懐こくされるのは致命傷

Pour une journée en semaine, que j’ai pris en congé, je m’attendais à voir un peu plus de salary men (les employés de bureau) dans le parc de Hibiya, comme on peut en voir dans les photographies de Bruno Quinquet du fameux Bureau d’Etudes Japonaises sur sa série Salaryman Project. Il y en avait peu aujourd’hui, peut être en raison du télétravail. Je ne sais plus pour quelle raison j’ai été amené à marcher avec Zoa dans ce parc à la toute fin de l’été, mais je l’ai découvert différemment. J’ai souvent traversé le parc le soir, mais plus rarement en pleine journée, surtout en semaine. On a pris notre temps car on avait environ une heure pour nous. Je sais que le parc est parfois utilisé pour des concerts, notamment le Hibiya Music Festival se déroulant en général sur deux jours. Seiji Kameda parle régulièrement de ce festival, dont il est le producteur, sur son compte Twitter, mais je n’y suis jamais allé. Il faudrait que je fasse le curieux l’année prochaine. J’imagine que certains des concerts se déroulent sur la grande pelouse verte que l’on peut voir sur la troisième photographie du billet, devant le vieux hall de briques. En marchant dans le parc, on fait un détour pour passer devant le fleuriste Hibiya Kadan, car je voulais revoir les blocs d’architecture aux hauts plafonds créés par Kumiko Inui pour cette boutique. En marchant aujourd’hui dans ce parc, je perds un peu de vue la raison pour laquelle je ne l’aime pas. C’était peut-être parce que, malgré sa grande taille, on ne peut que difficilement s’y perdre, ou peut-être parce qu’il est entouré de buildings de bureaux, ce qui ne constitue pas à priori une atmosphère reposante. Mon avis change un peu aujourd’hui en imaginant la musique qu’on y joue plutôt que la présence des employés de bureau en uniforme endormis sur un banc. En fait, j’ai compris la raison pour laquelle je n’aime pas beaucoup ce parc. J’ai l’image persistante en tête d’employés venant ici seuls pour évacuer leur stress, et les voir assis silencieux sur leur banc me fait imaginer leur situation. En traversant ce parc aujourd’hui, une image beaucoup plus légère flottait autour de nous.

Je n’allais bien sûr pas manquer les reprises faites par Sheena Ringo et Tokyo Jihen de morceaux du groupe Original Love (オリジナル・ラブ) sur la compilation hommage What a Wonderful World with Original Love?, sortie pour ses trente années de carrière musicale. Pour être tout à fait honnête, je n’avais jamais entendu parlé de ce groupe japonais pop au nom étrange, fondé en 1986 mais ayant sorti leur premier album majeur en 1991. A l’origine, le groupe se composait de quatre membres, mais il ne reste maintenant que Takao Tajima. Je n’allais pas manquer ces reprises car je sais que Sheena Ringo arrive toujours à transcender les morceaux qu’elle reprend. Je n’ai pas été déçu par les reprises récentes comme celle du morceau de Yōsui Inoue (Wine Red no Kokoro) et celle de Buck-Tick (Kakeochisha) pour des albums Tribute. Cette reprise du morceau Let’s Go! de Original Love, initialement sorti en Juin 1993 sur l’album Eyes, est tout simplement superbe. Sheena s’entoure d’une formation jazz qui inclut des habitués à savoir Midorin (みどりん) aux percussions, Keisuke Torigoe (鳥越啓介) à la basse et Masaki Hayashi (林 正樹) au piano. Ils étaient par exemple déjà présents sur les concerts de Tōtaikai (党大会) en 2013. J’aime beaucoup cette ambiance jazz et cette formation resserrée avec Sheena au chant excelle, au point où je souhaiterais vraiment que le prochain album solo de Sheena Ringo, s’il sort un jour, soit purement jazz dans cet esprit là. La capacité de cette formation à partir vers l’improvisation vers la fin du morceau est particulièrement savoureuse. Midorin est également membre à plein temps du sextuor SOIL& »PIMP »SESSIONS, dont j’écoutais d’ailleurs beaucoup le EP avec Sheena au chant intitulé Koroshiya Kiki Ippatsu (殺し屋危機一髪). Les performances jazz de SOIL& »PIMP »SESSIONS sont beaucoup plus énergétiques voire même explosives (au point où on appelle leur style Death Jazz) que ce qu’on peut entendre sur le morceau de cette compilation, qui joue beaucoup plus dans la retenue. J’aime ce style un peu plus posé qui je pense convient bien à la voix de Sheena (comme sur Tōtaikai), mais je me dis aussi qu’il faudrait que je parte un peu plus à la découverte de la musique de SOIL& »PIMP »SESSIONS. En écoutant ce morceau de Original Love, je me dis également que Sheena pourrait sortir le volume 2 de Utaite Myōri (唄ひ手冥利), la suite du volume 1 composé uniquement de reprises sorti il y a très longtemps en Mai 2002.

