さらば光よ

Passage rapide et furtif dans les rues de Shibuya près du parc de Miyashita. Le chien Hachiko sur la troisième photographie n’est pas celui de la place devant la gare. Il est installé dans le parc de Miyashita, lui-même situé en hauteur au dessus d’un nouveau complexe commercial. Ce nouvel Hachiko est une installation de Yasuhiro Suzuki s’intitulant ‘La boussole de Shibuya | L’espace d’Hachiko’ 「渋谷の方位磁針|ハチの宇宙」. Je prends assez souvent en photographie le mystérieux building Humax Pavillon par l’architecte Hiroyuki Wakabayashi, situé juste à côté du Department Store Seibu, car ses formes futuristes noires m’intriguent beaucoup voire même me fascinent. Le clocher qui coiffe le building ressemble à un phare dont la lumière serait éteinte. C’est dommage qu’un magasin Disney se soit installé au rez-de-chaussée car il ne correspond pas très bien à l’ambiance générale que dégage le bâtiment. Dans les rues du centre de Shibuya, de nombreuses affiches vertes montrent une nouvelle collaboration de la marque d’écouteurs Beats de Dr Dre, après celle de Billie Eilish. Il s’agit en quelque sorte d’une guérilla publicitaire dans le sens où les affiches sont placées en grand nombre à des endroits parfois inhabituels, comme des graffitis de rue. Les emplacements sont en fait bien prévus à l’avance et l’affichage n’a bien entendu rien d’illégal. La subtilité est de le faire croire pour se donner une image transgressive comme celle du rap porté par Dre. Depuis les affichages de l’agence Wack il y a plusieurs mois dans Shibuya, je suis assez attentif à ce genre de méthodes d’affichages urbains. La collaboration de la marque Beats se fait cette fois-ci avec la marque japonaise de bijoux expérimentaux Ambush, fondée par le couple Yoon et Verbal. On connaît Verbal en tant que membre du groupe hip-hop japonais M-Flo et du super-groupe Teriyaki Boyz. J’avais déjà évoqué rapidement cette formation dans un billet précédent, pour leur morceau utilisé dans le film Tokyo Drift de la série Fast and Furious. En plus de concevoir les bijoux et objets de la marque Ambush, l’americano-coréenne Yoon est également designer des bijoux pour Dior Homme. Un peu plus loin sur la rue Meiji en direction d’Harajuku, on trouve de nouvelles toilettes publiques de la même série que celles transparentes conçues par Shigeru Ban. Celles-ci se trouvent dans le petit parc Jingū-dōri et sont dessinées par Tadao Ando. La rondeur de l’ensemble est très élégante et en même temps très ennuyeuse. J’aurais grandement préféré voir du béton brut accompagné de quelques gestes de nature, comme on peut le voir dans l’architecture emblématique de Tadao Ando. Ce projet n’a malheureusement rien de transcendant. En marchant dans les rues de Shibuya, je recherche sans cesse les autocollants intéressants placardés sur les murs ou autres surfaces urbaines. Sur la dernière photographie, ces affiches pour Coca Cola m’intriguent car elles semblent avoir été posées sur des espaces non autorisés, comme des graffitis et à l’opposé des affiches de Beats & Ambush par exemple. J’en viens à me demander si elles ont été posées en accord avec la marque. En fait, sur ce petit morceau de mur métallique, c’est l’autocollant représentant Takashi Murakami qui m’intrigue en particulier avec le sous-titre « everything is fine, Buy Art » et les yeux remplis de fleurs de la représentation de Murakami. J’y soupçonne un message critique mais je n’arrive pas à le comprendre très clairement. Peut être est ce lié à son statut de superstar envahissante de la scène artistique contemporaine japonaise.

Il suffisait bien que je dise dans mon billet précédent que j’avais pris pour habitude de regarder un nouveau concert de Sheena Ringo ou de Tokyo Jihen chaque Vendredi soir, pour que je manque à cette règle ce week-end. La raison est technique car le lecteur DVD et Blu-ray portable que je connecte à mon iMac vient de rendre de l’âme. J’ai l’impression qu’il fait de la résistance et qu’il essaie de me signifier par des moyens détournés que je devrais peut être regarder un peu autre chose que SR/TJ. Mais je ne vais pas me laisser décourager par la technologie et je cours le lendemain trouver un remplaçant. Je le dis peut être à chaque fois, mais, plus je regarde ces concerts plus j’ai envie d’en voir d’autres. Je commence même à me dire qu’il faudrait que je ralentisse un peu la cadence car viendra bientôt le moment où je n’aurais plus de ‘nouveaux’ concerts à regarder. Mais je n’en suis pas encore là et il reste encore une multitude de choses à voir. Le nombre de concerts sortis en DVD/Blu-Ray est très important comme si Sheena Ringo et Tokyo Jihen étaient bien conscients d’être meilleurs en live qu’en studio. Je continue donc mes découvertes progressives avec le DVD Intitulé DISCOVERY sorti le 15 Février 2012.

DISCOVERY correspond au ‘Tokyo Jihen Live Tour 2011 Discovery’ qui était une tournée en 26 dates dans tout le Japon du 30 Septembre au 26 Décembre 2011. La tournée démarra de Tokyo pour se conclure à Fukushima, et a couvert le pays d’Est en Ouest, avec un passage obligé à Fukuoka avec 2 dates et un retour à Tokyo au début Décembre avec quatre dates supplémentaires. J’imagine que le choix de terminer par Fukushima était volontaire et symbolique vus les événements catastrophiques qui s’y sont passés au mois de Mars de cette même année. La captation vidéo du concert sur le DVD (ou le Blu-Ray) est une de celles de Tokyo, le 7 Décembre 2011 au Tokyo International Forum Hall A, tout comme pour la tournée précédente Ultra C.

Le concert démarre d’emblée avec des effets spéciaux sur le premier morceau Tengoku he Yōkoso. Des boules de poussière blanchâtre, affichées sur une membrane semi-transparente, tombent du ciel comme des missiles sur la scène. Le groupe joue derrière mais on ne les distingue qu’assez peu. Ils apparaitront tous ensuite vêtus de blanc sur le morceau Sora ga Natteiru, que j’avais plutôt pris l’habitude d’entendre en fin de concert. Ces deux morceaux sont issus de l’album Daihakken. Tous les morceaux de cet album sont interprétés pendant ce concert, ce qui veut dire que certains morceaux ne sont joués que lors de cette tournée. C’est le cas du troisième morceau très rock Kaze ni Ayakatte Yuke, que j’avais un peu oublié mais qui est excellemment interprété à quatre guitares. Sheena Ringo est encore une fois habillée d’une manière très particulière, comme en robe de mariée mais animale dirais-je, avec une tête d’animal à cornes en guise de chapeau et des longues bottes en fourrure blanche. Des traits de maquillage rouge sous les yeux me fait penser au style jirai assez populaire en ce moment.

La scène est assez sombre comme pour la plupart des concerts de Tokyo Jihen, mais des effets spéciaux en fond viennent ajouter de l’action, comme par exemple une pluie de poussière sur Kaze ni Ayakatte Yuke. Sheena Ringo interprète deux morceaux de sa carrière solo: Carnation sorti pendant cette tournée le 2 Novembre et Karisome Otome qui prend une version plus rock que celle Death Jazz avec Soil & « Pimp » Sessions. Je préfère la version plus agressive sur ce concert, mais Sheena y conserve la danse volontairement disgracieuse qu’elle effectuait lors du concert Ringo Expo 08, mais dans une tenue toute autre. Juste avant, le groupe joue Kaitei ni Sukū Otoko, avec un très beau final instrumental où Sheena est face à la batterie, comme elle le fait souvent. On perçoit toujours énormément de complicité avec le batteur Toshiki Hata. Dans l’ensemble, le groupe semble plus détendu qu’à l’habitude. On ressent plus de complicité entre les membres du groupe. Et j’aime toujours beaucoup regarder les mimiques de Seiji Kameda lorsqu’il joue de la basse en se courbant. La mise en scène du concert est relativement sobre et classique, mais la manière de filmer est un peu différente des autres concerts avec des effets de flou par moment et des vues en contre-plongée. La première partie du concert se termine sur le morceau Kinjirareta Asobi, avec un écran qui se referme sur la scène ne laissant apparaitre que des silhouettes en ombres chinoises, qui s’accélèrent soudainement ce qui me fait penser à du David Lynch pour son côté irréel. Sur le même écran, on y voit ensuite des images à la fois aquatiques et célestes. C’est le moment des changements de tenues.

Sheena Ringo apparait ensuite en tenue plus sobre noire avec une coiffure rosée au carré, tenant une petite pomme verte à la main qui s’avère être des crécelles. Le morceau Osorubeki Otonatachi est joué pour ce redémarrage avec un final superbe d’ichiyo Izawa au clavier. Il fera également un petit solo sur le morceau suivant Katsute ha Otoko to Onna. Il faut dire qu’il est entièrement entouré de claviers, dont certains semblent avoir été empruntés à son voisin guitariste car ils ont des autocollants Petrolz dessus. Sur Handsome Sugite, j’aime voir Hata souffrir à la batterie, mais en gardant le sourire car Sheena le regarde juste en face en sautillant avec un tambourin à grelots à la main comme pour l’encourager. Alors que la plupart des morceaux jusqu’à maintenant proviennent de Daihakken, le concert mélange ensuite des morceaux plus anciens comme Himitsu et Bōtomin. La surprise intervient sur Himitsu car Izawa et Ukigumo se mettent soudainement à rapper après avoir lâcher leurs guitares. Pendant que Kameda attire l’attention à la basse devant la batterie de Hata, Ukigumo reprend sa guitare et monte les marches d’un gigantesque panneau de lumières. Ce panneau est monté à son honneur car son nom y est écrit en grand. On a l’impression qu’il s’est élevé dans les airs comme un nuage mouvant, sous le regard de Sheena qui trépigne de joie. C’est un des grands moments du concert et la meilleure interprétation que je connaisse de ce morceau, car Izawa et Ukigumo se débrouillent en fait tès bien dans leurs phrasés rappés. La version de Bōtomin est également très bonne, très théâtrale dans les positionnements de Sheena sur scène. Théâtral est peut être l’adjectif qui va le mieux au prestation de Sheena Ringo sur scène, car on ressent qu’elle porte beaucoup d’attention à ses mouvements. Ces scènes deviennent même iconiques lorsque Sheena a une guitare entre les mains.

