人間は意外と強い

Cette affiche géante se trouvant sur la place de Hachiko devant la gare de Shibuya et proclamant en très grande écriture que « les humains ne sont pas faibles”, provient apparemment d’un manga appelé Yakusoku no Neverland (約束のネバーランド, The Promised Neverland) écrit par Kaiu Shirai (白井 カイウ) et dessiné par Posuka Demizu (出水 ぽすか) dans le magazine Weekly Shōnen Jump de Shūeisha. A vrai dire, je ne connais pas du tout ce manga et j’en ai même jamais entendu parler, mais j’aime beaucoup l’idée d’interpeller les passants par des écritures démesurées. Lors de cette marche dans Shibuya, de retour de Shinsen un peu plus haut, je traverse le quartier des Love Hotels à Maruyamachō et je concentre mon objectif photo sur les grandes affiches, notamment celle d’un cinéma appelé Kinohaus, ainsi que sur les petites affichettes collées en abondance sur certains murs de vieilles bâtisses. Devant le complexe Bunkamura, j’aperçois le bâtiment aux vitrages à l’oblique que j’avais utilisé pour une de mes premières compositions urbano-végétales, il y a plus de dix ans. J’y repense avec une certaine nostalgie à chaque fois que je passe devant ce bâtiment. Comme indiqué sur la façade, on trouve dans ce bâtiment une galerie d’art tenue par Atsuko Barouh, la compagne de l’auteur-compositeur-interprète Pierre Barouh. Je savais que Pierre Barouh avait des liens avec le Japon, mais je ne savais pas par contre qu’il avait passé son enfance en Vendée et que certains lieux aux Herbiers et aux Sables d’Olonne portent son nom. Sheena Ringo avait écrit et interprété un morceau intitulé 13 jours au Japon (~2O2O日本の夏~), inclus dans la compilation 50 ans de Saravah, la maison de production de Pierre Barouh. Cette compilation était sorti en Septembre 2016, quelques mois avant la mort de Pierre Barouh en Décembre de la même année. Le morceau 13 jours au Japon que Sheena Ringo chante en français et en japonais nous parle déjà des futurs Jeux Olympiques de Tokyo et est en fait une reprise du morceau Treize jours en France de Francis Lai pour un documentaire du même nom de Claude Lelouch sur les Jeux Olympiques de Grenoble en 1968. La musique du documentaire est sorti aux éditions Saravah et Pierre Barouh y écrit et interprète un morceau. Le documentaire est traduit en japonais en Shiroi Koibitotachi (白い恋人たち – Les amoureux blancs). Je me suis toujours demandé et me demande toujours pourquoi Sheena Ringo a été amené à interpréter un morceau sur cette compilation. Elle doit certainement être amatrice des compositions de Pierre Barouh. La chanson Un homme et une femme du film de Lelouch, sur une musique de Francis Lai et des paroles de Pierre Barouh, est d’ailleurs utilisée pendant les interviews en interlude du concert de Tokyo Jihen Domestic! Virgin Line de 2006. L’utilisation de ce morceau m’avait étonné mais je vois maintenant quelques liens se dressés. Toujours est il que Sheena Ringo utilise souvent des mots français et c’est notamment le cas du concert qui va suivre.

Je continue donc tranquillement ma revue des concerts de Sheena Ringo et de Tokyo Jihen. J’ai trouvé le Blu-Ray du concert Bon Voyage de Tokyo Jihen sorti le 13 Juin 2012 chez le disquaire Disk Union de Shibuya. Il s’agit d’une captation du dernier concert de la tournée Domestique Bon Voyage qui se déroulait du 14 au 29 Février 2012 en six dates à Yokohama, Osaka et Tokyo. Le dernier concert de la tournée, le 29 Février, se déroulait au Nippon Budokan de Tokyo et était en effet le dernier concert de Tokyo Jihen car le groupe avait annoncé leur séparation un peu plus tôt en Janvier. On sait maintenant que ce n’était en fait pas le dernier, le groupe s’étant reformé le 1er Janvier 2020 et ayant démarré la tournée News Flash à partir du 29 Février 2020, soit 8 ans très exactement après leur dernier concert et pendant une même année bissextile. Comme Bon voyage est une tournée d’adieu, le concert au Budokan ne manque pas de grandiose, surtout si on le compare à celui de News Flash au NHK Hall, qui était beaucoup plus sobre dans sa présentation. Nippon Budokan est d’abord environ 4 fois plus grand que le NHK Hall de 3800 places ou 3 fois plus grand que le Tokyo Forum de 5000 places, et c’est un lieu qui a un certain prestige. Il date de 1964, construit initialement pour les compétitions de judo des Jeux Olympiques de Tokyo. Les caméras pendant le concert ne manquent pas de montrer l’intérieur arrondi du Budokan dans toute sa grandeur, surtout pendant le deuxième morceau Atarashii bunmeikaika où l’espace est très éclairé et envahi de confettis. Les tenues du groupe pour les premiers morceaux sont flamboyantes, très colorées. Le chapeau fait de formes de fleurs que porte Sheena Ringo est rempli de couleurs et c’est une des plus belles tenues de scène que j’ai pu voir pour l’instant. Neko Saito et son orchestre d’une quarantaine de personnes est également présent à l’arrière de la scène derrière le groupe, mais n’intervient pas sur tous les morceaux.

OSCA est le quatrième morceau interprété et fonctionne toujours très bien dans les concerts que j’ai vu. Une des particularités de cette version est le solo de basse de Seiji Kameda juste avant la reprise sur la deuxième partie rapide du morceau. Les quatre danseuses du groupe Idevian Crew qui apparaissaient dans la vidéo du morceau sont également sur scène et courent dans tous les sens pendant que Sheena chante et crie au mégaphone. Au passage, OSCA est, je pense, le premier morceau écrit par Ukigumo pour Tokyo Jihen et la vidéo est la première dirigée par Yuichi Kodama, le futur mari de Sheena Ringo. OSCA enchaine directement sur FOUL, exactement comme sur le concert News Flash. L’énergie des deux morceaux fonctionne bien dans la continuité. FOUL se termine sur un “Thank you” furtif de Sheena à la foule. Season sayonara continue le set avec Neko Saito au violon. Ce qui m’impressionne toujours dans ces concerts, c’est que le groupe introduit beaucoup de variations dans leurs interprétations et que ces interprétations sont toujours impeccables au point où je les trouve même meilleures que sur les albums. Tokyo Jihen serait il meilleur Live qu’en studio?

