les chats discrets ne miaulent jamais

Les chats se sont faits discrets lors de mon passage à Gōtokuji (豪徳寺) tout simplement parce que je ne suis pas allé les voir. Ça peut paraître étrange d’aller jusqu’à Gōtokuji sans aller voir le fameux temple où s’amoncellent des centaines de petites statues de chats Maneki Neko. En fait, nous sommes déjà allés les voir il y a trois ans et j’avais pris un grand nombre de photographies de ces statuettes de chats blancs levant la patte droite. J’avais montré toutes ces photos dans un billet. Je me suis dis que si j’y retournais cette fois-ci, je ne pourrais pas m’empêcher de prendre ces statuettes une nouvelle fois en photo en me sentant ensuite obligé de les montrer dans un billet de ce blog. J’ai voulu éviter la tentation de me répéter. Je n’avais en fait que peu de temps devant moi, mais, en y réfléchissant maintenant, j’aurais quand même dû y aller pour le sceau goshuin que je n’ai pas encore dans ma petite collection. En regardant à quoi il ressemble sur internet, je me rends compte qu’il est particulièrement dense en écriture et que le carnet goshuinchō est particulièrement mignon. Ça me donne en tout cas une occasion d’y retourner bientôt. Et pour ce qui est des chats blancs, je me suis finalement contenté de prendre en photo un Maneki Neko posé derrière la vitre d’un café ou d’un restaurant à un coin de rue.

Je comptais d’abord marcher jusqu’à Gōtokuji mais j’ai dû me raviser en cours de route, vu le temps qui m’était disponible. Il m’a d’abord fallu traverser une partie de Shibuya, notamment le quartier des love hotels à Maruyamachō. J’y retrouve le petit bâtiment blanc Natural Ellipse de l’architecte Masaki Endoh qui a légèrement été modifié car maintenant recouvert d’un filet de cordes de couleur bleue. Cet accessoire décoratif est loin d’être indispensable et j’espère qu’il s’agit seulement d’une installation temporaire. Je comptais marcher en direction de Sangenjaya mais bifurque finalement vers la station Komaba-Tōdaimae, pour prendre le train jusqu’à Gōtokuji en faisant une halte dans le quartier de Shimo-Kitazawa. En marchant à Komaba-Tōdaimae, je trouve quelques maisons individuelles aux formes intéressantes mais je n’en connais pas les architectes. Ces maisons ont l’air relativement récentes, si on se réfère à la blancheur restée intacte des murs de leurs façades. Je regarde moins en ce moment les magazines d’architecture, car je passe tout simplement moins de temps dans les librairies. Le fait de beaucoup marcher me fait maintenant réaliser que je passe moins de temps à faire autre chose, ce qui est dommage mais le temps et mon énergie ne sont du tout façon pas extensibles.

