellement beaucoup.

Mokuzai Kaikan

J’ai déjà montré dans un billet précédent des photographies du parc de Yumenoshima (l‘île des rêves) mais j’allais presque oublier de montrer des photos du building que j’étais avant tout venu voir lors de ce passage à Shin-Kiba, il y a quelques semaines. Il s’agit du Mokuzai Kaikan par Tomohiko Yamanashi et Takeyuki Katsuya de Nikken Sekkei. Il s’agit des bureaux de l’association des grossistes en bois. Le concept du building est de montrer l’attrait de l’utilisation du bois en architecture, comme Kengo Kuma le fait également très bien. L’alliance du béton brut avec l’agencement apparemment aléatoire des éléments de bois rend l’ensemble très élégant. J’aurais aimé voir ici un building de plusieurs étages entièrement construit en bois, comme celui novateur installé à Oiso dans la préfecture de Kanagawa, mais celui-ci a tout de même un design de façade très intéressant. Je ne suis pas sûr qu’on puisse se déplacer librement à l’intérieur, mais j’y suis allé un dimanche et le hall d’entrée était de toute façon fermé. Comme le nom le suggère, les zones de Kiba et Shin-Kiba sont historiquement liées à l’industrie du bois de construction. Kiba était devenu le centre principal pour cette industrie dès 1657 suite à une décision du shogunat Tokugawa. Shin-Kiba est une zone gagnée sur la baie qui a ensuite été utilisée par cette industrie du bois de construction à partir des années 1970, en remplacement de Kiba. Et pour en savoir un peu plus sur ce building, je laisse un lien vers un article de The Architectural Review.

飲み込んで東京

Les rues que je montre sur les photographies de ce billet sont bordées d’architecture mais je n’en connais pas toujours l’architecte. Je me dis en prenant les deux premières photographies du billet que c’est une bonne idée de laisser des passants intégrer le cadre même si leurs mouvements parfois incontrôlés car non-linéaires m’obligent à réagir vite, ce qui n’est pas toujours mon fort. Mon temps de réflexion prend malheureusement souvent le dessus sur celui de l’instinct. Ce type de composition apporte une dynamique un peu différente. Le bâtiment blanc de forme massive sur la deuxième photographie me fait penser à une forteresse imprenable. Les fines fenêtres ressemblant à des meurtrières de château fort renforcent cette impression. La forme coupée à l’oblique de sa base donne une certaine élégance à l’ensemble et vient laisser un peu de place pour un étroit bassin dans lequel court un filet d’eau. Cette forme oblique et le petit cours d’eau apportent une certaine délicatesse qui vient adoucir l’impression massive de l’ensemble. Il s’agit du building des éditions Shogakukan (小学館ビル) à Jimbocho, conçu par Nikken Sekkei (日建設計).

Même sous la chaleur intenable de l’été, je marche en ce moment beaucoup pendant les week-ends, au point où j’ai tendance à oublier le parcours que j’ai suivi, ces photographies datant déjà d’il y a plusieurs semaines. La troisième et la cinquième photographie me rappellent que je suis passé par Hitotsubashi. On traverse à cet endroit la rivière Nihonbashi (日本橋川) qui diverge de la rivière Kanda un peu plus haut et vient se déverser dans la rivière Sumida après être passée sous le fameux pont Nihonbashi. Cette rivière a le malheur d’être presqu’entièrement recouverte par l’autoroute circulaire métropolitaine. Un jour peut-être, elle retrouvera un ciel. À Hitotsubashi, juste à côté de la station de métro Takebashi, se dressent les 9 étages du Palaceside building conçu par l’architecte Shoji Hayashi pour les quartiers généraux du journal Mainichi Shimbun. Je le montre sur la cinquième photographie prise depuis le bord des douves du Palais Impérial. La dernière photographie est prise dans un tout autre endroit car il s’agit de Minami Azabu. Je suis souvent passé devant cet élégant bâtiment de verre, sans savoir qu’il s’agissait de l’architecture de Tadao Ando. L’oeuvre d’art disposée au dessus de l’entrée est vraiment étrange. Je n’en connais pas l’artiste mais j’ai lu quelque part qu’il s’agirait probablement d’un hommage au Saut dans le vide d’Yves Klein. Derrière les parois de verre et de béton de ce bâtiment appelé Yuan (游庵), se cache un musée privé contenant la collection d’art contemporain du constructeur Obayashi Corporation. Ce musée n’est pas ouvert au public et on ne sait donc pas ce qu’il contient exactement, mais on y trouverait apparemment des œuvres d’Olafur Eliasson et de Tokujin Yoshioka, entre autres. Cet endroit reste bien mystérieux et on n’en saura pas beaucoup plus tant que ce musée restera fermé au public.

