L’exposition Doraemon Tokyo 2017 se déroulait du 1er Novembre 2017 au 8 Janvier 2018 à la Mori Arts Center Gallery au 52ème étage de la tour de Roppongi Hills. Nous ne voulions pas la manquer car Zoa adore les histoires de ce personnage de chat robot bleu, comme beaucoup d’enfants au Japon. En fait, en grand enfant que je peux être parfois, j’aime aussi beaucoup cette série pour son humour et l’ingéniosité des gadgets que Doraemon sort de sa pochette magique pour venir en aide à l’écolier paresseux Nobita. Je n’ai vu que quelques épisodes de la série télévisée et que 3 ou 4 films animés en DVD, mais on se familiarise et on s’attache très vite aux personnages et à l’ambiance de cette série qui se déroule en banlieue de Tokyo. Il existe un musée permanent sur l’univers de Fujiko Fujio, les créateurs de Doraemon, à Kawasaki. Nous l’avions visité avec passion il y a exactement 4 ans. L’exposition que nous avons vu cette fois-ci à Roppongi Hills était très différente car il ne s’agissait pas de créations originales de Fujiko Fujio, mais de réinterpretations de l’univers de Doraemon et de ses personnages par d’autres artistes, plus ou moins renommés. Beaucoup de ces artistes invités évoquent le fait que Doraemon les a accompagné depuis l’enfance. Je pensais que la plupart des artistes invités re-dessineraient complètement les personnages de Doraemon à leur manière mais ce n’était en fait pas vraiment le cas, à part Yoshitomo NARA 奈良 美智 qui représente Doraemon d’une manière similaire aux portraits de petits personnages à la fois mignons mais à l’air cruel, qui sont sa signature d’artiste. L’artiste Tomoyoshi SAKAMOTO 坂本 友由 s’inspire lui aussi très librement des personnages de Doraemon en montrant une Shizuka à l’âge adulte entourée d’étranges objets de science fiction. On a un peu de mal à reconnaître le lien avec Doraemon, si ce n’est la petite tête bleue du personnage qui apparaît en bas de l’œuvre. Ceci étant dit, l’exécution est vraiment superbe. Takashi MURAKAMI 村上 隆 fait également partie des artistes invités, ce qui n’est pas très étonnant car c’est un des habitués de Roppongi Hills. A l’entrée de l’exposition, il nous montre une gigantesque fresque mélangeant les personnages de Doraemon avec les motifs de fleurs ultra colorées, qui sont là encore la signature de l’artiste. La photographe Mika NINAGAWA 蜷川 実花, quant à elle, nous montrait deux séries de photographies personnifiant Doraemon et le mettant en scène dans une promenade amoureuse. Tomoko KONOIKE 鴻池 朋子 nous montrait également une grande fresque avec tous les personnages de la série mais centrée sur le personnage de Shizuka, entouré d’animaux fantastiques. On pense à la représentation d’un rêve ou d’un cauchemar, mais des animaux fantastiques font souvent irruption dans les grandes aventures de Doraemon au cinéma. C’est intéressant de voir qu’après le personnage de Doraemon, c’est celui de Shizuka qui semble avoir le plus inspiré ces artistes. L’exposition était plus dense que je l’imaginais. On y trouvait diverses installations dans des pièces dédiées de l’exposition. J’étais également agréablement surpris par la qualité de ce qui était présenté. On reconnaît une authentique admiration et reconnaissance pour ce personnage et cet univers, certainement parce qu’il remonte à des souvenirs d’enfance pour certains des artistes ou bien parce qu’il a accompagné les enfants de ces artistes. Ce n’est apparemment pas la première exposition de ce type qui a lieu sur l’univers de Doraemon. Vu la longévité de la série, l’inspiration semble intarissable et c’est tant mieux.
Étiquette : Takashi Murakami
Les 500 Arhats de Takashi Murakami
Je ne suis pas réellement admiratif du travail de Takashi Murakami ni vraiment compris son intrusion au Palais de Versailles, mais j’ai tout de même été attiré par la proposition qu’il nous fait en ce moment au Mori Art Museum (MAM) de Roppongi Hills. Murakami et Roppongi Hills sont liés depuis le début du complexe car il avait contribué à certaines imageries pour le lancement de Roppongi Hills, des petites fleurs gentillettes et sans grand intérêt, il faut bien l’avouer. L’exposition au MAM est beaucoup plus intéressante et ne passe pas du tout sur cette période fleurie. Le point central est organisé autour de quatre longues fresques de plusieurs dizaines de mètres représentants 500 « Arhats » (je n’ai pas compté cependant), des représentations de sages méritants et toute une faune et flore imaginaire et fantastique les entourant. La taille des fresques est impressionnante ainsi que les couleurs et la dynamique des dessins. Ces sont des versions modernes et colorés à l’excès de représentations mythologiques chinoises, de personnages mythiques comme les petits démons rouges et bleues, des monstres à quatre yeux à l’air nonchalant, des phénix étincelants, des dragons survolant les mers houleuses, des montagnes de paysages chinois montant jusqu’aux cieux… Bref tout un bestiaire magnifique à voir. On nous donne aussi de nombreuses explications de certains personnages des quatre fresques, ainsi que des vidéos sur la préparation. Takashi Murakami ne travaille pas seul et s’entoure dans son atelier de jeunes étudiants en Art. Il est très transparent sur ses méthodes de création, et il nous dit aussi très librement (dans une suite de vidéos rétrospectives) qu’il se considère à la fois comme un artiste et comme un marchand. Le côté marchand peut être un peu gênant quand on passe par la boutique en fin d’exposition, pleine à raz bord de produits dérivés sur l’exposition. Cependant, l’exposition nous montre les nombreuses recherches faites avant la création de ces fresques des 500 Arhats, qui m’amène à respecter ce travail jusqu’à l’apprécier énormément. On est à mi chemin entre Art et Manga, et l’incapacité de Murakami à dessiner des personnages de Manga semble être un des ses complexes. Il l’avoue aussi assez naturellement. Autour des fresques, Murakami nous montre d’autres oeuvres très souvent centrées sur son personnage fétiche Mr DOB. Il ressemble à une tête de Mickey, mais aux dents longues et aiguisées. Des fleuves de petites têtes de mort inondent aussi souvent les grands tableaux de Murakami. C’est un motif récurrent. De nombreux personnages fantastiques se répètent d’oeuvre en oeuvre. L’exposition se termine sur un court texte où il revient en accéléré sur 20 ans de carrière en nous donnant son point de vue critique sur l’état de la scène artistique japonaise. C’est finalement une exposition que je conseille.