something in the air right above the palm tree

Idéalement placée en plein centre de Daikanyama près du palmier synthétique jaune et vert couvert de panneaux solaires, la nouvelle résidence conçue par Kengo Kuma semble être proche d’être terminée. Son design, utilisant le bois comme très souvent chez l’architecte, est élégant, du moins beaucoup plus que l’ancien centre commercial que cette résidence vient remplacer. Le palmier reste lui immuable et est devenu emblématique du quartier. En regardant de loin, on pourrait vaguement penser à un palmier au bord de mer dans une illustration de Hiroshi Nagai comme celle intitulée Shade of Palm Grove. Hiroshi Nagai est notamment connu pour la couverture de l’album City Pop A Long Vacation d’Eiichi Ohtaki, sorti en 1981. Je n’ai jamais été attiré par le style City Pop des années 1980 à part quelques morceaux découverts un peu par hasard sur Internet. Dans les rues de Daikanyama, je retrouve des autocollants de la fille au regard déterminé dessinée par Fuki Committee. Il est très actif à Shibuya et dans ses quartiers limitrophes. J’aurais voulu aller voir son exposition récente dans la petite galerie Night Out, mais le temps m’a malheureusement manqué. Je ne me souviens plus quel était l’objectif de cette marche. Il n’y avait sans doute pas d’objectif précis, à part celui de marcher en écoutant la musique que j’aime. J’ai à priori fait une boucle qui m’a ramené vers le centre de Shibuya, en passant devant Bunkamura. J’y prends en photo les affiches alignées car je reconnais l’ancien et photogénique Hôtel Belvédère construit en 1882 en Suisse qui doit apparemment apparaître dans un film de Wes Anderson. En fait non, il s’agit d’une exposition de photographies intitulée Accidentally Wes Anderson qui aura lieu du 25 Novembre au 28 Décembre 2023 dans le hall d’exposition du building Hikarie à Shibuya. Cette exposition semble très intéressante. À côté de cette affiche, il s’agit d’Élisabeth d’Autriche, surnommée Sissi, dans une pause singulière pour l’époque. Le film intitulé Corsage retrace la vie de Sissi pendant l’année 1878. Il est très peu probable que j’aille le voir, ceci étant dit, car l’affiche ne nous y invite pas vraiment.

Je parlais un peu plus haut de la galerie Night Out, que je voulais visiter depuis un bon petit moment sans pourtant trouver une bonne occasion. Les images des peintures de l’artiste Shigeki Matsuyama (松山しげき) pour son exposition Portrait of dazzle vues sur le compte Instagram de la galerie m’attirent tout de suite, et je me décide à aller les voir ce lundi, jour férié mais pluvieux. Je n’aime pas beaucoup marcher longtemps sous la pluie mais je ne voulais pas manquer de voir de près ces portraits tout à fait fascinants. La galerie se trouve dans une petite rue à quelques dizaines de mètres du musée Watarium. Elle est située au troisième étage d’un immeuble étroit et il faut sonner à l’interphone pour y entrer. La galerie se compose d’une seule grande salle rectangulaire composée de murs blancs et donnant sur une longue baie vitrée. L’espace est très lumineux et met d’autant plus en valeur les œuvres de Matsuyama posées sur chacun des murs. Sur ces portraits, le contraste entre les yeux très détaillés et expressifs et les formes des visages et des corps très simples et stylisées me fascinent. Il y a un mélange d’universalité et d’unicité dans ces représentations abstraites. C’est vraiment brillant car ces formes simples nous semblent familières sans forcément avoir une idée précise en tête de qui il pourrait bien s’agir. La plupart de ses figures sont féminines à part une seule posée à côté du comptoir de la galerie. Cette figure là semble masculine mais est en même temps androgyne. Je pense très vaguement à Grace Jones. En me voyant prendre de nombreuses photographies et m’attarder longtemps sur chaque œuvre, la personne tenant la galerie (je ne sais si elle est gérante ou seulement employée de la galerie) me demande si je connais personnellement l’artiste, ce qui n’est pas le cas. Étant seul dans la galerie, la conversation s’engage car cette personne est très sympathique. On parle des œuvres que l’on admire dans la galerie et j’en viens à expliquer les raisons pour lesquelles je connais cette galerie. Je l’avais découverte en faisant des recherches sur Internet après avoir pris en photo les autocollants de Fuki Committee comme celui montré ci-dessus. Elle me dit qu’elle en fera part à l’artiste Fuki-san qui sera certainement content d’apprendre le cheminement de cette découverte. Au passage, elle me donne des autocollants que je vais garder précieusement. J’ai très souvent pensé créer mes propres autocollants à partir de mes formes urbano-végétales pour ensuite aller les coller dans les rues de Tokyo, mais ça ne doit pas être autorisé. Je me retiens donc fortement.

