春休みin沼津and伊豆(petit 3)

Sur l’île d’Awashima, on peut croiser à plusieurs endroits des affiches de l’anime LoveLive! Sunshine!! (ラブライブ!サンシャイン!!) qui suit les aventures d’un jeune groupe d’idoles nommé Aqours scolarisé à Numazu dans l’École privée pour filles Uranohoshi (私立浦の星女学院). Je n’ai pas d’intérêt particulier pour cette série que je n’ai jamais vu mais je me souviens avoir aperçu il y a quelques années un train superbement décoré des personnages de cette série animée. C’était un train de la ligne Izu Hakone que j’avais vu à la station de Mishima, près de Numazu. Cette série animée semble en tout cas être un argument encourageant le tourisme dans cette région côtière. Le petit bateau nous amenant jusqu’à l’hôtel Awashima est également décoré d’illustrations de ces jeunes idoles imaginaires avec signatures et dédicaces. Outre son hôtel, la petite île-montagne d’Awashima comprend également un aquarium et son espace extérieur avec dauphins, otaries et pingouins, et un vivarium de grenouilles multicolores. On peut rapidement faire le tour de l’île en trente ou quarante minutes, mais il faut environ cinquante minutes aller retour pour grimper jusqu’au petit sanctuaire se trouvant en son centre. Nous n’aurons pas le temps ni le courage d’y aller. Je préfère de toute façon passer quelques dizaines de minutes dans le jardin au bord de l’eau, près d’une statue ronde et polie de marbre blanc créée par Kan Yasuda (安田侃). Le Mont Fuji que je regarde avec insistance est immuable mais les nuages et le vent qui commence à se faire fort viennent progressivement modifier sa composition visuelle. Ce jardin a un petit quelque chose de méditerranéen et ça me rappelle des souvenirs d’enfance lointains. Vers midi, nous reprenons la route pour entrer un peu plus à l’intérieur d’Izu.

Dans la playlist qui nous accompagne, on compte deux autres morceaux. Le premier s’intitule Linda par CENT avec Utaha (詩羽). Utaha, échappée provisoirement de Suiyoubi no Campanella (水曜日のカンパネラ), avait sorti le 17 Décembre 2024 un très bon single intitulé Bonsai en duo avec CENT, aka Cent Chihiro Chichi (セントチヒロ・チッチ) de ex-BiSH. J’en avais déjà parlé dans un précédent billet. CENT lui renvoie en quelque sorte l’ascenseur car le single Linda, que j’écoute maintenant, sorti le 11 Mars 2025, est un morceau de CENT avec Utaha comme invitée. Les photographies de couverture de ces deux morceaux semblent d’ailleurs avoir été prises lors de la même session photo. Bonsai était par contre sorti chez Warner Music, tandis que Linda est référencé chez Stardust Promotion qui doit être la nouvelle agence de CENT. Les deux morceaux s’accordent bien ensemble bien que Bonsai adoptait un phrasé hip-hop tandis que Linda a une approche beaucoup plus pop rock, assez classique mais extrêmement réjouissante. La voix d’Utaha y est très affirmée par rapport à CENT qui a une voix un peu plus douce, mais elles restent toutes les deux sur des mêmes tons, ce qui donne une belle harmonie. On continue ensuite avec le pop rock sur un morceau intitulé I’m So Sorry de N-FENI (ん・フェニ), dont j’avais déjà parlé ici pour son single All Night Radio (アールナイトレディオ). Pendant son exposition de photographies, Mana Hiraki (平木希奈) m’avait dit qu’elle travaillait sur une nouvelle vidéo qui devait bientôt sortir. Je comprends maintenant qu’il s’agit de ce nouveau single de N-Feni, et une fois de plus, c’est sa vidéo qui me renvoie vers un excellent morceau, à l’énergie débordante et communicative. N-FENI a arrangé et produit elle-même ce morceau avec son groupe, et le résultat est réussi sans révolutionner le genre. Mais quand on aime ce genre pop rock indé, légèrement teinté d’une atmosphère rêveuse d’ailleurs très bien représentée par la vidéo, on aimera ce nouveau single.