Sur une interprétation instrumentale du morceau Carnation par l’orchestre, les membres du groupe sont présentés les uns après les autres sur les écrans géants montrant des photos des différentes périodes de chaque album. Pendant cette présentation, le groupe se change pour une tenue de type music hall qui surprend au premier abord par son côté un peu kitch. Ce n’est pas la partie que je préfère du concert surtout que le morceau Kaisei ni Sukū Otoko n’est pas non plus inoubliable. Par contre, ce qui suit est extrêmement interessant. Sheena remplace Ichiyō Izawa au piano et c’est Izawa qui passe sur le devant de la scène pour interpréter son morceau de Color Bars, Kai Horror Dust, en tenue noire et violette dans un style Visual kei avec chaussures à talons hauts. Puis la surprise continue quand l’écran se noircit et laisse maintenant apparaitre Toshiki Hata au milieu de la scène pour l’interprétation à son tour de son morceau pour Color Bars, Honto no Tokoro. Son interprétation de ce morceau des plus étranges est habitée. Il y met tout son coeur et sa puissance vocale. Sheena passe à la batterie et on voit qu’elle regarde Hata assez fixement, peut être avec un peu d’appréhension sur la manière dont il va interpréter le morceau. Le meilleur morceau de Color Bars, sa_i_ta, écrit par Ukigumo suit ensuite, interprété à deux voix. Les petits drapeaux sont de sortie à ce moment là et Sheena bat la mesure en rythme. Comme elle se met à chanter de coté pendant un moment sur ce morceau, je pense d’abord qu’il s’agit là des prémices de cette posture que l’on verra prédominante plus tard dans les concerts et interprétations télévisées de Sheena ou du groupe. Mais en fait non, elle est relativement mobile pendant ce concert. Je me demande à quoi est dû cette posture statique récente.

Dans les morceaux incontournables, il y a bien sûr Shuraba et Nōdōteki Sanpunkan, mais l’interprétation de ce dernier manque un peu de pêche par rapport à la version que je connais sur News Flash. J’aime bien par contre l’interprétation de Zettai Zetsumei où elle danse mécaniquement au début sur un rythme électronique. Les quatre danseuses de la troupe Idevian Crew réapparaissent sur certains morceaux, mais je trouve que leur présence n’est en général pas indispensable. L’orchestration de Neko Saito reprend derrière et le reste du groupe s’est effacé car ils préparent l’interlude suivant, une interprétation d’une chanson pour enfant écrite par Yoshimi Satō intitulée Ice Cream no Uta. Ils sont tous les quatre habillés entièrement en rouge. C’est rigolo de les voir chanter, surtout Kameda qui perd un peu le fil à un moment, mais on pouvait s’en passer tout comme la partie instrumentale montrant une scène du jeu vidéo Ice Climber sur Famicom, sous le titre Bon Voyage. Il s’agit seulement d’une courte interlude. je n’aime pas beaucoup le morceau qui suit, Oishii Kisetsu, reprise du morceau que Sheena a écrit pour Chiaki Kuriyama et qui sortira en single beaucoup plus tard en 2017. Mais l’interprétation ici le rend un peu plus intéressant. Avec ces quelques morceaux, on comprend pourquoi un logo de glace est utilisé sur le livret accompagnant le blu-ray.

Après Onnanoko ha Daredemo, le concert continue sur des morceaux que j’aime beaucoup plus comme Omatsuri Sawagi de l’album Kyōiku ou Tengoku he Yōkoso de Discovery, beaucoup plus posé en apparence mais mélangeant l’orchestre et le guitare électrique de Ukigumo. La voix de Sheena est impressionnante, comme sur la totalité du concert d’ailleurs. L’orchestration me fait penser à une musique de film d’espionnage et alors qu’elle s’allonge, une vidéo repasse en accéléré en arrière tout le concert, comme si on rembobinait la bande. Le groupe se change pendant ce temps là pour la dernière partie qui sera plus rock en commençant par le morceau Time Capsule écrit par Kameda. Tous les morceaux de Color Bars sont donc interprétés. Le concert reprend un tournant que je préfère. Sheena prend la guitare pour la première fois sur Denpa tsūshi, qui est très bon comme toujours. Cette partie du concert est beaucoup plus rock, un peu comme sur News Flash, et c’est à mon avis bienvenu. Le petit passage qui suit où le groupe parle devant le public est vraiment sympa et amusant. Ils parlent notamment, avec un ton un peu moqueur, du nom du concert “Bon voyage” qui ressemblerait à un mot du kansai. Hata lui ne parle pas beaucoup mais prend une photo de la foule derrière sa batterie. Les morceaux assez classiques s’enchainent ensuite Senkō shōjo où le groupe s’approche du public pendant le petit solo de guitare, puis Kachiikusa où Sheena reprend la guitare pour la deuxième fois, Killer Tune avec une intervention de cuivres et Sora ga natte iru, toujours immensément cool (je repense toujours à la vidéo du morceau en entendant ce morceau) et qui semble être le dernier morceau du concert comme pour News Flash (peut être parce qu’il y a les paroles 終わらせないで – Ne terminez pas). Sheena quitte d’abord la scène mais le groupe reviendra pour le final habillé en tenue marine qui va bien avec l’image du bateau de Bon Voyage. L’orchestre est également habillé en moussaillon.