Je ne pensais pas me lancer dans la collection d’anciens magazines musicaux japonais abordant Sheena Ringo, mais on dirait bien que j’ai posé un pied dans cette direction en trouvant soudainement sur Mercari le fameux numéro du mois de Mars 2000 du magazine Sony Music Gb montrant en couverture Sheena Ringo marchant dans les rues d’Ueno en robe de mariée. Ces photographies prises par Meisa Fujishiro sont particulièrement iconiques et je n’ai pu m’empêcher de l’acheter dès que je l’ai vu en vente. Le magazine n’est pas vraiment facilement trouvable et en général beaucoup plus cher que le prix auquel je l’ai trouvé. Le numéro contient 20 pages de photographies à Ueno et 4 pages d’interview par Yuichi Hirayama, couvrant la sortie récente simultanée des deux singles Tsumi to Batsu (罪と罰) et Gips (ギブス) le 26 Janvier 2000, deux mois avant la sortie de son deuxième album Shōso Strip. Il y a d’ailleurs une publicité pour ces deux singles en double page dans le magazine. La série de photographies en robe de mariée se déroule principalement dans le parc d’Ueno et dans la rue commerçante Ameyoko (アメ横). Quand elle était plus jeune, Sheena avait un petit boulot dans un magasin de disques d’Ameyoko et nous dit dans l’interview être passée voir son ancien patron pendant la prise des photos. Je pense qu’une des photos a d’ailleurs été prise dans ce magasin de disques. L’interview ne donne pas d’explication sur le fait qu’elle porte une robe de mariée, mais nous parle assez longuement des deux nouveaux singles: Tsumi to Batsu et Gips. Elle nous explique que Gips est un morceau assez ancien car elle l’a écrit quand elle avait 17 ans, tandis que Tsumi to Batsu est plus récent. Comme elle l’expliquait également dans son émission Etsuraku Patrol, Sheena a d’abord joué ces morceaux en concert l’année précédente (en 1999) et avait même demandé au public d’écrire à la maison de disques pour faire pression pour sortir Tsumi to Batsu en single. Il semble que l’idée de Toshiba EMI était plutôt de sortir Gips en single en Janvier 2000, après Honnou (本能) sorti en Octobre 1999. Elle a finalement obtenu ce qu’elle souhaitait car le morceau est sortie en single en simultané avec Gips. Elle nous dit dans l’interview qu’elle avait d’abord un avis un peu partagé sur son morceau Gips mais que les arrangements de Seiji Kameda lui ont donné un nouvel attrait qu’elle ne soupçonnait pas. Elle insiste beaucoup dans l’interview sur la venue de Kenichi Asai (aka Benji) de Blankey Jet City pour l’enregistrement de la partie guitare de Tsumi to Batsu, le 13 Juillet 1999. Elle lui a apparemment adressé une lettre de fan quelques mois plus tôt pour lui demander de jouer sur ce morceau en insistant bien sur le fait qu’il n’y a que lui qui pourrait jouer dessus. Il faut se rappeler que Sheena est une fan excessive (et même maladive) de Benji à cette époque. Lire Sheena dans cette interview quand elle parle avec enthousiasme de Benji est particulièrement intéressant et amusant. Benji semble avoir accepté assez facilement son offre, car ça transparaît assez clairement qu’ils s’apprécient mutuellement. Sheena le décrit souvent comme une personne qui vit sa musique plutôt qu’il en joue. Elle le dit quelques fois à cette époque mais elle a une passion proche du fétichisme pour les guitaristes, mais l’histoire ne raconte pas jusqu’où ça va. Sur Tsumi to Batsu, je n’avais pas réalisé que les sifflements à la fin du morceau étaient aussi ceux de Kenichi Asai et qu’ils sont différents, plus longs et accentués, sur la version single par rapport à la version de l’album. Dans les crédits sur le livret du single, Sheena mentionne « 恰好良い電気式ギターと歯笛 » (belle et cool guitare électrique et sifflements entre les dents) à côté du nom de Kenichi « Benji » Asai. Je ne connaissais pas cette méthode du sifflement entre les dents plutôt qu’entre les lèvres. Une autre anecdote est que pendant cette session d’enregistrement, Seji Kameda qui assure la basse en plus de la production, Kenichi Asai et Masayuki Muraishi à la batterie se rendent compte qu’ils sont tous les trois du même signe astral chinois, celui du dragon (ils sont tous les trois nés en 1964). Cette coïncidence leur fait dire, en plaisantant très certainement, qu’ils devraient par conséquent monter un groupe. En continuant cette plaisanterie, l’interviewer ajoute qu’ils auraient pu s’appeler les Dragons. Ceci me fait me rendre compte que je suis du même signe chinois qu’eux, mais plus jeune d’un cycle.

