時が過ぎて行くのが早すぎるから

Revenons maintenant à la couleur pour ce nouveau billet. On peut voir en ce moment à différents endroits de Tokyo des œuvres de l’artiste Kusama Yayoi, associées à la marque Louis Vuitton. La première photographie de ce billet est plutôt une composition photographique détournée montrant son visage, mais je montrerais un peu plus tard quelques installations artistiques à Marunouchi et dans le parc Shiba près de la Tour de Tokyo. Les photographies de ce billet ont été principalement prises dans le centre de Shibuya, à Udagawachō, et le long de la rue Meiji à Jingumae. Je ne devrais même plus le préciser tant ces lieux ont constitué mon « terrain de jeu » préféré cette année. Cette année 2022 a passé très vite mais le mois de Décembre, avant que mes vacances de fin d’année ne démarrent, m’a semblé se dérouler au ralenti. J’espère que les cinq prochains mois vont passer vite car j’ai hâte d’aller enfin voir Sheena Ringo en concert au Tokyo International Forum début Mai 2023. J’espère que rien ne pourra m’empêcher d’y aller comme ça avait été le cas en 2020 pour Tokyo Jihen alors que la crise sanitaire était pleine d’incertitudes.

Je ne résiste pas à l’envie de montrer ci-dessus plusieurs extraits de la vidéo de Zutto, le nouveau et certainement dernier single de BiSH avant leur séparation à la fin de cette année. J’adore quand des parallèles se créent entre l’architecture et la musique que j’aime, ce qui est relativement rare, il faut bien l’avouer. J’étais en tout cas très satisfait de voir le groupe évoluer à l’intérieur du KAIT Plaza de Junya Ishigami, que j’ai découvert et montré sur ce blog le mois dernier (il faudra un jour que je fasse un mind-mapping de ce blog). Je peux très bien comprendre que ce lieu a inspiré le réalisateur de cette vidéo, Masaki Ohkita, qui a également réalisé plusieurs autres vidéos pour le groupe. Le morceau en lui-même a une composition très classique et fidèle à l’image que peut avoir quelqu’un ayant suivit BiSH depuis plusieurs années, ce qui est mon cas. Sans être pourtant fanatique du groupe, je dois quand même avoir tous les albums et une grande partie des singles sur mon iPod. Et j’en parle assez souvent sur ce blog, l’air de rien. Ce morceau Zutto est le douzième d’un éventuel dernier album qui pourrait s’appeler BiSH is Over. Je n’arrive pas à bien comprendre si un album regroupera les douze morceaux sortis en single pendant cette année ou si BiSH arrêtera réellement ses activités à la fin de cette année, car Wack, l’agence du groupe, vient d’annoncer un dernier concert le 29 Juin 2023 au Tokyo Dome. Je ne suis en général pas convaincu par les qualités vocales du groupe en live ou lors d’émissions télévisées, mais l’ambiance dans un espace aussi vaste que le Tokyo Dome doit être très particulière. Je garde toujours en tête cette vidéo du morceau GiANT KiLLERS en concert à Makuhari Messe. Ce nouveau single Zutto me plaît beaucoup, mais je me rends également compte avec cette dernière vidéo que la représentation visuelle du groupe a toujours été particulièrement réussie. Je pense au morceau Stereo Future dans les mines d’Oya, que l’on a également visité récemment, ou au cimetière d’avions américain pour la vidéo de My Landscape. Ces deux vidéos ont d’ailleurs été également réalisées par le même Masaki Ohkita.

余韻から抜け出したくない

未完成のまま、今日をゆく。Cette courte phrase énigmatique que j’essaie de traduire en « Même inachevée en tant qu’être, je vais de l’avant aujourd’hui » provient de l’affiche publicitaire du grand magasin LUMINE pour la saison Hiver 2022. Cette affiche est montrée au dessus de la sortie Sud de la gare de Shinjuku. Je ne sais pas qui en est le publicitaire mais je suis toujours très curieux de ces affiches montrant des messages qui ne sont pas facilement compréhensibles. J’aime aussi leur qualité photographique et les couleurs vives qui s’en dégagent. Le photographe s’appelle Toshio Ohno (大野隼男), et bien que je ne le connaissais pas de nom, je connaissais au moins certaines de ses photographies, notamment celles des pochettes de couverture des albums de Fuji Kaze, certaines photos d’Aimyon ou la photo du dernier album de Yama. La jeune modèle qui pose sur cette affiche s’appelle Karen Amano (天野翔愛). Sur la photo que le photographe montre sur son compte Instagram, il s’était en fait trompé en donnant le nom de Rina Komiyama (小宮山莉渚) dans les credits pour cette photo. Rina Komiyama avait en fait posée pour l’affiche de la saison Automne 2022 de LUMINE également prise en photo par Toshio Ohno. Le photographe a apparemment fait l’erreur de recopier les crédits d’une photo à l’autre sur Instagram. Je lui ai fait remarquer dans les commentaires de sa photo sur Instagram et il a gentiment corrigé. Bref, tout cela pour dire que j’aurais préféré que ça soit Rina Komiyama car j’y aurais vu un lien très intéressant avec la musique qui va suivre. En effet, Rina Komiyama a joué dans un film intitulé Shōjo ha Sotsugyō shinai (少女は卒業しない) du réalisateur Shun Nakagawa (中川駿) qui sortira le 23 Février 2023 et pour lequel Miyuna (みゆな) a composé et écrit le morceau thème.