Le morceau interprété par Tokyo Jihen sur ce même album hommage à Original Love est en comparaison moins intéressant. Primal (プライマル), initialement sorti en Juillet 1996 sur l’album Desire, est joli mais un peu trop doux à mon avis, un peu trop éloigné de l’esprit du groupe. Il est interprété à deux voix en alternance par Sheena et Ukigumo. Je m’attendais à la première écoute à ce qu’il se produise un décrochage inattendu comme sait le faire Tokyo Jihen, mais ce n’est pas le cas et le morceau se termine dans la douceur comme il a commencé. Ça n’empêche pas qu’il soit beau et qu’il reste en tête après écoute, mais il souffre de la comparaison avec le morceau solo de Sheena. La compilation contient également un morceau interprété par Ukigumo en solo, sous son vrai nom, Ryosuke Nagaoka (長岡 亮介). Ce morceau intitulé Dear Baby (ディア・ベイビー) est dans un style country que j’ai énormément de mal à apprécier et qui m’a même donné une crainte que Tokyo Jihen parte un jour vers cette direction. J’espère que non même pour un seul morceau. Rien ne le présage pour l’instant en tout cas. Et au sujet du titre de ce billet 懐こくされるのは致命傷, que l’on peut traduire en « La nostalgie est une blessure mortelle », il s’agit d’un extrait des paroles du morceau Koroshiya Kiki Ippatsu mentionné un peu plus haut et que j’écris ici pour mémoire.

銀座ウォーク❽

Je continue cette série estivale « walk » (ウォーク) qui se promène dans plusieurs quartiers de Tokyo. Les photographies datent un peu car elles sont prises en même temps que ma visite du parc Hama-Rikyu et mon passage devant la tour Nakagin. Je profite de ce passage rapide dans Ginza pour aller devant au grand carrefour au pied de la tour Ginza Place dessinée par Klein Dyhtham. Un groupe de deux saltimbanques en tenues de couleurs unies fluorescentes se produisait à ce carrefour. Ils s’appelaient Just-In. Je ne les connais pas et je ne pense pas qu’ils soient connus mais j’ai quand même retenu leur nom pour la ressemblance avec le prénom d’un chanteur américain connu. Je pense que c’est volontaire et ça marche apparemment plutôt bien car je me souviens moi-même de leur nom même après plusieurs semaines, sans pour autant avoir vu leur représentation de rue car ils terminaient juste à mon arrivée. Mon détour dans les rues de Ginza m’amène par hasard devant l’hôtel Aloft. Les plus attentifs d’entre nous saurons certainement que c’est dans le lounge de cet hôtel de Ginza que s’est déroulée l’emission spéciale de Tokyo Jihen sur YouTube, Hanakin Night Ajito Nau (東京事変の花金ナイト 「アジトなう。」) , qui faisait office de présentation du nouvel album Music (音楽). En regardant à travers les grandes baies vitrées, je reconnais l’intérieur avec le billard au fond et le fauteuil haut sur lequel Ukigumo était assis. Dommage que cette émission ne soit plus disponible officiellement sur YouTube car elle était particulièrement intéressante, enfin on peut bien la trouver ailleurs si on cherche bien.

En parlant de Sheena Ringo, je reviens sur les interrogations que j’avais à propos d’une photo d’archive de la fin des années 90, vue sur un mur d’Harajuku. Je me posais la question dans un autre billet de qui accompagnait Sheena Ringo lors de son voyage en Décembre 1998 à Londres et à Paris pour un magazine de mode. Le bouquin Ringo Allergie (林檎アレルギー) que je viens de recevoir me confirme que le magazine en question se nomme Zipper et que le séjour à Paris et Londres avait lieu du 11 au 18 Décembre 1998. Il s’avère que le modèle masculin qui accompagnait Sheena pendant ce séjour s’appelle Gaku (学). Ce n’est donc pas la personne de l’affiche sur la palissade d’Harajuku, malgré une certaine ressemblance. La personne sur l’affiche d’Harajuku se nomme apparemment Hide et est étudiant en université. Mon intuition n’était donc pas la bonne. Cette recherche poussée a quand même eu l’intérêt de me faire découvrir ce livre Ringo Allergie et de me rappeler à récupérer en format mp3 les épisodes de l’émission radio de Cross FM Fukuoka Etsuraku Patrol pour pouvoir les écouter facilement une nouvelle fois sur mon iPod. La première émission disponible, celle du 21 Décembre 1998, parle d’ailleurs de ce séjour à Londres et Paris. J’ai toujours dans l’idée de faire un résumé des 16 émissions disponibles mais il me faudrait beaucoup de courage et d’obstination. Il y a en fait des retranscriptions de certaines émissions dans le fanzine gratuit RAT dont toutes les éditions de 1999 à 2003 sont regroupées dans la boîte verte fluorescente SheenaRingoBoX sorti en 2008 pour ses dix années de carrière. Le contenu de cette boîte est un petit trésor qui me prendra du temps à explorer. Les photographies prises pendant le séjour à Paris et Londres ont été montrées dans plusieurs numéros du magazine Zipper, notamment ceux de Mars, Avril et Juin 1999 (entre autres). Les quelques photos ci-dessus prises à Paris proviennent du numéro d’Avril 1999 de Zipper avec Chara en couverture.