Un électrocardiogramme en fond d’écran fait son apparition sur le morceau Dopamint!, ce qui me rappelle un peu celui sur la scène de Gekokujyo Ecstasy. Sous le manteau noir qu’elle enlève soudainement à la fin du morceau, ce cachait en fait une tenue rose ´shocking pink’ pour le morceau Onna no Ko ha Daredemo. Je n’aime pas beaucoup ce morceau ni cette tenue d’ailleurs. Mais l’ambiance change heureusement juste après avec le morceau Kabuki du 2ème album Adult. Le groupe porte désormais des tenues au design futuriste, pour un nouveau tournant plus rock. Le morceau Mirrorball prend une orchestration légèrement différente de l’originale, ce qui me fait dire encore une fois tout l’intérêt de regarder les concerts un à un. Comme je le disais plus haut, ce qui est notable est que la prestation est dans l’ensemble plus enjouée et détendue que d’habitude. Je compare surtout avec le concert précédent Ultra C, qui était extrêmement intense et sérieux, alors que sur Discovery, le groupe laisse échapper beaucoup plus de sourires et de petites phrases criées au public. Dans les deux cas, cela reste Tokyo Jihen, dans le sens où c’est extrêmement professionnel. Viennent ensuite les immanquables, Nōdōteki Sanpunkan et OSCA avec toujours le solo de basse de Kameda. Ce qui est amusant sur ce morceau, c’est que Sheena contrôle la pédale de la guitare basse de Kameda et qu’elle coupe soudainement le son vers la fin de sa prestation solo comme si elle contrôlait tout et qu’elle sifflait la fin de la récréation. Je ne sais pas si Tokyo Jihen peut faire un concert sans OSCA et ça manquerait de toute façon car c’est toujours un moment où le groupe y ajoute un peu d’improvisions. Ici Ukigumo joue un petit air connu (que je ne reconnais pas) et Izawa lui répond au clavier tout en se demandant, d’une tête interrogative, ce que c’est que cette musique. Cette version d’OSCA est cependant un peu moins sauvage que celles que j’ai déjà vu sur d’autres concerts (quoique).

Le morceau suivant Zettaichitai Sōtaichi, de Daihakken, repasse à 4 guitares alignés sur le devant de la scène, et suit ensuite un autre morceau classique des concerts, Denpa Tsūshin. Il manque d’ailleurs FOUL dans la playlist car j’avais pris l’habitude de le voir juste après OSCA et avec Denpa Tsūshin pas très loin. Encore une fois, sur ce morceau, chaque mouvement est extrêmement théâtral avec Sheena en position figée de rockeur sur la fin du morceau. Le morceau suivant Denki no Nai Toshi est plus calme et me fait un peu penser au morceau Superstar d’Adult, avec une interprétation très poignante au bord des pleurs. Pendant ce morceau, Sheena joue de la guitare par intermittence, avec une jambe pliée en l’air sans perdre l’équilibre. A la fin du morceau, elle positionne la guitare devant elle, comme un rampart pour se protéger. Je ne peux m’empêcher de voir un signe dans ce geste nous signifiant que la musique passe avant tout et que la chose privée doit rester ainsi. C’est toujours ce que je constate au moment des commentaires vers le public qui sont assez succincts et dévoilent assez peu ses sentiments privées. Pour les messages au public, Ukigumo est même envoyé seul sous les projecteurs pour adresser maladroitement quelques commentaires qui font sourire. On sent qu’il n’est pas super à l’aise ni spontané. Le plus inhabituel est que Hata est aussi chargé de donner un petit message au public un peu plus tard vers la fin du concert. Il a écrit son message à l’avance sur un petit papier, mais on ne saura pas s’il a été au bout de tout ce qu’il a écrit. Le fait que les membres du groupe soient excellents lorsqu’ils jouent sur scène et qu’ils soient assez timides en dehors des morceaux m’amusent toujours beaucoup. En fait, j’attends toujours ces moments avec impatience.

Le vingt-deuxième morceau du concert est 21-seiki Uchū no Ko. C’est le morceau que je comprends le moins du groupe, mais il passe mieux en concert. Il me fait toujours penser à un morceau de commande, car il est assez atypique dans discographie de Tokyo Jihen et ressemble beaucoup à d’autres morceaux de J-POP un peu insipides, comme ceux d’Ikimono Gakari par exemple. Le concert se termine sur Senkō Shōjo qui est également un grand classique des concerts de Tokyo Jihen. Sheena sort de scène en premier pendant la partie finale du morceau et le groupe la suit ensuite avant d’être rappelé sur scène par le public. Le nouveau morceau Konya ha Kara Sawagi qui n’est pas encore sorti à cette époque, car il sortira plus tard sur le mini-album Color bars, commence les rappels, suivi de Gunjō Biyori du 1er album Kyōiku et de Atarashii Bunmeikaika qui termine pour de bon le set. Mais c’est la dernière tenue de Sheena Ringo qui marque les esprits, avec une coiffure à plumes d’indien, ou de paon. Le concert vaut le coup d’être vu rien que pour ce dernier costume, qui doit être un des plus beaux qu’elle ait porté avec celui en fleur au début du concert Bon Voyage. La foule est d’abord surprise en l’apercevant et on voit qu’elle apprécie elle-même beaucoup cet accoutrement car elle fait un tour rapide sur elle-même pour montrer le mouvement des plumes. Le reste du groupe n’est pas non plus en manque d’originalité, avec une note spéciale pour Izawa habillé en toréador bleu clair. Ce sont ces costumes que l’on voit sur la pochette du DVD et du Blu-ray. Le concert se termine dans l’extravagance du morceau Atarashii Bunmeikaika, après un message final de Sheena vers la foule. Les crédits de fin sont accompagnés du morceau Gnossienne No. 1 d’Erik Satie qui donne un contraste assez étonnant avec le concert en lui-même, mais ce morceau est de toute façon très beau.

Au final, c’est difficile de dire si ce concert est meilleur que le précédent Ultra C, car même si la playlist est plus inégale sur Discovery, il y a un côté plus fun qu’on ne trouvait pas sur Ultra C. Ultra C était par contre plus intense en émotions sur certains morceaux. De toute façon, il n’y a pas d’impératif à choisir l’un ou l’autre et ça me réconforte plutôt dans le fait qu’il faut que les regarde tous les uns après les autres.

Pour référence ultérieure, je note ci-dessous la playlist de DISCOVERY:

1. Tengoku he Yōkoso (天国へようこそ) du 5ème album Daihakken (大発見)
2. Sora ga Natteiru (空が鳴っている) du 5ème album Daihakken (大発見)
3. Kaze ni Ayakatte Yuke (風に肖って行け) du 5ème album Daihakken (大発見)
4. Carnation (カーネーション), morceau qui sera plus tard inclus sur le 6ème album studio de Sheena Ringo, Hi Izuru Tokoro (日出処)
5. Kaitei ni Sukū Otoko (海底に巣くう男) du 5ème album Daihakken (大発見)
6. Karisome Otome (カリソメ乙女) de l’album Sanmon Gossip (三文ゴシップ) de Sheena Ringo
7. Kinjirareta Asobi (禁じられた遊び) du 5ème album Daihakken (大発見)
8. Osorubeki Otonatachi (恐るべき大人達) du 5ème album Daihakken (大発見)
9. Katsute ha Otoko to Onna (かつては男と女) du 5ème album Daihakken (大発見)
10. Handsome Sugite (ハンサム過ぎて), morceau présent sur le DVD CS Channel et sur la compilation de B-sides Shin’ya Waku (深夜枠)
11. Himitsu (秘密) du 2ème album Adult (大人/アダルト)
12. Bōtomin (某都民) du 3ème album Variety (娯楽/バラエティ)
13. Dopamint! (ドーパミント!) du 5ème album Daihakken (大発見)
14. Onna no Ko ha Daredemo (女の子は誰でも) du 5ème album Daihakken (大発見)
15. Kabuki (歌舞伎) du 2ème album Adult (大人/アダルト)
16. Mirrorball (ミラーボール) du 3ème album Variety (娯楽/バラエティ)
17. Nōdōteki Sanpunkan (能動的三分間) du 4ème album Sports (スポーツ)
18. OSCA du 3ème album Variety (娯楽/バラエティ)
19. Zettaichitai Sōtaichi (絶対値対相対値) du 5ème album Daihakken (大発見)
20. Denpa Tsūshin (電波通信) du 4ème album Sports (スポーツ)
21. Denki no Nai Toshi (電気のない都市) du 5ème album Daihakken (大発見)
22. 21-seiki Uchū no Ko (21世紀宇宙の子) du 5ème album Daihakken (大発見)
23. Senkō Shōjo (閃光少女) du 4ème album Sports (スポーツ)
24. (Encore) Konya ha Kara Sawagi (今夜はから騒ぎ) du mini-album Colors
25. (Encore) Gunjō Biyori (群青日和) du 1er album Kyōiku (教育)
26. (Encore) Atarashii Bunmeikaika (新しい文明開化) du 5ème album Daihakken (大発見)

