Après avoir monté les escaliers du sanctuaire d’Atago fraichement rénové, je me remémore trois autres morceaux que j’ai ajouté à ma playlist nommée ‘an untilted life’. Il y a d’abord un morceau rock intitulé Kūfukuna Dōbutsu no Tame no (空腹な動物のための), sous-titré en anglais Monkey Irony, du groupe Oisicle Melonpan (おいしくるメロンパン). Il s’agit d’un trio d’origine tokyoïte lancé à la fin de l’année 2015, alors que les trois membres étaient encore lycéens. Ils ont déjà sorti huit mini-albums, dont celui intitulé Eyes contenant le morceau qui a intégré la petite playlist sur mon iPod. Le groupe se compose de Nakashima (ナカシマ) au chant et à la guitare, Shōsetsu Minegishi (峯岸翔雪) à la basse et aux chœurs, et Shuntarō Hara (原駿太郎) à la batterie et aux chœurs. Le nom plutôt étrange du groupe a été trouvé par le chanteur Nakashima alors qu’il mangeait un excellent pain au melon (bien sûr), mais il aurait aussi décrété qu’il n’aime pas les pains au melon tant que ça. J’imagine qu’on a dû lui poser maintes fois des questions sur les origines du nom du groupe, et ça a peut-être fini par l’agacer. Précisons qu’il s’agit d’une pure supposition de ma part. Le morceau Monkey Irony est fait d’un rock alternatif aux accents pop avec des guitares puissantes et un refrain très marqué grâce à la voix affirmée du chanteur Nakashima. J’aime cette guitare qui avance par moments par à-coups car ça me fait un peu penser à Tricot. J’écoute ensuite un morceau d’un autre groupe que je ne connaissais pas, Flower Raft (花筏) de tiny yawn. Le groupe tiny yawn est principalement actif à Tokyo depuis 2017 et se compose de quatre membres: Megumi Takahashi au chant et claviers, Yuki Sugama à la guitare, Koji Yasuda à la basse et Kohei Takashima à la batterie. Je suis tout de suite sensible à la mélancolie rock qui se dégage du morceau. Les accords de guitare de Yuki Sugama nous saisissent immédiatement et la voix claire très légèrement rugueuse de Megumi Takahashi nous transporte, peut être quelque part dans les montagnes enneigés autour du Mont Fuji et de ses cinq lacs comme le suggère la vidéo. La mélodie du morceau est très belle et transmet des émotions auxquelles je suis réceptif. Le morceau Flower Raft est disponible sur le EP intitulé Padle Ship sorti en Mars 2024. Je termine par une dernière étape, cette fois-ci électronique, avec le groupe Tamanaramen (玉名ラーメン) dont j’ai déjà parlé à plusieurs reprises sur ce blog, notamment pour leur EP Hajimari (はじまり). Le single telepath composé et chanté par Pikam et Hana est sorti le 20 Décembre 2023. On y retrouve les particularités de Tamanaramen avec ses ambiances électroniques vaporeuses et les voix du duo légèrement chuchotantes et enfantines. Les morceaux de Tamanaramen sont à chaque fois teintés d’une once de mystère et j’ai toujours l’impression d’entrer dans un monde à part où tout le monde ne serait pas invité, comme si cette musique ne se révélait à nous que sous certaines conditions. Cette pointe d’imaginaire et d’irréel me plait à chaque fois beaucoup dans la musique de Tamanaramen.
