白黒になる東京 (3)

Je continue cette série montrant Tokyo en noir et blanc avec un nouvel épisode et sans savoir combien de billets au total composeront cette série. Peut-être deviendra t’elle une série au long cours qui réapparaîtra de temps en temps sur ce blog après quelques mois ou années écoulées. J’ai un peu perdu le fils des séries passées car la particularité de ce blog est d’être relativement désorganisé, ce qui est assez différent de ma vie réelle dont je parle volontairement assez peu. Enfin, les billets sont peut-être désorganisés les uns par rapport aux autres, mais les contenus de chaque billet suivent des logiques assez bien définies. Changer cette logique interne sur certains billets provoque parfois de longs débats au sein de la rédaction de Made in Tokyo. Certaines photographies du billet, notamment les premières, sont plutôt anciennes (de quelques mois) tandis que les trois dernières prises à Shinjuku sont plutôt récentes. La première photographie montre un long sous-sol du grand magasin Ginza6. Je ne soupçonnais pas l’existence de ce long couloir plutôt photogénique. J’ai pris une vingtaine de photos dans ce tunnel avec des effets de flou, des effets de mouvements en zoom et en rotation, avec l’intention de les utiliser plus tard comme matériaux pour des compositions avec d’autres photographies. Dans ma librairie de photographies sur l’iMac, j’ai beaucoup de photos prises uniquement pour servir de motifs éventuels, notamment des photos de ciel avec nuages, des photos rapprochées de murs de pierre ou de béton, comme sur la deuxième photographie. L’hortensia de ce billet, comme celle du premier billet de cette série, provient du sanctuaire Hakusan dont je parlerais très certainement dans un prochain billet. Je vais régulièrement à Shinjuku mais plus rarement à Kabukichō. Le quartier change petit à petit depuis l’implantation du grand building des cinémas Toho au printemps 2015. Je me dirige vers un nouvel immeuble en construction pour aller voir les palissades de protection qui l’entourent, mais j’en parlerais également dans un prochain billet. Les trois photographies de Shinjuku montrées sur ce billet sont en fait prises en marchant depuis la gare vers Kabukichō. Le building noir aux contours agressifs, le Yasuyo Building de l’architecte Nobumichi Akashi, est un bâtiment que j’ai déjà montré plusieurs fois sur ce blog. Je l’ai en fait montré plus que plusieurs fois car ce building était l’image d’entête de Made in Tokyo pendant 6 ans de 2010 à 2016, pour les versions 5 et 6 du blog. A cette époque, j’avais même enlevé le titre du blog pour ne laisser que cette image de building noir, positionnée à l’envers. Ce building est tellement symbolique qu’il me paraissait suffisant et il a encore maintenant pour moi une valeur particulière. Sur la dernière photographie ci-dessus, on devine une de raisons de mon passage à Shinjuku.

Le magasin de disques Tower Records de Shinjuku avait monté une petite exposition sur Tokyo Jihen à l’occasion de la sortie de l’album Music (音楽) et il fallait bien évidemment que je vienne voir à quoi tout cela ressemblait. L’exposition est toujours en cours et se terminera le 28 Juin. Je m’étais décidé, pour cet album, à suivre le chemin typique de l’OTK, ce qui est assez fatiguant tout en étant assez amusant. Je n’étais pas le seul à venir prendre en photo les tenues du groupe qui étaient présentées. Le Tower Records de Shinjuku occupe les 7ème et 8ème étages du Department Store Flags, et on pouvait trouvé quatre set de tenues d’émissions aux 4ème et 7ème étages. Au quatrième étage, on pouvait voir les tenues récentes très colorées utilisées pour le morceau Ryokushu (緑酒) interprété pendant l’émission Music Station sur la chaine Asahi TV, le Vendredi 14 Mai 2021. Au 7ème étage, dans un espace aménagé du Tower Records, on pouvait voir trois autres sets de tenues, celles portées pour Gunjō Biyori (群青日和) lors de l’émission FNS du 9 Décembre 2020 (certainement mes préférées), et d’autres plus traditionnelles: des yukata blancs portés pour l’émission Music Station du 14 Août 2020 et les kimono bleus marqués de l’année 2020 pour la 71ème édition de l’émission la NHK Kōhaku du 31 Décembre 2020. On pouvait également y voir devant une affiche géante du groupe sur le toit du New Sky Building de Shinjuku, des néons reprenant l’écriture du titre de l’album et deux tourne-disques pour vinyles marqués des signes des membres du groupe. Ce tourne-disques aux allures vintage n’est pas en ventre à ma connaissance, tout comme la broche en forme de plume de paon sur le yukata blanc. Cette broche était apparemment vendue ou donnée aux membres du fan club Ringohan il y a quelques années, et on ne peut pas l’acheter maintenant, à part d’occasion et pour un prix assez élevé sur Mercari. Dans ce magasin Tower Records de Shinjuku, j’ai pu constater que le poster des 20 ans de carrière de Sheena Ringo ainsi que la cartographie des liens musicaux, que je montrais dans un billet précédent, sont toujours présents.

un escalier rouge comme les autres

Nous sommes un peu moins actifs ces dernières semaines dans notre quête des sceaux goshuin des sanctuaires et temples de Tokyo. Le dernier date déjà d’il y a plusieurs semaines, celui du sanctuaire Suga dans l’arrondissement de Shinjuku près de la station de Shinanomachi. Le nom de ce sanctuaire provient d’une anecdote de la mythologie japonaise impliquant le dieu Susano no Mikoto, l’impétueux jeune frère de la déesse du soleil Amaterasu no Mikoto. Après avoir terrassé un monstrueux serpent à 8 têtes, il dit qu’il se sentait rafraîchi (私の心は清々しい), qui se prononce « suga suga shii » d’où est tiré le nom du sanctuaire Suga. Ce sanctuaire est également réputé pour 36 portraits de poètes de l’ère Heian (Sanjurokkasen) disposés sur la plafond du sanctuaire.

Juste à côté du sanctuaire Suga, l’escalier aux barres rouges est d’apparence des plus banales mais il est en fait mondialement connu et le lieu est visité par les touristes du monde entier, pour la simple et unique raison qu’il apparaît dans le film d’animation Kimi no Na ha (Your Name). Nous ne sommes pas allés à cet endroit exprès bien que j’ai beaucoup aimé le film comme tout le monde. C’était en fait une heureuse surprise de trouver cet endroit un peu par hasard. Enfin, à peine car cet escalier est clairement nommé sur Google Maps. Il y avait très peu de touristes au moment où nous y sommes passés, mais j’imagine qu’il doit être beaucoup plus encombré en temps normal et que tout le monde doit se prendre en photo dans la position exacte de l’affiche que je montre ci-dessus. Le film d’animation est assez fidèle au lieu réel. Le réalisme est d’ailleurs est des particularités les plus frappantes du cinéma de Makoto Shinkai.

just can’t help it

Je ne peux m’empêcher de prendre en photo les dessins sur les murs dès que j’en aperçois au hasard de mes promenades en ville. Les couleurs de la nature urbaine sont parfois tellement prononcées qu’on a l’impression qu’elles sont dessinées au feutre épais ou à la bombe de peinture. La cinquième photographie ne montre pas un dessin de rue mais la manière dont l’ancienne voiture apparaît derrière un fin rideau grillagé a quelque chose de très graphique qui donne l’impression qu’elle est dessinée dans un cadre de manière un peu floue. La dernière photographie montre la devanture ultra-colorée du magasin A Bathing Ape Kids à Jingumae. Je n’y suis jamais entré car j’ai passé l’âge depuis longtemps mais je sais qu’on trouve à l’intérieur une piscine de bananes de toutes les couleurs. On l’aperçoit à peine sur cette photographie. La quatrième photographie a été prise entre Shin-Okubo et Shinjuku le long de la voie ferrée. Comme je le montrais dans un billet précédent à Takadanobaba, les murs sous les ponts routiers sont assez souvent couverts d’illustrations. Et si ce ne sont pas des illustrations, ce sont des graffitis désorganisés qui envahissent ces espaces cachés du reste de la rue. Les deux premières photographies à Aobadai et à Daikanyama ne sont pas non plus des graffitis. J’aime beaucoup les personnages ressemblant à des barbapapa que l’on peut voir sur la deuxième photographie. Je pense les avoir déjà montré auparavant sur made in tokyo, mais je ne peux m’empêcher de les prendre en photo à chaque fois que je passe devant. I just can’t help it.

