霧になるなる東京

Les plantes grimpantes du parc Miyashita sur la première photographie poursuivent leur ascension pour former un toit au dessus du parc le long des tiges métalliques. On est encore loin du compte et ses plantes ne permettent pas encore de rafraîchir la jeunesse se regroupant dessous pendant ces journées chaudes du début de l’été. Je me dirige vers le quartier résidentiel de Shōtō pour le traverser jusqu’à l’avenue Yamate avec dans l’idée de revoir une petite tour en coin de rue que je pensais être grise argentée. Je la retrouve sur la troisième photographie mais elle est désormais peinte en blanc. Le petit immeuble de la cinquième photo a été construit très récemment. La première fois que j’ai vu ce bâtiment, il était encore en construction et la forme en angle d’une des ouvertures m’a tout de suite rappelé l’église de béton à Hiroo conçue par Tadao Ando. Il s’agit en effet d’un bâtiment de Tadao Ando pour la petite agence publicitaire Sima Creative House. Les photographies suivantes partent en direction de Minami Aoyama pour saisir la jeunesse qui s’affichent sur les vitrages de la boutique agnès b puis vers Omotesando avec la devanture cartoonesque de la boutique Comme des garçons. Et pour ce qui est du chat dessiné sur un mur de briques le long d’un parking, je n’ai plus de souvenirs très précis d’où je l’ai aperçu.

Je connaissais l’existence de versions démo de certains premiers morceaux de Sheena Ringo pour les avoir découvert par hasard sur YouTube, mais je n’ai découvert que récemment, il y a quelques mois en fait, qu’une chaine Youtube les regroupait tous par cassette. Il existe en tout cinq cassettes de démo (des demo tapes) dont deux remontant à ses années lycées, une datant d’avant ses débuts et deux autres de l’époque de son premier album Muzai Moratorium. On y trouve de nombreux morceaux qui apparaîtront sur ses deux premiers albums Muzai Moratorium et Shosō Strip, mais également d’autres qui seront ensuite des B-sides et un assez grand nombre de morceaux jamais sortis en CDs et qui m’étaient par conséquent inconnus. La qualité musicale des premières versions est souvent très primaire, genre machine à karaoke, mais on reconnaît tout de suite sa voix si particulière et unique qui pouvait déjà nous faire ressentir tout le potentiel de chaque morceau. Les morceaux sont parfois incomplets et en version très différente de ce qu’on connaîtra ensuite en version finale sur les albums. Ces démo tapes s’écoutent certes comme des curiosités qui intéresseront avant tout les fans (les OTK quoi) et elles m’intéressent donc énormément. Par exemple, la deuxième cassette datant de l’époque où elle était au lycée contient la toute première version de Marunouchi Sadistic (on retrouve également une version assez similaire sur la cinquième cassette). Cette version initiale s’appelait A New Way To Fly et elle a été enregistrée alors que Sheena était en homestay à Londres. Les paroles entièrement en anglais sont complètement différentes de la version Marunouchi Sadistic que l’on connait sur Muzai Moratorium. Cette version intitulée A New Way To Fly est en fait composée d’un patchwork de couplets de trois morceaux du groupe américain d’inspiration grunge Stone Temple Pilots (STP). Les trois morceaux en question sont Tumble In The Rough, Seven Caged Tigers et Adhesive, provenant tous les trois de l’album Tiny Music… Songs from the Vatican Gift Shop sorti en 1996. De STP, je ne connais que leur deuxième album Purple sorti en 1994 et je n’avais pas poussé plus en avant à l’époque de mon adolescence la découverte de ce groupe, bien que j’écoutais beaucoup de rock alternatif américain. Découvrir que Sheena Ringo s’inspirait de cet album avant ses débuts me pousse maintenant à le découvrir et il s’avère être excellent, car il me ramène vers ce style de guitare et de voix assez typique du son grunge, bien que STP part volontiers vers d’autres sonorités, par moments plus mélodiques. Marunouchi Sadistic retrouvera des paroles en anglais pour la version du concert Ringo Expo 08, que l’on trouve également en morceau bonus sur Sanmon Gossip sorti en 2009. Les paroles en anglais sur Marunouchi Sadistic (Expo Ver.) ne reprennent pas les paroles des trois morceaux de STP, mais il y reste une allusion avec les paroles « way to fly » / « way to die » dans le dernier couplet ainsi qu’une référence directe au mouvement grunge en mentionnant Nirvana et Kurt Cobain.

Marunouchi Sadistic n’est pas le seul morceau présent sur les cassettes de démo ayant un titre différent de celui qui sera finalement retenu sur les albums. Les premières versions de Akane sasu kiro terasaredo (茜さす 帰路照らされど・・・) de l’album Muzai Moratorium s’appellent par exemple Headphone (ヘッドフォン). Le morceau B-side 17 s’appelle d’abord Now I’m Seventeen, le morceau intitulé Don’t you think?correspond à Gips (ギブス), Daijōbu (大丈夫) au morceau Kyogenshō (虚言症), le morceau B-side Remote (リモコン) sera plus tard renommé Remote Controller (リモートコントローラー). On trouve sur ces cassettes démo des morceaux que Sheena Ringo donnera ensuite à d’autres, notamment le morceau intitulé Shampoo (シャンプー) pour Rie Tomosaka sur son album Murasaki. (むらさき。). Le cas du morceau intitulé Unconditional Love (アンコンディショナル・ラブ) sur ces cassettes de démo est intéressant. D’après le titre, on pourrait penser qu’il s’agit de la reprise de Cindy Lauper qui sera plus tard présent en B-side du single Kabukichō no Joō (歌舞伎町の女王), mais il s’agit en fait d’une première version du morceau Private (プライベイト) que Sheena donnera à Ryoko Hirosue. Sur les démos, il y a quelques morceaux comme l’inédit LAY DOWN et Rinne Highlight (輪廻ハイライト) qui reprennent des extraits de paroles de morceaux de la compositrice et interprète américaine Susanna Hoffs, connue pour être la co-fondatrice du groupe pop rock californien The Bangles, populaire dans les années 80 (Eternal Flame, Walk like an Egyptian, Manic Monday sont quelques uns de leurs gros succès). Après The Bangles, Susanna Hoffs a démarré une carrière solo avec un premier album intitulé When You’re a Boy en 1991. Les paroles du morceau LAY DOWN sont en partie tirées du morceau My side of the Bed de cet album. Le morceau Rinne Highlight (輪廻ハイライト), qu’on trouvera ensuite en B-side du single Honnō (本能), comprend certaines paroles du morceau No Kind of Love de Susanna Hoffs sur ce même album. Le point intéressant est que sur ce même album When You’re a Boy de 1991, Susanna Hoffs reprend le morceau Unconditional Love de Cindy Lauper (datant de 1989) mais en modifiant certaines paroles dans un des couplets. En B-side du single Kabukichō no Joō (歌舞伎町の女王), Sheena Ringo reprend en fait la version de Susanna Hoffs plutôt que celle de Cindy Lauper. En regardant les crédits du single, on voit en effet mentionné que la version contient des nouvelles paroles expressément écrites par Susanna Hoffs. Je n’avais jusqu’à maintenant jamais entendu parlé de cette compositrice / interprète bien que je connaissais The Bangles. Il semble que Sheena Ringo l’appréciait pour reprendre plusieurs de ses paroles. Leurs styles musicaux sont pourtant très différent et l’interprétation pleine de passion faite par Sheena Ringo de Unconditional Love est bien supérieure à mon avis à celle plus posée de Susanna Hoffs. En regardant par curiosité certaines vidéos de The Bangles, he le demande d’ailleurs si Sheena n’a pas été influencé par Susanna Hoffs pour ses tenues de scène, notamment sur Senkō Xstacy. L’autre morceau inspiré de paroles de Susanna Hoffs, Rinne Highlight (輪廻ハイライト), est chanté en anglais sur ces cassettes démo et sur la version finale du single Honnō, mais en regardant maintenant les crédits sur le livret du CD de Honnō, je me rends compte que les paroles sont écrites dans un japonais approximatif qui vient en fait imiter les sonorités des mots anglais (on appelle ça le Sora Mimi). On voit une fois de plus que Sheena aime s’amuser avec les mots et j’ai parfois l’impression que ces découvertes inattendues et mystères sont sans fin.

