たった一度の人生ゲームさ

Alors que je mentionnais dans mon dernier billet mon intention de ne pas me concentrer sur le Tokyo insolite, je m’enfonce forcément, mais volontairement, dans la brèche avec quelques unes des photographies ci-dessus pour m’auto-contredire. Il m’arrive souvent sur ce blog d’avoir envie de faire le contraire de ce que je viens d’écrire, tout simplement parce que j’ai la liberté de le faire. Dernièrement, j’avais aussi abordé ce ‘Tokyo insolite’ en montrant ici et sur Twitter des photographies des toilettes publiques transparentes conçues par Shigeru Ban, pour deux petits parcs près de Yoyogi. Je me suis rendu compte que les deux photographies mises sur Twitter ont été reprises sur le site de Cnews le 18 Août, et par ricochet sur quelques sites parfois en anglais ou espagnol. Ça m’amuse d’ailleurs de voir comment le site de news propage des informations inexactes. Le site nous dit par exemple qu’il y a déjà cinq toilettes transparentes à Shibuya et qu’il y en aura bientôt 17, alors qu’il n’y en a que deux et que les autres toilettes ne sont/seront pas transparentes et ont des styles complètement différents (par des architectes différents d’ailleurs). L’article laisse aussi penser que ce projet couvre tout Tokyo, alors qu’il s’agit seulement de Shibuya.

Mais revenons aux photographies sur ce billet. Je connaissais ce King Kong en haut d’un bâtiment rose pour l’avoir déjà vu en photo quelque part mais je ne me souviens plus où exactement. On le découvre par hasard alors que nous partons à la recherche du sanctuaire Taishido Hachiman dans les zones résidentielles de Sangenjaya. Le gorille se trouve dans la rue commerçante principale de Sangenjaya, perpendiculaire à la longue route 246 qui passe à Shibuya et nous amènerait jusqu’à Numazu dans la préfecture de Shizuoka si on la suivait tout le long de ses 122.7kms. Le Maneki Neko et le lapin rose, tous deux gonflables, se trouvent à l’intérieur du sanctuaire Taishido Hachiman. On est surpris par la présence de ces objets insolites qu’on a, il faut bien le dire, peu l’habitude de voir à l’intérieur des sanctuaires, mais dont on ne peut ignorer la présence une fois qu’on les a aperçu. Il doit s’agir de la préparation d’un matsuri pour les enfants, car on voyait également un petit stand en cours d’arrangement juste à côté. Il y a un enclos avec un lapin à l’entrée du sanctuaire. Il est peut être involontairement le symbole de ce lieu. Il n’y avait personne dans le sanctuaire, à part la dame qui nous a donné le sceau Goshuin que nous étions venu chercher et dont je parlais précédemment. Le fait qu’il n’y avait personne dans ces lieux renforçait l’impression d’être observé par toutes choses, notamment par les 21 petits renards Inari (je ne prends pas en compte celui qui regarde à côté) qui sont en charge symbolique de garder l’enceinte du sanctuaire. Un peu plus loin sur la rue commerçante où se trouve le gorille sur le toit, on trouve un bâtiment rouge écarlate placé sur un espace triangulaire minuscule, qu’on pourrait sans aucun doute trouver dans le bouquin Pet Architecture de l’Atelier Bow Wow. Ce petit bâtiment, en plus d’utiliser l’espace de manière optimale, à la particularité d’avoir beaucoup d’ouvertures. Lorsqu’on le voit depuis la rue commerçante, notre regard traverse les parois pour voir l’autre rue en Y bordant le bâtiment. J’imaginerais bien pousser le concept, à la manière de Ryue Nishizawa ou Kazuyo Sejima de SANAA, en rendant ce petit bâtiment complètement transparent, en le couvrant entièrement de vitrages. La dernière photographie ci-dessus est également prise dans une rue à côté du gorille et il s’agit d’un restaurant de soba. La vitrine semble par contre refléter les intérêts cinématographiques du propriétaire avec ces figurines d’Ultraman, Kamen Rider ou encore Godzilla.