J’ai déjà parlé plusieurs fois sur ce blog de la musique de Samayuzame mais je ne peux m’empêcher d’en parler encore car elle vient de sortir son deuxième album intitulé Plantoid le 28 Juillet. L’album contient les trois morceaux dont j’ai déjà parlé auparavant, à savoir Boku no Wakusei (僕の惑星), Rui Rui (累累) et Lotus Farm. Le morceau que je préfère sur les sept de l’album, est le sixième intitulé Naraku no Mokushiroku (奈落の黙示録), qui est d’une beauté sombre et inquiétante. Les trois images ci-dessus sont tirées de la vidéo visible sur YouTube. On retrouve cette ambiance sur la majorité des morceaux de l’album mais la voix délicate de Samayuzame apporte une lumière qui contrebalance bien l’ensemble. L’univers musical de Samayuzame évoque un monde sombre et onirique. Les sonorités principalement électroniques nous enveloppent et on se laisse emporter par cette atmosphère rêveuse remplie de mystère. La qualité de composition est magnifique, particulièrement riche, foisonnante de toute sorte de sonorités parfois volontairement dissonantes. Certaines sonorités me font d’ailleurs penser à l’ambiance de KSK de Sheena Ringo. En fait, il y a un son final au violon sur le morceau Lotus Farm qui m’a fait penser dès la première écoute au violon de Neko Saito. J’étais d’ailleurs très surpris de voir après coup que Neko Saito donnait un commentaire sur l’album. Son commentaire est très élogieux et indique d’ailleurs que Samayuzame et Neko se connaissent depuis trois ans et qu’il l’a vu évoluer pendant ces quelques années. Ce commentaire est présenté dans un tweet avec une photo de Neko Saito en blouse blanche qui, si je ne trompe pas, est tirée du concert Ringo Expo 18 de Sheena Ringo. A ce propos, le morceau titre de l’album, Plantoid, m’interpelle à chaque fois que je l’écoute. La manière de chanter de Samayuzame sur les premières paroles de ce morceau me rappelle à chaque fois le morceau Hatsukoi Shōjo (ハツコイ娼女) sur l’album Heisei Fūzoku (平成風俗). Les morceaux ne se ressemblent pourtant pas mais j’y entends une manière similaire de faire flotter les fin de phrases. Il y a beaucoup de talent et d’inspiration dans cet album et ce foisonnement de sonorités s’accordent entre elles dans la plus grande limpidité. L’album est juste un peu court en version digitale (celle sur j’ai acheté sur iTunes) mais la version sur CD contient deux morceaux supplémentaires qui sont des reprises de deux morceaux plus anciens. J’ai déjà écouté cet album de nombreuses fois mais je ne m’en lasse pas, certainement car j’y trouve quelque chose d’apaisant. J’aime aussi beaucoup son logo en forme de papillon qui reprend son nom. On l’aperçoit à la fin de la vidéo de Naraku no Mokushiroku.

渋谷ウォーク❺

Lorsque le mois d’août démarre, je me demande à chaque fois comment je vais l’aborder sur ce blog. Les chaleurs estivales actuelles font qu’il est très difficile de marcher dans les rues pendant la journée même en se levant très tôt. Je plains parfois les sportifs olympiques qui doivent faire des exploits sous une chaleur pareille. Nous avons beaucoup aimé regarder les épreuves de skateboard street et de BMX free style. Ce sont des nouvelles disciplines olympiques qui valent le coup d’oeil. On souffre à leur place quand ils ou elles tombent brusquement au sol après une acrobatie ou quand on les voit sous la chaleur d’Ariake sans aucune ombre pour les protéger. Mais à l’écran, ils ne semblent pas montrer de désagréments envers ces conditions météorologiques. Ils sont certainement trop concentrés sur l’acte à accomplir. 1 minute de compétition est pour certains et certaines la concrétisation d’années d’entrainement intensif. Hier soir, nous sommes retournés dans la nuit faire le tour en vélo du stade olympique. On ne peut que difficilement approcher le stade en voiture à cause des barrages de police, donc le vélo est une bonne option. Je connais maintenant assez bien le trajet qui nous permet de longer au plus près le stade, mais il est gardé comme une zone militaire. On voit d’ailleurs des forces d’auto défense à l’intérieur de l’enceinte. L’année dernière au mois d’août, nous avions passé une nuit dans le nouvel hôtel proche du grand stade, ce qui m’avait permis de prendre quelques photos. Il y a maintenant une grande grille qui sépare l’hôtel du stade. On ne peut entendre que les sons des compétitions d’athlétisme qui se déroulent ce soir là. Le bruit du pistolet nous indique le démarrage d’une course et nous incite à reprendre le chemin du retour. Devant le musée olympique, une longue file d’attente s’est formée devant les anneaux olympiques. Ils sont pourtant installés là depuis longtemps, mais la foule ne s’y presse que maintenant pour les prendre en photo, même tard le soir. Je ressens moi-même cette attirance soudaine car je suis venu voir ces anneaux olympiques à vélo au moins trois fois depuis le début des compétitions. Je pense qu’on essaie du mieux qu’on peut de s’imprégner de l’ambiance olympique, mais l’événement donne tout de même le sentiment d’être un peu lointain, comme s’il se passait dans un Tokyo parallèle. Je pense qu’il y aurait là matière pour une histoire à la Murakami Haruki. Sans prétention aucune, ceci me rappelle que je devrais utiliser ce mois d’août pour essayer d’écrire des textes de fiction en continuant avec un nouvel épisode de l’histoire de Kei ou en imaginant un autre Tokyo parallèle comme je l’avais fait il y a quelques mois. L’inspiration ne se commande malheureusement pas. L’année dernière au mois d’août, j’avais fait une série photographique en dix épisodes intitulée Manatsu (真夏), le plein été. Il y avait autant de photos que de katakana dans l’alphabet japonais et chaque billet était accompagné d’une note musicale. Peut-être devrais-je reprendre un modèle similaire cet été. Ou peut-être devrais-je simplement continuer cette série appelée Walk (ウォーク) dont j’ai déjà écrit quelques épisodes.