On peut voir ensuite une version de Marunouchi Sadistic, qui n’est pas la version Expo ni celle de Muzai Moratorium, mais reste d’inspiration jazz. Dans l’ensemble, le groupe est plus décontracté. Sheena vient toucher les mains de la foule pendant ce morceau. Gunjō Biyori suit ensuite et c’est à ce moment là que je remarque que Ukigumo est habillé en kilt écossais. Pendant ce morceau, j’aime bien quand Sheena regarde Hata pour accorder sa guitare à la batterie. J’avais remarqué la même chose sur News Flash. Seishun no Mabataki est l’avant dernier morceau et je l’aime beaucoup car il m’avait fait revenir vers la musique de Sheena Ringo lorsque je l’avais entendu à Kōhaku sur NHK. Le concert se termine sur le classique Tōmei Ningen. Avant cela, Izawa adresse un court message à la foule nous disant que la musique continue en nous même si le groupe s’arrête, mais que si on est en manque, on peut toujours appeler directement Sheena Ringo au téléphone. Izawa parle pour le groupe, car Sheena ne trouve apparemment pas ses mots et remercie seulement à la fin. Le concert se termine ensuite sur quelques images prises en studio ou pendant les moments de pause. Le concert aura duré plus de 2h, beaucoup plus long que News Flash, beaucoup plus extravagant dans ses bons et mauvais côtés. On a beaucoup plus l’impression d’un spectacle, avec une petite dose de divertissement et des interventions avec le public (qui n’étaient bien entendu pas possible sur News Flash). Toujours est il que, comme je le disais ci-dessus, la qualité est tellement bonne que je l’ai déjà revu plusieurs fois. J’ai en fait assez hâte de voir d’autres concerts, mais je ne garantis pas écrire autant à chaque fois.

Pour référence ultérieure, ci-dessous est la playlist des morceaux de Bon Voyage:

1. Ikiru (生きる) du 4ème album Sports (スポーツ)
2. Atarashii bunmeikaika (新しい文明開化) du 5ème album Daihakken (大発見)
3. Konya ha karasawagi (今夜はから騒ぎ) du mini-album Colors
4. OSCA du 3ème album Variety (娯楽/バラエティ)
5. FOUL du 4ème album Sports (スポーツ)
6. Season Sayonara (シーズンサヨナラ) du 4ème album Sports (スポーツ)
7. Carnation (Inst.) (カーネーション) [inst.], version instrumentale du single Carnation qui sera inclus dans l’album Hi Izuru Tokoro (日出処)
8. Kaisei ni Sukū Otoko (海底に巣くう男) du 5ème album Daihakken (大発見)
9. Kai Horror Dust (怪ホラーダスト) du mini-album Colors
10. Honto no Tokoro (ほんとのところ) du mini-album Colors
11. sa_i_ta du mini-album Colors
12. Nōdōteki Sanpunkan (能動的三分間) du 4ème album Sports (スポーツ)
13. Shuraba (修羅場) du 2ème album Adult (大人/アダルト)
14. Zettai Zetsumei (絶体絶命) du 4ème album Sports (スポーツ)
15. Ice Cream no Uta (アイスクリームの歌) est une chanson pour enfants écrite par Yoshimi Satō
16. Bonus Stage (tiré de Ice Climber) (ボーナスステージ(アイスクライマーより) [inst.] ), morceau instrumental tiré du jeu Famicom Ice Climber sorti sur NES en 1985
17. Oishii Kisetsu (おいしい季節), reprise du morceau composé par Sheena Ringo pour Chiaki Kuriyama et qui sortira en single en 2017 et sera inclu sur Gyakuyunyū: Kōkūkyoku (逆輸入 〜航空局〜)
18. Onnanoko ha Daredemo (女の子は誰でも) du 5ème album Daihakken (大発見)
19. Omatsuri Sawagi (御祭騒ぎ) du 1er album Kyōiku (教育)
20. Tengoku he Yōkoso (天国へようこそ) du 5ème album Daihakken (大発見)
21. Time Capsule (タイムカプセル) du mini-album Colors
22. Denpa tsūshin (電波通信) du 4ème album Sports (スポーツ)
23. Senkō shōjo (閃光少女) du 4ème album Sports (スポーツ)
24. Kachiikusa (勝ち戦) du 4ème album Sports (スポーツ)
25. Killer Tune (キラーチューン) du 3ème album Variety (娯楽/バラエティ)
26. Sora ga natte iru (空が鳴っている) du 5ème album Daihqakken (大発見)
27. Marunouchi Sadistic (丸ノ内サディスティック), version modifiée du morceau de Muzai Moratorium
28. Gunjō Biyori (群青日和) du 1er album Kyōiku (教育)
29. Seishun no Mabataki (青春の瞬き), reprise du morceau composé par Sheena Ringo pour Chiaki Kuriyama et qui sera inclus dans Gyakuyunyū: Kōwankyoku (逆輸入 ~港湾局~)
30. Tōmei Ningen (透明人間) du 2ème album Adult (大人/アダルト)