Alors que j’évoquais le nouvel album d’4s4ki dans mon avant-dernier billet, je viens de me rendre compte qu’elle vient déjà de sortir un nouveau morceau intitulé Hyper 5th Dimension (超5次元), qui s’avère excellent. Le chant d’4s4ki est un peu différent des morceaux que je connaissais déjà et sa voix est plus présente. Je parlais aussi dans ce précédent billet du compositeur maeshima soshi qui travaille souvent avec 4s4ki et je vois qu’il co-écrit les musiques de ce morceau. Je trouve l’ambiance un peu plus pop et accessible que d’habitude, avec un rythme principal pour le refrain immédiatement accrocheur. Tricot vient de sortir un nouveau morceau intitulé Aquarium (アクアリウム) qui apparaîtra dans leur prochain album, Fudeki (不出来) prévu pour le 14 Décembre cette année. De ce nouvel album, on connaît déjà le morceau Endroll ni Maniau yō ni (エンドロールに間に合うように) qui a une approche très riche en guitares par rapport à ce nouveau morceau beaucoup plus pop rock. Bien qu’avec une ambiance de pop immédiate, ce morceau contient tout de même des changements de tons inattendus (à partir de la minute et demi par exemple) qui font tout le plaisir de la musique de Tricot. Ce nouvel album Fudeki (不出来) prend un nom à l’opposé de celui de l’album précédent sorti en Décembre 2021, Jōdeki (上出来) qui veut dire ‘excellent’. Ça attire bien entendu ma curiosité et m’a donné très envie d’aller les revoir en concert. Les voir en différé sur Instagram montrer des photos de leur tournée européenne a dû également contribuer à me donner envie d’aller les revoir. Tricot entamera une tournée nationale appelée Zang-Neng tour 2023 pour promouvoir cet album. La tournée se composera de six dates du 8 Janvier au 12 Février 2023 en démarrant par Fukuoka, puis Sendai, Nagoya, Kanazawa, Osaka pour terminer à Tokyo. J’irais donc les voir à la date de Tokyo, le Dimanche 12 Février 2023, dans la salle Liquidroom à Ebisu. Je découvre ensuite le morceau Blue (青) d’une compositrice et interprète dont je parle très souvent ici, a子. Il ne s’agit pourtant pas d’un nouveau morceau car il est sorti le 1er Novembre 2020, mais je l’avais bizarrement manqué. Ce morceau avait passé entre les mailles de mon filet. Je manque très certainement beaucoup de bonnes choses et j’apprécie toujours quand on me le fait savoir. J’ai en fait découvert ce morceau lors d’un InstaLive d’a子. Elle fait assez régulièrement des sessions live sur Instagram avec son groupe dans une pièce qui ressemble à une maison partagée. J’aime beaucoup ces petits concerts improvisés car ils se déroulent dans une ambiance bon enfant, sans trop de sérieux et en improvisant parfois. a子 prend en général en compte les demandes de morceaux faites dans les commentaires. Le problème de ce genre de sessions est qu’on ne sait jamais quand elles vont se dérouler et combien de temps elles vont durer. On tombe dessus par hasard et ce n’est pas toujours au meilleur moment, mais je les écoute par petits morceaux. Le morceau Blue que je ne découvre que maintenant après cette interprétation InstaLive est dans le style des morceaux précédents. a子 et son groupe arrivent à chaque fois à trouver une boucle électronique qui accroche et j’aime de toute façon beaucoup sa manière de chanter. Dans ma petite sélection musicale, je reviens vers Miyuna. J’écoute encore et toujours beaucoup son dernier album Guidance qui est un des meilleurs de l’année à mon avis, et ma curiosité me dirige maintenant vers son EP intitulé Reply sorti le 28 Octobre 2020 sur le label A.S.A.B, de la maison de disques Avex, sur lequel on trouve des artistes comme Mondo Grosso et Chiaki Satō (佐藤千亜妃). Le EP Reply n’est certes pas aussi abouti que son album Guidance, et plus inégal, mais on y trouve quelques très bons morceaux. Le dernier morceau ReinRei (レインレイ) est par exemple tout à fait dans l’esprit orienté rock d’un grand nombre de morceaux de l’album Guidance. Reply reste cependant très pop dans son ensemble. Le morceau Soleil (ソレイユ) est un des sommets de ce EP dans ce style pop très accrocheur. J’aime aussi beaucoup les deux premiers morceaux DeadRock et Ano Neko no Hanashi (あのねこの話) en duo avec un certain Kubotakai (クボタカイ) que je ne connaissais pas. Cet EP, certes un peu jeune et pas autant marqué que son album, laissait déjà présager ses qualités de chant et de composition. Et en poussant un peu les découvertes, j’écoute également ses premiers singles sortis en 2018: Tenjō Tenge (天上天下) et Gamushara (ガムシャラ), qui étaient déjà très prometteurs et même au dessus du lot du commun de la J-POP.

