Aoyama & Spa

Sur les deux premières photographies du billet, on aperçoit en partie l’immeuble Prada dessiné par Herzog & De Meuron. C’est un landmark distingué du quartier et il n’a pas pris une ride même s’il a maintenant presque 20 ans. Il a été construit en 2003, pour être précis. Je passe assez régulièrement devant, sans le prendre en photo car il représente tellement l’évidence photographique que j’ai l’impression que ça ne m’apportera rien de le photographier une nouvelle fois. En passant devant le building voisin désormais occupé par Audi, l’envie me vient tout de même de le saisir en composition avec cet autre building. L’immeuble Prada a, en lui-même, tellement d’attrait qu’on ne pense pas forcément à l’inscrire, en photo, dans son environnement urbain. Un peu plus loin dans la même rue, je passe ensuite devant la boutique Comme des Garçons de Kawakubo Rei. J’aime beaucoup sa devanture en verre, courbe et oblique. L’intérieur m’intrigue toujours, pas particulièrement pour les vêtements qu’on y vend mais plutôt pour les tenues vestimentaires des vendeuses et vendeurs qui y travaillent. Ils et elles suivent tous à la lettre le style et le design à base de noir et blanc de Rei Kawakubo. Je ne pense pas qu’on les oblige, mais qu’ils et elles admirent profondément ce style vestimentaire. Ce style qui refuse les couleurs n’est pas chose rare à Tokyo et m’intéresse visuellement car il y a quelque chose d’assez fort qui s’en dégage. Personnellement, j’aurais par contre du mal à le suivre religieusement tous les jours. J’admire cette dedication à un genre sans en dévier. Je vois aussi un style un peu similaire chez Yohji Yamamoto, bien que plus masculin. J’aime personnellement beaucoup Y3, le croisement de la marque avec Adidas, mais les prix me font attendre les soldes, tout en hésitant encore. Un peu plus loin dans le quartier d’Aoyama, dans les rues à l’arrière où personne ne va, je découvre un autre endroit qui m‘intrigue. Je me laisse facilement intriguer dans les rues de Tokyo, ce qui fait que je ne me lasse pas encore de photographier cette ville. Il s’agit d’un étroit building de quelques étages, en béton sans ouvertures à part une porte d’acier accessible grâce à un petit escalier. Ce building à Minami Aoyama se nomme CAP, du nom du collectif artistique qui l’occupe. Une galerie appelée Rocket se trouve au sous-sol. Elle est surnommée « Gallery of the Night » en raison de son manque d’ouverture vers l’extérieur. Je ne sais pas si elle était ouverte à mon passage mais si la porte reste en permanence fermée, il doit être très difficile d’y pénétrer sans avoir l’impression désagréable de gêner. Toujours est-il que ce genre d’architecture de béton sans compromis attire mon œil photographique. Ce petit immeuble était par contre difficile à saisir dans son intégralité depuis la petite rue qui le dessert.

J’essaie de passer le moins de temps possible sur Twitter car je trouve ce réseau social en grande partie nocif, mais j’y trouve parfois des petites choses interessantes qui me font sourire et qui me donnent tout de même envie d’y revenir de temps en temps. A vrai dire, je ne tombe pas directement sur le tweet ci-dessous d’Utada Hikaru datant d’il y a plus de dix ans, mais à travers d’autres liens internet qui m’y amènent. L’anecdote et réflexion d’Utada sur son nom est assez amusante.

Le passe-temps de ma mère était apparemment de me trouver des prénoms qui auraient pu être « Ichigo » (fraise) ou « Melon » ou « Suika » (pastèque). Je suis bien contente qu’elle m’ait choisi le prénom « Hikaru ». Pourquoi est ce que Sheena Ringo sonne cool alors que Utada Suika sonnerait vraiment très ringard?

Tout est question d’habitude et on aurait très bien pu s’habituer à Utada Suika, sans que ça impacte vraiment sa carrière. Ce côté décalé aurait d’ailleurs plutôt bien collé à sa personnalité plutôt atypique. Il suffit de voir à ce propos son compte Instagram qui montre principalement une collection d’objets trouvés dans les rues de Londres (où elle habite toujours à ma connaissance) ou ailleurs. C’est plutôt inhabituel pour une star de sa renommée mais ça me rassure aussi de voir qu’elle suive ainsi ses passions les plus inattendues et anecdotiques sans vraiment se soucier de ce qu’on peut en penser. Elle avait d’ailleurs participé à l’émission Matsuko no Shiranai Sekai (マツコの知らない世界) pour présenter cette passion sous les yeux particulièrement étonnés de Matsuko Deluxe, qui a pourtant vu passer beaucoup de personnes particulières dans son émission. Nous regardons d’ailleurs cette émission très régulièrement et j’aurais très certainement l’occasion d’en reparler plus tard.

Pour revenir à ce commentaire d’Utada Hikaru évoquant Sheena Ringo, la vidéo de leur dernier morceau en duo, Roman to Soroban (浪漫と算盤) me revient en tête. C’est intéressant comme les crédits à la fin de cette vidéo viennent justement brouiller les pistes sur l’appellation de Sheena Ringo. On sait que son nom réel est Shiina Yumiko, Shiina étant son nom de famille et Yumiko étant son prénom changé dès le début de sa carrière en Ringo. La transformation de son nom de Shiina en Sheena (il y a eu une étape intermédiaire en Shéna) vient faire ressembler son nom de famille à un prénom (le prénom Sheena serait d’origine écossaise apparemment). La disposition des noms à la fin de la vidéo de Roman to Soroban, avec le prénom en premier pour Utada Hikaru laisse penser que le prénom de Sheena Ringo est Sheena plutôt que Ringo. C’est d’autant plus mis en évidence que le nom entier de Utada Hikaru se dit en général avec le nom de famille en premier, ce qui n’est très bizarrement pas le cas ici. Tout ceci reste tout à fait anecdotique, mais m’intrigue depuis très longtemps. Je suis donc assez content de trouver ce genre de pistes, même si je ne sais pas dans quelle mesure c’est volontaire. Enfin, j’ai bien appris que rien n’était jamais vraiment laissé au hasard chez Sheena Ringo.

Sur un thème similaire, un autre tweet m’interpelle. Il est plus récent et écrit par la compositrice interprète Ako (a子), que je suis sur Twitter depuis la sortie de son premier EP Misty Existence (潜在的MISTY), que j’avais d’ailleurs beaucoup aimé. Elle répondait par le commentaire ci-dessous sur la présence d’un de ses morceaux sur une playlist Spotify sur laquelle se trouvait également des morceaux de Sheena Ringo et Tokyo Jihen.

Quand la vie devient difficile, ça va mieux en regardant un live de Ringo san ou de Jihen.

J’ai eu exactement la même réflexion il y a quelques temps en me posant la question du pourquoi je ressentais le besoin de regarder en DVD ou Blu-ray tous ces concerts de Sheena Ringo et de Tokyo Jihen. Je pense qu’il y a un lien avec cette crise sanitaire qui nous épuise le cerveau à petit feu. J’éprouve en quelque sorte ce besoin de laisser s’échapper mon esprit dans quelque chose qui me réchauffe le cœur et le cerveau. Il n’y a bien sûr pas que des choses négatives dans cette crise, et même de nombreuses choses positives, mais l’accumulation de news anxiogènes finit par peser sur notre moral. Je pense que cette crise nous a tous obligé à trouver des échappatoires, qu’on peut poursuivre en général sans sortir de chez soi. Mais voir ces concerts en vidéo me donne énormément l’envie de refaire l’experience du live. Il faudra juste prendre son mal en patience pour une période indéterminée pour l’instant.

Je n’avais d’ailleurs pas parlé ici des concerts de Sheena Ringo et Tokyo Jihen depuis ma revue de Ringo Expo 18, peut être parce que cette dernière revue détaillée m’avait demandé beaucoup de temps et d’efforts, et que c’est forcément difficile de continuer sur ce rythme. Une petite pause était nécessaire mais l’envie de revenir vers ces concerts se faisait trop forte. La sortie du Blu-ray de la dernière tournée News Flash, que je viens d’acheter après réservation au Tower Records de Shibuya, me donne envie de revoir un nouveau concert. Je ne vais pas revoir tout de suite News Flash, mais me tourne plutôt vers un concert plus ancien de Tokyo Jihen, Spa & Treatment (スパ・アンド・トリートメント). Ce DVD couvre la tournée Tokyo Jihen live tour 2007 Spa & Treatment qui se déroulait en 14 dates dans tout le Japon du 18 Octobre au 21 Novembre 2007, juste après la sortie le 26 Septembre 2007 de Variety, le troisième album du groupe. La tournée commença à Yokohama, pour ensuite aller à Nagoya, Osaka, Fukuoka, puis Tokyo, Sendai, Sapporo et reviendra une dernière fois pour deux dates à Tokyo. La particularité de cette tournée est qu’elle se déroule dans des Live House, des salles de concerts plus petites plutôt orientées rock dans leur ambiance intérieure sombre et épurée. Il s’agissait, dans chacune des villes, des salles de concert Zepp opérées par Sony Music Entertainment Japan, sauf à Yokohama où il s’agissait du Blitz. Le Blitz de Yokohama a fermé ses portes en Octobre 2013. Il y avait également une salle Blitz à Akasaka tenue par les studios de télévision TBS juste à côté, mais elle a également fermé, en Septembre 2020. J’avais vu Sonic Youth dans cette salle de concert le 20 Février 2001, à l’époque de la sortie de A thousand Leaves que je ne connaissais pourtant qu’assez peu à ce moment là. Ou peut-être était-ce le concert du 17 Février 2003, ma mémoire me fait défaut.

Le DVD Spa & Treatment est une captation vidéo du dernier concert de la tournée, le 21 Novembre 2007, au Zepp Tokyo, mais il est sorti beaucoup plus tard le 26 Mars 2010, date qui correspond au début de la tournée suivante Ultra C couvrant le quatrième album Sports. Le DVD Spa & Treatment n’était en fait pas vendu dans le commerce mais seulement pendant la tournée Ultra C du 26 Mars au 25 Août 2010 et sur le site du fan club Ringohan. Ceci explique que ce DVD est un peu plus difficile à trouver que les autres concerts vendus dans le commerce en version neuve. Spa & Treatment est seulement disponible d’occasion à des prix parfois élevés. Je le vois régulièrement sur Mercari à 14,000 Yens. J’ai eu la chance de le trouver à un prix raisonnable de 4,500 Yens au Disk Union de Shinjuku dans une version quasi-neuve. Le prix raisonnable typique de ce DVD est plutôt aux alentours de 6,500 Yens, ce qui est plus élevé que le prix de vente de l’époque (3,800 Yens). Shinjuku est décidément le meilleur endroit pour trouver des CD/DVD ou Blu-ray de SR/TJ.

Tous les titres de l’album Variety (娯楽) sont interprétés sur Spa & Treatment, ainsi que quelques B-sides des singles de cet album et quelques morceaux seulement des deux premiers albums de Tokyo Jihen à savoir Kyōiku (教育) et Adult (大人). Il n’y a pas de reprise de morceaux sur cette tournée à part Marunouchi Sadistic de la carrière solo de Sheena Ringo. La tournée est vraiment concentrée sur l’album Variety, qui reste l’album le moins populaire du groupe. Sur le dernier sondage du fan club Ringohan, l’album Variety se trouvait en dernière position des albums préférés du groupe (sans compter les mini-albums comme Color Bars ou News, et les compilations). En ce qui me concerne, j’aime cet album même s’il n’est pas très consistant, notamment parce qu’il contient des morceaux qui sont clés dans la discographie du groupe comme OSCA ou Killer Tune, que j’avais beaucoup apprécié à sa sortie notamment pour sa vidéo. Il y a bien entendu sur ce DVD de nombreux morceaux qui ne sont présents sur aucun autre DVD ou Blu-ray de concerts, ce qui le rend forcément indispensable.

