light waves

Les illuminations de fin d’année sont de retour sur l’avenue Omotesando. Elles avaient été supprimées l’année dernière et on les retrouve maintenant. Elles sont simples mais ce sont certainement les plus belles de Tokyo. Je les préfère aux lumières froides de Roppongi Hills ou de Tokyo Mid-Town. Ce genre d’illuminations ne rend pas très bien en photo, du moins je n’arrive pas à obtenir en photo l’effet qu’on peut avoir en les voyant réellement. Je me décide donc pour le mouvement pour retransmettre une idée de flots de lumières. Ces images retransmettent une sorte d’incandescence électrique qui correspond assez bien à l’image de couverture de la musique qui va suivre. L’année se termine bientôt et il me reste encore beaucoup de photographies de 2021 a montrer ici. Comme c’était le cas l’année dernière, je ne pense pas pouvoir toutes les montrer avant la fin de l’année.

J’écoute vraiment souvent le nouveau morceau de a子 (A-ko) intitulé Drip (どろり), sans m’en lasser une seconde depuis dix jours. Il est sorti le 8 Décembre. Il doit s’agir du morceau que je préfère et il y a pourtant beaucoup de morceaux que j’adore de a子, notamment son avant-dernier single Somewhere. Sur Drip, Il y a un dosage parfait entre une certaine mélancolie et une mélodie pop dans le refrain qui s’accorde parfaitement avec sa voix. J’aime aussi beaucoup la partie solo de guitare pleine d’écho qui intervient dans la dernière partie du morceau. J’aime avant tout l’émotion délicate qui se dégage de cette musique mais en même le morceau est très accrocheur. Il y a un équilibre qui est à mon avis difficile à obtenir mais a子 y parvient très bien sur certains morceaux comme celui-ci. Sa musique, que j’écoute depuis son très bel EP Misty Existence (潜在的MISTY), mériterait d’être beaucoup plus reconnue. Elle sort ses nouveaux morceaux au compte-goutte ces derniers temps et je profite de l’addiction que me procure actuellement Drip pour écouter d’autres morceaux que je ne connais pas encore ou que je connais moins de l’artiste. Il y a notamment le morceau bye sorti au début de l’année, le 4 Janvier, et que j’ai eu tord de manquer lors de sa sortie.

À propos de a子, je le savais déjà car j’en avais déjà parlé dans un billet précédent mais je me rends compte qu’elle adore Sheena Ringo et Tokyo Jihen. On ne voit par contre pas d’influence particulière dans ses compositions musicales ou dans sa voix qui est d’un style très différent de celle de Sheena, je dirais même à l’opposé. Elle poste souvent des Like sur son compte Twitter concernant SR/TJ et en parle même à plusieurs reprises en interview sur le site de revue musicale Mikiki, affilié à Tower Records. Quand on lui demande de citer les dix morceaux qui ont construit sa personnalité (私を作った10曲), elle cite Honnō (本能) de Sheena Ringo et Genjitsu wo Warau (現実を嗤う) de Tokyo Jihen (mais également un morceau de Sakanaction et de Flying Lotus). Je note ci-dessous ce que a子 nous dit à propos de Honnō dans cet article de Mikiki:

椎名林檎と言えばこの曲を真っ先に思い浮かべる方が多いのでは無いでしょうか。
もちろん私もその1人で、サウンド、歌詞、ビジュアル、どこを取っても素晴らしいの一言に尽きます。いつか同じように凄い楽曲を作ることが私の夢です。

Lorsqu’on évoque Sheena Ringo, beaucoup de personnes pensent d’abord à cette chanson (Honnō). Je suis, bien sûr, également une de ces personnes. Le son, les paroles, le visuel, où que vous regardiez, tout est merveilleux. Mon rêve est d’écrire un jour une chanson qui soit pareillement incroyable.