wolves crying at the giant moon

Samedi dernier, je voulais profiter de la grande lune installée par l’artiste anglais Luke Jerram près de la gare de Shimo-Kitazawa avant qu’elle ne disparaisse. Mais c’est après être arrivé à pieds à Shimo-Kitazawa en fin de matinée que je me suis rendu compte que la lune n’était montée qu’à partir de 15h. Je suis donc revenu en vélo dans l’après-midi en gardant un œil sur le ciel car le typhon numéro 15 approche très rapidement. La pluie finit par tomber progressivement puis plus intensément par moments ce qui rend difficile un retour à vélo. Je ferais donc le long retour à pieds en tenant le vélo d’une main et le parapluie de l’autre. La difficulté supplémentaire de mon vélo est qu’il a un pédalier de type vélo de piste, c’est-à-dire qu’il est en permanence solidaire de la tour arrière. Quand on tient le vélo d’une main pour le faire rouler à côté de soi, il faut donc s’en écarter suffisamment pour ne pas se prendre des coups de pédales car le pédalier tourne au rythme du mouvement. Mais je ne regrette pas, malgré la pluie, d’avoir fait le déplacement jusqu’à cette lune qui apportait un brin de fantastique dans les rues de Shimo-Kitazawa. L’installation a apparemment été enlevée le Dimanche 25 Septembre. J’en montrais quelques photos supplémentaires sur mon compte Instagram la semaine dernière. J’aime beaucoup marcher jusqu’à Shimo-Kitazawa et notamment traverser le quartier de Yoyogi-Uehara que je connais assez bien sans jamais y avoir habité. J’ai dû en parcourir la plupart des rues. On y trouve par endroits des petits moments d’architecture remarquable. Shimo-Kitazawa reste beaucoup plus désordonné dans sa composition urbaine mais est malheureusement en voie de gentrification. Les alentours de la gare sont notamment en construction depuis plusieurs années et il y a fort à parier que la standardisation urbaine touche petit à petit les rues du centre. Au passage, je suis assez surpris par la longévité d’une grande illustration murale montrant des têtes de loups criant vers le ciel, ou peut-être plutôt vers la lune imaginaire qui est proche. Je vois très régulièrement sur les murs les mots « Tokyo is yours » écris à la va-vite. On sait peu de choses sur le ou les taggers écrivant ces messages dans les rues de Tokyo. Le message sur la photographie ci-dessus est écrit à l’entrée d’un escalier menant vers un sous-sol sombre et il est accompagné d’une petite flèche qui semble nous inviter à y pénétrer. Je me demande quel univers mystérieux se cache à cet endroit.

Je ne suis jamais allé dans les petites salles de concert de Shimo-Kitazawa (autant que je m’en souvienne) et il y en a pourtant plusieurs que je vois souvent mentionnées lorsque je parcours les fils Twitter de certains artistes et groupes indépendants. Tricot s’y était notamment produit en petit comité un peu plus tôt cette année en Avril (j’en parlais dans un billet précédent), avec pour objectif principal de faire un enregistrement en direct visible par les spectateurs à l’étranger, en compensation du retard de leur tournée européenne. Les mois ont passé et Tricot est actuellement en Europe pour de nombreuses dates de concerts. J’aime beaucoup suivre leur périple sur Instagram car Ikkyu et Hiromi montrent beaucoup de photos et de petits films. Après l’Angleterre, Tricot est passé à Paris pour un seul concert au Point Éphèmère et les reportages que j’ai reçu d’un amateur sur place (qui se reconnaîtra) indiquent que le concert était très bon avec un très bon accueil parisien. Je n’ai pu m’empêcher de capturer quelques photos du compte d’Ikkyu et de Tricot pour garder une trace de ce passage français.

Et pendant que Tricot tourne en Europe, Ikkyu Nakajima (中嶋イッキュウ) sort sous le nom de projet SUSU (好芻) un mini-album intitulé Gakkari. il s’agit d’une collaboration avec le musicien Kanji Yamamoto (山本幹宗). Le mini-album a une ambiance musicale très éloignée de la dynamique millimétrée du math-rock de Tricot. L’univers de Gakkari. est innocent et insouciant, dans des ambiances rêveuses. L’approche est très rafraîchissante. Je trouve cette approche comme détachée de la réalité. On y trouve parfois des petits moments musicaux orientaux et cet aspect un peu oriental donne à ce mini-album un côté un peu kitsch sans vraiment l’être. C’est un équilibre bien dosé qui tient par la voix un peu voilée mais parfaitement maîtrisée d’Ikkyu. J’aime en particulier les deux singles, Blue Boat qui démarre le mini-album et Night Market qui le conclut. Cet univers ne s’est révélé pour moi qu’après plusieurs écoutes, mais j’y ai tout de suite trouvé de l’intérêt.