Sur ces cassettes démo, on trouve bien sûr de nombreux morceaux qu’on trouvera ensuite avec les mêmes titres sur les deux premiers albums de Sheena Ringo, et c’est intéressant d’entendre les évolutions au fur et à mesure des morceaux. Les musiques sont bien sûr loin d’être les versions finales riches en guitares et peuvent sonner parfois un peu kitsch car elles sont souvent une idée initiale qui semble être avant tout destinée à accompagner son chant. En tout cas, dès les années lycées, Sheena a déjà cette voix si particulière et on se rend compte tout de suite de son potentiel. Il y a également des curiosités amusantes comme cette courte reprise live de la musique de la publicité Hitachi, Kono Ki Nan no Ki (この木なんの木), qu’on l’on peut entendre toutes les semaines dans l’émission du Samedi soir sur TBS Sekai Fushigi Hakken (世界ふしぎ発見!). Sheena chante le morceau assez calmement au début mais le rythme s’accélère forcément pour dérailler à la fin. Il y a également quelques reprises comme le morceau Today Tomorrow Sometime Never du groupe Echobelly, tiré de l’album Everyone’s got one sorti en 1994. Mais il y a surtout de nombreux morceaux inédits que je n’avais jamais entendu et qui ne sont à priori jamais sorti officiellement. Certains ont beaucoup de potentiel comme par exemple le morceau Shiroi e to Guitar (白い絵とギター) que je voudrais bien qu’elle reprenne un jour ou l’autre. Ce n’est pas impossible car un morceau comme Kudamono no Heya (果物の部屋) qu’elle a écrit au lycée sera intégré beaucoup plus tard à l’album Hi Izuru Tokoro sous le titre Shizuka naru Gyakushu (静かなる逆襲) dans une version forcément beaucoup plus sophistiquée et puissante. Parmi les morceaux inconnus, celui intitulé Kaigun Politician (海軍ポリティシャン) interprété en live a attiré ma curiosité car Sheena y cite à répétition le nom d’un homme politique japonais nommé Yasuhiro Nakasone. Les paroles répètent en refrain Nakasone moto sōri Kaigun Politician (中曽根元総理海軍ポリティシャン), c’est à dire l’ancien Premier Ministre Nakasone politicien de la marine. Le sens de tout cela est plutôt flou et je doute qu’il y ait un message politique derrière ce court morceau. Il est en tout cas vrai que Nakasone était Premier Ministre de 1982 à 1987 et qu’il était lieutenant-commander dans la Marine impériale pendant la deuxième guerre mondiale. Ce n’est pas la première fois qu’elle cite le nom d’un homme politique dans les paroles d’un morceau à ses débuts. Le nom d’un homme politique coréen était également cité mais bippé sur un morceau joué par Hatsuiku Status (発育ステータス) sur la tournée Gokiritsu Japon (御起立ジャポン) en 2000. La troisième cassette de démo contient de nombreux morceaux inédits pris en live avec un esprit punk rock et dont les titres ne sont pas vraiment précisés. Ces quelques morceaux représentent bien la boule d’énergie qu’elle devait être à l’époque. Le morceau Juwaki no naka (受話器のなか) apparaît plusieurs fois sur les cassettes, dont une version proche d’une version finale, mais reste à ma connaissance inédit. Il y a là encore un potentiel non exploité qu’on aimerait entendre plus tard sur un futur album. C’est également le cas d’un autre morceau intitulé Ano ko wo mae ni shite (あのコを前にして). Bref les découvertes sont nombreuses et je ne vais pas toutes les citer car ces cassettes comprennent en tout 72 morceaux. Mais je citerais quand même pour terminer qu’on y trouve également la première version du morceau Gamble (ギャンブル) qu’on trouvera sur le EP SR/ZCS mais surtout en version sublimée sur Heisei Fūzoku (平成風俗). Quand on compare ces deux versions par exemple, on mesure bien sûr toute la différence.

Les trois photos accompagnant ce billet sont tirées du numéro de Mars 1999 du magazine Ongaku to Hito (音楽と人). Elles ont été prises dans la station de Nakano Shimbashi.

Pour référence ultérieure, ci-dessous est la liste des morceaux que l’on trouve sur ces cassettes de démo:

Demo Tape 1 (高校時代 ~ High School days)
1. Marvelous Days
2. Headphone (ヘッドフォン) [Akane sasu kiro terasaredo (茜さす 帰路照らされど・・・)]
3. Shiroi e to Guitar (白い絵とギター)
4. Koko de Kiss Shite. (ここでキスして。)
5. Toki ha Bōsō suru (時は暴走する)
6. Now I’m Seventeen [17]
7. Sanso wo Kudasai (酸素をください)
8. How Are You
9. Jesus Loves Me [morceau incomplet, hymne chrétien]
10. Daijōbu (大丈夫) [Kyogenshō (虚言症)]
11. Aozora (青空)
12. Don’t you think?[Gips (ギブス)]
13. GIRL
14. LOVE plus PEACE
15. Denaosu kara (出直すから)
16. Ano ko wo mae ni shite (あのコを前にして) [morceau incomplet]
17. Juwaki no naka (受話器のなか) [morceau incomplet]

Demo Tape 2 (高校時代 ~ High School days)
1. Rinne Highlight (輪廻ハイライト) [Musique: Sheena Ringo, Paroles: Divers morceaux de Susanna Hoffs]
2. Onaji Yoru (同じ夜)
3. Kudamono no Heya (果物の部屋)
4. Tsuki ni Make Inu (月に負け犬)
5. Kabukichō no Joō (歌舞伎町の女王)
6. Σ
7. Kōfukuron (幸福論)
8. Identity (アイデンティティ)
9. LAY DOWN [Musique: Sheena Ringo, Paroles: Divers morceaux de Susanna Hoffs]
10. A New Way To Fly [Marunouchi Sadistic (丸の内サディスティック). Musique: Sheena Ringo, Paroles: Divers morceaux de Stone Temple Pilots]
11. Shampoo (シャンプー)
12. Sakana (サカナ)
13. Remote (リモコン) [Remote Controller (リモートコントローラー)]
14. Yami ni Furu Ame (闇に降る雨)
15. Before You Walk Out My Life [morceau incomplet, reprise du morceau de Monica sur l’album Miss Thang (1995)]

Demo Tape 3 (デビュー前音源20曲 ~ 20 songs before Debut)
1. 17
2. Marvelous Days
3. Headphone (ヘッドフォン) [Akane sasu kiro terasaredo (茜さす 帰路照らされど・・・)]
4. (Unknown) [1] TAKE IT!
5. Juwaki no naka (受話器のなか)
6. (Unknown) [2] SOMEDAY
7. Koko de Kiss Shite. (ここでキスして。)
8. Ano ko wo mae ni shite (あのコを前にして)
9. Kaigun Politician (海軍ポリティシャン)
10. Today Tomorrow Sometime Never [reprise du morceau d’Echobelly de l’album Everyone’s got one (1994)]
11. Kono Ki Nan no Ki (この木なんの木) [Musique de publicité pour Hitachi]
12. Daijōbu (大丈夫) [Kyogenshō (虚言症)]
13. Toki ga Bōsō suru (時が暴走する)
14. Denaosu kara (出直すから)
15. Shiroi e to Guitar (白い絵とギター) [LIVE]
16. How are You
17. (Unknown) [3] Jesus (ジーザス)
18. Morphine (モルヒネ) [LIVE]
19. Don’t you think [Gips (ギブス)]
20. Aozora (青空)

Demo Tape 4
1. Negative (ネガティブ) [reprise du morceau Hari no Nai Tokei (針のない時計) de Terasaka Tomohiro (寺坂トモヒロ)]
2. Unconditional Love (アンコンディショナル・ラブ) [Private (プライベイト)]

Demo Tape 5 (無罪エトセトラ ~ Muzai et cetera)
1. Tadashii machi (正しい街)
2. Kabukichō no Joō (歌舞伎町の女王)
3. Headphone (ヘッドフォン) [Akane sasu kiro terasaredo (茜さす 帰路照らされど・・・)]
4. Sid to Hakuchūmu (シドと白昼夢)
5. Honnō (本能) [morceau incomplet]
6. Orgel (オルゴール)
7. Suberdai (すべりだい) [Pre-mastered]
8. Gamble (ギャンブル)
9. Remote (リモコン) [Remote Controller (リモートコントローラー)] [morceau incomplet]
10. LAY DOWN [Musique: Sheena Ringo, Paroles: Divers morceaux de Susanna Hoffs]
11. Keikoku (警告) [Pre-mastered]
12. Onaji Yoru (同じ夜)
13. Kōfukuron (幸福論) [Pre-mastered]
14. A New Way To Fly [Marunouchi Sadistic (丸の内サディスティック). Musique: Sheena Ringo, Paroles: Divers morceaux de Stone Temple Pilots]
15. Identity (アイデンティティ)
16. Kudamono no Heya (果物の部屋)
17. Rinne Highlight (輪廻ハイライト) [Musique: Sheena Ringo, Paroles: Divers morceaux de Susanna Hoffs]
18. Unconditional Love (アンコンディショナル・ラブ) [Private (プライベイト)] [morceau incomplet]

月に勝ち猫

(もうすぐ雨) La pluie peut tomber à tout moment mais elle a la bonne idée de se retenir jusqu’à ce que je rentre à la maison. Ces photographies sont prises à la suite de celles de la traversée du Rainbow Bridge. Nous entrons tout doucement dans la saison des pluies. Cette période de l’année peut certes être contraignante pour sortir prendre des photos mais j’aime les contrastes forts qu’elle procure en général sur les photographies qu’on peut prendre. Les photos ci-dessus sont prises du quartier de Mita jusqu’à Hiroo au niveau de la rue Meiji. Je trouve qu’elles sont assez typiques de Made in Tokyo. Elles font partie d’un tout continuel, mais ne se démarquent pas vraiment par leur identité individuelle. Je ressens la nécessité de montrer ce type de photographies de rues sans particularités apparentes et immédiates parmi d’autres photographies montrant de l’architecture à l’identité forte et immédiatement reconnaissable. D’une certaine manière, j’essaie de cette façon de montrer la continuité de la ville qui ne se limite pas à une somme de landmarks remarquables. Mais est ce que je donne de cette manière une représentation de cette ville qui serait plus fidèle à la réalité ? Je ne pense pas et ce n’est pas réellement mon intention. Même si elles n’ont pas d’identités fortes en apparence, je vois tout de même des particularités distinctives dans les morceaux de ville pris en photo et montrés ci-dessus. En l’observant depuis un passage surélevé, j’ai été attiré par le graphisme des larges passages pour piétons à Mita ressemblant à une partition musicale sur laquelle des petites notes mouvantes viennent se placer. Sur la troisième photographie, le bâtiment de béton d’un restaurant d’anguilles a attiré mon regard pour la forme courbe placée à l’entrée qui vient adoucir l’aspect pourtant massif de l’ensemble. La large cheminée a également attiré mon attention car elle s’achemine jusqu’au toit sans prendre en considération l’esthétique de l’ensemble. A moins que l’on pense comme moi que ce genre de tuyauteries apparentes fait toute l’esthétique du bâtiment. L’interêt que je trouve dans les quatrième et cinquième photographies est l’association que l’on peut faire entre la forme des vitrages d’un garage vintage et ceux d’une maison individuelle récente se trouvant dans la même rue. La photographie suivante montrant une résidence appelée Imperial Hiroo m’accrochait l’oeil pour sa texture abîmée qui venait tout d’un coup entrer en résonance avec le portique rouillé de sortie d’autoroute placé à sa perpendiculaire. Et j’aime beaucoup saupoudrer ce genre de billets de matière végétale, celle de l’avenue Meiji sur la dernière photographie, celle derrière laquelle se cache un temple appelé Daisho-ji dans un quartier de Mita, où celle qui envahit les trottoirs quand l’humidité ambiante devient trop forte.