春休みin沼津and伊豆(petit 1)

Nous avons l’habitude de prendre des petites vacances de printemps au mois de Mars avant la rentrée scolaire, mais celles de cette année étaient particulièrement courtes. Nous ne sommes en fait partis que deux jours qui avaient goût de trop peu. Notre destination était Numazu puis une petite partie de la péninsule d’Izu juste à côté. Pas de longs déplacements en voiture cette fois-ci même si les embouteillages après être sortis de Tokyo vers Yokohama Machida sur l’autoroute Tōmei ont bien allongé la durée du voyage. Les embouteillages à cet endroit là sont un paramètre obligé à intégrer au voyage. On prend de tout façon son temps en écoutant la playlist musicale que j’avais préparé à l’avance, ou celle du grand sur Spotify ou la radio si on a fait le tour de tout ce qu’on avait prévu d’écouter. Je commence donc une petite série photographique sous une météo idéale, ce qui ajoute au plaisir de se promener. Nous allons à Numazu car nous y avons des liens familiaux. Nous passons d’abord par le sanctuaire Maruko Sengen (丸子神社 浅間神社), où on a pu admirer quelques beaux cerisiers déjà en fleurs. Nous continuons ensuite vers le bord d’océan comme d’habitude très venteux à cet endroit au bord de la forêt de grands pins. Ils se sont progressivement pliés par la force des vents pour nous laisser apercevoir au loin le Mont Fuji couvert de neige.

Dans un des récents billets de son blog, mahl nous parle très bien du morceau Movie Light de Satoko Shibata (柴田聡子), ce qui me donne immédiatement envie de l’écouter. J’ai souvent croisé le nom de Satoko Shibata dans des articles musicaux. Il me semble même avoir écouté un ou deux morceaux sans forcément avoir été plus loin dans l’écoute. Ce n’était peut-être pas le bon moment ou le bon morceau. Movie Light semble être le bon morceau au bon moment car j’ai été tout de suite séduit par sa composition à la fois assez atypique et très fluide. On est tout de suite transporté par le morceau dès les premières notes qui ont une ambiance très cinématographique. Tout comme mahl l’explique sur son blog, on se sent enveloppé et ensorcelé par le déroulement de ce morceau. Movie Light ouvre l’album Your Favorite Things sorti en Février 2024. Je n’ai pas encore écouté l’album en entier mais je continue par le morceau intitulé Reebok et je trouve son ambiance neo city pop toute à fait fabuleuse. En écoutant ce morceau pour la première fois, j’ai eu l’impression que c’était exactement le morceau que je voulais écouter à ce moment là. C’est peut être parce que cette musique très marquée city pop permet de nous évader dans un monde où les choses semblent légères et sans grande importance. C’est du moins l’impression que me donne la city pop d’une manière générale.