Après l’intermède végétal rouge aperçu au bord d’une rue tokyoïte, je montre une photographie du petit bâtiment de béton de la galerie TOM (ギャラリーTOM) dans le quartier de Shōtō à Shibuya. D’après Wikipedia, cette galerie date de 1984 et serait la première réalisation de l’architecte Hiroshi Naito (内藤廣) dont je parlais justement dans le billet précédent pour son sublime hall Kioi Seidō. J’aime beaucoup les halos de lumière qui se dégagent de cette photographie. Il faudrait que je fasse une série de photos avec ce genre de lumière car je vois quelque chose de très revivifiant à saisir des extraits de soleil en photo.

Le concert de Miyuna (みゆな) était tout simplement inoubliable! Je m’excuse par avance auprès de mes lecteurs (qui ne se plaignent jamais de toute façon) car je vais très certainement à l’avenir souvent parler de Miyuna sur ces pages. Son tour appelé TOUR 2022 GUIDANCE (みゆな TOUR 2022 -ガイダンス-) pour la sortie de son premier album Guidance (ガイダンス), que j’évoquais déjà dans un précédent billet, se composait de deux dates, une à Osaka le 4 Novembre et une à Tokyo le 15 Novembre 2022. Je suis donc allé voir Miyuna et son groupe pour ce concert à Tokyo, qui se déroulait dans la Live House Shibuya Club Quattro. Cette salle se trouve dans le prolongement de Center Gai dans le quartier d’Udagawachō que je connais très bien car le magasin Disk Union se trouve juste à côté. La salle se trouve au quatrième et cinquième étages d’un immeuble assez récent. Le nom Club Quattro vient du fait qu’il s’agissait de la quatrième annexe du Department Store PARCO. Il y a quatre autres Club Quattro au Japon: deux à Osaka, un à Nagoya et un à Hiroshima. Le Club Quattro de Shibuya était le premier à ouvrir ses portes en Juin 1988. Je suis souvent passé devant l’entrée de cette salle pour faire le curieux en regardant le programme affiché à l’extérieur, mais je n’avais jamais assisté à un concert. La salle, de taille moyenne, peut accueillir 750 personnes débout, mais en cette période de crise sanitaire qui n’en finit pas, je pense que la capacité réelle est plus limitée. La salle était pleine mais on pouvait apparemment encore acheter un billet le soir même.

J’ai beaucoup écouté l’album Guidance de Miyuna ces dernières semaines car je ne m’en lasse pas et je pense qu’il s’agit de l’album que je préfère de cette année. Certainement parce qu’il mélange une atmosphère rock familière avec des terrains plus pop extrêmement rafraîchissants, tout en ayant une capacité forte à émouvoir. La voix et la manière de chanter de Miyuna y sont pour beaucoup mais elle était très bien entourée lors de cette petite tournée par des musiciens qui n’hésitaient pas à se laisser emporter par l’enthousiasme des morceaux. C’était notamment le cas du guitariste Tetsu Kinoshita (木下哲) qui terminait volontiers certains morceaux du live par des solo tumultueux à tendance bruitiste. Miyuna était également accompagnée par Keisaku Nakamura (中村圭作) aux claviers, Shige Murata (村田シゲ) à la basse et Takashi Kashikura (柏倉隆史) à la batterie. Il s’agissait d’une formation rock très axée sur les guitares, car Miyuna en jouait également sur certains morceaux. Avant d’entrer dans la salle, je me suis demandé quel genre de public venait voir Miyuna, et j’ai été assez surpris par la diversité. J’arrive juste à l’heure pour l’ouverture à 18h15, ce qui était bienvenu car l’entrée dans la salle de concert est très organisée pour éviter les bousculades éventuelles. On attend sagement son numéro au quatrième étage pour pouvoir ensuite passer à l’étage au dessus pour entrer dans la salle de concert. La grande majorité du public est debout bien qu’il y ait quelques places assises sur une zone périphérique légèrement surélevée. Boire une bière en regardant la scène encore vide m’a fait patienter jusqu’à l’entrée des musiciens sur scène à 19h. Miyuna entre ensuite en scène, et j’ai eu à ce moment là l’impression particulière de voir une figure familière. Il faut dire que j’écoute beaucoup sa musique ces derniers temps et suit son compte Twitter et Instagram pour en quelque sorte me préparer pour ce concert. J’ai pourtant un peu hésité à y aller car c’était un jour de semaine et il m’a fallu prendre un après-midi de congé. Je pense qu’elle aurait plus facilement fait salle comble un jour de week-end.