Étiquette : Tamanaramen
moving like a wind
Passage devant le sanctuaire de Koami (小網神社) à Ningyochō lors d’un jour faste sur les deux premières photographies, puis un peu plus loin toujours à Ningyochō sur la troisième photographie. Comme on me le faisait remarquer précédemment dans les commentaires d’un billet, je prends un peu plus souvent les gens en photo ces derniers temps, en plein mouvement comme des coups de vent comme sur la photo qui suit dans une petite rue à proximité du quartier de Sangenjaya. Sur cette quatrième photographie, le graphisme tout en rondeur dessiné sur les murs est bien étrange. Je me suis demandé si la perception du dessin changeait en fonction de l’angle par lequel on le regardait mais ça ne semblait pas être le cas. Sur la même rue longeant un cour d’eau entouré de verdure, on trouve de nombreuses plaques sur le sol couvertes de dessins d’enfants comme le poisson rouge et blanc que je montre sur une des photos ci-dessus. Il y a une école donnant sur cette petite rue. Les nombreux dessins agrémentant cette rue sont peut-être les créations des jeunes élèves de cette école. Les deux dernières photographies ont été prises à Azabu Jūban. Les portes de la propriété de l’avant-dernière photo sont en général fermées, mais ce n’était pas le cas lors de mon passage. La demeure est ancienne et la statue qui monte la garde est bien intrigante. Le photographe appelé Matsuo sur la dernière photographie se trouve dans le centre d’Azabu-Jūban. Il montre quelques unes des photographies prises dans son studio sur sa devanture. Comme souvent chez ce genre de photographes, on y trouve une atmosphère d’un autre temps. Je me demande toujours sous quelles conditions certaines personnes et familles autorisent de voir afficher leur photo devant tous sur la vitrine des photographes. Ce sont peut-être tout simplement des acteurs et actrices payés pour ce genre de mise en scène photographique.
Si vous suivez les pages musiques de ce blog, qui sont difficiles à manquer il faut bien le dire, vous aurez certainement déjà entendu parler de Tamanaramen (玉名ラメン), groupe à tendance électronique composé des deux sœurs Hana et Hikam Watanabe. Elles viennent de sortir le 15 Février 2023 un nouvel EP intitulé Hajimari (はじまり) composé de cinq morceaux. Le style est éthéré comme les précédents morceaux que je connais du groupe. Les voix sont légères et floues comme un nuage poussé par un brin de vent. L’association des voix aux contours indéfinis (le nuage) avec le rythme électronique très affirmé (le brin de vent) est très intéressant. Le EP ne fait que 13 minutes et s’écoute dans la continuité comme un seul objet musical nous entraînant pendant quelques instants dans un autre monde fait de rêves éveillés. La composition musicale me rappelle parfois Crystal Castles, sur le morceau Ebi notamment, ou certains morceaux d’Aya Gloomy, sur le morceau Friday. Il y a cette même ambiance singulière entre cette dernière artiste et Tamanaramen. Ce genre de musique me permet de m’échapper pendant une dizaine de minutes du rythme effréné de ma réalité.
être l’histoire de soi-même
L’actrice Suzu Hirose (広瀬すず) nous montre le nouvel appareil photo instantané Instax Mini Evo sur une grande affiche posée sur une des baies vitrées des bureaux de Fujifilm. L’objet au look classique rétro permet de prendre et d’imprimer des photos similaires aux Polaroïd mais sur un format un peu plus petit appelé Checki (チェキ). Le Checki fait une taille de 8.5×5.4cm par rapport au Polaroïd de 10.8×8.8cm. Ce genre d’objet est très tentant mais je me raisonne rapidement en me disant que j’en aurais que très peu d’utilité. Ce genre d’appareil est plutôt destiné aux portraits, ce qui n’est pas vraiment mon domaine de prédilection. Je me vois déjà, fidèle à moi-même, essayer de prendre des photos de rues et de buildings avec cet appareil. Le SIA Aoyama building sur la deuxième photographie garde intacte sa couleur blanche initiale comme s’il venait juste d’être construit alors pourquoi pas le défigurer avec des fils et poteau électriques. En photographies, j’hésite souvent entre deux formes de beauté urbaine, celle aux formes lisses et aux couleurs inaltérées et celle qui se développe à l’arrière des buildings, dans les interstices qui sont censés n’être vus de personne. Lorsqu’un building est abattu et laisse place à un terrain vague ou à un parking, la complexité des tubes et tuyauteries apparaît au grand jour. Les trois photographies suivantes recherchent plutôt des couleurs, le rouge marquant la nuit d’une enseigne Vivienne Westwood à Aoyama, l’étrange couleur violette d’une porte de temple près de Nishi-Azabu et les couleurs des formes géométriques dessinées sur le mur d’un parking de la banlieue de Shinjuku. Cette dernière photo me rappelle la manière dont je décorais virtuellement les bâtiments il y a plusieurs années de cela, en leurs apportant de nouvelles textures qui changeaient complètement leur apparence. Je me rends compte en écrivant ces lignes que j’évoque souvent mon histoire passée dans les rues de Tokyo, tout autant presque que mon histoire présente. La densité de l’histoire présente paraît toujours moins importante que celle du passé. Ce blog est censé être celui de l’histoire de moi-même, mais je m’interdis de dire et de montrer beaucoup de choses personnelles, au point où je me demande s’il s’agit vraiment de mon histoire. J’y pense souvent, mais cette histoire se transformera peut-être un jour en fiction, ce qui m’apporterait peut-être une nouvelle liberté.