Du coup, j’ai eu envie de continuer cette expérience musicale neo city pop en me dirigeant ensuite vers Hitomitoi (一十三十一). Cela fait un bon petit moment que je suis intrigué par son nom en japonais basé sur un palindrome. J’avais également noté la sortie de son nouveau single Like a First Kiss avec Wild Nothing, projet indie rock de l’américain Jack Tatum. Les collaborations internationales se font de plus en plus fréquentes et c’est agréable de constater qu’elles sont souvent réussies. J’écoute donc ce single à l’ambiance pop, qui me fait par moment penser qu’elle a également un petit accent French Touch. J’ai peut-être cette impression car Hitomitoi a également sorti un single il y a quelques années avec DÉ DÉ MOUSE intitulé Love Groovin’ dans une collaboration référencée comme étant un cross-over entre la city pop et la French Touch. Ce que j’aime dans les morceaux d’Hitomitoi, c’est son approche un peu kitsch tout à fait assumé, qui est vraiment rafraîchissante. Ce côté kitsch se ressent dans les paroles, comme sur le morceau Last Friday Night Summer Rain, mais également dans les photographies de couverture de ses albums. C’est soit Hitomitoi à la plage (sur Surfbank Social Club), Hitomitoi sur les pistes de ski (sur Snowbank Social Club), Hitomitoi à la piscine (sur City Dive)… Je trouve dans sa discographie, quelques pépites neo city pop, comme DIVE de l’album City Dive qui est très accrocheur dès la première écoute. Ça donnerait envie de louer une décapotable rouge (celle de Outrun) et de rouler le long de la route 134 au bord de l’Océan Pacifique du côté de Shichirigahama et Enoshima. Mais ce n’est pas mon morceau préféré d’Hitomitoi, car j’ai été subjugué par celui intitulé Kanashii Kurai Diamond (悲しいくらいダイヤモンド) de son album Talio avec les musiciens de Ryusenkei (流線形). Musicalement, c’est assez exceptionnel, dosé au millimètre, et la voix un brin surjouée d’Hitomitoi est formidable. Il faut que j’écoute cet album en entier car j’aime aussi beaucoup le morceau intitulé Shinkiro (蜃・気・楼). Et pour contribuer parfaitement à la musique de Talio, la couverture est tirée d’une illustration d’Hiroshi Nagai (永井博), connu pour la couverture de l’album A Long Vacation d’Eiichi Ohtaki (大瀧詠一). La décapotable rouge est bien là, sauf que ce n’est pas la Testarossa d’Outrun. Décapotable ou pas, ces quelques morceaux faisaient partie de la playlist des trajets en voiture de ces petites vacances de printemps. L’album Talio de Ryusenkei et Hitomitoi est en fait la bande originale du drama de la NHK intitulé Talio Fukushu Daiko no Futari (タリオ 復讐代行の2人), diffusé en 2020, avec Minami Hamabe (浜辺美波) et Masaki Okada (岡田将生). Ryusenkei se compose du guitariste Cunimondo Takiguchi (クニモンド瀧口), du bassiste Takehiro Oshizuka (押塚岳大) et Yuzo Hayashi (林有三) aux claviers. Du groupe, j’avais déjà remarqué l’album Tokyo Sniper dont je commence l’écoute maintenant. La chanteuse accompagnant la Neo City Pop de cet album se nomme Nika Eguchi (江口ニカ), mais il s’agit en fait d’un nom d’emprunt pour Hitomitoi. De l’album, j’aime déjà le morceau d’ouverture Time Machine Love (タイムマシーン・ラヴ).

the mountain and the sea

Les quelques scènes prises au bord de l’océan près de Numazu dans la préfecture de Shizuoka datent déjà de plusieurs mois. Le ciel est couvert mais on aperçoit tout de même le Mont Fuji au loin depuis le Mont Kanuki (香貫山). La plage bordée par une forêt de mille pins (千本松原) est toujours synonyme pour moi de vents forts. Le temps était pourtant calme et reposant aujourd’hui. Il y a quelques pêcheurs au bord de l’océan qui ne semble pas être destinée à la baignade car personne ne s’y aventure. La plage n’est pas nettoyée, couverte de toutes sortes d’objets rejetés par la mer qu’ils soient naturels ou non. J’envie les cyclistes qui roulent sur le terre-plein bordant la plage dont on ne voit pas la limite. On doit pouvoir se vider de tout lorsqu’on parcourt cette longue ligne droite accompagnant l’océan. Tout paraît infime devant cette immensité. Le midi, nous voulions déjeuner dans un des restaurants de la chaîne Sawayaka (炭焼きレストランさわやか) spécialisée dans les Hamburgers et présente seulement dans la préfecture de Shizuoka. Nous savions que cette chaîne de restaurants était très populaire mais on ne s’attendait pas aux 300 minutes d’attente que nous annonçait le ticket de réservation à l’entrée. On a même pris la peine de confirmer qu’il ne s’agissait pas d’une erreur, 30 minutes peut-être, mais non, l’attente est bien de 5 heures. Nous viendrons donc y dîner plutôt que déjeuner. Le principe semble être que l’on prend son ticket pour revenir ensuite plus tard. Le repas était certes très bon mais ne justifie en rien cinq heures d’attente.

