the mountain and the sea

Les quelques scènes prises au bord de l’océan près de Numazu dans la préfecture de Shizuoka datent déjà de plusieurs mois. Le ciel est couvert mais on aperçoit tout de même le Mont Fuji au loin depuis le Mont Kanuki (香貫山). La plage bordée par une forêt de mille pins (千本松原) est toujours synonyme pour moi de vents forts. Le temps était pourtant calme et reposant aujourd’hui. Il y a quelques pêcheurs au bord de l’océan qui ne semble pas être destinée à la baignade car personne ne s’y aventure. La plage n’est pas nettoyée, couverte de toutes sortes d’objets rejetés par la mer qu’ils soient naturels ou non. J’envie les cyclistes qui roulent sur le terre-plein bordant la plage dont on ne voit pas la limite. On doit pouvoir se vider de tout lorsqu’on parcourt cette longue ligne droite accompagnant l’océan. Tout paraît infime devant cette immensité. Le midi, nous voulions déjeuner dans un des restaurants de la chaîne Sawayaka (炭焼きレストランさわやか) spécialisée dans les Hamburgers et présente seulement dans la préfecture de Shizuoka. Nous savions que cette chaîne de restaurants était très populaire mais on ne s’attendait pas aux 300 minutes d’attente que nous annonçait le ticket de réservation à l’entrée. On a même pris la peine de confirmer qu’il ne s’agissait pas d’une erreur, 30 minutes peut-être, mais non, l’attente est bien de 5 heures. Nous viendrons donc y dîner plutôt que déjeuner. Le principe semble être que l’on prend son ticket pour revenir ensuite plus tard. Le repas était certes très bon mais ne justifie en rien cinq heures d’attente.

L’email du fan club Ringohan du Lundi 27 Mai 2024 a été une vraie surprise. Sheena Ringo aime les dates anniversaire et elle a choisi les 26 ans de la sortie de son premier single Kōfukuron (幸福論) pour annoncer un nouvel album et une tournée nationale cette année. On pouvait s’attendre à la sortie d’un nouvel album solo, car Tokyo Jihen est malheureusement au point mort depuis quelques temps, mais pas aussi tôt, la sortie étant prévue deux jours plus tard le 29 Mai 2024. Ce type d’annonce soudaine est plutôt inhabituelle mais pour être très honnête, j’avais cette date en tête depuis plus d’un mois car une rumeur avait annoncé la sortie d’un nouvel album ce jour là suite à une mauvaise manipulation d’un site de vente en ligne l’ayant annoncé avant l’heure. Ce nouvel album s’intitule Hōjōya (放生会), faisant référence directe à un festival organisé chaque année du 12 au 18 Septembre dans un sanctuaire nommé Hakozaki à Hakata dans la ville de Fukuoka, d’où Sheena Ringo est originaire. On dit que le morceau plus ancien Omatsuri Sawagi (御祭騒ぎ) de Tokyo Jihen sur l’album Kyōiku (教育) faisait aussi référence à ce festival. Outre l’album, l’autre bonne nouvelle est l’annonce d’une tournée nationale de type Ringo Expo, c’est à dire dans des grandes salles de type Arena, du 5 Octobre au 15 Décembre 2024, avec des dates à Aomori, Niigata, Osaka (2), Shizuoka, Saitama Super Arena (3), Fukui et un final à Fukuoka. La tournée prendra le nom de Ringo Expo’ 24 – Keiki no kaifuku – ((生)林檎博’24-景気の回復-). J’avais un peu hésité à renouveler ma souscription au fan club Ringohan vu le peu de sortie et de nouveautés ces derniers mois, mais je vois que j’ai bien fait de mettre à jour ma souscription.

