La longue allée naturelle entourée de grands cèdres centenaires menant au sanctuaire Togakushi Okusha était jusqu’à maintenant droite et sans dénivelé. J’imaginais qu’elle allait rester ainsi jusqu’au sanctuaire, d’une manière similaire à la grande allée forestière du sanctuaire Kashima Jingū à Ibaraki, mais elle prend une légère pente alors que nous approchons maintenant du sanctuaire. Cette pente s’accentue fortement ensuite et une série d’escaliers de pierre irréguliers nous font progresser jusqu’au sanctuaire. Cette marche est en fait plus fatiguante que je l’imaginais, mais n’est en rien insurmontable. L’approche du sanctuaire perdu dans une forêt de montagne me rappelle notre visite récente et inoubliable du sanctuaire Tamaki sur la péninsule de Kii. J’y retrouve la même magie un peu mystique des lieux uniques comme celui-ci. On aperçoit finalement le sanctuaire au bout d’un dernier escalier, avec au loin les sommets du Mont Togakushi (戸隠山) déjà légèrement enneigés. Le contraste entre la neige au fond et les feuilles colorées de l’automne est magnifique. Le sanctuaire Okusha a été construit lors de la cinquième année de l’empereur Kōgen (孝元天皇), soit en l’an 210 BC, mais la tradition bouddhiste indique une pratique du Shugendō (修験道) à partir de l’an 849 AD, avant que le temple redevienne sanctuaire beaucoup plus tard pendant la restauration Meiji séparant Bouddhisme et Shintoïsme. Les textes anciens du Nihon Shoki (日本書紀) indique qu’un bâtiment était déjà installé à cet endroit autour de l’année 684. Le site a donc une très longue histoire que l’on devine en partie en observant les lieux, bien que le petit hall principal du Okusha ne soit pas très ancien. Nous y collecterons bien sûr le sceau goshuin, qui prouve, d’une certaine manière, que nous sommes bien venus jusqu’ici. L’atmosphère des lieux, où circule même un petit ruisseau, est tellement agréable qu’on ne voit pas le temps passer. Il faut pourtant penser au retour avant que la nuit ne tombe vers les 16h45. La descente est beaucoup plus aisée et on apprécie une nouvelle fois le long chemin rectiligne entre les grands cèdres. En chemin, on voit plusieurs panneaux nous rappelant de faire attention aux ours, mais nous n’en avons heureusement vu aucun. Il faut qu’on pense quand même de se munir d’une petite clochette pour notre prochaine marche en forêt. Nous avions par contre vu plusieurs daims à Tateshina sur une toute petite route de montagne nous amenant hier soir vers notre hôtel. Les daims n’avaient pas peur de notre voiture et semblaient relativement habitués à la présence humaine. La nuit tombe alors que nous regagnons une portion d’autoroute pour rejoindre notre dernière étape à Karuizawa.
Étiquette : Okusha
un automne à Nagano (5)
Après une section d’autoroute nous faisant remonter jusqu’à la ville de Nagano, nous reprenons ensuite les petites routes de montagne jusqu’aux hauteurs de Togakushi. Nous arrivons en début d’après-midi devant la longue allée naturelle menant vers la partie profonde du sanctuaire de Togakushi, le Okusha (戸隠神社奥社). Nous sommes déjà venus jusqu’au sanctuaire de Togakushi il y a deux ans au tout début du mois d’Avril 2022, mais la neige nous avait empêché de marcher jusqu’au sanctuaire Okusha. Le sanctuaire est fermé en hiver et nous n’avions de toute façon pas amener de chaussures adaptées pour marcher longtemps sur un terrain enneigé. On s’était contenté de visiter le sanctuaire central appelé Chūsha (中社) qui est plus facilement accessible même en hiver. Le fait de ne pas pouvoir y aller nous avait donné le sentiment d’une mission à moitié accomplie et on s’était dit qu’on y reviendrait un jour ou l’autre pour remplir ce manque. L’approche du sanctuaire Okusha fait environ 2kms de long et prend plus d’une demi-heure à pieds. On ne peut d’ailleurs s’y rendre qu’à pieds. Une première porte torii annonce le point de départ du chemin naturel complètement entouré d’arbres. Ce chemin est aménagé, couvert de fins graviers et bordé par deux petits ruisseaux de chaque côté. La forêt alentours n’est pas particulièrement dense à cet endroit mais les herbes y sont hautes. Il n’y a heureusement pas beaucoup de monde à parcourir cette route en même temps que nous et la plupart des personnes que l’on voit redescendent du sanctuaire. A mi-chemin, nous arrivons à la porte rouge Zuishinmon (随神門) qui démarque le début de la longue allée de grands cèdres centenaires. La chaume de la toiture de la porte est couverte de plantes vertes qui ont poussé au fur et à mesure des années. J’avais déjà vu ce genre de phénomène naturel sur d’autres anciens sanctuaires enfouis dans la nature, mais pas à ce point là. On aurait presque l’impression que ces plantes ont été rajoutées, ce qui n’est bien sûr pas le cas. Cette porte rouge est tout à fait unique et annonce superbement la majestueuse allée naturelle de cèdres qui nous attend. Ces immenses cèdres ont 400 ans. Ils sont proches les uns des autres ce qui délimite clairement le chemin à suivre et forme une sorte de rempart sacré de la route divine menant au sanctuaire Okusha. Nous marchons en nous imprégnant des lieux.