Dans une autre interview sur ce même site musical Mikiki, a子 nous parle de ses influences musicales, tout d’abord internationales. Elle évoque ensuite la musique de Sheena Ringo et l’approche qu’elle en a eu:

――その他に影響を受けたアーティストはいますか?
「日本人だと、椎名林檎さんがものすごく好きで……。実は、林檎さんの楽曲は上京するまでしっかり聴いたことなかったんですよ。ずっと存在は知っていて、〈あ、素晴らしい方がいらっしゃる〉みたいな。恐れ多いのですが、昔から目の端のほうで存在を捉えてはいたのですが、私の第六感が〈いまは聴くのをやめたほうがいいよ〉と言っていて。〈いま聴いたら自分のやりたかったこと全部完璧にしていらっしゃる椎名林檎さんと自分を比べて絶望して、音楽を辞めちゃうのでは〉と少し思っていまして。
でも、上京してから〈でもやっぱり聴きたい〉という思いに負けて、圧倒的なオーラを放っていらっしゃる林檎さんを聴いちゃいましたね。それで、椎名さんが出されているアルバムとかライブDVDとかを片っ端から聴いたり観たりしまして。もうまんまと沼に落ちまして、いまでは大好きなアーティストです」

– Y a-t-il d’autres artistes qui vous ont influencé ?
Pour ce qui est des artistes japonais, j’aime beaucoup Sheena Ringo… En fait, je n’écoutais pas attentivement la musique de Ringo-san avant de venir à Tokyo. Je connais par contre sa musique depuis longtemps, en me disant « Ah, il existe cette personne exceptionnelle ». Par crainte et dans une manière un peu rapide de voir les choses, mon sixième sens me disait « Tu devrais arrêter d’écouter sa musique. Si tu n’arrêtes pas d’écouter maintenant, tu vas irrémédiablement comparer ce que tu veux faire avec tout ce que Sheena Ringo a déjà fait parfaitement, et ça va te décourager à continuer la musique ». Mais après être venu à Tokyo, j’ai succombé à l’envie d’écouter sa musique, et j’ai fini par écouter Ringo-san à l’aura écrasante. J’ai ainsi écouté et regardé tous les albums et les DVDs Live que Ringo-san a sorti. Je ne peux maintenant plus m’en passer et c’est une artiste que j’adore.

Elle continue ensuite avec une remarque que j’avais déjà lu sur son Twitter et que j’avais déjà mentionné dans un billet précédent et une anecdote traduisant bien sa fascination pour l’artiste.

――では、椎名林檎さんはいまのa子さんにとって、心の支えと言っていいくらいに大切なアーティストでしょうか?
「そうなんですよ。自分は音楽をやっていて、〈しんどいな〉と思うときも多いんですよ。それでも東京事変とか椎名林檎さんを聴けば、全部治ります(笑)。
余談ですが、うちのバンドのドラムが『Mステ』にサポートとして出演したんですよ。そのときに椎名林檎さんがいらっしゃって、会釈したらしんですよ。もううらやましくて、憎くて憎くて(笑)。すごくないですか? 会釈されたということは、認知されたということですよ? もうすごすぎて、彼から椎名さんの残り香をすごいもらいました」

– Donc, peut on dire que Sheena Ringo est une artiste si importante pour vous qu’elle vous donne la force de continuer?
C’est tout à fait vrai. J’écris et joue de la musique et je pense très souvent que c’est difficile et douloureux. Et pourtant, si j’écoute Tokyo Jihen ou Sheena Ringo, toutes ses douleurs se guérissent (rires). En aparté, le batteur de mon groupe est passé en support dans l’émission « Music Station ». Sheena Ringo était également présente à l’émission à ce moment-là et lui a apparemment fait un hochet de tête. J’étais tellement jalouse que je l’ai détesté sur le moment (rires). Mais n’est ce pas incroyable? Le fait de recevoir un hochet de tête veut dire qu’on a été reconnu, n’est ce pas? C’était tellement incroyable que j’ai même ressenti de lui les restes de l’odeur de Sheena Ringo.

C’est plutôt amusant de lire ce genre de remarques. J’ai personnellement du mal à mettre des artistes à des niveaux différents car, pour moi, un seul morceau exceptionnel peut valoir tous les albums. a子 est une jeune artiste et n’en est bien sûr qu’au début de sa carrière, ce qui explique certainement cette fascination. Dans un début de reconnaissance, elle notait sur son Twitter que Vaundy avait joué un de ses morceaux dans une playlist de radio. Moi qui adore dresser des liens entre des artistes que j’apprécie, je suis très satisfait de ces découvertes et c’est la raison pour laquelle je les mentionne ci-dessus.