Il y a un plusieurs semaines, j’ai entendu à la radio un nouveau morceau de Kirinji (キリンジ) intitulé Honomekashi (ほのめかし) qui m’a tout de suite attiré. Kirinji est depuis l’année 2020 le projet solo de Takaki Horigome (堀込高樹) et il était invité dans cette émission de radio (J-Wave, je pense) pour présenter son nouvel album Steppin’ Out, sorti le 6 Septembre 2023. Ce morceau Honomekashi est une collaboration avec un duo rock coréen appelé SE SO NEON (새소년). Ce n’est pas la première fois que j’entends Kirinji en duo avec un ou une artiste coréen. Le premier morceau que j’ai écouté de Kirinji était d’ailleurs le sublime Killer Tune Kills Me avec la coréenne YonYon. J’aime beaucoup Honomekashi car on s’y sent bien en l’écoutant, flottant loin au dessus de tout ce qui va mal dans ce monde. Avec Kirinji, j’aime quelques morceaux pris indépendamment mais je ne me suis jamais lancé dans l’écoute d’un album entier. Pourquoi ne pas essayer avec son dernier Steppin’ Out? Ça commence très bien avec le premier long morceau Runner’s High, que j’aime vraiment beaucoup, et ce dès les toutes premières notes électroniques cosmiques. J’aime aussi beaucoup la manière dont Takaki Horigome chante dans la deuxième partie du morceau tout en tension maîtrisée. Il y a clairement une ambiance City Pop, à laquelle je ne suis pas vraiment habitué. On qualifie de City Pop, toute la musique pop japonaise qu’on a envie d’écouter la nuit en ville en voiture en faisant durer le trajet pour pouvoir écouter l’album en entier (et optionellement le chanter en même temps). Enfin, c’est la définition que je donne et ça correspond parfaitement à ce morceau là de Kirinji. Le deuxième de l’album, nestling, est moins fort mais continue assez bien dans cette lignée City Pop. Kirinji a un sens très affuté de la mélodie. Malheureusement, les trois et quatrième morceaux me plaisent beaucoup moins et je décroche jusqu’au cinquième Honomekashi, qui m’interpelle à chaque fois. Le sixième morceau intitulé seven/four me plaît aussi énormément car il s’agit d’un instrumental jazz très atmosphérique. La suite m’intéresse de nouveau beaucoup moins. Au total, sur les neuf morceaux de l’album, j’en apprécie réellement que quatre. Je suis un peu déçu de ne pas pouvoir apprécier l’album en entier, d’autant plus que la couverture dessinée par l’illustrateur Naofumi Osawa “Miche” (みっちぇ) du studio Bōrei Kōbō (亡霊工房) est superbe. Ça sera peut être pour son prochain album. En entendant, ces quatre morceaux sélectionnés tournent très régulièrement dans ma playlist et je ne m’en lasse pas.

une échappée sous la lune

J’essaie quelques évolutions du titre du blog, qui était dernièrement écrit en japonais, en katakana pour être précis. Je tente d’y mélanger des blocs d’architecture glanés par-ci par-là dans Tokyo. Le titre restera en principe en noir et blanc, mais celui montré actuellement n’est à priori pas définitif. Lorsque je me lance à créer ce genre de titre, j’ai toujours en tête l’image de ma page À propos que j’avais créé il y a plusieurs années, mélangeant des mots (« Tokyo » en l’occurrence) avec des morceaux d’immeubles et de végétation. Comme une conséquence indirecte de cette recherche graphique, les photographies et compositions de ce billet en deviennent plus abstraites. J’aspire à créer ou à sélectionner un peu plus souvent ce types de photographies plus imagées, mais je me laisse parfois rattraper par l’encombrante réalité.

Je me suis inscris pour une période d’essai d’un mois à la chaine BS WOWOW, afin de pouvoir voir le concert de Sheena Ringo Aitsura to Shiru Shogyōmujō (椎名林檎と彼奴等と知る諸行無常) que j’avais été voir le 9 Mai 2023 au Tokyo International Forum. Le concert filmé et diffusé sur WOWOW le Samedi 9 Septembre 2023 était la dernière représentation, celle du 10 Mai 2023. C’était un vrai plaisir de voir en images avec plans serrés des scènes que je n’avais pu voir que de loin depuis ma place lors du concert. Je n’avais par exemple pas pu profiter de tous les détails de l’étrange chapeau qu’elle portait pendant la dernière partie du concert avant les rappels. Je n’avais pas non plus distingué quel était le sake qu’elle tendait à bout de bras et que je montre ci-dessus. L’excellente surprise était de constater qu’il s’agissait d’un sake Kokuryu (黒滝) originaire de la préfecture de Fukui, sake que j’apprécie particulièrement car on en a acheté plusieurs fois pour le nouvel an, quand on arrive à en trouver. Enfin, il ne s’agissait pas de celui qu’elle montre sur scène, qui est une édition limitée appelée Kokuryu Ishidaya Junmai Daiginjo, forcément très chère. Ce sake se vend à 13,200 Yens la bouteille. On apprend d’ailleurs que ce concert sortira en Blu-ray et DVD le 22 Novembre 2023, en version complète avec bonus, car la version de WOWOW ne contenait pas les rappels.

Je me rends compte que la chaîne WOWOW montre beaucoup de musique, en particulier des concerts très récents. J’en ai profité pour regarder celui de Yoasobi à Saitama Super Arena (さいたまスーパーアリーナ) qui avait lieu le 3 Juin 2023. Ce concert s’appelait Denkōsekka (YOASOBI ARENA TOUR 2023 “電光石火”). Je suis très loin de connaître tous les morceaux du groupe, mais au moins leur dernier succès récent intitulé Idol (アイドル) qui est assez fantastique d’énergie sur scène. Le concert se déroulant dans une salle omnisports de type Arena, la foule présente était impressionnante même en vidéo sur grand écran. Saitama Super Arena a une capacité maximale de 37,000 personnes. Il s’agit d’une des plus grandes salles du monde en cinquième position derrière la Paris La Défense Arena de 40,000 places et le Tokyo Dôme de 55,000 places. La scène rempli de lumières est tellement grande qu’on doit avoir un peu de mal à voir Ikura car elle n’est pas très grande, sauf quand elle monte sur une petite estrade. Ceci étant dit, elle arrive très bien à attraper la foule, et c’est intéressant à regarder même si tous les morceaux ne me plaisent pas forcément. Le spectacle est conçu comme un show qui va plus loin que la musique en elle-même. En concert, j’aurais plutôt tendance à me contenter seulement de la musique même si les petits passages que les artistes adressent à la foule concrétisent en quelque sorte leur réalité physique.