J’avoue qu’il m’était un peu difficile de reprendre le fil de l’écriture sur les concerts de Sheena Ringo et Tokyo Jihen après avoir vu Electric Mole. Il y avait tellement de choses à dire sur Electric Mole que le courage me manquait un peu de commencer à écrire sur le concert suivant, en pensant au temps que j’ai passé sur le billet d’Electric Mole. Mais l’envie de continuer ma découverte de ces concerts était trop forte et je poursuis donc tranquillement avec Just Can’t Help It de Tokyo Jihen. La tournée “DOMESTIC! Just can’t help it” n’est en fait pas la première tournée de la nouvelle formation de Tokyo Jihen en Phase 2 (第二期) car une courte série de deux concerts en deux dates sous le nom de « DOMESTIC! Virgin LINE » a d’abord eu lieu les 19 et 21 Février 2006 au Nippon Budokan de Tokyo et au Osaka-jō Hall respectivement. Cette mini tournée Virgin Line accompagnait en fait le nouvel album Adult (大人) sorti le 25 Janvier 2006 et était un tour d’essai pour le nouveau groupe voyant Ukigumo remplacer Mikio Hirama et Ichiyō Izawa remplacer Masayuki Hiizumi. “DOMESTIC! Just can’t help it” se déroule la même année mais sur un nombre beaucoup plus important de dates, 21 dates en tout, et couvre tout le pays en démarrant par le Hall de Kamakura (鎌倉芸術館) le 7 Avril pour terminer au Convention Center d’Okinawa (沖縄コンベンションセンター) le 30 Mai 2006. La captation vidéo sur le DVD Just Can’t Help It est sortie le 6 Septembre 2006 et montre un enregistrement de l’avant dernière date, le 26 Mai 2006 au NHK Hall de Tokyo, à Shibuya. Il s’agit quand même du premier concert de la Phase 2 de Tokyo Jihen disponible en DVD, car Virgin Line n’est jamais sorti en DVD ou Blu-Ray, à part quelques morceaux sur la compilation vidéo Live Chin Play Kō Play (珍プレー好プレー), dont je parlerais certainement dans quelques semaines. Cette compilation est sortie beaucoup plus tard en 2012 au moment de la séparation du groupe. En fait, Virgin Line a été diffusé en version tronquée (12 morceaux sur 18), mais avec une partie documentaire en plus, dans une émission spéciale intitulée “Tokyo Jihen Live in Nippon Budokan” diffusée sur la chaine Fuji Television le 25 Mars 2006. On peut voir cette émission sur internet en cherchant bien. Je comprends le titre de cette tournée comme voulant signifier que le groupe ne peut s’empêcher de vouloir se produire en live. Il n’y a pas de partie documentaire sur ce live, contrairement à ce qu’on avait l’habitude de voir sur les vidéos de Dynamite, Electric Mole ou encore Gekokujyo Ecstasy. Par contre, le DVD a la particularité d’intégrer des scènes vidéo originales dans le film du concert. Ces images additionnelles s’intègrent en fait très bien car le son n’est pas coupé ou altéré (à part sur un morceau). Elles donnent même une dimension contemplative au concert, que je trouve très bien pensée. Si dans l’ensemble, je trouve les versions des morceaux joués sur Just Can’t Help It moins percutantes que sur Dynamite Out avant ou sur un concert comme Ultra C plus tard, ce concert est extrêmement intéressant d’un point de vue visuel. Je ne dirais pas que le concert n’est pas intéressant musicalement car les interprétations sont impeccables comme toujours.

Just Can’t Help It reprend la quasi totalité des morceaux de l’album Adult sauf le troisième Keshō Naoshi et le neuvième Tasogare Naki (attention, nouvelle symétrie détectée), quelques morceaux de l’album précédent Kyōiku, quelques reprises et morceaux de la carrière solo de Sheena Ringo, et un nouveau morceau qui sortira plus tard sur le troisième album Variety. Le DVD reprend également la totalité des morceaux joués le 25 Mai 2006 au NHK Hall, sans supprimer de morceaux, ce qui est plutôt une bonne nouvelle. Je me suis procuré ce DVD en l’achetant à un particulier sur Mercari pour un très bon prix. En fait, je cherchais le boitier original qui est différent de la boite plastique actuelle, car j’avais déjà le DVD de ADULT VIDEO prenant le même type de packaging et de design. Le concert Just Can’t Help It et les vidéos de morceaux sur ADULT VIDEO fonctionnent un peu comme une paire, en complément de l’album Adult. ADULT VIDEO est sorti avant Just Can’t Help It, le 23 Mars 2006. En fait, j’aime beaucoup le côté un peu provocateur de la couverture de Just Can’t Help It, qui utilise des photos de modèles. Ce ne sont bien entendu pas des photos des membres du groupe. Dans le même ordre d’idée, le titre du DVD ADULT VIDEO a un nom qui peut être trompeur. Tokyo Jihen va en fait au bout de leur concept de noms d’albums s’inspirant de catégories de chaines télévisées (Discovery, News, Sports, Variety, Education et Adult). Je me demande d’ailleurs le nom qu’ils donneront à leur prochain album en 2021. En pensant au teaser du futur album, je pense à un nom en lien avec l’auto-moto. Le DVD ADULT VIDEO contient 6 vidéos, celles de Kabuki, Himitsu, Koi ha Maboroshi, Shuraba, Kenka Jōtō et Tasogare Naki. Le vidéos sont de qualités variables, celle de Shuraba étant la plus aboutie. La vidéo de Himitsu est intéressante car le morceau est différent de l’album, incluant une partie rappée par Ukigumo. Cette version aurait pu être sur l’album à mon avis. La vidéo de Koi ha Maboroshi est amusante et j’étais surpris de voir le comédien Gekidan Hitori y participer. Kenka Jōtō met Hata Toshiki à l’honneur. Il y effectue une danse Kagura dans un lieu qui semble être la mine de pierre Oya à Tochigi (qui est d’ailleurs régulièrement utilisée pour des vidéos). Mais revenons plutôt au concert Just Can’t Help It.

Le concert commence comme une scène de théâtre pour le morceau Yukiguni. Sheena Ringo y est habillée d’un kimono blanc sur un fond bleu nuit et sur un sol blanc imitant la neige. Je me suis d’abord demandé s’il s’agissait de la mise en scène actuelle que l’on pouvait voir lors du concert mais on comprend rapidement que ce n’est pas le cas car les véritables images sur la scène du NHK Hall et celles en studio se mélangent. Elle est également habillée du même kimono sur scène, ce qui fait que les images en studio et celles sur scène s’accordent très bien. Ce kimono lui sera arraché brusquement à la fin du morceau au moment où démarre le deuxième morceau Genjitsu wo Warau. L’interprétation de Yukiguni est très prenante mais c’est surtout cette mise en scène neigeuse qui laisse une forte impression. Alors qu’ils étaient dans la pénombre sur le premier morceau, les membres du groupe apparaissent plus clairement sur Genjitsu wo Warau. Ukigumo intervient d’ailleurs au chant dans la deuxième partie du morceau. Sheena reste cependant sur le devant de la scène par rapport au reste du groupe placé un peu à l’arrière. Cette disposition changera d’ailleurs au fur et à mesure dans les concerts qui suivront. Sheena est principalement au centre de la scène et elle sera plutôt placée à droite près de la batterie de Hata sur les concerts suivants. Ukigumo est placé derrière Sheena sur ce concert et on le verra se déplacer entre les claviers de Izawa et Sheena sur les concerts suivants. Shōjo Robot prend une version beaucoup plus rock que celle que l’on connaîtra bien plus tard sur la compilation Reimport 2. Ce n’est pas pour me déplaire bien que j’aime aussi la version originale de ce morceau réimporté qu’elle a initialement écrit pour sa copine Rie Tomosaka. Les morceaux s’enchainent tellement vite qu’on a du mal à saisir le démarrage du morceau suivant Kabuki. En fait, une présentation de chaque membre du groupe est faite avant le début de ce morceau. Kabuki est très réussi. Il fonctionne notamment très bien car elle sur-joue ses mouvements de visages.