白黒になる東京 (2)

Le noir et blanc continue à gagner Tokyo sur les photographies de cette petite série de quelques épisodes. Elles sont prises dans des lieux différents avec l’objectif 40mm que j’aime utiliser en ce moment. J’y ajoute parfois des éléments d’architecture comme sur quelques photographies du premier épisode. Je n’avais pas mentionné dans le premier billet qu’il s’agissait sur la première photographie du musée d’art Watarium conçu par l’architecte suisse Mario Botta en 1990. La grande fresque composée de photographies de visages collées sur la façade du musée a presque entièrement disparu. Il ne reste que quelques traces de papier qui demanderaient à être nettoyées, mais le concept de cette œuvre était apparemment de voir comment elle allait se décomposer avec le temps. L’autre photographie d’architecture du premier billet de cette série montrait la petite maison futuriste Delta à Meguro par l’architecte Akira Yoneda d’Architecton et l’ingénieur de structure Masahiro Ikeda. Je passe de temps en temps devant cette petite maison qui a l’attrait de ne pas être trop connue, par rapport à Reflection of Mineral de l’Atelier Tekuto, dans un esprit futuriste miniature un peu similaire. J’y suis passé alors que la nuit commençait doucement à tomber et les lumières révélaient un peu l’espace intérieur. Il y a également des éléments d’architecture dans ce deuxième billet de cette série en noir et blanc. La première photographie montre une partie de la maison House in Nishiazabu construite en 2006 par l’architecte Ryōji Suzuki, dont j’avais déjà parlé pour une de ses œuvres les plus emblématiques, Azabu Edge, également située à Nishi Azabu. La tête robotisée de la troisième photographie provient du cinquième étage du building Spiral à Aoyama, conçu par Fumihiko Maki et dont je montrais déjà la terrasse située juste en dessous. En parlant de Fumihiko Maki, mahl montre sur son blog une belle série de photographies en noir et blanc du premier bâtiment de Fumihiko Maki au Japon. Il s’agit du Nagoya University Toyoda Memorial Hall. Sur la dernière photographie de ce billet, je montre une nouvelle fois la tour Heian 51 près de Naka-Meguro. Cette tour de béton conçue par Shin Takamatsu est plus sobre que celle d’Akasaka que j’ai été voir récemment. Elle n’en demeure pas moins élégante par sa finesse et ses ouvertures rondes futuristes.

Sur le dernier album Music (音楽) de Tokyo Jihen, Sheena Ringo évoque une personnification du Panthéon bouddhique appelée Mahāmāyūrī, dans la courte partie rappée du premier morceau intitulé 孔雀 (Kujaku). Kujaku désigne en japonais le paon qui est également le symbole utilisé par le groupe. Mahāmāyūrī, également appelée Kujaku Myōō (孔雀明王), est une reine du savoir représentée chevauchant un paon comme le montre les deux représentations ci-dessus. A gauche, il s’agit d’une peinture en couleurs sur soie sur un rouleau datant de la période Heian (794-1185) au 12ème siècle, exposée au musée national de Tokyo à Ueno. A droite, la photo montre une statue de 78 cm en cyprès hinoki créée par le moine bouddhiste Kaikei (快慶) à l’époque Kamakura (1185-1333) en 1200. Cette statue est la propriété du temple Kongōbu-ji (金剛峯寺) situé au Mont Kōya dans la préfecture de Wakayama et elle est exposée au musée Koyasan Reihokan. Mahāmāyūrī est une personnification pacifique vénérée au Japon pendant l’époque de Nara (710-794). Elle a le pouvoir de protéger des intoxications physiques ou spirituelles. Elle permet donc de protéger des poisons, comme par exemple des morsures de serpent. Comme je le mentionnais déjà, le lien entre le dernier album Sandokushi (三毒史) de Sheena Ringo et ce nouvel album de Tokyo Jihen devient tout d’un coup évident. Le terme bouddhiste ‘Sandoku’ utilisé dans le titre de l’album fait référence à trois poisons (l’ignorance, l’avidité et la colère) également représentés par trois animaux (le poulet, le serpent et le cochon) que l’on trouve visuellement montrés dans la vidéo du premier morceau de Sandokushi, Niwatori to Hebi to Buta (鶏と蛇と豚). Mahāmāyūrī, la reine paon, vient elle protéger de ces poisons. Sheena Ringo a mentionné quelques fois en interview et pendant l’émission Hanakin Night Ajito Nau que certains fans avaient déjà deviné le retour de Tokyo Jihen à la sortie de Sandokushi en 2019 du fait de l’utilisation de ce nom d’album à référence bouddhique. Il est vrai qu’en 2019, Tokyo Jihen se réunissait déjà en cachette pour composer des morceaux avant leur re-formation officielle. Pour nous éclaircir un peu plus sur ce lien, la vidéo du morceau Kujaku montre des petites statuettes de porcelaine Herend posées sur un tourne-disques (les mêmes que celles posées sur la table pendant l’émission Ajito Nau) représentant les trois poisons (serpent, poulet et cochon) et le paon. Il s’agit d’un trait d’union intéressant entre sa carrière solo et le redémarrage du groupe.

