銀座ウォーク❽

Je continue cette série estivale « walk » (ウォーク) qui se promène dans plusieurs quartiers de Tokyo. Les photographies datent un peu car elles sont prises en même temps que ma visite du parc Hama-Rikyu et mon passage devant la tour Nakagin. Je profite de ce passage rapide dans Ginza pour aller devant au grand carrefour au pied de la tour Ginza Place dessinée par Klein Dyhtham. Un groupe de deux saltimbanques en tenues de couleurs unies fluorescentes se produisait à ce carrefour. Ils s’appelaient Just-In. Je ne les connais pas et je ne pense pas qu’ils soient connus mais j’ai quand même retenu leur nom pour la ressemblance avec le prénom d’un chanteur américain connu. Je pense que c’est volontaire et ça marche apparemment plutôt bien car je me souviens moi-même de leur nom même après plusieurs semaines, sans pour autant avoir vu leur représentation de rue car ils terminaient juste à mon arrivée. Mon détour dans les rues de Ginza m’amène par hasard devant l’hôtel Aloft. Les plus attentifs d’entre nous saurons certainement que c’est dans le lounge de cet hôtel de Ginza que s’est déroulée l’emission spéciale de Tokyo Jihen sur YouTube, Hanakin Night Ajito Nau (東京事変の花金ナイト 「アジトなう。」) , qui faisait office de présentation du nouvel album Music (音楽). En regardant à travers les grandes baies vitrées, je reconnais l’intérieur avec le billard au fond et le fauteuil haut sur lequel Ukigumo était assis. Dommage que cette émission ne soit plus disponible officiellement sur YouTube car elle était particulièrement intéressante, enfin on peut bien la trouver ailleurs si on cherche bien.

En parlant de Sheena Ringo, je reviens sur les interrogations que j’avais à propos d’une photo d’archive de la fin des années 90, vue sur un mur d’Harajuku. Je me posais la question dans un autre billet de qui accompagnait Sheena Ringo lors de son voyage en Décembre 1998 à Londres et à Paris pour un magazine de mode. Le bouquin Ringo Allergie (林檎アレルギー) que je viens de recevoir me confirme que le magazine en question se nomme Zipper et que le séjour à Paris et Londres avait lieu du 11 au 18 Décembre 1998. Il s’avère que le modèle masculin qui accompagnait Sheena pendant ce séjour s’appelle Gaku (学). Ce n’est donc pas la personne de l’affiche sur la palissade d’Harajuku, malgré une certaine ressemblance. La personne sur l’affiche d’Harajuku se nomme apparemment Hide et est étudiant en université. Mon intuition n’était donc pas la bonne. Cette recherche poussée a quand même eu l’intérêt de me faire découvrir ce livre Ringo Allergie et de me rappeler à récupérer en format mp3 les épisodes de l’émission radio de Cross FM Fukuoka Etsuraku Patrol pour pouvoir les écouter facilement une nouvelle fois sur mon iPod. La première émission disponible, celle du 21 Décembre 1998, parle d’ailleurs de ce séjour à Londres et Paris. J’ai toujours dans l’idée de faire un résumé des 16 émissions disponibles mais il me faudrait beaucoup de courage et d’obstination. Il y a en fait des retranscriptions de certaines émissions dans le fanzine gratuit RAT dont toutes les éditions de 1999 à 2003 sont regroupées dans la boîte verte fluorescente SheenaRingoBoX sorti en 2008 pour ses dix années de carrière. Le contenu de cette boîte est un petit trésor qui me prendra du temps à explorer. Les photographies prises pendant le séjour à Paris et Londres ont été montrées dans plusieurs numéros du magazine Zipper, notamment ceux de Mars, Avril et Juin 1999 (entre autres). Les quelques photos ci-dessus prises à Paris proviennent du numéro d’Avril 1999 de Zipper avec Chara en couverture.

