un rond olympique rouge

Les drapeaux japonais sont de sortie pendant les tous premiers jours de l’année, comme pendant tout jour férié d’ailleurs. On les vois alignés dans les grandes rues et avenues comme celle de Omotesando ci-dessus. En voyant cet alignement, je pense tout de suite à la photographie prise par Masataka Nakano à Ginza pendant cette même période après le premier de l’An. Je ne suis pas sorti pour les drapeaux, mais pour voir l’état d’avancement de la construction du nouveau stade olympique conçu par Kengo Kuma, bien qu’on ne puisse pas encore l’approcher de près car il est toujours entouré de barrières blanches. Nous avons réussi à acheter des places dans le stade pour les épreuves olympiques d’athlétisme. Il y avait une loterie pour l’achat des places pour toutes les compétitions et nous avons eu la chance d’avoir été sélectionné pour un de nos choix, surtout dans ce stade. Les compétitions que l’on verra seront le soir au début du mois d’août. J’ai un peu peur que la chaleur et la foule nous étouffent, malgré les systèmes d’aération du stade. Autour du stade, je ne suis pas le seul à prendre des photos. Il y une foule éparse près du nouveau petit musée olympique et autour du stade. Tous essaient tant bien que mal de le prendre en photo par dessus les barrières. Je tente la même chose en prenant plusieurs photographies à l’aveugle en étirant les bras.

Au tout début du mois, j’ai eu la surprise de voir arriver dans notre boîte aux lettres, une enveloppe blanche frappée du logo rouge de forme ronde de Tokyo Jihen. Il y a un petit morceau de tissu couleur indigo à l’intérieur et un message de bonne année. Le message annonce d’ailleurs la réformation de Tokyo Jihen et me rappelle leur tournée 2020 東京事変 Live Tour 2O2O 『ニュースフラッシュ』 pour 13 dates dans plusieurs villes (Tokyo, Osaka, Sendai, Sapporo, Fukuoka, Nagoya et retour à Tokyo). Il y a deux semaines, je tente ma chance pour acheter des places de concert pour les dates à Tokyo. Là encore, il s’agit d’une loterie donc je ne sais pas encore si je pourrais assister au dit concert. En fait, je me suis inscrit au fan club de Sheena Ringo l’année dernière dans le but de pouvoir acheter des places. On verra début février si la chance me sourit cette fois-ci.

light in darkness

Jouons encore un peu avec les ombres et les lumières sur l’architecture tokyoïte, en y ajoutant quelques touches de couleur rouge comme pour y introduire une petite dose de mystère et d’angoisse. Juste un peu. Juste une touche légère. Comme c’est très souvent le cas, ces manipulations photographiques sont conçues sous influence musicale. Il n’y a pas forcément de liens très directs ou évidents entre la musique que j’écoute en ce moment et ces images en noir et blanc colorées de rouge, mais il y a pourtant une certaine idée de noirceur et de lumière soudaine.

En images ci-dessus, deux albums de Necronomidol: DEATHLESS (2017), VOIDHYMN (2018) et le EP Scions of the blasted heath (Juin 2019), ainsi qu’une image extraite de la vidéo sur YouTube du morceau ITHAQUA sur l’album DEATHLESS.

A priori, je ne pensais pas que j’allais aimer la musique de NECRONOMIDOL, mais c’est pourtant ce qui m’arrive en ce moment en écoutant l’album DEATHLESS sorti il y a deux ans et le EP Scions of blasted heath qui est lui sorti le 13 Juin 2019. Je connaissais le nom de ce groupe depuis quelques temps sans avoir écouté leur musique. Ce nom est d’ailleurs une référence directe à l’ouvrage fictif Necronomicon imaginé par HP Lovecraft, ce qui donne tout de suite une idée assez précise de l’ambiance musicale du groupe. NECRONOMIDOL y emprunte l’ambiance sombre flirtant avec l’horreur et le fantastique, dans les paroles comme dans la tonalité musicale générale. Mais comme il s’agit d’un groupe d’idoles comme le nom l’indique aussi, on devine également que des rayons de lumières J-POP viendront éclaircir ce tableau aux allures à priori oppressantes. Je n’ai pas d’attirance particulière pour ces univers effrayants (je fuis même les films d’horreur), et je n’ai pas non plus d’intérêts particuliers pour le monde musical des idoles. On peut donc se demander ce qui m’a amené à écouter cette musique alors qu’au même moment Autechre sort Warp Tapes 89-93 c’est à dire deux heures de musique électronique gratuite et que Thom Yorke sort un nouvel album Anima qui a l’air génial rien qu’en regardant la pochette?