Le concert commence par le morceau Fukushū à l’ambiance très rock. Sheena y chante en anglais en poussant et exagérant sa voix, jusqu’à l’excellente partie solo à la guitare de Ukigumo qui termine le morceau en larsen. Le morceau s’enchaîne directement avec Sake to Geko dans une ambiance rouge sur scène, mais les couleurs sont changeantes. Sur ce morceau, c’est plutôt le piano d’Ichiyō Izawa qui est mis en avant. La voix de Sheena se fait aussi changeante en prenant parfois cet air ressemblant au kabuki. L’ambiance générale est très sombre comme dans un concert de rock underground, mais les tenues de scène en satin beige contrastent assez franchement avec cette ambiance. Le morceau finit aussi en larsen et dans un brouhaha de batterie qui nous amène très rapidement sur l’excellent Kabuki où chaque membre du groupe fait une petite démonstration de son instrument. Sheena prend le mégaphone sur ce morceau et le gardera pour OSCA qui s’enchaîne également directement et sans aucun arrêt. Le set n’a pour le moment fait aucune pause. C’est chronologiquement le premier concert, à ma connaissance, où OSCA est interprété. Sheena défile sur scène avec son mégaphone devant un public qui semble très proche. Elle prend un air volontairement hautain comme pour narguer les spectateurs, mais tout en leur faisant un signe de la main. On retrouve dès ce concert la scène habituelle de OSCA où elle retourne le mégaphone vers le public pour obtenir que leur voix soit amplifiée vers la scène. Le solo de basse de Seiji Kameda est également un classique, qui marque un petit répit avant la reprise rapide finale du morceau où chaque membre du groupe se donne à fond. Ce n’est pas la version la plus agressive que je connaisse de OSCA, mais elle n’en est pas moins très bonne.

Le rythme non-stop des premiers morceaux fait une pause avec un premier message de Sheena vers le public. Comme on pouvait s’en douter, le message se contente de remerciements et est très court. Elle semble chercher ses mots et conclut rapidement en demandant au public de faire attention à ne pas se blesser car la salle est bien remplie. On sait que la spontanéité lorsqu’elle s’adresse verbalement au public n’est pas son fort, et cette configuration de salle ne fait pas exception. Je le dis certainement à chaque fois mais je suis toujours énormément intrigué par ce contraste entre ces messages qui s’embrouillent et l’extrême aisance avec laquelle elle interprète les morceaux sur scène. Je pense que quand elle interprète ses morceaux, elle devient un personnage et est très préparée pour être sûre de ne pas décevoir. Tandis que les messages au public demandent à ce qu’on se dévoile beaucoup plus, au delà du personnage sur scène. Il s’agit là seulement de mon interprétation en tant qu’observateur très lointain, mais le contraste est également très frappant lors des scènes de préparation ou d’enregistrement de morceaux qui sont parfois incluses sur les DVDs de concerts. Ces scènes en comité restreint (les membres du groupe et les ingénieurs du son) montrent Sheena d’une manière assez différente, plaisantant et rigolant sans arrêt, attitude très éloignée de celle sur scène lors des messages. Encore une fois, devant un public aussi important, elle est peut être seulement prise par l’émotion et a, à chaque fois, du mal à trouver ses mots pour traduire cette émotion. Le morceau Ramp poursuit le set. Hata est hilare et Sheena sourie également en réponse, car le public apprécie le morceau en réagissant lorsque Sheena fait des pauses dans son chant. Tous ces sourires sont assez charmants, tout comme la coupe de cheveux très courte de Sheena. Ça contraste d’ailleurs beaucoup avec la coupe hirsute de Ukigumo. Ramp s’enchaîne directement avec Mirrorball. La mise en scène du concert est relativement simple avec une caméra qui bouge beaucoup et s’approche souvent au plus près du groupe. On s’immerge aussi souvent dans la foule, ce qui nous fait parfois voir le groupe derrière les mains tendues du public. Mirrorball a un son que je trouve très typique de Variety. Comme je le disais plus haut et comme son nom l’indique, l’album Variety part dans plusieurs directions et c’est aussi ce que j’aime.

Sheena prend ensuite sa guitare fétiche sur Kingyo no Hako, mais seulement pour quelques riffs. Ukigumo a également en mains sa guitare fétiche Vox Phantom. J’aime beaucoup observer Ukigumo sur scène, car il a parfois des mouvements brusques de la main comme s’il loupait une corde. Il n’en est rien, bien entendu, car son jeu est parfait voire même meilleur que sur l’album, mais ses mouvements semblent parfois peu naturels. Pendant Kingyo no Hako par exemple, il avance soudainement vers le devant de la scène d’une manière directe, un peu maladroite, que je trouve assez caractéristique. Il joue ensuite à côté de Sheena en la regardant jouer par dessus l’épaule, presque comme un professeur qui vérifie les progrès de son élève. Sheena n’a clairement pas le même niveau en guitare que Ukigumo et elle dit elle-même qu’elle s’est progressivement perfectionnée à la guitare grâce aux leads guitaristes de ses groupes (et de son ex-mari également, j’imagine). Le morceau Kingyo no Hako se termine sur un regard perçant de Sheena sur les dernières paroles, puis ce regard semble ensuite se perdre au loin. Elle garde la guitare pour Gunjō Biyori, qui est tout de suite acclamé par la foule, ce qui fait plaisir à Kameda. Ukigumo change de guitare pour une autre Vox Phantom verte pomme. Le morceau est superbe, mais les morceaux rock vont de toute façon si bien au chant de Sheena. Ukigumo reste stoïque en toute circonstance, Izawa est polyvalent et le rejoint à la guitare, Kameda est tout sourire, Sheena est sérieuse et théâtrale avec sa guitare et Hata se déchaîne encore une fois à la batterie. Il semble infatigable et c’est lui qui donne tout le rythme au morceau. Pinocchio, une B-side du single OSCA, ralentit ensuite un peu la cadence. La foule est un peu dissipée pendant ce morceau car on entend des personnes parlées dans la salle, ce qui reste rare sur les DVD/Blu-ray du groupe. J’aime beaucoup ce morceau dont le chant fait des vagues. Il aurait très bien pu être sur l’album. On sent l’émotion monter lorsque Sheena pousse sa voix parfois très haut. Ceux qui aiment la voix de Sheena Ringo pourront trouver une certaine addiction dans ce morceau. J’aime énormément quand elle pousse sa voix à la limite.

Toshiki Hata prend maintenant la parole et demande à chaque membre du groupe de donner un petit message improvisé aux fans de tout le pays, sous un petit air de batterie. Mais Ukigumo se défile avec une excuse (« Gomen nasai ») et Izawa s’en tire avec un mot qui ne veut rien dire. Seul Kameda (bien sûr) fait un remerciement en bonne et due forme. Sheena échappe à ce petit exercice assez peu concluant en arrivant sur scène un peu après. Je ne doute pas que c’était volontaire. Nous sommes maintenant à la moitié du concert et Bōtomin démarre avec Izawa et Ukigumo assurant d’abord les voix. Sheena complète ensuite la formation sur ce morceau qui me semble un peu plus lent et tranquille qu’à l’habitude. Sheena a revêtu une nouvelle tenue jaune comme une chemise trop grande pour elle. Elle laissera tomber cette chemise sur le morceau suivant, Tsukigime Hime, pour ne garder sur scène qu’une tenue plus légère de couleur violette. Le violet a l’air d’être la couleur de la tournée car tout le groupe porte au moins un vêtement de cette couleur. Souvenons-nous que le vert était la couleur de la tournée Dynamite. J’ai toujours beaucoup aimé ce morceau sur l’album, notamment quand Ukigumo chante en français les mots « la princesse ». Sur ce morceau, Sheena reprend par intermittence cette voix de kabuki qu’elle complète même avec un petit mouvement de tête. L’ambiance est plus cool sur le morceau qui suit, Metro, chanté à plusieurs voix. On est là dans un moment plus calme du concert, peut être un peu trop calme d’ailleurs et le morceau Kaban no Nakami qui démarre ensuite reste également assez détendu. Ce ne sont pas forcément les morceaux qui fonctionnent le mieux en concert. Ce sont plutôt les sourires du groupe que je remarque dans ces morceaux, notamment Sheena lorsqu’elle joue du tambourin en regardant Hata à la batterie pendant que Ukigumo fait son solo sur sa guitare Vox. Kameda lui gardera toujours sa même vieille basse qui a certainement beaucoup vécu.

Marunouchi Sadistic est la partie obligée de chaque concert et la version ici est proche de celle qu’on connaît sur Sanmon Gossip, qui sortira deux années plus tard en 2009. On commence à bien connaître cette version et il n’a plus vraiment maintenant l’effet de surprise qu’il pouvait y avoir à l’époque. Mais le morceau est souvent l’occasion pour les membres du groupe de se connecter avec le public, ce qu’ils font bien ici. Sheena fait des mouvements de bras pendant pratiquement tout le morceau en défilant. Comme je le disais un peu plus haut, je trouve qu’elle est de manière générale beaucoup plus souriante sur ce concert. Le concert s’interrompt ensuite très brièvement comme si un morceau avait été coupé. Sheena reprend sa chemise jaune trop grande, ce qui est assez bizarre et qui ressemble à une coupure au montage. Mais on regardant la liste des titres joués pendant le concert, il n’y pourtant aucune omission sur le DVD. Le morceau suivant Senkō Shōjo est excellent, notamment pour le solo de guitare final. C’est un grand classique des concerts de Tokyo Jihen et il s’agit en fait d’un morceau inédit en concert à l’époque car il sortira plus tard sur l’album Sports. Sur Shiseikatsu, Sheena chante dans des rayons de lumière comme si elle était seule sur scène. C’est un morceau qu’on ne retrouvera pas sur d’autres concerts mais qui fonctionne pourtant très bien en live pour l’émotion qui se dégage de sa voix et l’imprégnation qu’elle y met. Le public applaudit. Suit un autre grand classique, Shuraba de l’album Adult, en version très rythmée car je trouve la batterie de Hata très présente sans pour autant être aggressive. J’aime beaucoup le petit passage au piano de Izawa sur ce morceau comme une deuxième voix quand il vient se conjuguer avec celle de Sheena. Kuronekodō démarre par un long passage de batterie sous les applaudissements. Le morceau est court mais au chant très rapide comme un chat qui s’échappe lorsqu’on l’a aperçu. Le fond d’écran derrière le groupe montre d’ailleurs un petit chat qui court. Sheena crie même « Nya » à un moment des paroles comme pour imiter le cri d’un chat. Ce morceau a une construction bizarre et atypique comme peut l’être Variety.

Toshiki Hata reprend une dernière fois la parole pour le dernier morceau du set, Killer Tune. L’interprétation de ce morceau apprécié du public est bonne mais pas forcément la meilleure que j’ai pu entendre. Les mouvements de mains sont nombreux et Sheena conclut le morceau par un message vers le public avant de sortir de scène en premier. Mais il y a quand même les rappels. Hata revient sur scène en premier en courant et vient se prendre en photo en selfie avec le public. Il n’est décidément jamais à court d’énergie. Tout le monde s’est changé pour une tenue plus relax. Le morceau B-side du single Killer Tune, Karada, chanté en anglais démarre les rappels dans une ambiance posée et tamisée et me donnerait envie de l’écouter en buvant un verre de whisky (en consommant bien sûr avec modération). L’accent est mis sur le clavier de Izawa, qui accompagne aussi à la voix avec Ukigumo par moments. Le maquillage de Sheena est joli avec des petites pastilles argentées au coin des yeux ce qui lui changent beaucoup le visage. Pendant une pause entre deux morceaux, des personnes dans le public lui crie des félicitations mais je ne comprends malheureusement pas à quoi ils font référence. Sheena répond « thanks » en anglais d’une manière presque inaudible, mais qui n’échappe pas à la capture du DVD. SSAW est ensuite chanté à deux voix avec Izawa. Ce morceau ressemble à une ancienne chanson japonaise Kayōkyoku et il est très beau morceau. Sheena sort ensuite de scène pour la vraie fin du concert. En fait non. Ils reviennent tous une dernière fois, Hata courant toujours sur scène devant les autres. C’est Tōmei Ningen, également un classique, qui conclura le set. Sheena chante en position de côté avec le petit drapeau rouge qui n’avait pas fait encore fait son apparition jusqu’à maintenant. Elle accentue le chant un peu enfantin sous le regard satisfait de Kameda. Il est souriant car c’est un morceau qu’il a composé. On le voit même s’empresser à venir sur le devant de la scène avec Ukigumo dans la deuxième partie du morceau. A la fin de ce dernier morceau du concert, Sheena sort en sautillant mais le reste du groupe prend son temps. Izawa reste volontairement le dernier sur scène pour imiter l’air de rien le comique Dandy Sakano (ダンディ坂野) avec son mouvement un peu ringard « Gets » (ゲッツ), mais les autres membres du groupe ne sont déjà plus là pour le voir. Le concert se termine sur ce petit geste comique presque dissimulé, comme si Izawa avait insisté pour le faire contre l’avis général.