Miyuna n’a que 20 ans depuis le mois de Juin et a démarré sa carrière musicale avec un premier mini-album intitulé Me (眼) sorti en 2019 alors qu’elle n’avait que 17 ans. Elle était d’ailleurs passée à cette époque dans l’émission matinale Zip! de la chaîne de télévision NihonTV (日テレ) qui avait une rubrique appelée Hakkutsu (ハックツ) présentant brièvement les talents en devenir. L’émission la qualifiait comme étant la deuxième génération de Sheena Ringo (椎名林檎2世), tout en diffusant quelques extraits de morceaux venant appuyer cette ressemblance, comme celui intitulé Fuwa Fuwa (ふわふわ) du mini-album Me (眼) et Yurareru (ユラレル) de son deuxième mini-album du même nom. On lui demande même ce que ça lui fait d’être comparée à Sheena Ringo et elle répond qu’elle en est honorée, tout en se demandant si ça la désolerait ou si elle en serait heureuse. Elle n’a apparement pas eu l’occasion de lui demander. Dans le même style, les ressemblances de Sheena Ringo avec Jun Togawa avaient apparemment été notées à ses débuts et certains considéraient Sheena Ringo comme étant le retour de Jun Togawa (戸川純の再来). Il n’y a rien de bien étonnant dans ces comparaisons, mais je ne suis pas sûr ça soit vraiment faire un cadeau à un ou une artiste que de les comparer à d’autres artistes. Les médias aiment faire ce genre de correspondances et c’est assez naturel de se chercher des références existantes (je le fais bien aussi de temps en temps). Ceci étant dit, Miyuna a une approche musicale qui est la sienne. On trouve quand même quelques points communs dans sa voix très mature qu’elle arrive à moduler sur une large plage vocale, comme pourrait le faire Sheena Ringo.

Miyuna a aussi cette capacité à chanter comme si elle allait en mourir (今日死んでもいいって思うように歌ってます), comme elle le disait elle-même dans l’interview de cette émission. Elle nous dit aussi qu’elle veut exprimer par sa voix des choses qui proviennent du plus profond d’elle-même, de la même manière qu’une souffrance amène les gens à pleurer, en espérant ensuite amener du réconfort. (苦しくなったとき、人って叫ぶんですね。体の底から出てくる物を 声で表現したい。きっと聴いてくれている人がスッキリしてくれる). J’écoute beaucoup en ce moment les deux premiers mini-albums de Miyuna, Me (眼) et Yurareru (ユラレル). Sur Yurareru, le dernier morceau intitulé Ikinakya (生きなきゃ) est particulièrement poignant et sa voix lorsqu’elle se fait puissante nous prend tout d’un coup d’une émotion qui donne les larmes aux yeux. Ce morceau était le dernier qu’elle a interprété lors du concert, dans les rappels. Je n’étais pas sûr qu’elle allait l’interpréter car les mots sont particulièrement forts, mais je le souhaitais inconsciemment. Avant de l’interpréter, elle nous parle des moments difficiles au pire de la crise sanitaire qui était particulièrement difficile pour les artistes ne pouvant plus se produire devant un public. On lui devinait des larmes aux yeux à ce moment là et tout le monde dans la salle a ensuite écouté ce morceau presque religieusement. On sentait l’émotion s’échapper de sa voix, d’abord seulement accompagnée de sa guitare acoustique jusqu’à ce que le son des guitares électriques prennent la relève. Ce morceau final a dû également la marquer car elle l’a mis en ligne en écoute sur son compte SoundCloud après le concert. Un petit message ci-dessous accompagne également ce morceau.

死にたい時に作ったこの歌が 私を救って誰かを救って 泣いてくれて、精一杯音を出してくれたバンドメンバー。 気づいたら手から血が流れてて ギターの弦に血がついて それでも歌った私。 全力でぶつかった。 人生で一番生きててよかったって心から思ったよ! スタッフ、家族、バンドメンバー、友人、そしてファンのみんなのおかげだよ ありがとう 誰かの孤独に届いてくれ!