(Tell me the truth, do you crash?) L’idée m’est soudainement venue d’écouter la musique de Bonnie Pink (ボニー・ピンク). Elle s’apprête à sortir un nouvel album après 10 ans d’absence et c’est très certainement ce qui m’a donné envie d’écouter un de ses anciens albums. Le morceau le plus connu de Bonnie Pink s’intitule A Perfect Sky et il est sorti en 2006. Ce morceau pop est mémorable et accrocheur mais ne correspond pas vraiment au style musical que je cherche à découvrir en ce moment. J’ai en fait un très vague souvenir d’avoir voulu découvrir cette artiste au début des années 2000, sans pourtant avoir concrétisé cette envie. A cette époque là, je cherchais à écouter d’autres groupes et artistes qui auraient un style plus ou moins similaire à celui de Sheena Ringo et j’ai eu cette envie de me diriger vers Bonnie Pink. Le morceau A perfect sky m’avait peut-être un peu rebuté mais je me rends compte maintenant que j’avais eu tord de ne pas explorer ses albums. Bonnie Pink, de son vrai nom Kaori Asada (浅田香織), est compositrice et interprète de tous ces morceaux. Elle a démarré sa carrière musicale avec un premier album intitulé Blue Jam en 1995. Je démarre ma découverte tardive de Bonnie Pink avec son deuxième album intitulé Heaven’s Kitchen sorti en 1997. L’esprit rock presque indé mais se mélangeant avec des sonorités jazz me plaît tout de suite vraiment beaucoup. Je me dis maintenant en écoutant tous les titres de cet album, aussi bons les uns que les autres, que j’aurais certainement accroché si j’avais écouté l’album à l’époque (bien que je sois arrivé au Japon que deux années plus tard). Le morceau titre Heaven’s Kitchen attire tout de suite l’attention mais il y a de nombreux morceaux très accrocheurs comme par exemple Do You Crash? Elle a don certain pour la composition musicale et une voix remarquable. L’album a 25 ans mais il aurait pu sortir hier, sachant que certains morceaux comme celui intitulé Melody devait déjà avoir un côté rétro à l’époque. Elle joue de beaucoup de nuances dans sa voix, sur le morceau Silence, par exemple. Elle a une aisance certaine dans son chant, mélangeant la langue anglaise qu’elle maîtrise très bien et le japonais, qui ne se force pas et s’impose de lui-même. On y ressent souvent une sorte de mélancolie qui semble savamment dosée. Par moment, son chant me rappelle celui de Sheena Ringo sauf que Bonnie Pink reste raisonnable tandis que Sheena part volontiers dans les excentricités sonores.

Certains ont d’ailleurs vu des ressemblances entre les deux compositrices, interprètes et musiciennes. Elles savent par exemple toutes les deux jouer du piano et de la guitare, composent et écrivent leurs morceaux mélangeant japonais et anglais et se sont construites des univers musicaux personnels qui ne semblent influencés que par elles-mêmes. Bonnie est de 5 ans l’ainée de Sheena. Elle a démarré sa carrière musicale en 1995 tandis que celle de Sheena démarra quatre ans plus tard en 1998, mais elles ont dans l’ensemble connu leurs débuts de carrière à la même époque dans la deuxième partie des années 1990. Je lis même qu’il y avait une rumeur disant que Bonnie Pink et Sheena Ringo étaient sœurs, peut-être parce qu’elles ont toutes les deux un point de beauté sur le visage à peu près au même endroit et parce qu’elles ont une certaine ressemblance physique comme sur les deux photos ci-dessus. Il faut noter tout de même que la photo de Bonnie Pink à gauche utilisée en couverture de son album Even So date de 2004, tandis que la photo de droite de Sheena Ringo vue dans le magazine musical ROCKIN’ON JAPAN date de Mars 1999. Bonnie avait 30 ou 31 ans sur cette photo tandis que Sheena avait 20 ans sur la photo de droite. Elles ne sont pas originaire de la même ville non plus car Bonnie est de Kyoto tandis que Sheena est de Fukuoka. Bref, cette rumeur est bien sûr incorrecte mais je suis surpris de voir plusieurs pages Internet la mentionner.

En fait les deux artistes évoluaient à leurs débuts dans des milieux artistiques plutôt similaires. Bonnie Pink avec ses cheveux courts rouges avait une apparence unique qui se démarquait des autres interprètes féminines de l’époque. Elle avait ce côté rock un peu rebelle que l’on trouvait également chez Sheena Ringo. A ses débuts, Sheena aurait apparemment dit à propos de Bonnie Pink qu’elle avait fait en premier ce qu’elle voulait faire elle-même (私のやりたいことを先にやられてしまった), ce qui lui aurait fait perdre confiance en elle après l’écoute de son premier album Blue Jam. Ce sentiment s’est ensuite effacé quelques années plus tard car, dans son émission radio Etsuraku Patrol de Décembre 1998, Sheena Ringo diffuse le morceau Scarecrow de cet album Blue Jam de Bonnie Pink. En annonçant le morceau dans son émission, Sheena mentionne le fait qu’on disait au début que leurs styles musicaux se chevauchaient, mais qu’on s’était quand même rendu compte qu’ils étaient différents. Elle précise également qu’elle apprécie ce morceau (被ってると最初言われたんですけれども、いま、じゃ、そんなこともないよね。ちゃんと別なものとして知識してるだけです。ガッコイです!). Les styles musicaux de Bonnie Pink et de Sheena Ringo sont en effet différents, et il est clair que l’impact que peut donner la musique de Sheena sur un auditoire est beaucoup plus fort et immédiat.

Il y a d’autres détails intéressants au sujet de ces deux artistes. Toujours dans son émission Etsuraku Patrol, Sheena évoque cette ressemblance physique avec Bonnie. Elle mentionne que quand elle était en Angleterre, Bonnie a sorti un single avec une vidéo qui passait à la télévision sur laquelle elle avait ses cheveux rouges. La mère de Sheena Ringo aurait apparemment vu cette vidéo en pensant qu’il s’agissait de sa fille. Elle l’aurait ensuite appelé pour lui demander quand elle était rentrée en Japon et si elle avait teint ses cheveux en rouge (あなたいつ日本に帰って来て髪を赤にしたのよ). On peut trouver un autre point intéressant sur le deuxième album de Sheena Ringo, Shōso Strip (勝訴ストリップ) sorti le 31 Mars 2000. Certains voient le choix du titre du neuvième morceau de l’album, Tsuki ni Make Inu (月に負け犬), comme une référence à un morceau de Bonnie Pink intitulé Inu to Tsuki (犬と月) sorti quelques années avant, le 21 Octobre 1998. Ce morceau, que Sheena a écrit lorsqu’elle avait 18 ans, ne contient pas de référence à la lune (月) dans les paroles et on peut donc penser que ce mot a été ajouté plus tard comme une référence au titre du morceau de Bonnie Pink. D’une manière un peu similaire, Shōso Strip contient un morceau intitulé Sakana (サカナ), ou poisson en français, et le quatrième album de Bonnie Pink (Let Go sorti à peu près au même moment que Shōso Strip) contient un morceau intitulé Fish. Ces correspondances se sont peut-être que des coïncidences, mais il est certain que les deux artistes avaient conscience l’une de l’autre bien qu’elles ont évolué dans des styles différents. Ce genre de détails me passionne en tout cas, et me pousse à écouter d’autres albums de Bonnie Pink. Je trouve chez le disquaire Disk Union de Shin Ochanomizu les albums Blue Jam (le premier sorti en 1995) et Let Go (le quatrième sorti en 2000). J’aime beaucoup ce que j’écoute, qui correspond assez bien à ce que j’ai envie d’écouter en ce moment.