一瞬にして放たれる強烈な光

Je montre beaucoup de photographies de sanctuaires en ce moment, car nous continuons notre petite tournée pour récupérer à différents endroits le sceau goshuin pour compléter notre collection. Nous ne procédons pas de manière très méthodique mais nous avons acheté un petit livre-magazine nous donnant des idées sur les endroits à visiter. Nous connaissons déjà le grand sanctuaire de Hie, que je montre sur les deux premières photographies. Il est positionné sur une colline entre Akasaka et Nagatachō. Ses couleurs vives sont frappantes. Il s’en dégage une certaine richesse. Nous sommes malheureusement arrivés un peu tard, car le comptoir où l’on peut demander le sceau du sanctuaire fermait plus tôt que d’habitude vers 3h de l’après midi. Nous avions d’abord l’intention de visiter le sanctuaire de Akasaka Hikawa, mais l’impossibilité de trouver une place de parking à un prix raisonnable (le prix des places de parking à la demi-heure dans Tokyo est très variable) nous a amené jusqu’au parking du sanctuaire de Hie. Se garer un peu loin nous a permis de marcher dans le quartier de Akasaka, devant les studios de télévision TBS et la tour Akasaka Sacas. A mon arrivée à Tokyo en 1999, j’ai vécu presque neuf mois dans ce quartier dans une résidence au mois qui a été détruite depuis, remplacée par une résidence plus récente. Le quartier a beaucoup changé, mais des souvenirs me reviennent en marchant dans ces rues. Le petit restaurant français en sous-sol appelé Astérix est toujours là mais il a changé de nom. Il ne s’agit peut être pas des mêmes propriétaires mais le petit drapeau français à l’entrée est toujours là, en mauvais état comme il y a vingt ans. Dans les rues qui nous amènent vers le sanctuaire de Akasaka Hikawa, les nouvelles résidences côtoient les anciennes baraques. On trouve parfois un restaurant traditionnel japonais planté au milieu de ce décor urbain en plein chamboulement. Il a l’air immuable comme une petite zone protégée. J’imagine que faire glisser les portes coulissantes nous entraîne dans un tout autre univers. On ressent également un sentiment d’intemporalité lorsqu’on approche du sanctuaire Hikawa. Le torii est caché par la verdure et la lumière couchante du soir nous éblouit. La photographie qui en résulte est intéressante. J’ai toujours l’impression de ne jamais pouvoir prendre une photographie claire et nette d’un sanctuaire, comme si les esprits des lieux venaient voiler l’image. Les deux dernières photographies sont prises dans un tout autre endroit. Il s’agit également d’un sanctuaire, à Kita Shinagawa. Il était malheureusement recouvert de bâches pour rénovation. En attendant qu’on nous imprime le goshuin, j’observe les poissons rouges qui m’observent à leur tour. A un certain moment, je ne sais plus vraiment qui observe qui. Un peu plus loin vers l’entrée du sanctuaire, une Alpha Roméo rouge m’intrigue. L’espace où elle pouvait se garer était assez vaste, mais elle a volontairement choisi de se garer dans la courbure de l’arbre. Je finis par me demander si la voiture n’était pas présente en ce lieu avant l’arbre. L’arbre a peut être poussé après en contournant soigneusement la carrosserie de la voiture. Ces quelques images prises dans les sanctuaires n’ont pas grand chose à voir avec la description du concert de Tokyo Jihen qui va suivre, sauf peut être l’aspect sacré de la chose.

Le concert de la tournée Live Tour 2O2O News Flash (ニュースフラッシュ) de Tokyo Jihen, diffusé en streaming du Samedi 5 Septembre jusqu’au lendemain soir, était vraiment excellent bien qu’un peu court. Il a duré presqu’une heure et demi pour une playlist annoncée à l’avance de vingt morceaux. Je l’ai regardé sur le site Live Streaming de Pia, avec un mirroring sur la télévision du salon depuis l’iMac. La qualité de la retransmission était bonne malgré deux ou trois petits décrochages d’images en court de route, qui n’étaient pas dérangeant car le son n’était pas impacté et qui étaient certainement dû à mon Wifi. Les vingt morceaux du set se sont enchaînés sans interruptions, ou alors avec de très courtes pauses. J’aurais aimé que Sheena Ringo ou les autres membres du groupe disent quelques mots, mais ils ont seulement interprété les morceaux. Seule une voix synthétique accueillait les spectateurs au début du concert. Le fait de parler à une salle vide, celle du NHK Hall où a été enregistré ce concert, n’a certainement rien de très motivant. Il me semble avoir lu que le groupe avait aussi été avare de commentaires lors des deux premiers concerts du 29 Février et 01 Mars 2020, alors que le coronavirus commençait à frapper le Japon. Les deux premières représentations étaient aussi relativement courtes, d’une même durée que le Live en streaming d’aujourd’hui. Ces deux concerts au Tokyo International Forum près de la gare de Yurakuchō avaient enclenché une petite polémique sur les réseaux sociaux, car la plupart des autres artistes et groupes annulaient leurs concerts à cette période par crainte d’une contamination. Les deux premiers concerts à Tokyo de la tournée nationale avaient quand même eu lieu avec des mesures de protection sanitaire, mais j’avais préféré annuler mon billet. En y repensant après coup, comme il n’y a eu aucun cas confirmé suite à ces deux concerts, je regrette de ne pas y avoir été. C’était de toute manière difficile de prendre une décision raisonnée à ce moment de la crise sanitaire. Les concerts suivants dans d’autres villes japonaises avaient cependant été annulées sans proposer de report ultérieur, mais avec remboursement des billets bien sûr. Ce concert sans public et en live streaming diffusé le Samedi 5 Septembre à partir de 6:30 du soir, est en quelque sorte une compensation pour ceux qui ont manqué la version ‘classique’ en salle. J’étais très heureux de pouvoir assister à cette séance de rattrapage à la maison. Il fallait s’acquitter de la somme de 2,222 Yens (le prix est bien entendu fixé en fonction de la symétrie des chiffres) pour pouvoir regarder le concert dès sa diffusion et pour pouvoir le revoir à son rythme jusqu’au Dimanche 6 Septembre jusqu’à minuit. C’est un peu dommage d’ailleurs qu’on ne puisse pas garder un lien d’accès vers la vidéo du concert après cette date.

