Nikkō au milieu d’une lumière solaire

Nous n’avions pas fait de sortie hors de Tokyo depuis longtemps et ça nous avait manqué. Nous sommes donc allés à Nikkō, histoire de voir si les lieux n’avaient pas changé depuis plus de 15 ans (la dernière fois que j’y suis allé). Nous y sommes allés en voiture. Il faut prévoir environ 2 heures de route, mais c’est sans compter les embouteillages sur l’autoroute à l’allée et au retour. Cela restait relativement raisonnable cependant sur la voie express du Tohoku et sur l’autoroute intra-muros de Tokyo. Je n’imaginais pas par contre qu’il y aurait autant de monde à Nikkō même. Il a fallu galèrer pour avancer vers le parc abritant les fameux temples et sanctuaires classés au patrimoine mondial de l’UNESCO depuis 1999. A tel point que nous avons préféré aller voir les cascades près du lac Chūzenji en premier dans la matinée, en espérant que ça se décante un peu du côté du centre de Nikkō. On accède au lac d’altitude de Chūzenji par une route en lacets et en sens unique qui grimpe la montagne. La multitude des courbes doit faire le bonheur des motards. Elles sont extrêmement acérées. Conduire une moto me semble tellement loin maintenant, mais voir autant de motards sur ces routes a réveillé un peu la flamme. En haut de ces courbes près du lac, à 1269 mètres d’altitude, se trouve la chute d’eau de Kegon. Elle fait 97 mètres de haut et c’est une des trois plus grandes cascades du Japon. Mari connaissait déjà cet endroit pour y être venu il y a longtemps, lorsqu’elle avait dix ans. En ce qui me concerne, j’avais déjà vu d’autres belles cascades près du lac Chūzenji, celles de Ryuzu, mais elles étaient beaucoup moins impressionnantes que celle de Kegon. Elle est directement reliée par la rivière Daiya au lac Chūzenji. Des mouvements de roches volcaniques ont créé ce décrochage de la roche provoquant ce grand saut dans le vide. La chute d’eau de Kegon a d’ailleurs un côté assez sinistre car on y compte dans le passé nombre suicides de couples sautant dans le gouffre depuis les hauteurs de la cascade. Je pense que cette situation a changé depuis. Mari plaisante exprès en disant à Zoa qu’il doit y avoir de nombreux fantômes dans ce coin là. On les devinerait presque d’ailleurs si on regardait attentivement dans la brume créée par la puissance de la cascade. On peut observer la chute d’eau depuis les hauteurs à travers les arbres, mais pour l’approcher il faut acheter un ticket d’ascenseur qui nous amène pratiquement au pied de la cascade, vers une plateforme d’observation. On ne peut pas accéder à cette plateforme sans s’acquitter de ce billet d’entrée. C’est un peu dommage mais cela vaut définitivement le coup de voir cette immense chute d’eau de près.

Nous reprenons ensuite la voiture pour redescendre une autre route extrême en lacets et heureusement en sens unique pour retourner vers le centre de Nikkō, à la recherche d’un parking qui nous permettra de démarrer notre visite du Tōshō-gū. Le hazard des petites rues boisées proposées par un système de navigation souvent capricieux nous amène jusqu’à un tout petit parking près des arrêts de taxi. Il y a une seule place de libre. Une aubaine, mais nous ne sommes pas à 100% certains que l’on peut stationner ici gratuitement. Il n’y a aucun panneau l’interdisant donc on tente le coup. Le parking donne sur la grande allée principale bordée d’arbres centenaires menant directement à l’entrée du Tōshō-gū. Il y a foule sur la place à l’entrée du Tōshō-gū et il en est de même à l’intérieur. Nous sommes le dimanche d’un week-end de trois jours, ce qui doit expliquer la foule. Il y a beaucoup de japonais, mais également beaucoup d’étrangers et j’entends le français parlé dans les rangs. Il semblerait, m’a t’on dit, que le Japon soit devenu une destination touristique en vogue. J’ai des souvenirs d’un Nikkō beaucoup moins « peuplé » lors de mes premières visites de ces lieux. On fera avec de toute façon, mais c’est un peu déplaisant d’avoir à attendre en file avant de visiter la partie intérieure du Tōshō-gū ou pour monter les escaliers qui mènent jusqu’à la tombe du Shogun Ieyasu Tokugawa. C’est le Shogunat Tokugawa qui est à l’origine de la conception de ces lieux religieux, datant de 1617 pour les premiers édifices, perdus dans une forêt de montagne. Malgré la foule, on est tout de même saisi par la beauté et l’extrême richesse des lieux. Le détail des sculptures et les matériaux dorés sur la surface des temples sont extravagants. Même si on connaît déjà ces endroits, les revoir coupe toujours autant le souffle. Peut-être même plus qu’avant car certaines parties des temples ont été rénovées, donnant un nouvel éclat aux dorures et aux couleurs des sculptures. Nous profitons d’une belle journée ensoleillée pour visiter le parc de Nikkō. Il fait moins chaud qu’à Tokyo. Les rayons du soleil sont arrêtés dans leur élan par les troncs des arbres centenaires, mais quelques mouvements de côté viennent nous baigner dans cette lumière. Au milieu d’une lumière solaire, nous sommes éblouis par les reflets de Nikkō.