Sur les photographies de ce billet, nous sommes dans le centre de Shibuya. Les trois premières photographies sont prises dans le quartier Udagawachō, qui a gardé un désordre ambiant qui se fait de plus en plus rare dans Shibuya. Les choses vont changer très certainement et je viens ici régulièrement pour voir à quelle rythme le décor urbain se modifie. Les priorités de changement sont pour l’instant axées sur la gare, mais on note déjà des tentatives de normalisation à Udagawachō depuis l’installation de la grande tour Abema. Le grand mur de graffiti à l’arrière que je prends souvent en photo a par exemple été entièrement repeint en blanc. Comme il est un peu à l’écart de la rue principale, je pressens qu’il serra de nouveau pris d’assaut par les graffeurs à moins qu’il ne soit maintenant surveillé par des caméras vidéo. Dans le quartier, je remarque des petits tableaux posés à la sauvette. Ils montrent des visages et des corps en noir et blanc mais marqués de quelques couleurs. J’imagine qu’il s’agit d’une exposition de rue en mode guérilla comme on peut le voir régulièrement à Shibuya. L’agence d’idoles alternatives Wack s’était d’ailleurs fait une spécialité d’envahir les rues de photographies des membres de l’agence à l’occasion de la sortie d’un nouvel album ou à l’occasion d’événements particuliers. BiSH, le groupe le plus populaire de l’agence, sort d’ailleurs un nouvel album dans quelques jours le 4 août. Ce sera peut être l’occasion de nouveaux affichages, il faut que je surveille les rues de Shibuya.

Le nouvel album de BiSH s’appelle GOiNG TO DESTRUCTION et se composera de quatorze morceaux dont plusieurs sont déjà sortis. Je ne suis pas sûr d’acheter l’album en entier mais je reste assez curieux d’écouter ce que va donner l’ensemble. Je me suis en fait déjà procurer sur iTunes trois morceaux de ce nouvel album: STAR qui est déjà sorti il y a plusieurs mois mais dont je n’avais pas encore parlé ici, STACKiNG et in case… qui sont sortis plus récemment. Ce sont loin d’être les meilleurs morceaux du groupe mais ils n’en restent pas moins très efficaces. Ils n’ont en fait pas énormément d’originalité et sont très fidèles au style de composition musicale de Kenta Matsukuma (松隈ケンタ) au point où on se demande si on ne connaît pas déjà ces morceaux. Comme pour AiNA avec son album solo qui faisait intervenir Kameda Seiji aux arrangements, le groupe aurait intérêt à inclure un peu de sang neuf dans le processus créatif. Après plusieurs écoutes de ces morceaux, je suis surpris moi-même d’y revenir. Il reste au groupe cette ferveur vocale immuable qui finit par être communicative et par me convaincre. Le chant est comme toujours principalement mené par AiNA, Chichi et Ayuni qui ont les voix les plus fortes et remarquables. Ayuni a comme toujours la voix la plus disruptive mais j’aime beaucoup sa manière agressive de chanter qui vient à chaque fois bousculer la dynamique des morceaux. Le groupe est beaucoup plus convaincant sur leurs albums que lors de leurs interventions télévisées où j’ai l’impression qu’elles hésitent à pousser leur excentricité vocale. C’est pourtant ce qui fait tout l’interêt de leur musique. Les quatre captures d’écran ci-dessus proviennent d’une petite vidéo introductive de ce nouvel album. J’aime beaucoup le fait que cette vidéo est clairement inspirée de la vidéo du morceau Honnō (本能) de Sheena Ringo. Bien que les six membres de BiSH ne soient pas habillées en infirmières comme dans Honnō, elles sont tout de même habillées de blanc et on les voit casser des vitres à mains nues comme Sheena pouvait le faire sur Honnō. Il n’y a absolument aucune ressemblance entre les premiers morceaux que je connais de leur nouvel album et la musique de Sheena Ringo, mais on sait que AiNA est influencée par Sheena et qu’elle a d’ailleurs déjà repris quelques morceaux d’elle. Comme AiNA est souvent en charge des chorégraphies du groupe, elle est peut-être également à l’origine de cette vidéo inspirée de Honnō. C’est seulement une supposition de ma part. Comme je le dis souvent, ce type de liens d’influence m’intéressent beaucoup.

Pour revenir aux photographies de ce billet et sans pour autant toutes les décrire une à une, je veux quand même mentionner que la quatrième correspond à des toilettes publiques dont le design est conçu par Kengo Kuma. Elles font partie du projet Tokyo Toilet remplaçant une à une les vielles toilettes publiques de l’arrondissement de Shibuya par des nouvelles toutes conçues par des architectes ou designers différents. J’avais déjà montré celles transparentes par Shigeru Ban ou celles dans les jardins publics près de la gare d’Ebisu par Fumihiko Maki ou Masamichi Katayama. Celles conçues par Kengo Kuma se nomment A Walk in the Woods et on peut les trouver dans le parc Nabeshima dans le quartier résidentiel huppé de Shoto. L’utilisation du bois est très distinctif du style actuel de Kengo Kuma. On reconnaît son style au premier coup d’oeil. La photographie suivante dans ce billet montrant une façade bleutée est également prise dans ce même quartier de Shoto. Cette photographie m’amuse car on y voit à la fois un élégant et discret petit dessin de papillon avec une signature et une mention en anglais seulement « We call Police ». Il n’est pas rare de voir ce genre d’avertissement dans un anglais pas forcément incorrect grammaticalement mais plutôt flou ou approximatif. J’imagine que le message signifie qu’il est interdit de faire des graffiti sur le mur, comme en général un premier graffiti en appelle d’autres.