Après l’annonce de l’album Hōjōya le Lundi 27 Mai, je suis parti l’acheter le jour d’avant la sortie officielle, le Mardi 28 Mai au Tower Records de Shibuya. L’autre surprise de cet album est qu’il contient beaucoup de duo avec certaines artistes que j’apprécie depuis plus ou moins longtemps. Sur un total de 13 morceaux, 7 sont des duos avec Ikkyu Nakajima (中嶋イッキュウ) de Tricot, la rappeuse mainstream AI, Nocchi (のっち) échappée de Perfume, Utada Hikaru (宇多田ヒカル), Suzuka d’Atarashii Gakko! (新しい学校のリーダーズ), DAOKO et Momo (もも) de Charan Po Rantan (チャラン・ポ・ランタン). A part le morceau avec Utada Hikaru que l’on connaît déjà, ce sont tous des morceaux inédits qui sont d’ailleurs très clairement les plus intéressants de l’album. Par rapport à Sandokushi (三毒史) où les duos étaient tous avec des interprètes masculins, ils sont ici uniquement avec des voix féminines. Sur Sandokushi, les duos étaient alloués aux numéros pairs des morceaux, contrairement à ce nouvel album où les duos sont les titres impairs, comme si ces deux albums venait se compléter. Autres détails tout à fait Ringoesques, les deux albums font 13 morceaux contenant un nombre fixe de 5 caractères (Kanji, Hiragana ou Alphabet) et possèdent tous les deux une inscription en écriture Sanskrit sur la couverture. Les voix sur Sandokushi étaient de chanteurs plus âgés que Ringo, tandis que les chanteuses sur Hōjōya sont plus jeunes qu’elle, comme s’il s’agissait sur ce nouvel album d’une sorte de passage de relais. Outre les duos, les autres morceaux sont pour la grande majorité déjà sortis en single mais apparaîssent sur ce nouvel album dans des versions complètement réorchestrées, souvent pour le meilleur. Comme je le disais plus haut, les duos sont très clairement les morceaux les plus intéressants de l’album et ceux que j’aime réécouter. Depuis le Mardi 28 Mai à minuit, on peut d’ailleurs voir les vidéos de six de ces morceaux en duo. Ces vidéos sont toutes réalisées par Yuichi Kodama dans un décor unique de grand cabaret. C’est d’ailleurs l’ambiance générale de l’album. Une des grandes surprises est d’entendre Nocchi de Perfume chanter sans aucun effet vocoder. De Perfume, j’ai toujours eu une préférence pour la personnalité de Nocchi par rapport aux deux autres membres du groupe, mais je n’ai jamais vraiment écouté ni apprécié la musique de Perfume. Cela a pris apparemment 20 ans à Ringo pour convaincre Nocchi de chanter en solo sur un morceau avec elle. 1RKO (初KO勝ち) est un des meilleurs morceaux de cet album. La vidéo avec gants et match de boxe est particulièrement réussie. Je suis également très agréablement surpris par l’intensité du morceau A procession of the living (生者の行進) avec la rappeuse AI. On ne peut pas dire que j’aime la musique de AI, mais sa voix est puissante et percutante sur ce morceau, de quoi venir défier Ringo qui ne s’efface pourtant pas. On éprouve une jubilation certaine à écouter ce morceau dans une ambiance jazz assurée entre autres par Shun Ishiwaka (石若駿) et Keisuke Torigoe (鳥越 啓介). Ses deux musiciens déjà présents sur la tournée de 2023 jouent sur tous les morceaux. On également le plaisir d’attendre Ichiyō Izawa (伊澤 一葉) de Tokyo Jihen intervenir sur certains morceaux. Je ne cache pas mon plaisir d’entendre Ikkyu Nakajima chanter avec Ringo sur le morceau d’ouverture de l’album Offering sake (ちりぬるを). Ce n’est pas le morceau le plus marquant de l’album à la première écoute mais il est vraiment très beau. La encore, la vidéo est très intéressante pour le mimétisme d’Ikkyu ressemblant volontairement à Ringo. Le petit détail amusant de la vidéo est de montrer côte à côte sur un panneau du grand cabaret les chiffre 193 (pour I・kyu・san) et 417 (pour Shi ・i ・na). Je ne cache pas non plus mon plaisir d’écouter le morceau A grand triumphant return (余裕の凱旋) avec DAOKO. J’avoue que j’aurais préféré la voix rap de Daoko comme sur le remix de Ishiki (意識), mais c’est sa voix kawaii qu’elle utilise sur ce morceau. J’étais de ce fait assez circonspect à la première écoute du morceau en regardant la vidéo sur YouTube, mais il s’avère être un des morceaux que je préfère de l’album. Ringo utilise une voix assez similaire à DAOKO et on a même un peu de mal à les distinguer l’une de l’autre. DAOKO a certaines expressions de voix que j’adore. C’est amusant car j’avais tout récemment parlé de cette similarité entre DAOKO et Ringo dans leur capacité à changer complètement le ton de leurs voix, sans savoir qu’un duo avait déjà été enregistré. Tout comme pour Ikkyu, je pense que j’avais déjà imaginé depuis longtemps un duo de DAOKO avec Ringo. Dans la vidéo du morceau, l’inscription Y-Y World fait référence au thème d’ouverture de la série animée Dr Slump d’Akira Toriyama. Les esprits attentifs ont remarqué que Daiki Tsuneta affiche une image de la petite Arale de Dr Slump sur son entête Twitter. J’imagine que cette correspondance est volontaire et indiquerait peut-être de futurs projets communs. Ce n’est que pure supposition. Toujours est-il que les nouvelles vidéos de Sheena Ringo sont pleine de correspondances avec d’autres vidéos ou émissions passées. On ne peut pas tout citer, mais je reconnais par exemple la robe de la vidéo du morceau avec AI car elle l’avait déjà porté lors de l’émission radio School of Lock avec Ichiyō Izawa. On retrouve aussi les sacs NASA et les gants de boxe déjà vus auparavant. Dans les très bons moments de l’album, on trouve également ce duo presque inattendu avec Suzuka d’Atarashii Gakko! (新しい学校のリーダーズ). Encore une fois, c’est amusant car je parlais du groupe dans un billet récent. Seule Suzuka chante sur ce morceau intitulé FRDP (ドラ 1 独走) mais le reste du groupe est présent et danse autour sur la vidéo. Suzuka s’en sort vraiment très bien car elle a une voix puissante, roulant même légèrement les « r » par moment. Je me souviens très bien d’une scène du dernier Kōhaku où Ringo regardait d’un air amusé mais un peu détaché le groupe chanter et danser sur la scène des studios de la NHK. Ça a peut-être été le déclencheur de ce duo. Le dernier morceau de l’album est un duo de Momo (もも) du groupe Charan Po Rantan (チャラン・ポ・ランタン) intitulé cheers beers (ほぼ水の泡). Ce morceau éloge de la boisson alcoolisée est le plus festif et démesuré de l’album, mais cette atmosphère est communicative. Sur la vidéo, on voit d’ailleurs que Ringo apprécie clairement le duo car elle est tout sourire par moments. Le single The moon and the sun (浪漫と算盤) avec Utada Hikaru est au centre de l’album, comme pour montrer la relation privilégiée entre les deux artistes qui ont déjà chanté plusieurs fois ensemble sur leurs albums respectifs. C’est d’ailleurs le duo Nijikan Dake no Vacances (二時間だけのバカンス) sur l’album Fantôme de 2016 qui m’a fait revenir vers la musique d’Utada Hikaru. La version TYO de The moon and the sun sur le nouvel album est différente de celle originale (la version LDN) présente sur la compilation Newton no Ringo (ニュートンの林檎) sortie en 2019. J’ai une préférence pour cette version basée sur la guitare, qui a tout à fait sa place en position centrale de l’album.