Je continue à faire le curieux sur WOWOW en regardant et en enregistrant le concert d’un groupe que je connais encore moins, BABYMETAL. Je n’ai jamais eu envie d’écouter leur musique car le nom du groupe m’a toujours paru ridicule et certains morceaux comme Gimme Chocolate me paraissait exagérer à l’extrême le contraste entre le côté kawaii des trois chanteuses et le dureté du métal le plus basique. Je me suis tout de même laisser tenter avec ce concert intitulé BABYMETAL RETURNS - THE OTHER ONE -, car l’imagerie est assez fascinante et la curiosité a été plus forte que ma volonté. Ce concert est très récent car il s’agit d’une captation des 28 et 29 Janvier 2023. J’ai été en fait très surpris par la qualité des morceaux que j’ai pu écouter lors de ce concert. Je me suis même surpris à noter quelques noms de morceaux, ceux qui m’intéressaient, pour ensuite les écouter en version studio sur YouTube. Je me rends compte que la grande majorité des morceaux dont j’ai apprécié l’écoute étaient tirés du dernier album intitulé The Other One, sorti le 24 Mars 2023. Les morceaux de cet album ont complètement perdu le côté kawaii des premiers albums, ce qui n’est pas vraiment étonnant car les deux chanteuses de BABYMETAL, Suzuka Nakamoto (au nom de scène Su-metal) et Moa Kikuchi (aussi appelée Moametal), ont respectivement 25 et 24 ans. Elles ont commencé le groupe il y a dix ans et donc à l’age de 14-15 ans. Il semble tout à fait normal que la musique et le chant du groupe aient gagné en maturité. C’est à mon avis tout à fait bienvenu. J’écoute maintenant le nouvel album en entier et le morceau Divine Attack (神撃), qui est vraiment excellent, est déjà mon préféré. Le chant de Su-metal est très affirmé et ne perd pas en force face au rythme forcené de la batterie et les guitares métal envahissantes. Les musiciens métalleux ne plaisantent en général pas avec la qualité de leur son. Le néophyte devrait écouter ce morceau pour se donner une idée. J’aime aussi beaucoup d’autres morceaux comme Light and Darkness, Metal Kingdom et le plus calme, entre guillemets, The Legend, qui conclut l’album. Ce dernier morceau est particulièrement intéressant car il dévie des sonorités typiques du métal en introduisant du saxophone. Peut-être s’agit d’une prochaine orientation pour le groupe d’apporter des instruments nouveaux. La particularité du groupe est de mélanger les sons électroniques aux guitares. Ce rythme électronique est particulièrement marqué sur un morceau comme Metalizm, qui est également un des très bons morceaux de l’album, tout en étant le plus déstructuré. Je lisais dans les revues de cet album qu’il avait perdu le côté fun que l’on pouvait entendre sur les premiers albums. Le concert que je regarde sur WOWOW garde quelques morceaux ayant ce côté ludique. Headbanger!! est un bon exemple de cela. Depuis ce concert, le groupe est repassé à trois chanteuses avec l’arrivée récente de Momoko Okazaki. Ce concert est visuellement impressionnant et très scenarisé avec des interludes entre les morceaux. Là encore, la salle de Makuhari Messe à Chiba est gigantesque, mais les trois filles de BABYMETAL savent bien maîtriser la foule. C’est particulièrement intéressant de voir Su-metal contrôler les mouvements de cette foule de fans, avec un air sérieux ou pince-sans-rire. C’est parfois tout à fait fascinant, et même un peu inquiétant quand une partie du public se met à courir en cercle quasiment sous les ordres des trois filles, ou peut-être est ce plutôt au son des guitares, je ne saurais pas vraiment dire. J’avais déjà remarqué cela il y a quelques temps sur la vidéo live du morceau plus ancien Road of Resistance. Il était également joué pendant ce concert à Makuhari Messe. Je trouve quand même ce morceau un peu trop teinté de sonorités musicales d’idoles à mon goût. On ne retrouve pas ce côté idole kawaii dans le nouvel album, ce qui me plait particulièrement. Mon seul regret est que le groupe n’est pas changé de nom avec l’arrivée de la troisième chanteuse et le revirement stylistique des morceaux.

J’ai déjà écouté une dizaine d’albums de Buck-Tick mais je suis loin d’avoir fait le tour de leur discographie extensive s’étendant sur 35 ans. Le groupe fête donc ses 35 années de carrière et WOWOW diffuse pour l’occasion plusieurs concerts. J’imagine que le néophyte débarquant par hasard sur une retransmission d’un concert de Buck-Tick doit être particulièrement décontenancé. Le regard sombre et perçant du chanteur au style gothique Atsushi Sakurai (櫻井敦司) a de quoi soit effrayer, soit fasciner. Je suis personnellement dans la deuxième catégorie. Sakurai a un charisme et une présence sur scène qui accaparent toute l’attention, mais j’aime aussi la flamboyance certaine du guitariste et compositeur Hisashi Imai (今井 寿). Les membres du groupe approchent maintenant de la soixantaine mais les années n’ont pas l’air d’altérer leur musique. Ce qui m’impressionne c’est que la musique du groupe semble complètement hermétique aux goûts du jour. Buck-Tick poursuit son chemin mais mélange aussi beaucoup les styles, ce qui peut être au premier abord assez déconcertant. Les qualités musicales du groupe et la voix très marquante de Sakurai peuvent en fait tout intégrer, du rock gothique le plus sombre aux sons électroniques les plus accentués en passant soudainement par des moments beaucoup plus pop et accrocheurs avec toujours des restes de Visual-Kei, comme en témoigne la crête du batteur Toll Yagami (ヤガミ・トール). Il y a en fait assez peu de demi-mesure car chaque morceau est mené avec une tension qui est loin de laisser indifférent. Je regarde donc le concert intitulé SHOW AFTER DARK (魅世物小屋が暮れてから) avec beaucoup de passion. Il s’agit d’une captation au Nihon Budokan (日本武道館) le 29 Décembre 2021, quelques mois après la sortie de l’album Abracadabra. Buck-Tick joue bien entendu plusieurs morceaux de cet album comme MOONLIGHT ESCAPE, Villain, Kemonotachi no Yoru (獣たちの夜), Bōkyaku (忘却), Eureka (ユリイカ), entre autres. Je ne connaissais pas l’album Abracadabra et je découvre ces très bons morceaux en regardant le concert. Le groupe reprend aussi certains morceaux plus anciens et particulièrement marquants comme Muma (夢魔 -The Nightmare), Rakuen (楽園) ou BABEL. Ce sont des morceaux envoûtants, et je dirais même hantés, qui nous font redécouvrir tout le génie musical du groupe. Je n’exagère pas ce terme et je pense même que le talent du groupe n’est pas assez reconnu malgré leur longévité hors-norme. Buck-Tick est bien passé sur Music Station un peu plus tôt cette année pour la sortie de leur dernier single et album, mais on ne les sentait pas du tout à leur place sur un plateau de télévision grand public. Le groupe doit s’accommoder de l’ombre et de la fidélité de leur public. J’arrive tout à fait à comprendre que ce public de fans viennent nombreux aux concerts de Buck-Tick. J’aimerais aussi assister à un de leur concert, mais ça semble bien difficile sans faire partie du fan club. En attendant, je regarde les uns à la suite des autres les quelques concerts diffusés sur WOWOW.