Vient ensuite le morceau Himitsu. Sheena y est très mobile en effectuant ses petits mouvements saccadés de côté désormais très classique. Des scènes avec des flammes dans une sorte de vieil hangar s’intercalent avec les vrais scènes du concert de manière transparente, ce qui est assez bien fait car on ne remarque pas quand se fait la transition. On la voit même boxer dans le vide à un moment, comme sur la vidéo beaucoup plus récente du morceau Blue ID qu’on a pu voir sur Music Station le 25 Décembre 2020. Sur Himitsu, Izawa assure au piano mais reste très concentré et n’occupe pas la scène comme Hiizumi le faisait sur Dynamite. Il a l’air beaucoup plus détaché et je comprends qu’on ait pu lui reprocher cela au début de Tokyo Jihen phase 2. Ça changera plus tard dans les autres concerts. La reprise de The Lady is a Tramp suit ensuite. Ce n’est pas la première fois que je l’entends et ce morceau n’a rien d’indispensable, surtout que la version vidéo prend un effet de vieux films en noir et blanc et une altération du son le rendant moins net. Genjitsu ni Oite est un morceau composé par Hiizumi et il est excellemment interprété par Izawa. J’ai des frissons dans le dos à chaque fois que j’écoute ce morceau. Ce qui est très beau, c’est qu’Izawa engage directement sur le morceau Kao qui est un morceau que j’adore, notamment la version avec Hirama sur le concert Dynamite Out. En regardant la playlist, je me suis d’abord demandé comment le groupe allait interprété ce morceau sans Hirama, mais la version de Just Can’t Help It est seulement instrumentale. Le morceau Kao sur Dynamite Out avec Hirama est pour moi emblématique et ça aurait été difficile de l’égaler. D’ailleurs, je ne comprends toujours pas pourquoi il n’a jamais été intégré dans un album. Cette version instrumentale dans Just Can’t Help It est très belle, mais on ne peut s’empêcher de la comparer avec celle de Dynamite. Comme ces deux concerts sont assez proche l’un de l’autre, on est tenté de comparer et je pense que Dynamite était meilleur, avec plus de folie dans le groupe. En fait, c’est peut être aussi du au fait que Dynamite était accompagné de scènes de documentaire, ce qui n’est pas le cas de Just Can’t Help It. Ces scènes documentaires provoquent à mon avis un attachement plus fort.

Pendant ces deux morceaux instrumentaux, des scènes filmées en costumes d’époque nous sont montrées, notamment le kimono blanc qui accompagnera tout le concert comme un fil rouge. Sheena change ensuite de tenue et on la voit apparaitre en manteau avec un bonnet sur la tête, ce qui contraste grandement avec les costumes de la scène précédente. Jusui Negai est toujours un grand moment, cette interprétation est très réussie même si je préfère celle de Dynamite. Sheena monte en intensité dans sa voix de la même manière et écarquille les yeux à certains moments donnant une grande force à son interprétation. Il y a beaucoup de tension dans son chant et son visage, mais qui reste à mon avis un peu plus contenue que dans la version de Dynamite. Il y a quand même beaucoup de belles choses dans ce morceau, comme la force du final au piano d’Izawa, ce petit passage montrant Hata retenant ses mouvements en attendant le bon moment pour frapper, et le final où Sheena dit quelque chose hors du micro. On n’entend pas ce qu’elle dit et je me demande bien ce que ça peut être. Mirrorball est un nouveau morceau, écrit par Ukigumo, qui sera présent sur leur album suivant Variety et qui est joué pour la première fois lors de ce concert. En l’écoutant, je repense tout de suite à l’ambiance de Variety qui était une page tournée dans la carrière de Tokyo Jihen. La version est bien entendu un peu différente de celle de l’album notamment au niveau de la partition de guitare de Ukigumo et le chant plus typé de Sheena. Les images sur ce morceau en particulier contiennent beaucoup d’effets spéciaux comme pour reproduire les multiples écrans d’une boule à facettes. Avant le morceau Tegami écrit par Izawa, une scène filmée en studio montre Ukigumo assis sur une chaise longue. On retrouve en fait ce même mobilier sur scène. Sheena s’assoie par exemple sur un fauteuil individuel LC2 de Le Corbusier. L’interprétation de Tegami est très poignante. Une partie des images pendant ce morceau montrent soudainement Sheena avec sa guitare face à l’océan. Je ne sais pas où sont tournées ces images très contemplatives, certainement quelque part au Japon, mais je ne peux m’empêcher d’imaginer le Nord Ouest français.

La version de Service est très amusante car Sheena ne l’interprète pas seule, mais avec chaque membre du groupe positionné en ligne sur le devant de la scène, chacun portant un mégaphone en main. C’est la première fois que je vois Kameda, Hata, Ukigumo et Izawa chantés dans un mégaphone, ce qui était jusque là réservé à Sheena. C’est amusant d’entendre la voix très amicale de Kameda à travers le mégaphone qui est censé donner une sonorité agressive. Vers la fin du morceau, un rideau descend pendant que le groupe change de tenue. Seule Sheena reste sur le devant la scène avec deux personnes en kimono portant des lanternes. Une fois que le rideau s’ouvre à nouveau, le groupe continue le morceau d’une manière assez détendue mais qu’on sait chorégraphiée, ne serait-ce que pour la position finale qui ressemble à certaines photographies promotionnelles du groupe à cette époque. Le groupe se présente ensuite. Sheena prend la parole mais d’une manière très brève car il n’y a soit-disant pas assez de temps. Izawa commence les présentations, faisant volontairement l’imbécile en essayant de se courber le dos tout en se présentant comme s’appelant Izawa-Bauer. Il fait bien entendu référence à la patineuse artistique Arakawa Shizuka qui venait juste d’obtenir la médaille d’or aux Jeux Olympiques d’hiver au début de l’année 2006 à Turin, avec notamment cette courbure Ina Bauer qui avait beaucoup fait parler les médias à cette époque. Sheena fait un signe de la tête comme quoi ce n’est pas tout à fait ressemblant et se tourne vers Hata qui ne se présente pas correctement non plus. Sheena le traite gentiment de menteur, tandis qu’Izawa veut refaire sa présentation en faisant le mouvement Ina Bauer une nouvelle fois. Sheena lui coupe rapidement le sifflet, car il ne faudrait pas qu’il se casse quelque chose, et passe ensuite à Ukigumo qui se contente d’un « Onegaishimasu ». Kameda essaie de nous faire croire à un tour de magie, mais c’est Hata qui revient sur le devant de la scène et qui remporte très facilement ce concours de présentation en imitant un jonglage de ballon imaginaire. La vidéo du DVD représente ce ballon imaginaire en le dessinant sur l’image, mais il ne devait bien sûr pas être visible dans la salle. Cette scène est celle que l’on peut voir en fond pendant la sélection du menu sur le DVD. On savait que Hata est un habile danseur, il le montre d’ailleurs quelques fois en sautant sur scène, mais il s’avère très doué dans cette représentation assez comique de jonglage footballistique. Sheena est assise sur sa chaise LC2 d’un air assez amusé mais on la sent un peu inquiète de ce que Hata va faire. Je ne peux m’empêcher de penser que ces moments n’étaient pas prévus par Sheena et que les membres du groupe prennent un malin plaisir à saboter une présentation en bonne et due forme. C’est un moment très sympathique du concert.