Les autres morceaux sont en comparaison moins intéressants car on les connaît déjà, même si l’orchestration est très différente. Le single Watashi ha Neko no Me (私は猫の目) accueille une orchestration particulièrement dense, qui rend la version originale assez fade mais qui tourne malheureusement à l’excès. C’est une critique que je peux faire régulièrement sur certains morceaux de Sheena Ringo qui tendent vers une certaine forme de maximalisme musical. Quelques cuivres en moins auraient rendu le morceau beaucoup plus équilibré et moins fatiguant. On trouve également As a human (人間として) sorti récemment, qui est un morceau assez beau mais qui peine à m’intéresser. On retrouve l’excès instrumental sur le morceau Open Secret (公然の秘密) déjà sorti sur l’album de compilation Newton no Ringo (ニュートンの林檎). On voudrait lui dire de lâcher un peu les rênes pour alléger le morceau. Ecouté indépendamment, le morceau est tout à fait appréciable, mais je trouve qu’il vient alourdir l’album. Le morceau closed truth (茫然も自失), chanté en espagnol argentin, est en comparaison beaucoup plus apaisé mais peine également à accrocher mon oreille. Et pourtant, la manière atypique de chanter de Ringo est vraiment intéressante, ce qui me fait dire que ce morceau devrait se révéler après plusieurs autres écoutes. La réorchestration du morceau Bye Purity (さらば純情) déjà présent en face B du single Watashi ha Neko no Me est par contre une excellente surprise, tout comme toogood (いとをかし) vers la fin de l’album. J’ai toujours trouvé ce morceau insignifiant mais il prend ici une toute autre forme, moins minimaliste et plus engageante. Il reste un petit moment apaisant avant le final de Ringo et Momo. Je trouve au final l’album assez irrégulier avec d’excellents duos, et d’autres morceaux que je n’écouterais à priori pas très souvent. On peut saluer la grande unité stylistique de l’album, par rapport à Sandokushi qui était beaucoup plus hasardeux, mais l’ensemble est très dense parfois dans des styles un peu similaire à Hi Izuru Tokoro (Sunny). Le premier morceau avec Ikkyu se nomme par exemple Chirinuruwo (ちりぬるを) qui est tiré du poème Iroha (いろは) de Kūkai (空海) tout comme le titre du morceau Irohanihoheto (いろはにほへと) de l’album Hi Izuru Tokoro. La flûte de paon de Chirinuruwo nous rappelle tout de suite certains morceaux de Hi Izuru Tokoro. Cela donne à l’album Hōjōya une atmosphère familière qui n’est en contre partie pas vraiment novatrice. On a souvent le sentiment d’avoir déjà écouté un morceau similaire de Sheena Ringo, mais il faut avouer que la qualité des compositions est bien là. La plupart de ces morceaux n’ont rien de standard. Leur complexité et sophistication nous saisissent à la première écoute. Tout comme sur Sandokushi, les transitions sont impeccables, au centième de millimètres. Je pense que j’apprécie beaucoup toogood pour la manière dont il démarre soudainement juste à la fin du morceau avec DAOKO. Je ne pense pas que ce nouvel album fera changer d’avis ceux qui ont arrêté en cours de route l’écoute des albums de Sheena Ringo, mais il y a suffisamment de pépites pour ne pas laisser indifférent.