Deux morceaux supplémentaires sont inclus en bonus sur le DVD. Ils proviennent du concert Countdown Japan 09/10 à Makuhari Messe. Il s’agit de Nōdōteki Sanpunkan (能動的三分間) de l’album Sports, qui est en fait un montage vidéo de ce live. Sheena a les cheveux très courts, ce qui lui va très bien, et porte une robe rayée horizontalement noire et blanche avec les épaules découvertes. Toshiki Hata a les cheveux rouges à cette époque et les membres du groupe ont des tenues de scène originales. Le deuxième morceau est encore une fois Tōmei Ningen. La salle de Makuhari Messe est gigantesque, ce qui donne une impression très différente du concert à Zepp Tokyo sur Spa & Treatment. Je me demande si ce concert est visible en entier car il me semble avoir également vu Killer Tune sur YouTube, ou peut être est-il disponible sur le DVD de compilation live de 2012, Chin Play Kō Play (珍プレー好プレー que je n’ai pas encore regardé.

Une autre partie bonus intitulée Nude: X-2 (ヌード:X-2) est présente sur le DVD. Il s’agit d’un enregistrement vidéo et d’un montage de photos créés par Toshiki Hata. Les photos sont tirées principalement des photographies de promotion de Sports avec Ikiru (le premier morceau de Sports) en fond sonore. Rappelons que le DVD était vendu pendant la tournée de Sports. On y voit aussi des photos prises pendant des sessions d’enregistrement. La vidéo amateur prise par Hata montre des scènes au Studio TERRA à Shinagawa, opéré par une filiale de Toshiba EMI. Ce studio a fermé ses portes le 30 Juin 2010, pendant la tournée Sports. Peut être que cette petite vidéo a été prise en souvenir avant la fermeture des lieux. Je me souviens avoir entendu ce studio mentionné dans d’autres vidéos de concerts de SR/TJ. La vidéo montre principalement Ichiyō Izawa préparant les paroles de FOUL. Sheena est à côté, cigarette à la main et rigole beaucoup avec lui, sur apparemment une histoire d’ovni, entre autres. La vidéo étant centrée sur Izawa, on le voit du coup sous un autre jour car il est en général plutôt réservé sur scène. L’ambiance est détendue et ça fait plaisir à voir. J’aime beaucoup ce genre de scènes, qui me paraissent même indispensable pour saisir l’atmosphère dans laquelle se trouve le groupe.

Pour référence ultérieure, je note ci-dessous les morceaux interprétés sur Spa & Treatment:

1. Fukushū (復讐), du 3ème album Variety (娯楽)
2. Sake to Geko (酒と下戸), du 3ème album Variety (娯楽)
3. Kabuki (歌舞伎), du 2ème album Adult (大人)
4. OSCA, du 3ème album Variety (娯楽)
5. Ramp (ランプ), du 3ème album Variety (娯楽)
6. Mirrorball (ミラーボール), du 3ème album Variety (娯楽)
7. Kingyo no Hako (金魚の箱), du 3ème album Variety (娯楽)
8. Gunjō Biyori (群青日和), du 1er album Kyōiku (教育)
9. Pinocchio (ピノキオ), présent en B-side du single OSCA
10. Bōtomin (某都民), du 3ème album Variety (娯楽)
11. Tsukigime Hime (月極姫), du 3ème album Variety (娯楽)
12. Metro (メトロ), du 3ème album Variety (娯楽)
13. Kaban no Nakami (鞄の中身), présent en B-side du single OSCA
14. Marunouchi Sadistic (丸の内サディスティック), du 1er album de Sheena Ringo Muzai Moratorium (無罪モラトリアム)
15. Senkō Shōjo (閃光少女), du 4ème album Sports (スポーツ)
16. Shiseikatsu (私生活), du 3ème album Variety (娯楽)
17. Shuraba (修羅場), du 2ème album Adult (大人)
18. Kuronekodō (黒猫道), du 3ème album Variety (娯楽)
19. Killer Tune (キラーチューン), du 3ème album Variety (娯楽)
20. (rappel) Karada (体), présent en B-side du single Killer Tune (キラーチューン)
21. (rappel) SSAW, du 3ème album Variety (娯楽)
22. (rappel 2)Tōmei Ningen (透明人間), du 2ème album Adult (大人)

movement through immobility

L’irrégularité des cerisiers placés le long de la grande avenue Meiji entre Shibuyabashi et Tengenjibashi me fait penser à une longue vague immobile. Les cerisiers ont tous des tailles et des intensités de branchages et de floraison différentes. À certains endroits, des tunnels se forment sur les trottoirs. L’avenue est cependant trop large pour former un tunnel continu sur la route, comme ça peut être le cas pour la petite rue sakurazaka entourant Roppongi Hills par exemple. C’est très agréable de marcher le long de l’avenue Meiji mais je préfère y conduire. On a tendance à rouler plus doucement pour en profiter au maximum. L’architecte Mark Dytham qui a ses bureaux à Ebisu à proximité de l’avenue Meiji nous montrait d’ailleurs en vidéo sur son compte Instagram le déroulement des sakura lorsque l’on passe dessous en voiture. Les dernière et avant dernière photographies s’éloignent un peu des cerisiers bien que nous sommes toujours ici à Ebisu. L’avant-dernière photo montre une vieille baraque que j’aime souvent prendre en photo pour les jets de plantes qui l’accompagnent. Je pense que le contraste des couleurs m’attire, le vert dense de cette végétation par rapport à l’aspect grisâtre du mur et du muret. Cette vieille maison se trouve à côté de la librairie et galerie NADiff a/p/a/r/t. J’y passe régulièrement mais elle est en général à chaque fois fermée à mon passage. Il faudra que j’y revienne pour voir l’exposition Before 1968 DAIDO MORIYAMA’s works from magazines qui démarre le 15 Avril.

Tokyo Jihen est décidément très actif depuis leur réformation en Janvier 2020, et je ne vais pas m’en plaindre. Le nouveau morceau intitulé Ryokushu (緑酒), sous-titré Awakening vient de sortir le 30 Mars 2021. Le morceau s’engage d’emblée vers le terrain de la pop, ce qui m’avait un peu déconcerté au début surtout pour le final à plusieurs voix qui me rappelle un peu ce qu’on pourrait entendre chez Queen (que je n’aime pas beaucoup). Le morceau ressemble à un mélange de morceaux existants de Tokyo Jihen, c’est à dire qu’il nous semble familier sous de nombreux aspects. Mais après plusieurs écoutes, il finit par complètement m’accrocher notamment pour sa construction musicale qui ne suit pas des formats traditionnels. Izawa Ichiyō compose ce morceau, comme c’est le cas pour la plupart des morceaux récents, et j’imagine assez bien ce morceau s’intégrer avec les autres déjà sortis pour construire le futur album, dont on ne sait d’ailleurs toujours pas la date de sortie. Comme Tokyo Jihen a annoncé un autre nouveau morceau cet été, composé par Kameda Seiji cette fois-ci, j’imagine que le groupe sortira le nouvel album après l’été. Et j’espère qu’ils annonceront une nouvelle tournée dans la foulée. J’ai toujours le regret de ne pas avoir été au concert de la tournée News Flash l’année dernière, mais j’ai réservé au Tower Records de Shibuya le Blu-Ray 『2O2O.7.24閏vision特番ニュースフラッシュ』 qui sortira dans deux semaines le 14 Avril 2021. Pour revenir au morceau Ryokushu, Sheena Ringo écrit bien entendu les paroles et interprète seule à part le final groupé. En fait, c’est la complexité et la diversité de son chant qui m’attire à chaque fois, et c’est aussi le cas sur Ryokushu. J’ai maintenant assez hâte de voir comment ce morceau s’intégrera dans le futur album, qui s’annonce excellent vu les morceaux déjà sortis en single.

along the expressway

L’autoroute Metropolitan Expressway Route No.2 Meguro Line borde le grand parc de l’Institute For Nature Study à Meguro, qui contient dans son enceinte le Teien Art Museum. Le parc ressemble plutôt à une forêt laissée à elle-même, sauf pour la surface entourant le musée Teien qui est par contre très bien entretenue. Le parc-forêt est ouvert au public et permet de s’échapper des bruits de la ville pourtant proche. L’autoroute No.2 qui borde le parc se situe à l’étage, bordée elle-même de plaques de métal blanches tracées d’une ligne bleue interrompue. On s’engouffre souvent, au moins deux fois par week-end, dans le tunnel passant sous l’autoroute et bordant également le parc-forêt. À chaque passage, on renforce un peu plus la frontière entre l’espace urbain et le naturel envahissant de la forêt qui voudrait certainement reprendre ses droits. Si aucune voiture ne passait ici pendant de nombreuses années, la nature reprendrait pour sûr le dessus et viendrait envahir petit à petit cette autoroute et ce tunnel jusqu’à ce qu’ils deviennent inutilisables. J’imagine les racines de la forêt pousser petit à petit les remparts de l’autoroute, créer des fissures pour y laisser s’échapper d’autres racines qui viendraient faire éclater les parois de béton et l’asphalte des routes. Une barrière naturelle se créerait au milieu du tunnel et viendrait s’étendre vers les entrées et sorties à la recherche de la lumière. Cette autoroute et ce tunnel ne seraient bientôt qu’un lointain souvenir. On mettrait une petite plaque explicative à l’entrée des ruines du tunnel pour ne pas oublier l’urbanisme passé de ces lieux.

Au hasard d’une marche urbaine, je découvre la maison Tsuchiura conçue en 1935 par l’architecte Kameki Tsuchiura, disciple de l’architecte américain Frank Lloyd Wright. Une petite plaque explicative devant l’entrée de la maison nous explique qu’il s’agit d’une propriété culturelle tangible. Cette maison est donc un lieu protégé et elle est également référencée par la branche japonaise de l’association Docomomo qui liste les créations d’architecture moderne qu’on se doit de protéger pour leur importance culturelle. Cette maison est une des premières maisons d’architecture moderne construite au Japon. Tsuchiura l’a construite pour lui-même et son épouse. Elle se compose de deux étages avec deux chambres et un bureau à l’étage et la partie salle à manger, cuisine et salon au rez-de-chaussée. La salle de bain est au sous-sol. Cette maison, avec une structure en bois et des revêtements entièrement peints de couleur blanche, a une apparence extérieure simple. Mais l’espace ouvert à l’intérieur pour la partie salon avec une grande baie vitrée donnant sur le jardin est beaucoup plus intéressant. Un escalier intérieur nous amène à un demi-étage qui donne ensuite, dans une progression fluide, accès aux chambres au deuxième étage avec des ouvertures donnant sur l’espace ouvert du salon. Ce design intérieur et cette composition de l’espace en séquences étaient une nouveauté au Japon à cette époque. Le mobilier intérieur choisi par l’architecte était aussi d’inspiration moderniste. On le note également dans le design de la rampe d’escalier. Les quelques photographies en noir et blanc ci-dessus donnent une bonne idée de cet agencement intérieur. On peut également voir quelques photos plus récentes de l’intérieur sur le site du magazine Domus. La maison était en vente en 2016 mais a trouvé preneur. Elle se situe dans l’arrondissement de Shinagawa, mais elle est assez proche de Yebisu Garden Place. Située dans un quartier résidentiel de Kamiosaki derrière une grande résidence construite récemment, elle n’est pas facile à trouver. Je ne la cherchais pas mais mon intuition m’y a amené.