Cette chanson que j’ai créé quand je voulais mourir, elle m’a sauvé, elle a sauvé quelqu’un, elle a fait pleuré, elle a fait que les membres du groupe ont donné le meilleur d’eux même. Avant que je m’en rende compte, mes mains saignaient, les cordes de la guitare étaient tachées de sang, mais j’ai quand même continué à chanter. J’ai frappé les cordes de toutes mes forces. J’ai pensé du fond du cœur que c’était le meilleur moment de ma vie ! C’est grâce au personnel qui m’accompagne, à ma famille, aux membres du groupe, aux amis et aux fans, Merci, en espérant que cela atteigne la solitude de quelqu’un !

Son message peut paraitre parfois énigmatique ou peut être que ma compréhension est un peu approximative, mais on la ressent très honnête sur son approche musicale et très sincère vis à vis de son public. A cette toute fin de concert, on comprenait que c’était des larmes de joie de pouvoir enfin partager sa musique sur scène devant un public. Elle n’hésite pas à parler de ses fragilités dans ses morceaux et il est clair que ce morceau en particulier est particulièrement poignant. J’aime beaucoup la version du mini-album Yurareru mais celle en concert m’a laissé immobile les oreilles grandes ouvertes et des frissons traversant le corps. Je n’avais pas remarqué qu’elle frappait les cordes au point de saigner de la main, mais elle a montré une photo sur son compte Instagram alors qu’elle était de retour dans sa ville natale de Miyazaki dans le Kyushu. Quelques jours après le concert, elle écrivait sur Twitter qu’elle n’était pas sortie de chez elle pour ne pas altérer et faire continuer la sensation intense du concert. Je comprends assez bien cette sensation et je n’ai personnellement pas écouter d’autres musiques que celle de Miyuna pendant toute cette semaine, pour en quelque sorte garder en tête les images du concert.

Je démarre mon récit de ce concert par la fin, ce qui est plutôt inhabituel, mais je ne vais pas non plus passer en revue tous les morceaux. Il faut aussi noter que le morceau Ikinakya (生きなきゃ) n’est pas représentatif de l’ensemble du concert, car les moments entraînant la foule étaient très nombreux et même majoritaires. Miyuna et le groupe ont joué en entier l’album Guidance (ガイダンス) entrecoupé par quelques morceaux des mini-albums précédents, à savoir Reply (dont je parlais déjà auparavant), Me (眼) et Yurareru (ユラレル). J’ai retrouvé en concert cette voix que j’aime tant sur les albums, sauf qu’elle me paraissait ici plus puissante, au point où j’avais un peu peur qu’elle finisse par la perdre en plein vol. Elle démarre le set par le morceau Kyōai (狂愛), qui est un de ceux qui m’a le plus rappelé Sheena Ringo lors de mes premières écoutes de Guidance. Les guitares sont très fortes et on est tout de suite plongé dans un univers dense. Comme sur l’album, les morceaux plus pop viennent se mélanger à l’ensemble d’une manière étonnamment homogène, mais ils sont tout de même plus ou moins regroupés. Le nouveau morceau Aiaidana (愛愛だな) qui vient de sortir en Octobre 2022 est par exemple immédiatement suivi de Chōdai (頂戴) qui est le morceau le plus up-tempo de Guidance, puis par Soleil (ソレイユ) du mini-album Reply. Chōdai et Soleil sont dans les meilleurs morceaux de leurs albums respectifs. J’attendais bien entendu beaucoup le morceau Maisō (埋葬) qui est mon préféré de l’année et celui par lequel j’ai découvert Miyuna sur YouTube. Elle a eu la bonne idée de l’associer au morceau Fuwa Fuwa (ふわふわ) qui est particulièrement versatile et dense en ondulations vocales. Ces deux morceaux sont très caractéristiques de son univers musical. L’ensemble du set faisait un peu plus de deux heures, ce qui est extrêmement appréciable étant donné que sa carrière reste encore jeune. Il n’y avait pas de temps morts et une très bonne maîtrise de la scène, car elle bouge beaucoup quand elle n’a pas sa guitare en mains. Le premier moment de messages au public (MC) est intervenu après plusieurs morceaux. Elle nous dit qu’elle n’est pas très douée pour parler et qu’elle limitera ses passages de messages, mais en réalité, elle n’a pas pu s’empêcher de parler au public à plusieurs reprises, ce qui est une très bonne chose. Le problème est que le public ne peut pas répondre en raison des normes sanitaires toujours en cours. Elle prenait assez souvent à partie les membres du groupe pour les taquiner, en leur demandant par exemple en rigolant s’ils s’étaient bien reposés pendant qu’elle jouait seule à la guitare acoustique quelques uns des morceaux. Ce genre de petites remarques montraient la proximité qu’elle a avec son groupe et on imagine une très bonne entente, ce qui faisait rire le public. Avant le concert, elle avait d’ailleurs maquillé en rouge les ongles de chacun des musiciens et ils étaient tous assez fiers de montrer leurs doigts sur scène. J’ai trouvé ce détail assez ringo-esque car il m’a rappelé Sheena tondant Seji Kameda pour lui donner une coupe iroquois, comme si on ne pouvait rien lui refuser. Ce genre de détails est important.