Bien que j’ai acheté l’album à Shibuya, je n’ai pu m’empêcher d’aller faire un petit tour rapide au Tower Records de Shinjuku car on pouvait y trouver une installation pour l’album. Un peu plus loin dans les couloirs de la gare de Shinjuku, je savais que plusieurs affiches la montrait pour une publicité pour le whisky AO de la marque Suntory. Sur la vidéo de cette publicité, Ringo chante le morceau en espagnol 茫然も自失 (closed truth) en portant un verre de whisky à la main dans l’ambiance sombre d’un cabaret. Et tout d’un coup, avoir des images accompagnant ce morceau lui donne plus de consistance.

Pour revenir à l’album, il reste encore beaucoup de “mystères” à résoudre. Dans les vidéos des six morceaux avec invitées, le cabaret prend le nom étrange de Turritopsis. Wikipedia m’apprend qu’il s’agit d’une espèce de méduse ayant la ‘particularité d’avoir une capacité d’immortalité biologique, en revenant de façon cyclique, du stade de méduse au stade de polype, par inversion de processus de vieillissement’. J’imagine qu’elle a choisi ce nom en référence au fait qu’elle a choisi des invitées pour les duos qui sont plus jeunes qu’elle et avec qui elle a une certaine correspondance, indiquant d’une certaine manière ce processus de relais aux générations plus jeunes. Dans les titres de ses concerts, je trouve aussi qu’il a régulièrement une référence à la prise d’âge sur laquelle on ne doit pas se résigner. Le sous-titre de Ringo Expo’14 est par exemple 年女の逆襲 qui donne une idée de contre-attaque et celui de Ringo Expo’18 不惑の余裕 donne une idée qu’il reste encore beaucoup de marge, sous-entendu de temps pour faire les choses. Un autre “mystère” est la présence de 7 chats sur la couverture du nouvel album. On reconnait bien sûr Sheena Ringo au centre en chat noir avec une guitare et la coiffe de son dernier concert. On reconnait aussi les quatre chats en haut à droite représentant les quatre filles d’Atarashii Gakko! avec notamment le chat à lunettes pour Suzuka. C’est par contre beaucoup plus difficile de reconnaitre les six autres chats. Où sont Nocchi, Ikkyu, AI, Momo, DAOKO et Hikaru?