Je reviens ensuite vers Yebisu Garden Place en passant devant la grande place couverte d’un gigantesque arche d’acier et de verre. Ça faisait plusieurs mois que je n’étais pas passé ici. Je ne m’attarde en général pas à prendre le château français du restaurant Robuchon en photo car je l’ai déjà pris et montré maintes fois sur ce blog. Mais cette fois-ci, la lumière qui éclairait le château a attiré mon regard photographique. Sous cette perpective, il vient se cadrer parfaitement sous l’arche de verre. La démesure de l’endroit, dont la construction fut achevée en 1994 après l’éclatement de la bulle économique, m’étonne encore maintenant, notamment en hiver lorsque le gigantesque chandelier Baccarat est de sortie sur la place.

Je termine ma marche matinale en allant acheter du pain à la boulangerie Kobeya Kitchen du Department Store Atre de la gare d’Ebisu. Avec l’air sec de l’hiver, mes mains ont tendance à s’assécher ce qui crée parfois des cicatrices. J’avais déjà un pansement à une main mais un des doigts de mon autre main se met à saigner légèrement sans que je m’en rende compte, au moment où je m’apprêtais à payer mon pain. La jeune vendeuse de Kobeya l’avait apparemment remarqué et s’eclipse brièvement à l’arrière pour dénicher un petit pansement bleu qu’elle me propose ensuite gentiment. Je suis à la fois surpris et un peu gêné, d’autant plus qu’elle me demande de prendre mon temps pour l’appliquer sur mon doigt. C’était une charmante attention qu’on ne verrait certainement pas ailleurs. Ce genre de petite anecdote n’est à mon avis pas fréquente, ce qui m’a donné l’envie de l’écrire ici.

Difficile de passer à côté du nouveau single de Utada Hikaru, One Last Kiss, sorti récemment en parallèle au nouveau film d’animation de la série Evangelion, intitulé Evangelion: 3.0+1.0 Thrice Upon a Time. Ce morceau en est un des thèmes musicaux. En fait, on aurait tord de passer à côté de ce nouveau single tant il est bon. Je suis toujours épaté par la manière dont Hikki arrive à écrire des morceaux immédiatement accrocheurs qui ont en même temps une composition musicale intéressante, ce qui fait qu’on ne se lasse pas de les écouter même après de nombreuses écoutes. Il est le fruit d’une collaboration avec le producteur électronique AG Cook que je ne connaissais pas (car il s’est fait connaître pour ses collaborations avec Charli XCX que je n’ai jamais écouté). En fait, je suis plus familier du nom de son père Peter Cook, architecte anglais fondateur du groupe Archigram. Les pochettes du single reprennent les visages dessinés de personnages d’Evangelion, Shinji Hikari pour le CD et Rei Ayanami pour le vinyl. Les images de la vidéo du morceau ont été prises par Utada mais montées par Hideaki Anno, le réalisateur de ce nouveau film Evangelion. Je crois bien avoir vu tous les films et anime de la série Evangelion, il faudrait donc que j’aille voir celui-ci au cinéma.

Le morceau Uta (唄) de Sheena Ringo est une surprise car il est sorti l’année dernière en Janvier sans que je le remarque. Il s’agit en fait d’une reprise d’un morceau du groupe Buck-Tick pour un album tribute intitulé Parade III: Respective Tracks of Buck-Tick. Buck-Tick est groupe de la mouvance Visual Kei, formé en 1983 et toujours actif actuellement, ce qui est assez exceptionnel comme longévité. Le chanteur du groupe Atsushi Sakurai avait déjà participé à un morceau avec Sheena sur son dernier album Sandokushi. Il s’agissait du quatrième morceau Kakeochisha (駆け落ち者). J’aime beaucoup cette reprise du morceau Uta, même s’il n’est pas évident à la première écoute, tout comme le morceau original de Buck-Tick d’ailleurs. La composition à base de flûte nous ramène étonnamment à l’ambiance de l’album Hi Izuru Tokoro, mais la manière de chanter plus sombre de Sheena est plus proche de Sandokushi. On peut entrevoir ce morceau comme une curiosité mais il s’avère très intéressant après plusieurs écoutes. Je ne sais pas vraiment comment sont nés ces collaborations successives entre Atsushi Sakurai et Sheena Ringo, mais ça aiguise en tout cas ma curiosité pour la musique de Buck-Tick. Après avoir écouté quelques morceaux, je pense quand même avoir un peu de mal à m’y plonger. Je n’ai pas de mauvais à priori pour la mouvance musicale visual Kei voire gothique japonaise, car j’aime beaucoup LUNA SEA par exemple. Mais, je n’ai pour l’instant pas trouvé de morceaux du groupe qui m’ont inspiré.

渋谷 エクサントリーク

Par rapport aux photographies que je montrais de Ginza, il y a comme un contraste avec les photos que je montre ci-dessus de Shibuya. On ressent dans Shibuya comme un trop-plein par rapport à l’aspect rectiligne et bien rangé de Ginza. Toutes ces photographies ne sont pourtant pas toutes prises dans le centre de Shibuya, mais également dans des quartiers limitrophes du centre comme Daikanyama ou Nanpeidai. Visuellement, j’ai toujours eu une attirance pour les successions d’immeubles aux étages biseautés, comme sur la première photographie, peut être parce que cette esthétique urbaine conditionnée par les réglementations de construction m’avait immédiatement surpris lorsque j’ai mis pour la première fois les pieds à Tokyo. Même si les immeubles sont relativement anciens, j’y vois un aspect futuriste, du moins le futur vu des années 90. Ce type d’agencement urbain reste pour moi caractéristique de l’architecture des villes japonaises. J’aime beaucoup cette complexité visuelle, qui me rassure même. En comparaison, Ginza a l’air beaucoup plus lisse, mais il faut également regarder entre et derrière les rangées de buildings posés sur les grandes avenues. On y trouve parfois des espaces perdus à l’abri des regards. On les croirait oubliés mais il n’en est rien.

Lorsque l’on regarde en l’air au carrefour de Shibuya, on peut voir deux grandes affiches l’une à côté de l’autre pour le nouvel album de AiNA The End dont je parlais il y a quelques semaines. J’aime beaucoup cet album, à part peut-être deux morceaux plus anecdotiques, et je l’écoute très régulièrement. Il y a beaucoup d’excellents morceaux mais j’aime en particulier NaNa, Hello (ハロウ) et Seiteki Jō Yoru (静的情夜). NaNa sur ce morceau fait référence à l’actrice Komatsu Nana dont AiNA est apparemment fan. Les paroles devaient initialement mentionner son nom plusieurs fois pendant le refrain mais la production lui a indiqué qu’il fallait mieux qu’elle y renonce. AiNA nous donnait cette anecdote dans une longue vidéo d’une heure évoquant son album morceau après morceau, mais sans rentrer trop dans les détails de la création de chaque morceau. J’avais regardé en pensant qu’elle allait évoquer longuement sa collaboration avec Kameda Seiji, mais elle est restée très brève sur le sujet. Cette vidéo qui était diffusée en live streaming n’est bizarrement plus disponible sur YouTube. Elle est peut-être maintenant réservée aux membres du fan club. La surprise que nous offre AiNA est de sortir un nouveau single inattendu qui n’est pas inclus dans son nouvel album. Cette succession d’un excellent single juste après un non moins excellent album me fait un peu penser à Haru Nemuri qui sortait son album Haru to shura en 2018 ainsi qu’un excellent single Kick in the World peu de temps après. Je me souviens de cette époque pas si lointaine où j’appréciais énormément la musique de Haru Nemuri, alors que ses dernières sorties ne me touchent plus beaucoup. Sa voix et sa manière de chanter sont pourtant toujours aussi efficaces, mais je trouve qu’elle finit par se répéter et les compositions musicales sont bien en deçà de ce à quoi je m’attendais après son single Fanfarre qui ouvrait pourtant de nouveaux horizons. Parler de Haru Nemuri me fait réécouter Haru to Shura et il n’a rien perdu de son impact.

Mais revenons un peu plus vers AiNA The End. Ce nom assez bizarre fait référence au fait qu’elle a elle-même décrété que son être précédent prit fin lors de son entrée dans l’agence Wack pour BiSH. Sa manière de se nommer m’interpelle, comme si elle se définissait des personnalités différentes. Elle nous fait donc le plaisir de sortir un nouveau morceau dans la lignée de Niji sur son premier album, mais en plus excentrique encore. Le morceau s’intitule Dare Dare Dare (誰誰誰) et est toujours arrangé par Kameda Seiji. Je me demande même si ce morceau n’est pas le meilleur qu’elle ait sorti jusqu’à maintenant. Les quelques notes inquiétantes aux claviers du début du morceau ne sont qu’une introduction à l’étrangeté des scènes que l’on voit dans la vidéo. Sa manière de chanter en déraillement vocal est très particulière et extrêmement intéressante à l’écoute. La chorégraphie dans la vidéo me fait penser à celle de Niji lorsque AiNA se tord dans tous les sens comme elle sait si bien le faire. Son personnage dans la vidéo est au bord de la folie, écrivant le même mot Dare (誰 Qui) de nombreuses fois sur les murs d’une pièce, ou s’obstruant la bouche avec des épingles à nourrice. Les images ne sont pas effrayantes mais extrêmement étranges. J’espère qu’elle continuera dans cette direction, mais c’est en même temps dangereux de montrer trop d’excentricité car on peut être facilement catégorisé comme artiste bizarre et décalé. La personnalité d’un ou d’une artiste ne se limite de toute façon pas à une seule facette, et c’est clairement le cas pour AiNA.

Ça me rappelle Sheena Ringo à l’époque de son deuxième album Shōso Strip (勝訴ストリップ). Elle était populaire mais catégorisée comme une personne excentrique et étrange. Elle a, je pense, tout fait pour donner cette image qui a cependant grandement disparue maintenant. Sans complètement disparaître cependant, cette image excentrique a été, je dirais, « allégée » par son passage dans la formation Tokyo Jihen, et par la direction artistique qu’elle a suivi ensuite. En lisant l’extrait d’interview ci-dessous, on comprend qu’elle en a souffert.

──今の時点で、椎名林檎の活動を振り返ってみて、どんなことを思うのかな。
「自分ですごく苦しくなっちゃったのが『勝訴ストリップ』の時で、あの頃、変な女扱いされたじゃないですか。それで思わず“うるさい! そんな女、いるわけないじゃん!”って今にも言いそうになったんだけど、種を蒔いたのはこっちですから、ホント苦しかったですね。しかも、あの頃は精神年齢的にまだ耐えられなかったし、忙しくて体を悪くしたっていうこともあったし……。ただ、スタッフも素晴らしかったので、自害せずにすみましたけど(笑)」

── À ce stade, que pensez-vous rétrospectivement de vos activités solo en tant que Sheena Ringo?
L’époque de Shōso Strip a été pour moi douloureuse car, à ce moment là, on me traitait comme une femme étrange. J’ai alors pensé: « C’est insupportable! Cette femme-là n’existe pas et n’a pas de raison d’exister ! ». Mais, je me dis même maintenant que je n’ai fait que récolter les graines que j’ai semé, mais c’était vraiment une période douloureuse. De plus, à ce moment-là, c’était mentalement difficile à supporter à cet âge, et j’étais très occupée au point même d’être tombée malade… Mais, le staff autour de moi était formidable, ce qui m’a évité de me faire du mal et de commettre l’irrémédiable (Rires).

Je ne retrouve plus la source exacte de cette interview mais je sais qu’elle provient du site web de Toshiba EMI bien que le lien n’est plus disponible. L’interview date de l’époque du début de Tokyo Jihen (2004 ou 2005 donc), car elle y évoque la formation du groupe, le fait qu’elle souhaitait évoluer dans un groupe dès ses débuts mais qu’elle a d’abord évolué seule en attendant. Elle évoque même en plaisantant le fait que les groupes auxquels elle faisait partie avant son début solo avaient des difficultés à l’accepter au point de la pousser dehors. Ce passage en particulier sur la souffrance qu’elle éprouvait liée à l’image qu’elle projetait m’intéresse particulièrement. Tout d’abord, car je pensais la même chose à l’époque de Shōso Strip, et c’est justement cet aspect bizarre et hors du commun qui m’attirait. C’est également intéressant car ça nous permet de mieux comprendre ses changements de directions artistiques pour développer d’autres facettes de sa personnalité multiple. Ce serait de toute façon une erreur de penser qu’un ou une artiste est condamné à évoluer sans cesse dans le même style sans changement.