Le groupe jouait en permanence sur scène sauf pour quelques ballades où Miyuna était seule à la guitare acoustique, ou seulement accompagnée de Keisaku Nakamura aux claviers. C’était le cas des morceaux my life et Himitsu (秘密). Sa voix sur my life m’impressionne à chaque fois. Je pense que c’est la passion qu’elle met dans son chant que j’aime particulièrement. Je connaissais tous les morceaux du set, sauf un nouveau intitulé Yume demo (夢でも), qu’elle a interprété dans les rappels. Il s’agit de son prochain single qui sera le thème du film Shōjo ha Sotsugyō shinai (少女は卒業しない) dont je parlais un peu plus haut. C’est également un très beau morceau riche en guitares, dans un style très différent de son dernier single actuel Aiaidana. Je ne mentionnerai pas tous les morceaux qu’elle a interprété mais le fait est qu’il n’y avait pas de baisse d’attention et de tension, au point où le concert a passé vite. Et à la fin du concert vers 21h15, alors qu’on hésite à sortir de la salle, je n’ai pas pu m’empêcher d’acheter un t-shirt en souvenir. Certaines des photographies ci-dessus sont de Yūna Yoshimori (ヨシモリユウナ), d’autres proviennent du compte Instagram de Miyuna. Certaines sont les miennes sachant qu’on ne peut heureusement pas prendre de photos ou de vidéos en concert. Un DVD ou Blu-ray sortira peut-être car j’ai vu qu’une caméra tournait à l’arrière de la salle. En sortant du Shibuya Club Quattro, je me suis aussi dit qu’elle mériterait d’être beaucoup plus reconnue, ce qui viendra certainement rapidement. C’est en tout cas tout ce qu’on peut lui souhaiter. Il n’est pas très tard à Shibuya mais les rues sont presque vides. Il fait froid ce soir mais j’ai le cœur réchauffé par la musique que je viens d’entendre.

Pour référence ultérieure, je note ci-dessous la playlist du concert de Miyuna au Shibuya Club Quattro le 15 Novembre 2022 lors de sa tournée TOUR 2022 GUIDANCE:

1. Kyōai (狂愛), de l’album Guidance (ガイダンス)
2. Kanku (甘苦), de l’album Guidance (ガイダンス)
3. Saisiki(彩色), de l’album Guidance (ガイダンス)
4. Guru Guru (グルグル), du mini-album Yurareru (ユラレル)
5. Gyōshi (凝視), de l’album Guidance (ガイダンス)
6. Kizyutsu (奇術), de l’album Guidance (ガイダンス)
7. Donyoku (貪欲), de l’album Guidance (ガイダンス)
8. my life, du mini-album Reply
9. Himitsu (秘密), de l’album Guidance (ガイダンス)
10. Kuchinashi no Kotoba (くちなしの言葉), du mini-album Yurareru (ユラレル)
11. Kamisama (神様), de l’album Guidance (ガイダンス)
12. Fuwa Fuwa (ふわふわ), du mini-album Me (眼)
13. Maisō (埋葬), de l’album Guidance (ガイダンス)
14. Asagumori (朝曇), de l’album Guidance (ガイダンス)
15. Aiaidana (愛愛だな), nouveau single sorti le 11 Octobre 2022
16. Chōdai (頂戴), de l’album Guidance (ガイダンス)
17. Soleil (ソレイユ), du mini-album Reply
18. Negai (願い), de l’album Guidance (ガイダンス)
19. (encore) Yume demo (夢でも), prochain single qui sera le thème du film Shōjo ha Sotsugyō shinai (少女は卒業しない) du réalisateur Shun Nakagawa (中川駿) qui sortira en salles le 23 Février 2023
20. (encore) Kan Beer (缶ビール), du mini-album Yurareru (ユラレル)
21. (encore) Ikinakya (生きなきゃ), du mini-album Yurareru (ユラレル)

Cycling Lightning (止まれ)