J’ai déjà parlé plusieurs fois sur ce blog de la musique de Samayuzame mais je ne peux m’empêcher d’en parler encore car elle vient de sortir son deuxième album intitulé Plantoid le 28 Juillet. L’album contient les trois morceaux dont j’ai déjà parlé auparavant, à savoir Boku no Wakusei (僕の惑星), Rui Rui (累累) et Lotus Farm. Le morceau que je préfère sur les sept de l’album, est le sixième intitulé Naraku no Mokushiroku (奈落の黙示録), qui est d’une beauté sombre et inquiétante. Les trois images ci-dessus sont tirées de la vidéo visible sur YouTube. On retrouve cette ambiance sur la majorité des morceaux de l’album mais la voix délicate de Samayuzame apporte une lumière qui contrebalance bien l’ensemble. L’univers musical de Samayuzame évoque un monde sombre et onirique. Les sonorités principalement électroniques nous enveloppent et on se laisse emporter par cette atmosphère rêveuse remplie de mystère. La qualité de composition est magnifique, particulièrement riche, foisonnante de toute sorte de sonorités parfois volontairement dissonantes. Certaines sonorités me font d’ailleurs penser à l’ambiance de KSK de Sheena Ringo. En fait, il y a un son final au violon sur le morceau Lotus Farm qui m’a fait penser dès la première écoute au violon de Neko Saito. J’étais d’ailleurs très surpris de voir après coup que Neko Saito donnait un commentaire sur l’album. Son commentaire est très élogieux et indique d’ailleurs que Samayuzame et Neko se connaissent depuis trois ans et qu’il l’a vu évoluer pendant ces quelques années. Ce commentaire est présenté dans un tweet avec une photo de Neko Saito en blouse blanche qui, si je ne trompe pas, est tirée du concert Ringo Expo 18 de Sheena Ringo. A ce propos, le morceau titre de l’album, Plantoid, m’interpelle à chaque fois que je l’écoute. La manière de chanter de Samayuzame sur les premières paroles de ce morceau me rappelle à chaque fois le morceau Hatsukoi Shōjo (ハツコイ娼女) sur l’album Heisei Fūzoku (平成風俗). Les morceaux ne se ressemblent pourtant pas mais j’y entends une manière similaire de faire flotter les fin de phrases. Il y a beaucoup de talent et d’inspiration dans cet album et ce foisonnement de sonorités s’accordent entre elles dans la plus grande limpidité. L’album est juste un peu court en version digitale (celle sur j’ai acheté sur iTunes) mais la version sur CD contient deux morceaux supplémentaires qui sont des reprises de deux morceaux plus anciens. J’ai déjà écouté cet album de nombreuses fois mais je ne m’en lasse pas, certainement car j’y trouve quelque chose d’apaisant. J’aime aussi beaucoup son logo en forme de papillon qui reprend son nom. On l’aperçoit à la fin de la vidéo de Naraku no Mokushiroku.

色々ウォーク❹

La plupart des photographies de ce billet proviennent du quartier de Meguro lors d’une promenade il y a plus d’un mois. Elles sont toutes prises avec le même objectif Canon 40mm, en fin d’après-midi avant le soleil couchant. Ce sont des photographies que j’hésitais à publier dans un billet, mais je me décide finalement à les montrer ici pour conclure cette petite série en quatre épisodes. Cette série n’a pas de sujet bien précis ni de particularité d’où une certaine difficulté à les lier entre elles, à part par le fait qu’elles soient prises dans un même lieu. En fait les deux dernières photos ont été prises dans des lieux différents, l’avant dernière à Daikanyama et la dernière à Shimokitazawa lors d’une promenade à vélo. Le set de photographies prises à Meguro contenait initialement le double de photos que j’avais présélectionnées et groupées dans un billet en brouillon. Je fonctionne souvent de cette manière en créant un billet en brouillon regroupant une série de photos, mais il arrive que certains billets en brouillon, comme c’est le cas pour celui-ci, prennent plusieurs mois avant d’être écrit. J’ai mis la moitié des photos de côté pour ne garder que celles-ci.