De haut en bas: Images extraites des concerts sur la chaîne YouTube Ginza Sony Park de D.A.N. le 19 Mars 2022 et de Tamanaramen (玉名ラメン) le 26 Février 2022.
Le Samedi 19 Mars 2022 à partir de 21h, on pouvait voir en live sur YouTube un mini concert de D.A.N. sur la chaîne de Ginza Sony Park. Je m’en suis rendu compte trop tard pour le voir en live, mais la chaîne YouTube maintient heureusement ce concert dans ses archives. Le concert se passe sans public dans les sous-sols de l’ancien immeuble Sony dans le centre de Ginza. Je ne suis pas encore complètement revenu de leur dernier album NO MOON, et je réécoute assez souvent certains morceaux comme le morceau titre ou The encounters. Ce dernier n’était, sans surprise, pas interprété pendant ce live car il fait intervenir des voix extérieures, celles d’un rapper appelé Takumi et de Tamanaramen (玉名ラメン). Tamanaramen s’est d’ailleurs récemment produit sur cette même scène du Ginza Sony Park, il y a peu de temps, le 26 Février 2022. Ce concert là était plutôt expérimental à mi-chemin entre installation artistique et véritable concert. Hana et Hikam Watanabe se faisaient constamment face, et les trois murs de l’espace de la scène étaient recouverts d’images vidéos abstraites. Tamanaramen avait tout de même interprété leurs deux derniers morceaux, Glowing Arcade et The light behind my eyelids. L’approche de mise en scène de D.A.N. au Ginza Sony Park était en comparaison plus classique, jouant sur la pénombre. Derrière leurs machines pleines de câbles, le groupe interpréta plusieurs morceaux de leur dernier album comme le morceau titre de l’album, NO MOON, et Anthem. Ce dernier morceau fait intervenir des sonorités de steel pan joué sur cet album par Utena Kobayashi, mais elle n’était malheureusement pas présente sur scène avec les trois membres de D.A.N. Ce petit concert d’une trentaine de minutes m’a fait réécouter une nouvelle fois l’album du groupe.
風を切って行くわよ
Le béton brut de House in Minami-azabu par l’architecte Hitoshi Wakamatsu. La forme en polyèdre du toit a été calculée pour maximiser la hauteur permise par les régulations urbaines du quartier tout en minimisant l’ombre projetée sur les maisons alentours. L’impression brutaliste de l’extérieur est conservée dans certaines pièces à l’intérieur, notamment le living au deuxième étage ouvert des deux côtés par d’immenses baies vitrées dont une aux formes obliques. Le rez-de-chaussée contient une pièce traditionnelle japonaise en tatami plutôt sombre. Le dernier étage sous le toit est peint en blanc avec quelques fenêtres de taille réduite.
Une cérémonie bouddhiste de quartier à Ikegami pour commencer la nouvelle année sous les meilleurs auspices. Comme elle durait plus d’une heure, je me suis discrètement éclipsé pour aller explorer le quartier. Cette cérémonie aux portes d’un temple suscitait la curiosité de certains passants.
