windowed sky

Je termine ma petite série de photographies de la tour Shibuya Scramble Square par une partie de l’intérieur au dernier étage de la tour. On peut faire le tour de l’étage jusqu’à un café restaurant. Cet espace délimité par des murs peints en noir sert de galerie et on pouvait y voir quelques photographies de Naoki Ishikawa de sa série sur le mont Everest qu’il gravit plusieurs fois. Il y a assez peu de photos montrées et on se demande s’il s’agit vraiment d’une exposition, ce qui était un peu dommage car l’espace aurait pu être mieux utilisé. De Naoki Ishikawa, je me souviens d’une exposition intitulée Archipelago que nous avions vu à Nasu-Shiobara en Octobre 2010 et qui prenait pour sujet les îles au Sud et au Nord du Japon sans considération des frontières mais en montrant plutôt le folklore insulaire. Relire le petit texte que j’avais écrit à l’époque me donne envie de ressortir de notre bibliothèque le livre de photographies sur cette exposition, que j’avais acheté de retour à Tokyo. Plus que ses photographies de montagnes (il a également publié un livre de photographies sur le Mont Fuji), je préfère quand Naoki Ishikawa nous montre les îles et leurs habitants. Si une nouvelle exposition montrant les photographies d’Archipelago se montrait à Tokyo, j’irais très volontiers la revoir. Pour les photographies que je prends pour ce billet, je m’inspire d’un autre photographe japonais dont je parle aussi souvent ici, Masataka Nakano. Il a photographié une série intitulée Tokyo Windows, dont j’ai aussi le livre à la maison, montrant des vues de Tokyo à travers le cadre des fenêtres ou des portes vitrées. Je suis aussi très attiré par ce format que j’expérimente de temps en temps, ici à travers les baies vitrées de la tour cadrant une vue panoramique de Tokyo, que ça soit Shinjuku derrière la grand parc de Yoyogi ou Roppongi avec les tours de Tokyo Mid Town, Roppongi Hills et la tour de Tokyo. Je ne suis pas mécontent de ce résultat. La dernière photographie est prise au pied de Shibuya Scramble Square sur la nouvelle passerelle piétonne circulaire, en sandwich entre le carrefour de la route 246 avec l’avenue Meiji en dessous et l’autoroute intra-muros au dessus. J’aime beaucoup la manière dont le cadre tubulaire de la toiture vient projeter son ombre sur les surfaces blanches arrondies conservées de l’ancienne gare de Shibuya.

Je reviens maintenant vers la musique d’Iri que j’avais découvert l’année dernière avec son album Shade dont j’avais parlé dans un précèdent billet. Iri a réalisé un nouvel album au mois de Mars de cette année, intitulé Sparkle, dont j’écoute très souvent quelques morceaux, en particulier celui titre Sparkle et 24-25. Iri est une des plus belles voix pop japonaises et je m’étonne qu’elle ne soit pas plus présente dans les médias, comme LiSA par exemple dont je parlais dans le billet précédent. Ces deux morceaux sont immédiatement accrocheurs mais on ne se lasse pas de les écouter. J’y ressens une certaine énergie positive qui fait du bien et qui me fait y revenir très régulièrement. J’écoute d’ailleurs souvent ces deux morceaux à la suite du morceau I think I’m falling de Kohh dont je parlais également précédemment. C’est une petite playlist aux accents hip-hop, qui est un style m’attirant beaucoup ces derniers jours. La photo ci-dessus est extraite de la vidéo du morceau Sparkle. Le petit bémol, bien qu’il n’affecte pas la qualité du morceau, est qu’il faut faire abstraction du fait que cette vidéo joue aussi le rôle de publicité pour les écouteurs Bluetooth Sony qui sont par conséquent un peu trop présents dans la vidéo.

opened sky (1)

Je n’avais à priori pas l’intention d’aller tout en haut de la nouvelle tour Shibuya Scramble Square, car le prix de la visite est assez élevé pour une simple vue sur Tokyo depuis les hauteurs d’un building, mais je ne regrette pas d’y être allé. Ma curiosité aura été trop forte, d’autant plus que de bonnes conditions se présentaient pour y aller sereinement. J’y suis allé en semaine, plutôt que le week-end, pendant ma semaine de congé, ce qui m’a permis d’éviter la foule. La période actuelle où il n’y a aucun touriste à Tokyo est très particulière et ne se représentera peut être jamais. La météo n’étant pas clémente pendant la saison des pluies, les journées où la pluie n’est pas au programme sont assez rares et je profite de la seule journée de beau temps qui s’annonce dans la semaine pour me décider à y aller. Il n’y a pas grand monde en haut de la tour (une vingtaine de personnes tout au plus) et encore moins dans l’ascenseur qui nous amène au toit à partir du 14ème étage de la tour. Il y a en fait plus de gardes en haut de la tour que de visiteurs. J’imagine qu’en temps normal, ça doit être la bousculade. L’effet est saisissant quand les portes de l’ascenseur s’ouvrent sur le toit, car toutes les parois sont vitrées et placées directement dans la prolongation des quatre façades du building. Depuis le toit de Shibuya, on doit avoir une des plus belles vues qui existent de Tokyo, celle de la première photographie du billet où l’on peut apercevoir le gymnase olympique de Kenzo Tange, datant de 1964 mais fraichement rénové pour les Jeux Olympiques de 2021 qui j’espère auront lieux. Derrière le gymnase, s’étend le parc Yoyogi et la forêt entourant Meiji Jingu et plus loin au fond, la barrière d’immeubles de Nishi-Shinjuku. On aperçoit également au premier plan, le nouveau parc en hauteur de Miyashita avec espace vert, terrain sportif, piste de skate board et un nouvel hôtel tout au bout.