un bleu azur insaisissable

Je marche cette fois-ci dans les rues de Shirogane en écoutant Variety de Tokyo Jihen. C’est à priori l’album le moins aimé du groupe. C’est vrai qu’il est désordonné mais je l’aime personnellement beaucoup, autant que les autres. Je suis en fait partie à la recherche de la maison individuelle Kamikozawa House conçue par l’architecte Kenji Hirose en 1959. Je suis déjà passé la voir pendant un de mes joggings du week-end il y a plusieurs années, mais je voulais la prendre en photo correctement avec mon appareil photo reflex. Je me souviens de ses formes simples et modernes, même radicales pour l’époque, et j’avais envie de les revoir. Je tourne en rond autour de l’adresse que j’avais noté mais je ne la trouve malheureusement pas. Elle a peut être été détruite, ce qui ne m’étonnerait que moyennement car les propriétaires initiaux qui lui ont donné ce nom n’y habitent plus. La maison étant de plain-pied sur une surface assez vaste, elle a du être considérée comme n’étant pas optimisée pour l’espace tokyoïte, surtout dans des quartiers denses en maisons et résidences comme Shirogane. Un petite visite sur GoogleMaps me confirme effectivement qu’un nouveau bâtiment est en construction à l’emplacement de Kamikozawa House. En chemin, je prends en photographie divers lieux et choses, des temples, des posters en kimono, des composants extérieurs d’air conditionné ou des architectures intéressantes qui se conjuguent bien avec le naturel. J’aime beaucoup le quartier de Shirogane car j’ai l’impression que je peux encore m’y perdre. La réalité est que je finis par connaître ces rues et que les surprises en chemin s’amoindrissent petit à petit. Les deux dernières photographies sont prises à Shibuya, sur la rue Meiji et près du Department Store PARCO. En les rajoutant à la fin du billet, j’ai le sentiment qu’elles ne sont pas nécessaires à l’ensemble du billet. Mais je les laisserais quand même à la fin de cette série de photographies, car le fait qu’elles ne soient pas nécessaires les rend complètement indispensables. C’est aussi la manière dont je vois ce blog, dans son ensemble, et ça me libère de toute idée préconçue sur ce que je dois mettre ou pas sur ces pages.

Musicalement parlant, vous l’aurez certainement déjà bien compris, je suis dans une phase d’écoute quasi-exclusive de la musique de Sheena Ringo et Tokyo Jihen. J’écoute bien d’autres musiques mais beaucoup moins de nouveautés que d’habitude et plutôt des albums que j’ai acheté il y plusieurs mois ou années. J’ai eu des phases musicales similaires précédemment, correspondant par exemple à la musique de Jun Togawa et Yapoos, Autechre ou encore Radiohead, Sonic Youth, The Cure et Pixies, dont je dévorais les albums les uns après les autres sans interruptions majeures. C’est un peu épuisant, mais j’adore cet état d’addiction musicale qui me fait réaliser toute la réalité du slogan « No Music, No Life » (bon, j’exagère volontairement le trait mais c’était pour garder en lien quelques affiches de la campagne publicitaire de Tower Records: TJ, SR1, SR2 et SR3, NB). Il faut dire que Tokyo Jihen ne m’aide pas beaucoup à décrocher car, en plus de mon objectif de voir tous leurs concerts, ils sortent régulièrement de nouveaux morceaux qui sont de plus en plus intéressants. Tokyo Jihen sort donc le morceau Blue ID (青のID) le Vendredi 6 Novembre, et je le télécharge sur iTunes dès sa sortie à minuit. Le morceau écrit cette fois-ci par Sheena Ringo est atypique et excellent, avec une once de folie dans la partition de piano. C’est comme si le groupe retrouvait une deuxième jeunesse depuis leur réformation. Il ne plaira peut être pas à tout le monde, mais j’aime beaucoup cet aspect sans compromis. Je trouve que Blue ID, également sous-titré d’un titre en espagnol Período Azul (qui m’inspire mon titre de billet), se trouve dans une continuité de style avec le EP précédent contenant le morceau principal intitulé Aka no Doumei (赤の同盟) également sous-titré en espagnol en Alianza de Sangre. On n’est pas non plus très éloigné du son de Tokyo Jihen car certaines intonations musicales me sont familières, mais l’ambiance générale est différente depuis leur reformation Je rêve discrètement qu’ils se dirigent petit à petit vers un style plus expérimental, vu que le groupe en a toutes les capacités techniques. En attendant, Tokyo Jihen sortira un autre morceau la semaine prochaine, intitulé Inochi no Tobari (命の帳) dont je risque bien de parler ici.

Je continue de manière méthodique mais désordonnée la revue des albums live de Sheena Ringo avec Gekokujō Xstasy (下剋上エクスタシー) qui est le premier concert enregistré et disponible en DVD (et même en VHS à l’époque). Le DVD est sorti le 7 Décembre 2000 en même temps que Hatsuiku Status Gokiritsu Japon (発育ステータス 御起立ジャポン) dont je parlais auparavant. J’avais acheté ces deux DVDs en même temps à l’époque au HMV de Shibuya (mais je me répète très certainement). Gekokujō Xstasy était une tournée nationale en 15 dates à travers tout le Japon du 17 Avril au 7 Juin 2000. La captation du DVD reprend des parties des concerts au NHK Hall à Shibuya, Tokyo le 26 Avril et au Fukuoka Sunpalace le 31 Mai 2000, ainsi que trois courtes parties documentaires entrecoupant le concert. Comme j’ai pu le constater assez souvent jusqu’à maintenant, il ne s’agit malheureusement pas du concert entier car quelques morceaux de la playlist ont été enlevés comme les singles Koko de Kiss shite ou Gibs et d’autres morceaux sont plutôt présents sur le premier disque de Zetchōshū à savoir les morceaux Yattsuke Shigoto et Gamble. Je n’arrive toujours pas à comprendre les raisons d’enlever des morceaux et d’en mettre ailleurs. Sur ce concert, Sheena Ringo avec la formation Gyakutai Glycogen (虐待グリコゲン) interprète des morceaux des deux premiers albums Muzai Moratorium et Shōso Strip, ce dernier étant sorti un mois plus tôt le 31 Mars 2000.

Il ne s’agit pourtant pas de sa première tournée. La première tournée s’appelait Senkō Xstasy (先攻エクスタシー) et se déroulait en 7 dates du 1er ou 18 Avril 1999 dans des clubs de Fukuoka, Osaka, Nagoya, Kanazawa puis Shibuya et Sendai. En cherchant un peu, on peut trouver sur internet la bande sonore du tout premier concert de Sheena Ringo sur cette tournée à Fukuoka le 1er Avril 1999 au 福岡DRUM LOGOS. J’imagine que le lien Youtube peut disparaitre à tout moment, et la qualité audio est assez moyenne de toute façon, mais ça a valeur de documentaire. De Senkō Xstasy, le concert se déroulant le 9 Avril au Shibuya ClubQuattro a été en fait filmé, et on en trouve une partie sur un des disques de la Box-set Live sorti en Novembre 2013 à l’occasion des 15 ans de sa carrière musicale. Il ne s’agit que d’une partie du concert, 5 morceaux pour 22 minutes, à savoir Koko de Kiss Shite. (ここでキスして。), Keikoku (警告), アイデンティティ (Identity), Crazy For You (une reprise de Madonna) et Onaji Yoru (同じ夜). Je ne pense pas trouver un jour cette Box-set Live à un prix raisonnable (le prix oscille entre 24,000 yens et 56,000 yens), mais quelques recherches internet permettent de voir ces 22 minutes de concert (j’imagine là encore que le lien va disparaitre). La qualité vidéo et audio de cet enregistrement est étonnamment bonne, et les interprétations excellentes (très agressives, roulant excessivement des ‘r’ sur le morceau Keikoku par exemple), avec de nombreuses interactions avec le public. La formation sur cette tournée était déjà Gyakutai Glycogen, donc avec Seiji Kameda à la basse, Junji Yayoshi à la guitare, Makoto Minagawa aux claviers et Masayuki Muraishi à la batterie. J’aime bien le fait que Kameda soit pratiquement toujours présent. Pendant le concert, Sheena est coiffée d’une petite couronne qui n’est pas sans me rappeler celle de Courtney Love sur l’album Live Through This de Hole, sorti 5 ans plus tôt (on sait que Sheena Ringo est fan de Nirvana, au point de rajouter le nom du groupe et de Kurt Cobain dans la version modifiée de Marunouchi Sadistic). Je ne parlerais pas de sa tenue de scène très sexy et du kanji 主 (maître) sur sa main gauche qui laisserait penser qu’il y a des esclaves dans la salle. La totalité des morceaux a été apparemment enregistrée, mais je crois comprendre que le reste restera dans les archives. Certains autres extraits ont quand même été diffusés sur la chaine musicale du câble Space Shower TV, comme Marunouchi Sadistic (encore un lien qui est destiné à disparaitre mais la qualité video est de toute façon très mauvaise). Après la tournée Senkō Xstasy, Sheena Ringo se lançait dans l’enregistrement de son deuxième album Shōso Strip.