stairways to heaven and hell

Je reviens avec la première photographie sur la maison de béton Experience in Material 45, également nommée House in Jingumae (pour faire plus simple), par l’architecte Ryoji Suzuki. Je la prends en photographie sous un angle mettant en valeur les mystérieux escaliers semblant monter vers le ciel. À chaque fois que je vois ce bâtiment, je me pose la question de l’organisation intérieure car on ne voit aucune ouverture qui pourrait nous donner quelques pistes. La dernière photographie nous donne par contre l’impression d’une descente dans les bas-fonds. Il s’agit d’un passage souterrain de la station Yotsuya Sanchōme reliant deux quais de la ligne de métro Marunouchi. Cette tuyauterie exagérée est vraiment étonnante et on se demande si tous ces tuyaux sont bien fonctionnels. Cette imagerie de tuyauterie me rappelle la manga Akira, qui m’a beaucoup inspiré pour mes formes futuro-organiques. Je ne suis pas sûr de l’avoir déjà mentionné ici, mais ces formes futuro-organiques que j’ai tant dessiné m’ont en fait été initialement inspirées par le graphisme du mangaka Masakatsu Katsura pour la couverture du premier volume du manga Vidéo Girl Ai (電影少女). J’avais lu assidûment ce manga à l’époque de sa sortie en France de 1994 à 1997 aux éditions Tonkam. J’avais même dessiné une version modifiée en très grand format de cette couverture. Cette illustration m’avait pris beaucoup de temps, mais je me souviens encore bien de ces précieux moments passés à dessiner devant une grande feuille cartonnée en écoutant de la musique. Comme toutes les illustrations que j’ai dessiné à cette époque, j’ai dû écrire au dos du dessin le nom des albums que j’écoutais au moment où je dessinais. J’ai toujours aimé garder une trace de ce que j’écoutais en dessinant et je me rends compte maintenant que je fais exactement la même chose sur ce blog. J’ai également ce besoin de documenter les photographies que je prends avec la musique que j’écoute. La construction de mes billets sur ce blog mélangeant photographies et présentations musicales n’est en fait qu’une retranscription de cela. Je viens de m’en rendre compte en écrivant ces lignes. Pour revenir à ces tuyaux de la station Yotsuya Sanchōme, j’en montre d’autres photos sur mon compte Instagram. Et entre ces escaliers qui semblent monter vers le paradis pour l’un et vers l’enfer pour l’autre, j’en montre d’autres disposés au dessus de voies ferrées près de la station d’Ebisu. Cette passerelle pour piétons que je montre sur la quatrième photographie a l’air ancienne et usée. J’apprends qu’elle va bientôt disparaître dans sa forme actuelle pour être remplacée par une autre à quelques mètres de là. Je ne sais pas pour quelle raison, mais cette passerelle a souvent été utilisée comme lieu de tournage pour des publicités, dramas ou vidéos musicales. Je parlais d’ailleurs récemment d’une vidéo de Tricot tournée à cet endroit pour le morceau Right Brain Left Brain (右脳左脳). Et sur la troisième photographie qui donne l’impression d’être prise à la dérobée, il s’agit de l’actrice et personnalité de télévision Haruna Kawaguchi. J’aime en ce moment prendre en photo les affiches des abribus. Allez savoir pourquoi…

J’ai regardé le Blu-Ray du concert Air Pocket de 2018 depuis déjà plusieurs semaines, mais je n’avais jusqu’à maintenant pas trouvé le temps et le courage d’en écrire un résumé. Je sais qu’écrire sur ces concerts me prend en général beaucoup de temps car l’enthousiasme me fait toujours trop écrire. Je vais essayer de contenir (un peu) mes phrases cette fois-ci. Outre ce concert, il me restera plus tard à évoquer Ringo Expo’14 et j’aurais couvert sur ce blog tous les concerts de Sheena Ringo et Tokyo Jihen officiellement sortis en DVD/Blu-ray. Ce concert intitulé Sheena Ringo to Aitsura no iru Shinkū Chitai (椎名林檎と彼奴等の居る真空地帯), plus communément appelé Air Pocket, est sorti le 20 Octobre 2018. Il est tiré d’une tournée nationale en 23 dates couvrant tout le Japon du 2 Mars au 27 Mai 2018. Cette tournée prenant le nom de Hyotto shite Reko Hatsu 2018 (ひょっとしてレコ発2018) accompagne la sortie de l’album de reprises de ses propres morceaux Gyakuyunyū ~Koukūkyoku~ vol.2 (逆輸入 ~航空局~; Reimport, Vol. 2 ~Civil Aviation Bureau~) le 2 Mars 2018 (la date du premier concert de cette tournée). Il faut noter que cette année 2018 était particulièrement chargée pour Sheena Ringo car la tournée Ringo Expo’18 était également programmée plus tard dans l’année en Novembre 2018. La vidéo que l’on peut voir en DVD ou Blu-ray de ce concert Air Pocket à été tournée vers la fin de la tournée, le 17 Mai 2018 au NHK Hall de Tokyo.

Comme pour le concert de 2015 (椎名林檎と彼奴等がゆく 百鬼夜行2015), le groupe accompagnant Sheena Ringo se nomme Mangarama, mais les membres sont un peu différents. Midorin (みどりん) de SOIL& »PIMP »SESSIONS prend cette fois-ci le relai à la batterie. C’est un habitué des concerts de Sheena Ringo. Ukigumo (浮雲) n’est pas présent cette fois-ci. Masayuki Hiizumi (ヒイズミマサユ機), aka H Zett M, est présent aux claviers comme sur la tournée 2015 et chante également occasionnellement en accompagnement. On retrouve les autres habitués Yukio Nagoshi (名越由貴夫) à la guitare, Keisuke Torigoe (鳥越啓介) à la basse, Yoichi Murata (村田陽一) au trombone, Kōji Nishimura (西村浩二) à la trompette et Takuo Yamamoto (山本拓夫) au saxophone et à la flûte. Cette formation est relativement classique pour un concert de Sheena Ringo. Le concert en lui-même l’est également. Mais un concert de facture « classique » pour Sheena Ringo a un niveau d’excellence qu’il est difficile d’égaler. Sa performance sur scène avec son groupe est toujours impeccable et la qualité de la mise en scène, en particulier les costumes de scène, est comme toujours excellente. Au fur et à mesure des concerts de Sheena Ringo, cette qualité générale est même devenue comme un acquis et j’imagine donc la pression qu’elle doit se mettre sur les épaules pour ne pas décevoir le public qui n’en attend pas moins. Ceci étant dit, il ne s’agit pas là d’un concert gigantesque comme ceux de la série Expo joué au Saitama Super Arena. L’organisation sur scène pour Air Pocket est beaucoup plus mesurée et se concentre donc sur l’interprétation. Cette interprétation est extrêmement solide, mais on n’y trouvera par contre qu’assez peu de moments de tension vocale comme on a pu en voir sur d’autres concerts de Sheena Ringo ou de Tokyo Jihen. Certains morceaux, comme celui qui termine le set avant les rappels, sont cependant remplis d’une puissance vocale qui nous hypnotise devant notre écran. Il ne s’agit pas là de son meilleur concert mais tout fan ou amateur de Sheena Ringo ne devrait pas passer à côté.

On trouve sur Air Pocket un grand nombre de morceaux extraits du dernier album Reimport vol.2, mais également de nombreux autres piochés dans l’ensemble de sa discographie. Le concert démarre sur un écran vidéo montrant un compte à rebours de 3 mins. Le Ringo Hyoreco Space Center, qui prend clairement la NASA comme inspiration, s’apprête à lancer une navette spatiale pour mettre en orbite dans l’espace le nouvel album Gyakuyunyū ~Koukūkyoku~ vol.2 (逆輸入 ~航空局~) ou Reimport, Vol. 2 ~Civil Aviation Bureau~. On a l’impression que la livraison de ce nouvel album se fera par voie spatiale pour les acheteurs qui l’ont commandé. Sheena apparaît à ce moment sur scène vêtue d’une robe bleutée, d’une couronne et d’éléments semblant tirés d’une armure. Le reste du groupe est habillé de tenues dont je ne sais l’origine. Peut-être s’agit il de tenues mongoles? Le set démarre par le morceau Jinsei ha Omoidōri qui n’apparait sur aucun album car il s’agit d’une B-side du single Carnation. Le concert ne démarre pas vraiment avec les morceaux que je préfère mais je suis tout de même surpris d’apprécier cette fois-ci le morceau Oishii Kisetsu. Sheena ne mettra pas très longtemps pour se saisir de sa guitare, pour le quatrième morceau du set, Gibs. Nagoshi y effectue des arrangements à la guitare un peu différents de ce que l’on connaissait jusque là. Des années après l’écriture de ce morceau et après de très nombreuses interprétations, Sheena est toujours aussi convaincante. La sauce prend vraiment pour moi à partir de ce quatrième morceau du set. Le morceau Ishiki suit ensuite dans une interprétation sans instruments classiques et en version strictement rock qui gagne en puissance au fur et à mesure que le morceau avance. L’ambiance générale du concert est résolument rock. La présence de Midorin aux percussions, plutôt habitué aux ambiances jazz, m’avait d’abord un peu étonné.

Il n’y a qu’une seule reprise d’un autre artiste sur ce concert. Il s’agit du morceau Nature Boy par Nat King Cole. H Zett M l’interprète en solo au début, pendant que Sheena se change une première fois pour un long kimono. Cette reprise de Nature Boy est courte et sert de transition rapide vers le morceau JAL005, qui est un des morceaux que j’ai tout de suite aimé sur l’album Hi Izuru Tokoro. Le groupe joue devant un écran géant montrant des images de nuages et d’océan, des images planantes comme ce vol de la compagnie JAL reliant Tokyo à New York. Reimport vol.2 comprend le morceau Shōjo Robot initialement écrit pour Rie Tomosaka. J’en parlais longtemps dans un billet récent. Je le rappelle pour les quelques visiteurs discrets qui ne l’auraient pas encore lu. Cette version en concert est très différente de celle de Rie Tomosaka, plus jazz par l’intervention aux claviers de H Zett M. J’ai quand même une préférence pour la version originale sur le EP de Rie Tomosaka.