Détails d’une rue du quartier d’Ikegami dans l’arrondissement d’Ōta. La zone que je parcours est presque exclusivement résidentielle et ne m’a pas apporté beaucoup d’opportunités photographiques. Mais il faut parfois plusieurs passages pour que les choses se révèlent à moi. J’ai même souvent tendance à voir des choses différentes à chaque passage dans une même rue ou quartier.
Façade du magasin d’instruments de musique Ikebe à Shibuya. Je fais un détour volontaire pour voir les affiches géantes montrant les visages de Hana et Hikam Watanabe de Tamanaramen (玉名ラメン). Ces photographies aux couleurs fortement modifiées reprennent le style du single The light behind my eyelids, que je mentionnais dans un récent billet.
Quand je marche dans le centre de Shibuya, je passe presque systématiquement derrière le grand magasin PARCO pour voir quelle affiche y est montrée. Cette fois-ci, il s’agissait d’une affiche publicitaire pour une réédition en cours de l’oeuvre manga complète de Katsuhiro Ōtomo « The Complete Works« . Bien que j’aime beaucoup son œuvre, il est fort improbable que je me lance dans cette collection là. J’ai d’ailleurs l’impression qu’il y a déjà eu des rééditions du manga AKIRA et d’autres books commémoratifs.
Je fais ces détours rapides en coupant le vent dans Shibuya pour finalement arriver au Tower Records. Des costumes de scène de Tokyo Jihen y étaient exposés au huitième étage pendant une période limitée. Ce genre d’exposition se déroule en général plutôt au Tower Records de Shinjuku, mais depuis la réduction de l’espace du magasin, il ne devait pas y avoir assez de place pour tout montrer. Il faut dire que ça doit être la plus grande exposition que j’ai pu voir jusqu’à maintenant. On y retrouve les kimonos portés par Tokyo Jihen lors de l’émission Kōhaku sur NHK le 31 Décembre 2021, les tenues au début et à la fin de cette même émission, et quelques autres utilisées dans d’autres émissions en 2021. J’étais particulièrement curieux de voir le skateboard de Sheena, qui apparaît régulièrement dans des émissions ou des vidéos. On peut également apprécier les Reebok Pump futuristes, les sacs à dos NASA et les tenues de sport colorées dérivées de celles de la période Sports. J’ai également montré quelques unes de ces photos prises à l’iPhone sur mon compte Instagram. J’y suis allé un dimanche à l’ouverture à 11h et il n’y avait donc qu’assez peu de personnes. Comme l’espace n’est pas très grand tout de même, j’ai fait de mon mieux pour ne pas inclure les visages des autres visiteurs sur mes photos sur Instagram, sauf une photo qui montrait l’affiche à l’entrée et sur laquelle on pouvait voir une fille de profil avec le visage à moitié caché par un masque. Quelques heures après publication, je reçois un DM de cette même personne me demandant de flouter la photo sur Instagram sur laquelle on voyait une partie de son visage ou d’enlever complètement la photo en question, ce que j’ai finalement fait car je ne pense pas qu’on puisse éditer une photo déjà publiée sur Instagram. Deux amis ou connaissances de cette personne m’ont également contacté pour la même raison, de manière fort aimable mais insistante tout de même. Je n’avais pas l’intention de créer de problème donc effacer la photo rapidement a rassuré tout le monde. Mais je ne m’étais jamais vraiment posé la question des problèmes éventuels de montrer des visages sur Instagram ou sur ce blog. Le problème sur Instagram est que j’utilisais le tag #椎名林檎 comme tous les autres personnes ayant montré des photos de cette exposition, ce qui fait que la personne en question a rapidement vu ma photo et a réagi. Je ne prends pas souvent des personnes en photo sur ce blog et encore moins sur Instagram, mais je ne me suis jamais empêché de montrer des visages sortant d’une foule par exemple. Cette remarque va peut-être modifier mon approche, du moins je suis sûr que je vais beaucoup plus y penser, ce qui est pour sûr un peu dommage.