Après cet intermède, le morceau C’m’on Let’s go!, qui est une reprise du groupe japonais BARBEE BOYS, est très réussie. Deux personnes du staff habillés en serveurs de restaurant entrent en scène avec des caméras vidéo, ce qui est devenu assez habituel depuis le concert Gekokujyo Ecstasy. Izawa passe à la guitare sur ce morceau et montre une certaine complicité avec Ukigumo. Je me dis à ce moment là que par rapport à Hiizumi, le groupe a gagné un deuxième guitariste en plus d’un pianiste avec l’arrivée d’Izawa dans la formation. Sheena s’est ensuite changée une nouvelle fois en une tenue noire plus formelle que celle d’avant et entame une excellente version de Blackout. Comme de nombreux morceaux de SR et TJ, c’est un morceau à la composition complexe qu’elle doit être la seule en mesure de chanter. J’avais vu dans une ancienne émission musicale du dimanche soir KanJam qui analysait certains morceaux de Sheena Ringo qu’un des chroniqueurs de l’emission comparait son travail d’écriture musicale au travail d’un architecte (en ne citant pas moins que Frank Lloyd Wright). Cette idée de dresser un parallèle entre musique et architecture me parle beaucoup, car ce sont deux sujets qui m’intéressent beaucoup. J’avais d’ailleurs auparavant parlé un peu de cette idée mais plutôt sur les musiques électroniques d’Aphex Twin et Autechre (qui n’est à mon avis rien d’autre que de l’architecture déconstructiviste retranscrite en musique). On peut parfois se demander comment un bâtiment aux formes et aux équilibres complexes peut parvenir à une harmonie visuelle et fonctionnelle. D’une même manière, on trouve ce même genre d’harmonie dans les constructions pourtant complexes et non évidentes de Sheena Ringo. Ce que disait également un des chroniqueurs de KanJam est qu’il est rare qu’un ou une même artiste puisse à la fois être capable de créer ce genre structures musicales complexes et en même temps avoir la voix nécessaire pour les interpréter. A la fin du morceau Blackout, Sheena laisse tomber le manteau noir et reste en robe plus légère blanche et engage ensuite un mouvement courbé en arrière nous rappelant le Ina Bauer qu’essayait de faire Izawa sans grand succès. Elle y arrive beaucoup mieux qu’Izawa, rappelons qu’elle a fait du ballet étant petite. Cette démonstration ressemble à un gentil pied de nez à Izawa.

Le concert continue avec Honnō, un des deux morceaux avec Marunouchi Sadistic en rappels, que Sheena reprend de sa carrière solo. Cette version n’est pas meilleure que celle de Gekokujyo Esctasy, mais ça fait plaisir de voir Hata avec le sourire taper de toutes ses forces sur sa batterie. La version de Superstar, qui suit ensuite, est peut être une des plus belles que j’ai entendu, même si Sheena n’est pas cette fois-ci à la guitare. Là encore, des images vidéo se mélangent avec les images sur scène. Elles sont raccords car Sheena est habillée exactement de la même manière. Elle force plus sa voix que d’habitude sur ce morceau entrainé peut être par les mouvements de tête d’Izawa au piano et de Ukigumo à la guitare. Le final instrumental est aussi un peu plus long que d’habitude, si je me souviens bien, ce qui laisse un peu de temps à Sheena pour faire un lent mouvement d’inclinaison avant en remerciement au public. Le morceau Dynamite ensuite se présente comme une version moins dynamique que celle qu’on connaissait sur Dynamite Out. Sheena porte le morceau seule en dansant sur le devant de la scène, même s’il y a quelques chœurs de Ukigumo à l’arrière. On n’atteint pas l’intensité de la version sur Dynamite Out, qui était de toute façon emblématique de ce concert là et difficile à surpasser. La vidéo est accompagnée de prises de vue en noir et blanc de rues américaines qui n’étaient pas non plus indispensables. On notera tout de même le ‘Bonjour’ prononcé en français par Sheena vers la fin du morceau, et le très mignon ‘Arigatō’ à la toute fin. Ce n’est peut être pas la meilleure version que j’ai entendu, mais j’aime bien cette version de Shuraba. Je trouve cependant Omatsuri Sawagi plus intéressant car Sheena la chante d’une voix plus basse que la normale, du moins au début puis l’interprétation se normalise ensuite par rapport à ce que l’on connaît sur l’album. Le petit drapeau rouge et blanc reprenant le design de la pochette de Kyōiku est de sortie et Sheena fait des mouvements tellement amples qu’ils en deviennent disgracieux. Le dernier morceau officiel du concert avant les rappels est Kenka Jōtō et c’est une version très particulière et mémorable qui est jouée. Hata puis Sheena prononcent d’abord quelques phrases dans l’esprit de ce qu’on peut entendre dans une pièce de théâtre kabuki, avec en plus un petit côté démoniaque. Comme dans le théâtre kabuki, certaines personnes du public en général les habitués répondent aux acteurs sur scène. On retrouve ce même dialogue mais je ne sais pas s’il s’agit vraiment de personnes du public, ou plutôt le staff du groupe qui crie ces phrases depuis les premiers rangs. Il s’agit peut être de voix enregistrées. Cela donne en tout cas un sacré effet. Alors que le morceau se déroule à peu près normalement mais dans une version un peu plus agressive que d’habitude, le morceau fait une courte pause et prend ensuite des allures de hard rock/metal. Cette partie est jouée par Sheena devant des écrans de fond montrant des flammes géantes. Kenka Jōtō, devenu polymorphe, reprendra à la normale un peu après. Le contraste entre l’agressivité de ce passage metal et le personnage de Sheena sur scène, toujours en robe légère, est très intéressant, surtout quand elle se permet à la fin de remercier le public avec une toute petite voix innocente.

Une petite vidéo interlude démarre ensuite avant les rappels. Elle nous montre principalement les lieux vides des scènes vidéos ajoutées au concert, notamment ce paysage en bord de mer. On voit également une image de la scène ressemblant à une maquette avec une étrange voie ferrée qui sort du décor. Le groupe revient ensuite sur scène en tenue beaucoup plus décontractée, pour jouer deux morceaux Tōmei Ningen et Marunouchi Sadistic, qui sont des grands classiques des concerts de Tokyo Jihen. La version de Marunouchi Sadistic sur ce concert est plus proche de celle qu’on entendra plus tard sur Ringo Expo 08 que celle de Muzai Moratorium. Izawa se lance dans des nouveaux arrangements au piano qui nous font découvrir Marunouchi Sadistic sous un autre jour, même si cette version n’est pas fondamentalement différente de celle qu’on connaît sur Sanmon Gossip. Les lumières s’éteignent sur ce morceau et une vidéo nous montre ensuite une image de train, comme pour montrer un départ vers de nouveaux horizons, ceux de Variety peut être. Sheena est assise sur une banquette d’un train vide et y interprète seule à la guitare acoustique le morceau Rakujitsu qu’on trouve en B-side de Shuraba. Elle est habillée de la même manière qu’à la fin du concert. Ce morceau était apparemment inclus dans les rappels car les dernières images reviennent au NHK Hall de Shibuya. La vidéo revient finalement vers le train avec Sheena seule à la guitare, comme si ça faisait référence à un souvenir d’un concert passé. L’image un peu floue joue dans ce sens. Je ne sais pas très bien ce que veut dire ce passage de train en mouvement. Il s’agit peut être seulement d’une promesse auprès des fans qu’elle restera sans cesse en mouvement créatif. On est, au moment de ce concert, qu’au début de l’aventure Tokyo Jihen et il y aura beaucoup de bonnes choses à suivre.