L’interview aborde également les morceaux en B-side, notamment Σ sur le single Gips, qu’elle a déjà joué auparavant en concert pendant sa tournée universitaire Manabiya Ecstasy (学舎エクスタシー). Hisako Tabuchi du groupe Number Girl y joue de la guitare. Sheena precise dans Le magazine qu’elles sont amies depuis longtemps (Number Girl est aussi originaire de Fukuoka). Sheena l’appelle même Chako chan (チャコちゃん) dans l’interview (bien qu’elle soit de trois ans son aînée). Sheena lui aurait demandé du jour au lendemain de jouer sur ce morceau ce qu’elle aurait tout de suite accepté. Hisako serait venue en train le lendemain jusqu’à l’appartement de Sheena pour ensuite partir toutes les deux vers le studio. Elle ne le dit pas, bien sûr, dans l’interview mais il est possible qu’elle habitait à Okachimachi (御徒町) à cette période là, lieu qui est d’ailleurs proche d’Ueno et Ameyoko. L’enregistrement de Σ aurait seulement demandé quelques prises ce qui aurait surpris Hisako car elle est habituée aux enregistrements de Number Girl prenant beaucoup plus de temps. Sheena nous donne ce genre de petits détails et anecdotes dans l’interview. En lisant l’interview, j’imagine très bien sa voix nous expliquant tout cela, celle de l’époque, pleine d’une sorte d’excitation et d’énergie un peu naïve de la jeunesse. Sur le même single Gips, j’adore la reprise du morceau Tokyo no Hito (東京の女) du groupe The Peanuts sorti initialement en 1970. J’avais d’ailleurs récemment repris les dernières paroles de ce morceau comme titre de billet. Le morceau 17 présent sur le single Tsumi to Batsu est également ancien, car elle l’a écrit au lycée alors qu’elle venait d’avoir 17 ans. Elle nous dit que les paroles sont restées inchangées depuis cette époque, à part quelques mots qu’elle a remplacé alors qu’elle était en homestay à Londres. C’est à peu près à cette période qu’elle décide de quitter le lycée. Elle a écrit les paroles en anglais car elle appréciait beaucoup la chanteuse Janis Ian à cette époque. L’anglais donne une impression très mature à son chant sur ce morceau (c’était d’ailleurs ce qu’indiquait Ikkyu Nakajima à propos de ce morceau lors d’une interview ). L’autre morceau du single Tsumi to Batsu, Kimi no Hitomi ni Koi shiteru (君ノ瞳ニ恋シテル), est également chanté en anglais car il s’agit d’une reprise du morceau Can’t Take My Eyes Off You écrit par Bob Crewe et Bob Gaudi pour le chanteur Frankie Valli en 1967. Dans l’interview, Sheena nous dit qu’elle aimait en fait chanter la version du chanteur anglais Engelbert Humperdinck. L’interviewer aborde les paroles du morceau Gips en disant qu’elles ont quelque chose d’effrayant, ce qui me rappelle qu’elles font référence à Kurt Kobain en mentionnant directement les prénoms de Kurt et Courtney et en évoquant l’arrivée du mois d’Avril comme un mauvais souvenir (c’était le mois de son suicide en 1994). Sheena a écrit ce morceau un an après sa mort, quand elle avait 17 ans.