La tournée suivante, la deuxième donc, s’appelait Manabiya Xstasy (学舎エクスタシー) et se déroulait en 4 dates du 2 au 13 Novembre 1999 lors de festivals d’universités (学園祭) à Kanagawa (Tokai University sur le campus de Hiratsuka), Tokyo (Showa Women’s University), Fukuoka (Seinan Gakuin University) et Kyoto (Ritsumeikan University). Les concerts de la tournée n’ont pas été officiellement enregistrés ou diffusés en DVD, mais il existe sur internet une vidéo de piètre qualité du concert du 7 Novembre 1999 à l’université Showa Women’s University à Setagaya, Tokyo. Certains morceaux ont été quand même enregistrés et sont présents sur le deuxième disque de Zetchōshū, à savoir Mellow (メロウ), Fukō Jiman (不幸自慢) et So Cold (喪@CINコ瑠ヲュWァ). La formation n’est plus Gyakutai Glycogen, mais Tensai Präparat (天才プレパラート). En fait, je n’avais pas eu la présence d’esprit de constater que les trois disques du EP Zetchōshū correspondent en fait, dans l’ordre, à ses trois premières tournées.

Mais revenons plutôt à Gekokujō Xstasy qui est censé être le sujet principal de ce billet. Le terme gekokujō signifie la prise de pouvoir d’une personne plus faible sur une plus forte (la révolte des faibles en quelque sorte), terme utilisé historiquement au Japon depuis la période de Kamakura dans les batailles de clans. On pourrait traduire par outsider, ce qui doit correspondre à son état d’esprit par rapport à la scène musicale de l’époque. Personnellement, même maintenant qu’elle se trouve pleinement dans le mainstream, je la considère toujours comme étant outsider. Le DVD la nomme Shéna Ringö, ce qui est assez inhabituel, mais se normalisera ensuite en Sheena Ringo, qui est son nom officiel en romanji (et non Shiina Ringo qui est la transcription directe du japonais). La couverture de l’album reprend des symboles hospitaliers tout comme la vidéo de Honnō, le premier morceau interprété sur le concert. Par rapport aux deux tournées mentionnées auparavant, Gekokujō Xstasy prend une identité beaucoup plus marquée avec une mise en scène spécifique. La scène prend la forme d’un bloc opératoire, comme dans l’univers de Honnō donc, avec électrocardiogramme en fond, un modèle anatomique sur le côté et des grandes lampes de salle d’opération. Le staff sur scène est également habillé en infirmier, d’une tenue verdâtre. Un séjour à l’hôpital avant l’enregistrement de ce morceau Honnō a apparemment été initiateur de ce décor hospitalier. Les membres du groupe sont tous habillés de blanc et Sheena porte une sorte de camisole aux manches trop longues tachées de rouge sang par endroits. Cette mise en scène est très emblématique, et même assez inquiétante, exacerbée par le regard, les yeux grands ouverts, de Sheena Ringo lui donnant comme une pointe de folie. Un cameraman et une photographe se trouvent également sur scène pour la filmer et la prendre en photo, comme s’il s’agissait d’une star de cinéma. Cette exagération est volontaire, certainement pour mettre en avant sa popularité récente et les excès que ça entraîne qui la rendrait inconfortable. Toujours est-il qu’elle joue également un rôle pendant tout le concert. Elle ne sourit pas et prend ce concert très au sérieux, ce qui est une ambiance assez différente des tournées précédentes, mais assez similaire aux tournées suivantes. Seiji Kameda porte toujours sa crête en iroquois, ce qui m’amuse toujours en pensant à sa coiffure actuelle qui lui donne plutôt une tête très amicale. C’était une autre époque, il y a 20 ans. Sheena Ringo n’avait d’ailleurs que 21 ans au moment de ce concert.

Après quelques morceaux, le concert est ensuite entrecoupé de quelques scènes montrant les répétitions et la préparation du décor. On y voit notamment les dessins de préparation de la scène et des costumes. D’autres scènes montrent le voyage du groupe en bus, ou l’entrée sur scène. Ces passages me rappellent les scènes qu’on pouvait trouver sur le DVD de Hatsuiku Status Gokiritsu Japon. Un peu plus tard, on passera dans la salle de maquillage où on remarque notamment que tous accessoires sont blancs et marqués du logo rouge en forme de croix. Sur scène, les micros sont également blancs avec des fils rouges. Le reste de la partie documentaire est un mélange de scènes sans liens évidents les unes avec les autres: Kameda recherchant des inscriptions incluant son nom en kanji dans les rues d’une ville (Fukuoka sans doute), une scène d’anniversaire à la guitare pour Kameda, et une autre scène qu’on imagine se passer après un concert dans une salle avec billard (peut être un bar ou une salle des coulisses). Les membres du groupe profitent des instruments présents pour reprendre le morceau Tsumiki Asobi. Dans la première partie du concert qui se déroule au NHK Hall de Shibuya, Sheena a les cheveux longs et les coupe plus court lors de cette tournée. Le morceau Keikoku est intéressant car il démarre sur la version du NHK Hall avec les cheveux longs et bascule soudainement sur la version du morceau prise plus tard au Fukuoka SunPalace où Sheena a les cheveux courts (la partie documentaire nous montre d’ailleurs cette coupe de cheveux). Dans les scènes documentaires, l’ambiance est légère et détendue, et contraste bien évidemment avec ce qui se passe sur scène.

Les interprétations sur scène sont dans l’ensemble très bonne. Une raison pour laquelle le concert n’est pas présenté en entier est peut être dû au fait que seulement les interprétations les plus réussies sont retenus. Le morceau Keikoku, dont je parlais juste avant, est particulièrement réussi, particulièrement agressif notamment dans le roulement des ‘r’. C’était une des distinctions de son chant, mais c’est dommage qu’elle ne le pratique plus maintenant. Je me souviens de la première fois où j’ai écouté Muzai Moratorium et ce roulement des ‘r’ m’avait particulièrement intrigué, notamment parce que c’est très inhabituel pour des japonais. Je regarde ce concert avec une certaine nostalgie, car il me ramène 20 ans en arrière et me rappelle des moments où j’écoutais intensément ces albums. Un souvenir de l’avoir écouté à Nagasaki sous le futon, probablement pendant la Golden Week de l’an 2000, me revient en tête. J’étais revenu dans la famille qui m’avait accueilli au mois de Juillet 1998 pour ma première venue au Japon. Comme souvent, les concerts incluent une reprise, c’est ici le morceau Love is Blind de Janis Ian. Sur la tournée Manabiya Xstasy, c’étaient les morceaux UFO de Pink Lady et Creep de Radiohead. Sur Senkō Xstasy, le morceau Crazy for You de Madonna (dont je parlais avant). Les morceaux que je retiendrais principalement sont Tsumiki Asobi où elle fait bien entendu la danse qui accompagne le morceau, et Tsumi to Batsu où elle donne toute son énergie. La version de ce concert de Izonshō, dernier morceau de l’album Shōso Strip, est par contre problématique. Alors que dans la version de l’album, elle laisse un blanc volontaire dans les paroles où elle évoque le nom de sa voiture, une vieille Mercedes Benz W114 jaunâtre. Elle donne le nom d’Hitler à cette voiture dans la version du concert. Ce morceau des paroles est recouvert d’un beep sonore et on ne l’entend donc pas dans la version du DVD. Cette appellation problématique n’a apparemment aucune signification particulière (bien heureusement je dirais) mais reste au minimum très maladroit. Elle avait apparemment une habitude à cette époque de donner des noms allemands à certains objets, comme sa guitare qu’elle appelait Dietrich. Elle aura plus tard une manie de sous-titrer ses morceaux en français et maintenant en espagnol pour Tokyo Jihen. On peut quand même se rassurer en se rappelant que cette voiture subit un sort radical en se faisant couper en deux dans la vidéo de Tsumi to Batsu. Juste après ce morceau, Sid to Hakuchūmu enchaine avec une mise en image très dynamique qui continue sur le morceau suivant Byōshō Public. La caméra vidéo sur scène est très rapide et montre beaucoup d’images resserrées qui accentuent l’action sur scène. Le concert finit sur le déjà classique Marunouchi Sadistic qui reste quand même meilleur en version originale rock par rapport aux versions plus jazz qui vont suivre (la version Expo par exemple).

Alors que l’on croit le concert terminé, il reprend après les crédits de fin pour quelques morceaux, cette fois-ci au format 4:3 et dans un noir et blanc très granuleux. Sheena Ringo est accompagnée d’une formation appellée Kachiikusa Kinen Gakudan (勝ち戦記念楽団) composée d’un piano et de quelques instruments à cordes. Elle chante un medley de trois morceaux pratiquement a cappella. Cette partie est très forte et aurait dû, à mon avis, être incluse à part entière dans l’ensemble de la video du concert. En fait le vrai dernier morceau, Onaji yoru, est joué en entier et passe soudainement du noir et blanc à la couleur au moment où le morceau monte en intensité. Comme pour l’épisode du changement de coupe de cheveux, cette transition est plutôt intéressante et bien réalisée. Je termine là cette revue du concert. Entre les débuts de Sheena Ringo et le dernier morceau de Tokyo Jihen qui vient juste de sortir, je fais sur ce billet un grand écart sur la ligne du temps, jusqu’au prochain épisode.