Et pour continuer sur Tricot et partager une discussion que j’ai eu par messages interposés avec Nicolas, on se demandait la signification du surnom Motifour de la guitariste de Tricot. Son vrai nom est Motoko Kida (木田素子) mais se fait appeler Motifour Kida (キダ モティフォ). Une petite recherche sur le Wikipedia japonais m’a donné des bonnes pistes. Elle a apparemment pris son surnom du guitariste d’un groupe japonais appelé mudy on the Sakuban (mudy on the 昨晩). Le guitariste en question se fait appeler Watifour Mori (森 ワティフォ) et ce mot Watifour veut dire « Espoir » en langue africaine Swahili. On peut traduire Espoir en Kibō en japonais (希望). Motifour Kida aurait donc gardé le « Mo » de son vrai prénom Motoko et repris le « tifour » du nom de ce guitariste. A noter qu’un autre guitariste, Satoshi Takeuchi, d’un groupe japonais nommé Onigawara, a également appliqué la même technique en prenant le nom de Satifour Takeuchi. J’imagine qu’un lien se crée ainsi entre une communauté de guitaristes. Je me suis ensuite demandé si les kanji que Motifour Kida écrit sur ses deux mains lors des concerts ne seraient pas tirés de ce mot espoir Kibō 希望. Mais en fait non, ce sont les kanji 甲, qui signifie « dos de la main » et qu’on peut aussi comprendre comme « armure » ou « casque de protection » et 攻 qui veut dire « attaque ». L’utilisation de ces deux kanji en particulier reste bien mystérieuse. Motifour Kida dit simplement qu’il s’agit d’un porte-bonheur. Je ne sais pas si c’est commun pour les musiciens d’écrire de cette manière des kanji ou mots porte-bonheur sur leurs mains avant des représentations, mais le fait d’inscrire un kanji sur la main me rappelle forcément Sheena Ringo à ses débuts en concert (extrait du concert Senkō Ecstasy de 1999 sur la photo de droite). Elle inscrivait par exemple le kanji 主 qu’on peut traduire, je pense, en « Principal » ou « Maitre ». Tout comme Ikkyu, on sait que Motifour Kida appréciait Sheena Ringo ou des groupes comme Number Girl à ses débuts, mais je me demande si ses inscriptions sur les mains sont une influence directe. Il reste encore quelques mystères à élucider.

海のように暖かくて寒い

Après avoir participé à une opération groupée de nettoyage des plages de la baie de Tokyo à Odaiba, je me décide à rentrer à pieds en traversant une nouvelle fois le Rainbow Bridge. Je garde un bon souvenir de ma première traversée par la voie Sud côté Océan Pacifique. Je me décide cette fois-ci pour la voie Nord donnant une vue sur l’intérieur de la baie et sur les tours de Tokyo au loin. Le ciel était plus couvert et l’air plus humide que la dernière fois mais les conditions restaient suffisamment agréables pour marcher pendant longtemps. J’aime cette perspective d’avoir à marcher longtemps et le sentiment d’isolation temporaire que provoque la longue traversée du pont, comme si on entrait dans un espace parallèle coupé du monde pendant plusieurs dizaines de minutes. Il y a peu de personnes qui traversent le pont à pieds et j’espère que ce billet ne va pas lancer une nouvelle mode. J’en doute fortement, ceci étant dit. Il est certain que ce pont me fascine, pour ces formes courbes, pour ces voies piétonnes qui se détachent des voies routières lorsqu’on approche d’Odaiba, pour la superposition des routes, autoroute et voie de train de la ligne Yurikamome. Les voies piétonnes ne longent malheureusement pas la grande boucle routière, impressionnante lorsqu’on y circule en voiture. J’appréciais particulièrement la parcourir à moto il y a plus de 15 ans et je faisais parfois même volontairement le déplacement.