L’email du fan club Ringohan du Lundi 27 Mai 2024 a été une vraie surprise. Sheena Ringo aime les dates anniversaire et elle a choisi les 26 ans de la sortie de son premier single Kōfukuron (幸福論) pour annoncer un nouvel album et une tournée nationale cette année. On pouvait s’attendre à la sortie d’un nouvel album solo, car Tokyo Jihen est malheureusement au point mort depuis quelques temps, mais pas aussi tôt, la sortie étant prévue deux jours plus tard le 29 Mai 2024. Ce type d’annonce soudaine est plutôt inhabituelle mais pour être très honnête, j’avais cette date en tête depuis plus d’un mois car une rumeur avait annoncé la sortie d’un nouvel album ce jour là suite à une mauvaise manipulation d’un site de vente en ligne l’ayant annoncé avant l’heure. Ce nouvel album s’intitule Hōjōya (放生会), faisant référence directe à un festival organisé chaque année du 12 au 18 Septembre dans un sanctuaire nommé Hakozaki à Hakata dans la ville de Fukuoka, d’où Sheena Ringo est originaire. On dit que le morceau plus ancien Omatsuri Sawagi (御祭騒ぎ) de Tokyo Jihen sur l’album Kyōiku (教育) faisait aussi référence à ce festival. Outre l’album, l’autre bonne nouvelle est l’annonce d’une tournée nationale de type Ringo Expo, c’est à dire dans des grandes salles de type Arena, du 5 Octobre au 15 Décembre 2024, avec des dates à Aomori, Niigata, Osaka (2), Shizuoka, Saitama Super Arena (3), Fukui et un final à Fukuoka. La tournée prendra le nom de Ringo Expo’ 24 – Keiki no kaifuku – ((生)林檎博’24-景気の回復-). J’avais un peu hésité à renouveler ma souscription au fan club Ringohan vu le peu de sortie et de nouveautés ces derniers mois, mais je vois que j’ai bien fait de mettre à jour ma souscription.