Pour référence ultérieure, je note ci-dessous la liste des morceaux présents sur le DVD de Just Can’t Help It:

1. Yukiguni (雪国) du 2ème album Adult (大人)
2. Genjitsu wo Warau (現実を嗤う) du 1er album Kyōiku (教育)
3. Shōjo Robot (少女ロボット), reprise du morceau composé par Sheena Ringo pour Rie Tomosaka et qu’on retrouve sur Reimport Vol. 2 ~Civil Aviation Bureau~ (逆輸入 ~航空局~).
4. Kabuki (歌舞伎) du 2ème album Adult (大人)
5. Himitsu (秘密) du 2ème album Adult (大人)
6. Sono Onna Fushidara ni Tsuki (その淑女ふしだらにつき), reprise du morceau The Lady Is a Tramp écrit et composé par Lorenz Hart et Richard Rodgers, présent en B-side du single Gunjō Biyori (群青日和)
7. Genjitsu ni Oite (現実に於て) du 1er album Kyōiku (教育)
8. Kao (顔), version instrumentale du morceau présent en B-side du single Gunjō Biyori (群青日和)
9. Jusui Negai (入水願い) du 1er album Kyōiku (教育)
10. Mirrorball (ミラーボール), morceau original de Petrolz et qu’on retrouvera plus tard sur le 3ème album Variety (娯楽/バラエティ)
11. Tegami (手紙) du 2ème album Adult (大人)
12. Service (サービス) du 1er album Kyōiku (教育)
13. C’m’on Let’s go!, reprise d’un morceau de BARBEE BOYS, écrit par Imamichi Tomotaka
14. Blackout (ブラックアウト) du 2ème album Adult (大人)
15. Honnō (本能), de l’album Shōso Strip (勝訴ストリップ) de Sheena Ringo
16. Superstar (スーパースター) du 2ème album Adult (大人)
17. Dynamite (ダイナマイト), reprise du morceau de Brenda Lee et présent en B-side sur le single Sōnan (遭難)
18. Shuraba (修羅場) du 2ème album Adult (大人)
19. Omatsuri Sawagi (御祭騒ぎ) du 1er album Kyōiku (教育)
20. Kenka Jōtō (喧嘩上等) du 2ème album Adult (大人)
21. (Encore) Tōmei Ningen (透明人間) du 2ème album Adult (大人)
22. (Encore) Marunouchi Sadistic (丸の内サディスティック), de l’album Muzai Moratorium (無罪モラトリアム) de Sheena Ringo
23. (Encore) Rakujitsu (落日), présent en B-side du single Shuraba (修羅場)

閏年エンディング ~其ノ伍~

Comme tous les ans pendant cette même période de fin Décembre, on me confie la mission d’aller chercher très tôt le matin au sanctuaire Ana Hashimangu les talismans qui nous protégeront pour la nouvelle année qui arrive. Pour aller jusqu’à la station de Waseda où se trouve le sanctuaire, je passe par la station de Takadanobaba et les quelques minutes nécessaires pour changer de ligne de train me laisse assez de temps pour prendre quelques photos de la grande fresque dédiée à Osamu Tezuka dessinée sous les voies de train. Sur le retour, je descends volontairement à la station Shin-Ōkubo pour aller voir à quoi ressemblent les rues remplies de boutiques coréennes mais il est un peu trop et rien n’est ouvert. En sortant de la station de Shin-Ōkubo, me revient tout de suite en tête une vidéo de l’émission Gokigenyō (ごきげんよう) du 4 Septembre 1991, que j’avais vu sur YouTube il y a quelques années. J’avais regardé cette émission car Jun Togawa en était l’invitée et c’était une période où j’écoutais presqu’exclusivement la musique de Jun Togawa, soit en solo ou avec son groupe Yapoos. Dans cette vidéo, elle revient dans les quartiers de son enfance de Shinjuku à Shin-Ōkubo, en marchant dans les rues de ces quartiers jusqu’à Kabukichō et en y rencontrant parfois des connaissances. J’aime revenir de temps en temps vers cette vidéo pour voir la manière d’être de Jun Togawa, car j’y ressens une sorte d’équilibre instable entre son excentricité naturelle et son besoin de normalité. En marchant depuis Shin-Ōkubo, je n’essaie pas forcément de reconnaître les endroits où Jun Togawa et le présentateur de l’émission ont marché, mais je passe volontairement devant l’école primaire Toyama qui est mentionné dans le morceau intitulé Toyama Shōgakkō Kōka 〜 Aka-gumi no Uta (戸山小学校校歌〜赤組のうた) de son deuxième album Kyokutō Ian Shōka (極東慰安唱歌). Dans la vidéo, elle passe en fait devant le collège Toyama plutôt que l’école primaire. Les quartiers filmés en 1991 et ceux de maintenant ont très certainement beaucoup changé car presque 30 ans se sont écoulés. A la télévision, il n’est pas rare de voir des émissions musicales revenant sur les Eighties, mais je n’y ai jamais entendu de morceaux de Jun Togawa. Elle était pourtant connue à cette époque, même invitée par l’intermédiaire de Takahashi Yukihiro du YMO à l’émission de Tamori, Telephone Shocking de Waratte ii Tomo! (笑っていいとも! テレフォンショッキング) le 4 Juillet 1985. Elle a même été invitée plusieurs fois, mais j’aime beaucoup revoir cet extrait d’émission de 1985, quelques mois avant la sortie de son troisième album Suki Suki Daisuki (好き好き大好き), dont le morceau titre est certainement son morceau le plus connu. Elle a une personnalité très pure mais on devine tout de suite sa fragilité, qui n’apparait pas vraiment dans ses morceaux comme celui que je mentionne ci-dessus. Même si elle prétendait vouloir faire des chansons d’idoles, c’est une musique complètement atypique, qui est également très loin de la city pop en plein succès à cette même époque.

新宿系自作自演屋

L’affiche du Department Store Lumine au dessus de la sortie Sud de la gare de Shinjuku essaie de nous redonner le sourire en fin d’année, mais on sent qu’il est forcé. Je pense qu’on a tous envie de voir cette année 2020 se terminer rapidement. J’aime beaucoup marcher dans les rues de Shinjuku avec de la musique en tête, mais je me retrouve souvent à emprunter les mêmes rues et quartiers. Je m’enfonce de temps en temps de jour dans le quartier de Kabukichō. Fut une époque où on y allait le soir, mais pas dans les établissements peu recommandables. Il y a ce côté ‘adulte’ à Shinjuku qu’on ne trouve pas dans d’autres quartiers comme Shibuya, mais je me demande maintenant s’il s’agit vraiment d’une réalité ou s’agit il seulement d’une impression que j’ai en tête. Les photographies de Daido Moriyama joue très certainement sur cette impression. Dans les rues de Shinjuku, j’essaie de saisir la foule même si elle n’est pas aussi présente que d’habitude. Je suis allé jusqu’à Shinjuku en vélo car j’évite de prendre le train lorsque ce n’est pas nécessaire. J’ai repris plaisir à rouler entre les quartiers et à écouter la rue (ne mettant pas mes écouteurs en roulant à vélo). Ça me rappelle un peu quand j’avais ma première moto, ma CB 400 de couleur Rouge Bordeaux. Je roulais en ville le soir et le week-end sans but très précis, seulement pour le plaisir de conduire, de se perdre et de découvrir des nouveaux lieux. J’allais souvent le soir après avoir travaillé faire un tour à Shinjuku, histoire de passer devant les lumières de l’avenue Yasukuni au niveau de Kabukichō.