Parmi toutes les émissions radio et télévision que j’ai pu voir et écouter pour la sortie de leur nouvel album, l’émission spéciale Gatten! sur NHK le Jeudi 10 Juin était une des plus intéressantes, surtout pour les morceaux qui y étaient interprétés. Gatten! est une émission de vulgarisation scientifique abordant divers sujets touchant à la vie quotidienne, à la santé et médecine entre autres. Les sujets sont expliqués de manière amusante et ludique avec des expérimentations auxquelles les membres de Tokyo Jihen se sont fait porter volontaires malgré eux. Parmi les sujets de cette émission, l’animatrice posait la question de quelle était la manière la plus efficace de passer l’aspirateur, ou comment éliminer le gaz d’une bouteille de Coca Cola avant de l’ouvrir si on l’a malencontreusement secoué auparavant. Ce sont des sujets très anecdotiques et l’utilité de la présence du groupe est des plus discutables, mais ils se sont quand même bien prêtés au sujet, à part peut-être Ukigumo qui a toujours l’air de s’ennuyer sur les plateaux de télévision. Le sujet suivant, le plus intéressant, était une explication de comment naît dans notre cerveau le plaisir, Kaikan (快感) en japonais. J’aime beaucoup ce mot car il me rappelle une scène culte du film Sērā-fuku to kikanjū (セーラー服と機関銃) où l’actrice Hiroko Yakushimaru le prononce juste après avoir descendu à la mitraillette les membres d’un clan adverse de yakuza. Pour expliquer le mécanisme du plaisir dans notre cerveau, une image illustrée géante de la tête de Kameda était montrée sur le plateau avec une ouverture sur son cerveau pour laisser apparaître des petites capsules rondes et animés représentant la dopamine et l’endorphine. Cette petite présentation se déroulait sous le sourire parfois surpris des membres du groupe.

Gatten! était plusieurs fois interrompue par des séquences présentées par Izawa Ichiyō et intitulées Musica Piccolyno. Il s’agit de mini-épisodes consacrés à l’éducation musicale, tentant de susciter l’intérêt des enfants pour la musique. Il y avait une autre séquence, un peu plus intéressante à mon avis, intitulée Warau Yōgakuten (笑う洋楽展) et présentée par le mangaka et illustrateur Jun Miura (みうらじゅん) ainsi que par Hajime Anzai (安齋肇), illustrateur mais également musicien et “Soramimiste”. “Soramimiste” fait référence à l’émission de télévision Sora Mimi Awa (空耳アワー) sur la chaîne Asahi. Cette émission présentée par Tamori et son Tamori Club (タモリ倶楽部) recherchait dans des morceaux de musique étrangère des mots qui pourraient être compris comme du japonais. Je me souviens qu’on regardait souvent cette émission. Tous les exemples de ré-interprétation en japonais de paroles en anglais ou autres langues n’étaient pas tous extrêmement réussis, mais nous faisaient souvent rigoler. Une autre séquence de l’émission, Warau Yōgakuten, parle également de musique. Jun Miura et Hajime Anzai y parlent librement en regardant des vidéos musicales qu’ils commentent. Pendant cette émission en particulier, ils évoquaient le morceau Baba O’Riley en version Live des anglais de The Who. L’émission spéciale passait donc son temps à jongler entre ces séquences en montrant au passage une reproduction assez fidèle en marionnettes de Tokyo Jihen habillé des tenues blanches qu’ils portaient au moment de leur re-formation au début de 2020. Il doit y avoir des fans motivés à la NHK pour créer des marionnettes de cette qualité.