Pour référence ultérieure, ci-dessous est la liste des morceaux présents sur le DVD du concert Gekokujō Xstasy:

1. Honnō (本能), de l’album Shōso Strip (勝訴ストリップ)
2. Kyogenshō (虚言症), de l’album Shōso Strip (勝訴ストリップ)
3. Kabukichō no Joō (歌舞伎町の女王), de l’album Muzai Moratorium (無罪モラトリアム)
4. Aozora (あおぞら), en B-side du single Honnō (本能)
5. Tsuki ni Makeinu (月に負け犬), de l’album Shōso Strip (勝訴ストリップ)
6. Identity (アイデンティティ), de l’album Shōso Strip (勝訴ストリップ)
7. Keikoku (警告), de l’album Muzai Moratorium (無罪モラトリアム)
8. Koi wa Mōmoku (恋は盲目; Love is Blind), reprise du morceau de Janis Ian
9. Tadashii Machi (正しい街), de l’album Muzai Moratorium (無罪モラトリアム)
10. Tsumiki Asobi (積木遊び), de l’album Muzai Moratorium (無罪モラトリアム)
11. Benkai Debussy (弁解ドビュッシー), de l’album Shōso Strip (勝訴ストリップ)
12. Kōfukuron (Etsuraku-hen) (幸福論(悦楽編)), du premier single du même nom
13. Tsumi to Batsu (罪と罰), de l’album Shōso Strip (勝訴ストリップ)
14. Izonshō (依存症), de l’album Shōso Strip (勝訴ストリップ)
15. Sid to Hakuchūmu (シドと白昼夢), de l’album Muzai Moratorium (無罪モラトリアム)
16. Byōshō Public (病床パブリック), de l’album Shōso Strip (勝訴ストリップ)
17. Marunouchi Sadistic (丸の内サディスティック), de l’album Muzai Moratorium (無罪モラトリアム)
18. (Medley) Yami ni Furu Ame (闇に降る雨), Kōfukuron (幸福論), Remote Controller (リモートコントローラー), Tadashii Machi (正しい街), extraits des morceaux, dans l’ordre, de l’album Shōso Strip, du premier single Kōfukuron et des B-side du single Koko de Kiss Shite.
19. (Encore) Onaji Yoru (Special Version) (同じ夜(特別バージョン)), de l’album Muzai Moratorium (無罪モラトリアム)

永遠コンティヌウム

L’automne est une des meilleures saisons pour marcher en ville à Tokyo, quand les typhons se mettent en pause temporaire et que la pluie retient ses gouttes le temps du week-end. Nous avons eu beaucoup de week-ends pluvieux ces dernières semaines, donc une journée froide mais ensoleillée devient une opportunité immanquable de marcher à l’extérieur. Je suis malheureusement un peu à court d’idée d’endroits où aller marcher et je me retrouve donc encore une fois à parcourir les rues d’Aoyama jusqu’à Shibuya. En fait, j’avais initialement l’intention de marcher jusqu’à Shinjuku mais le temps me manquant, je m’arrête au niveau de Killer street pour aller revoir d’un peu plus près l’immeuble de béton TERRAZZA de l’architecte Kiyoshi Sei Takeyama (Amorphe). Je suis toujours impressionné par la puissance du béton dans la petite cour intérieure avec murs à l’oblique. J’essaie ensuite de me perdre dans les rues à l’arrière du building, mais je finis toujours par retrouver mon chemin dans Jingumae. Il y a beaucoup d’architecture intéressante dans ces rues. J’ai déjà pris ces endroits en photo plusieurs fois et je me retiens donc pour cette série. Je passe quand même revoir Small House de Kazuyo Sejima, car je veux vérifier si l’arrière de la maison est toujours visible. Jusqu’à maintenant, on pouvait emprunter un petit chemin de terre près d’un sanctuaire donnant accès à un terrain vague depuis lequel on pouvait voir l’arrière de Small House et donc apprécier sa forme asymétrique. Un petit immeuble a malheureusement été construit sur le terrain vague et le chemin de terre transformé en petite allée couverte de pavés. La dernière fois que j’ai pris l’arrière de cette maison en photo était en Août 2018. Cette vue n’est désormais plus possible. En revenant vers l’avenue Aoyama, je passe brièvement devant le grand temple Baisouin dessiné par Kengo Kuma, dont l’allée bordée de bambous est très agréable au regard. Les bureaux de l’architecte se trouvent d’ailleurs dans ce quartier, dans la rue parallèle à l’allée de bambous du temple. Je finis ensuite par regagner le centre névralgique de Shibuya devant le Department Store PARCO. La foule est de retour, comme à la normale, sauf qu’il n’y a pas de touristes. Mon regard se noie dans les mouvements de la foule, mais des petits détails accrochent parfois mon attention, comme ce petit smiley jaune à la fois agressif et sympathique.

Je ressors de mon tiroir le DVD du documentaire et live Hatsuiku Status: Gokiritsu Japon (発育ステータス 御起立ジャポン) de Sheena Ringo, sorti le 7 Décembre 2000 en même temps qu’un autre live Gekokujō Ecstasy. J’avais acheté ces deux DVDs en même temps à leurs sorties simultanées. Chronologiquement parlant, les scènes de concert filmées dans Hatsuiku Status: Gokiritsu Japon se déroulent en Juin et Juillet 2000, environ deux à trois mois après celles de Gekokujō Ecstasy. La principale différence est que Gekokujō Ecstasy était un concert de Sheena Ringo, tandis que le concert intitulé Gokiritsu Japon (Standup Japon) est celui d’un groupe inconnu appelé Hatsuiku Status (Growth Status), qui ne met pas en avant la présence de Sheena Ringo. Ce groupe a en fait été créé spécialement pour composer des nouveaux morceaux qui seront ensuite interprétés en concert lors de quatre dates à Fukuoka, Hiroshima, Kobe et Shinjuku. A cette époque, Sheena Ringo est déjà très connue car ses deux premiers albums Muzai Moratorium et Shōso Strip sont déjà sorti, mais elle ne révèle apparemment pas sa présence dans ce groupe Hatsuiku Status lors des premiers concerts. J’imagine que le secret a du être gardé pour la première date à Fukuoka, mais que le mot a dû se donner peu après.

Hatsuiku Status est loin d’être le seul groupe rock créé par Sheena Ringo. On connait bien sûr Tokyo Jihen, mais elle a aussi l’habitude de créer et de donner des noms particuliers aux formations créées pour chaque album (ou partie d’albums), pour les concerts et parfois pour les enregistrements de certains morceaux. Par exemple, le groupe Gyakutai Glycogen (虐待グリコゲン) s’est formé pour les concerts des tournées Zazen Ecstasy et Gekokujō Ecstasy de l’année 2000, le groupe Tensai Präparat (天才プレパラート) jouait l’année précédente sur la tournée Manabiya Ecstasy (学舎エクスタシー). Sur l’album Muzai Moratorium, il y avait même trois groupes listés, à savoir Zetsurin Hectopascal (絶倫ヘクトパスカル), Zekkyō Solfeggio (絶叫ソルフェージュ) et Momoiro Spanner (桃色スパナ). Les orchestres avec Neko Saito prennent aussi des noms particuliers comme Noraneko Orchestra (ノラネコオーケストラ) sur le concert Baishō Ecstasy. Pour revenir aux noms de groupes, il s’avère qu’ils suivent tous la même construction dans leurs noms, à savoir deux Kanji et un mot en katakana. Les noms des formations orchestrales ont une autre convention de noms utilisant seulement des katakana. Arrêtons nous là sur les noms de groupes, car il doit y en avoir plus d’une trentaine. Et on pourra aussi noter que certains noms d’albums et de morceaux suivent également cette même composition kanji & katakana (丸の内サディスティック, 無罪モラトリアム, 三文ゴシップ…). Il s’agit là encore d’un exemple d’une des spécialités de Sheena Ringo de jouer avec la composition et les associations de mots, et je m’amuse à faire de même avec le titre de ce billet.

Hatsuiku Status a également la particularité d’avoir trois bassistes: Sheena Ringo, Yasunobu Torii et Junko Murata. Cette dernière faisait partie de Hachiōji Gulliver (八王子ガリバー), groupe des débuts de Sheena Ringo à Fukuoka. En parlant des débuts, le premier groupe de lycée de Sheena Ringo s’appelait Marvelous Marble (マーベラス・マーブル) et faisait des reprises. On peut d’ailleurs voir sa première apparition au chant à la télévision dans une émission intitulée Teens’ Music Festival en 1995. Elle avait 16 ans et est à peine reconnaissable. Sur Hatsuiku Status, on trouve également Yuka Yoshimura à la batterie et Hisako Tabuchi du groupe Number Girl à la guitare électrique. Il faut noté que Number Girl est également originaire de Fukuoka, qu’ils ont déjà sorti à cette époque quelques albums comme School Girl Distortional Addict et que Sheena allait à leurs concerts. Hisako Tabuchi est en quelque sorte senpai de Sheena Ringo et elle est de trois ans son aînée, mais on ne ressent pas du tout ce genre de rapport de force dans le documentaire du DVD. Le groupe est principalement féminin, ce qui n’est pas le cas sur les groupes qui vont suivre. En fait, je m’étais toujours demandé pourquoi Sheena Ringo avait soudainement ressenti le besoin de créer un groupe avec Tokyo Jihen en 2004, mais je me rends compte que ce besoin existe depuis ses débuts et qu’elle n’a jamais vraiment été soliste car chaque formation l’accompagnant a un nom et donc une identité. Il y a quelque chose d’intéressant à creuser là, car, vu la singularité des morceaux de sa discographie, on imagine plutôt Sheena Ringo comme étant solitaire dans l’exercice d’écriture des morceaux, qui n’accepterait pas les compromis que le travail en groupe demande. Malgré cela, depuis Tokyo Jihen à partir de la deuxième formation, on sait que sous son impulsion le travail d’écriture est beaucoup plus distribué entre les membres du groupe, surtout à partir du EP Color bars.