Image extraite de la vidéo sur YouTube de SKULLS IN THE STARS sur l’album DEATHLESS. La vidéo est construite comme un jeu vidéo rétro en 2D avec boss de fin de niveau et possibilité de permuter les personnages en court de partie. Le premier niveau se passe à Aokigahara, la tristement célèbre forêt des suicidés. L’action se poursuit pour le deuxième niveau à Kholat Syakhl, surnommée la montagne de la mort, dans les monts Oural en Russie. Le troisième et dernier niveau se déroule à Tokyo-IV. Comme Tokyo-3 est la ville forteresse située à Hakone dans le manga Neon Genesis Evangelion, j’imagine que Tokyo IV est la version de la ville après une nouvelle destruction et reconstruction imaginaire.

Il s’agit peut être de l’attrait de la nouveauté et l’envie d’écouter un univers musical sur lequel je suis néophyte. Il faut dire aussi que NECRONOMIDOL entre dans la catégorie des Anti-Idols, ce qui me laisse penser qu’on doit y trouver une certaine déviance des chemins tout tracés de la J-POP. Malgré le qualificatif de Anti-Idol, le groupe n’en est pas moins monté de toute pièce avec renouvellement des membres du groupe de manière régulière. La musique est créée par des compositeurs et l’implication de chaque membre dans le processus créatif est très limité. Bref, tout ce qui fait les caractéristiques des groupes d’idoles s’applique également à NECRONOMIDOL. Le nom du groupe et l’imagerie très noire et occulte me rebutaient un peu à priori. Mais le hasard de la lecture d’un article de Patrick Saint Michel (un des critiques que je respecte le plus en terme d’appréciation musicale de la scène underground ou non mainstream japonais – si ce n’est le seul d’ailleurs) m’amène à écouter par curiosité le EP mentionné plus haut Scions of the blasted heath, et je suis très agréablement surpris par ce que j’entends. Un autre article du même auteur NECRONOMIDOL and New Directions in Japanese Metal sur le site de Bandcamp, sur lequel tous les albums et EPS sont disponibles, vient me convaincre un peu plus en interviewant une des figures du groupe Risaki Kakizaki. Elle a ses quelques mots sur la musique du groupe: “Some groups doing idol and ‘loud music,’ the voices mesh too well with the music. I feel with NECRONOMIDOL, we actually have more of an unbalance—a good unbalance—between the vocals and the actual instrumentation. And that’s something we want to push forward, a feeling of uncertainty”. Mes goûts musicaux sont pratiquement toujours fondé sur ce sentiment difficile à décrire de ‘déséquilibre’. Le chant des cinq filles du groupe posé sur du black métal donne un contraste très intéressant, d’autant plus qu’on n’est pas du tout ici dans le registre kawaii, bien heureusement. Je ne suis pas spécialiste en metal, à part écouter de temps en temps X JAPAN dans un style plus Visual Kei, mais j’ai l’impression que ce style de musique black métal reste inchangé depuis des décennies. Le style des morceaux évolue aussi vers du dark wave, style électronique sombre plutôt orienté années 80. L’instrumentation est parfaitement construite et agencée. Elles chantent toutes les cinq et la qualité peut être variable, mais dans l’ensemble, ça se tient très bien. Mais c’est surtout le contraste du chant avec la tension musicale qui rend ces morceaux interessants et même addictifs.

Image extraite de la vidéo sur YouTube de Psychopomp sur l’album VOIDHYMN. Les images sont tournées dans la forêt de Aokigahara au pied du Mont Fuji dans la préfecture de Yamanashi.