En traversant le pont, j’ai également eu le plaisir d’apercevoir le bateau Hotaruna, dessiné par Leiji Matsumoto. Avec Himiko, Hotaruna est un des deux bateaux de la flotte reliant Asakusa à Odaiba sur la rivière Sumida. La sixième photographie montre la tour Yokoso Rainbow Tower à la forme triangulaire très particulière et même emblématique. Comme je le mentionnais sur mon compte Instagram, j’ai toujours interprété le nom du building Yokoso, qui veut dire bienvenue, comme un message d’accueil dans le centre de Tokyo. Lorsque je suis arrivé pour la première à Tokyo en 1999 depuis l’aéroport de Narita, qui était le seul desservant les vols internationaux à l’époque, ce building a été le premier souvenir architectural remarquable que j’ai eu. JapanPropertyCentral m’indique que Yokoso est en fait une contraction de Yokohama Soko, mais j’aime à penser que l’utilisation de Yokoso est volontaire vu l’emplacement du building à l’entrée du centre de Tokyo. Une contraction en Yokosoko m’aurait paru plus naturelle en japonais. Comme le fait également remarquer WakameTamago, on peut remarquer une certaine influence de la bulle économique dans ce building. Bien qu’il a été construit en 1995, après l’éclatement de la bulle, on ressent tout de même une certaine extravagance dans cette forme triangulaire très inhabituelle ne prenant pas en compte les considérations actuelles d’optimisation de l’espace utilisable. En ce sens, on y ressent des restes de la bulle.

Depuis quelques semaines, je reprends plaisir à marcher à l’extérieur sans porter de masque bien que la plupart des gens continuent à le porter malgré les messages d’assouplissement donnés par le gouvernement. Je le remets bien sûr à l’intérieur et lorsque la foule se fait plus dense près des stations. Un des grands plaisirs de pouvoi enlever le masque à l’extérieur est de retrouver les odeurs de la rue, celles de l’encens lorsqu’on approche des temples, celles des arbres et des plantes bordant certaines rues, celles des parfums lorsqu’on croise en un coup de vent d’autres passants, celles du bain chaud lorsqu’on passe le soir devant certaines maisons ayant laissées une fenêtre entrouverte, celles de la cigarette d’un passant qu’on renifle en passant comme si on fumait soi-même, celle du charbon de bois chauffé dans un barbecue coréen. Pendant presque deux ans, on s’était privé d’un de nos sens.

Ikkyu Nakajima (中嶋イッキュウ) a souvent des idées originales à proposer à son groupe Tricot. La dernière idée en date était de diffuser une émission en direct sur YouTube pendant 24h non-stop. L’émission s’est déroulée du samedi 28 Mai à partir de 21h jusqu’au lendemain dimanche 29 Mai même heure. Je n’ai bien sûr pas pu tout regarder, mais j’ai quand même passé quelques heures en tout à regarder le groupe jouer des morceaux demandées par l’assistance, en provenance du monde entier si on en croit les commentaires. Il y avait également des invités comme Kentarō Nakao (中尾 憲太郎), bassiste du groupe Number Girl et producteur. Ikkyu l’avait en fait déjà invité dans l’émission Wow Music sur J-Wave qu’elle animait temporairement. Pendant cette interview, j’apprends notamment que Montifour Kida (キダ モティフォ) appréciait Sheena Ringo à ses débuts et le fait que Sheena était fan de Number Girl (elle allait les voir en concert à Fukuoka) a amené Montifour à également s’intéresser au groupe. Pendant l’émission YouTube, les spectateurs pouvaient faire des dons en utilisant la fonctionnalité Super Chat (スパチャ) de YouTube pour que leurs messages soient lus en direct pendant l’émission. Les dons s’additionnant, un nouveau morceau était interprété à chaque fois que les sommes accumulées dépassaient 30,000 Yens. A 300,000 Yens au compteur, le groupe devait créer en direct un nouveau morceau. Ce montant a été atteint dans le journée de dimanche et le groupe s’est donc mis au travail pendant environ deux heures pour créer un nouveau morceau qui apparaîtra certainement en bonus sur un futur single ou EP. Une des surprises de l’émission était de voir soudainement arriver une personne en costume de l’agence HoriPro venant proposer un contrat à Tricot. Avex diffuse les albums de Tricot depuis le quatrième album Makkuro (真っ黒), mais il s’avère que le groupe n’avait pas d’agent jusqu’à maintenant. J’ai d’abord cru qu’il s’agissait d’un canular mais c’était vraiment un agent de HoriPro venant proposer en direct au groupe un contrat de 100 millions de Yens. HoriPro est surtout connu pour être une agence pour talents, acteurs et actrices mais moins pour des groupes de rock. J’espère que cette décision ne va pas influencer la direction artistique du groupe, mais si cela peut donner un peu plus de présence télévisée, ça serait une très bonne chose. La présence d’Ikkyu dans le super-groupe Genie High du producteur renommé Anon Kawatani a certainement été déclencheur de cette décision. J’imagine que cette décision avait déjà été prise avant l’émission et que le groupe a mis en scène la surprise de la visite de l’agent de HoriPro. Ils savent en tout cas très bien jouer la comédie. Avec une vingtaine de morceaux joués pendant l’émission YouTube et ce genre de coup de théâtre, je ne me suis pas ennuyé. Les quelques captures d’écran ci-dessus ont été prises pendant l’émission qui n’est malheureusement pas visible en différé.