Je vais maintenant aborder, dans ce billet et dans un prochain, deux concerts se trouvant à une des pierres angulaires de la carrière de Sheena Ringo: Dynamite et Electric Mole. Live Tour 2005 Dynamite!, dont je vais parler dans ce billet, est la première tournée de Tokyo Jihen, après la fin de la carrière solo de Sheena Ringo qui s’est conclue par la tournée Sugoroku Ecstasy (雙六エクスタシー) en Août et Septembre 2003 immortalisée en DVD sur Electric Mole. Enfin, pour être très précis, les membres de Tokyo Jihen étaient déjà tous présents dans la formation accompagnant Sheena Ringo sur la tournée Sugoroku Ecstasy mais sont devenus officiellement un groupe à part entière quelques mois après cette tournée, le 31 Mai 2004. Le groupe a fait des apparitions sur scène avant la tournée Dynamite, notamment au Fuji Rock Festival en Août/Septembre 2004, mais Dynamite est leur première tournée officielle. Cette tournée s’est déroulée en 14 dates dans tout le Japon pendant un mois, du 17 Janvier au 16 Février 2005, de Matsuyama à Shikoku jusqu’à Tokyo en passant par Hokkaido, Osaka, Kyoto et bien sûr Fukuoka, entre autres. La captation vidéo sur le DVD Dynamite est enregistrée à Nagoya au Century Hall, le 9 Février 2005. Avec 3,012 places assises, il s’agissait de la plus grande salle dans laquelle le groupe a joué lors de cette tournée. En comparaison, Tokyo Jihen jouait dans une salle plus petite à Tokyo, celle du Shibuya Public Hall (渋谷公会堂), fermé en 2015 et reconstruit en 2019. Dynamite est la seule tournée de la première formation de Tokyo Jihen, la Phase 1 appelée également Dai-Ikki (第一期), active en 2004 et 2005 au moment de la sortie du premier album Kyōiku (教育), le 25 Novembre 2004 (tiens, un jour d’anniversaire). Cette formation en phase 1 s’est dissoute après le départ de deux membres, pour passer ensuite en Phase 2 (Dai-Niki 第二期) avant la sortie du deuxième album Adult (大人), le 25 Janvier 2006. Avant Ukigumo à la guitare, il s’agissait de Mikio Hirama (晝海 幹音) et avant Ichiyō Izawa, Masayuki Hiizumi (appelé H Zett M) était aux claviers. Seiji Kameda à la basse et Toshiki Hata (刄田 綴色) à la batterie étaient déjà présents dès la phase 1 de Tokyo Jihen. Je précise les kanji des noms de Hirama et Hata, car il s’avère qu’il ne s’agit pas de leurs véritables kanji, car ils ont été modifié par Sheena (tout comme elle a donné ce nom de nuage à la dérive “Ukigumo” à Ryosuke Nagaoka car il a la bougeotte sur scène). Il n’y a rien de bien étonnant la dedans car Sheena aime modifier les kanji des mots pour en utiliser d’autres moins usités ayant la même prononciation mais un sens différent. On regardait d’ailleurs ce Mardi 9 Décembre 2020, les excellentes interprétations des morceaux Gunjō Biyori et Inochi no Tobari (命の帳) dans l’émission de télévision 2020 FNS Kayōsai (歌謡祭) et Mari me faisait remarquer qu’il ne s’agissait pas d’une utilisation commune du kanji ‘Tobari’. Je pense qu’il ne faut pas commencer à creuser ce sujet là.

Dynamite est en fait composé de deux DVDs qui peuvent s’insérer dans un même boitier cartonné. Dynamite In sorti en Juillet 2005 est une partie documentaire montrant principalement les répétions, des moments choisis de la tournée et pendant les temps libres, des scènes insolites, des répétitions ou des extraits des messages des membres du groupe au public, ainsi que 4 morceaux extraits du concert. Dynamite Out est le concert en lui-même et est sorti en DVD un peu plus tard en Août 2005. Je ne connais pas la raison exacte de cette différentiation dans les dates de sortie mais Dynamite In ressemble un peu à un ‘teaser’ pour le DVD du concert entier. Cette partie ressemble un peu à la partie documentaire sur le DVD de la tournée Hatsuiku Status: Gokiritsu Japon (発育ステータス 御起立ジャポン) et je la trouve même nécessaire pour comprendre un peu mieux les interactions à l’intérieur du groupe. J’ai par contre trouvé ces DVDs vendus séparément dans des Disk Union différents, et je ne pense pas qu’on puisse les trouver vendus ensemble en set, ce qui aurait quand même été plus simple. Le design de couverture des deux DVDs utilise un personnage de taupe avec une pioche dessinée par l’illustrateur Moto Hideyasu (本秀康). Les plus perspicaces noteront très vite que ‘taupe’ se dit ‘mole’ en anglais qui se traduit également en ‘grain de beauté’. Celui que Sheena Ringo a perdu au moment de Ringo no Uta et qui donnait le nom au DVD Electric Mole, semble s’être re-matérialisé en petite taupe, qui intervient dans un mini-manga en deux parties (une dans le livret de chaque DVD) intitulé ‘Underground Love’. Le deuxième petit personnage qui figure sur la pochette s’appelle Hiroshi. Il s’agit peut être du directeur vidéo de la tournée car il s’appelle Hiroshi Usui. Dans l’histoire, Hiroshi est élevé par cette taupe jusqu’au moment où sa mère naturelle apparait soudainement. Pour sortir de leur repère souterrain, ils devront utilisés de la dynamite pour agrandir le trou d’entrée. Une histoire d’amour improbable démarrera entre la mère d’Hiroshi et cette taupe…

Le concert principal sur le DVD Dynamite Out reprend la totalité des morceaux du premier album de Tokyo Jihen, Kyōiku, mais également quelques morceaux de la carrière solo de Sheena Ringo et plusieurs reprises d’autres artistes japonais ou étrangers, dont certaines sont présentes sur les faces B des singles déjà sortis. Je vais dire tout de suite que ce concert est tout bonnement excellent, pas forcément meilleur que d’autres concerts de Tokyo Jihen comme Ultra C par exemple, mais différent, plus sanguin dirais-je. J’aime beaucoup la formation actuelle de Tokyo Jihen, mais cette première phase avec H Zett M et Hirama fonctionnaient également très bien. C’est certainement l’effet de la jeunesse, mais je ressens dans ce concert une certaine fougue et une complicité que je ne vois pas autant dans la formation actuelle. En fait, c’est plutôt une complicité entre Hirama et Kameda, ou Hirama et Hiizumi, qui est notable pendant le concert. La formation actuelle est dans l’ensemble plus sobre, bien que les moments de folie en concert y sont également très nombreux. En fait, Hiizumi me donne l’impression d’être un électron libre et je ne m’étonne pas qu’il ait plutôt souhaité continuer sa carrière de son côté, et revenir de temps en temps pour accompagner Sheena Ringo, sur le morceau Isogaba maware (急がば回れ) de Sandokushi, par exemple. Le documentaire Dynamite In nous montre également beaucoup cette complicité et ça fait plaisir à voir. J’aurais presque souhaité voir ce qu’aurait pu donner cette phase 1 de Tokyo Jihen sur d’autres albums, mais on ne le saura probablement jamais. Je ne regrette pas pour autant cette phase 1, car la phase 2 avec Ukigumo et Izawa fonctionne mieux au final et donne le sentiment d’être plus consistante et harmonisée. J’avais lu dans une interview que Sheena avait l’intention de former ce groupe dès la période où elle écrivait KSK et que sa carrière solo était plutôt une période temporaire avant de pouvoir construire un groupe. Elle expliquait qu’elle a fait ses débuts dans un groupe et que son intention a toujours été d’évoluer dans un groupe. Le fait de ne pas trouver les bonnes personnes au bon moment l’a poussé à démarrer seule en attendant de construire un groupe. Ça peut paraitre difficile à croire mais ça ne m’étonne pourtant pas. Dans le cas du groupe Hatsuiku Status, son nom n’était volontairement pas mis en avant comme si elle cherchait à effacer sa présence par rapport à celle du groupe. Pour le concert Kyoei Buranko (虚栄ブランコ) avec Number Girl le 30 Novembre 1999 au Club Asia de Shibuya, le groupe mentionné sur les affiches était Tensai Präparat (天才プレパラート), groupe créé pour la mini-tournée Manabiya Xstasy le même mois, sans jamais mentionner sa présence et son nom sur les affiches alors qu’elle était déjà connue à cette époque. Au passage, on peut voir ce concert Kyoei Buranko sur cette page YouTube et lire le Live Report d’une fan qu’on attend crier ‘Kawaii’ pendant le set. Malgré une qualité vidéo assez médiocre, ce concert vaut quand même le détour notamment pour y entendre une première version du morceau Kudamono no Heya (果物の部屋) qui apparaitra 15 plus tard sur l’album Hi izuru Tokoro (Sunny) sous le nom Shizuka Naru Gyakushū (静かなる逆襲).