Le titre de ce billet composé de photographies prises autour de Yoyogi et de Shibuya m’est inspiré par le titre du morceau Crying Lightning du groupe de rock anglais de Sheffield Arctic Monkeys. Ce morceau est inclus dans leur troisième album Humbug sorti en Août 2009. Écouter cet album me vient en tête suite à la série de trois émissions de Very Good Trip de Michka Assayas sur France Inter dédiées à Arctic Monkeys. J’écoute cette émission très régulièrement en podcast. Cette très bonne série, surtout le troisième épisode avec une interview du leader du groupe Alex Turner, était diffusée à l’occasion de la sortie du troisième album du groupe, The Car sorti le 18 Octobre 2022. D’après les quelques morceaux que j’ai pu écouter pendant l’émission, ce nouvel album a l’air très intéressant, à l’ambiance très différente de l’esprit très rock de l’album Humbug que j’écoute en ce moment. Je ne connais pas très bien Arctic Monkeys mais j’aime la voix d’Alex Turner et sa manière rapide de chanter proche du rap. Le morceau Crying Lightning a en fait pour moi une signification particulière car il m’a donné envie de découvrir de manière active des nouvelles musiques. En Septembre 2009, je découvrais ce morceau grâce aux blogs musicaux qui étaient très actifs à cette époque et c’était une nouvelle porte qui s’ouvrait pour moi à cette époque vers des styles musicaux qui m’étaient moins familiers. Au même moment, je découvrais le très novateur Merriweather Post Pavilion du groupe de pop expérimentale Animal Collective, l’album Veckatimest du groupe américain Grizzly Bear et de très nombreux autres morceaux que je commençais à évoquer petit à petit sur ce blog. C’est également à cette époque que je découvre le site Pitchfork qui est ensuite devenu pour moi une référence pendant de nombreuses années (plus vraiment maintenant ceci étant dit). Cette période 2009-2010 était riche en découverte musicale, et écouter le morceau Crying Lightning m’y ramène avec une certaine nostalgie.

J’écoute Humbug avant de me lancer dans un futur proche dans l’écoute de leur nouvel album. Je ne connaissais en fait que quelques morceaux et j’ai acheté l’album il y a quelques jours au Disk Union de Shinjuku, en même temps que Ten no Mikaku (てんのみかく) de Yū (ゆう) dont je parlais récemment. Je me dis aussi qu’il faut que j’approfondisse un peu plus la discographie de GO!GO!7188, avec peut-être leur album de 2001, Gyotaku (魚磔). Peut-être devrais je également partir à la découverte des albums de l’autre groupe de Yū, Chirinuruwowaka (チリヌルヲワカ), qu’elle a créé en 2005 en parallèle de GO!GO!7188, afin de compléter son expérience solo pour faire suite à son premier album Ten no Mikaku. J’ai d’ailleurs toujours trouvé ce nom de groupe, Chirinuruwowaka, exagérément compliqué, et je comprends maintenant que ces mots sont tirés des deux et troisième vers (ちりぬるをわかよたれそ) d’un poème japonais nommé Iroha (いろは) attribué au moine Bouddhiste Kūkai. Sheena Ringo a d’ailleurs utilisé le premier vers de ce même poème comme titre du single Irohanihoheto (いろはにほへと) sur son album Hi Izuru Tokoro (日出処) sorti en 2014. Sur ce morceau, et sur beaucoup d’autres de Sheena Ringo, Yukio Nagoshi (名越由貴夫) joue de la guitare. J’étais assez amusé, et satisfait, de découvrir que Yukio Nagoshi était à la guitare sur de nombreux morceaux de Ten no Mikaku de Yū. Sur son groupe Chirinuruwowaka, un certain Eikichi Iwai (岩井英吉) joue de la basse. Son nom m’était familier car il jouait de la basse sur la tournée Manabiya Ecstasy (学舎エクスタシー) de Sheena Ringo en 1999 et sur des morceaux que Sheena a écrit pour Rie Tomosaka sur son EP Shōjo Robot (少女ロボット). Ces chassé-croisés révèlent les liens qu’il y a entre ces deux artistes, et ces liens là me passionnent bien entendu énormément.

play with (the) street (and buildings sometimes).

Cette série démarre par Yoyogi-Uehara pour revenir ensuite vers le centre de Shibuya et se terminer le soir dans les rues de Shinjuku à la frontière de Kabukichō. La petite maison de béton de la première photographie se trouve à Nishihara, un quartier proche de la station de Yoyogi-Uehara. Elle s’appelle Nishihara Wall et a été conçue en 2013 par l’atelier d’architecture Sabaoarch. Elle est placée sur un petit terrain de 40m2, pour une surface habitable de 78m2 arrangée sur trois étages, subdivisés avec des niveaux intermédiaires. Elle est étroite, entre 2.6m et 3.5 mètres de large pour environ 12m de long, et entourée de trois routes. Le vis-à-vis est évité par des ouvertures restant étroites lorsqu’elles donnent directement sur la rue, et des ouvertures beaucoup plus large aux étages, fournissant la lumière à l’ensemble. Depuis Yoyogi-Uehara, je rejoins ensuite la station de Yoyogi-Hachiman en empruntant volontairement des petites rues que je ne connais pas, longeant de loin la voie ferrée. Marcher dans les rues d’Okushibu (les quartiers à l’arrière de Shibuya) m’amène ensuite vers Kamiyamachō, puis Udagawachō qui conserve encore maintenant un certain désordre visuel.