Le concert commence par le disque dur qui redémarre doucement dans le noir avec le système d’exploitation Incidents 2020. Pendant que le système boot, les noms des membres de Tokyo Jihen s’affichent les uns après les autres jusqu’au démarrage brusque du premier morceau Atarashii bunmeikaika. On n’est pas tout à fait surpris par les costumes du groupe sur scène car ils sont repris de la vidéo du deuxième single du mini-album News, Eien no Fuzai Shōmei. Ce ne sont pas les costumes entièrement blancs des premières images qu’on a pu voir de la résurrection du groupe, mais ceux colorés qui nous rappelle des tenues de la noblesse occidentales du 12 ou 13 ème siècle avec des collerettes autour du cou. Sheena porte une longue robe rouge avec une fraise sur-dimensionnée et des plumes blanches de paon. Certains esprits moqueurs diront que la taille de cette fraise permet une bonne distanciation sociale. Chaque membre du groupe porte une tenue similaire mais de couleur différente comme s’il s’agissait d’un groupe d’idoles japonaises. En réfléchissant un peu, il s’agit plutôt des couleurs des anneaux olympiques car ce concert à été enregistré le 24 Juillet 2020, le jour supposé de la cérémonie d’ouverture des Jeux Olympiques de Tokyo. Le mégaphone fait son apparition dès ce premier morceau, et continue sur le suivant Gunjō Biyori où Sheena Ringo saisit également la guitare. Le rythme ne faiblit pas sur ces deux morceaux. C’est super agréable à voir, surtout quand Sheena fait son appel “guitare” et que Seiji Kameda, Ukigumo et Ichiyō Izawa partent sur un solo à trois (Izawa n’est pas au clavier sur les deux premiers morceaux). L’appel guitare sur Gunjō Biyori lance quant à lui un solo à quatre avec Sheena en plus donc, et quand ils s’alignent tous les quatre sur le devant de la scène, accompagné de Toshiki Hata se donnant déjà à fond à la batterie, ça tape vraiment très fort. Sheena pousse aussi beaucoup sa voix sur ces deux premiers morceaux jusqu’à la limite. Le rythme se calme ensuite avec le morceau suivant Botōmin. Le groupe change à ce moment-là de tenue et opte pour des longs manteaux grisâtres avec quelques logos Tokyo Jihen surimprimés. Ukigumo est très présent sur ce morceau, ainsi qu’Izawa qui est passé au clavier. Ce morceau me rappelle l’aisance vocale de Ukigumo. Izawa a un air détaché pendant toute la durée du concert mais les mains font tout le travail sur le clavier, et la vidéo du concert nous les montre souvent. Erabarezaru Kokumin est un des deux nouveaux morceaux du mini-album News. Son rythme plus lent continue sur la lancée du morceau précédent. Pas seulement sur ce morceau, mais l’exécution est dans l’ensemble irréprochable. L’ambiance devient plus sombre avec le rock de Fukushū, qui évolue dans des ambiances rougeâtres sur scène. C’est un beau morceau mais pas forcément, à mon avis, celui qui rend le mieux dans l’ensemble du concert. Le morceau se termine sur un geste de Sheena qui est étonnement brouillé d’une mosaïque. Je pense qu’elle imite le tir d’une arme à feu. On continue ensuite avec un morceau plus récent, Eien no Fuzai Shōmei, qui redonne un peu de dynamisme au concert après les trois morceaux précédents plus lents. Sheena Ringo est assez statique sur scène, ce n’est pas nouveau et on peut lui reprocher. Sauf sur Killer Tune dans la dernière partie du concert où elle fait quelques pas sur le devant de la scène d’une manière qui peut rappeler la vidéo du morceau. Elle porte des chaussures à très hauts talons. Je me souviens qu’il y avait eu des commentaires sur ces fameux talons pour les concerts de Février/Mars. Je comprends en les voyant sur la vidéo, qu’il doit être difficile de marcher d’un pas rapide.

Ensuite, une belle série de morceaux s’enchainent avec Zettai Zetsumei, que j’adore, Shuraba, Nōdōteki Sanpunkan et Denpa tsūshin. On est, pour moi, au coeur du concert à ce moment là, surtout quand Nōdōteki Sanpunkan s’enchaine de manière très serrée avec Denpa tsūshin où Sheena reprend la guitare. Les effets de lumière dans la salle semblent inarrêtables. Les caméras nous montrent d’ailleurs la salle vide à ce moment là. Le jeu est toujours parfait, comme si c’était du studio (c’en est assez proche finalement). Hata semble infatigable à la batterie, mais Kameda, lui, a l’air de souffrir un peu sur les derniers morceaux, notamment sur le solo final de Senko Shōjo, qu’il réussit pourtant très bien à la basse avec Ukigumo mais laisse esquisser un sourire de ses voisins. Il faut dire qu’il y a peu de pauses entres les morceaux. Sheena laisse tomber le manteau gris pour Nōdōteki Sanpunkan et sera en tenue blanche pour une bonne partie du reste du concert jusqu’à Konya ha karasawagi où elle se changera en robe noire avec chapeau noir sur-dimensionné (c’est apparemment la mode de la sur-dimension dans ce concert). Après le supersonique Denpa tsūshin, l’ambiance se calme de nouveau avec le morceau Superstar qui me donne tout de suite des frissons lorsqu’on entend les premières notes au clavier. J’avais un peu oublié ce morceau du deuxième album Adult, mais il est très beau. Les talons très hauts de Sheena ne l’empêchent pas de bouger tout de même. Elle fait notamment des petits mouvements de talons très discrets mais charmants sur Noriki, et fait des mouvements plutôt démonstratifs avec son petit drapeau jaune à une foule qui n’est pourtant pas présente, à la fin de Killer Tune. Comme les mouvements sont exagérés, on a l’impression qu’elle nous fait signe à travers l’écran. Elle se sert aussi de ce petit drapeau pour encourager tout le monde sur scène sur la fin de ce morceau. Sheena est souvent à la guitare dans ce concert notamment sur le morceau Superstar. OSCA est bien entendu au programme car il s’agit d’un des morceaux les plus emblématiques de Tokyo Jihen et on ressent sa folie dès les premières notes de basse et de batterie, accentuée à un moment par une spirale rouge tournante montrée sur scène. C’est peut être le morceau que je préfère du groupe. Dans l’ensemble, la sélection de morceaux du concert est excellente. OSCA manquerait certainement si il n’y était pas. Comme sur la vidéo du morceau, Sheena reprend le mégaphone. On voit souvent d’ailleurs des extraits des vidéos des morceaux sur les écrans en fond de scène, écrans reliés au disque dur qui s’est réveillé au début du concert, il y a déjà une bonne heure. Sur OSCA, Sheena pousse de nouveau sa voix et je n’ai pas l’impression qu’elle l’a perdue avec les années. On enchaîne ensuite sur le rythme hyper actif de FOUL accompagné d’effets de lumières fantastiques sur scène, avec le logo géant en forme de paon de Tokyo Jihen émettant des rayons laser verts dans la salle comme un Shin-Godzilla. Sheena Ringo reprend la guitare sur Kachiikusa et c’est la dernière ligne droite avec Tōmei Ningen et Sora ga natte iru. J’aime bien les quelques notes de complicité à certains moments comme des sourires sur Tōmei Ningen, comme pour apprécier le fait que le concert s’est déroulé sans pépins. Sora ga natte iru, qui est très dense émotionnellement, termine le set dans la pénombre et les guitares. Les nuages envahissent la scène jusqu’aux crédits de fin.