Pour référence ultérieure, ci-dessous est la liste des morceaux de l’album Hōjōya (放生会) de Sheena Ringo (椎名林檎):

01. ちりぬるを (offering sake) feat. Ikkyu Nakajima (中嶋イッキュウ) de Tricot et Genie High (ジェニーハイ)
02. 私は猫の目 album ver. (I’m free, Watashi ha Neko no Me)
03. 生者の行進 (a procession of the living) feat. AI
04. 人間として (as a human)
05. 初KO勝ち (1RKO) feat. Nocchi (のっち) de Perfume
06. 公然の秘密 album ver. (open secret)
07. 浪漫と算盤 TYO album ver. (the moon and the sun) feat. Utada Hikaru (宇多田ヒカル)
08. 茫然も自失 (closed truth)
09. ドラ 1 独走 (FRDP) feat. Atarashii Gakko! (新しい学校のリーダーズ)
10. さらば純情 album ver. (bye purity) 
11. 余裕の凱旋 (a triumphant return) feat. DAOKO
12. いとをかし album ver. (toogood) 
13. ほぼ水の泡 (cheers beer) feat. Momo (もも) de Charan Po Rantan (チャラン・ポ・ランタン)

quelques journées d’été (6)

Il s’agit de la dernière étape de ces quelques journées de vacances d’été. Nous passons la matinée sur le plateau de Nihondaira à l’observatoire Nihondaira Yume Terrasse (日本平夢テラス) conçu en 2018 par Kengo Kuma. On doit normalement avoir une très belle vue sur le Mont Fuji depuis cet observatoire mais il était à notre passage complètement caché par d’épaisses nappes de nuages. On nous dira que la meilleure période pour le voir est en hiver, de Janvier à Mars. On se dit qu’on reviendra un jour pendant cette période. Le bâtiment est en tout cas intéressant mais on a quand même du mal à ignorer l’antenne géante placée en plein milieu. Une passerelle reliée à l’observatoire en fait d’ailleurs le tour, mais était-ce vraiment nécessaire? On peut marcher depuis le Nihondaira Hotel jusqu’à l’observatoire. Le trajet à pieds prend une bonne dizaine de minutes. En chemin, nous remarquons un étrange passage noir dans la végétation. Mari me dit tout de suite que ça ressemble à un passage de l’univers de Ghibli. Elle faisait référence à Totoro, mais je ne pense pas qu’il habite sur cette montagne (ou peut-être un cousin éloigné). J’hésite un peu à y rentrer pour voir si c’est un raccourci, mais je me ravise rapidement ayant peur de tomber encore une fois dans un monde parallèle. En pensant au chemin du retour, on n’avait de toute façon pas beaucoup de temps pour chercher un raccourci qu’on ne trouvera de toute façon certainement jamais. Nous reprenons ensuite la route vers le port de Numazu. Nous avons pris l’habitude de passer par Numazu sur le chemin du retour, notamment pour le déjeuner. Le retour vers Tokyo sur l’autoroute Tomei était beaucoup plus pénible car une pluie forte tombait sans cesse et un accident nous a bloqué pendant environ une heure. Il faut toujours compter avec les embouteillages sur cette autoroute. De toute façon, ma playlist musicale m’aide à ne plus compter le temps qui passe et le reste de l’équipage tombe doucement sous le sommeil.

ちょっとした夏休み (8)