Benkai Debussy, morceau tiré du deuxième album Shōso Strip, détonne ensuite. H Zett M se rapproche du devant de la scène et accompagne Sheena au chant. Cette interprétation est assez géniale. Elle le fait assez souvent, mais j’adore à chaque fois la manière dont Sheena Ringo vient faire traîner son mediator de haut en bas puis de bas en haut sur les cordes de sa guitare, comme si elle y prenait un plaisir sadique (on appellerait cela Itazura en japonais). Le morceau est immédiatement suivi par Yokushitsu ponctué par une forte basse électronique et par des larsens à la guitare de Nagoshi. Sheena tient dans la main un paravant et elle effectue à certains moments des mouvements rapides qui font écho à la scène de découpe de pomme lors du concert Ringo EXPO 08. Elle a heureusement eu la bonne idée de ne pas utiliser un couteau cette fois-ci. Le piano de H Zett M apporte beaucoup sur ce morceau. Sheena lache ensuite son kimono et reste en tenue légère de couleur verte-pomme pour interpréter des morceaux de Reimport Vol2, Usurahishinjū et Anya no Shinjū tate. Elle se laisse emporter par le premier morceau jusqu’à tomber au sol. On voit là quelques similitudes avec des scènes du concert de 2015, Hyakkiyakō 2015 (百鬼夜行). Le deuxième morceau, Anya no Shinjū tate, prend des accents Enka et son interprétation est très convaincante. La reprise des Feuilles Mortes de Jacques Prévert est également un classique des concerts de Sheena Ringo, sauf que son interprétation ne me convainc jamais vraiment car son accent français n’est pas très bon ce qui rend les mots de la chanson très rugueux. Mais il s’agit d’une version courte du morceau qui agit en quelque sorte comme un interlude.

Sheena s’est changée une nouvelle fois pour porter maintenant un large et chaud blouson aux mêmes motifs que ceux du reste du groupe. Ce blouson porte aussi des motifs de léopard. Avec un pantalon en cuir et des chaussures noires à talons hauts, les cheveux courts, c’est une de ses tenues de scènes les plus cool que j’ai pu voir jusqu’à maintenant. Elle chante maintenant Memai, qui est une B-side d’un de ses premiers singles, Koko de Kiss shite. Je n’avais jamais fait trop attention au morceau Otona no Okite, mais il s’avère très bon, notamment quand les cuivres viennent accentuer l’ensemble. Le morceau qui suit, Jūkinzokusei no Onna, dégage beaucoup d’énergie. Sheena a laissé le blouson et se trouve maintenant en t-shirt avec une guitare entres les mains. Des chants bouddhistes précèdent la composition très rock de ce morceau. « Heavy metallic am I », nous chante elle pendant ce morceau qui s’appelait initialement The Heavy Metalic Girl. Sheena Ringo l’avait écrit pour la bande originale intitulée Doku Ichigo de la pièce de théâtre Egg de Noda Map. Comme je l’expliquais en détails dans un précédent billet, la version originale du morceau était chanté en japonais, tandis que la version sur Reimport vol.2 interprétée lors de ce concert est en anglais.

On approche maintenant du dernier tiers du concert. Sheena et le groupe Mangarama interprètent tout de même 24 morceaux lors de ce concert. Le morceau suivant, Shizuka Naru Gyakushū, voit Sheena jouer de la guitare acoustique, ce qui est plutôt rare. Il s’agit d’un morceau sorti officiellement sur l’album Hi Izuru Tokoro, mais qu’elle a écrit il y a très longtemps à ses debuts sous le titre Kudamono no Heya (果物の部屋). Sur Kareinaru gyakushū (c’est la série des counterback), l’ambiance devient plus pop et les petits drapeaux distribués aux spectateurs sont de sortie. Sheena est particulièrement souriante en entraînant le public avec elle sur des mouvements de drapeaux exagérément amples. L’ambiance se détend toujours un peu lorsqu’on approche de la fin des concerts, comme si la pression commençait à tomber progressivement. Sur Kodoku no Akatsuki, j’aime bien la manière dont la voix de Sheena pousse vers des pointes aiguës. Elle reste à la guitare sur le morceau suivant Jiyū e Michizure, mais la vitesse du morceau semble plus rapide que la normale. Nagoshi est très rapide à la guitare et Sheena pousse le rythme en chantant rapidement avec beaucoup d’énergie. Ce morceau fonctionne excellemment bien. On arrive au morceau final, Jinsei ha Yume darake, qui est un morceau que j’adore et qui révèle tout son talent d’écriture musicale. Il s’agit du single principal de l’album Reimport vol.2 et il est forcément très attendu. Sheena donne beaucoup de force dans sa voix, ce qui donne des frissons. Le public est très réceptif et nous fait entendre son appréciation. Il s’agit à mon avis d’un des grands moments du concert!

Sheena quite ensuite la scène mais reviendra, habillée d’un kimono très formel de couleur verte, pour les rappels avec 3 morceaux. Le détail amusant est que les membres du groupe reviennent scène avec des noms modifiés. Yukio Nagoshi devient ainsi 754 (l’interprétation en chiffre de son nom, syllabe par syllabe: Na = 7, Go = 5 et Shi = 4). Sheena devient bien entendu 417, mais le nouveau nom de Masayuki Hiizumi en Zumori a une origine qui est pour moi beaucoup plus floue. Hiizumi annonce lui-même le démarrage des rappels avec une pointe d’humour dans le ton de sa voix. On le voit toujours sérieux et très concentré derrière ses claviers, donc ça fait plaisir de le voir plus décontracté comme à la (grande) époque de Tokyo Jihen Phase 1 (sur le concert Dynamite Out bien entendu). Le premier morceau des rappels est une version très arrangée de Marunouchi Sadistic chantée en anglais. Ça doit être le morceau de Sheena Ringo qui a eu le plus de versions et d’arrangements différents. Il est désormais trop classique pour étonner mais j’aime quand même beaucoup les petits pas de danse que Sheena ajoute au morceau. Elle reprend ensuite la guitare pour un autre grand classique de Hi Izuru Tokoro, à savoir Nippon. Ce morceau, initialement créé à la demande de la NHK pour supporter l’équipe de football japonaise, est mal-aimé des fans internationaux qui y voient des paroles nationalistes. J’ai toujours pensé que c’était une extrapolation incorrecte de ses intentions, car le langage sportif nous parle en général de bataille et d’un désir de voir son pays remporter la victoire. Adopter ce langage dans les paroles d’un morceau censé supporter l’équipe japonaise n’a rien de vraiment déplacé. Bref, ce morceau n’est certainement pas mon préféré mais le solo de guitare de Sheena penchée en arrière en kimono vaut de toute façon cent fois le détour. Le concert se termine sur un morceau plus calme mais à l’ambiance très rock. Yasei no Dōmei est un des très beaux morceaux de Reimport vol.2. À la toute fin du morceau, Sheena se courbe en avant très formellement pour faire un dernier remerciement au public pendant que Nagoshi nous envahit de ses sons de guitare. Elle montre à chaque fois un grand respect pour le public qui est venu la voir. J’ai toujours l’impression qu’elle remercie le public comme si c’était la dernière fois qu’elle montait sur scène. Mais on sait heureusement que ce concert n’était pas le dernier.

Je note ci-dessous pour référence ultérieure la liste des morceaux du concert Air Pocket (椎名林檎と彼奴等の居る真空地帯) de 2018:

1. Jinsei ha Omoidōri (人生は思い通り), B-side du single Carnation (カーネーション)
2. Oishii Kisetsu (おいしい季節) de la compilation Gyakuyunyū ~Koukūkyoku~ vol.2 (逆輸入 ~航空局~; Reimport, Vol. 2 ~Civil Aviation Bureau~)
3. Irokoizata (色恋沙汰) de l’album Sanmon Gossip (三文ゴシップ)
4. Gibs (ギブス) de l’album Shōso Strip (勝訴ストリップ)
5. Ishiki (意識) de l’album Kalk Samen Kuri no Hana (加爾基 精液 栗ノ花)
6. Nature Boy (真理の人), reprise d’un morceau de Nat King Cole sorti en 1948
7. JL005-bin de (JL005便で) de l’album Hi Izuru Tokoro (日出処)
8. Shōjo Robot (少女ロボット) de la compilation Gyakuyunyū ~Koukūkyoku~ vol.2 (逆輸入 ~航空局~; Reimport, Vol. 2 ~Civil Aviation Bureau~)
9. Benkai Debussy (弁解ドビュッシー), de l’album Shōso Strip (勝訴ストリップ)
10. Yokushitsu (浴室) de l’album Shōso Strip (勝訴ストリップ)
11. Usurahishinjū (薄ら氷心中) de la compilation Gyakuyunyū ~Koukūkyoku~ vol.2 (逆輸入 ~航空局~; Reimport, Vol. 2 ~Civil Aviation Bureau~)
12. Anya no Shinjū tate (暗夜の心中立て) de la compilation Gyakuyunyū ~Koukūkyoku~ vol.2 (逆輸入 ~航空局~; Reimport, Vol. 2 ~Civil Aviation Bureau~)
13. Kareha (枯葉), reprise du morceau Les feuilles mortes écrit par Jacques Prévert et composé par Joseph Kosma, présent sur l’album Utaite Myōri: Sono Ichi (唄ひ手冥利 ~其ノ壱~)
14. Memai (眩暈), B-side du single Koko de Kiss Shite. (ここでキスして。)
15. Otona no Okite (おとなの掟) de la compilation Gyakuyunyū ~Koukūkyoku~ vol.2 (逆輸入 ~航空局~; Reimport, Vol. 2 ~Civil Aviation Bureau~)
16. Jūkinzokusei no Onna (重金属製の女) de la compilation Gyakuyunyū ~Koukūkyoku~ vol.2 (逆輸入 ~航空局~; Reimport, Vol. 2 ~Civil Aviation Bureau~)
17. Shizuka Naru Gyakushū (静かなる逆襲) de l’album Hi Izuru Tokoro (日出処)
18. Kareinaru gyakushū (華麗なる逆襲) de la compilation Gyakuyunyū ~Koukūkyoku~ vol.2 (逆輸入 ~航空局~; Reimport, Vol. 2 ~Civil Aviation Bureau~)
19. Kodoku no Akatsuki (孤独のあかつき) de l’album Hi Izuru Tokoro (日出処)
20. Jiyū e Michizure (自由へ道連れ) de l’album Hi Izuru Tokoro (日出処)
21. Jinsei ha Yume darake (人生は夢だらけ) de la compilation Gyakuyunyū ~Koukūkyoku~ vol.2 (逆輸入 ~航空局~; Reimport, Vol. 2 ~Civil Aviation Bureau~)
22. Marunouchi Sadistic (丸ノ内サディスティック), version largement modifiée et en anglais du morceau de l’album Muzai Moratorium (無罪モラトリアム)
23. NIPPON de l’album Hi Izuru Tokoro (日出処)
24. Yasei no Dōmei (野性の同盟) de la compilation Gyakuyunyū ~Koukūkyoku~ vol.2 (逆輸入 ~航空局~; Reimport, Vol. 2 ~Civil Aviation Bureau~)