Et l’émission nous montrait bien évidemment des interprétations de quelques morceaux de Tokyo Jihen. Il y en avait quatre en tout: Eien no Fuzai Shōmei (永遠の不在証明) extrait du EP News, une inévitable reprise de Marunouchi Sadistic (丸の内サディスティック) de Sheena Ringo, et deux morceaux du dernier album: Ryokushu (緑酒) et Yaminaru Shiro (闇なる白). Le titre de ce dernier morceau m’inspire d’ailleurs le titre des billets de cette série photographique. Sur Marunouchi Sadistic, le groupe était habillé des tenues blanches inspirées de la marine que l’on voyait sur l’affiche de l’album Music, sur le toit de l’immeuble Sky Building à Shinjuku. Les tenues qui m’ont le plus impressionné sont celles de Ryokushu et de Yaminaru Shiro. Sur Ryokushu d’abord, ils étaient tous les cinq habillés en tenues complètes roses. Ça pourrait paraître ridicule pour la plupart des groupes qui s’imagineraient se vêtir ainsi, mais ça passe pour Tokyo Jihen. Certainement parce qu’ils nous ont habitué à toutes sortes d’extravagances vestimentaires sans que ça paraisse déplacé. J’aime assez quand ils partent vers ces folies visuelles et j’y trouve même un certain esprit Visual Kei dans le sens où leur apparence ne répond pas à une mode du moment, reste particulièrement unique et essaie de susciter une réaction auprès du public. L’apparence visuelle du groupe redevient plus ‘normale’ sur le morceau Yaminaru Shiro. La mise en scène est très intéressante. On voit Sheena assise avec une veste en cuir et des lunettes de soleil ronde devant un ordinateur portable Apple où la pomme est remplacée par un paon. Elle porte sur une de ses mains des armor rings, étendus par rapport à ce qu’elle portait à ses débuts. On voit qu’Izawa est très musclé et son entraînement journalier sera même le sujet de la vidéo YouTube Hanakin du Vendredi 18 Juin. Avec ses petites lunettes rondes et sa musculature développée, il me rappelle un peu le personnage de RanXerox de Liberatore. Kameda est lui volontairement très statique debout sur un bloc avec un regard de tueur. Cette mise en scène est la meilleure des quatre morceaux joués dans l’émission. J’essaierais de parler un peu plus tard d’une autre émission très intéressante avec Tokyo Jihen, Kan Jam dont la deuxième et dernière partie passera dimanche soir.

I’m nobody. Who are you? I’m the ocean.

भीड़वाला शहर

Quand l’impression de prendre toujours les mêmes photographies me gagne, rien de tel que de changer d’objectif. Je n’utilise en général que mon objectif Canon L EF 17-40mm et j’avais presque oublié mes autres objectifs, dont un Canon pancake 40mm que je ressors de son sommeil. Changer d’objectif permet d’avoir une autre vision de la rue. Ce 40mm donne une proximité sur les objets qui force à prendre du recul ou à se concentrer sur les détails. Cet objectif n’est clairement pas fait pour les photographies d’architecture, du moins pour les vues d’ensemble. J’ai toujours aimé les objectifs à focale fixe car ils obligent à réfléchir au cadre, mais ils ne sont bien sûr pas exempt de frustrations. Je n’utilise pratiquement jamais la fonctionnalité zoom sur le EF 17-40mm, car je reste presque toujours sur le plus grand angle possible. Passer tout d’un coup à une vision rapprochée avec l’objectif 40mm me surprend à chaque fois. Je ne prends pourtant pas de photos fondamentalement différentes de l’habitude, mais je regagne un peu du plaisir initial de prendre des photos. En fait, sur ce billet, seule la première photographie est prise au grand angle, tandis que toutes les autres sont prises avec cet objectif 40mm. La photographie au grand angle et celles au 40mm ont été prises pendant des journées différentes car je n’amène jamais deux objectifs dans mon sac lors de mes déplacements. Dans cette série, j’essaie de m’approcher un peu plus près de la foule que j’ai plutôt tendance à éviter. J’évite en général les lieux trop encombrés mais cette fois-ci, je suis allé sur l’avenue principale d’Omotesando et dans les petites rues aux alentours. La sixième photographie montre des personnages de Gorillaz en association avec une marque de vêtements. Je me rends compte en voyant ces personnages que je n’ai jamais vraiment écouté d’albums de Gorillaz. J’ai pourtant un apriori plutôt positif pour l’approche artistique de Damon Albarn. Dans les grandes « batailles » musicales anglaises, j’ai toujours été plus Blur qu’Oasis et je réécoute d’ailleurs régulièrement Parklife, l’album de 1994 de Blur. Tout comme j’ai toujours été plus Beatles que Rolling Stones. En parlant des Rolling Stones d’ailleurs, ou plutôt de Mick Jagger, l’émission Very Good Trip de Michka Assayas (j’en parle beaucoup ces derniers temps) m’a fait découvrir récemment un nouveau morceau intitulé Easy Sleazy qu’il interprète à distance avec Dave Grohl. Je suis franchement étonné par la vivacité punk de Mick Jagger sur ce morceau, très bon et accrocheur d’ailleurs. En écoutant ce morceau, on a beaucoup de mal a imaginer qu’il a 77 ans. C’était en tout cas une bonne idée de s’associer avec la puissance brute de Dave Grohl. Sur la photographie suivante, je remarque un nouveau bâtiment noir en forme de valise pour la marque de cosmétique Shu Uemura. On le trouve dans les petites rues parallèles à l’avenue principale d’Omotesando. Je me souviens que l’ancien magasin se trouvait au rez-de-chaussée d’un vieil immeuble aujourd’hui disparu sur l’avenue principale, juste à côté de l’immeuble TOD’s de Toyo Ito. Je me souviens bien de cette boutique car je l’avais prise en photo à la demande d’un directeur artistique français de la marque à l’époque en 2006. C’était seulement des essais qui ne se sont pas concrétisés en un projet au final. En y repensant maintenant, je me souviens de beaucoup de propositions ou projets de ce type dans ces années là avant 2008, mais ils ne se sont que très rarement concrétisés. Ce type de proposition est beaucoup plus rare maintenant et la dernière en date pour le magazine du musée du Quai Branly a été une mauvaise expérience. Au final, l’effort est rarement récompensé. C’est malheureusement une réalité que je retiens pour ce blog. La dernière photographie montre une nouvelle fois le béton de l’annexe de la galerie The Mass sur Cat street. J’y avais vu des bonsaïs lors d’une visite précédente mais cette fois-ci, rien n’était mis en exposition. Je pense que l’espace a été reconverti en café, peut-être de manière temporaire.