さあもう笑うよ

Je n’ai pas l’habitude de prendre en photo les devantures de magasins mais ça m’arrive tout de même quelques fois quand le sujet m’intéresse. Je ne suis pas spécialement intéressé par la marque de voitures Maserati, même si le design est souvent très réussi, mais plutôt par la collaboration avec la marque Fragment de Hiroshi Fujiwara. Cette collaboration m’intéresse car je ne comprends pas vraiment ses subtilités. Hiroshi Fujiwara est une figure légendaire de la street culture démarrée dans les arrières rues d’Harajuku (le Ura-Harajuku). On le voit souvent dans les magazines japonais et ses propositions semblent intouchables. Mais je suis toujours très surpris du manque visible d’inventivité des collaborations de sa marque avec d’autre grandes marques établies. Les interventions de Fragment sur le modèle Maserati entièrement noir sont tellement subtiles qu’on ne les voit pas. Les disruptions semblent bien mineures et il n’y a que le nouveau logo de Maserati barré par les deux éclairs de Fragment que l’on remarque, mais qui donne quelque chose d’un peu brouillon et de faussement rebel. Cette collaboration m’intrigue au point d’avoir envie de prendre cette devanture à Jingumae en photo. Il s’agit peut-être là d’une obsession.

En chemin vers le parc de Yoyogi pour aller voir l’installation Cloud Pavillon de Sou Fujimoto, je m’arrête quelques minutes devant une fresque photographique montrant l’histoire d’Harajuku des années 1950 à nos jours, en s’intéressant aux changements de mode plutôt qu’aux changements du paysage urbain. Les rues d’Harajuku ont certes beaucoup changé depuis les années 50, comme tous les autres quartiers de Tokyo d’ailleurs, mais les modes vestimentaires suivent des évolutions beaucoup plus fréquentes, ce que j’ai tout de suite constaté dès mon arrivée à Tokyo à la toute fin des années 90. En écrivant ce texte, je repense à une vidéo éditée par Beams donnant une rétrospective des évolutions de la mode de la rue tokyoïte sur quarante années de 1976 à 2016 (correspondant à l’anniversaire de la marque). Cette vidéo est assez bien faite montrant ces changements dans la continuité avec de nombreux mots-clés que je ne reconnais pas pour la plupart. Le spécialiste David Marx donne une explication de textes de cette vidéo et tout devient plus clair. Dans son texte, l’instigateur de la street culture Hiroshi Fujiwara est d’ailleurs plusieurs fois évoqué.

À cette époque de la fin 1990 et du début 2000, on aimait se promener dans le quartier d’Harajuku et sur l’avenue d’Omotesando, et on rêvait d’y vivre. Il me semble qu’il y avait moins de monde dans les rues à cette époque, mais les souvenirs sont peut-être un peu faussés. Je regrette encore maintenant de ne pas avoir pris en photo les vieux appartements Dōjunkai (Dōjunkai Aoyama Apartments) construits en 1926, qui se trouvaient sur l’avenue et qui ont été plus tard détruits en 2005 puis remplacés par Omotesando Hills. Je me souviens être souvent passé devant. Les vieilles façades couvertes de lierres cachaient des petites boutiques. J’aurais également voulu connaître les appartements Dōjunkai de Daikanyama construits en 1927 mais ils avaient déjà disparu avant mon arrivée à Tokyo, détruits en 1996 pour être remplacés par la grande tour résidentielle Address. Les photos que j’ai pu voir avant la destruction donne l’impression d’un village mal entretenu et envahi par la végétation. Je repense à ces vieux ensembles d’appartements car ils disparaissent petit à petit du paysage tokyoïte. Il y a quelques années, j’avais pris en photo un ensemble de logements publics vétustes à Jingumae au bord de la rue Killer Street juste à côté du musée Watari-um mais il a déjà disparu. Les vieux appartements de Kita Aoyama vont également bientôt disparaître complètement. J’ai vu récemment que ce qui reste des barres d’immeubles est entouré de palissades blanches interdisant l’accès. J’ai pris en photo à plusieurs reprises ces vieux appartements de Kita Aoyama. La fresque photographique au grand croisement de Jingumae à Harajuku est posée sur une longue palissade blanche entourant une zone en travaux. Un nouveau complexe commercial conçu par l’architecte Akihisa Hirata verra le jour en 2022. Un peu comme le building Tokyu Plaza conçu par Hiroshi Nakamura situé au même croisement à la diagonale opposée, ce nouveau complexe comprendra un jardin sur les toits. Il semble que ces jardins auront une place prépondérante sur ce nouveau building. Sa forme complexe a l’air très intéressante.