Pour la dernière partie de notre voyage de trois jours, nous restons encore un peu dans la préfecture de Aichi en passant visiter le temple Toyokawa Inari. Son véritable nom est Enpukuzan Toyokawa-kaku Myōgon-ji (円福山 豊川閣 妙厳寺) mais on l’appelle plus simplement Toyokawa Inari. Comme je le mentionnais récemment, nous allons régulièrement à la branche tokyoïte de ce temple, à Akasaka devant la pâtisserie Toraya. Le temple fondé en 1441 a la particularité, comme je l’expliquais dans un autre billet, de mélanger bouddhisme et shintoïsme. Le temple en lui-même est principalement bouddhiste mais on y trouve des symboles shintō comme un Torii et de très nombreuses statues de la divinité renard Inari. Des centaines de statues sont d’ailleurs regroupées dans une partie appelée Reiko-Zuka à l’arrière du temple. Ce foisonnement de statuettes me rappelle le temple Gōtokuji dans la banlieue de Tokyo mais avec des statuettes de Maneki Neko plutôt que des Inari. Le hall principal du temple sur la première photographie a été reconstruit pendant la période Tenpō (天保) entre 1830 et 1844. Sa taille et sa couleur noire m’impressionne beaucoup. Je ne sais pour quelle raison mais je lui trouve un côté rétro-futuriste comme un casque de Dark Vador.

Le chemin du retour sur l’autoroute Tomei me fait toujours peur pour ses bouchons le dimanche soir à l’approche de Tokyo au niveau de Ebina. On préfère stratégiquement s’arrêter avant, à Mishima puis Numazu pour passer la soirée dans le parc Kakitagawa traversé par une rivière d’eau claire provenant du Mont Fuji. Alors que le soleil se couche déjà, nous gagnons le port de Numazu avant 8h du soir pour du poisson en chirashizushi. L’autoroute a dû se dégager pendant ce temps là car le traffic était d’une fluidité parfaite. Le voyage a été court mais nous a bien aéré l’esprit, ce qui était l’objectif premier. On aurait envie de reprendre la route immédiatement. J’ai en fait énormément apprécié le fait d’avoir la voiture sous la main à tout moment ce qui donne une grande liberté par rapport au Shinkansen, qui était plutôt notre transport par défaut lors des quelques fois où on s’est déplacé vers Kyoto. Et pour le titre de cette série qui se termine avec ce billet, il s’agit bien évidemment d’une variation du nom du concert de Sheena Ringo Chotto Shita Reko Hatsu (ちょっとしたレコ発).

This day at the sea

Après Autechre, j’ai eu comme un blanc musical jusqu’à la découverte assez récente d’une branche de la musique électronique que je n’avais pas encore bien exploré. Je me suis d’abord dirigé vers le dubstep tout en réalisant assez vite que ça ne me passionnait pas beaucoup et j’ai donc creusé un peu plus profond vers une musique électronique plus minimale, abstraite et sombre qu’on appelle « dark techno ». La liste des morceaux ci-dessous reprend ce style tout en se mélangeant avec de la musique électronique plus minimale, parfois plus spatiale, atmosphérique, industrielle et même délicate. Attention, c’est de la techno avec tout ce que comporte de progressions lente et rythmes répétitifs, parfois doux et ascendants ou d’autres fois agressifs comme un martèlement. Sur la liste ci-dessous de morceaux, on trouvera le lien iTunes et un lien vers une vidéo Youtube (pas toujours/souvent officielle). Bon et en parallèle de cette musique, je me mets à écouter divers morceaux au piano (ça sera certainement une prochaine liste).

Tension (Monad V) par Perc
M66 (Leo Triplet – EP) par Inn-R
Descending (Ember – EP) par Function
Nautical Dub (Biokinetics) par Porter Ricks
Porcelain (Porcelain – Single) par ASC
Insanity (Insanity – EP) par Gabeen
Sleep Paralysis (Neurotoxicity – EP) par Riotbot
Meaning Matters (Light In the Dark) par Luke Hess
Montage (Bricolage – EP) par Mike Dehnert
Phylyps Trak (Phylyps Trak – EP) par Basic Channel
Point (Demiurge) par emptyset
Dawning (Dawning / Deadman Watches the Clock – Single) par Marcel Dettmann & Ben Klock
Mutate (Monad III) par Xhin
Kakeru (Monad VII) par Go Hiyama
Supraventricular (Monad IV) par Pfirter
Triad (Monad X – EP) par Lucy
Inductance (Perfused) par Fluxion
Mnd-Sng01 (Monad IX) par Aoki Takamasa
Falling the Same Way (Feed Forward) par Sandwell District
Translation One (Translation – EP) – Marcel Dettmann
Fields and Axioms (States of Space) par Another Electronic Musician
The Occultation of 3C 273 – 1 (UL8) par Mark Fell

En photos: une plage de Numazu, Shizuoka.