le jour du sake vert à Kyōtei

Le ryokan et restaurant Kyōtei (京亭) que je montre en photographies ci-dessus est situé dans la petite ville de Yorii dans la préfecture de Saitama et a été utilisé comme lieu de tournage de la vidéo du morceau Ryokushu (緑酒) de Tokyo Jihen, sortie le 13 Mai 2021, quelques jours avant l’album Music (音楽). La beauté de cette vidéo réalisée comme d’habitude par Yuichi Kodama m’avait tout de suite interpelée au point où j’avais tout de suite recherché sur internet quelle était cette vieille demeure servant de lieu de retrouvailles pour les membres de Tokyo Jihen. Le single Ryokushu a eu beaucoup de succès et est un des morceaux emblématiques de l’album Music et de Tokyo Jihen, non seulement pour la qualité du morceau en lui-même mais aussi, je pense, grâce à cette vidéo (cette vidéo est de très loin la préférée du fan club Ringohan) . Aux yeux des fans, voir le groupe se retrouver dans une ambiance joviale marque réellement la réformation du groupe après 8 longues années d’inactivité. Cette vidéo a par conséquent une signification particulière qui m’a depuis le début donné envie d’y aller. Il m’a fallu un peu de temps pour me décider mais cette Golden Week semblait être le bon moment. Nous n’avions pas dans l’idée d’y passer une nuit mais plutôt d’y déjeuner. Je téléphone d’abord quelques jours avant notre visite pour réserver une table, en pensant que ça devait être déjà pleinement réservé depuis longtemps en cette période de vacances, sachant que le ryokan se trouve dans une zone plutôt touristique à proximité de Nagatoro dans la région montagneuse de Chichibu. Par une chance inespérée, une table restée libre nous attendait. Réservation faite pour 12h30, nous voilà partis le Mercredi 4 Mai vers 9h30 du matin.

Un trajet normal depuis le centre de Tokyo jusqu’à ce coin reculé de Saitama par l’autoroute Kan-Etsu (関越道) prend normalement de 1h30 à 2h. En partant assez tôt, on pensait pouvoir se promener au bord de la rivière Arakawa près du ryokan avant d’aller déjeuner. C’était sans compter les aléas de la Golden Week, qui est, d’autant plus, « normale » cette année, c’est à dire sans état d’urgence incitant les gens à rester chez eux. Il nous aura fallu trois heures de route pour arriver jusqu’à Yorii, en changeant de stratégie en cours de route, alternant autoroute encombrée et routes nationales tout aussi encombrées. Depuis quelques mois, voire plus d’un an, j’ai développé une capacité d’attente et de prise sur soi que je n’avais pas auparavant. Je suis maintenant en mesure d’attendre au milieu d’une file de voitures qui n’avancent pas avec le sourire. Contrairement à ce que pensait Mari, je n’ai pas volontairement passé en boucle en voiture l’album Music sur lequel se trouve Ryokushu, car je ne voulais pas associer dans mon esprit la musique de cet album avec des embouteillages interminables. Mais la radio a pris le relai en le passant soudainement, ce qui m’a d’ailleurs surpris car le morceau sorti l’année dernière n’est plus tout à fait récent. L’animatrice radio se trompe d’ailleurs dans le titre en annonçant le morceau avec le nom « Midori no Sake » (緑酒, Sake vert) plutôt que Ryokushu, qui est en fait une autre manière de prononcer les mêmes kanji. Je comprends à ce moment là que c’était volontaire car nous sommes aujourd’hui, le 4 Mai, le jour du Vert (autrement dit, de la nature) ou « Midori no Hi », et que la station de radio que nous écoutons à ce moment là sélectionnait volontairement des morceaux ayant un lien avec la couleur verte. Je me dis que nous avons très bien choisi notre journée pour cette visite des lieux du tournage de Ryokushu. Nous arrivons sur place à 12h30 exactement, ce qui démontre de ma part une maitrise parfaite du timing. Je reconnais tout de suite l’entrée de ryokan que l’on voit dès le début de la vidéo. Une dame nous accueille et nous amène jusqu’à la pièce où nous mangerons.

Kyōtei était autrefois la demeure de Kōka Sassa (佐々紅華), compositeur japonais né en 1886 et mort en 1961. Il a composé de nombreuses chansons, écrit le scénario d’un opéra mais était à l’origine graphiste, diplômé du département de design industriel de l’école Tokyo Institute of Technology (le campus actuel se trouve près de la station d’Ōokayama à Tokyo). Comme il était mélomane depuis son plus jeune âge, il a également passé les examens de l’académie de musique de Tokyo (actuellement le département musique de l’université des Beaux Arts), mais n’a pas poursuivi cette voie. Son attrait constant pour la musique l’a pourtant poussé vers des travaux de design destinés au monde de la musique. Il a d’ailleurs dessiné un logo intéressant pour la compagnie de disques Nipponophone (日本蓄音器商会) fondée en 1910 (et sous le nom actuel Nippon Columbia), représentant un bouddha écoutant un gramophone, inspiré par le chien du label musical His Master’s Voice (HMV ou La Voix de son Maître, historiquement dans le groupe anglais EMI). En 1913, Kōka Sassa se lança dans l’écriture de comptines puis en 1917 écrit un opéra se produisant à Asakusa. Il a ainsi fondé l’opéra d’Asakusa. Il continuera ensuite à écrire des chansons au sein de Nippon Victor puis Nippon Columbia. En 1931, commence la construction de sa maison de style sukiya à Tamayodo dans la ville de Yorii, l’actuel ryokan Kyōtei. Il en dessine les plans et supervise la construction en vivant sur place dès l’année suivant le début des constructions. Il faudra en tout cinq années pour construire le bâtiment actuel. Il a vécu dans cette maison jusqu’à sa mort le 18 Janvier 1961. Après sa mort, sa petite fille, Yasue Sassa, devient propriétaire et convertit cette résidence en un ryokan. Des personnalités viendront y séjourner, comme par exemple l’auteur Shōtarō Ikenami (池波正太郎).

Le bâtiment semble être entièrement préservé en l’état avec seulement quelques aménagement récents, ce qui donne à ce ryokan beaucoup de charme. J’imagine que préserver un bâtiment de cette taille ne doit pas être aisé. Le rez-de-chaussée sert de salles de restaurant. Il n’y a qu’un seul menu, avec des variations, à base de poisson Ayu cuisiné de différentes manières. Le repas était excellent, d’autant plus que l’on déjeune en ayant une vue sur le jardin, en regardant la lumière du printemps traverser les jeunes feuilles d’érable momiji. Cette ambiance paisible est bien agréable comme si le temps s’arrêtait pour un après-midi. Sur le site web du ryokan, il est d’ailleurs écrit qu’il s’agit d’un espace pour oublier le temps (時間を忘れて過ごす空間). Au cours du repas, il fallait bien qu’on lance le sujet de cette vidéo de Tokyo Jihen avec les dames du personnel du ryokan pour voir si elles étaient disposées à en parler. Le fait de mentionner que j’étais fan de Sheena Ringo et de Tokyo Jihen (Mari prend toujours un malin plaisir à dire que je suis même membre du fan club) leur apporta même un enthousiasme certain. On nous a donc très volontiers donné quelques détails. On nous dit que le tournage s’est déroulé en une seule journée, le dimanche 25 Avril 2021, avec une équipe de tournage très bien organisée de 60 personnes. La propriétaire du ryokan, qui vient nous servir pendant la deuxième partie du repas, nous explique qu’elle avait d’abord eu des réticences car elle ne voulait pas fermer le restaurant et le ryokan pour une journée entière, mais que la période de crise sanitaire qui a vu une accumulation soudaine d’annulations de réservation a finalement permis ce tournage. Elle nous indique de la main les différents endroits où le tournage a eu lieu: le bain utilisé par Ichiyō Izawa, qui a été refait depuis, le coin de jardin où Ukigumo nous dit qu’il aurait dû venir en train vers la fin de la vidéo et le deuxième étage où les scènes principales ont été tournées. La propriétaire nous indique qu’on pourra visité ce deuxième étage après le dessert et avant l’arrivée à 15h des clients qui y passeront la nuit. J’ai du mal à tenir en place lorsqu’elle nous indique qu’on pourra visiter librement le ryokan pendant presqu’une heure. Elle nous dit que de nombreux fans de Sheena Ringo et de Tokyo Jihen sont déjà venus ici, parfois habillés du yukata du groupe. Certains sont venus de loin, de l’autre bout du pays, prenant l’avion pour l’occasion avec une petite valise pour se changer en arrivant. Je ne suis pas du tout étonné de cela car les fans de Sheena Ringo peuvent aller très loin. Comme signe distinctif, je me suis personnellement contenté d’un petit badge bleu de Tokyo Jihen accroché sur le col de la chemise. La propriétaire le regarde en constatant qu’il s’agit bien du motif de paon (孔雀) qu’elle a vu sur certains yukata de visiteurs. Ce ryokan deviendrait pratiquement un lieu de pèlerinage pour les fans. J’ai moi-même ressenti cette envie irrésistible de venir jusqu’ici malgré le long trajet aller-retour en voiture.

