don’t wanna come down just let me fly

La construction du nouveau building Ginza Sony Park vient de s’achever le 15 Août 2024 au croisement de Sukiyabashi à Ginza. Je me suis empressé d’aller le voir mais il n’était malheureusement pas encore ouvert au public. Ce nouveau building de béton conçu par Takenaka Corporation est de taille volontairement basse par rapport au reste du quartier de Ginza et montre un style brutaliste particulièrement unique dans ce quartier. Ce nouveau Ginza Sony Park est en fait la dernière étape d’un processus de reconstruction suite à la démolition de l’immeuble initial, le Sony Building conçu par l’architecte Yoshinobu Ashihara ouvert en 1966. Suite à la destruction du Sony Building en 2017, un parc urbain minimaliste déjà appelé Ginza Sony Park avait vu le jour de 2018 à 2021. Cet espace contenait des zones en sous-sol utilisées pour des évènements notamment musicaux. J’avais par exemple mentionné sur ce blog l’exposition de King Gnu et Millennium Parade et des Live sessions de D.A.N. ou encore Tamanaramen (玉名ラメン). Je suis à vrai dire assez impatient de voir quelle utilisation sera faite de cet espace et j’espère que ça restera dans le même esprit que le parc urbain précédent, plutôt qu’une succession de magasins standardisés. Je lis que l’intention est toujours que cet espace soit avant tout un espace publique pour divers événements notamment artistiques.

Côté musique, la mauvaise nouvelle d’abord est que Millennium Parade a soudainement décidé d’annuler leur tournée mondiale incluant les deux dates à Tokyo. Les places sont bien entendu remboursées mais c’est quand même bien dommage. La raison est donnée par le groupe mais reste assez vague, car on se demande s’il s’agit d’un manque de temps pour la préparation ou de problèmes techniques avec les promoteurs de salles de spectacle à travers le monde. Il est mentionné que le groupe ne serait pas en mesure d’assurer le niveau de qualité souhaité et a pris la difficile décision de tout arrêter pour cette tournée. A vrai dire, j’étais déjà un peu inquiet car Millennium Parade n’a sorti que deux morceaux récemment sans perspective d’un nouvel album avant la série de concerts. Leur dernier single M4D LUV est certes plaisant mais je le trouvais quand même nettement moins intéressant et en deçà des morceaux du premier album du groupe. Je pense que je tenterais leur prochain concert en fonction de la qualité de leur prochain album. Ce n’est pas vraiment pour compenser mais je me suis finalement décidé à aller voir Haru Nemuri (春ねむり) en concert dans la salle Shibuya WWW X. Je suis assez partagé sur la musique d’Haru Nemuri qui suit son excellent album Haru to Shura, mais en écoutant à nouveau quelques morceaux de ses albums et EPs suivants, je me dis qu’il me faut peut-être reconsidérer mon opinion. En fait, je suis surtout extrêmement curieux de la voir sur scène et l’émotion des premières fois où j’ai été pris par la force de sa musique reste très bien ancré dans ma mémoire. Il y aura également deux premières parties: un jeune artiste d’influence hip-hop nommé Yatsui Ichijiku (奴居イチヂク) que je ne connais pas et qui jouera à priori pendant une trentaine de minutes, puis le groupe rock alternatif Mass of the Fermenting Dregs (Masudore) que je connais assez bien et qui devrait jouer pendant environ une heure avant le set d’Haru Nemuri. Je suis en fait également très curieux de voir et écouter le set de Masudore car je les suis depuis un bon petit moment. Pour le concert d’Osaka d’Haru Nemuri le Vendredi 30 Août 2024, les invités étaient différents, car se produisaient le rappeur GOMESS et Minori Nagashima (長嶋水徳). Le rock alternatif assez brut de Minori Nagashima m’intéresse et le fait qu’elle participe à la tournée d’Haru Nemuri a certainement été le déclic même si elle ne jouera pas à priori à Tokyo. Minori Nagashima (alias Serval Dog) est également parfois la guitariste accompagnant Haru Nemuri. De Minori Nagashima, j’écoute en ce moment son nouveau single intitulé Sea of Dawn (夜明けの海) qui a une petite pointe de rock 90s qui me plait vraiment beaucoup. Elle est originaire de Shizuoka et j’imagine que la vidéo du morceau a été tournée sur une plage quelque part là bas. J’écoute également récemment le nouveau single d’AiNA The End intitulé Love Sick, qui est extrêmement dense et changeant. Je trouve ce morceau très fidèle au style qui n’a rien d’apaisé d’AiNA car elle pousse sans cesse sa voix à la limite de la rupture. Ce morceau est une nouvelle fois de TK de Ling Toshite Shigure (凛として時雨) et ça se ressent également beaucoup lors de certaines transitions où on croirait presque que la voix de TK se croise avec celle d’AiNA. Ils devraient vraiment faire un duo ensemble, ça pourrait ressembler à la catharsis de Ling Toshite Shigure quand les chants de TK et de 345 (Miyoko Nakamura) s’entrainent l’un et l’autre. AiNA a également cette même densité vocale et ça doit être la raison pour laquelle les compositions de TK fonctionnent bien pour elle. Et le titre du billet est titré des paroles du morceau Fly (feat. Cherish) du compositeur et producteur électronique anglais Mura Masa, que j’écoute également en boucle en ce moment.