Sur les fresques photographiques, mon regard s’arrête sur la période des années 1990 car je reconnais une photo qui provient à mon avis du magazine Fruits dont j’avais déjà parlé dans un billet précédent. Ce magazine prenait en photo la jeunesse branchée d’Harajuku à la fin des années 1990 et au début des années 2000. Les tenues étaient parfois improbables ou du moins en avant-garde de leur époque. La photo que je reconnais est celle du dessus à gauche montrant une jeune fille aux cheveux courts bleus et un jeune homme svelte habillé d’un pull rayé de laine aux manches courtes. Je crois reconnaître là une influence vestimentaire anglo-saxonne, qui est notamment due au fait que je suis persuadé que ce jeune homme modèle était le garçon qui accompagnait Sheena Ringo à la fin de l’année 1998 pour faire des photos à Londres et à Paris pour un magazine. Je montre deux photos extraites de cette série ‘Here There go to u.k.’ ci-dessus au centre et à droite. En fait, je ne suis pas du tout certain que le jeune homme des deux photos avec la jeune Sheena Ringo (elle avait tout juste 20 ans) soit la même personne que sur la photo du magazine Fruits de gauche et sur la fresque photographique à Harajuku. Je vois tout de même une ressemblance, mais les recherches sur internet ne m’ont pas permis de confirmer cela. Dans l’émission Etsuraku Patrol sur Cross FM, Sheena évoquait bien ce passage à Londres et Paris, mais je n’ai pas le souvenir qu’elle ait donné le nom de son accompagnateur. Il s’agit peut-être là encore d’une obsession, mais ce qui m’intéresse surtout est de découvrir des liens entre les choses. Là est ma réelle obsession. En faisant mes recherches sur ce sujet, je découvre l’existence d’une biographie non officielle sortie en livre en Juillet 2000 sous le titre Ringo Allergy (林檎アレルギー). Cette biographie couvre les toutes premières années de carrière de Sheena Ringo et les années précédant son début artistique. Il y a un extrait traduit en anglais sur le défunt forum internet Electric Mole Forums (EMF). Il faut prendre les informations de ce livre avec des pincettes, à mon avis, mais en lisant cet extrait traduit en anglais, je ne vois pas vraiment d’incohérences, de l’exagération peut-être. Enfin la traduction est plutôt bancale et je ne sais pas en quelle mesure elle est fidèle au texte original. Ma curiosité m’a poussé à acheter le livre Ringo Allergy d’occasion sur Mercari. Je ne vais pas me mettre à le traduire mais peut être piocher dans certains passages.

Je me rends compte en écrivant ce billet qu’il y avait longtemps que je n’avais pas évoqué Sheena Ringo ou Tokyo Jihen sur Made in Tokyo. Je continue petit à petit à acheter en format physique (c’est à dire en CD) les singles ou les autres DVD/Blu-ray que je n’ai pas encore. Il doit me manquer deux singles (NIPPON et OSCA) et deux concerts (Ringo Expo 14 et Shinkū Chitai), mais je n’inclus pas dans ma liste les compilations qui répètent ce que j’ai déjà. En fait, j’essaie quand même de me procurer les compilations de vidéos. La dernière que j’ai trouvé est Seiteki Healing Sono 5-7 (性的ヒーリング ~其ノ伍~七~) en Blu-ray qui vient compléter cette collection Seiteki Healing. J’aime beaucoup la couverture du Blu-ray montrant un chocolat en forme de pomme recouvert d’un coulis au chocolat (en image ci-dessus à gauche). Pour ce qui est de Tokyo Jihen, il me manque le Blu-ray de la compilation vidéo Golden Time que le groupe a sorti en Février 2013 après leur dissolution en 2012, mais j’ai l’impression que les vidéos de cette compilation sont déjà présentes sur d’autres que j’ai déjà, à part quelques morceaux à la fin. C’est le problème de ce genre de compilations qui rajoutent toujours deux ou trois choses pour pousser à l’achat. Il faut trouver une limite. Ma limite est d’acheter exclusivement d’occasion à part pour les nouveautés, et d’essayer de me procurer les versions premières presses plutôt que les éditions standards, dans la mesure où les prix ne sont pas prohibitifs. La compilation Seiteki Healing Sono 5-7 reprend les vidéos des singles des albums Hi Izuru Tokoro (日出処), Sandokushi (三毒史), Reimport vol. 1 (逆輸入 ~港湾局~) et vol.2 (逆輸入 ~航空局~) et les deux inédits du best-of Newton no Ringo (ニュートンの林檎). Comme on vient juste de remplacer notre vieille télévision (qui avait plus de 14 ans) par un modèle plus récent avec un écran beaucoup plus grand, revoir ces vidéos sur ce grand écran dans une très bonne qualité est vraiment très agréable et me permet même de découvrir des détails que je n’avais pas remarqué jusque là. Je constate par exemple que les quatre membres de Tokyo Jihen sont présents sur le morceau Carnation, ce que je n’avais pas décelé en voyant cette vidéo sur YouTube. Il faudrait que je fasse un jour une photo de famille de tous les CD/DVD/Blu-ray de Sheena Ringo et Tokyo Jihen que je possède, une fois cette collection terminée. Un des derniers CDs que j’ai acheté au Disk Union de Shinjuku est le single Shuraba (修羅場) de Tokyo Jihen, même si j’avais acheté ce single en digital au moment de sa sortie. Le CD de Shuraba (en image ci-dessus à droite) contient deux autres morceaux Koi ha Maboroshi (恋は幻) et Rakujitsu (落日), qui se trouvent également sur la compilation de B-sides Shinya Waku (深夜枠). La version de Rakujitsu sur le CD de Shuraba a tout de même la particularité de se terminer par un petit passage live reprenant la fin du morceau Koi ha Maboroshi pendant laquelle Sheena présente les nouveaux membres du groupe Ukigumo et Ichiyō Izawa. A la sortie de ce single, on se trouve à la transition entre les deux formations du groupe. La voix enjouée de Sheena sur ce petit passage live vaut le détour.