Sur ce projet Hatsuiku Status qui ne durera que le temps des quatre concerts que je mentionnais ci-dessus, les morceaux sont en très grande partie écrits par Sheena Ringo, en suivant vaguement le thème de la croissance (comme l’indique le nom du groupe). Le DVD commence par une partie documentaire qui nous montre les répétitions et l’exercice collectif de création musicale. En fait le deuxième morceau de la playlist Warui Nae Yoi Moe (悪い苗 良い萠) est le seul morceau dont les paroles sont écrites par la totalité du groupe et on voit quelques scènes montrant le processus de création. Les paroles sont d’ailleurs assez hétéroclites, citant des mots et bouts de phrases sans liens apparents les uns avec les autres. On peut entendre par moment des noms de personnes, comme ‘Mukai kun’ en référence à Shutoku Mukai de Number Girl, ou ‘Furuya kun’ en référence à Kenji Furuya qui est le chanteur de Dragon Ash. Le nom du 15ème président sud coréen, en fonction à l’époque du concert, est également cité mais on ne l’entend pas sur la vidéo car son nom est couvert d’un deep sonore. Les paroles de ce morceau n’étant que composés de mots divers et variés, je n’y perçois pas de messages particuliers. Ce documentaire peut paraitre anecdotique mais je trouve très intéressant d’observer les relations de Sheena avec le groupe, notamment avec Hisako Tabuchi. Ce DVD doit d’ailleurs être le seul à montrer ce type de documentaire et il est donc assez unique. Les répétions mélangent moments de sérieux et moments d’amusement, avec notamment quelques passages dans un espace de pause qui doit être celui du Shinjuku Liquid Room (qui s’est déplacé à Ebisu en 2004). J’aime beaucoup les moments où Sheena et Hisako sont habillées de la même chemise à carreaux rouges, quand les membres du groupe tentent les unes après les autres de faire les yeux blancs (comme dans la vidéo de Yattsuke Shigoto) tout en mangeant des choux à la crème, ou quand Sheena raconte une histoire sur la perte d’un pendentif en forme de coeur qui l’amène à imiter une scène de comédie musicale.

Vers la fin du documentaire, on voit le groupe préparer la playlist du concert et celui-ci commence peut de temps après dans la salle du Liquid Room de Shinjuku. La captation vidéo est volontairement assez peu modifiée pour donner une impression d’immersion dans la réalité du concert (c’est apparemment l’effet voulu). Le set de la tournée Gokiritsu Japon se compose de 11 morceaux originaux, mais seulement 9 sont montrées en vidéo sur le DVD. Deux morceaux au milieu ont été enlevés, à savoir le cinquième intitulé Fukurande kichatta (膨らんできちゃった) et le sixième intitulé Hai Hai (はいはい), ce qui est extrêmement bizarre. On retrouve cependant ces deux morceaux sur le troisième disque du EP Zecchōshū (絶頂集) sorti quelques mois avant le DVD en Septembre 2000. Peut être que l’inclusion dans le EP Zecchōshū justifie la non inclusion dans le DVD, mais c’est tout de même étrange d’avoir coupé le concert au milieu. Ceci étant dit, on ne s’en rend pas compte. Ce qui est un peu dommage, c’est que le morceau Fukurande kichatta est le plus emblématique et marquant du set, et on l’entend d’ailleurs en extrait au début du DVD. Le EP contient par contre un autre morceau du set, le 11 morceau (ou neuvième sur le DVD) intitulé Kōgōsei (光合成). Le septième morceau du DVD, Konya Dō (今夜だふ), est lui inclus sur la compilation live Mitsugetsu-shō (蜜月抄). Le reste des sept morceaux n’est disponible sur aucune autre compilation live à ma connaissance. Même si le son enregistré est assez brut, j’aurais quand même aimé les avoir en piste audio. Il ne s’agit pas non plus des meilleurs morceaux de Sheena Ringo, du niveau de ceux des deux premiers albums, mais ils sont tout de même très bons. Les morceaux ressemblent plutôt à des b-sides qu’on trouverait sur une compilation comme Watashi to Hōden, mais personnellement j’ai toujours eu une attirance pour les b-sides qui explorent parfois de nouveaux territoires sans concessions. En regardant cette vidéo, on a l’impression de regarder un concert de rock indépendant, ce qui me rappelle avec un peu de nostalgie les fois où nous étions allés voir des concerts rock de jeunes groupes inconnus au Loft de Shinjuku ou au 100000V de Koenji. Ça devait être à peu près à cette époque d’ailleurs. Les morceaux de Gokiritsu Japon sont parfois chantés à plusieurs voix, avec Hisako Tabuchi en accompagnement. Le cinquième morceau du DVD, Haenuki (生え抜き), est celui que je trouve le plus proche au niveau de sa voix des morceaux solo des deux premiers albums. Le concert est en lui-même assez court et la totalité du DVD ne fait que 70 minutes. Le tout se termine par des images supplémentaires après le générique de fin où les membres du groupe discutent des morceaux. L’autre morceau manquant du DVD, Hai Hai, est d’ailleurs joué pendant le générique de fin. Ce DVD a quelque chose d’unique pour sa valeur documentaire, et l’énergie live brute qui s’en dégage est palpable par le rendu de la captation vidéo.

Pour référence ultérieure, la liste des morceaux du concert Gokiritsu Japon sont notés ci-dessous (seulement les morceaux présents sur le DVD):

1. Hatsuga (発芽)
2. Warui Nae Yoi Moe (悪い苗 良い萠)
3. Gaichū Kujo (害虫駆除)
4. Takai Takai (たかいたかい)
5. Haenuki (生え抜き)
6. Sakasetemite (咲かせてみて)
7. Konya Dō (今夜だふ) est inclus sur la compilation live Mitsugetsu-shō (蜜月抄)
8. Mebana yue Obana (雌花 故 雄花)
9. Kōgōsei (光合成) est inclus sur le troisième disque du EP Zecchōshū (絶頂集) et sur la compilation Watashi to Hōden (私と放電)

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On peut légitimement se poser la question de l’intérêt de montrer autant de murs sur un même billet, mais il faut quand même dire qu’ils sont tous, de mon point de vue, assez intéressants, que ça soit pour leurs formes, leurs textures ou les graphismes de rues qui viennent les décorer. La première photographie est prise sur une des hauteurs de Shibuya à proximité de la tour Cerulean. Le bâtiment de bureau a des apparences des plus classiques, mais des détails comme ce mur de passerelle suspendue avec des ouvertures rondes lui donne un aspect futuriste que je remarque en passant. Ces formes froides viennent contraster avec le graffiti de personnage jaune au sourire grimaçant posé sur un muret de parking. En le voyant rire de cette façon, on se demande si c’est une bonne idée de se garer à cet endroit là, sous peine de représailles. Tout ceci n’est qu’imaginaire mais mon imagination n’a pas de limite en terme d’interprétation du langage urbain. Le mur suivant est celui d’une forteresse de béton. Lorsque je passe dans cette rue, je le prends immédiatement en photo car je remarque la qualité des détours des ouvertures, composés de formes en escalier. La brutalité de ce béton omniprésent vient s’adoucir par ce genre de détails que j’aime beaucoup découvrir, et par la présence de végétation au vert dense. J’ai pensé pendant un instant qu’il pouvait s’agir d’une maison dessinée par Tadao Ando, mais en fait non, cette demeure de béton serait l’œuvre de l’architecte Tetsuro Kurokawa, que l’on connaît pour le petit Koban futuriste installé au milieu du parc d’Ueno. Cette grande maison à Nanpeidai a en fait d’illustres propriétaires. Sur un renfoncement de mur qui doit donner accès à une porte d’entrée, on peut lire en lettres d’or les noms de Yuya Uchida et Keiko Uchida, autrement appelée Kirin Kiki, actrice magnifique qu’on a pu voir dans beaucoup de films japonais, notamment ceux de Hirokazu Kore-Eda. Elle nous a quitté en Septembre 2018 suite à un cancer. Je ne sais pas si son mari, le musicien Yuya Uchida, vit dans cette maison car ils étaient séparés depuis 1975, tout en restant mariés. Un peu plus haut sur cette rue en direction de Daikanyama, on trouve un étrange petit bâtiment de verre, en apparence rempli de blocs de bois. Je ne connais pas l’architecte mais je le découvrirais bien un jour ou l’autre. La dernière photographie est prise à Shibuya près de Maruyamachō et montre la façade du Club Asia. Je n’avais pas emprunté cette rue depuis des années et je suis surpris de voir que ce club est toujours là inchangé. J’ai en fait des très vagues souvenirs d’y être allé quelques fois quand j’avais la vingtaine insouciante. Mais ces souvenirs disparaissent et j’aurais dû les écrire sur papier à cette époque où les blogs n’existaient pas encore.