Le titre de ce billet n’a pas grand chose à voir avec le contenu mais j’aime tout simplement la manière dont Nanako Matsushima (松嶋菜々子) prononce cette phrase au guidon d’une moto dans une publicité récente. Je garde cette phrase comme titre pour m’en souvenir.
今日見た光、忘れない
On s’enfonce quelques instants dans les nuages qui viennent brouiller le paysage urbain et derrière lesquels on pourrait se cacher, disparaître pendant quelques heures pour revenir ensuite avec un air légèrement réjoui comme si on avait fait une découverte extraordinaire. Je me cache régulièrement pendant quelques heures seulement derrière ces nuages lorsque je pars en marche dans la ville. Derrière ces nuages, on a étonnamment les idées claires, car derrière les nuages se cache toujours une éclaircie qu’on n’oublie pas. Ces découvertes extraordinaires, je les montre d’abord sur mon compte Instagram car j’ai de plus en plus de mal à écrire des billets complets dans la foulée de mes marches urbaines. Il se passe parfois plusieurs semaines entre les photographies que je prends et les billets que j’écris pour les montrer. Je prends par conséquent moins de photographies ces derniers jours, même si je marche beaucoup. J’essaie ainsi de remonter dans le temps pour me rapprocher petit à petit du moment présent. Mon expérience internet est à deux vitesses, celle du présent, rapide et quasi-immédiate sur Instagram et celle qui prend son temps sur ce blog. Je suis à une période où j’hésite encore entre les deux, mais aucune de ces vitesses ne s’impose pourtant à l’autre. Il m’arrive de sprinter sur Instagram en montrant soudainement beaucoup de choses puis m’arrêter soudainement pendant plusieurs semaines et retrouver dans ce blog comme un refuge ou un apaisement. Je ne vais derrière les nuages que pendant quelques heures et je reviens ensuite par ici pour méditer ce que j’y ai vu. Toute la complexité est de ne pas trop s’éloigner du présent lorsqu’on se perd dans ses méditations.
J’avais beaucoup aimé et écouté le premier album Serotonin II, sorti en Octobre 2019, de la singapourienne, maintenant londonienne, Nat Çmiel, qui se fait appeler Yeule. J’avais par contre été moins attentif aux reprises qu’elle avait faite ensuite et à la version remixée intitulée Serotonin X reprenant quelques morceaux de ce premier album. Le deuxième album de Yeule, Glitch Princess, sortira dans quelques heures, le 4 Février, et quatre morceaux sont déjà en écoute sur Bandcamp. Le premier intitulé My Name is Nat Çmiel est en fait sorti en Décembre 2020. En l’écoutant à cette époque, il m’avait semblé que Yeule s’éloignait de plus en plus de son existence humaine pour devenir une sorte de prototype androïde capable d’émotions. Le morceau est parlé et donne l’impression que Yeule lit une fiche décrivant les caractéristiques de sa propre personnalité. Il y a quelque chose qui est en même temps robotique et sensible, comme peut l’être un Fitter Happier sur OK Computer. Il s’agit en fait d’une sorte d’introduction à cet album et les trois autres morceaux disponibles actuellement sont beaucoup plus accessibles et contiennent même des petits airs pop malgré la relative noirceur de l’ensemble. Des quatre morceaux, Too Dead Inside est certainement celui que je préfère mais les deux autres que l’on peut écouter pour l’instant, Don’t be so hard on your own beauty et Friendly Machine, sont tout aussi beaux. Le morceau Don’t be so hard on your own beauty est d’ailleurs relativement classique dans sa conception musicale, principalement axé sur une guitare et la voix de Yeule, sans les nombreux effets électroniques que l’on connaissait de son premier album et que retrouve par contre sur l’autre morceau Friendly Machine. Yeule se surnomme elle-même princesse des glitches sonores et ils sont en général très présents dans ses compositions. La musique de Yeule s’accorde avec les vidéos qui la représentent souvent seule (parfois avec son