Après l’annonce de l’album Hōjōya le Lundi 27 Mai, je suis parti l’acheter le jour d’avant la sortie officielle, le Mardi 28 Mai au Tower Records de Shibuya. L’autre surprise de cet album est qu’il contient beaucoup de duo avec certaines artistes que j’apprécie depuis plus ou moins longtemps. Sur un total de 13 morceaux, 7 sont des duos avec Ikkyu Nakajima (中嶋イッキュウ) de Tricot, la rappeuse mainstream AI, Nocchi (のっち) échappée de Perfume, Utada Hikaru (宇多田ヒカル), Suzuka d’Atarashii Gakko! (新しい学校のリーダーズ), DAOKO et Momo (もも) de Charan Po Rantan (チャラン・ポ・ランタン). A part le morceau avec Utada Hikaru que l’on connaît déjà, ce sont tous des morceaux inédits qui sont d’ailleurs très clairement les plus intéressants de l’album. Par rapport à Sandokushi (三毒史) où les duos étaient tous avec des interprètes masculins, ils sont ici uniquement avec des voix féminines. Sur Sandokushi, les duos étaient alloués aux numéros pairs des morceaux, contrairement à ce nouvel album où les duos sont les titres impairs, comme si ces deux albums venait se compléter. Autres détails tout à fait Ringoesques, les deux albums font 13 morceaux contenant un nombre fixe de 5 caractères (Kanji, Hiragana ou Alphabet) et possèdent tous les deux une inscription en écriture Sanskrit sur la couverture. Les voix sur Sandokushi étaient de chanteurs plus âgés que Ringo, tandis que les chanteuses sur Hōjōya sont plus jeunes qu’elle, comme s’il s’agissait sur ce nouvel album d’une sorte de passage de relais. Outre les duos, les autres morceaux sont pour la grande majorité déjà sortis en single mais apparaîssent sur ce nouvel album dans des versions complètement réorchestrées, souvent pour le meilleur. Comme je le disais plus haut, les duos sont très clairement les morceaux les plus intéressants de l’album et ceux que j’aime réécouter. Depuis le Mardi 28 Mai à minuit, on peut d’ailleurs voir les vidéos de six de ces morceaux en duo. Ces vidéos sont toutes réalisées par Yuichi Kodama dans un décor unique de grand cabaret. C’est d’ailleurs l’ambiance générale de l’album. Une des grandes surprises est d’entendre Nocchi de Perfume chanter sans aucun effet vocoder. De Perfume, j’ai toujours eu une préférence pour la personnalité de Nocchi par rapport aux deux autres membres du groupe, mais je n’ai jamais vraiment écouté ni apprécié la musique de Perfume. Cela a pris apparemment 20 ans à Ringo pour convaincre Nocchi de chanter en solo sur un morceau avec elle. 1RKO (初KO勝ち) est un des meilleurs morceaux de cet album. La vidéo avec gants et match de boxe est particulièrement réussie. Je suis également très agréablement surpris par l’intensité du morceau A procession of the living (生者の行進) avec la rappeuse AI. On ne peut pas dire que j’aime la musique de AI, mais sa voix est puissante et percutante sur ce morceau, de quoi venir défier Ringo qui ne s’efface pourtant pas. On éprouve une jubilation certaine à écouter ce morceau dans une ambiance jazz assurée entre autres par Shun Ishiwaka (石若駿) et Keisuke Torigoe (鳥越 啓介). Ses deux musiciens déjà présents sur la tournée de 2023 jouent sur tous les morceaux. On également le plaisir d’attendre Ichiyō Izawa (伊澤 一葉) de Tokyo Jihen intervenir sur certains morceaux. Je ne cache pas mon plaisir d’entendre Ikkyu Nakajima chanter avec Ringo sur le morceau d’ouverture de l’album Offering sake (ちりぬるを). Ce n’est pas le morceau le plus marquant de l’album à la première écoute mais il est vraiment très beau. La encore, la vidéo est très intéressante pour le mimétisme d’Ikkyu ressemblant volontairement à Ringo. Le petit détail amusant de la vidéo est de montrer côte à côte sur un panneau du grand cabaret les chiffre 193 (pour I・kyu・san) et 417 (pour Shi ・i ・na). Je ne cache pas non plus mon plaisir d’écouter le morceau A grand triumphant return (余裕の凱旋) avec DAOKO. J’avoue que j’aurais préféré la voix rap de Daoko comme sur le remix de Ishiki (意識), mais c’est sa voix kawaii qu’elle utilise sur ce morceau. J’étais de ce fait assez circonspect à la première écoute du morceau en regardant la vidéo sur YouTube, mais il s’avère être un des morceaux que je préfère de l’album. Ringo utilise une voix assez similaire à DAOKO et on a même un peu de mal à les distinguer l’une de l’autre. DAOKO a certaines expressions de voix que j’adore. C’est amusant car j’avais tout récemment parlé de cette similarité entre DAOKO et Ringo dans leur capacité à changer complètement le ton de leurs voix, sans savoir qu’un duo avait déjà été enregistré. Tout comme pour Ikkyu, je pense que j’avais déjà imaginé depuis longtemps un duo de DAOKO avec Ringo. Dans la vidéo du morceau, l’inscription Y-Y World fait référence au thème d’ouverture de la série animée Dr Slump d’Akira Toriyama. Les esprits attentifs ont remarqué que Daiki Tsuneta affiche une image de la petite Arale de Dr Slump sur son entête Twitter. J’imagine que cette correspondance est volontaire et indiquerait peut-être de futurs projets communs. Ce n’est que pure supposition. Toujours est-il que les nouvelles vidéos de Sheena Ringo sont pleine de correspondances avec d’autres vidéos ou émissions passées. On ne peut pas tout citer, mais je reconnais par exemple la robe de la vidéo du morceau avec AI car elle l’avait déjà porté lors de l’émission radio School of Lock avec Ichiyō Izawa. On retrouve aussi les sacs NASA et les gants de boxe déjà vus auparavant. Dans les très bons moments de l’album, on trouve également ce duo presque inattendu avec Suzuka d’Atarashii Gakko! (新しい学校のリーダーズ). Encore une fois, c’est amusant car je parlais du groupe dans un billet récent. Seule Suzuka chante sur ce morceau intitulé FRDP (ドラ 1 独走) mais le reste du groupe est présent et danse autour sur la vidéo. Suzuka s’en sort vraiment très bien car elle a une voix puissante, roulant même légèrement les « r » par moment. Je me souviens très bien d’une scène du dernier Kōhaku où Ringo regardait d’un air amusé mais un peu détaché le groupe chanter et danser sur la scène des studios de la NHK. Ça a peut-être été le déclencheur de ce duo. Le dernier morceau de l’album est un duo de Momo (もも) du groupe Charan Po Rantan (チャラン・ポ・ランタン) intitulé cheers beers (ほぼ水の泡). Ce morceau éloge de la boisson alcoolisée est le plus festif et démesuré de l’album, mais cette atmosphère est communicative. Sur la vidéo, on voit d’ailleurs que Ringo apprécie clairement le duo car elle est tout sourire par moments. Le single The moon and the sun (浪漫と算盤) avec Utada Hikaru est au centre de l’album, comme pour montrer la relation privilégiée entre les deux artistes qui ont déjà chanté plusieurs fois ensemble sur leurs albums respectifs. C’est d’ailleurs le duo Nijikan Dake no Vacances (二時間だけのバカンス) sur l’album Fantôme de 2016 qui m’a fait revenir vers la musique d’Utada Hikaru. La version TYO de The moon and the sun sur le nouvel album est différente de celle originale (la version LDN) présente sur la compilation Newton no Ringo (ニュートンの林檎) sortie en 2019. J’ai une préférence pour cette version basée sur la guitare, qui a tout à fait sa place en position centrale de l’album.