Après le dessert, nous montons donc à l’étage où je retrouve la salle principale en tatami dans laquelle Tokyo Jihen prenait leur repas de retrouvailles accompagné de beaucoup de sake. La vue depuis cette pièce est magnifique. On aperçoit le jardin japonais en contrebas et la rivière Arakawa un peu plus bas. Dans la vidéo, Toshiki Hata nourrissait les carpes koi dans le bassin de ce jardin japonais. Je ne résiste pas à l’envie de m’asseoir au coin des fenêtres prenant la pose de Seiji Kameda lorsqu’il boit un verre de sake en attendant que les autres membres du groupe arrivent, ou de m’assoir à la place de Sheena Ringo sur le tatami de la grande salle au deuxième étage. On avait bien entendu revu la vidéo avant de venir et j’essaie au mieux de prendre des photos des endroits que je reconnais. Il n’y avait bien sûr aucun tissu au design de Tokyo Jihen comme sur la vidéo, ni guitares Vox Phantom posées dans un coin. La météo était idéale pour se promener dans le jardin japonais et nous faisons durer notre plaisir jusqu’au bout. Je m’attendais à ce qu’un chat vienne nous dire bonjour, et c’était en effet le cas pendant le repas. Il est passé nous voir en miaulant et à vite disparu dans le jardin. C’est amusant car j’avais eu ce genre de signe (qui est bien entendu une coïncidence) lors de la visite du temple Kishimojin-dō à Zōshigaya utilisé comme lieu de tournage pour Kabukichō no Jōo. On a un peu de mal à partir mais il est déjà l’heure. Nous descendons ensuite au bord de la rivière. Le lieu s’appelle Tamayodo (玉淀). Une bonne partie de la vidéo de Ryokushu y a également été tournée. Je reconnais le grand rocher de l’autre côté de la rivière que l’on voit dans la vidéo. Il doit également y avoir un cerisier au bord de cette rivière mais je ne l’ai malheureusement pas vu. Avec toutes ces images en tête, il nous faudra bientôt reprendre la route, avec l’album Music comme fond sonore. Malgré mes appréhensions car nous avons quitté les lieux à l’heure de pointe des retours vers 17h, il nous a fallu que deux heures pour rentrer sur Tokyo. Il est en fait beaucoup plus rapide de venir en train car il y a une ligne directe reliant Ikebukuro et Yorii en 90 minutes. J’ai pris beaucoup de photos de cette journée et c’était un peu compliqué de faire une sélection. Je montre d’ailleurs quelques autres photos sur mon compte Instagram, ce qui m’a d’ailleurs forcé pour l’occasion à écrire une description un peu plus longue que d’habitude. J’ai tendance à être très bref sur Instagram alors que je dois avoir plus de visiteurs que sur ce blog.

Pour la petite histoire, l’idée d’aller visiter le ryokan Kyōtei m’est revenu en tête après avoir vu la vidéo du morceau Matsuri (まつり) de Fujii Kaze (藤井風). Elle se déroule dans un parc qui a l’air magnifique appelé Rinkōkaku (臨江閣) près de Maebashi dans la préfecture de Gunma. Voir Kaze évoluer dans un des bâtiments traditionnels en bois du parc m’a en quelque sorte rappelé la vidéo de Ryokushu. Je pense que j’aime autant ce morceau Matsuri que je trouve Fujii Kaze agaçant. L’envie d’écouter ce morceau m’est aussi venu après avoir vu une interview de son producteur Yaffle par un autre producteur, Seiji Kameda, sur l’émission Wow Music que j’ai déjà évoqué plusieurs fois auparavant. J’ai également lu une très bonne interview en anglais de Yaffle par Patrick Saint Michel, sur le site de Billboard. Cette dernière interview contenait un lien vers la vidéo du morceau Matsuri de Fujii Kaze. Ce morceau a fait partie de ma playlist pour les trajets en voiture pendant cette Golden Week, tout comme l’excellent morceau intitulé Plateau (プラトー) de Sakanaction (サカナクション). Je ne suis pas sûr d’écouter leur album en entier mais la manière de chanter les couplets d’Ichirō Yamaguchi sur ce morceau me fascine complètement. Et le petit passage saccadé de guitare au milieu du morceau me rappelle ce que Kida pourrait jouer sur un morceau de Tricot.

Et pour revenir vers Tokyo Jihen, j’inclus également dans ma playlist la nouvelle version du morceau Shiseikatsu (私生活 新訳版) de leur troisième album Variety (娯楽 バラエティ) sorti en 2006. Les musiques de cette nouvelle version sont différentes de la version originale mais il ne s’agit pas non plus d’un remodelage complet du morceau. On peut légitimement se demander la raison de la sortie soudaine, le 1er Mai, de cette nouvelle version. Au moment de la sortie du Best Album Sōgō (総合), Tokyo Jihen avait en fait joué ce morceau le 24 Décembre dans l’émission Music Station Ultra Super Live 2021 (ウルトラスーパーライブ2021), d’où l’envie peut être de sortir cette version de manière officielle. Cette version retravaillée n’est pas meilleure que l’originale, mais je me surprends à beaucoup l’apprécier et l’écouter au milieu de ma playlist juste avant le morceau Matsuri de Fujii Kaze. Je prends en quelque sorte l’habitude de faire cohabiter Tokyo Jihen avec Fujii Kaze car on pourrait s’attendre à une collaboration si Sheena Ringo prend en compte les avis du fan club lors de la dernière enquête (j’en doute personnellement, mais je peux me tromper). L’illustration du single montrant la tour de Tokyo est empruntée au livre Tokyo Kenbutsu (東京見物) de feu Makoto Wada (和田誠). Je ne suis pas vraiment surpris que Sheena Ringo fasse ce choix. Makoto Wada était également le designer du packaging de Hi-lite, qui est (ou était) sa marque de cigarettes depuis toujours. J’en parlais rapidement dans un billet précédent au moment de la sortie du morceau Hotoke dake Toho (仏だけ徒歩) et de sa vidéo.

glass walls and mirror effect

Je me suis rendu jusqu’au quartier de Kioichō (紀尾井町) à vélo pour aller voir le bâtiment des trois premières photographies. Ce élégant bloc de béton entouré de murs de verre, conçu par l’architecte Hiroshi Naito, se nomme Kioiseido (紀尾井清堂). Je l’ai tellement vu en photo dans mon fil de suivi Instagram, principalement orienté architecture japonaise, il faut bien dire, que je n’ai pas résisté à l’envie d’aller le voir de mes propres yeux. On peut apparemment visiter l’intérieur qui est superbe selon les photos que j’ai pu en voir, mais il faut certainement réserver. Le building était de toute façon fermé au moment de mon passage. La fonction du bâtiment est très mystérieuse, tout comme cette partie d’escalier se dégageant soudainement du bloc de béton pour se montrer à l’extérieur. Le béton laissé d’apparence brute se mélange avec des surfaces de bois très élégantes et le verre qui se place comme une surface protectrice. Pendant que je fais le tour du bâtiment à pieds en prenant des photos, la roue avant de mon vélo a la bonne idée de crever. Je ferais donc le chemin du retour à pieds en le poussant d’une main et en prenant des photos de l’autre, en passant devant la grande tour Tokyo Garden Terrace Kioichō (東京ガーデンテラス紀尾井町) et ses fleurs immortelles par l’artiste Shinji Ohmaki (大巻伸嗣), puis en traversant le pont Benkeibashi (弁慶橋) qui surplombe un petit plan d’eau où se sont regroupés quelques pêcheurs. En remontant ensuite la grande avenue d’Aoyama, je vois un des premiers cerisier en fleur devant le sanctuaire Toyokawa Inari.

Précisons que ces photographies ont été prises bien avant le pic de floraison des cerisiers à Tokyo. J’ai également une série de photos de cerisiers en fleurs à montrer sur ce blog, mais j’ai pris un peu de retard dans le rythme de publication de mes billets et la floraison semble déjà être un lointain souvenir que j’oublierais presque. Quelques soucis sur WordPress ne m’ont pas non plus aidé à avancer plus vite et m’ont même contraint à faire une mise à jour de la template du blog. Je ne loupe bien sûr aucune mise à jour de WordPress, mais je suis beaucoup plus hésitant quand aux mises à jour des templates, car cela signifie qu’il faut que je réajuste toutes mes configurations CSS (autres autres). Ceci explique quelques changements comme le lien commentaire près du titre. Je pense que vais le laisser finalement, bien que je pense pas que ça attire plus de commentaires qu’actuellement.