une série comme les autres (2)

Après avoir visité le quartier de Tsukuda que j’évoquais dans un billet précédent, je continue à marcher en direction de Ginza. Je voulais d’abord revoir l’oeuf de Toyo Ito, nommé Egg of Winds, posé quelque part entre les immeubles de Tsukishima. J’étais déjà passé le voir il y a quinze ans et je voulais vérifier qu’il était toujours là. Marcher vers Ginza me fait d’abord passer par Tsukiji, mais je n’ai pas fait de détour vers l’ancien marché aux poissons. J’aurais pu appelé ce billet “de Toyo Ito à Toyo Ito”, car le bâtiment rosâtre pour la marque de bijoux Mikimoto est également une création architecturale de cet architecte. Sur la devanture du magasin, on reconnaît l’acteur et chanteur Suda Masaki (菅田将暉) même s’il se cache avec ses mains. On le voit souvent dans les dramas mais je connais moins sa musique à part le morceau Sayonara Elegy (さよならエレジー) qui est depuis un petit moment dans ma playlist lorsqu’on part loin en voiture. Je me pose parfois la question de savoir si je pourrais reconnaître des personnalités connues, des musiciens et artistes, au hasard des rues. Mari me dit régulièrement qu’elle a aperçu untel ou unetelle dans les rues de Tokyo, comme par exemple Takuya Kimura à Naka Meguro (il habite par là-bas). C’est plus rare pour moi, mais j’ai eu la surprise d’apercevoir Utaha (詩羽) de Wednesday Campanella marchant accompagnée dans les sous-sols pourtant très empruntés de la station de Shibuya. Même avec un masque, elle est facilement reconnaissable par sa coupe de cheveux. Je ne pouvais pas me tromper. J’étais sur le moment étonné qu’elle marche normalement à Shibuya sans essayer de trop se cacher, mais en même temps, elle n’est pas encore aussi connue que KOM_I.