Vous aurez certainement compris que j’étais emballé par ce concert que j’ai regardé plus de 4 fois le week-end dernier, de l’ouverture le samedi à 19h00 jusqu’au dernières minutes le dimanche à minuit (en écrivant ces quelques lignes). Je ne suis pas vraiment en mesure de comparer avec les concerts récents de Sheena Ringo, car ceux que je possède en DVD sont plutôt anciens, d’avant Tokyo Jihen. Toujours est-il que, quand j’écoute ces morceaux et regarde ce concert, je me dis une nouvelle fois que c’est d’assez loin au dessus de tout ce que je connais en rock japonais (je ne connais pas tout non plus). J’espère qu’ils sortiront ce concert en Blue-Ray. Je n’ai pas vraiment l’habitude de regarder des concerts sur écran, mais celui-ci m’a réconcilié avec le genre, au point où c’était même un peu difficile de décrocher et de revenir à la réalité. Je n’exagère même pas en fait, il faut une petit période de réadaptation avant de décrocher de l’ambiance du concert, même si on n’était pas dans la salle. Le fait qu’il se soit déroulé sans public nous donne en fait l’impression qu’il s’agit d’un concert individuel qui nous est adressé.

Pour référence ultérieure, ci-dessous est la playlist des morceaux du set Live Tour 2O2O News Flash (ニュースフラッシュ):

1. Atarashii bunmeikaika (新しい文明開化) du 5ème album Daihakken (大発見)
2. Gunjō Biyori (群青日和) du 1er album Kyōiku (教育)
3. Botōmin (某都民) du 3ème album Variety (娯楽/バラエティ)
4. Erabarezaru Kokumin (選ばれざる国民) du mini-album News
5. Fukushū (復讐) du 3ème album Variety (娯楽/バラエティ)
6. Eien no Fuzai Shōmei (永遠の不在証明) du mini-album News
7. Zettai Zetsumei (絶体絶命) du 4ème album Sports (スポーツ)
8. Shuraba (修羅場) du 2ème album Adult (大人/アダルト)
9. Nōdōteki Sanpunkan (能動的三分間) du 4ème album Sports (スポーツ)
10. Denpa tsūshin (電波通信) du 4ème album Sports (スポーツ)
11. Superstar (スーパースター) du 2ème album Adult (大人/アダルト)
12. Noriki (乗り気) du 4ème album Sports (スポーツ)
13. Senkō shōjo (閃光少女) du 4ème album Sports (スポーツ)
14. Killer Tune (キラーチューン) du 3ème album Variety (娯楽/バラエティ)
15. Konya ha karasawagi (今夜はから騒ぎ) du mini-album Colors
16. OSCA du 3ème album Variety (娯楽/バラエティ)
17. FOUL du 4ème album Sports (スポーツ)
18. Kachiikusa (勝ち戦) du 4ème album Sports (スポーツ)
19. Tōmei Ningen (透明人間) du 2ème album Adult (大人/アダルト)
20. Sora ga natte iru (空が鳴っている) du 5ème album Daihakken (大発見)

Les quelques images ci-dessus proviennent du site What’s in Tokyo dont le lien était partagé par le compte Twitter de sheena Ringo / Tokyo Jihen, à part la dernière qui est une capture d’écran que j’ai pris moi-même (remarquons le « Merci » en français sous la pomme).

ces étranges nuages blancs qui nous entourent

J’aime bien venir à bout de mon stock de photographies à montrer sur made in tokyo car ça m’oblige à réfléchir à des nouvelles expérimentations visuelles. Dans le cas de ces nuages blancs entourant la ville, ce n’est pas une représentation nouvelle car j’utilise souvent cette association de nuages avec l’environnement urbain tokyoïte. Dans mes compositions photographiques, je procède souvent à des effacements de parties de la ville par différents types de surfaces et de matériaux, en superposant parfois des surfaces de béton ou, comme ci-dessus, des éléments plus légers. Cela donne l’impression qu’une partie de la ville se trouve dans le ciel au dessus des nuages, un peu à la manière du royaume des nuages (雲の王国) dans le film d’animation Doraemon du même nom. Il faudrait que je réfléchisse un jour au pourquoi de ce ‘besoin’ incessant de vouloir ‘brouiller’ le paysage urbain. Je ne pense pas cependant que cette potentielle réflexion conclut en une théorie définitive. Tout simplement, comme j’aime les dissonances en musique, j’aime aussi celles affectant le paysage urbain.

Dans les visites journalières de made in tokyo, lorsque je regarde de temps en temps les statistiques sur l’accès au blog, j’aperçois que ma page A Propos est très souvent visitée, ce qui m’intrigue toujours un peu et me pousse à la relire régulièrement en partie. Comme je garde une note sur chaque évolution du design général du blog sur cette page, je me rends compte que le design actuel n’a pas changé depuis plus de trois ans. La version actuelle, la neuvième, date du 20 Juin 2017. Ceci me pousse à regarder de nouveaux thèmes WordPress, sans grand succès pour l’instant malheureusement. Le principal souci est qu’un changement de thème graphique nécessite de nombreux ajustements du fichier de style CSS. Il faut souvent procéder à tâtons pour obtenir ce que l’on recherche. Le thème actuel me satisfait assez mais je trouve qu’il a pris un petit coup de vieux, ou il s’agit peut être seulement d’une impression que j’ai maintenant, alors que je teste des nouveaux thèmes un peu plus actuels. Comme je ne vais pas m’engager à payer une somme mensuelle pour un thème de blog personnel (beaucoup de ces thèmes sont limités en fonctionnalités à moins de souscrire à un abonnement mensuel), les choix sont assez limités. Renouveler le thème du blog renouvelle en quelque sorte ma motivation à publier, donc j’essaie de changer régulièrement. La plus longue période où j’ai conservé le même design était de 5 ans pour l’évolution version 4 du blog. J’ai eu beaucoup de mal à en changer et je voudrais éviter cette nouvelle situation.