Ceci me rappelle que j’ai vu pour la première fois de ma vie un film de la série Godzilla, en regardant sur Netflix le Shin-Godzilla datant de 2016. En réfléchissant un peu, j’ai quand même eu le malheur de voir au cinéma en France la version américaine de Godzilla par Roland Emmerich datant de 1998, avec Jean Reno me semble-t-il. J’ai beaucoup aimé ce Shin-Godzilla, notamment pour son réalisme. Pas le réalisme du monstre bien entendu, mais celui des lieux. Tous les endroits empruntés et détruits au passage par Godzilla sont cités très précisément, de Kanagawa jusqu’à Tokyo. Godzilla arrive par les mers et entre d’abord sur les terres depuis la baie de Tokyo. On le voit évoluer dans sa première forme dans les eaux de la rivière Nomigawa près de Kamata et il déambule ensuite dans les rues de l’arrondissement de Ota que je commence à bien connaître. Il réapparaît ensuite un peu plus tard près de Kamakura juste à côté de Inamuragasaki (que je connais assez bien aussi). Tout en regardant le film, je prie pour qu’il ne remonte pas jusqu’au sanctuaire de Tsurugaoka Hachimangu où nous nous sommes mariés. Il se dirige ‘heureusement’ vers Tokyo jusqu’au centre, près de la gare historique. Je regarde le film en espérant qu’il ne démolisse pas trop de bâtiments en cours de route car je pense tout de suite au travail énorme de reconstruction qui sera nécessaire, mais c’est peine perdue vue la taille du monstre. De toute manière, à partir du moment où il commence à cracher du feu et à émettre des rayons lasers radioactifs de son dos ou de sa gueule, on comprend vite que la ville est entièrement perdue. La déconstruction de Tokyo est un thème récurent du cinéma fantastique japonais, depuis le grand tremblement de terre de Septembre 1923 qui avait presque complètement détruit la ville (par exemple, les destructions et reconstructions de Tokyo en Neo Tokyo dans Akira et en Tokyo-3 dans Evangelion). Un des intérêts du film est la manière dont il se concentre au début sur la gestion de la crise par les organismes gouvernementaux tout en insistant sur la lourdeur administrative de la prise de décision. On arrive assez bien à imaginer cette complexité administrative quand il s’agit par exemple de décider de quel organisme gouvernemental ce type de crise est le ressort, la gestion de crise engendrée par un monstre surdimensionné ne tombant pas dans les schémas classiques déjà préparés et testés d’un tremblement de terre par exemple. Le film ne manque pas d’un certain humour un peu piquant dans ces moments là, ou lorsqu’il aborde la nécessaire invocation de l’aide américaine qui veut bien sûr prendre le sujet en mains d’une manière un peu trop radicale. On a par contre un peu de mal à croire au personnage d’experte japano-américaine interprétée par Satomi Ishihara, dont l’accent américain forcé est à la limite du ridicule. Ses interventions me font quand même penser qu’il s’agit de second degré. Reste à voir maintenant si je tente la version originale de Ishirō Honda datant de 1954, qui semble être disponible sur Amazon Prime (mais pas sur Netflix).