Dans les découvertes musicales de ces derniers jours ou semaines, je ne découvre pas de nouveaux groupes ou artistes mais plutôt quelques nouveaux morceaux sélectionnés d’artistes que je connais déjà depuis un petit moment et dont j’ai déjà parlé ici. Il y a d’abord le single My Lovely Ghost de YUKI sur son dernier album intitulé Terminal. Je n’aime pas tous les morceaux de YUKI mais j’apprécie beaucoup sa voix très particulière, surtout quand elle l’exerce avec un léger excès sur ce type de morceau très pop et forcément ultra accrocheur. Je garde également une oreille attentive aux morceaux du groupe EMPiRE. Le groupe de l’agence d’idoles alternatives Wack a sorti très récemment un double A side single HON-NO/IZA!! . Le morceau HON-NO m’intéresse moins mais j’aime par contre beaucoup le deuxième morceau IZA!!. La musique est composée par le musicien électronique Seiho qui assure également la production. Je ne connais pas beaucoup Seiho à part un de ses morceaux connus, I feel tired everyday. Dès les premières secondes, on est tout de suite pris par le rythme des quelques notes electro pop qui démarrent le morceau. On retrouve d’ailleurs cette intro sur trois bandes annonces assez énigmatiques (1, 2 et 3), mettant en scène Midoriko, seule avec deux autres personnes n’ayant à priori rien à voir avec le groupe et le morceau. Il n’y a aucune fausse note dans l’interprétation de EMPiRE, ce qui est un peu dommage car j’aime bien les légères dissonances, mais le chant de EMPiRE est de toute façon plus harmonieux que celui des grandes sœurs de BiSH. Et en parlant de BiSH, je passe également écouter le dernier morceau d’AiNA THE END qui sort décidément beaucoup de nouveaux morceaux en ce moment. Le dernier en date est intitulé Watashi ha koko ni imasu (ワタシハココニイマス for 雨). AiNA n’hésite pas à pousser sa voix jusqu’à la cassure. J’ai l’impression que depuis qu’elle a démarré sa carrière solo en parallèle de BiSH, elle apparaît un peu plus fréquemment dans les émissions musicales télévisées. On pouvait la voir le week-end dernier dans l’émission Music Fair sur Fuji TV, reprenant les pieds nus un morceau de Yutaka Ozaki. Je découvre aussi par hasard sur YouTube qu’AiNA avait repris le morceau Mayonaka Ha Junketsu avec Tokyo Ska Paradise Orchestra. Ce n’est d’ailleurs pas le seul morceau de Sheena Ringo qu’elle a repris. Le problème de ces reprises, c’est qu’on a tendance à comparer les voix. Celle d’AiNA convient mieux à des compositions originales comme sur le morceau ci-dessus qui laisse sentir toute l’émotion qui se dégage de sa voix. J’apprécie également le fait qu’elle n’hésite pas à se mettre en difficulté en repoussant les limites de ses capacités vocales. Le morceau n’est pas franchement simple à interpréter et elle le chante avec une grande passion. Finalement, pour compléter cette petite sélection de quatre morceaux, je reviens vers 4s4ki pour le morceau FAIRYTALE interprété avec Zheani. On passe là sur un morceau électronique beaucoup plus agressif, dans le style des derniers morceaux que j’avais écouté d’elle. Elle y pose une voix rappée plus apaisée que le son électronique qui l’accompagne. Zheani qui est invitée vient perturber le morceau par un chant tranchant ressemblant à des cris qui me font un peu penser à ceux d’Alice Glass à l’époque de Crystal Castles. Sur ces quatre morceaux, l’étendue des styles musicaux est relativement large mais j’aime de toute façon beaucoup varier les atmosphères, jusqu’à aller aux limites des styles que j’aime habituellement. Ce sont des petites doses musicales d’une énergie directe que j’aime me mettre dans les oreilles régulièrement. Ça me permet également de vérifier si je suis toujours en mesure d’apprécier la musique d’artistes ou groupes qui sont beaucoup plus jeune que moi. Enfin, dans ma sélection, ce n’est pas le cas de YUKI qui a déjà une longue carrière en solo qui suivait celle dans le groupe Judy and Mary. Mais il se dégage de son nouveau single, une jeunesse qui me ramènerait à mes premières années à Tokyo.