Je viens de récupérer l’ancien iPhone de Mari car elle vient de changer le sien. L’ancien iPhone 6s que j’utilisais comme iPod (et dont j’aimais beaucoup la petite taille et le design carré) vient donc d’être remplacé par un iPhone 7 Plus, qui fonctionne très bien comme iPod (indépendamment de mon iPhone 11 sur lequel je ne mets pas de musique). Il a l’avantage de conserver la reconnaissance digitale plutôt que la reconnaissance faciale qui est tout simplement inutilisable en ce moment où on porte tous des masques sans arrêt. Ce qui est dommage, c’est que cette version ne possède plus de prise jack pour les écouteurs (je n’utilise pas le bluetooth), il me faut donc garder l’adaptateur. La mémoire passe cependant à 128MB, ce qui me permet de copier la totalité de ma discothèque digitale, ce que je ne pouvais plus faire sur l’ancien iPhone 6s qui se limitait à 64MB. Ça m’apporte un certain confort d’esprit d’avoir la totalité de ma musique avec moi en permanence, tout en sachant que j’en écoute évidement qu’une infime partie par jour. Ma discothèque digitale doit durer plus de 22 jours non-stop.

Le concert en Live streaming de Tokyo Jihen sur la tournée Live Tour 2020 News Flash a lieu ce soir. Après quelques hésitations, j’ai acheté mon billet digital hier. J’hésitais un peu car regarder un concert sur écran et sans public m’est étrange. Mais comme il s’agit de la même tournée que celle du concert au Tokyo international Forum auquel je n’avais pas assisté en Mars 2020, j’avais quand même très envie de rattraper le coup, d’une certaine manière. J’en parlerais très certainement dans un prochain billet, mais en attendant il faut que je retrouve mon t-shirt de Tokyo Jihen.

every drop is drained away

Les photographies de ce billet, au sanctuaire de Hikawa, à Daikanyama et vers Naka Meguro, datent toujours du mois de Juillet ou des mois précédents, comme pour les billets les plus récents. Avant de passer aux photographies prises au mois d’Août, j’essaie désespérément de publier au plus vite les billets que j’ai déjà créé en brouillon dans WordPress et qui ont déjà ces séries de photographies attachées. Je ne sais pas trop pourquoi je m’impose à moi-même cette pression pour publier de nouveaux billets. Ce n’est pas comme s’il y avait une foule de visiteurs les attendant avec impatience, d’autant plus au mois d’Août qui est en général plus calme que le reste de l’année en terme de nombre de visites et de visiteurs. Le ratio entre le temps passé à créer ces billets par rapport au nombre de visites aurait du me faire arrêter depuis longtemps. J’ai toujours eu la faiblesse de penser qu’il fallait que je continue pour que ce blog devienne quelque chose, mais je le pense de moins en moins. Si ce blog devait être “découvert”, ça aurait déjà été fait depuis longtemps. En même temps, si je me pose régulièrement ces questions, c’est certainement parce que j’en ai pas encore fini avec ce blog.

Tokyo Jihen a sorti le 12 Août 2020 un nouveau single accompagné de deux autres morceaux pour composer au total un maxi-single. Le morceau principal s’intitule Aka no Doumei (赤の同盟 – Alianza de Sangre) avec une vidéo sorti le 14 Août. Le morceau sert de thème musical au drama Watashitachi wa Douka Shiteiru (私たちはどうかしている) avec Ryusei Yokohama (que j’avais vu au théâtre pour Bio Hazard) et Minami Hamabe, qui se déroule dans le milieu de la confiserie japonaise d’où la pochette du maxi-single représentant le symbole de Tokyo Jihen en version wagashi. Je trouve que ce morceau est meilleur que tous les morceaux sortis sur le mini-album de réformation News. Le morceau commence assez classiquement, mais le piano d’Ichiyo Izawa et la guitare en zigzag de Ukigumo nous surprend agréablement par leur présence démonstrative. Le morceau a une structure très particulière, notamment avec une coupure inattendue qui redémarre doucement avec le piano. Le groupe maintient l’esprit de la musique que l’on connaît d’eux mais s’affranchit de plus en plus des normes de composition classique. J’espère qu’ils vont continuer sur cette piste. Tous les morceaux sont écrits par Sheena Ringo. Ichiyo Izawa compose la musique de Aka no Doumei ainsi que celle du deuxième morceau Meijitsu Tomo ni (名実共に – Sweetie Reasons). Ukigumo compose le troisième morceau Gyokuza no Wana (玉座の罠 – The Lost Throne) et il y chante également en duo. A la première écoute, ce troisième morceau est celui qu’on apprécie tout de suite, peut être parce que sa composition est plus classique et que les voix s’accordent bien. Par rapport à Aka no Doumei, le deuxième morceau Meijitsu Tomo ni est beaucoup plus lent et plus sombre, mais avec des accents soudains de batterie et de guitare qui viennent casser ce calme, et une musique assez mystérieuse qui intervient à plusieurs reprises jusqu’à un court solo de guitare qui fait partir le morceau sur une toute autre voie. News ne m’avait pas autant enthousiasmé que ce maxi-single, du coup, je vais certainement le réécouter pour en avoir le coeur net.Toujours est-il qu’avec ces nouveaux morceaux, Tokyo Jihen s’engage vers un chemin plus intéressant que celui démarré avec News.