A l’arrière du Department Store PARCO à Shibuya, on pouvait voir affichés sur un des murs les portraits des membres de tous les groupes de l’agence Wack. On peut dire que les idoles alternatives de l’agence occupent le terrain à Shibuya ces derniers temps. La devanture du Tower Records affichent également en ce moment des grands posters des groupes BiS et PEDRO ainsi qu’une double affiche de BiSH et EMPiRE. À côté de ces multiples portraits parfois grimaçants et étrangement habillés de la même manière, une autre affiche nous explique qu’il s’agit d’un événement appelé School of Wack qui se déroulait au PARCO Museum sur un peu plus d’une semaine jusqu’au 31 Août. Sans vraiment comprendre de quoi il s’agit, j’ai l’impression que chaque membre des groupes passe du temps dans une petite salle fermée et bariolée comme une salle de classe vandalisée, pour y faire des jeux ou des gages devant un public très restreint derrière une vitre (à cause du corona virus). Je n’ai pas l’impression que des morceaux soient interprétés, donc cette organisation m’intrigue assez. Indépendamment de cette affiche et de cet événement, j’écoute pas mal de morceaux de groupes Wack en ce moment car je suis happé par leur énergie, mélangeant un certain esprit rock et un côté poussif pop qui m’attire malgré une répulsion initiale. C’est le cas du morceau にんげん (Ningen) de Carry Loose par exemple. Il me paraissait trop typé comme un morceau d’idole à première écoute, mais je tente tout de même une deuxième écoute en entier et me laisse prendre par l’urgence non-stop avec laquelle les quatre filles de Carry Loose mènent la marche. La voix de YUiNA EMPiRE (transfuge temporaire d’EMPiRE) est une épreuve au début, mais un peu comme pour AYUNi D sur BiSH, elle finit par apporter un contraste vocal qui donne de l’intérêt à l’ensemble et à la progression du morceau. En parlant d’EMPiRE, qui est à mon avis en phase ascendante, maintenant que BiSH est pratiquement devenu mainstream, j’ai appris à apprécier leurs morceaux que j’écoute beaucoup en ce moment. Je n’écoute pas leurs albums ou EPs en entier mais j’ai plutôt fait une sélection des morceaux qui m’intéressaient. Ma playlist se compose de quelques morceaux de leur premier album THE EMPiRE STRiKES START!!: FOR EXAMPLE??, Buttocks beat! beat!, コノ世界ノ片隅デ (KONOSEKAiNOKATASUMiDE) et アカルイミライ (Akarui Mirai), suivi de quelques morceaux du EP EMPiRE originals: EMPiRE originals, Dope et SO i YA, tout en écoutant quelques autres morceaux de leur dernier EP en date, notamment le morceau ORDiNARY. Les voix des membres d’EMPiRE sont dans l’ensemble plus uniformes que celles de BiSH, mais j’aime toujours quand il y a quelques dissonances (par exemple la voix de Mikina à la marque 2:20 sur FOR EXAMPLE??). Certains morceaux sont assez proches de ce qu’on connait de BiSH surtout quand ils prennent des sonorités rock, comme par exemple Buttocks beat! beat!. Les membres de BiSH font d’ailleurs des apparitions dans la vidéo tournée à Shibuya (comme souvent) faisant un clin d’oeil à la couverture de l’album FAKE METAL JACKET. Cette vidéo donne d’ailleurs une bonne idée du côté disruptif de cette musique, plutôt que le kawaii qui est en général associé à l’univers des idoles. Le kawaii ne m’intéresse pas beaucoup. Un des morceaux que je préfère du groupe est celui intitulé Dope, avec une manière vraiment particulière de chanter, comme une voix de fantôme sortie d’un ukiyo-e. Ce morceau avec I don’t cry anymore dont je parlais dans un billet précédent, m’a donné envie de fouiller un peu plus dans la discographie d’EMPiRE. Dans ma playlist, j’inclus également le dernier single intitulé 浪漫 (Roman) de PEDRO, le groupe de Ayuni accompagné de Hisako Tabuchi de Number Girl à la guitare. Je ne suis pas certain d’écouter son deuxième album en entier mais j’aime beaucoup ce morceau car elle ne pousse pas trop dans les aiguës. Mais, j’aime bien en général quand elle pousse la voix par passages dans les derniers morceaux de BiSH, notamment sur スーパーヒーローミュージック (Super Hero Music) ou TOMORROW. Ces deux morceaux sont extraits du dernier album LETTERS que je finis par apprécier même si les morceaux que j’ai écouté pour l’instant ne renouvellent pas vraiment le style de ce qu’on a déjà entendu du groupe. La dynamique rend cependant ces morceaux addictifs après quelques écoutes.