chat Miso) dans un état parfois proche de la folie. L’image atypique qu’elle projette forme un tout avec les morceaux qu’elle crée. J’ai l’impression qu’elle se transforme même de plus en plus. Outre les tatouages de personnages inspirés de l’univers ero-guro du mangaka Suehiro Maruo, elle se maquille maintenant le visage d’étranges marquages colorés. Comme je le mentionnais un peu plus haut, Too Dead Inside est un des plus beaux morceaux qu’elle a créé jusqu’à maintenant. Sa mélodie nous accroche tout de suite et est empreinte d’une étrangeté attirante. Je suis assez impatient d’écouter la suite dans quelques heures ou jours quand l’album entier sera disponible. J’allais presque l’oublier, mais comme Yeule est une personne non-binaire (comme Utada Hikaru d’ailleurs), j’aurais certainement dû utiliser dans mon texte un pronom neutre plutôt que « elle ». On peut voir le « they » régulièrement utilisé en anglais, mais j’ai rarement ou jamais vu utiliser le « iel » ou « ielle » en français. Les articles en anglais évoquant le nouvel album de Utada Hikaru utilisent systématiquement le « they », mais je n’ai pas vu l’équivalent en français. Par exemple, l’article en français sur le site Pen Official utilise « elle » mais « they » en version anglaise. Le « they » étant pour moi avant tout pluriel, je ne le trouve pas vraiment adapté pour une personne unique, quoique pour Yeule, mon impression diffère car elle évoque elle-même avoir différentes personnalités vivant en elle. En regardant récemment son compte Twitter, je remarque un détail qui m’intéresse beaucoup. Je la vois porter au doigt une bague « armour ring » (certainement de la marque Vivienne Westwood) qui me rappelle forcément une autre artiste dont je parle très souvent sur ces pages.
Pour continuer avec mes découvertes musicales, j’écoute beaucoup ces derniers jours deux morceaux du duo Tamanaramen (玉名ラメン) composé des sœurs Hikam et Hana Watanabe. J’écoute le dernier single Glowing Arcade sorti le 1er Janvier 2022 et le single précédent sorti en Novembre 2021, The light behind my eyelids (dont les paroles m’inspirent d’ailleurs le titre de ce billet). Je connais le nom de ce groupe depuis quelques temps car il est très singulier et on le retient. Mais la voix de Tamanaramen m’est surtout familière depuis que je l’ai découverte sur le troisième morceau intitulé The encounters de l’album NO MOON de D.A.N. Comme je l’évoquais déjà, ce morceau est excellent et peut-être bien le meilleur de l’album notamment pour le mélange des voix dont celle de Tamanaramen. Je reviens souvent sur ce morceau avec un plaisir d’écoute à chaque fois renouvelé. Tamanaramen m’a intrigué suite à cela, ce qui m’a poussé à écouter quelques morceaux sur YouTube et à m’attacher pour le moment à ces deux morceaux électroniques en particulier. L’ambiance musicale de Glowing Arcade est plutôt minimaliste avec une prédominance de la voix qui semble très proche de l’auditeur. Dans une approche intime pleine de mélancolie, elle nous parle de son état d’être. 「もう変わらない、変われないけどさ』(Je ne changerais pas maintenant , je ne peux plus changer). Et à cette mélancolie s’ajoutent des paroles volontairement positives et je dirais même enfantines dans la manière dont elle les chante et les répète 『みんなで行こう」(allons-y tous ensemble). Je trouve cette atmosphère très délicate et sensible. La voix de Tamanaramen (je ne suis pas sûr qui, de Hikam ou Hana, chante) est frêle et fragile, et se confronte à des sons électroniques plus agressifs sur le deuxième morceau The light behind my eyelids. En fait, plus qu’agressif, je dirais que le rythme électronique est beaucoup plus soutenu et présent, avec une dernière partie purement instrumentale vers la fin. J’aime beaucoup l’ambiance nocturne de ce morceau, qui prend des airs menaçants par moments, et qui est très bien relayée par la vidéo. Je suis déjà décidé à parcourir un peu plus l’univers nuageux de Tamanaramen.