Le DVD Dynamite Out reprend tous les morceaux de la playlist du concert réel à Nagoya sauf le morceau Himitsu (秘密) du deuxième album Adult qu’on trouve sur la version “Pour Homme” de l’album. Je n’aime pas beaucoup cette habitude, assez tenace dans la première partie de sa carrière, de couper les concerts en cours de route, mais on ne le remarque pas du tout. Le concert commence par le morceau Ringo no Uta, dans la version rock que l’on trouve en premier morceau de Kyōiku. Ce morceau étant le dernier morceau solo de Sheena Ringo et également présent en dernier sur le DVD Electric Mole, il fait parfaitement la transition avec cette nouvelle phase de sa carrière. Les membres du groupe sont tous habillés en vert foncé et Sheena porte un chapeau en forme de fleur de couleur vert pomme. Ils ne changeront pas de tenues pendant tout le set, à part pour les rappels au final. Le décor avec sol carrelé est très sobre sans écran en fond mais avec un grand écriteau “Dynamite” ou le logo de paon du groupe apparaissant à différents moments du concert. Ce décor me fait penser à celui d’un music hall américain. Jusui Negai qui est interprété ensuite a une intensité extraordinaire. Sheena se tient droite avec la tête légèrement en arrière, ce qui lui donne une position fière et intouchable. Sur ce morceau en particulier, dans une attitude quasi-schizophrénique, elle alterne les sourires à la foule et une intensité sombre dans le regard comme si elle était possédée par les paroles qu’elle chante. Sa voix est puissante et je me trouve scotché à l’écran à chaque fois que je passe ce morceau. J’ai en fait eu un peu de mal à voir ce concert en entier d’une seule traite car j’avais sans cesse envie de réécouter ce morceau en particulier. Il y a plusieurs morceaux avec cette même intensité vocale et musicale dans le concert, et ce sont ce genre de morceaux qui me font penser que SR/TJ est nettement au dessus du lot. Le morceau Dynamite, une reprise de Brenda Lee et présent en B-side du single Sōnan joué juste avant, est un peu le symbole de cette tournée et fonctionne beaucoup mieux en live qu’en version studio. Parmi les morceaux de la carrière solo de Sheena Ringo, le groupe reprend pour cette tournée un morceau de Shōso Strip, Tsuki ni Makeinu, et plusieurs de Muzai Moratorium à savoir Koko de Kiss Shite, Marunouchi Sadistic et Onaji Yoru. Ce dernier est le morceau préféré de Sheena sur Muzai Moratorium, ce qui n’est donc pas étonnant de le revoir régulièrement en concert. La version de Tsuki ni Makeinu sur ce concert reprend la même intensité vocale dont je parlais juste avant sur Jusui Negai. En fait, cette voix à pour moi un côté addictif.

Hirama intervient en parlant au public avant le 6ème morceau pour annoncer ce qui va suivre, à savoir deux morceaux qu’il a écrit, Kao qui est présent en B-side de Gunjō Biyori et If You Can Touch It, présent sur son album solo Yume to Negoto. Les deux morceaux sont excellemment interprétés en duo. Je redécouvre le morceau Kao sous un autre jour et je me dis qu’il aurait dû être inclus en face A de Kyōiku. Je le réécoute souvent depuis et je reviens également assez souvent sur cette partie du concert. La complémentarité des voix de Hirama et Sheena fonctionnent bien sur If You Can Touch It. Pendant ce temps là, Hiizumi qui est un peu moins sollicité, danse d’une manière machinale à l’arrière. Il ne tient pas en place pendant tout le concert, jouant du piano debout ou avec les pieds sur son tabouret. Les membres du groupe sont très expressifs, Hirama souvent la tête en arrière pendant ses parties de guitares, Hata esquissant des sourires pendant le morceau Bokoku Jōcho. Kameda est étonnement plus discret, sauf pendant son intervention devant le public où il se moque gentiment de Sheena au sujet d’une scène de maquillage à laquelle il a été témoin. Elle ne sait d’ailleurs plus où se mettre à ce moment là, en souriant d’un air un peu gêné. C’est un moment très charmant. Par rapport aux autres concerts, il y a beaucoup de reprises dans Dynamite. C’est peut être une des raisons pour lesquelles il semble différent des autres (outre le fait qu’il s’agisse du seul concert de Tokyo Jihen Phase 1). La reprise du morceau Kurumaya-san de Misora Hibari datant de 1961 est magnifique. Je pense qu’il s’agit de la reprise la plus réussie du concert, car elle imite la voix de style Enka de Misora Hibari. Je pense que Sheena devrait faire un album de reprise de morceaux Enka car on y trouve une tension dramatique que je reconnais également dans ses morceaux. Sous le regard amusé de Sheena, Hata fait ensuite son intervention devant le public. On ne sait jamais à quoi s’attendre car il est en général en décalage complet avec le déroulement du concert. Il nous donne cette fois-ci quelques exemples de noms de villages touristiques, car un nouveau village appelé Italia mura doit prochainement voir le jour à Nagoya (apparemment fermé en 2008), et ça l’a poussé à étudier la question. Il nous donne quelques exemples, sous les rires du public et le regard amusé de Kameda qui a l’air de nous dire qu’il raconte des bêtises. Il nous cite notamment le Edo mura à Nikko et un soit-disant Shikoku mura à Kagawa, qui semble être une bien drôle d’idée. En espérant que son intervention a été très instructive, il annonce ensuite la reprise du concert. Ceci étant dit, comme l’album principal de ce concert s’appelle “éducation” (Kyōiku), je ne pense pas qu’il était hors sujet.

Le concert continue ensuite avec le morceau de Shōso Strip, Tsuki ni Makeinu, qui est, comme je le disais ci-dessus, aussi un grand moment d’intensité émotionnelle, tout comme Onaji Yoru d’ailleurs mais dans une ambiance plus apaisée où Sheena est seulement accompagnée du piano de Hiizumi. On ressent à l’écran l’immersion totale dans laquelle elle se plonge lors de ces morceaux. Viennent ensuite les deux morceaux de la série Genjitsu (Genjitsu ni Oite et Genjitsu o Warau), qui m’avaient le plus marqué à l’époque de la sortie de Kyōiku en 2004. L’ambiance devient beaucoup plus sombre et seul Hiizumi au piano est éclairé. Nous sommes au milieu du concert et ces deux morceaux fonctionnent comme une charnière, comme c’est le cas sur l’album Kyōiku d’ailleurs. Les notes de piano me donne la chair de poule, peut être parce que des souvenirs d’il y a plus de 15 ans me reviennent en tête. Les morceaux fonctionnent souvent par deux dans ce concert. Après les deux morceaux écrits par Hirama dans la première partie du concert, Kameda présente deux morceaux dont il a écrit les musiques, Super Star et Tōmei Ningen qui apparaitront plus tard sur l’album Adult et dont c’est la première interprétation lors de cette tournée. Les paroles de Super Star sont écrites par Sheena, s’inspirant du joueur de Baseball Ichiro. Ichiro lui avouera d’ailleurs qu’il n’écoute jamais ce morceau qui lui est consacré quand il écoute l’album Adult, peut être se sent il gêné, connaissant l’humilité du personnage. Mais en contrepartie, Ichiro lui disait en interview qu’il enviait beaucoup sa capacité à naturellement ne jamais faire comme les autres. Il insistait sur le côté naturel et j’ai également le sentiment fort que SR/TJ n’est pas beaucoup influencé par les modes et styles du moment. Cette interprétation de Super Star est bonne mais je garde toujours en tête celle de 2020 pour la tournée News Flash qui m’avait marqué. Ceci me rappelle qu’on n’a toujours pas de nouvelles d’un éventuel Blu-ray de ce concert. J’espère qu’il ne va pas être oublié. Tōmei Ningen a également été interprété d’une manière plus convaincante dans les concerts qui vont suivre. Mais l’intervention agressive au piano de Hiizumi est tout de même remarquable et voir Kameda jouer son morceau avec le sourire aux lèvres vaut le détour.