stuck inside the circumstances

J’ai découvert cette étrange maison couverte de plaquettes de bois dans un recoin de Shirogane. Je suis presque certain de l’avoir déjà vu quelque part sur un site web ou un magazine d’architecture mais je ne retrouve pas qui en est l’architecte. Vue de l’extérieur, elle se compose de trois blocs simples posés les uns au dessus des autres mais cet escalier courbe ressemblant à un toboggan est assez intriguant et me laisse penser qu’une originalité doit aussi se cacher à l’intérieur. L’étrange forme arrondie verte en cuivre oxydé sur la troisième photographie est celle du petit bâtiment NANI NANI de Philippe Starck. C’est un de ces bâtiments que je ne peux m’empêcher de photographier lorsque je passe devant, un peu comme le petit bâtiment blanc de la dernière photographie. Je lui trouve des formes futuristes le faisant ressembler à un robot. J’aurais pu inscrire ce billet dans la série des Petits Moments d’architecture que j’avais commencé il y a très longtemps, mais l’architecture fait de toute façon partie intégrante de pratiquement tous mes billets. Pour titre, j’ai préféré emprunté un morceau de paroles du morceau 36 degrees de Placebo sur leur premier album éponyme de 1996. Les titres de mes billets sont souvent emprunter à des paroles.

En relisant certains de mes anciens billets comme j’aime parfois le faire, notamment le long billet que j’avais écrit sur l’album Sandokushi de Sheena Ringo, je me rends compte que je n’ai pas encore évoqué le dernier EP News (ニュース) de Tokyo Jihen, bien qu’il soit déjà sorti depuis plus d’un mois, le 8 Avril 2020. À vrai dire, j’ai un peu de mal à cacher ma déception. J’ai déjà parlé dans des billets précédents de deux des morceaux sortis avant l’album 選ばれざる国民 (Erabarezaru kokumin – The Lower Classes) et 永遠の不在証明 (Eien no fuzai shōmei – The Scarlet Alibi). Le premier était sorti le 1er Janvier 2020 et avait été une très agréable surprise. Il annonçait la reprise des activités de Tokyo Jihen sous les meilleurs auspices car la composition du morceau était très intéressante. Le deuxième morceau 永遠の不在証明 (Eien no fuzai shōmei) m’avait laissé un avis un peu mitigé lorsque je l’ai écouté pour la première fois. Mais après quelques écoutes et après avoir vu la vidéo dont j’extrais quelques images ci-dessus, c’est désormais le morceau que je préfère du EP. Je ne peux, par contre, pas m’empêcher de penser au fait que le morceau soit utilisé pour un des films d’animation de la série Conan et ça gâche un peu mon écoute. Je n’ai pas d’avis particulier sur cette série car je n’ai jamais regardé un seul épisode, mais j’ai tendance à éviter l’écoute de morceaux liés à un anime (je fais parfois des exceptions). Mais la vidéo du morceau que l’on peut voir sur Youtube est superbe. Le groupe y met en scène son retour depuis une planète lunaire jusqu’au centre de Tokyo, en passant j’imagine par la porte dérobée de l’oeil de Shinjuku, ou en se transmettant peut être à travers les antennes de la tour de Tokyo. Ce qui est intéressant sur cette vidéo, c’est qu’on y voit des scènes liées à la vidéo du morceau Niwatori to Hebi to Buta (鶏と蛇と豚) de Sandokushi. On y trouve des images qui se répètent sur les deux morceaux comme l’allée devant la tour de Tokyo, le ballon géant en forme de cochon flottant au dessus de Shinjuku, une forme d’oeil se trouvant sur la batterie de Toshiki Hata, une image du pont de Nihonbashi, ou encore des vues similaires sur le Rainbow Bridge depuis des toits d’immeubles. L’esthétique visuelle entre les deux morceaux est très similaire et j’aime beaucoup ces points de liaison, très intrigants, d’autant plus qu’ils font ici le lien entre la carrière solo de Sheena Ringo et celle renaissante de Tokyo Jihen. J’ai aussi malheureusement tendance à penser que la qualité visuelle de la vidéo dépasse la qualité intrinsèque du morceau. Comme sur le reste du EP, le groupe reste clairement dans sa zone de confort, ce qui n’est pas désagréable à priori mais qui donne l’étrange impression de revenir huit ans en arrière pour écouter des morceaux un peu moins intéressants ou novateurs. L’ensemble se tient tout de même bien. J’aime beaucoup le deuxième morceau うるうるうるう (Uru Uru Urū – Leap & Peal), un peu moins les deux suivants 現役プレイヤー (Geneki Player – Active Players) et 猫の手は借りて (Neko no te ha karite – The Cat From Outer Space). Mais malgré ces quelques critiques, la musique de Tokyo Jihen reste tout de même pour moi au dessus de la mêlée. Espérons tout de même qu’ils prennent un peu plus de risques à l’avenir en expérimentant un peu plus. J’ai peut être moi-même une pointe d’aigreur du fait de ne pas avoir pu aller au concert de fin Mars à cause des circonstances actuelles. Comme maigre consolation, je me contente du t-shirt édition 2020 du groupe que je viens de recevoir au début du mois.

Ah oui, j’allais presque oublier que Made in Tokyo vient tout juste d’avoir 17 ans. Comme je le mentionne à chaque fois tous les ans, je me surprends moi-même de sa longévité, qui ne tient pas à grand chose finalement si ce n’est à mon envie d’écrire, de photographier et de partager, et aux commentaires que je reçois des quelques visiteurs réguliers qui se reconnaîtront. Le nombre de visites se tient toujours à une moyenne de 50 par jour avec des hauts et des bas. Ces visites couvrent en grande partie les nouveaux billets publiés mais également, pour moitié environ, mes articles sur l’architecture tokyoïte, notamment celle de Ryue Nishizawa, Kazuyo Sejima ou Sou Fujimoto. Je pense avoir pris une vitesse de croisière depuis quelques années dans la publication de mes billets. Et un petit rappel sur l’enquête pour ceux qui veulent bien y répondre.