いけないリボンロック

Lors de ma visite récente de l’exposition du What Museum à Toyosu, j’avais repéré le flyer d’une autre exposition, celle du photographe Itaru Hirama (平間至). Son exposition intitulée Photo Songs (写真のうた) se déroule du 8 Juillet au 23 Août 2023 dans le Hall B au neuvième étage de la tour Hikarie à Shibuya (渋谷ヒカリエ9F ヒカリエホール ホールB), dans un espace apparemment affilié à Bunkamura. La photographie du flyer montre le musicien rock Kiyoshiro Imawano (忌野清志郎) penché excessivement en avant sur son micro. La dynamique de cette photographie et l’accoutrement fantaisiste d’Imawano m’ont attiré. Il était leader du groupe RC Succession (RC voulant dire Remainders of the Clover, car Clover était le nom du premier groupe d’Imawano), mort d’un cancer en 2009. Je ne connais pas très bien ce groupe et ce musicien qui sont pourtant légendaires au Japon. Même sans connaître la musique du groupe RC Succession, à part peut-être quelques morceaux très renommés, je reconnais tout de même très facilement la voix tellement particulièrement de Kiyoshiro Imawano. En fait, je connais tout de même le morceau Ikenai Rouge Magic (い・け・な・いルージュマジック) qui est une collaboration de Kiyoshiro Imawano avec Ryuchi Sakamoto, et qui est repassée quelques fois à la radio à la mort de Ryuchi Sakamoto.

Itaru Hirama est principalement connu pour ses photographies de musiciens et de groupes japonais, particulièrement lorsqu’ils ont une tendance et un esprit rock. Il a hérité de son père le studio photo familial installé à Shiogama, dans la prefecture de Miyagi, mais les poses fixes de gens que l’on prend en général en photo dans ce genre de studio photo ne l’intéressait pas beaucoup et il s’est attaché à explorer la capture du mouvement dans ses photographies. Il entend opérer dans son approche photographique un rapprochement avec l’excitation et l’esprit de libération que l’on peut retrouver dans la musique punk rock. On ressent particulièrement bien ce rapprochement lorsqu’Itaru Hirama photographie des groupes comme The blue hearts, Ging Nang Boyz (銀杏BOYZ) et son leader Kazunobu Mineta (峯田和伸), Kenichi Asai (浅井健一) et Blankey Jet City, ou encore l’acteur Tadanobu Asano (浅野忠信) dont les cheveux longs hirsutes de l’époque lui donnait un look sauvage. Cette exposition était pour moi d’autant plus intéressante qu’elle aborde un sujet qui me tient à cœur, celui de la manière dont la musique vient s’infiltrer dans le style photographique. La relation musicale dans mes photographies est une idée que j’ai en tête depuis de très nombreuses années, à mon simple niveau amateur. Dans cette exposition, j’ai aussi énormément apprécié le fait qu’Itaru Hirama photographie de nombreux groupes et artistes que j’apprécie, avec parfois des associations étonnantes. Le groupe Clammbon (クラムボン) est par exemple pris en photo avec Ling toshite sigure (凛として時雨). Le groupe Ling toshite sigure apparaît également seul sur d’autres photographies, tout comme la chanteuse Ikuko Harada (原田郁子) de Clammbon. Un grand nombre des photographies montrées lors de l’exposition ont été réutilisées pour les campagnes publicitaires de Tower Records, No Music No Life, dont je parle assez régulièrement sur ce blog, mais également pour des magazines musicaux japonais et quelques fois pour le gratuit Kaze to Rock (風とロック) au sujet duquel j’avais été voir une exposition dernièrement dans la galerie du Department Store PARCO. Entre cette exposition récente à PARCO et celle du photographe Itaru Hirama, c’est intéressant de voir cet engouement récent à montrer ces années rock du début 2000. On ne pouvait pas prendre de photos à l’intérieur de la plupart des salles d’exposition, ce qui assez dommage. Je me contente donc de montrer certaines affiches pour Tower Records regroupées au début de l’exposition. Itaru Hirama a pris en photo à plusieurs reprises le groupes Yellow Magic Orchestra et ses trois illustres membres à savoir Haruomi Hosono (細野晴臣), Ryuichi Sakamoto (坂本龍一) et Yukihiro Takahashi (高橋幸宏). Après la disparition récente cette année de Ryuichi Sakamoto et de Yukihiro Takahashi, ces quelques photos, dont certaines assez humoristiques, prennent une valeur toute particulière. Je vois aussi que la photo, pour la campagne No Music No Life, montrant Jane Birkin avec le chanteur et compositeur Yōsui Inoue (井上陽水), dont je parlais très récemment, a été prise par Itaru Hirama. L’exposition nous montre une autre photo des deux artistes. J’aime aussi ces photos montrant Quruli et son leader Shigeru Kishida (岸田繁), Aimyon, les idoles de Speed et UA, entre autres. Itaru Hirama a également pris beaucoup de photographies de couvertures d’albums et de singles. Deux murs de l’exposition montraient des CDs. J’étais particulièrement attiré par celui montrant les singles en CD 8cm au format en long. Je vois notamment que le photographe a pris Rie Tomosaka (ともさかりえ) en photo pour le single Cappuccino (celui écrit et composé par Sheena RIngo). La dernière partie de l’exposition montre des photographies d’inconnus prises dans son studio. La mise en scène y est souvent intéressante mais je pense que les visiteurs étaient plutôt là pour voir des photographies d’artistes. Celle de Kiyoshiro Imawano reprise sur le poster de l’exposition reste une des plus réussies.