Pour illustrer l’excentricité certaine de Sheena Ringo, qui contribuera à lui donner cette image de personne étrange et hors norme, je me plonge dans le DVD Seiteki Healing ~ No.2 ~ (性的ヒーリング~其ノ弐~) sorti le 30 Août 2000. Il s’agit du deuxième DVD (celui de couleur bleue avec une petite pomme en forme de tête de mort) regroupant les vidéos des morceaux de l’album Shōso Strip, à savoir Σ, Gips (ギブス), Yami ni Furu Ame (闇に降る雨), Identity (アイデンティティ) et Tsumi to Batsu (罪と罰). La vidéo de Σ est principalement tournée dans la salle de concert underground de Koenji appelée 20,000V (二十万ウォルト) dans une ambiance très sombre et à la limite de la claustrophobie. J’ai déjà été voir un concert dans cette salle il y a longtemps et j’ai un souvenir de cette ambiance underground sombre, sans avoir un souvenir précis des groupes que j’avais vu jouer. A noter que ce morceau Σ n’est pas sur l’album Shōso Strip car il s’agit d’un B-side du single Gips, mais a été interprété plusieurs fois en concert. On la voit à peine, mais on devine la présence de Hisako Tabuchi de Number Girl qui participait à l’enregistrement de ce morceau et qui était membre du groupe Hatsuiku Status pendant la tournée Gokiritsu Japon de 2000. Sheena porte d’ailleurs un haut avec les inscriptions Hatsuiku Status dans cette vidéo, qui doit être un clin d’œil à la présence de Hisako Tabuchi (et Yuka Yoshimura) même s’il ne s’agit pas du groupe Hatsuiku Status qui a enregistré Σ (Kameda y est présent à la basse). Cette vidéo en concert serait relativement classique si elle n’était pas entrecoupée de séquences particulièrement étranges montrant Sheena en train de couper des légumes tout en portant un masque à gaz. Il s’agit d’une scène bizarre et inattendue, notamment par sa façon de sourire d’une manière des plus innocentes en enlevant finalement son masque.

La vidéo de Gips est visuellement très belle et également très sombre. On voit Sheena s’écrouler par terre en tournant de l’œil, au milieu d’étranges créatures squelettiques et de figures christiques, qui sont clairement inspirées de la vidéo Heart-shaped box de Nirvana sur leur album In Utero. Les paroles de Gips contiennent également des références directes à Kurt Cobain quand elle écrit: だってカートみたいだから あたしがコートニーじゃない (Car ça ressemble à Kurt, ce qui ferait de moi Courtney). Elle évoque un peu plus tard dans le morceau un événement qui s’est passé au mois d’Avril, ce qui doit faire référence à la date de la mort de Kurt Cobain, le 5 Avril 1994: また四月が来たよ 同じ日のことを思い出して (c’est de nouveau le mois d’Avril, ce qui me rappelle ce qui est arrivé cette même journée). La manière d’écarquiller les yeux de Kurt Cobain dans Heart-shaped box me rappelle même la façon dont Sheena ouvre souvent les yeux en grand, comme elle peut le faire lors de certains concerts quand l’intensité musicale l’emporte, ou sur la vidéo de Yami ni Furu Ame présente sur le DVD. C’est la vidéo que je préfère du DVD, notamment pour son image d’une autre époque, travaillée et saturée dans des tons jaunis. Ce visage inquiétant aux yeux grands ouverts peut faire peur et semble habité d’une présence maléfique. Elle porte un étrange collier avec des crochets pointus et sort une arme à feu lors d’une scène qui nous fait comprendre sans le voir qu’elle met fin à ses jours d’une balle dans la tête (mais de manière temporaire dans la vidéo bien sûr). La présence d’une arme à feu dans cette vidéo ou dans une série de photos où elle parcourt les rues da la ville en robe de mariée, me rappelle aussi certaines images de Kurt Cobain avec un pistolet à la main. Ce regard perçant et insistant me fait penser au côté « Sadist », symbolisé d’un « S » qu’elle ajoutait elle-même à sa signature. Je vois également une image d’ange destructeur dans la photographie de la couverture de l’album Shōso Strip, où elle nous montre un visage faussement innocent, un peu comme le sourire sur la vidéo de Σ dont je parlais plus haut. Elle joue sur ce type d’images qui laissent une forte impression et construisent donc au final une représentation d’elle-même qui finit par dépasser ses intentions.

Dans ces vidéos, elle se fait également du mal, comme sur Identity où elle est traînée à toute vitesse par un cheval au galop. On la voit en tenue de cowboy kitsch et en kimono dans des décors faisant référence au western et à l’époque des samourai. On a mal pour elle de la voir se faire traîner attachée à une corde de la sorte mais cette vidéo a également un côté plutôt comique. Peut être s’agit il là d’une tentative de casser son image. La vidéo de Tsumi to Batsu est avec Honnō une des vidéos les plus emblématiques de Sheena Ringo. Les deux vidéos ont d’ailleurs été réalisées par la même personne Kimura Yutaka (木村豊), qui a également réalisé la vidéo de Aoi Sora (青い空) de Quruli sur l’album Zukan (図鑑) dont je parlais dans un billet précédent. Kenichi Asai de Blankey Jet City joue de la guitare sur Tsumi to Batsu mais n’apparait malheureusement pas sur la vidéo. Sheena, avec les yeux maquillés de noir, découpe en deux sa vieille Mercedes Benz W114 jaune des années 70 avec un katakana. On dit qu’elle a versé une larme en voyant pour la première fois sa voiture découpée lors du tournage de la vidéo. La mort de sa Mercedes méritait un enterrement et c’est ce qu’on voit sur le DVD. Sur le morceau Izonshō (依存症) où elle évoque également cette voiture, on voit une courte vidéo montrant Sheena sur un plateau au pied du Mont Fuji, avec la Mercedes placée en arrière-plan. Elle porte un Mofuku, un kimono noir utilisé pour les enterrements, et joue du Shamisen. Comme dans un enterrement bouddhiste, il s’agit d’une incinération car on verra ensuite la Mercedes exploser et brûler derrière Sheena qui ne se laisse pourtant pas perturber. L’album Shōso Strip, se concluant par le morceau Izonshō, se termine donc sur une image d’enterrement, comme KSK (加爾基 精液 栗ノ花) se terminera plus tard sur une procession funéraire (葬列).

銀座・林檎・EXPO十八

Je continue à marcher entre les immeubles de Ginza, sans me perdre car l’organisation des rues en quadrillage autour des grandes avenues fait qu’on a toujours un point de repère. Je voulais faire un tour d’horizon des nouveaux buildings du quartier mais j’en trouve assez peu que je ne connaissais pas déjà. Je reviens donc par défaut vers celui fait de cubes de verre, conçu par Renzo Piano pour Hermes. Depuis que l’immeuble Sony au coin de rue a été démoli, on peut l’apercevoir pleinement du carrefour, notamment depuis les hauteurs de la tour Tokyu Plaza que je prends également en photo ci-dessus. Mais ça, je l’avais déjà dit dans un billet précédent et je me répète. De ce tour d’horizon du quartier, je garde en tête la beauté des matériaux de certaines devantures comme celle de Bottega Veneta sur la première photographie. Nous sommes assez tôt le matin avant que les boutiques et Department Stores n’ouvrent pour la journée et les rues sont calmes. J’aime particulièrement marcher le matin avant que l’activité démarre, mais l’occasion ne se présente que rarement.

J’avais une légère appréhension avant de regarder le Blu-Ray du concert Ringo Expo’18 de Sheena Ringo car je me demandais si elle avait conservé sur ce dernier concert en solo toute la passion que j’ai pu voir sur ses concerts précédents. Je m’inquiétais bien entendu pour rien car ce concert est grandiose, d’un style très différent de la sobriété du dernier concert News Flash de Tokyo Jihen par exemple (qui sortira d’ailleurs en DVD/Blu-ray le 14 Avril 2021). Le budget des concerts de Sheena Ringo dans le grand espace de Saitama Super Arena est bien different de celui de Tokyo Jihen au Tokyo International Forum. Ce blu-Ray était un de mes cadeaux de Noël et je l’ai acheté au Disk Union de Shinjuku. Je me suis en fait rendu compte qu’un nouveau magasin Disk Union avait ouvert ses portes à quelques dizaines de mètres de l’ancien, mais il est malheureusement caché dans une petite rue que je n’emprunte en général pas. Cette nouvelle boutique a un rayon assez important couvrant Sheena Ringo et Tokyo Jihen, et notamment des DVDs ou Blu-Ray de concerts qui manquaient dans l’ancienne boutique. Elle est devenue ma boutique préférée.

La tournée (Nama) Ringo Expo’18 – Fuwaku no Yoyū -「(生) 林檎博’18 – 不惑の余裕 -」se déroulait en 8 dates du 20 Octobre au 30 Novembre 2018, en commençant par deux dates à Shizuoka, puis deux à Osaka, trois dates au Saitama Super Arena et au final une dernière date à Fukuoka. Pour chaque tournée, je constate que Sheena est à chaque fois fidèle à la ville de son enfance, en passant systématiquement à Fukuoka. Cette tournée est sous-titrée Fuwaku no Yoyū. Fuwaku fait référence au fait d’avoir 40 ans, et Yoyū au fait d’avoir de la marge. Sheena fête ses quarante ans pendant cette tournée et la date de la captation vidéo au Saitama Super Arena est celle de son anniversaire, le 25 Novembre. Ce sous-titre doit donner l’idée qu’on ne doit pas se laisser perturber par le fait d’avoir 40 ans et que le temps ne manque pas pour continuer à faire de belles choses. En plus de ses quarante ans, cette tournée correspond également aux 20 ans de sa carrière musicale démarrée en 1998. C’est assez fréquent dans la vidéographie de Sheena Ringo de trouver des videos de concerts correspondant exactement à ces dates d’anniversaire.