Je l’ai déjà mentionné auparavant, la musique rock de Tricot est depuis plusieurs semaines ma baseline musicale, c’est à dire que j’écoute les albums et EPs de Tricot la plupart du temps, tout en alternant de temps en temps avec autre chose, comme le hip-hop mentionné dans le billet précédent. Je montre en photo ci-dessus ma collection de CDs du groupe. J’ai maintenant tous les albums et les principaux EPs mais il en reste quelques autres à trouver. Les CDs de Tricot sont moins faciles à trouver que ceux de Sheena Ringo ou de Tokyo Jihen, ce qui m’a amené à commander en ligne sur le site de Disk Union certains CDs pour aller ensuite les chercher au magasin de Shibuya. On peut se faire livrer chez soi, mais je préfère l’occasion qui m’est donnée d’aller faire un tour dans un magasin de disques. Tous les albums sont excellents et mélangent brillamment des morceaux très puissants en guitares et d’autres plus pop. Il y a toujours ce côté inattendu dans la voix d’Ikkyu et dans les guitares, qui fait que les morceaux sont à la fois accrocheurs et intéressants, je dirais même stimulants, à écouter. Les compositions musicales et vocales ont à chaque fois un petit quelque chose d’inhabituel, et c’est ce point particulier que j’aime tant dans la musique du groupe. C’est aussi intéressant de voir que Tricot ne baisse pas sa garde avec les années, car le dernier album Jōdeki (上出来) possède quelques morceaux où les guitares sont très présentes, comme par exemple le morceau Inai (いない). Ceci me fait dire que le groupe n’a pas d’intention nette de basculer dans de la pop plus mainstream. Il y a tout de même un certain nombre de morceaux aux accents volontairement pop, mais toujours avec une certaine dose d’imprévu. Le morceau Kayoko (カヨコ) sur Jōdeki en est un bon exemple. Ça doit être le morceau que je préfère du groupe, car on ressent une sorte d’immédiateté et de liberté qui me plaisent beaucoup. Musicalement, ce que fait Tricot est superbe et sophistiqué. On a le sentiment que c’est du rock sur lequel on doit se creuser les méninges, pour suivre les accords de la guitariste Kida qui partent dans différentes directions. C’est le côté math rock de Tricot. Mais en même temps, la voix et les paroles d’Ikkyu accompagnées des chœurs de Kida et Hiromi ont quelque chose de très spontané. L’esprit général ne diffère pas sur les trois albums que j’écoute plus récemment, à savoir 3 (le troisième album du groupe) puis 10 (le cinquième album sorti lors des dix années de carrière du groupe) et le dernier Jōdeki (avec en photo de couverture le chien d’Ikkyu répondant au nom de Wicket,). Parmi les six albums du groupe, j’aurais beaucoup de mal à dire lequel je préfère. Le son des premiers albums est certes plus brut et l’album A N D reste le plus agressif de tous. Les albums qui suivent dont les trois ci-dessus et Makkuro (真っ黒) que je mentionnais précédemment arrivent à mélanger brillamment des ambiances plus calmes, d’autres plus pop avec la complexité du son des guitares et des percussions. Tricot est devenu en peu de temps le groupe de rock japonais que je préfère juste derrière Tokyo Jihen. Le rapprochement est d’ailleurs intéressant, car la vidéo du morceau Itazura (悪戯) de l’album 10 de Tricot a été tournée au même endroit que la vidéo Hotoke Dake Toho (仏だけ徒歩, ou To Nirvana dans son titre anglais), dans un replica de pavillon de banlieue américaine se trouvant dans la ville de Futtsu à Chiba. Tokyo Jihen a en fait copié Tricot car le morceau Itazura est sorti avant Hotoke Dake Toho. Dans cette même vidéo, Ikkyu porte une petite couronne sur la tête qui me rappelle celle que portait Sheena Ringo à ses débuts sur la tournée Senkō Ecstasy (閃光エクスタシー), qui elle-même me rappelle Courtney Love en photo sur l’album Live Through This de Hole. Et quand on sait que Tokyo Jihen portait le modèle de lunettes de Kurt Cobain dans la vidéo de Hotoke Dake Toho, je ne peux m’empêcher de voir là une convergence d’influences. Ça me plaît forcément beaucoup de trouver des relations entre le rock alternatif américain que j’écoutais dans les années 90 et le rock japonais que j’écoute maintenant.