Les autres morceaux sont en comparaison moins intéressants car on les connaît déjà, même si l’orchestration est très différente. Le single Watashi ha Neko no Me (私は猫の目) accueille une orchestration particulièrement dense, qui rend la version originale assez fade mais qui tourne malheureusement à l’excès. C’est une critique que je peux faire régulièrement sur certains morceaux de Sheena Ringo qui tendent vers une certaine forme de maximalisme musical. Quelques cuivres en moins auraient rendu le morceau beaucoup plus équilibré et moins fatiguant. On trouve également As a human (人間として) sorti récemment, qui est un morceau assez beau mais qui peine à m’intéresser. On retrouve l’excès instrumental sur le morceau Open Secret (公然の秘密) déjà sorti sur l’album de compilation Newton no Ringo (ニュートンの林檎). On voudrait lui dire de lâcher un peu les rênes pour alléger le morceau. Ecouté indépendamment, le morceau est tout à fait appréciable, mais je trouve qu’il vient alourdir l’album. Le morceau closed truth (茫然も自失), chanté en espagnol argentin, est en comparaison beaucoup plus apaisé mais peine également à accrocher mon oreille. Et pourtant, la manière atypique de chanter de Ringo est vraiment intéressante, ce qui me fait dire que ce morceau devrait se révéler après plusieurs autres écoutes. La réorchestration du morceau Bye Purity (さらば純情) déjà présent en face B du single Watashi ha Neko no Me est par contre une excellente surprise, tout comme toogood (いとをかし) vers la fin de l’album. J’ai toujours trouvé ce morceau insignifiant mais il prend ici une toute autre forme, moins minimaliste et plus engageante. Il reste un petit moment apaisant avant le final de Ringo et Momo. Je trouve au final l’album assez irrégulier avec d’excellents duos, et d’autres morceaux que je n’écouterais à priori pas très souvent. On peut saluer la grande unité stylistique de l’album, par rapport à Sandokushi qui était beaucoup plus hasardeux, mais l’ensemble est très dense parfois dans des styles un peu similaire à Hi Izuru Tokoro (Sunny). Le premier morceau avec Ikkyu se nomme par exemple Chirinuruwo (ちりぬるを) qui est tiré du poème Iroha (いろは) de Kūkai (空海) tout comme le titre du morceau Irohanihoheto (いろはにほへと) de l’album Hi Izuru Tokoro. La flûte de paon de Chirinuruwo nous rappelle tout de suite certains morceaux de Hi Izuru Tokoro. Cela donne à l’album Hōjōya une atmosphère familière qui n’est en contre partie pas vraiment novatrice. On a souvent le sentiment d’avoir déjà écouté un morceau similaire de Sheena Ringo, mais il faut avouer que la qualité des compositions est bien là. La plupart de ces morceaux n’ont rien de standard. Leur complexité et sophistication nous saisissent à la première écoute. Tout comme sur Sandokushi, les transitions sont impeccables, au centième de millimètres. Je pense que j’apprécie beaucoup toogood pour la manière dont il démarre soudainement juste à la fin du morceau avec DAOKO. Je ne pense pas que ce nouvel album fera changer d’avis ceux qui ont arrêté en cours de route l’écoute des albums de Sheena Ringo, mais il y a suffisamment de pépites pour ne pas laisser indifférent.