J’écoute beaucoup le dernier album d’Autechre ces derniers jours. Cet album intitulé SIGN est un tournant, un changement de direction vers une musique électronique plus abordable, tout en restant résolument expérimentale. L’album ne dure qu’une heure, ce qui est une petite révolution pour le groupe. Pour préciser, il ne s’agit pas d’un seul morceau d’une heure, mais de 11 morceaux durant tous moins de 10 minutes, ce qui peut paraitre incroyable. Après Exai qui durait 2h, elseq qui durait 4h et NTS Sessions qui durait 8h, je m’attendais à un prochain album monstrueux de 16h. Heureusement, non. J’ai tous les albums d’Autechre sauf NTS Sessions car je ne me suis jamais senti d’attaque pour 8h de musique qui me retournerait le cerveau. Ma compréhension est qu’Autechre voulait s’affranchir des normes imposés par le format d’un album, mais ils semblent être revenu sur cette direction avec SIGN. C’est beaucoup plus facile de se lancer dans l’écoute de ce dernier album. Il a également la particularité de contenir des mélodies qui sont presque évidentes, un peu comme sur Amber. Bien sûr, on parle d’Autechre, donc toutes les mélodies sont bancales et partent vers des sons inattendus (et superbes, ça va de soi). On reconnait également tout de suite le style Autechre, donc le dépaysement n’est pas total, quoique le morceau central Metaz form8 m’a quand même surpris par son style ambiant pur. L’équilibre se dérègle tout de même au fur et à mesure qu’on avance dans le morceau. On se rend compte que certaines pièces de l’univers musical ont du jeu et se désynchronisent petit à petit. Le quatrième morceau esc desc se compose d’une mélodie troublante, à l’équilibre instable rendant cette musique comme organique. Sur les derniers albums d’Autechre, on en était venu à se demander s’ils n’avaient pas terminé leur transmutation cybernétique, tant les sons qu’ils développaient s’éloignaient de toute réalité humaine. Sur SIGN, on a le sentiment qu’Autechre essaie de recréer un lien avec l’espèce humaine. Ceci ne nous empêche tout de même pas d’avoir tendance à oublier notre propre réalité physique lorsqu’on écoute attentivement cette musique. Je me demande comment les fans les plus intransigeants du groupe apprécient ce dernier album. Autechre a toujours eu des décennies d’avance sur tous les autres artistes électroniques (à part peut être Aphex Twin, mais c’est un point de vue personnel). Avec SIGN, on peut avoir l’impression qu’ils baissent un peu la garde, au risque de devenir comparable à d’autres artistes électroniques. Pour ma part, j’aime énormément ce reboot, qui je pense est représenté sur la pochette comme une boucle. Je crois comprendre qu’ils n’utilisent plus Max/MSP sur cet album mais plutôt une version modifiée par leur soin d’Ableton, et sortent donc d’une certaine manière de leur zone de confort. Je pense même que SIGN peut devenir une bonne porte d’entrée dans l’univers d’Autechre. Plus je l’écoute, plus il me marque. Il s’avère même être un excellent compagnon pour des promenades nocturnes dans l’occupation urbaine, que l’on effleure seulement en marchant car l’esprit est occupé à défricher ces notes volontairement dissonantes.

人間は意外と強い

Cette affiche géante se trouvant sur la place de Hachiko devant la gare de Shibuya et proclamant en très grande écriture que « les humains ne sont pas faibles”, provient apparemment d’un manga appelé Yakusoku no Neverland (約束のネバーランド, The Promised Neverland) écrit par Kaiu Shirai (白井 カイウ) et dessiné par Posuka Demizu (出水 ぽすか) dans le magazine Weekly Shōnen Jump de Shūeisha. A vrai dire, je ne connais pas du tout ce manga et j’en ai même jamais entendu parler, mais j’aime beaucoup l’idée d’interpeller les passants par des écritures démesurées. Lors de cette marche dans Shibuya, de retour de Shinsen un peu plus haut, je traverse le quartier des Love Hotels à Maruyamachō et je concentre mon objectif photo sur les grandes affiches, notamment celle d’un cinéma appelé Kinohaus, ainsi que sur les petites affichettes collées en abondance sur certains murs de vieilles bâtisses. Devant le complexe Bunkamura, j’aperçois le bâtiment aux vitrages à l’oblique que j’avais utilisé pour une de mes premières compositions urbano-végétales, il y a plus de dix ans. J’y repense avec une certaine nostalgie à chaque fois que je passe devant ce bâtiment. Comme indiqué sur la façade, on trouve dans ce bâtiment une galerie d’art tenue par Atsuko Barouh, la compagne de l’auteur-compositeur-interprète Pierre Barouh. Je savais que Pierre Barouh avait des liens avec le Japon, mais je ne savais pas par contre qu’il avait passé son enfance en Vendée et que certains lieux aux Herbiers et aux Sables d’Olonne portent son nom. Sheena Ringo avait écrit et interprété un morceau intitulé 13 jours au Japon (~2O2O日本の夏~), inclus dans la compilation 50 ans de Saravah, la maison de production de Pierre Barouh. Cette compilation était sorti en Septembre 2016, quelques mois avant la mort de Pierre Barouh en Décembre de la même année. Le morceau 13 jours au Japon que Sheena Ringo chante en français et en japonais nous parle déjà des futurs Jeux Olympiques de Tokyo et est en fait une reprise du morceau Treize jours en France de Francis Lai pour un documentaire du même nom de Claude Lelouch sur les Jeux Olympiques de Grenoble en 1968. La musique du documentaire est sorti aux éditions Saravah et Pierre Barouh y écrit et interprète un morceau. Le documentaire est traduit en japonais en Shiroi Koibitotachi (白い恋人たち – Les amoureux blancs). Je me suis toujours demandé et me demande toujours pourquoi Sheena Ringo a été amené à interpréter un morceau sur cette compilation. Elle doit certainement être amatrice des compositions de Pierre Barouh. La chanson Un homme et une femme du film de Lelouch, sur une musique de Francis Lai et des paroles de Pierre Barouh, est d’ailleurs utilisée pendant les interviews en interlude du concert de Tokyo Jihen Domestic! Virgin Line de 2006. L’utilisation de ce morceau m’avait étonné mais je vois maintenant quelques liens se dressés. Toujours est il que Sheena Ringo utilise souvent des mots français et c’est notamment le cas du concert qui va suivre.

Je continue donc tranquillement ma revue des concerts de Sheena Ringo et de Tokyo Jihen. J’ai trouvé le Blu-Ray du concert Bon Voyage de Tokyo Jihen sorti le 13 Juin 2012 chez le disquaire Disk Union de Shibuya. Il s’agit d’une captation du dernier concert de la tournée Domestique Bon Voyage qui se déroulait du 14 au 29 Février 2012 en six dates à Yokohama, Osaka et Tokyo. Le dernier concert de la tournée, le 29 Février, se déroulait au Nippon Budokan de Tokyo et était en effet le dernier concert de Tokyo Jihen car le groupe avait annoncé leur séparation un peu plus tôt en Janvier. On sait maintenant que ce n’était en fait pas le dernier, le groupe s’étant reformé le 1er Janvier 2020 et ayant démarré la tournée News Flash à partir du 29 Février 2020, soit 8 ans très exactement après leur dernier concert et pendant une même année bissextile. Comme Bon voyage est une tournée d’adieu, le concert au Budokan ne manque pas de grandiose, surtout si on le compare à celui de News Flash au NHK Hall, qui était beaucoup plus sobre dans sa présentation. Nippon Budokan est d’abord environ 4 fois plus grand que le NHK Hall de 3800 places ou 3 fois plus grand que le Tokyo Forum de 5000 places, et c’est un lieu qui a un certain prestige. Il date de 1964, construit initialement pour les compétitions de judo des Jeux Olympiques de Tokyo. Les caméras pendant le concert ne manquent pas de montrer l’intérieur arrondi du Budokan dans toute sa grandeur, surtout pendant le deuxième morceau Atarashii bunmeikaika où l’espace est très éclairé et envahi de confettis. Les tenues du groupe pour les premiers morceaux sont flamboyantes, très colorées. Le chapeau fait de formes de fleurs que porte Sheena Ringo est rempli de couleurs et c’est une des plus belles tenues de scène que j’ai pu voir pour l’instant. Neko Saito et son orchestre d’une quarantaine de personnes est également présent à l’arrière de la scène derrière le groupe, mais n’intervient pas sur tous les morceaux.

OSCA est le quatrième morceau interprété et fonctionne toujours très bien dans les concerts que j’ai vu. Une des particularités de cette version est le solo de basse de Seiji Kameda juste avant la reprise sur la deuxième partie rapide du morceau. Les quatre danseuses du groupe Idevian Crew qui apparaissaient dans la vidéo du morceau sont également sur scène et courent dans tous les sens pendant que Sheena chante et crie au mégaphone. Au passage, OSCA est, je pense, le premier morceau écrit par Ukigumo pour Tokyo Jihen et la vidéo est la première dirigée par Yuichi Kodama, le futur mari de Sheena Ringo. OSCA enchaine directement sur FOUL, exactement comme sur le concert News Flash. L’énergie des deux morceaux fonctionne bien dans la continuité. FOUL se termine sur un “Thank you” furtif de Sheena à la foule. Season sayonara continue le set avec Neko Saito au violon. Ce qui m’impressionne toujours dans ces concerts, c’est que le groupe introduit beaucoup de variations dans leurs interprétations et que ces interprétations sont toujours impeccables au point où je les trouve même meilleures que sur les albums. Tokyo Jihen serait il meilleur Live qu’en studio?