Le morceau I Think I’m Falling de l’artiste hip hop Kohh est tellement addictif que je peux l’écouter en boucle plusieurs fois sans m’en lasser. Je n’ai pourtant pas encore passé le pas d’écouter l’album en entier car j’ai l’impression de ne pas encore avoir épuisé ce morceau là. Il s’agit du sixième morceau de son dernier album intitulé Worst et sorti un peu plus tôt cette année. C’est un des mes morceaux préférés de cette année, bien qu’il soit sorti l’année dernière, bien en avance de l’album. Je connais Kohh depuis sa collaboration avec Utada Hikaru sur un des morceaux les plus sombres de son album Fantôme, Bōkyaku (忘却 – Oubli).

見えなくても光る

Le billet précédent à Shibuya s’accompagne des photographies ci-dessus prises un peu avant chronologiquement, en route vers le centre de Shibuya. Après ces vacances en France, j’avais envie d’aller voir l’avancement des travaux à côté de la tour Shibuya Stream. Les travaux sont gigantesques mais les nouvelles tours qui vont naître ici bientôt n’ont pas encore poussé. La tour centrale de la station de Shibuya est par contre presque terminée et ouvrira le 1er novembre 2019. Elle a maintenant un nom affiché sur les façades, il s’agit de Shibuya Scramble Square. Le toit de la tour, à 230m de haut, sera ouvert sur l’extérieur, ce qui devrait donner une belle vue sur Shibuya. On peut être sûr par contre que l’accès sera payant.

Je découvre le morceau Hikari no Hate (光の涯) de Sugizo (de LUNA SEA) avec AiNA The End (de BiSH). Sugizo assure la partition musicale et AiNA le chant. Le morceau semble être destiné à la bande sonore d’un film d’animation Gundam appelé Origin. Je ne suis pas du tout familier de l’univers de Gundam (Je devrais peut être regarder à l’occasion). Une recherche rapide sur Wikipedia m’indique qu’il s’agit d’une série pour la télévision diffusée sur NHK en 13 épisodes du 29 avril au 12 Août 2019 sous le titre Mobile Suit Gundam: The Origin – Advent of the Red Comet (機動戦士ガンダム THE ORIGIN 前夜 赤い彗星). Ce morceau est le thème de fin du dernier épisode de la série. Sugizo a en fait produit tous les morceaux de cette série animée mais avec une collaboration différente pour chaque morceau, comme KOM_I de SuiKan, la chanteuse Miwa, le groupe rock Glim Spanky. Le morceau avec AiNA est en fait une reprise d’un morceau composé avec MORRIE pour l’album Oneness M de Sugizo sorti en 2017. Je ne connaissais pas MORRIE, leader et chanteur du groupe Dead End qui était actif dans les années 80 (ils se sont reformés des années plus tard apparemment). C’était un groupe metal-hard rock japonais qui influencera le style Visual Kei, dont LUNA SEA faisait d’ailleurs partie à une période donnée. Je préfère la voix de AiNA à la version masculine de MORRIE, mais l’instrumentation des deux morceaux est assez proche. Cette version de 2019 est cependant plus aboutie. J’aime énormément ce morceau, qui a une vertu apaisante que l’on a envie de prolonger en repassant le morceau ad repetitam. La guitare acoustique en fingerpicking de Sugizo est sublime et me replonge dans l’atmosphère, non dénuée d’un certain mystère, des morceaux de LUNA SEA. Je l’ai certainement déjà mentionné auparavant mais mes premiers contacts avec la musique rock japonaise se sont fait en découvrant quelques morceaux de ce groupe, alors que j’étais encore étudiant en France. Lors de mon premier voyage au Japon en 1998, j’avais ramené un single, celui du morceau de I for You, que j’ai beaucoup écouté. Le style était assez différent de ce que j’écoutais à l’époque en France entre le rock indépendant américain et le trip-hop de Bristol. Je me souviens avoir mis un peu de temps à apprécier la voix de Ryuichi Kawamura, empreinte de romantisme mélangé à la flamboyance androgyne du style Visual Kei. Mais à l’époque où j’écoutais ces morceaux de LUNA SEA, à la fin des années 90, le style Visual Kei était déjà en phase de déclin et en 1999, il n’y avait plus beaucoup de traces visibles de ce mouvement à la télévision à part quelques exceptions comme Shazam (avec Izam), ou des groupes formés un peu plus tardivement comme Dir En Grey que je ne connais pas du tout. À l’époque, j’écoutais aussi beaucoup L’Arc~en~Ciel, un autre groupe à tendance Visual Kei. Autant j’aime beaucoup réécouter LUNA SEA maintenant, avec une pointe de nostalgie de la fin des années 90, autant j’ai beaucoup de mal à réécouter les morceaux de L’Arc~en~Ciel, à part peut-être quelques morceaux de l’album Heart de 1998. Le morceau Hikari no Hate de Sugizo m’amène donc à écouter son album Oneness M de 2017, mais je le trouve très inégal. Chaque morceau est interprété par un chanteur différent, souvent de l’ex-scène Visual Kei d’ailleurs comme Kyo de Dir En Grey, Teru de GLAY ou Kiyoharu de Kuroyume, mais également de groupes plus récents comme Yoohei Kawakami de [Alexandros]. En fait, je n’aime sur cet album que trois morceaux dont le fabuleux Towa (永遠) avec Ryuichi au chant, et les deux derniers de l’album dont le morceau VOICE avec Kiyoharu et le Hikari no hate avec MORRIE. En fait, alors que j’écoute plusieurs fois ce morceau en écrivant ces lignes, j’en viens à l’apprécier tout autant que la version avec AiNA. Les écouter à la suite, l’original puis la nouvelle version, me fait apprécier leurs différences.