La coïncidence intéressante est que quelques jours après avoir acheté le CD de Shuraba, Tokyo Jihen joua le morceau Rakujitsu pendant l’émission FNS 2021 Kayosai Natsu (2021 FNS歌謡祭 夏 – Music Festival in Summer) le 14 Juillet sur Fuji TV. Le groupe a bien entendu joué un morceau du dernier album pendant cette émission. Il s’agissait de Kemono no Kotowari (獣の理), composé par Kameda Seiji et dixième morceau de l’album Music (音楽). Comme toujours dans ce genre d’émissions musicales, la version interprétée était proche de l’original sur l’album. Comme on peut le voir sur la première photo ci-dessus, le décor était rempli de végétation et les costumes de scène du groupe étaient plus simples et décontractés qu’à l’habitude. Ils portaient tous des jeans et des chemises amples. Le logo de Tokyo Jihen en format graffiti y était imprimé en grand. Sheena avait une coupe de cheveux très courte à la garçonne et chantait avec une position de côté comme elle le fait souvent en concert. La surprise de l’émission était d’entendre le morceau Rakujitsu, qui date pourtant d’il y a 16 ans. Ce genre d’émission nous fait souvent redécouvrir des anciens morceaux de groupes, chanteurs ou chanteuses japonais mais ce sont en général des musiques qui sont entrées dans l’inconscient collectif japonais, des morceaux tellement connus qu’on les reconnaît dès les premières notes. Ce n’est pas le cas de Rakujitsu car je ne pense pas qu’il soit connu en dehors du cercle des amateurs de Sheena Ringo et de Tokyo Jihen. Il s’agit par contre d’un des morceaux préférés des fans. Sur la dernière enquête d’opinion du fan club Ringohan, Rakujitsu se trouvait en 6ème position sur 169 des morceaux préférés de Tokyo Jihen. C’est vrai que c’est un très beau morceau et la vidéo de l’émission FNS le mettait magnifiquement en valeur. Ils étaient tous habillés de vert sauf Sheena en robe de couleur crème. Elle était coiffée d’une sorte de couronne portant des petites étoiles dorées qui bougeaient légèrement à chaque micro mouvement de tête. La scène était marquée par un grand signe de paon lumineux et le final dans un éclat de lumière vive avait quelque chose de céleste. Les paroles du morceau sont chargées de tristesse mais les paroles finales nous disant « Allez, rions maintenant » (さあもう笑うよ) terminent le morceau sur une note positive et optimiste qui correspond à la lumière éblouissante finale. Je reprends ce passage des paroles comme titre de mon billet car on a, à mon avis, besoin de ce genre de messages positifs en ce moment.

Même si on apprécie beaucoup les Jeux Olympiques qui se déroulent en ce moment, on ne peut pas oublier la situation sanitaire qui se dégrade dans tout le pays. Notre rythme de vie ne change pas pour autant, mais on est par la force des choses beaucoup plus souvent devant la télévision que dehors. La chaleur extrême typique des étés japonais nous empêche de toute façon d’aller marcher dehors pendant les heures de pointe. Je suis allé plusieurs fois à vélo le soir autour du stade olympique mais on ne peut malheureusement pas l’approcher de près. Tout l’espace autour est barricadé. C’est un sentiment étrange que d’avoir des Jeux Olympiques se déroulant à Tokyo sans qu’on puisse vraiment avoir l’impression que ça soit le cas. En les regardant à la télé, j’ai parfois l’impression que ces Jeux se déroulent dans une autre ville ou dans un autre pays. Ceci étant dit, cet état de fait n’enlève rien à notre enthousiasme. La cérémonie d’ouverture le Vendredi 23 Juillet était en grande partie ennuyeuse sauf quelques moments tout à fait remarquables. L’interprétation de l’hymne japonais par MISIA dans sa robe de Tomo Koizumi en forme de glace sucrée Kakigōri (かき氷) était particulièrement réussie. La représentation humoristique des pictogrammes olympiques était phénoménale et m’a réveillé après le défilé interminable des pays. La vidéo comique qui suivait montrant le comédien Gekidan Hitori faire l’imbécile avec les installations lumineuses de la ville, sous les yeux sévères de la patineuse médaillée d’or olympique Arakawa Shizuka était particulièrement savoureuse. Je n’ai appris qu’après que cette partie filmée avait été dirigée par Yoichi Kodama, le compagnon de Sheena Ringo. En regardant la cérémonie, la présence du comédien Gekidan Hitori m’avait surpris car il n’est plus actuellement au top de sa popularité, et je me suis demandé par quel lien il avait pu être amené à faire partie des intervenants. Je me suis souvenu qu’il était présent sur la vidéo de Koi ha Maboroshi (恋は幻) de Tokyo Jihen, ce qui m’avait également surpris. Peut être que sa présence est liée au fait que Sheena Ringo était membre initiale du comité artistique olympique. Il a peut être été choisi à ce moment là et il est resté même après la dissolution du comité. Ça parait probable quand je pense à la présence de l’acteur Kentarō Kobayashi par exemple, qui était l’acteur principal sur le film Hyaku Iro Megane (百色眼鏡), avant de démissionner peu de temps avant la cérémonie pour des propos inacceptables qu’il a tenu il y a plusieurs dizaines d’années. Une chose est sûre, cette cérémonie a connu de nombreux rebondissements et scandales, comme si on lui avait jeté un mauvais sort. La version que l’on a vu à la télévision était une version diminuée et plus sobre que ce qui avait été envisagé initialement par le comité artistique, notamment par la chorégraphe MIKIKO dont les idées ont récemment été divulguées par le magazine Bunshun. On apprend dans ce magazine que les plans originaux donnaient une vision beaucoup plus pop avec un passage montrant la moto de Kaneda dans Akira, une intervention du groupe Perfume (MIKIKO était la chorégraphe de Perfume sur une de leur tournée), une apparition de Naomi Watanabe sortant d’un tuyau de Super Mario alors que Lady Gaga y était entrée de l’autre côté (on sait que Naomi Watanabe fait une excellente parodie de Lady Gaga). Il s’agissait là d’un clin d’oeil à la cérémonie de clôture des Jeux Olympiques de Rio. Les drones qui étaient un moment remarquable de la cérémonie faisaient apparement partie du plan initial et ont heureusement été conservés. Au final, ces divulgations nous laissent imaginer une cérémonie beaucoup plus intéressante que ce qu’on a pu voir au final. Mais le final avec le dernier passage de la flamme olympique par Naomi Osaka avait quelque chose d’émouvant. Il nous reste maintenant des images de la flamme olympique dans son élégant réceptacle dessiné par Nendo.

