Revenons quelques jours en arrière, à la toute fin de l’ère Heisei. Nous nous sommes posés la question de l’endroit où nous pouvions passer cette dernière journée de l’ère Heisei alors qu’il pleuvait un peu dehors. Nous décidons d’aller voir une dernière fois l’océan pacifique avant le changement vers l’ère Reiwa. Je suis conscient du léger ridicule de cette phrase, mais l’air de rien on a tous joué le jeu médiatique nous faisant croire à un changement important avec le basculement d’ère. En y pensant maintenant, la passage à l’ère Reiwa n’a pas changé grand chose à part une légère sensation de vide. En comparaison, je suis beaucoup plus affecté par le changement d’année qui remet en quelque sorte les compteurs à zéro. En général, le passage à une nouvelle année me donne envie d’arrêter ce blog. En pensant à tout le temps et les efforts qui sont nécessaires pour nourrir ce blog pendant une année entière, je ressens toujours en début d’année comme un découragement de m’y remettre. Ce sentiment passe après quelques jours et semaines lorsque le rythme de la vie normale reprend. Le passage à l’ère Reiwa n’a pour le moment pas affecté mon rythme de publication sur Made in Tokyo.
Nous allons donc voir l’océan à Hayama, une petite bourgade au bord de la mer que j’apprécie beaucoup. Il n’a pas énormément de chose à voir à part l’océan mais j’aime l’ambiance de cet endroit. En fait, nous voulions aller déjeuner au restaurant familial Denny’s de Hayama, donnant une vue directe sur l’océan. C’est une situation particulièrement étonnante pour un restaurant familial bon marché d’être directement accolé à l’océan. Malheureusement, je ne sais pour quelle raison mais il a fermé ses portes il y a quelques mois. Comme solution de secours, nous filons vers le musée d’art moderne de Hayama, situé un peu plus loin. Nous déjeunerons en début d’après midi, dans le restaurant d’influence italienne qui se trouve dans l’enceinte du musée. J’aime aussi beaucoup la vue depuis ce restaurant. On y voit l’océan assez mouvementé et quelques surfeurs essayant de grimper sur les vagues, après de longues périodes de réflexion. Nous n’irons pas visiter les expositions du musée cette fois-ci car nous préférons nous promener dans le parc pour s’approcher de la mer, même sous une pluie fine. On se rend compte que le parc Shiosai juste à côté est ouvert et gratuit aujourd’hui. Je ne me souviens plus si j’avais déjà visité ce parc mais il est extrêmement agréable même sous la pluie. Il faut dire qu’il est tout proche de la résidence secondaire impériale. En fait, ce parc et le petit musée de la marine à l’intérieur étaient autrefois rattachés à la résidence impériale. L’Empereur de l’ère Taishō vécut ses dernières années dans la villa impériale de Hayama, jusqu’à sa mort d’une pneumonie suivie d’un crise cardiaque en décembre 1926. Il avait de nombreux problèmes de santé rendant l’exercice du pouvoir difficile et il s’était retiré pour ses raisons de santé à Hayama. L’Empereur Shōwa, son fils alors Prince Hirohito, lui succéda et la cérémonie de succession se déroula dans les jardins du parc Shiosai. La famille impériale vient parfois dans cette villa et sur la plage devant, bien calme et à l’abri des regards (sauf depuis le parc Shiosai, à travers les branches d’arbres). Le musée de la marine montrait quelques vieilles photographies de séjours de la famille impériale à Hayama. En venant dans ce lieu un peu par hasard, on se dit qu’on célèbre à notre façon la transition impériale. En faisant une recherche sur Made in Tokyo, je me rends que nous étions en fait déjà venu dans ce parc car deux photographies prises en mai 2005 en témoignent. Je n’avais pas été très emballé par ce jardin à l’époque, contrairement à ce qu’on a pu voir cette fois-ci. Le parc Shiosai n’était peut être pas aussi bien entretenu que maintenant, il y a exactement 14 ans de cela.
Parlons un peu musique pendant quelques brefs instants. J’aime beaucoup écouté la radio en voiture. J’ai d’ailleurs toujours eu une préférence pour la radio par rapport à la télévision, certainement depuis l’époque de mon adolescence où certaines radio le soir étaient, en apparence du moins, complètement libres dans leurs programmes. Sur la radio J-Wave que l’on écoute sur le chemin du retour de Okutama, sur les routes de montagne longeant la rivière naissante Tama (j’y reviendrai plus tard), Emi Kusano du groupe Satellite Young présente ses activités artistiques du moment mélangeant créations musicales et installations artistiques. Le morceau Moment in Slow Motion est diffusé pendant l’émission de radio. J’aime beaucoup ce morceau pour son ambiance neo City Pop, une version moderne du style musical japonais des années 80. Le style City Pop bénéficie d’une petite résurgence ces dernières années. La popularité soudaine et inattendue du morceau Plastic Love de Mariya Takeuchi sur l’album Variety de 1984 est le meilleur exemple de ce revival, ne serait ce que pour les millions de vues que ce morceau à généré sur YouTube. Je n’ai pas l’habitude de me faire piéger par le nombre de vues ou de like sur les réseaux sociaux, mais j’avoue que je me suis laissé intriguer par le buzz autour de ce morceau Plastic Love et je ne suis pas resté insensible aux qualités du morceau. Je le réécoute régulièrement, car il a un côté addictif. Il y a certains morceaux de musique pop japonaise des années 80 que j’aime écouter de manière régulière, le morceau Moon du groupe Rebecca, sorti en 1988 sur l’album Poison, en est un bon exemple. J’en avais déjà brièvement parlé dans un billet précédent, ce morceau que j’écoute depuis plus de 20 ans a une place particulière dans ma discothèque personnelle tout comme le morceau Mother de Luna Sea. Il y a plusieurs mois déjà, je m’étais mis à écouter l’album Fūyu Kūkan de Tomoko Aran, sorti en 1983, après avoir apprécié en boucle un des morceaux, I’m in Love, et avoir été intrigué par la couverture bleue un brin futuriste de l’album. Je ne suis pas fanatique de l’album, mais je ne sais quelle force me pousse à le réécouter de temps en temps, peut être à cause du morceau Hannya, qui est vraiment particulier et fait une coupure avec le reste de l’album. Ce type de morceaux un peu casse-gueule mais qui fonctionne bien dans son originalité, m’attire toujours beaucoup.
Mais revenons un peu vers Emi Kusano et son groupe Satellite Young. J’aime en fait beaucoup sa manière de chanter, qui peut paraître comme non-naturelle à la limite de la dysharmonie dans les couplets tandis que le refrain reprenant le titre du morceau est lui extrêmement fluide et accrocheur. Je pensais au début que c’était dû au fait qu’elle chante en anglais (dans l’emission de radio, elle nous dévoile que les textes en anglais ont été traduits avec Google Translate), mais en fait non, j’ai cette même impression lors des couplets en japonais. En fait, comme indiqué un peu plus haut, j’aime les morceaux qui naviguent sur un filet étroit entre justesse et dysharmonie. Je ne pense pas aimer les autres morceaux du groupe mais j’adore celui-ci au point de l’écouter sans arrêts. L’ambiance musicale composée de synthétiseurs très marqués années 80 fonctionne très bien. Je suis loin d’être nostalgique de la musique des années 80 que je n’appréciais pas beaucoup à l’époque à part certains morceaux qu’on entendait au Top 50, et je suis pratiquement néophyte sur la City Pop japonaise, mais ce morceau de Satellite Young fait vibrer une corde que je ne soupçonnais pas.