À Udagawachō, les stickers s’amoncellent sur les vieilles cabines téléphoniques n’ayant plus grande utilité et les figures inquiétantes d’un groupe de filles appelé Tokyo Psychopath (東京サイコパス) m’intriguent un peu. En regardant par hasard quelques vidéos du groupe, leur musique n’a rien de vraiment transcendant ou d’original. Le morceau I’m a Kuzu Ningen (I’m a クズ人間) me plait en fait assez. Le fait que la vidéo soit tournée en partie à Udagawachō devant la Live house avec leur affiche et dans la cabine téléphonique que j’ai pris en photo est en tout cas une coïncidence intéressante. En revenant vers la longue avenue Meiji entre Shibuya et Ebisu, j’ai le plaisir de voir cette grande affiche montrant les personnages dessinées représentant Sheena Ringo et d’Ado pour le single Missing dont j’ai déjà longuement parlé. Le pont pour piétons sur la photographie suivante va bientôt disparaître, à priori avant la fin de l’année. J’y reviens donc avant qu’il ne disparaisse et en me disant qu’il faudrait que je cherche si quelqu’un a déjà eu l’idée de lister toutes les scènes de drama, vidéo musicales ou publicités qui ont tournées sur cette passerelle de métal. Un marquage écrit en blanc a fait son apparition et j’imagine qu’ils vont se multiplier avant que la passerelle soit démolie. Et pour prendre les deux dernières photographies, j’ai fait le déplacement à vélo jusqu’à Shinjuku, au pied de la nouvelle grande tour Tokyu Kabukicho Tower qui contiendra deux hôtels (Bellustar Tokyo et Hotel Groove Shinjuku), des salles de cinéma (109 Cinemas Premium Shinjuku), un théâtre (Milano-Za) et une salle de concerts (Zepp Shinjuku) sur un total de 47 étages et 4 sous-sols.

Les plus attentifs auront peut-être trouvé la pomme ajoutée sur une des photographies de ce billet. Je fais de temps en temps ce genre de clins d’oeil, mais ils sont apparemment tellement bien cachés que personne ne les trouve. Il fallait bien que je finisse pas donner quelques pistes. J’avais par exemple également laissé 3 pommes cachées dans les photos du billet 渋やああああっぷる (Juin 2019) ou 3 fantômes cachés dans le texte du billet 幽霊たちがやって来たらどうしょう (Mars 2020). J’ai également créé ces trois dernières années une dizaine de billets cachés que l’on peut accéder à partir des billets suivants dans l’ordre du plus récent au plus ancien: δАrэ чoὖ drivэ мy Ϛrαshed cаг (Octobre 2022), wolves crying at the giant moon (Octobre 2022), between the skies (Mai 2022), derrière une forêt d’immeubles (Mars 2022), every cloud is grey with dreams of yesterday (Novembre 2021), 閏年エンディング ~其ノ七~ (Décembre 2020), 閏年エンディング ~其ノ四~ (Décembre 2020), there is a distance in you (Mars 2020), feeling it in my scars (Mars 2020) et crawling in my skin (Mars 2020). Je laisse maintenant aux visiteurs motivés la mission de trouver ces pages cachées, comme dans une chasse aux trésors, et de me laisser un commentaire si la mission a été accomplie.

Les peintures ci-dessus sont de Teppei Takeda, montrées à la galerie Maho Kubota située à proximité de la rue Killer Street. Elle se déroulait jusqu’au 1er Octobre 2022 et j’ai sauté sur mon vélo ce jour là en me rendant compte que c’était le dernier jour d’exposition. L’artiste base ses portraits déstructurés sur des peintures de portraits qu’il a auparavant exécuté. Il déstructure ensuite les visages sur une nouvelle peinture qui correspond à l’oeuvre finale exposée. La puissance et l’impact de ces portraits sont indéniables. Il y a quelque chose d’organique, et même de viscéral, dans ces visages qui ne sont plus reconnaissables. Ces peintures m’impressionnent vraiment, elles m’hypnotisent même. Je connaissais déjà ces portraits mais je n’ai plus le souvenir d’où j’avais bien pu les voir. Maho Kubota Gallery est une petite galerie perdue dans une rue perpendiculaire à Killer Street. On ne la trouve pas par hasard car elle n’est pas visible depuis la rue principale. Le flux de visiteurs était cependant continu. Je pense que ce genre de peintures ne laissent pas indifférent, mais aimer pourrait facilement se transformer en une sorte d’addiction visuelle.

