Tokyo Fist par Shinya Tsukamoto (1995)
Ce film japonais m’a laissé une très forte impression en tête. En le regardant, j’ai souvent été choqué par la violence des images, mais celles-ci desservent un message. L’ambition du réalisateur Shinya Tsukamoto (塚本晋也) est de présenter une alternative extrême à la société japonaise actuelle. En prenant Tokyo comme symbole de cette force qui écrase les individus et les âmes, les faisant errer tels des zombies entre les immeubles gigantesques, Tsukamoto attaque à sa manière cette société libérale violente en proposant un contre-courant encore plus violent, mais définitivement plus humain: celui de la douleur. A travers la douleur, on reprend conscience de son corps, un corps qui a tendance à ne devenir pas plus qu’un simple support pour le cerveau, sans autre intérêt que de servir à le déplacer d’un endroit à un autre. Mais il va plus loin dans son exposé: non seulement on reprend conscience de son corps à travers la douleur (apportée ici par la boxe que pratique le protagoniste), mais aussi de son âme, qui finissait par ne plus refléter l’identité profonde de l’individu. Le film n’est pas un divertissement. Il s’agit d’une vision très personnelle de l’interaction entre les êtres humains et la ville de Tokyo. J’aime cela dans un film quand son réalisateur ne fait aucun compromis pour exprimer ce qu’il veut.