En fait, je me suis laissé très vite convaincre en écoutant le morceau Salem sur le EP Scions of blasted heath, avec ces voix très mélodiques et sombres posées sur un magma de guitares. L’ambiance y est fantastique. Il y a un ou deux morceaux beaucoup plus classiques de ce qu’on peut entendre d’un groupe d’idoles mais il faut garder en tête qu’elles chantent en général des atrocités dans les paroles. Les paroles vont d’ailleurs de paire avec l’imagerie inquiétante qui accompagne chaque album, dans un style d’horreur grotesque. J’ai l’impression de donner à chaque fois des précautions d’usage dans les recommandations musicales ces derniers temps et je ferais de même avec NECRONOMIDOL. Comme il peut y avoir des films de genre, il s’agit là d’une musique de genre, et tout l’intérêt vient dans les contrastes. Après quelques écoutes, cette musique devient irrésistible et absorbante, comme s’il y avait là un léger goût d’interdit, au point que je me mets assez vite à découvrir les autres albums du groupe, comme VOIDHYMN sorti en 2018. Dans l’ensemble, la qualité des morceaux peut être inégale mais il y a beaucoup de morceaux tout simplement grandioses. Pour en citer quelques uns comme points d’entrée: End of Days, Skulls in the Stars, Hexennacht et Ithaqua sur l’album Deathless, Salem et The festival sur le EP Scions of the blasted heath, Innsmouth, Psychopomp et une autre version avec plus de guitares de Skulls in the Stars sur VOIDHYMN. La pochette de ce dernier album est d’ailleurs signée par Suehiro Maruo, un des maîtres du manga d’horreur japonais. Et cette ambiance picturale correspond bien avec celle de nombreux morceaux, comme des contes macabres.

collapsing

Depuis très longtemps, même avant que j’habite au Japon, j’ai l’image d’un lieu en tête, mais cette image n’est pas précise et en fait très floue. Ce lieu me revient parfois en tête quand je marche en ville à Tokyo, comme un phénomène de déjà-vu. J’ai en tête cette image depuis, je pense, plus de vingt ans, avant ma venue à Tokyo. J’ai la certitude que ce lieu se trouve en ville et à Tokyo. Il s’agit peut être d’une image de Tokyo que j’ai vu en photographie sur un livre ou un magazine en France, ou dans un film. A cette époque où je rêvais de Japon, cette image a peut être nourri mon imaginaire et est peut être restée inscrite dans mon inconscient. Ce n’est pas une obsession car je n’y pense que de temps à autre, mais depuis que je vis à Tokyo, c’est comme si je recherchais sans relâche ce lieu à travers mes nombreuses marches en ville. Le problème est que ce lieu tient plus de la sensation que d’un lieu clairement défini. Il pourrait s’apparenter à un type d’espace qu’on pourrait trouver à différents endroits dans Tokyo, sans qu’il ait une appartenance forte avec un quartier précis. J’ai quelques certitudes sur certains aspects du lieu, mais également beaucoup d’incertitudes. Le lieu se trouve à priori au deuxième étage d’un immeuble ou d’une maison. Il n’est pas accessible directement depuis l’extérieur, protégé de la rue, mais en même temps proche de l’activité, des bruits et des voix de la rue. Un deuxième étage, comme un observatoire des activités urbaines, semble correspondre à mon image. Je ne suis pas certain s’il s’agit d’un lieu de travail ou d’un lieu de vie. Il me semble être entre les deux, peut être un lieu où on y poursuit une passion ou un hobby. Le lieu n’est pas spécialement confortable et me semble encombré de choses sans que cette image soit précise, comme des objets qu’on entrevoit à travers une vitre semi-opaque. Il s’agit certainement d’objets permettant la création de quelques chose, car je ressens ce lieu comme un espace de création. Ce n’est pas un lieu vide, il y a une certaine animation des choses dans ce lieu. La structure de l’endroit n’est pas simple car on devine de nombreux angles depuis l’extérieur, depuis un petit balcon sur lequel quelques plantes ont poussé sans entretien jusqu’à envahir la terrasse du balcon et empêcher son accès depuis l’intérieur. Cette image d’un lieu n’est pas un souvenir du passé mais un lieu du présent voire un lieu dans le futur. Il doit certainement inconsciemment représenter mes peurs et mes aspirations.