Comme je l’indiquais dans mon billet précédent, j’écoute maintenant le dernier album Akaboshi Aoboshi (赤星青星) de Kayoko Yoshizawa (吉澤嘉代子), sorti en 2021. J’évoquais déjà la photographie de couverture de l’album réalisée par le directeur artistique Hitoki Naruo (鳴尾仁希). Les morceaux de cet album s’accordent bien à la délicatesse de cette image qui n’est pourtant pas absente d’une certaine force. Le chant de Kayoko Yoshizawa est très maîtrisé et sa voix très complète. On a très souvent envie de revenir vers des morceaux de l’album pour certains effets de voix et certaines manières de chanter qu’elle utilise, comme par exemple sur le morceau Jelly no Koibito (ゼリーの恋人). L’ensemble de l’album est plutôt apaisé, même si les guitares pointent régulièrement leur cordes dans les détours. Elles sont particulièrement présentes sur le troisième morceau morceau intitulé Gumi (グミ), qui est également un de mes préférés. C’est un morceau très accrocheur tout comme celui intitulé Service Area (サービスエリア) qui le précède. Il y a un morceau aux ambiances rétro que j’ai tout de suite beaucoup aimé, le septième intitulé Redial (リダイヤル), d’autres plus pop comme celui intitulé Oni (鬼). Mes préférés restent ceux qui possèdent une délicatesse musicale certaine comme Ryūsei (流星). Cet album s’éloigne de la musique rock que j’écoutais ces derniers temps et ça fait du bien de divaguer vers d’autres horizons un peu plus inhabituelles.

inside the doughnuts hole

J’aime beaucoup la densité urbaine qui se dégage de la première photo prise à une des extrémités d’Harajuku. La topographie et l’urbanisme non-homogène de Tokyo permettent ce type de vues. Je suis ici debout sur la passerelle piétonne traversant l’avenue Meiji avant qu’elle ne remonte en direction de Shinjuku. J’emprunte souvent cette avenue à pieds ou à vélo. Avant d’arriver à ce point là, je passe très souvent par une route longeant les anciens appartements de Kita Aoyama en attente de destruction. Les bornes jaunes usées bloquant la route aux voitures proviennent de cet endroit avant que cette route ne vienne s’enfoncer dans la suractivité piétonne d’Omotesando, et d’Harajuku ensuite. Un des stickers collé sur une des bornes me rappelle le personnage Homer Simpson, grand amateur de donuts, mais en version défigurée.

Je viens de terminer le visionnage des dix épisodes de 54 mins du drama télévisé de la chaîne TBS Quartet (カルテット). Il ne s’agit pas d’une série récente car elle a été diffusée en 2017, mais elle est apparue soudainement dans ma liste de recommandations sur Netflix et je me suis laissé tenter. J’avais tout de même un intérêt préalable car Sheena Ringo en a écrit et composé le thème musical final intitulé Otona no Okite (おとなの掟), interprété au chant dans le drama par un quartet appelé Doughnuts Hole. Pour l’interpretation musicale, on retrouve sur ce morceau des habitués comme Masayuki Hiizumi (ヒイズミマサユ機 aka HZM) au piano, et Neko Saito (斎藤ネコ) au violon et aux commandes du véritable quartet. Sheena Ringo reprendra plus tard ce morceau sur la compilation Reimport 2 avec le titre The Adult Code. J’ai compris après avoir fini la série la raison de cette mise en avant sur Netflix. Le scénario a été écrit par Yūji Sakamoto (坂元裕二) qui a été récompensé récemment au festival de Cannes pour le meilleur scénario pour le film Monster (怪物) d’Hirokazu Kore-eda (是枝 裕和). On a donc beaucoup entendu parler du film et de ce scénariste au mois de Mai 2023. Je n’ai pas encore vu le film Monster, mais j’aime beaucoup Kore-eda pour avoir voir plusieurs de ses films (Nobody Knows avait été un choc pour moi) et j’ai donc très envie de le voir. Un des grands intérêts du drama Quartet vient des actrices et acteurs qui le composent. Takako Matsu (松たか子) joue le rôle central avec Hikari Mitsushima (満島ひかり), Ryuhei Matsuda (松田龍平) et Issei Takahashi (高橋一生). A eux quatre, ils forment le quartet de musiciens, annoncé dans le titre, réunis d’une manière plus ou moins fortuite dans une maison secondaire à Karuizawa. S’éloignant d’une vie normale, ils se réunissent et vivent dans cette villa pour se consacrer ensemble à la musique, mais leurs vies passées finissent par les rattraper. Il y a beaucoup de rebondissements et d’humour discret dans cette série, mais ce que j’apprécie particulièrement, c’est la subtile lenteur que confère ces lieux dans les montagnes, parfois enneigées, de Karuizawa. Ça donnerait envie d’y vivre, surtout dans une villa comme celle où le quatuor s’est installé. Chaque personnage a ses petites manies et particularités un peu décalées. Le personnage de Suzume joué par Hikari Mitsushima a par exemple une fâcheuse tendance à s’endormir dans des endroits improbables. Iemori joué par Issei Takahashi a pour défaut, ou qualité, de reprendre les gens lorsqu’ils ne font pas les choses correctement ou qu’ils ne suivent pas les bonnes manières, ce qui lance souvent des conversations particulièrement amusantes, poussant même parfois à une réflexion personnelle. Le scénario est bien monté quand on voit ce genre de scènes et anecdotes se reboucher plus tard dans la suite de l’histoire.

J’aime aussi beaucoup le personnage secondaire Alice joué par Riho Yoshioka (吉岡里帆), car elle très manipulatrice malgré son visage d’ange et finit toujours par arriver à ses fins. Une surprise est de voir le chanteur de Hip-hop Mummy-D du groupe Rhymester (ライムスター) joué un petit rôle dans la série. Mummy-D a participé à certains morceaux de Sheena Ringo notamment à la période de Sanmon Gossip. On sait également que Riho Yoshioka est fan de Sheena Ringo, ce qui m’a également interpellé. Mais ce n’est pas tout car le détail suivant est un peu plus ’maniaque’. Dans le dernier épisode du drama, le personnage de Maki joué par Takako Matsu se voit séparée du quatuor de Karuizawa suite à un des nombreux rebondissements de l’histoire. On la voit habiter seule dans une zone d’appartements de type HLM. Je reconnais tout de suite cet endroit car j’y suis allé récemment, le jour du concert de Sheena Ringo. Les scènes du drama ont été tournées dans le complexe d’appartements Hamune (はむね団地) situé entre la station Kokuryō (国領), près de Chōfu (la page Wikipedia du drama n’a même pas cette information). Ces mêmes lieux étaient utilisés dans la version alternative de la vidéo de Koko de kiss shite (ここでキスして。) qui est présente sur le DVD Seiteki Healing Sono Ichi (性的ヒーリング~其ノ壱~). Je ne sais pas s’il s’agit d’une pure coïncidence ou si c’est volontaire, mais je serais vraiment curieux de le savoir. Il faudrait que je note toutes ces questions au cas où je croiserais par hasard Sheena Ringo au détour d’une rue de Tokyo (ce qui est certes très improbable). Ce genre de lien m’intéresse en tout cas beaucoup.