Quand je dis mainstream au sujet de BiSH, je veux dire que le groupe est désormais connu du grand public du fait de leurs nombreux passages à la télévision ces derniers temps, même sur la NHK samedi dernier dans l’émission Songs of Tokyo (épisode 13 disponible en ligne jusqu’au 28 Octobre 2020 avec sous-titres en anglais). Je pressens qu’elles seront cette année à l’affiche de l’émission musicale du réveillon, Kōhaku. C’est un pronostic, à moins que la NHK reste frileuse du fait du profil d’électron libre du producteur Junnosuke Watanabe, qui pourrait très bien contrarier l’image bon enfant du spectacle familial que représente Kōhaku. On se souvient du 57ème Kōhaku le 31 Décembre 2006 où OZMA (alias Show Ayanocozey, leader du groupe Kishidan) était accompagné d’une troupe de danseuses ou danseurs portant des t-shirts avec des seins nus dessinés dessus. Une partie du public télévisuel avait été choqué pensant qu’il s’agissait de personnes réellement nues sur scène et cette séquence a eu pour conséquence de radier à vie l’artiste de l’émission. Connaissant la popularité continuelle de Kishidan, il doit s’en mordre les doigts. Il faut dire que passer à Kōhaku au réveillon est vu encore maintenant comme une consécration pour les artistes japonais, au point où on n’existe pas vraiment aux yeux du grand public tant qu’on n’est pas passé dans cette émission. Ajouter un peu d’imprévu dépoussiérait quand même un peu l’émission. Le présentateur habituel, Teruyoshi Uchimura, essaie de temps de se moquer de la rigueur de la chaîne mais ça reste très contrôlé tout en faisant sourire. Je ne critique pas trop NHK car nous la regardons quand même assez régulièrement.

Il y a très souvent des émissions intéressantes sur NHK, comme celle que nous avons vu il y a quelques semaines, à la mi-Août, sur l’Art Brut. L’émission intitulé ‘no art, no life´ présentait le travail de plusieurs artistes avec handicap à travers des petits films de 5 mins, en les montrant en plein processus de création et parmi leur entourage (parents ou établissement spécialisé d’accompagnement pour certains). L’émission était très bien faite car elle ne s’encombrait pas de commentaires superflus. L’émission nous avait tellement plus que nous avions réservé dans la foulée une visite pour le lendemain à la galerie attachée à l’école des Beaux-arts de Tokyo où étaient exposées quelques unes des œuvres de ces artistes d’Art Brut. L’exposition s’intitule ‘Art As It Is: Expressions from the Obscure’. Il se dégage une grande force de ces œuvres, qui surprennent et fascinent. Le détail des œuvres exposées résultant d’un immense dévouement à l’acte de créer, un besoin vital certainement, est à chaque fois impressionnant. L’illustration grand format ultra détaillée sur la photo de gauche est de Makoto Fukui et la sculpture de petit monstre est de Shinichi Sawada. Ce sont deux des artistes que j’ai préféré avec les illustrations de Marie Suzuki.

how to repeat Tokyo endlessly (ζ)

Toujours Shibuya, je pourrais presque renommer ce blog tant le quartier de Shibuya est le sujet et le lieu d’un grand nombre de mes photographies. L’action des photographies ne se passe pas forcément dans le centre du quartier mais dans l’arrondissement tout entier que j’explore continuellement le samedi matin pendant environ 1h30. Je pense avoir emprunté chaque rue au moins une fois, mais le décor changeant souvent, une marche dans ces lieux est un éternel recommencement. Sur un des murs à l’entrée du Tower Records de Shibuya, PEDRO annonce finalement la sortie de son album en CD. C’est étonnant car la version digitale est déjà sortie il y a plusieurs mois et j’en parlais dans un billet précédent. J’ai du mal à comprendre les logiques de distribution de l’agence Wack. Je réécoute cet album Thumb sucker régulièrement et j’y retrouve une certaine authenticité rock que j’aime écouter dans les rues de Shibuya, justement. Il y a une agressivité sonore qu’on retrouve visuellement dans les rues du quartier. D’ailleurs, il est écrit en graffiti sur l’affiche de l’album au Tower Records la mention 渋谷のカリスマ (figure charismatique de Shibuya) à propos de l’interprète Ayuni D du groupe. Je ne pourrais pas dire si ça correspond à une réalité, ou à l’imagination d’un fan.