Sur Made in Tokyo, je construis principalement quatre types de billets différents. Il y a d’abord les billets comme celui-ci dont les photographies sont prises exclusivement à Tokyo. Ils ne couvrent pas un thème spécifique mais plutôt ce qui se trouve devant mes yeux à mon passage. Ces billets sont presque systématiquement accompagnés d’une découverte musicale ou d’un sujet musical. Il y a ensuite les billets couvrant exclusivement un lieu spécifique, souvent en dehors de Tokyo lors d’une excursion d’une journée ou plus, ou lors d’une visite d’une exposition. Ils peuvent se décomposer en une série de plusieurs billets. Une troisième catégorie comprend les billets traitant uniquement d’architecture, en montrant un bâtiment en particulier et en essayant d’expliquer ses particularités. Sur ces deux dernières catégories, je ne couple pratiquement jamais les billets avec des liens musicaux. Il y a finalement les billets où je m’essaie à écrire une fiction. Ce sont les moins fréquents car l’inspiration ne se commande pas et les conditions ne sont pas souvent adaptées pour que je me lance à écrire. Ce sont également les billets qui me demandent le plus grand investissement personnel. Les billets de la première catégorie, lors de promenades au hasard dans les rues de Tokyo, dont ceux qui me donnent le plus de liberté et se sont les plus fréquents. La manière d’alterner les catégories de billets sur Made in Tokyo est assez clairement définie et suis en général un rythme imposé. Par exemple, en ce moment, j’applique le rythme de deux billets de catégorie 1 et un billet de catégorie 2 ou 3. Le rythme varie en fonction des périodes. L’interêt de créer d’abord mes billets en brouillon est que ça me permet de définir le rythme à l’avance pour les billets qui suivent. Il arrive parfois qu’un billet ne rentre pas dans le rythme et se trouve donc repoussé plusieurs semaines en arrière. C’est le cas des quelques photographies de ce billet que j’hésitais à faire entrer dans cette série de quatre épisodes.

Quant aux titres des billets, les règles sont moins précises mais j’aime beaucoup mélanger les titres en français, ceux en anglais et en japonais. Pour les titres en japonais, j’aime beaucoup les composer de deux kanji suivis de plusieurs katakana, pour une raison qui n’échappera pas aux visiteurs réguliers de ce blog. Les titres en français ou en anglais dépendent la plupart du temps des photographies que je montre. Je suis plutôt tenté par une approche plus ‘poétique‘ en utilisant le français et peut-être plus ‘agressive‘ en anglais. Les titres en anglais et en japonais sont aussi très souvent inspirés directement de paroles de morceaux que j’écoute à ce moment-là. C’est beaucoup plus rare pour les titres en français car je n’écoute que peu de musique française, et ceci depuis toujours. Je m’impose quand même la règle pour les titres de ne jamais les démarrer par une majuscule (sauf quand c’est un nom de lieu ou de personne). Mon idée est que chaque billet s’inscrit dans une continuité et qu’une majuscule au début du titre viendrait couper cette forme continue. Mon plaisir dans tout cela est de me construire des zones de liberté à l’intérieur de ce cadre, et de temps en temps de casser ces règles pour en créer de nouvelles que j’essaierais de maintenir pendant quelque temps. Mon autre plaisir est de créer petit à petit un blog parallèle avec des liens cachés sur certains billets. Ce réseau n’est pas encore très développé mais se construit doucement quand l’humeur du moment m’invite à aller explorer les petites rues qui se cachent à l’arrière des grandes avenues de ce blog.

Après l’excellent morceau Nenashigusa (根無草) sorti sur le mini-album Yadorigi (宿木) le 25 Novembre 2020 (tiens, cette date me dit quelque chose), je continue à découvrir un peu plus la musique de Samayuzame, jeune compositrice et interprète d’un peu plus de vingt ans. Je ne trouve pas beaucoup d’information sur son parcours, à part qu’elle a fait ses premiers pas dans la mouvance Vocaloid avant de s’en éloigner en 2018 et qu’elle est étudiante au département Musique de l’École des Beaux-arts de Tokyo (ou peut-être a t’elle déjà terminé). Je continue donc la découverte de sa musique avec trois autres morceaux très différents de ceux du mini-album, disponibles en avance de son prochain album Plantoid qui sortira le 28 Juillet. Je suis épaté par l’ambiance qui se dégage de sa musique pleine d’étrangeté délicate et d’élégance discrète. On ressent notamment cette étrangeté à travers les nombreux parasitages sonores volontaires qui nous donnent l’impression d’être entré dans une réalité alternative. Cela reste très subtil et n’interrompt pas la limpidité du flot sonore et la clarté de sa voix évoluant dans un univers pourtant plutôt sombre. J’écoute d’abord le morceau Rui Rui (累累) sous-titré en anglais avec le titre Colors, puis Lotus Farm et finalement Boku no Wakusei (僕の惑星) sous-titré en My Planet. On y ressent une sorte de tranquillité envoûtante. Sa voix nous emmène dans son monde et ne nous lâche pas. Je suis très curieux d’écouter le reste de ce nouvel album.