Bien que j’ai acheté l’album à Shibuya, je n’ai pu m’empêcher d’aller faire un petit tour rapide au Tower Records de Shinjuku car on pouvait y trouver une installation pour l’album. Un peu plus loin dans les couloirs de la gare de Shinjuku, je savais que plusieurs affiches la montrait pour une publicité pour le whisky AO de la marque Suntory. Sur la vidéo de cette publicité, Ringo chante le morceau en espagnol 茫然も自失 (closed truth) en portant un verre de whisky à la main dans l’ambiance sombre d’un cabaret. Et tout d’un coup, avoir des images accompagnant ce morceau lui donne plus de consistance.

Pour revenir à l’album, il reste encore beaucoup de “mystères” à résoudre. Dans les vidéos des six morceaux avec invitées, le cabaret prend le nom étrange de Turritopsis. Wikipedia m’apprend qu’il s’agit d’une espèce de méduse ayant la ‘particularité d’avoir une capacité d’immortalité biologique, en revenant de façon cyclique, du stade de méduse au stade de polype, par inversion de processus de vieillissement’. J’imagine qu’elle a choisi ce nom en référence au fait qu’elle a choisi des invitées pour les duos qui sont plus jeunes qu’elle et avec qui elle a une certaine correspondance, indiquant d’une certaine manière ce processus de relais aux générations plus jeunes. Dans les titres de ses concerts, je trouve aussi qu’il a régulièrement une référence à la prise d’âge sur laquelle on ne doit pas se résigner. Le sous-titre de Ringo Expo’14 est par exemple 年女の逆襲 qui donne une idée de contre-attaque et celui de Ringo Expo’18 不惑の余裕 donne une idée qu’il reste encore beaucoup de marge, sous-entendu de temps pour faire les choses. Un autre “mystère” est la présence de 7 chats sur la couverture du nouvel album. On reconnait bien sûr Sheena Ringo au centre en chat noir avec une guitare et la coiffe de son dernier concert. On reconnait aussi les quatre chats en haut à droite représentant les quatre filles d’Atarashii Gakko! avec notamment le chat à lunettes pour Suzuka. C’est par contre beaucoup plus difficile de reconnaitre les six autres chats. Où sont Nocchi, Ikkyu, AI, Momo, DAOKO et Hikaru?

Pour référence ultérieure, ci-dessous est la liste des morceaux de l’album Hōjōya (放生会) de Sheena Ringo (椎名林檎):

01. ちりぬるを (offering sake) feat. Ikkyu Nakajima (中嶋イッキュウ) de Tricot et Genie High (ジェニーハイ)
02. 私は猫の目 album ver. (I’m free, Watashi ha Neko no Me)
03. 生者の行進 (a procession of the living) feat. AI
04. 人間として (as a human)
05. 初KO勝ち (1RKO) feat. Nocchi (のっち) de Perfume
06. 公然の秘密 album ver. (open secret)
07. 浪漫と算盤 TYO album ver. (the moon and the sun) feat. Utada Hikaru (宇多田ヒカル)
08. 茫然も自失 (closed truth)
09. ドラ 1 独走 (FRDP) feat. Atarashii Gakko! (新しい学校のリーダーズ)
10. さらば純情 album ver. (bye purity) 
11. 余裕の凱旋 (a triumphant return) feat. DAOKO
12. いとをかし album ver. (toogood) 
13. ほぼ水の泡 (cheers beer) feat. Momo (もも) de Charan Po Rantan (チャラン・ポ・ランタン)

quelques journées d’été (6)