Sur cette tournée, Sheena est accompagnée par un groupe de musiciens prenant un nom de formation tirée de la science fiction, The Mighty Galactic Empire. Les noms des membres nous sont familiers, car l’air de rien, même si Sheena est annoncée en solo, elle fait toujours partie d’un groupe bien identifié. On retrouve donc Hiizumi Masayuki (alias H Zett M), ancien membre de la première phase de Tokyo Jihen, aux claviers. Hiizumi intervient en fait assez régulièrement dans les compositions et aux enregistrements de certains morceaux de la carrière de Sheena, par exemple sur Shijō no Jinsei (至上の人生) dont je parlais auparavant. Yukio Nagoshi est à la guitare électrique. Il était déjà présent sur la tournée Ringo Expo 08 et participa notamment aux enregistrements de l’album Hi Izuru Tokoro. Midorin du groupe jazz SOIL&’PIMP’SESSIONS est à la batterie et c’est également un habitué des concerts de Sheena Ringo car il était notamment aux percussions sur la tournée Tōtaikai. Kameda Seiji n’est par contre pas à la guitare basse sur cette tournée, comme c’était le cas dix ans auparavant pour Ringo Expo 08, car il s’agit de Keisuke Torigoe. Torigoe joue aussi de la contrebasse et il était également présent sur la tournée Tōtaikai. C’est également un habitué car il faisait également partie de la formation de la mini tournée Chotto Shita Reco Hatsu en 2014. Ce dernier concert accompagnant la sortie de Gyakuyunyū: Kōwankyoku n’est d’ailleurs pas disponible en DVD ou Blu-ray mais était retransmis sur la chaîne du câble WOWWOW et on peut le trouver sans trop de difficultés dans les méandres de l’internet. Un orchestre de 32 musiciens pour 10 instruments (si mon compte est bon) mené évidemment par Neko Saito vient compléter la formation The Mighty Galactic Empire. On peut également voir sur scène deux groupes de danseuses: Ai et Bambi Naka, qui signe également certaines chorégraphies, et le groupe Elevenplay composé de 4 danseuses (Kohmen, Saya, Erisa et Kaori). J’étais surpris de ne pas retrouver la troupe Idevian Crew qui était présente sur plusieurs concerts comme Bon Voyage de Tokyo Jihen ou Ringo Expo 08. Ceci étant dit, j’ai trouvé les chorégraphies sur Ringo Expo 18 bien meilleures que ce que j’avais vu jusqu’à maintenant sur un concert de SR/TJ (surtout si on compare à Bon Voyage), notamment dans la manière dont les danseuses s’intègrent à la représentation et leur interactions avec Sheena. Je dirais même qu’elles deviennent un des (nombreux) intérêts du spectacle, surtout la présence de Bambi Naka et Ai en fait, qui serait presqu’aussi forte que celle d’Aya Sato. La chorégraphie générale du concert est assurée par la copine de Sheena, la chorégraphe MIKIKO (qui chorégraphie également des spectacles de Perfume) et je pense que c’est tout simplement la raison pour laquelle c’est réussi. Le concert inclut également plusieurs artistes invités, plus nombreux qu’à l’habitude d’ailleurs, mais j’y reviendrais un peu plus tard. Le nom de science fiction de la formation The Mighty Galactic Empire évoquerait plutôt le monde de Star Wars, mais la jaquette du DVD/Bu-Ray nous rappelle évidemment l’affiche de Rencontres du 3ème Type de Steven Spielberg, film inscrit dans ma culture cinématographique l’ayant vu et revu des dizaines de fois (et même dessiné des montagnes ce qui inquiétait un visiteur de ce blog). Le concert démarre également par une allusion très marquée à ce film, sorti en 1977 aux États Unis mais en 1978 au Japon, l’année de naissance de Sheena. On ne répétera jamais assez que rien n’est laissé au hasard chez Sheena Ringo et ça en deviendrait presqu’inquiétant (mais en même temps tellement intéressant). Dans sa totalité, ce concert est excellent mais je me rends compte que je ne suis plus très objectif dans mes évaluations. Il n’y a rien à mettre de côté, par rapport à certains concerts précédents où quelques morceaux m’intéressaient moins. La playlist du concert est assez variée mais couvre beaucoup plus la deuxième partie de carrière de Sheena, et plutôt les derniers albums: Hi Izuru Tokoro, les deux Gyakuyunyū et Ukina. On trouve également un assez grand nombre de singles qui seront plus tard inclus sur l’album Sandokushi. On y trouve également quelques reprises d’anciens morceaux pop japonais et de nombreuses collaborations sur scènes qui comptent parmi les meilleurs moments du concert. Musicalement, il ne s’agit peut être pas du meilleur concert que j’ai pu voir jusqu’à maintenant, ni le plus prenant émotionnellement, mais il est de loin le plus beau et le plus abouti en terme de mise en scène.

Le premier morceau du concert est instrumental et s’intitule Kichi to no sōgū, qui veut dire rencontre avec la sagesse. J’imagine que ce titre évoque la sagesse que l’on gagne petit à petit avec les années et qu’il s’agit là d’une première évocation de son passage vers la quarantaine. Cet instrumental ressemble à un morceau de chauffe pour l’orchestre de Neko Saito qui apparaît sur scène dès le début. Sheena n’est pas encore sur scène et n’apparaîtra que dans le morceau suivant. Une étrange machine de science fiction apparaît sur les écrans vidéo en arrière plan. Elle réagit à chacun des instruments de l’orchestre joués indépendamment les uns après les autres. La machine reconnaît chaque instrument joué en donnant son nom à l’écran et compose ensuite une réponse musicale. Le dialogue entre l’orchestre et la machine se construit petit à petit et n’est pas sans nous rappeler la scène emblématique de Rencontres du 3ème type où les scientifiques dialoguent par une succession de sons avec une présence extraterrestre. La musique qui en résulte s’accélère d’ailleurs de la même manière que dans le film. Le titre de ce morceau Kichi to no Sōgū (機知との遭遇) fait d’ailleurs référence directe avec le titre japonais du film Michi to no Sōgū (未知との遭遇), sauf que l’inconnu dans le titre du film est remplacé par la sagesse dans le titre du morceau. Mais cette machine musicale aux multiples yeux rouges me rappelle aussi les créatures Ohmu du film d’animation Nausicaä de la vallée du vent. On connaît l’affection de Sheena pour ce film et pour la princesse Nausicaä qu’elle imitait quand elle était petite, donc cette inspiration me paraît naturelle. La musique de ce premier morceau se fond ensuite avec le début de Honnō mais Sheena n’entre pas encore sur scène. Mummy-D du groupe de Hip-Hop Rhymester, un des plus anciens du genre au Japon, entre d’abord seul en scène alors que la voix de Sheena en version auto-tune se joue derrière. C’est une version très différente de ce que j’ai pu entendre jusqu’à maintenant. Sheena apparaît ensuite dans une cage de verre sous des rayons de lumière et casse petit à petit à l’aide d’un poing américain le verre qui l’enferme. La ressemblance avec les scènes du clip vidéo original de Honnō va jusqu’au coup de pied final que donne Sheena sur le reste de verre qui dépasse. La première tenue de scène de Sheena est peut-être la plus belle du concert. Comme sur la tournée Tōtaikai, elle porte une grande couronne de reine ou de princesse sur la tête. Sa robe prend un air médiéval. Il s’agit d’une robe Gucci de la collection Croisière 2018 avec l’inscription volontairement modifiée en Guccy. La robe est modifiée car des modèles d’insectes y sont accrochés. Les autres membres du groupe voient également leurs tenues de scène agrémentées de ce genre d’insectes. J’aime beaucoup cette tenue de scène parce que Sheena l’accorde avec des grosses plateformes boots noires qui contrastent avec le reste. On peut se demander pourquoi Sheena ne jure que par Gucci pour ses tenues de scènes ces dernières années. Il doit y avoir l’attrait pour le style vestimentaire mais cet intérêt pour la marque est également très certainement dû au fait que le directeur créatif de Gucci, Alessandro Michele, a la même date d’anniversaire que Sheena (mais de 6 ans son aîné). On pensera ce qu’on veut de ce choix vestimentaire, mais je trouve que ces tenues sont plutôt bien adaptées à la scène et le style de Michelle s’éloigne de l’image tape-à-l’œil que l’on peut avoir de la marque depuis la période Tom Ford. J’aime beaucoup quand Sheena choisit l’excentricité dans ses tenues de scène. Celles de Ringo Expo 18 ne surpassent tout de même pas la tenue finale avec coiffe amérindienne du concert Discovery de Tokyo Jihen, dont elle avait elle-même l’air très fière. Après être sortie de sa cage de verre, Sheena chante de sa vraie voix sans auto-tune et Mummy-D continue sa partie rappée qui fonctionne en fait très bien pour le morceau. Lorsque démarre le morceau suivant Ryūkō, la voix rappée de Mummy-D devient très naturelle car on est tout de suite saisi par l’ambiance de Sanmon Gossip, album qui était un tournant dans la carrière solo de Sheena Ringo. Mummy-D est extrêmement mobile sur scène par rapport à Sheena qui est plus statique, du moins au début. Elle reste cool et intouchable, c’est le personnage qu’elle joue sur scène, mais elle laisse quand même échapper une larme. On le devine car elle s’essuie l’oeil pendant la représentation de ce morceau. J’aime beaucoup ensuite la manière par laquelle Sheena se synchronise avec les deux danseuses pour effectuer le même mouvement. Comme je le disais plus haut, les chorégraphies sont un des points forts de ce concert. Pendant ce temps là, Mummy-D contrôle le flux du morceau, présente les musiciens et souhaite un joyeux anniversaire à Sheena qui le remerciera ensuite par une tape complice dans la main et un petit sourire presque caché. L’énergie qui se dégage du morceau me donne envie de revenir vers Sanmon Gossip, que je me remets à écouter dans la foulée.

Les deux morceaux qui suivent proviennent tous les deux de l’album Gyakuyunyū: Kōwankyoku où Sheena reprenait à sa manière des titres qu’elle avait écrit pour d’autres artistes. Les deux morceaux de cet album sont Amagasa écrit pour Tokio et Hiyori Hime pour Puffy AmyYumi. Il s’en dégage une atmosphère rock très dense même si Sheena n’est pas à la guitare. En fait, chose assez inhabituelle, c’est le premier concert que je vois où elle ne joue pas de la guitare. Mais Yukio Nagoshi à côté d’elle assure pour deux et nous donne des jolis brins de guitares en solo vers la fin de Amagasa. Le fond de la scène est couvert d’écrans montrant des rayons rapides de lumière et affichant les paroles du morceau. Tout s’affiche très vite, ce qui vient contraster avec la posture quasi immobile de Sheena. Hiizumi est le seul à être présenté pendant ce morceau, et il se montre un peu plus sur scène à ce moment là, mais reste assez discret par rapport à ce que j’avais pu voir de lui sur le concert Dynamite de Tokyo Jihen Phase 1. Pendant tout le long du concert, je m’attendais à ce qu’il fasse des gestes démonstratifs mais il reste à sa place car il ne s’agit pas là d’un revival de Tokyo Jihen. Midorin enchaine rapidement sur le morceau suivant Hiyori Hime, en y allant très fort à la batterie. J’avais pris l’habitude de percussions plus jazz de sa part, et on dirait même Toshiki Hata qui joue sur ce morceau en particulier. J’aime beaucoup le rythme de ce morceau et Sheena pousse sa voix sans dérailler une seconde. C’est quand même un vrai plaisir de voir qu’elle ne perd pas sa voix et qu’elle a même de la marge (le yoyū du sous-titre peut être). La puissance du son baisse ensuite de quelques tons avec le morceau très léger et délicat APPLE de Towa Tei, qui apparaît sur son album Lucky sorti en 2013 (celui avec les poix rouges dessinés par Kusama Yayoi) et qui est également repris sur Ukina, sorti la même année. Je me souviens que ce morceau avait attisé ma curiosité pour Towa Tei et que j’avais écouté et apprécié deux de ses albums a savoir Lucky (2013) et EMO (2017). Towa Tei n’intervient malheureusement pas en invité sur scène. Une vidéo animée à base de pomme est montrée en fond, tout en donnant les noms des membres de The Mighty Galactic Empire. Les danseuses Bambi Naka et Ai reviennent sur scène avec une pomme à la main et portent d’étranges blousons boursouflés au niveau des épaules. Sheena porte également au dessus d’une robe légère rosée ce même blouson couvert de fourrure avec ces sortes d’airbag sur les épaules. Ce blouson si particulier a en fait une histoire. Il a été initialement créé en 1989 par le désigner new-yorkais Dapper Dan (alias Daniel Day) en reprenant des motifs Louis Vuitton pour les manches boursouflées plutôt que les motifs Gucci de la version portée par Sheena et les danseuses pendant ce concert. Il s’avère que Dapper Dan s’était fait une réputation dans les années 80 depuis sa boutique d’Harlem auprès notamment du monde du hip-hop de l’époque, en dessinant des vêtements reprenant des logos et morceaux de tissus de marques de luxe sans autorisations préalables. Dapper Dan fut contraint de fermer sa boutique et son business en 1992 suite à une attaque en justice de la marque Fendi. Alessandro Michele de Gucci réhabilita en quelques sortes le designer en créant, vingt-huit ans après le modèle original, une nouvelle version de ce blouson avec les logos de la marque. On crut d’abord au plagiat mais il s’agissait en fait d’un hommage. Enfin, on n’en est pas absolument certain. Ce design très particulier est immédiatement remarquable, mais Sheena ne le gardera que pendant ce morceau. Elle laissera ce blouson tomber derrière elle pour ne rester qu’en robe légère rosée ressemblant à une nuisette, mais toujours avec sa grande couronne sur la tête. Les écrans vidéos derrière elle deviennent comme de gigantesques miroirs qui réfléchissent le public. Elle interprète maintenant Ma Chérie, morceau qui n’est pas encore sorti car il n’apparaitra que sur Sandokushi l’année d’après. Ce morceau est inédit mais comme il était utilisé en extrait pour une publicité Shiseido, le public devait déjà en partie le connaître au moment de ce concert. La version est identique à celle de Sandokushi sauf qu’elle chante d’une voix un peu plus grave, qui fonctionne mieux que sur l’album. Mais j’aime de toute façon beaucoup la dynamique de ce morceau dans ces deux versions.