渋谷ウォーク❷

En s’éloignant du centre de Shibuya au delà de l’imposante autoroute surélevée survolant une partie de la route 246, on trouve quelques zones vertes autour des sanctuaires. Le sanctuaire Konnō Hachiman-gū, où se trouvait autrefois le château de Shibuya, et celui de Hikawa se situent tous les deux à proximité de petites rues parallèles à l’avenue Meiji. Depuis l’extérieur, en dehors de l’enceinte de ces sanctuaires, on a l’impression d’être devant des petites forêts denses. Seule une porte torii nous laisse comprendre qu’il s’agit d’un sanctuaire. J’aime beaucoup traverser ces deux sanctuaires qui permettent de s’extraire de l’environnement urbain pendant quelques minutes revigorantes. Je montre souvent le sanctuaire Hikawa en photo car j’aime beaucoup sa configuration spatiale en haut d’une petite colline. On y accède par une route pavée et un escalier de pierre. C’est dommage que l’endroit soit aussi sombre le soir. Même s’il n’y a pas grand chose à y craindre, j’aurais aimé qu’on y ajoute des lampes à la lumière chaude. Le sanctuaire de Konnō Hachiman-gū est au contraire toujours très éclairé et ses lumières mettent le bâtiment principal en valeur. À chaque fois que je passe devant sa porte, je me sens invité à y pénétrer. J’aime entrer dans ces sanctuaires en plein été car on a l’impression qu’on y trouvera un peu de fraîcheur sous les arbres. Ce n’est malheureusement pas le cas même si on y pense très fort. On peut simplement supplier les dieux pour qu’ils nous accordent une période estivale supportable. L’été japonais qui approche très bientôt a quelque chose d’à la fois très attirant et insoutenable. Quand je repense à mes toutes premières années au Japon, j’ai le sentiment qu’il ne me reste en tête que des images d’été, peut-être parce que le premier contact s’est passé pendant un mois de Juillet. C’est peut-être tout simplement parce que je suis le fils d’un été chaud, d’une canicule même qui me poursuit encore maintenant jusqu’à Tokyo. J’ai l’impression d’avoir été préparé depuis toujours à affronter ces chaleurs estivales.

Le nouvel album Ethernity du groupe rock indé japonais For Tracy Hyde est sorti un peu plus tôt cette année en Février mais je ne me décide à le découvrir que maintenant. Comme sur les albums précédents, tous les morceaux du groupe ne me plaisent pas forcément mais il y en a toujours quelques uns qui me touchent plus particulièrement. C’est le cas du troisième morceau de l’album Interdependence Day, Pt. I qui me plait beaucoup. Les morceaux de For Tracy Hyde fonctionnent particulièrement bien lorsque la voix assez haut perchée d’Eureka vient se confronter à des marées de guitares bruyantes façon shoegazing. Le morceau garde un côté pop intervenant dans le refrain procurant toute l’accroche. Musicalement, c’est très beau et travaillé comme toujours d’ailleurs chez For Tracy Hyde, qu’on peut considérer comme un des groupes importants de la scène rock indé japonaise. Dans un style complètement différent car plus apaisé mais très rythmé, je découvre avec plaisir la musique de Samayuzame, dont je n’avais pour l’instant jamais entendu parlé. Sur un un rythme electro, elle chante sur le morceau intitulé Nenashigusa (根無草) d’un parlé quasi rappé et murmuré qui me rappelle un peu par moment la voix de Daoko (sans le côté kawaii qu’on peut entendre chez Daoko). J’aime particulièrement les passages où elle répète d’une voix faible en murmure le titre du morceau au dessus d’ondes électroniques mouvantes. Cette composition est vraiment très belle. Sa manière de chanter prenant un rythme découpant les syllabes est également très intéressante et accrocheuse à l’écoute. Je n’ai pas l’impression que l’ensemble de son album Yadorigi sorti l’année dernière soit dans le même esprit, mais l’ambiance de ce morceau me donne envie de découvrir un peu plus ses autres morceaux.