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Une petite série en trois épisodes qui se passe de commentaires, sauf ceux que je suis en train d’écrire maintenant mais que j’aurais mieux fait d’éviter pour aller au bout du concept de série sans commentaires. Les nuages côtoient l’architecture comme deux éléments d’une recette visuelle que je n’ai cette fois-ci pas mélangé bien que la tentation fut grande et les essais non concluants. L’architecture sur cet épisode n’est plus à présenter mais sur les deux premiers épisodes, elle n’était pas présentable car les noms des créateurs me sont inconnus. Je tente une nouvelle fois avec cette petite série un format de billets plus court, car j’avais un peu tendance à m’allonger ces derniers temps et l’effort ne vaut pas toujours la chandelle.

閏年エンディング ~其ノ弐~

Le but de ma marche en ville cette fois-ci était de trouver un bâtiment conçu par Kengo Kuma en 2009, Le Hall TOGO, se trouvant à proximité du sanctuaire Tōgō. Les formes en lamelles de bois sur l’avant et l’arrière du hall tout en longueur sont typiques du style de Kuma. J’aime surtout le design en forme de losange des murs légèrement obliques servant d’espaces pour y faire pousser des plantes. Le bâtiment a déjà plus de dix ans et on ressent déjà l’effet de l’humidité sur la surface du bois. Je découvre ce bâtiment que je ne connaissais pas du tout grâce au compte Instagram de l’amoureux d’architecture Toshy129. Je consulte de moins en moins Instagram et j’y publie également beaucoup moins, mais je garde toujours un œil sur quelques comptes surtout architecturaux qui me donneront des idées de visites ultérieures. Le compte Instagram de Toshy est extrêmement complet avec à chaque fois, ou presque, l’adresse notée, l’année de construction et le nom de l’architecte. Vu comment je galère parfois à trouver certains bâtiments sans avoir l’adresse, je me demande comment il réussit à réunir autant d’information sur l’architecture tokyoïte. Ceci-dit, je ne vois pas beaucoup de maisons individuelles dans sa liste et ce sont principalement celles-ci qui sont difficiles à trouver, et qui m’intéressent le plus, il faut bien le dire.

En remontant l’avenue Omotesando, on ne peut pas manquer de voir la grande mosaïque créée par Taniuchi Rokuro en 1975 sur l’ancienne librairie Sanyodo shoten, toujours en activité. En fait, cette mosaïque fait tellement partie du décor qu’on la remarque pratiquement plus. Je me suis rendu compte que je ne l’avais jamais prise en photo jusqu’à maintenant. Ma photographie est malheureusement incomplète. Elle s’intitule « Le trou dans le parapluie est la première étoile » (傘の穴は一番星), car le parapluie couleur bleue nuit du petit garçon est percé et la lumière qui le traverse lui fait penser à une étoile. Je n’ai pas eu la présence d’esprit d’intégrer cette étoile imaginaire dans le cadre de la photographie, certainement parce que je voulais inclure des passants dans cadre. Ça me donnera une occasion de revenir un peu plus tard pour rectifier cette omission. Sur l’avenue d’Omotesando, ce petit bâtiment préservé des reconstructions fait figure d’exception. Espérons que l’aspect symbolique de cette mosaïque lui permette d’être conservé encore longtemps à cet endroit, mais j’ai quelques doutes que cela soit suffisant.