Dans la série, l’acteur jouant le mari de Maki (le personnage de Takako Matsu) m’était familier sans que j’arrive à lui donner un nom. Il s’agit de Kankurō Kudō (宮藤官九郎) qui, en plus d’être acteur, est scénariste et réalisateur. On lui doit notamment le film Shōnen Merikensakku (少年メリケンサック) avec Aoi Miyazaki, sur la réformation d’un groupe punk rock. J’avais vu ce film il y a quelques années en Janvier 2018. Je me rends compte maintenant que Mukai Shūtoku (向井秀徳) de Number Girl était en charge de la musique de ce film, Kankurō Kudō étant un de ses grands fans. Kankurō Kudō a écrit le scénario du film Ping Pong (ピンポン) qui est pour moi plus anecdotique mais qui avait le mérite de contenir quelques morceaux de Supercar dans sa bande originale, notamment l’excellent Strobolights. Il est également le scénariste de la série du matin (Asadora) de la NHK, Amachan (あまちゃん) qui a eu un très grand succès lors de sa diffusion en 2013. Une autre surprise de cette série Quartet est de voir la compositrice et interprète Seiko Ōmori (大森靖子) jouer un petit rôle secondaire dans le sixième épisode, devant notamment le petit cinéma Image Forum (シアター・イメージフォーラム) à Shibuya. Je me dis que c’est une bonne chose d’écrire sur ce blog à propos des films et séries que j’ai vu, car j’aurais du mal à me souvenir de tous ces détails parfois anecdotiques, mais qui sont pourtant pour moi très importants. Je me rends compte que je n’ai jamais parlé du film Drive My Car (ドライブ・マイ・カー) du réalisateur Ryūsuke Hamaguchi (濱口竜介), que j’ai vu il y a plusieurs mois déjà et que j’ai trouvé superbe. C’est peut-être parce que le film a déjà été encensé par la critique que j’éprouve moins d’intérêt d’en parler. Le film prend son temps et touche à des sentiments profonds. On ne peut que remercier un réalisateur de créer des films tels que celui-ci.

Les deux photographies ci-dessus ont été prises dans les environs de la station de Shinagawa. Le passage à niveaux sur la première photo attire les photographes car les trains le traversent lentement après une grande courbe. Un peu plus loin, des bateaux de yakatabune sont stationnés dans un canal en attendant le soir. Ils partiront avec des convives une fois la nuit tombée vers la baie de Tokyo pour remonter la rivière Sumida. Ce jour là, j’étais parti voir une exposition dans les galeries d’art présentes dans les anciens entrepôts Terrada. Le texte partiellement fictif « conteneurs » que j’ai écrit dans le billet précédent m’avait rappelé qu’une exposition intéressante était en cours en ce moment. J’en parlerais certainement avec des photos dans un prochain billet.

Miyuna (みゆな) donnait un mini-concert acoustique gratuit le Vendredi 7 Juillet 2023 à partir de 19h dans le parc Kitaya de Shibuya récemment réaménagé. Cet espace du parc est apparemment spécialement adapté pour ce genre de spectacles car le terrain est en pente et comprend des petits murets et des marches permettant aux spectateurs de s’asseoir. Le public s’assoyait en fait un peu où il voulait et j’étais personnellement resté debout appuyé à la rampe des marches. Je suis arrivé sur place alors qu’elle avait déjà commencé à chanter, mais je n’ai dû manquer que quelques minutes. C’était un moment très agréable à écouter Miyuna en plein air dans un espace entouré de verdure. Elle n’a joué que quelques morceaux demandés par le public, et seulement ceux se prêtant à l’acoustique. Elle a beaucoup parlé au public entre deux morceaux, pour notamment rappeler son prochain concert le 21 Juillet dans la salle WWWX de Shibuya. Je ne pourrais malheureusement pas la voir cette fois-ci dans cette salle, mais je le rattraperait très certainement lors de la tournée de son prochain album quand il sortira. On sent qu’elle aime et a envie de s’adresser au public et j’aime beaucoup l’écouter car elle reste très naturelle et pleine d’humour. On pouvait prendre des photos et des vidéos. J’en montre une sur mon compte Threads, mais je ne souhaitais pas passer mon temps à regarder mon smartphone. J’ai préféré apprécier le moment.