On remonte ensuite soudainement dans le temps avec un morceau de Muzai Moratorium, Tsumi asobi. Toujours pas de guitares à l’horizon pour Sheena, mais un instrument particulier fait son apparition sur scène sous la forme de cloches tubulaires qu’elle vient frapper de manière occasionnelle pendant le morceau à l’aide de deux petits marteaux. Elle effectue également sa danse habituelle des mains pour ce morceau, mais en tenant en mains les deux petits marteaux. Cela donne un côté à la fois charmant et un peu ridicule, mais ça passe parce qu’elle sait rendre cette chorégraphie naturelle. Cette scène et la dangerosité, certes toute relative, de danser avec des marteaux en mains, me rappelle la scène du couteau dans Ringo Expo 08. Dix ans après, elle est toujours en mesure de créer ce genre de scènes un peu décalées où on a peur, en tant que spectateur, qu’elle finisse par se blesser devant nous. Ceci étant dit, les marteaux semblent quand même plus inoffensifs que la plaque de verre qu’elle brise au poing américain au tout début du concert, ou le découpage de pommes au couteau sur Ringo Expo 08. Quand elle ne danse pas avec les marteaux ou tape sur les tubes, Sheena prend sa position habituelle de côté avec la tête légèrement en arrière, en ayant l’air de maîtriser la situation. Il est clair qu’il n’y a aucune hésitation dans son chant et dans ses mouvements toujours très réfléchis. Elle a toujours cette présence théâtrale qui nous fait penser qu’elle joue un rôle devant la foule, comme une actrice. Mais les émotions transpercent et apparaissent véritable. La partition musicale est très dense et a beaucoup d’ampleur sur ce concert avec une grande complémentarité entre l’orchestre de Neko Saito que l’on oublie presque tellement il est présent et le groupe à base de guitares. Après une reprise coupée en cours de route du morceau Kojin Jugyō (datant de 1973) du groupe pop originaire d’Okinawa Finger 5, Sheena entame dans la foulée le morceau Donzoko made. Les deux morceaux se mélangent. Je suis surpris par l’intensité de son interprétation, car je n’avais jamais vraiment fait attention à ce morceau, éclipsé par l’autre morceau Shijō no Jinsei sorti sur le même single. Elle enlève sa couronne au milieu du morceau, laissant ses cheveux un peu ébouriffés. On sent l’intensité dans son visage et dans quelques mouvements brusques qui accompagnent la tension de son chant. Elle chante le morceau plus rapidement que d’habitude, me semble-t-il, et laisse échapper sa voix de temps en temps. Elle y met beaucoup de ferveur et ça fait plaisir à voir.

Kamisama, Hotokesama suit ensuite dans la playlist du concert, mais Sheena l’interprète seule sans Mukai Shutoku qui aurait pu quand même passer dire bonjour. Sheena se débrouille en fait très bien toute seule avec la voix de Mukai en bande son. Les six danseuses de la troupe accompagnent Sheena sur scène. Elles sont habillées de robes rouges ou grisâtres et drapées dans un grand foulard dans le style de l’album Hi Izuru Tokoro, qui devait d’ailleurs être vendu en produit dérivé à cette époque là. Sheena porte, elle, un kimono bleu posé nonchalamment sur sa nuisette rosée. Avec ces cheveux en bataille, elle prend un look sauvage exacerbé par les mouvements de danse, ressemblant à ceux d’un spectre, qu’elle effectue en synchronisation avec les danseuses. La chorégraphie sur ce morceau est merveilleuse, notamment quand les mouvements rapides des danseuses portant toutes le même foulard viennent se mélanger au final instrumental. La synchronisation entre l’orchestre qui dévoile tout son coffre et la chorégraphie précise et énergique des danseuses est très belle à voir. Sur la fin du morceau, avant de disparaître sans qu’on s’en aperçoive, Sheena prend une voix qui me rappelle celle du théâtre kabuki. Elle utilise cette manière de chanter de temps en temps, je l’ai entendu plusieurs fois dans d’autres concerts et j’adore quand elle fait ça. Une version instrumentale par l’orchestre de Kesho Naoshi fait office d’interlude pendant que Sheena change de tenue. Les six danseuses sont seules sur scène et on les présente par leurs noms sur les écrans géants à l’arrière. Elles portent toutes un parapluie semi-transparent à la main, celle avec une vague s’inspirant de celle de Kanagawa de Hokusai et un soleil japonais à larges rayons, qu’on retrouve également sur les petits drapeaux donnés au public. Alors que le morceau se termine doucement, une voix de petite fille commence à parler. C’est un message de la fille de Sheena Ringo qui a 5 ans, à la voix toute mignonne et appliquée. Elle a dû beaucoup s’entrainer car certaines formes verbales de politesse sont un peu compliquées. Il y a dix ans pour Ringo Expo 08, c’était son fils à l’âge de 7 ans qui avait laissé un message similaire à sa mère pour son anniversaire. Après cette interlude, le flot des violons et le son délicat de la harpe nous plongent tout de suite dans l’ambiance de Carnation, magnifique avec l’ecran gigantesque à l’arrière montrant une lune géante. Sheena est désormais vêtue d’une robe Gucci rose. Elle est désormais blonde sous un grand faisceau de lumière alors que le reste de la scène est dans les couleurs bleues nuit. Carnation n’est à priori pas le style de morceau que je préfère, mais je l’ai toujours aimé, que ça soit sur l’album Hi Izuru Tokoro ou ici sur scène. On continue ensuite avec deux morceaux de cet album à savoir Arikitarina Onna et Irohanihoheto. Son interprétation de Arikitarina Onna est assez poignante et elle est lumineuse avec ses cheveux blonds sous la lumière forte, comme si elle n’avait plus l’âge. Le solo de guitare vers la fin sous le sourire de Midorin à la batterie est très réussi. Sheena s’incline devant le public pour ce final, comme elle le fait régulièrement pour marquer le coup. Sur Irohanihoheto, les images des écrans géants se font plus dynamiques et graphiques. La scène est toujours sombre mais Sheena est seule éblouie par un spot de lumière comme une lumière de soleil trop forte. Elle ne force pas vraiment sa voix sur ce morceau et ce n’est pas l’interpretation que je préfère.

Le décor change ensuite complètement avec Kabukichō no Joō, qui imite bien entendu les rues de Kabukichō no Joō, avec sa multitude de panneaux lumineux et ses grandes portes rouges. Elle porte toujours sa robe rose, ce qui donne une sorte de contraste avec ce décor de rue reconstitué. Sur la toute fin du morceau, la voix de kabuki refait surface pour mon plus grand plaisir. Nous sommes à ce moment à la moitié du concert et le rythme ne va pas faiblir. Jinsei ha Yume Darake suit ensuite. C’est un morceau qu’elle avait initialement écrit pour l’actrice Takahata Mitsuki, et il s’agit d’un des morceaux préférés des fans. C’était aussi le morceau qui m’avait fait ré-réaliser de toute sa prouesse d’écriture musicale. Elle est d’abord seule sur scène avec le piano d’Hiizumi juste à côté, puis l’orchestre se réveille brusquement. Le morceau n’est pas simple à chanter et elle s’y donne à fond, ce qui donne une très belle performance. Le public ne s’y trompe pas et apprécie. La bonne surprise qui suit est l’arrivée sur scène de Ukigumo en costume de gentleman. Il interprète seul le morceau Tokyo ha Yoru no 7PM, composé par Sheena Ringo à partir de l’original écrit par Yasuharu Konishi pour Pizzicato Five. Ce morceau a été utilisé lors de la présentation des Jeux paralympiques de Tokyo à la cérémonie de clôture des Jeux paralympiques de Rio de Janeiro 2016. À cette époque, Sheena Ringo faisait partie, avec d’ailleurs MIKIKO, la chorégraphe de ce concert, du comité de préparation des Jeux Olympiques de Tokyo, récemment dissous. Ce qui m’amuse un peu, c’est que Sheena se proclamait être du mouvement Shinjuku-kei au début de sa carrière, en opposition au Shibuya-kei dont Pizzicato Five est le représentant le plus connu. Je n’ai que très peu d’intérêt pour Pizzicato Five, mais le version originale de Tokyo ha Yoru no 7PM chantée par Maki Nomiya est très plaisante (et l’introduction où on demande à Maki Nomiya quelle heure il est à Osaka quand il est 7h à Tokyo est assez charmante). Ukigumo sur scène prend une attitude complètement décontractée et extrêmement sympathique. Les deux danseuses Ai et Bambi Naka l’accompagnent et sont habillées d’amples tenues spatiales blanches marquées du logo de la NASA et d’un drapeau américain. Le morceau est plutôt plaisant et reste en tête longtemps après l’avoir écouté. L’interprétation d’Ukigumo n’est pas exceptionnelle mais je ne pense pas l’avoir déjà vu seul sur scène porter un morceau devant un si large public. Il y a quand même quelque chose d’attachant dans son interprétation qui n’en fait pas trop. Ukigumo reste sur scène pour le morceau suivant Nagaku Mijikai Matsuri qu’il interprète en duo avec Sheena qui apparaît dans une robe près du corps noire Yves Saint Laurent, dessinée par Hedi Slimane. Accompagnée des 6 danseuses, elles effectuent ensemble une chorégraphie synchronisée pendant qu’Ukigumo se promène sur scène toujours d’un air décontracté en s’amusant avec son petit drapeau. Il est tellement décontracté qu’il vient même s’asseoir pendant quelques minutes, pour ensuite rejoindre le centre de la scène où se trouve Sheena pour finir le morceau sur quelques paroles rappées comme il sait très bien le faire. Sheena esquisse un petit sourire et a l’air d’apprécier. Je remarque que Sheena a toujours ce genre de sourire quand Ukigumo fait son show, comme si il sortait de sa zone de confort pour faire plaisir à Sheena et qu’elle appréciait donc cet effort là. En fond sur les écrans géants, on revoit apparaître les danseuses de Matsuri du Koenji Awa Odori Shinkō Kyōkai, qui apparaissaient également lors du concert Ringo Expo 08 et plus récemment pendant l’émission Kōhaku du réveillon 2020 sur la NHK. Le morceau se termine avec le sortie de scène de Ukigumo accompagnée d’un high five de Sheena et de sourires complices qui font plaisir à voir.

Sheena Ringo interprète ensuite Shun, le morceau central de l’album Sanmon Gossip. C’est une version réussie même si j’ai une préférence pour la version de Tōtaikai. Le solo de H Zett M vaut par contre le détour et c’est le seul moment du concert où on le sent s’exprimer même si c’est forcément un peu trop court. Le morceau suivant est une reprise écourtée du morceau Koi no Jumon ha Sukitokimekitokisu datant de 1982 de Itō Sayaka. Il s’agissait du thème d’ouverture d’un dessin animé intitulé Sasuga no Sarutobi diffusé sur Fuji TV. Sheena avait 4 ans à cette époque et elle interprète peut-être ce morceau en souvenir de son enfance. Toujours est-il que j’adore maintenant la version originale de ce morceau et j’écoute assez souvent ce single au charme des années 80. Sheena est vêtue d’un manteau vert pomme, aux couleurs me rappelant la vidéo de Jinsei ha Yume Darake, mais elle l’enlèvera rapidement avant de passer au morceau suivant Chichinpuipui. Ce morceau est celui que j’aime le moins sur l’album Hi Izuru Tokoro, mais il prend une toute autre dimension sur scène. Il fonctionne beaucoup mieux en live car les « Ringo » scandés font réagir le public et sont comme une hymne à Sheena Ringo elle-même. Le grand panneau lumineux à l’arrière affichant une pomme rouge et ses mots scandés contribue à cela. Pendant ce morceau et le suivant, Sheena change encore de coiffure pour garder ses cheveux naturels coupés courts lui donnant tout d’un coup un air plus adulte. Peut être que sa robe blanche aux motifs de couleur, très longue, contribue à cette impression de maturité soudaine.