Les deux dernières photographies montrent quelques lumières néons de la gare de Shibuya, celles de la passerelle reliant l’immeuble Scramble Square à Hikarie, et celles en sous-sol de la station de la ligne Fukutoshin, dont je montrais le dôme dans un billet précédent. Quant aux feuilles mortes qui se ramassent à la pelle, je prends la première photographie de ce billet en réécoutant à ce moment précis la reprise que fait Sheena Ringo des Feuilles Mortes de Jacques Prévert, chantée en français puis en anglais, sur l’album Utaite Myōri: Sono Ichi (唄ひ手冥利 ~其ノ壱~) sorti en 2002. Le morceau prend le titre japonais Kareha (枯葉). Il est également interprété lors du concert Baishō Ecstasy. Je me suis mis à réécouter par petites touches cet album que j’avais acheté à l’époque mais que j’avais longtemps ignoré (à part quelques morceaux).

Alors qu’il ne reste plus que quelques jours avant la fin de l’année, l’envie me prend comme tous les ans à cette époque, de regarder les statistiques de Made in Tokyo. J’ai écrit 141 billets en cette année 2020, ce qui est à peu près similaire à l’année dernière avec 137 billets, mais beaucoup plus que les années précédentes (126 billets publiés en 2018 et 95 en 2017). Je n’ai bien entendu pas d’objectif quant au nombre de billets que je vais écrire sur ce blog, mais le fait que j’arrive d’année en année à maintenir un rythme soutenu me satisfait beaucoup. J’ai aussi le sentiment que les billets que j’ai écrit cette année sont dans l’ensemble plus longs, certainement parce que je parle beaucoup de musique japonaise, sujet qui me passionne depuis quelques années et qui est souvent le déclencheur de l’écriture d’un nouveau billet. En fait, je commence souvent à écrire un billet en pensant à la musique que j’écoute au moment de démarrer l’écriture. Les photographies que je prends sans relâche dans les rues tokyoïtes sont bien sûr l’autre principal déclencheur, mais j’ai beaucoup plus de mal à parler seulement des lieux photographiés sans les lier à une ambiance musicale. Ce besoin de liaison est loin d’être nouveau et me suit depuis de très nombreuses années (depuis toujours en fait). Pour apprécier ce blog, il faut, je pense, être sensible à ces deux éléments. Je ne prétends pas arriver à lier musique et photographie d’une manière convaincante. Il faut souvent passer par les mots pour essayer de construire un parallèle. Mes tentatives de liaison doivent souvent passer inaperçues. En regardant à la date d’aujourd’hui, il y a eu un total de 17,209 visites sur Made in Tokyo, ce qui fait une moyenne de 47 visites par jour. On est dans le même ordre l’idée que l’année dernière avec 16,381 visites et une moyenne de 45 visites par jour. Le nombre de commentaires est par contre en très nette progression avec un total de 173, ce qui est presque 3 fois plus que l’année dernière avec 62 commentaires. Ceci étant dit, beaucoup proviennent de deux ou trois personnes en particulier qui se reconnaîtront et que je remercie grandement. Je ne peux m’empêcher de renouveler mon appel aux commentaires, surtout parmi ceux qui viennent régulièrement visiter ces pages en restant silencieux. J’ai beaucoup considéré ajouter un champ avec le nombre de commentaires par billets affiché près du titre de chaque billet, comme moyen pour susciter les commentaires, mais j’ai finalement décidé de maintenir la manière actuelle. J’aime bien l’idée que les commentaires ne soient pas immédiatement visibles depuis la page principale, comme cachés à l’abri des regards, mais visibles pour ceux qui prennent la peine d’être intéressé par le sujet traité dans le billet. Comme je le dis souvent, ces statistiques ne sont pas la raison pour laquelle j’écris sur ce blog. Je pense qu’en plus de montrer Tokyo et de parler des musiques que j’aime, je ressens aussi de plus en plus le besoin d’écrire en français.