𝓯𝓮𝓮𝓭 𝓶𝔂 𝓫𝓸𝓭𝔂

a子 fait partie des artistes que je voulais absolument voir en live. J’écoute sa musique depuis la découverte de son premier EP MISTY Existence (潜在的MISTY) sorti en Septembre 2020. Elle a en fait démarré à part entière ses activités de compositrice et interprète sous le nom a子 cette même année. Sa carrière est donc toute jeune, mais elle est particulièrement active avec la sortie de deux EPs et 14 singles. Son deuxième EP ANTI BLUE est sorti en Janvier 2021 sous le label créatif indépendant londog qu’elle a créé. Je pense avoir déjà parlé sur ce blog de la grande majorité des singles de l’artiste tant j’aime son approche musicale, résolument rock indé mais oscillant de plus en plus vers un côté pop qui lui va très bien. L’approche du live donne bien entendu une tonalité plus rock à l’ensemble de ses morceaux. Le concert se déroulait le Mercredi 28 Juin 2023 dans la salle WWW à Shibuya, juste à côté du Department Store PARCO. Cette salle se trouve au sous-sol de l’ancien cinéma RISE. Je connaissais en fait déjà la salle WWWX du même bâtiment car s’y déroulait récemment le concert final de For Tracy Hyde. J’aime beaucoup l’ambiance underground de ces deux salles. La salle WWW où se produisait a子 et son groupe doit être un peu plus petite que la salle WWWX à l’étage, mais elle a l’avantage d’être en escalier. J’avais acheté mon billet dès l’ouverture des ventes au début du mois d’Avril, ce qui était bien vu car toutes les places ont été vendues en trois jours. a子 n’est pas encore connue du grand public, mais je comprends tout à fait le besoin de ceux qui apprécient sa musique et son chant de ressentir en live l’atmosphère émotionnelle de ses morceaux. C’était tout à fait mon cas. On voit également pointer ces derniers temps une reconnaissance certaine d’autres artistes. Chiaki Satō (佐藤千亜妃) a, par exemple, invité a子 à chanter en duo sur le morceau melt into YOU de son EP Time Leap. Il faut dire que Chiaki Satō apprécie la musique de a子 car elle avait cité le morceau The Sun (太陽) parmi ses des dix morceaux préférés de l’année 2022 lors de l’émission télévisée KanJam (関ジャム) de fin Janvier 2023. Cette collaboration et reconnaissance a dû étendre son auditoire. Ceci me rappelle d’ailleurs que ce morceau The Sun, que j’aime aussi énormément, fait intervenir Neko Saito (斎藤ネコ) au violon.

Le concert de a子 du 28 Juin 2023 s’intitule FEED MY BODY et il s’agit en fait de son premier concert seule (初ワンマンライブ), c’est à dire en dehors des festivals invitant plusieurs groupes. Ayant acheté ma place en Avril, j’avais presque trois mois pour me préparer. L’ambiance et la taille du concert sont bien différentes du dernier que j’avais vu en Mai, celui de Sheena Ringo, mais sachant que a子 est également fan de Sheena Ringo, j’ai trouvé une certaine logique dans ces dates successives. Le concert démarre à 20h pour une ouverture des portes à 19h. J’arrive juste à l’heure pour l’ouverture, mais on a déjà commencé à appeler les numéros de billets dans l’ordre. Mon numéro est le 300, donc j’ai un peu de temps avant qu’on m’appelle. J’observe en attendant la foule qui constituera le public, car je suis à chaque concert très curieux de voir à quoi ressemble le public des artistes que j’apprécie. La moyenne d’âge semble plus basse que les concerts que j’ai pu voir jusqu’à maintenant, peut-être principalement dans la vingtaine et petite trentaine. Mais je suis de toute façon très mauvais pour donner des âges aux gens. Je ne serais par exemple pas dire quel âge a a子, peut-être autour de 25 ans. Je pense qu’elle doit être un peu plus âgée que ses musiciens, d’après les interviews que j’avais pu écouter à ses débuts. Mais j’ai à peine le temps d’attendre que mon numéro est déjà appelé. On descend ensuite tous méthodiquement en file indienne vers le sous-sol. Tout est très cordial et bien organisé. Une bière prise au passage au bar et me voilà à l’intérieur de la salle. On pouvait en fait assez facilement se placer sur le plateau devant la scène et je me trouve donc en cinquième rangée sur le côté gauche. La salle au sol en escalier est haute de plafond au niveau de la scène. Cela donne un bel espace, bien qu’un peu étroit en largeur. Il ne reste plus qu’à attendre patiemment le début du concert. J’aime particulièrement ce moment d’attente avant le début d’un concert, en écoutant les morceaux sélectionnés en bande sonore de fond. Il y a, à chaque fois, un ou deux morceaux qui m’interpellent et que je cherche aussitôt sur Shazam pour m’en souvenir. Cette fois-ci, les morceaux Tailwhip de Men I trust (rock indé) et Outside d’Oleg Byonic (électro ambient) ont attirés mon attention. Je me demande toujours si les playlists d’avant concert sont sélectionnées par l’artiste qui se produira ensuite. J’y ai en tout cas à chaque fois écouté des choses intéressantes, bien que je pense que la plupart des personnes dans le public ne prête pas grande attention à cette bande sonore. Mais les lumières s’éteignent déjà juste à l’heure, vers 20h. L’artiste et son groupe ne se font pas étendre.

Les quelques photos ci-dessous sont extraites du compte Instagram Akolondog et ont été prises par le photographe Goku Noguchi (野口悟空). Je me permets de les reproduire ici pour donner une image plus précise de l’atmosphère visuelle du concert dans la salle WWW de Shibuya.