L’interviewer Yuichi Hirayama pose ensuite la question du prochain album Shōso Strip qui n’est pas encore sorti au moment de l’interview mais qui sortira dans quelques mois. Elle ne donne en fait pas le titre de l’album dans cette interview mais donne seulement les initiales SS, tout en indiquant qu’il vient après Muzai Moratorium qui avait les initiales MM. Elle ne l’indique pas clairement dans l’interview mais suggère une logique dans le choix des noms d’albums à travers les initiales choisies. Je me demande s’il ne s’agit pas de M pour Masochisme et S pour Sadisme, car on sait qu’elle utilisait souvent ce dernier qualificatif à son propos au début de sa carrière. La suite est plus mystérieuse car elle indique que MM et SS à eux deux font 24 morceaux (11 sur Muzai Moratorium et 13 sur Shōso Strip) et ça a l’air de beaucoup la satisfaire. Elle explique à l’interviewer qu’elle aime les maths et que pour elle, 24, c’est « ハッサンニジューシ » ou à l’inverse « サンパニジューシ ». L’interviewer, un peu perdu dans cette explication, lui dit qu’il ne comprend pas ce qu’elle veut dire et change donc rapidement de sujet. J’aurais bien aimé écouter une version audio de cette interview à ce moment particulier d’incompréhension. Je me suis aussi demandé ce qu’elle voulait dire. J’ai vite compris que « ニジューシ » correspond à 24, le nombre total de morceaux des deux albums, mais pourquoi « ハッサン » pour 83 et « サンパ » pour 38… Ne trouvant pas d’explications logiques, je fais appel au fiston qui, lui, comprend très vite que ça correspond à 8 multiplié par 3 (ハッサン) ou 3 multiplié par 8 (サンパ). Il s’agit apparemment d’un moyen mnémotechnique pour se souvenir des tables de multiplication. Le mystère est peut être résolu mais ce qui m’intéresse quand même beaucoup, c’est que Sheena accorde une importance certaine à ce genre de chose pour ses albums. Ce détail mathématique vient compléter certaines des propriétés arithmétiques et géométriques de l’album Shōso Strip (symétrie des morceaux, durée de 55mins 55sec) que l’on connaît déjà. L’interview ne fait que quatre pages mais il est riche en information, dont un grand nombre que je ne connaissais pas. J’aime surtout les petites anecdotes qui permettent de mieux comprendre la construction d’un morceau qu’on a déjà beaucoup écouté et qui permettent de l’écouter ensuite avec une oreille un peu différente. Le problème qui découle de ce genre de lecture est que j’ai bien peur d’être parti pour rechercher d’autres anciens magazines de cette époque. En attendant, j’irais bien faire un petit tour dans les rues d’Ueno, à Ameyoko, pour voir si j’y trouve la trace du vendeur de disques dans lequel elle aurait travaillé.