Sur une interprétation instrumentale du morceau Carnation par l’orchestre, les membres du groupe sont présentés les uns après les autres sur les écrans géants montrant des photos des différentes périodes de chaque album. Pendant cette présentation, le groupe se change pour une tenue de type music hall qui surprend au premier abord par son côté un peu kitch. Ce n’est pas la partie que je préfère du concert surtout que le morceau Kaisei ni Sukū Otoko n’est pas non plus inoubliable. Par contre, ce qui suit est extrêmement interessant. Sheena remplace Ichiyō Izawa au piano et c’est Izawa qui passe sur le devant de la scène pour interpréter son morceau de Color Bars, Kai Horror Dust, en tenue noire et violette dans un style Visual kei avec chaussures à talons hauts. Puis la surprise continue quand l’écran se noircit et laisse maintenant apparaitre Toshiki Hata au milieu de la scène pour l’interprétation à son tour de son morceau pour Color Bars, Honto no Tokoro. Son interprétation de ce morceau des plus étranges est habitée. Il y met tout son coeur et sa puissance vocale. Sheena passe à la batterie et on voit qu’elle regarde Hata assez fixement, peut être avec un peu d’appréhension sur la manière dont il va interpréter le morceau. Le meilleur morceau de Color Bars, sa_i_ta, écrit par Ukigumo suit ensuite, interprété à deux voix. Les petits drapeaux sont de sortie à ce moment là et Sheena bat la mesure en rythme. Comme elle se met à chanter de coté pendant un moment sur ce morceau, je pense d’abord qu’il s’agit là des prémices de cette posture que l’on verra prédominante plus tard dans les concerts et interprétations télévisées de Sheena ou du groupe. Mais en fait non, elle est relativement mobile pendant ce concert. Je me demande à quoi est dû cette posture statique récente.

Dans les morceaux incontournables, il y a bien sûr Shuraba et Nōdōteki Sanpunkan, mais l’interprétation de ce dernier manque un peu de pêche par rapport à la version que je connais sur News Flash. J’aime bien par contre l’interprétation de Zettai Zetsumei où elle danse mécaniquement au début sur un rythme électronique. Les quatre danseuses de la troupe Idevian Crew réapparaissent sur certains morceaux, mais je trouve que leur présence n’est en général pas indispensable. L’orchestration de Neko Saito reprend derrière et le reste du groupe s’est effacé car ils préparent l’interlude suivant, une interprétation d’une chanson pour enfant écrite par Yoshimi Satō intitulée Ice Cream no Uta. Ils sont tous les quatre habillés entièrement en rouge. C’est rigolo de les voir chanter, surtout Kameda qui perd un peu le fil à un moment, mais on pouvait s’en passer tout comme la partie instrumentale montrant une scène du jeu vidéo Ice Climber sur Famicom, sous le titre Bon Voyage. Il s’agit seulement d’une courte interlude. je n’aime pas beaucoup le morceau qui suit, Oishii Kisetsu, reprise du morceau que Sheena a écrit pour Chiaki Kuriyama et qui sortira en single beaucoup plus tard en 2017. Mais l’interprétation ici le rend un peu plus intéressant. Avec ces quelques morceaux, on comprend pourquoi un logo de glace est utilisé sur le livret accompagnant le blu-ray.

Après Onnanoko ha Daredemo, le concert continue sur des morceaux que j’aime beaucoup plus comme Omatsuri Sawagi de l’album Kyōiku ou Tengoku he Yōkoso de Discovery, beaucoup plus posé en apparence mais mélangeant l’orchestre et le guitare électrique de Ukigumo. La voix de Sheena est impressionnante, comme sur la totalité du concert d’ailleurs. L’orchestration me fait penser à une musique de film d’espionnage et alors qu’elle s’allonge, une vidéo repasse en accéléré en arrière tout le concert, comme si on rembobinait la bande. Le groupe se change pendant ce temps là pour la dernière partie qui sera plus rock en commençant par le morceau Time Capsule écrit par Kameda. Tous les morceaux de Color Bars sont donc interprétés. Le concert reprend un tournant que je préfère. Sheena prend la guitare pour la première fois sur Denpa tsūshi, qui est très bon comme toujours. Cette partie du concert est beaucoup plus rock, un peu comme sur News Flash, et c’est à mon avis bienvenu. Le petit passage qui suit où le groupe parle devant le public est vraiment sympa et amusant. Ils parlent notamment, avec un ton un peu moqueur, du nom du concert “Bon voyage” qui ressemblerait à un mot du kansai. Hata lui ne parle pas beaucoup mais prend une photo de la foule derrière sa batterie. Les morceaux assez classiques s’enchainent ensuite Senkō shōjo où le groupe s’approche du public pendant le petit solo de guitare, puis Kachiikusa où Sheena reprend la guitare pour la deuxième fois, Killer Tune avec une intervention de cuivres et Sora ga natte iru, toujours immensément cool (je repense toujours à la vidéo du morceau en entendant ce morceau) et qui semble être le dernier morceau du concert comme pour News Flash (peut être parce qu’il y a les paroles 終わらせないで – Ne terminez pas). Sheena quitte d’abord la scène mais le groupe reviendra pour le final habillé en tenue marine qui va bien avec l’image du bateau de Bon Voyage. L’orchestre est également habillé en moussaillon.

On peut voir ensuite une version de Marunouchi Sadistic, qui n’est pas la version Expo ni celle de Muzai Moratorium, mais reste d’inspiration jazz. Dans l’ensemble, le groupe est plus décontracté. Sheena vient toucher les mains de la foule pendant ce morceau. Gunjō Biyori suit ensuite et c’est à ce moment là que je remarque que Ukigumo est habillé en kilt écossais. Pendant ce morceau, j’aime bien quand Sheena regarde Hata pour accorder sa guitare à la batterie. J’avais remarqué la même chose sur News Flash. Seishun no Mabataki est l’avant dernier morceau et je l’aime beaucoup car il m’avait fait revenir vers la musique de Sheena Ringo lorsque je l’avais entendu à Kōhaku sur NHK. Le concert se termine sur le classique Tōmei Ningen. Avant cela, Izawa adresse un court message à la foule nous disant que la musique continue en nous même si le groupe s’arrête, mais que si on est en manque, on peut toujours appeler directement Sheena Ringo au téléphone. Izawa parle pour le groupe, car Sheena ne trouve apparemment pas ses mots et remercie seulement à la fin. Le concert se termine ensuite sur quelques images prises en studio ou pendant les moments de pause. Le concert aura duré plus de 2h, beaucoup plus long que News Flash, beaucoup plus extravagant dans ses bons et mauvais côtés. On a beaucoup plus l’impression d’un spectacle, avec une petite dose de divertissement et des interventions avec le public (qui n’étaient bien entendu pas possible sur News Flash). Toujours est il que, comme je le disais ci-dessus, la qualité est tellement bonne que je l’ai déjà revu plusieurs fois. J’ai en fait assez hâte de voir d’autres concerts, mais je ne garantis pas écrire autant à chaque fois.

Pour référence ultérieure, ci-dessous est la playlist des morceaux de Bon Voyage:

1. Ikiru (生きる) du 4ème album Sports (スポーツ)
2. Atarashii bunmeikaika (新しい文明開化) du 5ème album Daihakken (大発見)
3. Konya ha karasawagi (今夜はから騒ぎ) du mini-album Colors
4. OSCA du 3ème album Variety (娯楽/バラエティ)
5. FOUL du 4ème album Sports (スポーツ)
6. Season Sayonara (シーズンサヨナラ) du 4ème album Sports (スポーツ)
7. Carnation (Inst.) (カーネーション) [inst.], version instrumentale du single Carnation qui sera inclus dans l’album Hi Izuru Tokoro (日出処)
8. Kaisei ni Sukū Otoko (海底に巣くう男) du 5ème album Daihakken (大発見)
9. Kai Horror Dust (怪ホラーダスト) du mini-album Colors
10. Honto no Tokoro (ほんとのところ) du mini-album Colors
11. sa_i_ta du mini-album Colors
12. Nōdōteki Sanpunkan (能動的三分間) du 4ème album Sports (スポーツ)
13. Shuraba (修羅場) du 2ème album Adult (大人/アダルト)
14. Zettai Zetsumei (絶体絶命) du 4ème album Sports (スポーツ)
15. Ice Cream no Uta (アイスクリームの歌) est une chanson pour enfants écrite par Yoshimi Satō
16. Bonus Stage (tiré de Ice Climber) (ボーナスステージ(アイスクライマーより) [inst.] ), morceau instrumental tiré du jeu Famicom Ice Climber sorti sur NES en 1985
17. Oishii Kisetsu (おいしい季節), reprise du morceau composé par Sheena Ringo pour Chiaki Kuriyama et qui sortira en single en 2017 et sera inclu sur Gyakuyunyū: Kōkūkyoku (逆輸入 〜航空局〜)
18. Onnanoko ha Daredemo (女の子は誰でも) du 5ème album Daihakken (大発見)
19. Omatsuri Sawagi (御祭騒ぎ) du 1er album Kyōiku (教育)
20. Tengoku he Yōkoso (天国へようこそ) du 5ème album Daihakken (大発見)
21. Time Capsule (タイムカプセル) du mini-album Colors
22. Denpa tsūshin (電波通信) du 4ème album Sports (スポーツ)
23. Senkō shōjo (閃光少女) du 4ème album Sports (スポーツ)
24. Kachiikusa (勝ち戦) du 4ème album Sports (スポーツ)
25. Killer Tune (キラーチューン) du 3ème album Variety (娯楽/バラエティ)
26. Sora ga natte iru (空が鳴っている) du 5ème album Daihqakken (大発見)
27. Marunouchi Sadistic (丸ノ内サディスティック), version modifiée du morceau de Muzai Moratorium
28. Gunjō Biyori (群青日和) du 1er album Kyōiku (教育)
29. Seishun no Mabataki (青春の瞬き), reprise du morceau composé par Sheena Ringo pour Chiaki Kuriyama et qui sera inclus dans Gyakuyunyū: Kōwankyoku (逆輸入 ~港湾局~)
30. Tōmei Ningen (透明人間) du 2ème album Adult (大人/アダルト)