Je vais de temps en temps à la galerie de la boutique Diesel de Shibuya, située au sous-sol. On y montre plutôt de l’art contemporain, de la culture pop, cette même culture pop que je vois dans les rues de Shibuya et que j’aime tant photographier. L’artiste s’appelle MAD DOG JONES et il s’agit d’un Instagramer que je ne connaissais pas (les réseaux sociaux créent tellement de célébrités qu’on a du mal à toutes les connaître). Ça doit être la première fois que je vois une exposition provenant d’Instagram, si on exclut le projet de Richard Prince il y a quelques années. Cet artiste canadien crée des œuvres digitales très colorées et d’inspiration cyberpunk. On y voit des décors pseudo futuristes, pseudo Tokyoïtes, où les morceaux de villes s’entremêlent. Associer Tokyo à l’image cyberpunk de Blade Runner n’a rien de nouveau, mais je suis sensible à ces imbrications urbaines improbables qui rendent une représentation de ville irréelle. Ces dessins sont en plus très bien exécutés et très cinématographiques. J’ai pensé un moment prendre une photo à l’iPhone d’une des œuvres et la poster sur mon compte Instagram, mais je me suis vite rendu compte du ridicule de la situation. A quoi bon montrer sur Instagram une photographie qui vient initialement d’instagram. C’est comme mettre deux miroirs l’un en face de l’autre et créer des espaces infinis où on pourrait se perdre. On peut donc voir la plupart des œuvres sur le compte Instagram de l’auteur. Cette exposition intitulée AFTERL-IFE se déroule jusqu’au 14 novembre 2019.

Alors qu’on attend son prochain album Miss Anthropocene avec une certaine impatience, Claire Boucher alias Grimes ༺GRIM ≡゚S༻(⧖) nous fait patienter avec des morceaux au compte-goutte. Après We appreciate Power sorti en 2018, le nouveau morceau de Grimes s’appelle Violence. C’est le genre de morceau qui fait table rase sur toutes les autres musiques que j’écoute à ce moment là. Après avoir écouté le morceau, j’ai comme une perte d’envie d’écouter autre chose, car le reste me paraît soudain un peu fade. Ce n’est bien sûr qu’un sentiment illusoire et temporaire, car cette impression ne dure pas. Elle se reproduit pourtant de temps en temps pour des musiques qui correspondent exactement à ce que j’ai envie d’écouter au moment où je l’écoute. Sur le morceau Violence, on retrouve l’ambiance éthérée assez caractéristique du chant de Grimes. Les sons électroniques tout d’abord assez sourds voire industriels, montent assez rapidement en rythme. La voix de Grimes se fait également de plus en plus claire au fur et à mesure que le son monte jusqu’aux répétitions électroniques de la fin du morceau. J’aime toujours ces répétitions quand elles donnent l’impression d’un décrochage involontaire des machines, quand les AI toutes puissantes ne fonctionnaient plus comme prévu (pour reprendre un thème de son morceau précédent). La vidéo est également superbe surtout quand elle se concentre sur le visage de Grimes car on a du mal à deviner si son sourire est angélique ou au contraire diabolique. Cette dualité est intéressante, tout comme la chorégraphie assez saccadée par moment. D’après Pitchfork, on n’est pas sûr que ce morceau soit présent sur l’album. Moi, j’espère que tout l’album sera dans ce style là.