Je partage ci-dessous une petite playlist de 8 morceaux à l’esprit rock, se composant exclusivement de morceaux intitulés Tokyo ou 東京. Les trois images ci-dessus sont extraites des vidéos YouTube de trois des morceaux de cette playlist: De haut en bas, PEDRO, Kinoko Teikoku (きのこ帝国) et Kuwata Keisuke (桑田佳祐).

1. Tokyo par SCANDAL
2. 東京 (Ewig Wiederkehren) par Haru Nemuri (春ねむり)
3. 東京 par Kinoko Teikoku (きのこ帝国)
4. 東京 par PEDRO
5. 東京 par Quruli (くるり)
6. TOKYO par Sheena Ringo (椎名林檎)
7. 東京 par Yazawa Eikichi (矢沢永吉)
8. 東京 par Kuwata Keisuke (桑田佳祐)

Allez savoir pourquoi, l’idée m’est soudainement venue de construire une playlist avec uniquement des morceaux de musique japonaise dont le titre est Tokyo (ou 東京). En fait, il y a un morceau de Keisuke Kuwata (桑田佳祐) prenant ce titre que j’écoute régulièrement, une fois de temps en temps quand l’envie me prend soudainement. Il est sorti en 2002 et je me souviens l’avoir acheté en digital peu de temps après sa sortie. Je n’ai pourtant aucune attirance pour la musique de Keisuke Kuwata ni pour celle de son groupe Southern All Stars (サザンオールスターズ), bien qu’il me soit déjà arrivé plusieurs fois quand j’étais plus jeune de chanter en groupe le morceau Tsunami de Southern All Stars. Ce morceau était extrêmement populaire à sa sortie le 26 Janvier 2000 (tiens, le même jour que la sortie de Gips et Tsumi to Batsu). Tokyo de Keisuke Kuwata m’a beaucoup impressionné dès la première écoute, notamment en raison de sa manière de chanter très lente et insistante. Ce morceau accompagnerait bien un film noir avec une histoire d’amour compliquée, car je lui trouve une ambiance de passion toute cinématographique. Le morceau n’a pas, à ma connaissance, été utilisé pour un film mais Kuwata dit lui même de ce morceau qu’il a une atmosphère de drama à suspense (サスペンスドラマ的な雰囲気). Réécouter ce morceau m’a rappelé que j’ai dans ma librairie iTunes plusieurs morceaux prenant le titre de Tokyo, et m’a donc donné envie de faire une petite playlist. On trouve bien entendu dans cette playlist le morceau TOKYO se trouvant en position centrale sur le dernier album de Sheena Ringo, Sandokushi. C’est un de mes préférés sur l’album. L’intensité du chant et la beauté impressionnante de la partition de piano y sont pour beaucoup. Le titre de ce billet est en fait la dernière phrase des paroles de ce morceau. Tout comme sur Tokyo no Hito (東京の女), le morceau se termine sur le mot Tokyo s’allongeant longuement pour évoquer peut être la taille gigantesque de cette ville. Ma playlist est très variée mais a quand même clairement une tendance rock. Elle démarre par un morceau du groupe de filles, originaires d’Osaka, SCANDAL. Le Tokyo de SCANDAL est plein d’une énergie puissante en guitares mais conservant une certaine légèreté dans son approche très pop. Je ne connaissais pas vraiment ce groupe et je découvre ce morceau récemment. Je m’étais toujours dit qu’il s’agissait d’un groupe monté de toute pièce, mais en fait non, les quatre membres de SCANDAL se sont en fait rencontrées au lycée et ont commencé leur carrière musicale en jouant des live de rue avant de se faire rapidement remarquer par un label de rock indé. Le morceau qui suit dans ma playlist est 東京 (Ewig Wiederkehren) par Haru Nemuri (春ねむり). Il est beaucoup plus sombre et introspectif. J’avais déjà parlé de cette version de ce morceau, légèrement