花はここに咲いています

J’ai pris beaucoup (trop) de photos du Showa Kinen Park (昭和記念公園) à Tachikawa car j’ai été attiré par toutes ses couleurs. La sélection de ce que je montrerais ensuite sur le blog en a été d’autant plus difficile. Nous n’avons pourtant pas eu assez de temps pour faire un tour complet du parc. Devant le Oka Cafe de Kengo Kuma que je montrais dans un billet précédent, s’entend un large espace ouvert de gazon sur lequel on peut marcher, s’asseoir, s’allonger et même dormir pour ceux qui ont amené une tente. Au loin, les cerisiers attendent leur heure pour fleurir et attirer une foule beaucoup plus importante qu’aujourd’hui. Je n’ose pas imaginer le nombre de personnes qui doivent s’entasser sur cette zone du parc au plus près des cerisiers pendant la période de Hanami. Je suis ensuite attiré par un espace fermé par un cordon consacré exclusivement aux fleurs cosmos. Je m’essaie une nouvelle fois à prendre ces fleurs en contreplongée, pour les faire s’échapper vers un ciel bleu très marqué. Un autre espace en partie fermé mélange diverses espèces de plantes et de fleurs pour donner une composition aux apparences sauvages et désordonnées. Je repense à cet endroit à la subtile organisation sauvage des jardins de Giverny que nous avons pu admirer cette année pendant l’été. Mari y repense aussi. J’essaie de faufiler l’objectif de mon appareil photo à travers les tiges des plantes pour que les photographies se laissent envahir par des strates végétales floues. Les fleurs sont forcément photogéniques et elles ne lassent jamais qu’on les prenne en photo.

Après la sérénité bucolique, les tempètes de guitares. J’avais déjà parlé récemment de la musique rock expérimentale de Minori Nagashima (長嶋水徳) aka Serval Dog et j’y reviens très vite car elle vient de sortir un nouveau excellent single intitulé Orange Hiss Noise. Le morceau commence par une composition de guitare lourde mais mélodique très vite submergée par la voix exagérément agressive de Minori Nagashima. Le morceau aurait pu se contenter de jouer cette partition rock mais change complètement de direction après qu’elle prononce les mots « Yeah, that’s pure », comme pour nous dire qu’elle peut très bien faire du rock dans la pure tradition du genre mais aussi casser les codes avec par exemple une partition de piano sortie de nulle part. Cette fracture inattendue au piano jazz est vraiment bien vue. Elle repasse ensuite la main aux guitares qui reprennent le rythme initial avec une voix plus apaisée mais conservant une tension qui arrive à se tenir au dessus du flot dense des guitares. Orange Hiss Noise est dense et compact, avec toute cette violence et énergie tenant dans tout juste dans trois minutes. Ce morceau est assez différent de son précédent single et prend une direction un peu plus structurée qui est très intéressante. Tout ceci me convainc qu’il faut suivre de près ses prochaines créations, car j’y ressens une liberté certaine. En écoutant ce morceau, je repense à celui intitulé Hakai BOSS Jam Seikima II Make (破壊BOSSジャム聖飢魔Ⅱメイク) de Yō Shibusawa (渋沢葉) sur son EP Hana ha Koko ni Saiteimasu (花はここに咲いています) produit par Junji Ishiwatari (いしわたり淳治), guitariste de feu Supercar. J’y ressens une intensité similaire et c’est un morceau vers lequel je reviens régulièrement.