Les membres du groupe entrent d’abord sur scène et se placent derrière leurs instruments, suivis par a子 qui entre la dernière, comme il se doit. a子 sur scène ou dans les vidéos a toujours des tenues originales conçues par la styliste Yuki Yoshida et ses cheveux sont plus rouges que jamais. Je reconnais tout de suite les musiciens que j’ai pu voir jusqu’à maintenant dans les vidéos YouTube ou lors des mini-live sur Instagram. a子 assure bien entendu le chant sur tous les morceaux mais joue également de la guitare électrique par intermittence. Elle est accompagnée par deux autres guitaristes. Masumi Saito est le lead guitariste du groupe et intervient aussi sur quelques morceaux en interlude avec un phrasé rappé particulièrement percutant. Jun Shirakawa (白川詢) accompagne également en deuxième guitare. Gaku Usui (臼井岳) est à la basse, Eiji Nakamura (中村エイジ) aux claviers et Manyo (満陽) à la batterie. Derrière le groupe, un grand écran affichait par moment des illustrations et des motifs accompagnant les morceaux. Aux membres du groupe, viennent s’ajouter deux ingénieurs du son placés sur la droite de la scène (on a plutôt l’habitude de les voir en fond de salle) et un photographe mobile nommé Goku Noguchi (野口悟空) filmant et photographiant le concert. Les photographies prises en tête de billets sont les miennes, tandis que les suivantes sont empruntées au photographe Goku Noguchi. Cela fait beaucoup de monde sur scène ou aux alentours. Le concert dans sa totalité était extrêmement professionnel et millimétré, ce qui est une belle réussite sachant qu’il s’agissait de son tout premier live seule. Ils ont joué en tout 17 morceaux, ce qui correspond à peu près à toute sa discographie, si l’on compte les deux EPs 潜在的MISTY et ANTI BLUE et les nombreux singles. On a un peu de mal à croire qu’elle n’ait pas encore sorti d’album, mais ça ne semble pas être sa priorité car elle aurait suffisamment de singles pour en compiler un. a子 enchaîne les morceaux assez rapidement avec parfois aucun temps mort, ce qui nous laisse à peine le temps d’applaudir. On la sent très concentrée tandis que la guitariste Masumi Saito, en coupe rasta à sa gauche, est beaucoup plus décontracté et souriant. La voix de a子 est particulière, proche du chuchotement, mais j’ai été très surpris par sa puissance en live, jusqu’à saturé la sono sur un ou deux morceaux. Elle a une gamme vocale plus étendue que ce qu’on pourrait croire. Écouter la playlist défiler dans nos oreilles me fait dire que sa discographie est jusqu’à maintenant sans erreur. Il y a certes une assez grande consistance de style, et les morceaux s’enchainent dans une continuité des plus agréables. J’aurais même un peu de mal à dire quels sont les morceaux que je préfère car ils ont tous, à leur manière, une accroche qui me plait beaucoup. Une chose est sûre, les morceaux de son premier EP étaient beaucoup plus sombres que les derniers singles, mais elle mélange le tout dans la set list. Je n’ai pas pris soin de noter cette set list du concert, mais j’en ai récupéré une sur Twitter et je la note ci-dessous pour référence. Un des morceaux de son premier EP était particulièrement prenant. On sentait qu’elle était complètement investie dans son chant au point où ses mains en tremblaient. Un grand nombre de morceaux de sa discographie contiennent des petits passages instrumentaux à la limite de l’experimental, qui rendaient particulièrement bien en live car ils laissaient carte blanche aux musiciens. Les solos et arrangements de guitare de Masumi Saito fonctionnaient très bien, d’autant plus quand il y ajoutait quelques phrases semi parlées et rappées. La manière dont il emporte la foule sur l’avant dernier morceau le rend assez mémorable. Il s’agissait en fait d’un nouveau morceau dont le titre n’a pas été annoncé. Il n’y a eu qu’un seul passage de MC vers la fin du concert. a子 revient en quelques messages adressés au public sur sa carrière musicale et ensuite sur le fait qu’on doit penser d’elle qu’elle a bien grandi et évolué. La surprise qu’elle nous révèle ensuite est que ce concert à Shibuya WWW sera suivi pour une tournée de deux dates intitulée l’m crazy now, over you, à Osaka et à Tokyo, certes plus tard dans l’année car les dates sont fixées au 16 Décembre pour Osaka Umeda et au 26 Décembre 2023 pour Tokyo Shibuya. Elle semble extrêmement fière de nous montrer l’affiche de cette future tournée. Le concert à Tokyo se déroulera au Shibuya Club Quattro. La salle est plus grande que WWW donc il s’agit d’une belle avancée progressive. Viendra un jour où elle remplira des salles encore plus grandes comme celle du Liquid Room à Ebisu ou une salle Zepp de Tokyo. À propos justement de Zepp, le prochain concert auquel j’assisterais sera celui de Hitsuji Bungaku (羊文学) en Octobre 2023 au Zepp Haneda (羊文学 Tour 2023 “if i were an angel,”). J’ai manqué le précédent car j’avais été trop lent sur les réservations. J’ai cette fois-ci acheté mon billet dans l’heure suivant l’ouverture de la billetterie. Il est clair que voir et écouter des concerts comme celui de a子 me motivent pour en voir d’autres.

Le passage de MC pendant lequel a子 remercie le public est suivi de deux derniers morceaux, puis le groupe quitte la scène et les lumières s’allument avec une musique de fond. Le public se met tout de même à applaudir pour réclamer des rappels. Je trouve personnellement que c’est étonnant que les lumières se soient rallumées, car ce n’est en général pas le cas pendant cette petite période d’attente avant qu’un groupe revienne sur scène. Je me dis aussi qu’elle a joué tous ses morceaux et me demande ce qu’elle pourrait sortir de son chapeau pour des rappels. a子 refait rapidement surface sur la scène devant le micro, pour s’excuser car il n’y aura pas de rappels. Elle promet même qu’elle en préparera pour la tournée d’Osaka et Tokyo. Elle ressort ensuite de la scène en sautillant. Au final, elle a tout de même joué 17 morceaux pour environ une heure et demi de concert. Je le dirais certainement à chaque fois mais ressentir avec la force du live des morceaux qu’on a tant de fois écouté provoque un sentiment très spécial de satisfaction. Et je suis d’autant plus content d’assister à ce concert, qu’il s’agissait de son premier. J’espère qu’elle proposera des extraits vidéo du concert sur YouTube, ou même un DVD. On pouvait en fait prendre des photos ou des vidéos pendant le concert, mais peu de personnes heureusement le faisait. Les meilleurs souvenirs sont dans notre mémoire.

Pour référence ultérieure, je note ici la set list du concert Feed My Body de a子 dans la salle WWW à Shibuya le 28 Juin 2023:

1. Drip (どろり), tiré du 2nd EP ANTI BLUE
2. Jealousy (ジェラシー)
3. Sinister (シニスター)
4. somewhere, tiré du 2nd EP ANTI BLUE
5. u want (情緒), tiré du 2nd EP ANTI BLUE
6. Angel (天使), tiré du 2nd EP ANTI BLUE
7. As I landed on Mars, tiré du 2nd EP ANTI BLUE
8. CHAOS, tiré du 1er EP 潜在的MISTY
9. Hai (肺), tiré du 1er EP 潜在的MISTY
10. Resist (暴く春)
11. Love is Always (愛はいつも)
12. Suihō (水泡), tiré du 1er EP 潜在的MISTY
13. bye, tiré du 2nd EP ANTI BLUE
Passage MC 🎤
14. The Sun (太陽)
15. All to Myself (あたしの全部を愛せない)
16. New Song
17. hot in the night (熱帯夜), tiré du 1er EP 潜在的MISTY