ディスラプティブ・ナンセンス

Je nage dans l’espace urbain à la recherche d’un point de chute. Je me concentre sur l’asphalte pour garder les pieds sur terre.


En « photographie », j’aime par dessus tout modifier la réalité pour apporter ma propre vision de l’espace. Je me dis parfois que je ne devrais faire de ce blog qu’une accumulation d’images créées de toute pièce comme les trois ci-dessus, plutôt que de prendre des photographies conventionnelles de lieux que l’on peut voir ailleurs, certes sous d’autres angles et sensibilités. Ça aurait certainement de la gueule d’avoir des pages ne montrant que ce type d’images modifiées voire déstructurées. Mais, ça peut également devenir fatigant, donc des petites doses sont peut-être préférables. Le processus de création de ces images tient souvent du hasard provoqué, fait de nombreux essais et d’erreurs, de retouches souvent minutieuses, jusqu’à ce que j’obtienne une image qui m’intéresse. Je n’ai pas vraiment l’habitude d’expliquer mes images ou d’indiquer ce que je cherchais à montrer, parce que cela tient pour moi de la sensation plus qu’autre chose. Comment expliquer l’intérêt que je vois dans la première image montrant une personne prenant en photo un objet flou et nuageux, ou cette autoroute surélevée faisant soudainement des courbes sur la deuxième image, ou ce halo de lumière éclairant des jeunes gens sous un nuage noir menaçant. Cela doit tenir à l’envie de montrer un monde parallèle plein de non-sens, une distorsion de la réalité, mais également esthétiquement parlant l’envie de “détruire” une photographie conventionnelle pour créer une nouvelle image, un nouvel espace. C’est une approche disruptive en quelque sorte.

Après les premières écoutes, je me suis posé la question de ce qui m’attirait dans cet album Thumb Sucker de PEDRO, le projet solo d’AYUNi D アユニ・D du groupe BiSH. Sa voix aiguë et perçante peut être difficile à supporter. Mais pourtant, cette voix accompagnée de la force des guitares parvient à se faufiler dans les méandres du cerveau jusqu’à provoquer une sorte d’addiction. J’ai pour sûr été attiré par cet album car j’aimais bien le contraste qu’apportait la voix d’AYUNi D sur le dernier album de BiSH dont je parlais récemment. J’ai aussi été attiré par cet album car Hisako Tabuchi 田渕ひさ子, des mythiques Number Girl, est la guitariste du groupe. Je me réjouissais à l’idée de réécouter son jeu de guitare. Les morceaux ne sont pas tous du même niveau mais se suivent avec beaucoup de constance et un dynamisme à toute épreuve. J’ai acheté cet album sur iTunes le jour de sa sortie car il était proposé exceptionnellement à 300¥. L’agence Wack a souvent des méthodes particulières de distribution de la musique qu’elle produit. Cet album de 13 morceaux était par exemple vendu le premier jour au Tower Records au format de 13 CDs d’un seul titre vendus séparément pour 100¥. Bien sûr, ce n’est pas très intéressant d’avoir 13 boites en plastique à stocker chez soi, mais on peut tout de même apprécier les méthodes disruptives employées par l’agence. Un autre exemple des méthodes inhabituelles de Wack, certains morceaux du prochain album du reboot du groupe BiS étaient également sortis en avance en téléchargement gratuit sur DropBox pour quelques jours seulement. En fait, je me rends compte que l’approche disruptive s’applique également aux morceaux du groupe, et c’est certainement, inconsciemment, ce qui m’intéresse beaucoup dans cette musique. On peut avoir un bon aperçu de l’album en écoutant le premier morceau sur YouTube, Nekoze Kyouseichū 猫背矯正. Il y a dans la vidéo un petit détail qui me plaît beaucoup (à 1:08 minutes), un mini poster de l’album Dirty de Sonic Youth accroché sur un mur dans ce qui semble être la chambre de Ayuni. On l’aperçoit à peine, mais il veut dire beaucoup de choses.