Je me suis rappelé à moi-même d’écouter l’album solo intitulé Ten no Mikaku (てんのみかく) de Yumi Nakashima (中島優美) qu’elle signe sous son surnom Yū (ゆう). Ce n’est pas un album récent car sorti le 25 Février 2004, mais je l’avais depuis quelques temps dans ma liste mentale d’albums à écouter un jour ou l’autre en attendant que ça soit le bon moment. Et c’est maintenant le bon moment. En fait, je connais la musique de Yū depuis longtemps car elle chante et joue de la guitare dans le groupe de rock alternatif GO!GO!7188 dont j’ai déjà parlé sur ce blog pour l’album Tategami (鬣) sorti le 26 Février 2003, soit trois jours après Kalk Samen Kuri no Hana (加爾基 精液 栗ノ花) de Sheena Ringo sur la même maison de disques Toshiba EMI. Je prends KSK comme référence car l’album solo de Yuu, sorti un an après, le 1er Mars 2004, lui ressemble par certains aspects, notamment dans le melange d’instruments traditionnels et de guitares. Par rapport aux morceaux très axés rock de GO!GO!7188, ceux de Ten no Mikaku prennent parfois des ambiances différentes, comme le jazz qui me rappelle également ce que Sheena Ringo pourrait composer. Les comparaisons s‘arrêtent là car la voix, également très marquée de Yū, est très différente de celle de Sheena Ringo. De ce fait, on ne pense pas à une imitation, mais à des artistes évoluant dans des mouvances rock japonisantes assez similaires. Je trouve la voix de Yū assez proche du chant Enka et cette manière de chanter conjuguée à la force des guitares rend un ensemble assez sublime par moment. On n’atteint pas les grandeurs de KSK, mais l’album s’avère tout de même excellent. Un morceau comme le quatrième intitulé Mitsugetsu (蜜月) est particulièrement brillant, avec la voix tout en complainte de Yū et des sons aux ambiances indiennes. Elle utilise également des instruments chinois sur certains morceaux, dont le premier intitulé Lotus (蓮). On entend également du Sanshin, un instrument d’Okinawa, aux détours d’un morceau. Les morceaux les plus rocks ressemblent beaucoup à ceux qu’on pourrait trouver sur un album de GO!GO!7188, mais avec à chaque fois une touche qui me semble plus personnelle. Alors que j’avais découvert l’album Tategami de GO!GO!7188 en 2003 à sa sortie, alors que je tentais de trouver des groupes ou artistes dans le style de Sheena Ringo, j’aurais aimé découvrir l’album de Yū à cette époque. L’écouter maintenant me ramène inconsciemment à cette époque désormais bien lointaine. J’avais récemment redécouvert l’album Tategami de GO!GO!7188 et parlé de Yū pour sa participation à la guitare au groupe eLopers monté par Sheena Ringo, avec AiNA The End au chant, pour une reprise de Gunjō Biyori (群青日和) lors d’une émission de Music Station. Comme quoi les boucles finissent toujours par se reboucler.

Kagura à Hikawa

Le matsuri d’automne du sanctuaire Hikawa à Shibuya n’avait pas eu lieu ces dernières années en raison de la crise sanitaire. On le retrouvait cette année avec un plaisir certain, synonyme de retour à la normale, bien que je ne pense pas que le mikoshi ait fait le tour du quartier comme c’est normalement le cas. Dans l’enceinte du sanctuaire, on pouvait toutefois assister à des danses théâtrales rituelles shintoïstes appelées Kagura et il ne me semble pas avoir assisté à ce genre de spectacle à cet endroit les années passées. Six représentations de ces danses cérémonielles se sont déroulées dans l’après-midi jusqu’au soir, le 11 Septembre. Celle que j’ai vu et que je montre en photos ci-dessus s’intitulait Inariyama Iitsuke (稲荷山・言付). L’histoire qui était narrée restait pour moi assez floue car principalement basée sur les danses des trois personnages masqués présents sur scène, mais il était question de chasser les démons avec un arc et des flèches. La foule était présente en nombre dans l’enceinte du sanctuaire et il était difficile de circuler rapidement sur l’étroite allée entourée de yatai en bas des escaliers de pierre menant au sanctuaire. Cet après-midi au sanctuaire m’avait également inspiré une série de photographies dans le mouvement sur un billet précédent.