パビリオン⑥

La deuxième installation Cloud Pavillon (雲のパビリオン) de Sou Fujimoto se trouve à l’intérieur de la nouvelle gare Takanawa Gateway (高輪ゲートウェイ) sur la ligne Yamanote. La structure est exactement la même que celle du parc de Yoyogi. En mettant une installation à l’intérieur d’un bâtiment et une autre à l’extérieur, je pense que l’architecte voulait réaffirmer cette idée d’omniprésence des nuages en tous lieux et donc une certaine idée d’universalité. Je partage cette fascination pour les nuages que j’aime prendre en photo. Ils me servent souvent de matière pour mes compositions photographiques. Je ne me suis jamais vraiment posé la question du pourquoi j’aimais tant mélanger et superposer ces images de nuages avec le paysage urbain tokyoïte. Peut-être que, comme Sou Fujimoto, je vois dans ces nuages une omniprésence qui me semble évidente.

La station de Takanawa Gateway ajoutée entre celles de Tamachi et Shinagawa est la première étape d’un projet beaucoup plus important mené par Japan Railways East. Ce projet de développement urbain appelé TokyoYard verra d’abord la construction de quatre hautes tours et une de taille moyenne. Ce nouveau complexe sera conçu par Kengo Kuma, déjà concepteur de la station, et par Pickard Chilton, et verra le jour en 2024. Il se composera de tours de bureaux dont une comprenant un hôtel, d’une tour résidentielle et d’un centre culturel. Ce complexe sera interconnecté à sa base par une bande piétonne continue et verte qui est censée être réminiscente de la zone côtière qui existait autrefois à cet endroit bien avant que les terrains soient gagnées sur l’océan. On nous dit aussi dans les documents explicatifs du projet que ces quatre hautes tours sont supposées nous rappeler l’archipel japonais où chaque tour serait une des grandes îles du pays. Je passerais sur les commentaires qui nous expliquent que cette nouvelle zone sera à la pointe des nouvelles technologies et des innovations vertes tout en étant une zone ouverte aux échanges.

La gare de Takanawa Gateway prend ce nom de « gateway » car ce lieu était autrefois une porte d’entrée vers la ville d’Edo. Le nom a été sélectionné suite à un appel public à suggestions. Mais à chaque fois que je vois le nom de cette station écrit en japonais 高輪ゲートウェイ, je pense à chaque au système d’écriture composé de kanji suivis de katakana utilisé par Sheena Ringo pour le nom de nombreux morceaux et albums (comme par exemple 丸の内サディスティック). Le comédien Akiyama du trio comique Robert avait d’ailleurs plaisanté, d’une manière très sérieuse comme il sait excellemment le faire, en annonçant dans une émission de télévision (Akiyama to Pan sur TV Asahi) que ce nom de station n’avait pu être imaginé que par Sheena Ringo. Elle lui avait répondu en ne le contredisant pas vraiment et l’échange en devenait même surréaliste. Il faut se rappeler que Akiyama et Sheena se connaissent car ils sont tous les deux originaires de Fukuoka dans le Kyushu. Il y avait d’ailleurs eu un autre chassé-croisé amusant quand Akiyama apparaissait en centaure pour une publicité pour des manga en ligne, d’une manière un peu similaire à l’image de couverture de l’album Sandokushi de Sheena Ringo. Je ne sais pas s’il s’agit d’une coïncidence ou si Akiyama avait eu vent de cette idée de couverture d’album et intentionnellement copié pour les besoins d’une publicité. J’en doute fortement mais ce genre de coïncidences m’intéressent beaucoup.