Le morceau Ekimae revient vers un terrain plus sombre et moins enjoué que Tōmei Ningen. Il faut remarquer que Sheena a pratiquement toujours la guitare en mains pendant ce concert, mais si elle n’en joue pas toujours beaucoup comme sur la première partie de ce morceau. La partie finale instrumentale du morceau et encore une fois l’intensité de la voix de Sheena juste avant ce final, sont d’une beauté poignante. Le morceau suivant mélange Σ en B-side de Gips et Crawl de Kyōiku. Σ en version originale était joué par Hisako Tabuchi et je pense à chaque fois qu’elle va apparaître soudainement pour jouer avec Hirama. Les membres du groupe sont présentés pendant la transition avec le morceau Crawl en démarrant par Hata qui est comme d’habitude infatigable à la batterie (sauf sur sa dernière intervention télévisée pour le morceau Gunjō Biyori sur FNS où il perd bizarrement l’équilibre en tombant en arrière). Sur ce morceau comme sur d’autres, Hirama prend souvent une attitude de rockeur en sautant à pieds joints sur un riff de guitare. Sheena est moins statique que d’habitude et ne chante pas de côté comme on le verra plus tard, mais fait déjà ses courbettes en remerciements au public et allonge souvent sa voix en tendant le bras vers la foule. Le concert s’enchaine ensuite assez vite avec les derniers morceaux du set: une version assez fidèle à Muzai Moratorium de Marunouchi Sadistic mais avec un supplément piano de Hiizumi, une reprise du morceau The Lady Is a Tramp et des morceaux de Kyōiku: Omatsuri Sawagi et Service. Service est le seul morceau où Sheena utilise son mégaphone. On se demande où est passé le morceau Gunjō Biyori, le premier single du groupe qui reste le plus populaire même encore maintenant. C’est en fait le dernier morceau du set avant les rappels.

C’est H Zett M qui s’adresse ensuite au public avant le début des rappels, en rappelant à la foule les mesures d’hygiène à suivre, comme de bien se laver les mains, pour éviter d’attraper la grippe, qui est de saison en Janvier/Février. Entendre ces recommandations me fait croire pendant un bref instant que ce concert s’est déplacé dans le temps jusqu’en 2020 et qu’Hiizumi nous parle en fait de la pandémie actuelle. Après le morceau Kokoro et avant le tout dernier morceau Yume no Ato, Sheena prend la parole mais comme d’habitude son discours est assez décousu, alors que le public lui crie des messages d’encouragement sur lesquels elle tente en vain de rebondir. Peut être est ce dû à la fatigue après un set relativement long, mais j’ai souvent remarqué ce contraste entre sa performance impeccable sur les morceaux qui sont très certainement extrêmement bien préparés, et le relatif manque de spontanéité lorsqu’il s’agit d’adresser un message final à la foule. Elle était en fait beaucoup plus spontanée et instinctive au tout début de sa carrière et s’adressait en permanence à la foule. Les salles étaient aussi beaucoup plus petites et la proximité différente. J’imagine que l’émotion alors que le concert se termine doit être trop forte pour pouvoir s’exprimer clairement et que les mots adaptés ne viennent pas. Sheena est pourtant très bavarde. En écoutant ses émissions de radio Etsuraku Patrol (悦楽巡回) sur la radio Cross FM de Fukuoka d’Octobre 1998 à Juin 1999, elle montre également une personalité très instinctive et spontanée, et est même assez désorganisée dans sa manière de lancer ses idées et de changer de sujet en cours de phrases (après des ‘まあいいや’ en cours de phrase pour changer de sujet). A vrai dire, j’adore l’écouter à la radio à cette époque car on y apprend beaucoup de choses sur les morceaux et les vidéos de Muzai Moratorium sortis à ce moment là et sa manière de s’exprimer sans filtres m’amuse beaucoup. On en parle d’ailleurs avec mahl dans le ´thread’ de commentaires du billet précédent.

Après avoir regardé ce concert en entier, j’ai un peu de mal à m’en séparer car les morceaux me reviennent beaucoup en tête, notamment la reprise du morceau de Misora Hibari ou les morceaux chantés en duo avec Hirama. Difficile de dire s’il est meilleur que les autres concerts de Tokyo Jihen, mais il est en tout cas remarquable sans faiblesse notable. J’y reviendrai plus tard et cette perspective me réjouit déjà.

Pour référence ultérieure, ci-dessous est la liste des morceaux du concert Dynamite:

1. Ringo no Uta (りんごのうた) du 1er album Kyōiku (教育)
2. Jusui Negai (入水願い) du 1er album Kyōiku (教育)
3. Sōnan (遭難) du 1er album Kyōiku (教育)
4. Dynamite (ダイナマイト), reprise du morceau de Brenda Lee et présent en B-side sur le single Sōnan (遭難)
5. Koko de Kiss Shite. (ここでキスして。) du 1er album Muzai Moratorium (無罪モラトリアム) de Sheena Ringo
6. Kao (顔), présent en B-side du single Gunjō Biyori (群青日和)
7. If You Can Touch It, morceau de Mikio Hirama extrait de son album Yume to Negoto (夢と寝言)
8. Bokoku Jōcho (母国情緒) du 1er album Kyōiku (教育)
9. Kurumaya-san (車屋さん), reprise du morceau de Misora Hibari sorti en Avril 1961 sur le double single Hibari no Dodonpa/Kurumaya-san (ひばりのドドンパ/車屋さん), également présent sur le DVD Tokyo Incidents Vol. 1.
10. Tsuki ni Makeinu (月に負け犬) du 2ème album Shōso Strip (勝訴ストリップ) de Sheena Ringo
11. Onaji Yoru (同じ夜) du 1er album Muzai Moratorium (無罪モラトリアム) de Sheena Ringo
12. Genjitsu ni Oite (現実に於て) du 1er album Kyōiku (教育)
13. Genjitsu o Warau (現実を嗤う) du 1er album Kyōiku (教育)
14. Koi no Urikomi (恋の売り込み), reprise du morceau I’m Gonna Knock on Your Door de The Isley Brothers
15. Super Star (スーパースター) du 2ème album Adult (大人)
16. Tōmei Ningen (透明人間) du 2ème album Adult (大人)
17. Ekimae (駅前) du 1er album Kyōiku (教育)
18. Σ~Crawl (Σ~クロール), medley du morceau Σ présent en B-side sur le single Gips (ギブス) de Sheena Ringo et du morceau Crawl du 1er album Kyōiku (教育)
19. Marunouchi Sadistic (丸の内サディスティック), du 1er album Muzai Moratorium (無罪モラトリアム) de Sheena Ringo
20. Sono Onna Fushidara ni Tsuki (その淑女ふしだらにつき), reprise du morceau The Lady Is a Tramp écrit et composé par Lorenz Hart et Richard Rodgers pour la comédie musicale Babes in Arms, également chanté par Frank Sinatra, présent en B-side du single Gunjō Biyori (群青日和)
21. Omatsuri Sawagi (御祭騒ぎ) du 1er album Kyōiku (教育)
22. Service (サービス) du 1er album Kyōiku (教育)
23. Gunjō Biyori (群青日和) du 1er album Kyōiku (教育)
24. (Encore) Kokoro (心), présent en B-side sur le single Sōnan (遭難)
25. (Encore) Yume no Ato » (夢のあと) du 1er album Kyōiku (教育)