Voir récemment le film Mellow de Rikiya Imaizumi (今泉力哉) dans lequel l’actrice et chanteuse Rie Tomosaka (ともさかりえ) jouait un second rôle m’a rappelé que je n’avais jamais vraiment écouté les morceaux que sa copine Sheena Ringo avait écrit et composé pour elle. Sheena Ringo a écrit plusieurs morceaux pour Rie Tomosaka, dont les plus connus sont Cappuccino (カプチーノ) et Shōjo Robot (少女ロボット). Sheena les a d’ailleurs repris en versions retravaillées plusieurs années plus tard dans les compilations de reprises de ses propres morceaux de la série Reimport (Cappuccino sur Reimport vol.1 逆輸入 〜港湾局〜 en 2014 et Shōjo Robot sur Reimport vol.2 逆輸入 〜航空局〜 en 2017). Rie Tomosaka démarra sa carrière d’actrice en 1992 puis de chanteuse en 1996, deux années avant les débuts de Sheena Ringo. J’imagine que le rapprochement s’est fait car elles sont toutes les deux chez Toshiba Emi et ont à peu près le même âge (Tomosaka a un an de moins). Cappuccino, sorti en single le 27 Janvier 1999, n’est pas le premier morceau que Sheena Ringo a écrit pour une autre chanteuse. Le premier est le morceau Private (プライベイト) qu’elle a écrit pour l’actrice et chanteuse Ryōko Hirosue. Ce morceau est sorti le 7 Octobre 1998 en B-side de son cinquième single intitulé Jeans (ジーンズ), puis sur son album intitulé Private sorti en 1999. Ryōko Hirosue n’est pas à mon avis une grande chanteuse et les arrangements musicaux du morceau sont maintenant un peu datés. J’écoute le morceau comme une curiosité mais je préfère quand même grandement la version que Sheena ré-enregistrera sur Reimport vol.1, qui conserve le pétillant du morceau original mais avec bien entendu la voix de Sheena. Chronologiquement parlant, Private est sorti après les deux premiers singles de Sheena Ringo, Kōfukuron (幸福論) sorti le 27 Mai 1998 et Kabukichō no Jōo (歌舞伎町の女王) sorti le 9 Septembre 1998, mais avant son premier album Muzai Moratorium (無罪モラトリアム) sorti le 24 Février 1999.

Le morceau Cappuccino écrit pour Rie Tomosaka est sorti environ un mois avant Muzai Moratorium, le 27 Janvier 1999. La voix de Tomosaka n’a pas la singularité et la force de celle de Sheena Ringo, mais est tout à fait appréciable. Sheena a en fait écrit au moins 8 morceaux pour Rie Tomosaka. Le single Cappuccino est accompagné d’un autre morceau en B-side, intitulé Mokuren no Cream (木蓮のクリーム) également écrit et composé par Sheena. Ces deux morceaux seront présents avec un autre intitulé Shampoo (シャンプー) sur le deuxième album Murasaki. (むらさき。) sorti le 24 Février 1999, le même jour que Muzai Moratorium. Cette simultanéité, comme un effet miroir, est très intéressante, et ne m’étonne pas beaucoup connaissant Sheena Ringo. Je n’ai pas encore écouté l’album Murasaki. mais j’aimerais bien le trouver (il ne se vend plus au Tower Records et je ne l’ai pas trouvé au Disk Union de Shibuya). Je ne connais que les trois morceaux écris et composés par Sheena, que j’écoute beaucoup ces derniers temps. Le morceau Shampoo est plus léger et je le trouve un peu moins intéressant. Sheena l’a écrit alors qu’elle avait 17 ans et qu’elle était au lycée. On trouve d’ailleurs déjà une version de Shampoo sur ses cassettes démo datant de ses années lycées (ces cassettes démo est un autre sujet sur lequel je reviendrais certainement dans un prochain billet). Les deux autres morceaux Cappuccino et Mokuren no Cream sont par contre très bons. Il faut d’ailleurs noter que ces trois morceaux sont arrangés par un certain Seiji Kameda, qui arrange d’ailleurs la moitié de l’album Murasaki.

J’écoute aussi beaucoup le EP de Shōjo Robot de Rie Tomosaka, sorti le 21 Juin 2000. Sheena Ringo écrit, compose et produit les trois morceaux de cet EP, à savoir le single Shōjo Robot (少女ロボット) et les deux B-side Ikenaiko (いけない子) et Nippon ni Umarete (日本に生まれて). Plutôt que d’utiliser son nom en kanji (椎名林檎), son nom est écrit en katakana dans les crédits (シーナ・リンゴ). C’était également le cas pour les morceaux précédents écrits pour Ryōko Hirosue et Rie Tomosaka, comme pour faire une différentiation avec les morceaux qu’elle interprète elle-même. Sheena avait une certaine habitude à cette époque d’écrire son nom de différentes façons, comme Shéna Ringo. Sheena est également créditée pour les photographies de la couverture du EP, qu’elle a peut-être prise avec son Canon F-1 qui l’accompagne souvent à cette époque. Les deux photos ci-dessus montrent d’ailleurs Sheena Ringo et Rie Tomosaka portant cet appareil à la main. Le EP de Shōjo Robot sort trois mois après le deuxième album de Sheena Ringo, shōso Strip (勝訴ストリップ), et on trouve une grande similarité de style. Je verrais même Shōjo Robot de Rie Tomosaka comme une extension de shōso Strip, tant on y retrouve les mêmes ambiances pleines de distorsion et le mélange hétéroclite de sons. Le style de cet EP contraste avec les morceaux à l’esprit beaucoup plus pop de l’album Murasaki. On sent que Sheena y a très fortement laissé son empreinte, jusqu’au roulement de « r » de Tomosaka à un moment particulier du troisième morceau Nippon ni Umarete. Ce morceau est certainement le plus poignant émotionnellement et c’est ce morceau qui m’a poussé à acheter le EP, trouvé d’occasion sur Mercari pour la modique somme de 350 Yens. En fait, je connaissais déjà ce morceau car Sheena Ringo l’avait interprété dans les rappels de son fabuleux concert Zazen Xstasy (座禅エクスタシー) le 30 Juillet 2000. En relisant le rapport que j’avais écrit sur ce live vu en DVD, je me souviens avoir été impressionné par ce morceau final. Elle a également repris le morceau Ikenaiko lors du concert Gekkō Kuon Taizu (激昂クヲンタイヅ) le 25 Novembre 2000, mais il n’existe pas de vidéo à ma connaissance (seulement une version audio bootleg trouvable sur Internet). Sur les morceaux de cet EP de Rie Tomosaka, Sheena joue du piano au sein d’une formation qu’elle a appelé Ikenai-kotachi (いけない子達 – bad kids), pour reprendre le titre du deuxième morceau. Je trouve d’ailleurs la manière dont elle joue du piano sur le morceau Ikenaiko très distinctive. On devine tout de suite qu’elle est au piano sur ce morceau, mais ça m’a d’abord paru moins évident sur le troisième Nippon ni Umarete, avec son final au piano et guitare plus expérimental. J’ai d’abord cru que Masayuki Hiizumi jouait (H Zett M) sur ce morceau. Outre Rie Tomosaka au chant et Sheena Ringo au piano, le groupe éphémère Ikenai-kotachi se compose également de Hisako Tabuchi (田渕ひさ子) à la guitare, Eikichi Iwai (岩井英吉) à la basse et Rino Tokitsu (時津梨乃) à la batterie. Hisako Tabuchi du groupe Number Girl a fait ensuite partie du groupe Hatsuiku Status (発育ステータス) pour la tournée Gokiritsu Japon (御起立ジャポン) de Sheena Ringo qui a démarré juste après la sortie du EP Shōjo Robot (du 27 Juin au 8 Juillet 2000). Le bassiste Eikichi Iwai avait déjà joué sur la tournée des Universités, appelée Manabiya Ecstasy (学舎エクスタシー) en 1999. Il n’y a pas de vidéos officielles mais une version bootleg de ce concert est visible sur Internet. Rino Tokitsu semble aussi être proche de Sheena à ses débuts après être montée à Tokyo (vers l’âge de 18 ans). Le morceau Shōjo Robot a également été repris par Tokyo Jihen plusieurs années plus tard lors de la tournée Domestic! Just Can’t Help It du 7 Avril au 30 Mai 2005. Bref, on a l’impression que Sheena Ringo a donné à Rie Tomosaka des morceaux qui lui sont chers.

Une vidéo est également sortie pour le single Shōjo Robot, réalisée par Shūichi Banba (番場秀一). Il a réalisé plusieurs autres vidéos pour Sheena Ringo, celles de Gips (ギブス), Mayonaka ha Junketsu (真夜中は純潔), Ringo no Uta (りんごのうた), STEM, Shuraba (修羅場) pour Tokyo Jihen, entre autres. Shūichi Banba est également le réalisateur du film Hyakuiro Megane (百色眼鏡) qui précédait d’un mois la sortie de l’album KSK (加爾基 精液 栗ノ花). La vidéo n’est jamais sortie en DVD et on ne l’a trouve même pas sur YouTube, ce qui est plutôt étonnant. On peut par contre la voir sur le site de vidéos Nico Nico Dōga (ニコニコ動画), mais la qualité de l’image est très moyenne. Sheena Ringo est présente sur cette vidéo. Autour de Rie Tomosaka qui chante, elle joue de tous les instruments. Sur la vidéo comme sur la pochette du EP, conçue par le designer graphique Yutaka Kimura (木村豊) de Central67 (fidèle designer de Sheena Ringo et Tokyo Jihen), on constate la notation des initiales TR/SR qui doit faire référence au nom de Tomosaka Rie (TR) et au titre du EP Shōjo Robot (SR). Mais dans le SR, je ne peux m’empêcher de voir les initiales de Sheena Ringo. L’intérieur du boîtier cartonné du CD contient une photo qui couvre les deux surfaces internes. On peut à peine voir cette photo à moins de découper au ciseau une des arêtes, mais on devine les visages de Rie Tomosaka et de Sheena Ringo. Enfin, je ne suis pas sûr qu’il s’agisse vraiment du visage de Sheena Ringo car j’ai un peu de mal à la reconnaître sauf qu’elle a bien un point de beauté au bon endroit sur le visage. Ces deux photos se faisant face à l’intérieur du boîtier me refont penser à cette image du miroir que je mentionnais auparavant. Cette duplicité est particulièrement intéressante.