On entame ensuite la dernière partie du concert qui est à mon avis la plus grandiose. Tortoise Matsumoto apparaît sur scène pour interpréter en duo avec Sheena le morceau Menukidōri, sous un décor lumineux rappelant Ginza. Il se donne à fond sur scène et c’est génial à voir. On sent que Sheena jubile de le voir présent sur scène et de sortir le grand jeu. Le morceau en live me donne en fait une impression complètement différente de la version en single ou sur l’album Sandokushi. On voit même que Sheena se déchaîne sur ce morceau et cette joie exprimée est très communicative. C’est un grand moment du concert mais ce qui va suivre avec l’arrivée sur scène de Hiroji Miyamoto du groupe Elephant Kashimashi est encore une autre histoire. Il interprète bien entendu Kemono Yuku Hosomichi en duo avec Sheena. J’avais déjà vu ce morceau interprété dans l’émission Music Station sur TV Asahi diffusée le 9 novembre mais cette version en concert prend une toute autre dimension. Je dirais que sa performance est bestial. Sa voix, d’abord, est très puissante mais ce sont surtout ses mouvements qui impressionnent. Il bouge dans tous les sens, s’imprègne complètement de son personnage et devient même incontrôlable sur scène. Il finit par arracher sa cravate et sa chemise puis par se rouler par terre. Sheena garde son sérieux mais elle ne peut s’empêcher de sourire puis de se reprendre. Ce qui est très fort, c’est que Miyamoto réussi complètement son interprétation vocale malgré ses mouvements exagérés et théâtraux. C’est un personnage habité et je pense qu’il jubilait d’être sur scène. Je l’avais vu invité dans l’émission matinale de la NHK Asaichi présentée par les comédiens Hanamaru-Daikichi Hakata et Yurie Ōmi (qui va malheureusement quitter la NHK à la fin Mars 2021). Hiroji Miyamoto est vraiment une personnalité particulière. Il avait mentionné plusieurs fois pendant cette émission sa participation à ce morceau avec Sheena et il évoquait une grande reconnaissance et un profond respect. Le morceau qui suit, Jiyūdom, est du coup beaucoup plus calme et classique en comparaison et conclut le set avant les rappels. Elle annonce le morceau après un court message de remerciement extrêmement poli, comme d’habitude. Elle reprend les petits marteaux devant les cloches tubulaires, entourée des 6 danseuses pour un final plutôt enjoué. Sheena fait de grandes gesticulations en guise de remerciements mais tient toujours les deux marteaux en mains ce qui rend la scène assez cocasse. Je pense qu’elle le fait exprès ou alors, il est possible qu’elle ne s’en rende pas compte.

Hiroji Miyamoto revient pour les rappels, mais cette fois-ci avec sa guitare. Comme pour Kemono Yuku Hosomichi, il est très applaudi à son arrivée sur scène. Miyamoto lui souhaite plusieurs fois un bon anniversaire avant de commencer à jouer un morceau de Elephant Kashimashi, Kanashimi no Hate. Miyamoto est beaucoup plus posé sur ce morceau mais reste extrêmement expressif ce qui fait rire Sheena. Il fait sa sortie en criant « Sheena Ringo Omedetō » avec des grands signes des bras mais se trompe de sortie, ce qui donne un petit moment comique en fin de morceau. Sheena s’était changée une nouvelle fois pour un kimono rouge. Alors qu’elle était fabuleuse en kimono sur Electric Mole, je trouve que ce kimono rouge est un peu trop formel, surtout quand on le compare à sa robe noire Saint Laurent. Un bref interlude visuel et musical appelé Bonus stage, ressemblant au jeu Super Mario mais avec une musique réarrangée du jeu vidéo Famicom Ganbare Goemon! Karakuri Dōchū (がんばれゴエモン!からくり道中) de 1986, annonce l’arrivée du dernier invité. Il s’agit de Rekishi qui vient interpréter en duo l’avant dernier morceau Kira Kira bushi. Il s’agit d’un morceau écrit par Rekishi sur son album éponyme de 2011 et présent sur l’album Ukina. Sheena y participait mais sous le nom de code Deyonna. Je pense que la musique de Goemon était utilisée en introduction car il a écrit un morceau s’appelant Goemon. Il est habillé en kimono comme Sheena, avec des lunettes de soleil blanches et une coupe Afro, portant le petit drapeau en main. Il apporte une note très enjouée et même comique pour la fin du concert, et ça plait beaucoup au public. C’est difficile de passer après des monstres comme Tortoise Matsumoto et Hiroji Miyamoto, mais il apporte une note différente à cette fin de concert. Au final, ils s’approchent tous les deux du devant de la scène comme pour parler devant le public, mais ça tourne assez court car Rekishi vient demander en plaisantant jusqu’à quand ils vont parler comme ça sur le devant de la scène. On sait bien que Sheena n’est jamais très à l’aise pour parler spontanément sur scène et répète toujours un peu les mêmes remerciements. Elle se dit toujours surprise qu’après 20 ans il y ait toujours autant de personnes qui viennent la voir sur scène. Le dernier morceau Yume no Ato de Tokyo Jihen ajoute une dernière touche émotionnelle. Elle disparaît à la fin du morceau derrière un parasol avec la grande vague de Hokusai. Une version modifiée de Marunouchi Sadistics est jouée pour le générique de fin. On y voit principalement Sheena et les danseuses habillées des blousons boursouflés de Dapper Dan, mais un étrange moine dansant est aussi présent en image. Il s’agit de Strong Machine 1go (ストロングマシン1号) qui apparait dans la vidéo de Netsuai hakkaku-chū (熱愛発覚中) et qui apparaitra également plus tard dans la vidéo de Niwatori to Hebi to Buta (鶏と蛇と豚). Le concert se termine sur ces images mais le blu-ray propose deux bonus, dont le morceau Hai Hai, écrit par Hatsuiku Status pour la tournée Gokiritsu Japon et qui est présent sur le troisième disque de la compilation live Zecchōshū. La captation live de ce morceau date d’un autre jour, le 22 Novembre 2018. Le deuxième bonus Yoyū mi Jikan est un assortiment de messages au public par Sheena lors des diverses représentations de cette tournée. Au final, Ringo Expo 18 s’avère être une performance assez exceptionnelle, bien plus aboutie que ce qu’on pouvait voir 10 ans avant sur Ringo Expo 18 et très différente des prestations que je connais de Tokyo Jihen. Les interprétations sont toutes très bonnes, certaines exceptionnelles, mais on sent en même temps que Sheena se lâche moins émotionnellement par rapport à certains concerts où on la sentait perdre pied devant sa propre prestation. Ceci étant dit, ça n’enlève pas grand chose à la qualité du spectacle que j’ai déjà regardé trois fois. Et on se dit que Sheena Ringo a encore de la marge (余裕) pour continuer à nous montrer de belles chansons pendant quelques dizaines d’années.

Pour référence ultérieure, je note ci-dessous la liste de morceaux interprétés lors du concert Ringo Expo 18:

1. Kichi to no Sōgū (機知との遭遇 -Sound&Vivision-), morceau instrumental inédit
2. Honnō (本能), de l’album Shōso Strip (勝訴ストリップ), en duo avec Mummy-D
3. Ryūkō (流行), de l’album Sanmon Gossip (三文ゴシップ), en duo avec Mummy-D
4. Amagasa (雨傘), de l’album Gyakuyunyū: Kōwankyoku (逆輸入 ~港湾局~), morceau initialement écrit pour le groupe Tokio
5. Hiyori Hime (日和姫), de l’album Gyakuyunyū: Kōwankyoku (逆輸入 ~港湾局~), morceau initialement écrit pour le groupe Puffy AmiYumi
6. APPLE, de l’album Ukina (浮き名)
7. Ma Chérie (マ・シェリ), morceau qui apparaîtra sur l’album Sandokushi (三毒史)
8. Tsumiki Asobi (積木遊び), de l’album Muzai Moratorium (無罪モラトリアム)
9. Kojin Jugyō (個人授業), reprise du morceaux datant de 1973 du groupe pop Finger 5 (フィンガー5) originaire d’Okinawa
10. Donzoko made (どん底まで), deuxième morceau du single Shijō no Jinsei (至上の人生) et qui sera inclus sur l’album Sandokushi (三毒史)
11. Kamisama, Hotokesama (神様、仏様), single qui apparaîtra sur l’album Sandokushi (三毒史)
12. Kesho Naoshi (化粧直し), version instrumentale du morceau de l’album Adult (大人) de Tokyo Jihen
13. Carnation (カーネーション), de l’album Hi Izuru Tokoro (日出処)
14. Arikitarina Onna (ありきたりな女), de l’album Hi Izuru Tokoro (日出処)
15. Irohanihoheto (いろはにほへと), de l’album Hi Izuru Tokoro (日出処)
16. Kabukichō no Joō (歌舞伎町の女王), de l’album Muzai Moratorium (無罪モラトリアム)
17. Jinsei ha Yume Darake (人生は夢だらけ), de l’album Gyakuyunyū ~Kōkūkyoku~ (逆輸入 ~航空局~), morceau initialement écrit pour Takahata Mitsuki
18. Tokyo ha Yoru no 7PM (東京は夜の七時), morceau interprété par Ukigumo (浮雲) et composé par Sheena Ringo à partir de l’original écrit par Yasuharu Konishi pour Pizzicato Five. Ce morceau était utilisé lors de la présentation des Jeux paralympiques de Tokyo à la cérémonie de clôture des Jeux paralympiques de Rio de Janeiro 2016
19. Nagaku Mijikai Matsuri (長く短い祭), single interprété avec Ukigumo qui apparaîtra sur l’album Sandokushi (三毒史)
20. Shun (旬), de l’album Sanmon Gossip (三文ゴシップ)
21. Koi no Jumon ha Sukitokimekitokisu (恋の呪文はスキトキメキトキス), reprise du single de 1982 de Itō Sayaka, qui était le thème d’ouverture de l’anime Sasuga no Sarutobi (さすがの猿飛) sur Fuji TV
22. Chichinpuipui (ちちんぷいぷい), de l’album Hi Izuru Tokoro (日出処)
23. Menukidōri (目抜き通り), single en duo avec Tortoise Matsumoto (トータス松本) qui apparaîtra sur l’album Sandokushi (三毒史)
24. Kemono Yuku Hosomichi (獣ゆく細道), single en duo avec Miyamoto Hiroji (宮本浩次) du groupe Elephant Kashimashi (エレファントカシマシ) qui apparaîtra sur l’album Sandokushi (三毒史)
25. Jiyūdom (ジユーダム), single qui apparaîtra sur l’album Sandokushi (三毒史)
26. Kanashimi no Hate (悲しみの果て), morceau de Elephant Kashimashi (エレファントカシマシ) sur l’album Kokoro ni Hana wo (ココロに花を) de 1996, interprété avec Miyamoto Hiroji (宮本浩次)
27. Goemon (五右衛門), interlude instrumental inspiré de Goemon pour annoncer l’arrivée de Rekishi (qui a également sorti un morceau intitulé Goemon en 2018)
28. Kira Kira Bushi (きらきら武士), morceau écrit par Rekishi (レキシ) sur son album éponyme de 2011, interprété en duo et présent sur l’album Ukina (浮き名)
29. Yume no Ato (夢のあと), de l’album Kyōiku (教育) de Tokyo Jihen
30. (Ending) Marunouchi Sadistic (丸ノ内サディスティック), version remixée (neetskills remix) utilisée en fond sonore pendant les crédits de fin du concert
31. (Bonus track) Hai Hai (はいはい), morceau écrit par Hatsuiku Status pour la tournée Gokiritsu Japon, présent sur le troisième disque de la compilation live Zecchōshū (絶頂集). La captation live de ce morceau était le 22 Novembre 2018
32. Yoyū mi Jikan (余裕み時間), assortiment de messages au public par Sheena lors des diverses représentations de cette tournée