Week-end à Nikko

Nikko, le samedi 20 et dimanche 21 Novembre 1999. Après mon petit séjour en France, un « pèlerinage » dans l’un des hauts lieux du bouddhisme japonais s’imposait, histoire de se ré-imprégner du Japon que l’on aime. Nous, SeB, Aya et moi, avons donc décidé d’aller prendre l’air à Nikko, petite ville des plus agréables.

Parlons un peu histoire, c’est à Nikko que repose le shogun Tokugawa Ieyasu (un des seuls dont je connais le nom). Ce lieu a été également choisi par Tokugawa Iemitsu, le petit fils de Ieyasu, pour y ériger un des temples bouddhistes les plus richement décoré du Japon: le Toshogu. Allez, on est parti ! Ikimashou !!

Notre petit périple commence évidemment par la visite des temples de Nikko et plus particulièrement du Toshogu.


(ci-dessus) Une petite vue d’ensemble de l’entrée des temples de Nikko, pour mettre dans l’ambiance.

On commence par le jardin Shoyoen, « jardin ou l’on flâne », nom donné par Issai Satoh (1772-1859), un érudit confucéen de la période d’Edo. Le jardin est composé d’un petit plan d’eau avec carpes (koi), l’eau est l’élément essentiel du jardin japonais. Mais le meilleur, c’est cet arbre aux feuilles rouges écarlates: momiji. On trouve également ce type d’arbres au Canada, c’est la feuille rouge du drapeau canadien. Cette période est idéale pour admirer la campagne japonaise. Les forêts sont teintées de toutes les couleurs imaginables (sauf le bleu, …). Bref, c’est un plaisir pour les yeux.


(ci-dessus) Le jardin Shoyoen et un type qui s’est mis devant l’appareil au dernier moment, c’est malin.


(ci-dessus) Voilà les arbres dont je parlais auparavant.

On continue la visite des temples (le « des », c’est parce qu’il y en a au moins une vingtaine éparpillée dans la forêt). Le « temple du Dragon » (appellation personnelle) est particulièrement intéressant. Il est composé d’une grande peinture de dragon au plafond. L’acoustique de la pièce est étudiée de telle facon qu’un son aiguë (deux plaquettes de bois s’entrechoquant) émis sous la tête du dragon entre en résonance et provoque un écho d’une vingtaine de secondes.


(ci-dessus) Un des nombreux temples, perdus dans la nature, bordant un cimetière (c’est gai, je sais).


(ci-dessus) Un autre spécimen de temple. On est devant l’entrée principale. On pouvait visiter pratiquement tous les temples et éventuellement faire une petite prière (dans le cas ou l’on connait des gens qui vont passer un exam de pharma, par exemple).

Le temple principal du complexe est bien entendu le Toshogu. C’est un temple très décoré aux formes compliquées. Étonnamment, on trouve également des temples shintoïstes (jinja) à Nikko. Bizarre, bizarre …


(ci-dessus) Bon, voici enfin le Toshogu. Fallait patienter un peu.


(ci-dessus) A proximité du Toshogu, une petite pagode célèbre pour une sculpture sur bois représentant trois singes (y’a pas mal de singes en liberté a Nikko). La pagode abrite également un cheval blanc (d’henri 4) offert par la Nouvelle Zelande (Il serait, parait-il, sacré).


Même à Nikko, on a du mal à passer inaperçu. Avec nos fans.

Le soir, rien de tel qu’un minshuku (hôtel de type « ryokan » donc traditionnel avec tatamis et futons, mais dans une famille). La dame qui nous a accueilli se trouve être une joueuse de koto réputée. Le koto est un instrument traditionnel à 13 cordes, à l’horizontal. Il symbolise le dragon: la queue à droite, la tête à gauche, les petits ponts et les cordes représentent la crête du dos. Avec un beaucoup d’imagination, on reconnait, non? Regardez la photo pendant quelques minutes, vous verrez.

SeB et moi avons pu nous initier en jouant l’air le plus connu: »sakura sakura ». (C’est un sacrilège, mais la musique avait été reprise dans la pub Obao. Hum, Hum !!). N.B: le moins cher des koto coute 100,000 yens soit environ 5,000 francs et mesure bien 2m de long.

Ce même soir, nous avons également eu droit à un repas délicieux, préparé avec amour: sukiyaki (viande fine, champignons, tofu et autres légumes préparés dans une sauce bouillante). Oishii !! Et tout ca, suivi d’un bain chaud au Onsen voisin.

Definitly, le minshuku est LA formule pour découvrir le Japon.

Le lendemain, à la fraiche, on reprend la route pour le lac Chuzenji et ses nombreuses cascades: Kegon no taki est merveilleuse, mais aussi réputée pour ses suicides (sic !!).


(ci-dessus) Le lac Chuzenji au fond.


(ci-dessus) Le long d’une cascade menant à la cascade que l’on voit ensuite.


(ci-dessus) La fameuse cascade. Ici avec Jamiroquai, en guest star. A droite, la cascade de Kegon, elle est magnifique. Qu’en pensez vous?.

Le week-end se termine, retour à Tokyo sous la conduite avisée de maya tchan.