Il s’agit de la dernière étape de ces quelques journées de vacances d’été. Nous passons la matinée sur le plateau de Nihondaira à l’observatoire Nihondaira Yume Terrasse (日本平夢テラス) conçu en 2018 par Kengo Kuma. On doit normalement avoir une très belle vue sur le Mont Fuji depuis cet observatoire mais il était à notre passage complètement caché par d’épaisses nappes de nuages. On nous dira que la meilleure période pour le voir est en hiver, de Janvier à Mars. On se dit qu’on reviendra un jour pendant cette période. Le bâtiment est en tout cas intéressant mais on a quand même du mal à ignorer l’antenne géante placée en plein milieu. Une passerelle reliée à l’observatoire en fait d’ailleurs le tour, mais était-ce vraiment nécessaire? On peut marcher depuis le Nihondaira Hotel jusqu’à l’observatoire. Le trajet à pieds prend une bonne dizaine de minutes. En chemin, nous remarquons un étrange passage noir dans la végétation. Mari me dit tout de suite que ça ressemble à un passage de l’univers de Ghibli. Elle faisait référence à Totoro, mais je ne pense pas qu’il habite sur cette montagne (ou peut-être un cousin éloigné). J’hésite un peu à y rentrer pour voir si c’est un raccourci, mais je me ravise rapidement ayant peur de tomber encore une fois dans un monde parallèle. En pensant au chemin du retour, on n’avait de toute façon pas beaucoup de temps pour chercher un raccourci qu’on ne trouvera de toute façon certainement jamais. Nous reprenons ensuite la route vers le port de Numazu. Nous avons pris l’habitude de passer par Numazu sur le chemin du retour, notamment pour le déjeuner. Le retour vers Tokyo sur l’autoroute Tomei était beaucoup plus pénible car une pluie forte tombait sans cesse et un accident nous a bloqué pendant environ une heure. Il faut toujours compter avec les embouteillages sur cette autoroute. De toute façon, ma playlist musicale m’aide à ne plus compter le temps qui passe et le reste de l’équipage tombe doucement sous le sommeil.

ちょっとした夏休み (8)

Pour la dernière partie de notre voyage de trois jours, nous restons encore un peu dans la préfecture de Aichi en passant visiter le temple Toyokawa Inari. Son véritable nom est Enpukuzan Toyokawa-kaku Myōgon-ji (円福山 豊川閣 妙厳寺) mais on l’appelle plus simplement Toyokawa Inari. Comme je le mentionnais récemment, nous allons régulièrement à la branche tokyoïte de ce temple, à Akasaka devant la pâtisserie Toraya. Le temple fondé en 1441 a la particularité, comme je l’expliquais dans un autre billet, de mélanger bouddhisme et shintoïsme. Le temple en lui-même est principalement bouddhiste mais on y trouve des symboles shintō comme un Torii et de très nombreuses statues de la divinité renard Inari. Des centaines de statues sont d’ailleurs regroupées dans une partie appelée Reiko-Zuka à l’arrière du temple. Ce foisonnement de statuettes me rappelle le temple Gōtokuji dans la banlieue de Tokyo mais avec des statuettes de Maneki Neko plutôt que des Inari. Le hall principal du temple sur la première photographie a été reconstruit pendant la période Tenpō (天保) entre 1830 et 1844. Sa taille et sa couleur noire m’impressionne beaucoup. Je ne sais pour quelle raison mais je lui trouve un côté rétro-futuriste comme un casque de Dark Vador.

Le chemin du retour sur l’autoroute Tomei me fait toujours peur pour ses bouchons le dimanche soir à l’approche de Tokyo au niveau de Ebina. On préfère stratégiquement s’arrêter avant, à Mishima puis Numazu pour passer la soirée dans le parc Kakitagawa traversé par une rivière d’eau claire provenant du Mont Fuji. Alors que le soleil se couche déjà, nous gagnons le port de Numazu avant 8h du soir pour du poisson en chirashizushi. L’autoroute a dû se dégager pendant ce temps là car le traffic était d’une fluidité parfaite. Le voyage a été court mais nous a bien aéré l’esprit, ce qui était l’objectif premier. On aurait envie de reprendre la route immédiatement. J’ai en fait énormément apprécié le fait d’avoir la voiture sous la main à tout moment ce qui donne une grande liberté par rapport au Shinkansen, qui était plutôt notre transport par défaut lors des quelques fois où on s’est déplacé vers Kyoto. Et pour le titre de cette série qui se termine avec ce billet, il s’agit bien évidemment d’une variation du nom du concert de Sheena Ringo Chotto Shita Reko Hatsu (ちょっとしたレコ発).