Deux ans après le Cheetah EP, Aphex Twin sort enfin un nouvel EP intitulé Collapse incluant cinq morceaux, dont T69 collapse dont je parlais auparavant, dans le style et l’esprit que l’on connaît de Richard D. James. C’est une bonne chose, car ces sons électroniques sont tout simplement beaux et percutants. Il y a une atmosphère et une intensité qui nous poussent à l’introspection. J’ai le même sentiment que pour Autechre que cette musique est une évolution avant-garde de ce que nos sens pourrait venir à accepter dans le futur comme un standard musical. Mais tandis qu’Autechre est parti depuis quelques temps vers des sphères insondables et qu’on a du mal à les suivre sans passer par une formation immersive des sens, la musique électronique d’Aphex Twin reste très accessible car elle ne renie pas la mélodie. Les mélodies, parfois aux sonorités Sud asiatiques d’ailleurs sur cet EP, sont par contre et bien entendu malmenées et sans cesse transpercées de minuscules cliquetis électroniques. Toutes ces notes et incursions électroniques sont extrêmement bien maîtrisées, c’est le génie d’Aphex Twin, mais donne également l’impression que les machines tentent de prendre le dessus, comme une intelligence artificielle qui apprend à auto-générer ses sons par tâtonnements. Il y a un côté anxiogène dans certains morceaux, mais ils sont rapidement contrebalancés par des pointes de lumières. Chaque morceau de ce EP a un déroulement imprévisible, ce qui rend l’ensemble extrêmement intéressant à l’écoute.

following some dance of light

Deux morceaux de Dream Pop accompagnent dans ma tête ces quelques images de Omotesando et de Harajuku: le morceau The Trip par Still Corners sur l’album Strange Pleasures (2013) et le morceau It’s late par A Beacon School sur l’album COLA (2018). Je n’écoutais pas ces deux morceaux pendant que je marchais dans ces rues, mais lors du développement des photographies de retour à la maison. Les photographies que je montre sur mes billets ne sont en général qu’une petite portion du total des photographies que je prends dans la journée, peut être moins de dix pour cents. J’aime à penser que la musique que j’écoute au moment du développement des photographies conditionne leur traitement et la sélection de celles que je montrerais ensuite sur Made in Tokyo. Ces deux morceaux se basent sur des motifs musicaux qui se répètent sans arrêt et deviennent entêtants. Ces motifs viennent comme s’imprimer dans le fond du cerveau et finissent par se faire oublier car il deviennent omniprésents. J’écoute encore ces deux morceaux dans la voiture à Karasuyama, la montagne des corbeaux même s’il n’y en a aucun cette nuit là. J’attends alors qu’il pleut dehors, sans arrêt presque depuis plusieurs jours qui doivent maintenant être des semaines. J’écris ces lignes assis sur le fauteuil du conducteur dans un parking lambda à 300 yens la demi-heure. J’écris en regardant ces images sur l’iPad et en réfléchissant à ce qu’on peut bien écrire sur ces photographies, sur des lieux pris maintes fois en photographies, même si chaque photographie est différente de la précédente et que l’on découvre toujours de nouveaux lieux, ou des lieux qui ont changé. Certains lieux ont disparu ou été transformés car ils n’avaient pas fait leurs preuves. Ce sont souvent les couleurs et la lumière qui attirent mon œil photographique. Par exemple, quand la lumière est claire et océanique comme sur la première photographie. Quand des couleurs dorées viennent contraster avec les murs grisâtres. Quand les dégradés de couleurs se mélangent sur les Nike Air More Uptempo alignées sur la devanture d’une énième boutique de sneakers. Quand le rose devient excessif à l’intérieur d’une boutique de Ura-Harajuku 裏原宿. Quand les lumières le soir viennent danser entre les buildings de verre. Quand les buildings de verre viennent exagérer leurs couleurs et reflètent sur leurs surfaces les lumières dansant entre les nuages. Il pleut toujours dehors sur le parking. La Dream Pop passe maintenant le relai aux morceaux Shoegaze de Yuragi 揺らぎ sur le très bel EP night life (2016). Je dirais même que la beauté de ce mini-album est saisissante. La voix frêle de la chanteuse Mirai Akita venant se confronter à la dureté du son des guitares. Les guitares sont parfois accueillantes mais la tension est toujours palpable avant les déchaînements d’électricité. La vie la nuit devant ce parking est celle d’un bureau du journal Asahi Shinbun. Trois hommes semblent occupés à l’intérieur. Une dizaine de mobylettes sont garées devant le bureau, prêtes à être utilisées. Elles partent et reviennent les unes après les autres pour ce qui doit être la livraison de l’édition du soir. La pluie fait enfin une trêve et c’est enfin l’occasion de sortir de la voiture pour marcher un peu dans le quartier. Je remets la musique de Yuragi dans les écouteurs cette fois-ci. J’ai amené mon appareil photo comme pratiquement tout le temps, mais je ne l’emporte pas avec moi pour cette courte marche. Pourtant des photographies de nuit aurait pu bien correspondre avec la musique de ce EP appelé night life. Je me dis qu’aucune photographie prise ce soir ne viendra égaler le moment passé à écouter ces morceaux dans le noir en marchant parmi les quelques autres personnes qui rentrent chez eux à pieds, à vélo ou attendent le bus.