différente de l’originale, lorsque je l’avais découvert, il y a quelques années de cela. Il y a dans ce morceau une tension musicale et vocale très forte et prenante, brute et instinctive surtout dans sa deuxième partie et sur le final. Je me demande rétrospectivement si ce n’est pas le morceau que je préfère de Haru Nemuri, peut-être plus que les morceaux de Haru to Shura. J’y trouve une intensité émotionnelle que je ne retrouve pas dans les derniers morceaux qu’elle compose. Ce morceau me rappelle tout l’enthousiasme que j’éprouvais pour la musique de Haru Nemuri à sa découverte. 東京 par Kinoko Teikoku (きのこ帝国) est également un morceau rock indé chargé d’émotions. Je le découvre également récemment alors que j’avais beaucoup écouté les premiers albums du groupe, notamment Eureka, que j’avais déjà évoqué sur ce blog. Chiaki Satō, qui mène le groupe au chant et à la guitare, est une de ces interprètes qui vivent la musique avec passion. On le ressent également sur ce morceau qui est le premier de l’album Fake World Wonderland sorti en 2014. Le 東京 qui suit est interprété par le groupe PEDRO, composé entre autres d’Ayuni D de BiSH à la basse et au chant et d’Hisako Tabuchi à la guitare électrique. J’ai déjà parlé de PEDRO ici. Je n’aime pas tous les morceaux du groupe mais celui-ci me plaît beaucoup. Une des conditions est d’accepter la voix d’Ayuni qui part volontiers vers les aigus. J’aime beaucoup l’atmosphère rock du morceau et les petits sursauts de voix d’Ayuni à la fin des refrains. 東京 par Quruli (くるり) est également un morceau dont j’ai déjà parlé sur Made in Tokyo alors que je découvrais l’album Sayonara Stranger (さよならストレンジャー) sorti en 1999. Comme je l’évoquais précédemment, ce morceau évoque le départ de sa ville natale pour aller vivre à Tokyo en laissant une personne aimée derrière soi. C’est ce qu’on appelle le jōkyō (上京), le départ vers Tokyo, en japonais. Il faut noter que tous les groupes, compositeurs, compositrices et interprètes de cette playlist ont fait ce départ vers Tokyo, ce qui explique certainement ce besoin de prendre Tokyo comme thème d’un morceau. Quruli est par exemple un groupe originaire de Kyoto. SCANDAL, je le mentionnais vient d’Osaka. Haru Nemuri est originaire de Yokohama. Chiaki Satō de Kinoko Teikoku vient de la préfecture d’Iwate. Ayuni D de PEDRO est originaire de Sapporo tandis qu’Hisako Tabuchi vient de Fukuoka, tout comme Sheena Ringo. Keisuke Kuwata est né à Chigasaki dans la préfecture de Kanagawa, tandis que Yazawa Eikichi (矢沢永吉) est originaire d’Hiroshima. Je n’ai pas encore évoqué Yazawa Eikichi dont le morceau Tokyo, datant de 1993, fait également partie de ma petite playlist. Yazawa Eikichi est un monstre sacré au Japon fêtant tout récemment ces 50 années de carrière musicale. Il n’est pas rare d’apercevoir dans tout le Japon des voitures ou des camions décorés d’autocollants du logo de Yazawa. A vrai dire, je n’ai pas l’habitude d’écouter sa musique, mais j’ai tout de suite été saisi par celle-ci. Comme pour le morceau de Keisuke Kuwata, on y ressent une atmosphère cinématographique. Le Tokyo de Yazawa Eikichi a en fait été utilisé pour un drama policier. Je ne suis pas sûr de poursuivre l’écoute avec d’autres morceaux de Yazawa Eikichi, mais j’aime beaucoup le fait que cette petite série prenant pour titre Tokyo, m’a ouvert quelques nouveaux horizons.