l7été(10)

Dernière série de photographies à propos de cette journée chaude du mois d’août à marcher entre Shinjuku et Aoyama. Les deux premières photographies sont prises dans les allées étroites de Golden Gai à Kabukichō, dont je parlais dans le billet précédent. Les étroites baraques à deux étages en plus du rez-de-chaussée ne semblent pas avoir changé depuis des dizaines d’années. Les façades sont la plupart du temps encombrés d’objets et d’affiches montrant leur particularité. Nagune montrait une photographie d’artiste, le bar en photo ci-dessus montre tout de suite son appartenance punk. En marchant plus de 3 heures depuis Shinjuku en direction de Shibuya, le paysage urbain change lorsque l’on traverse le quartier d’Omotesando. Il offre une toute autre ambiance que les rues poisseuses de Kabukichō. J’ai volontairement regroupé ces photographies dans un même billet pour marquer le contraste. J’ai déjà pris maintes fois en photo la devanture courbe de la boutique chic de Comme des Garçons, mais elle était cette fois-ci recouverte d’un dessin de dinosaure enfantin qui me paraissait assez éloigné de l’image que je me fait de la marque. Un peu plus bas dans la rue, je ne prends en général plus en photo le bâtiment Prada de Herzog et De Meuron. Il est tellement devenu une évidence de beauté architecturale qu’il a été pris beaucoup trop de fois en photo aux quatre coins de l’Internet. Mais comme cela fait bien 3 ans que je ne l’ai pas montré ici, je me permets cet écart de principe. Après cette longue sortie à pieds du week-end, la chaleur insupportable reprend sur Tokyo et on atteint les 37 degrés. Comment sortir, marcher et prendre des photos dans ces conditions là… Vivement l’automne.

En attendant que la chaleur tombe, je me refroidis au moins les oreilles avec la musique électronique de l’artiste japonaise Sapphire Slows, le nom de scène de Kinuko Hiramatsu. J’écoute le mini-album de 7 titres intitulé Time sorti sur le label londonien Kaleidoscope en Septembre 2017. La musique de Sapphire Slows joue de nappes brumeuses plutôt sombres sur lesquelles viennent se poser des sonorités électroniques pointilleuses ainsi que la voix vaporeuse de Hiramatsu. Cette voix s’entremêlent en plusieurs couches marquées de reverberation. Le morceau My Garden a quelque chose d’envoûtant quand on s’autorise à se laisser engloutir par les flots en répétition de cet océan électronique. Certains morceaux comme Piece of you ou The edge of my land, certainement le morceau le plus accrocheur de l’album, prennent des accents plus pop lorsque les sonorités se font plus lumineuses. Sur ce morceau, j’aime quand ces sonorités pointilleuses se désynchronisent légèrement ou quand une ligne de sons électroniques dissidente part de son côté pendant le morceau. Ce mini-album fonctionne comme un bloc homogène qu’on écoute sans s’interrompre. Il est disponible sur Bandcamp sur la page du label Kaleidoscope, mais par sur la page de Sapphire Slows étonnement, ce qui m’a induit en erreur en pensant qu’il n’était disponible que sur iTunes. Il y a quelques autres EPs que j’aimerais découvrir un peu plus tard, comme celui intitulé The role of purity qui m’a l’air plus ambiant, ou encore celui intitulé Yubiwa en association avec Hotel Mexico, que je ne connais pas, et surtout Jesse Ruins, dont l’album Dream Analysis, que j’avais découvert en 2011, avait été pour moi une véritable révélation. Du coup, je me mets à réécouter cet album de Jesse Ruins à la suite du mini-album Time de Sapphire Slows.