Lorsque je suis allé voir Tricot dans la salle de concert Toyosu Pit pour la finale de leur tournée Walking x Walking, le groupe annonçait que leur tournée européenne serait reportée et que, pour patienter, trois concerts seraient organisés dans des petites salles de Tokyo à des heures européennes pour une retransmission internet. J’ai regardé en direct le concert du dimanche 10 Avril qui passait à 4h du matin heure de Tokyo (ce qui doit faire 21h en France). Le principe était intéressant. Le public était très limité car le concert se passait dans une toute petite salle appelée Flowers Loft à Shimokitazawa. Chaque spectateur devenait streaming staff et avait pour mission de filmer le concert au smartphone en live sur Instagram. Les adresses Instagram des comptes de chaque spectateur étaient inscrites sur une page spécifique sur le site web de Tricot. On pouvait donc sélectionner le compte Instagram qu’on souhaitait suivre parmi ceux disponibles. On final, j’ai regardé ce concert depuis chez moi avec mon iPhone, mon iPad et mon iPod en simultané pour avoir différents points de vue. Les membres du groupe se filmaient également par moment, notamment Ikkyu sur le final. Cette manière de faire non-professionnelle était très intéressante et l’accès était donc gratuit. Cette mini-tournée de trois concerts s’appelle STOPxSTEP tour 2022 et chacun des concerts a un concept différent. Le premier épisode s’appelait Himitsu. Chaque membre du groupe était habillé en noir, comme à la période de l’album Makkuro et le public devait resté silencieux. Le concert que j’ai regardé en streaming s’intitulait Bakurestu (爆裂), ce qu’on peut traduire par Explosion. Le concert se concentrait donc sur les morceaux rock les plus riches en guitares, comme Tokyo Vampire Hotel sur l’album 3, Noradrenaline sur A N D, Inai sur Jōdeki, Itazura sur 10 ou encore Pool sur le premier album THE. Pendant un des moments où Ikkyu s’adressait au public, elle faisait d’ailleurs remarquer que ce concert aurait dû plutôt s’appeler Pool, car la vidéo de ce morceau montrait justement des personnes filmant le groupe au smartphone comme lors du concert. Comme le concert était principalement destiné au public étranger hors Japon, Ikkyu et Kida ont parlé un peu en anglais mais le niveau d’Ikkyu est plus que moyen (Montifour Kida avait l’air de mieux maîtriser). Le morceau Dogs and Ducks sur le dernier album Jōdeki est d’ailleurs une référence à son pénible apprentissage de l’anglais car elle avait apparemment du mal à faire la distinction entre les mots Dogs et Ducks. Le concert Bakurestu comportait en tout 18 morceaux (incluant 3 en rappel) pour un total de plus d’une heure sur scène. La playlist était très variée reprenant des morceaux de tous les albums. Le son retransmi à travers les smartphones était d’assez bonne qualité, ce qui m’a d’abord surpris, mais les spectateurs étaient vraiment au plus près de la scène. Sinon. Le concert était impeccable et il n’y avait rien à redire. Ikkyu fourmille d’idées originales, ce qui fait aussi que ce groupe est intéressant à suivre. Tricot et Ikkyu sont aussi très présents sur YouTube, pour des vidéos parfois humoristiques comme cette interview en partie fausse d’Ikkyu où elle nous énonce des phrases comme 自分は自分であって自分ではない (je suis moi-même sans être moi-même) en parlant d’elle-même. Je ne sais pas vraiment comment traduire correctement cette phrase à vrai dire, mais elle nous dit qu’elle se répète cette phrase deux cents fois tous les matins et soirs, et qu’après une période de folie, cette phrase finit par prendre sens. Bref, tout ceci est plein de non-sens mais sa manière convaincante d’évoquer cela est très amusant. D’autres vidéos nous font part de ces voyages au Japon, comme par exemple à Aomori sous la neige. L’accompagner dans des paysages enneigés a quelque chose de très plaisant et apaisant. Pour revenir au concert Bakuretsu, j’ai saisi plusieurs copies d’écrans ci-dessus. Les esprits éveillés auront tout de suite remarqué le t-shirt du batteur Yosuke Yoshida, tirée de l’album Washing Machine de Sonic Youth. Et ceci le ramène sur les liens entre le rock américain des années 90 et le rock japonais actuel. J’ai également évoqué que la partie expérimentale bruitiste du morceau Himitsu de l’album Makkuro me rappelait Sonic Youth. Ce genre de liens me satisfait forcément beaucoup.

Pour référence ultérieure, ci-dessous est la liste des morceaux interprétés par Tricot pendant ce concert STOPxSTEP tour 2002 Day 2 Bakuretsu:

1. Bakuretsu Panie San (爆裂パニエさん) du EP Bakuretsu Tricot San (爆裂トリコさん)
2. Tokyo Vampire Hotel de l’album 3
3. Super Summer (スーパーサマー) de l’album Jōdeki (上出来)
4. Noradrenaline de l’album A N D
5. 18, 19 de l’album 3
6. E de l’album A N D
7. Itsumo (いつも) de l’album Jōdeki (上出来)
8. End roll (エンドロールに間に合うように), nouveau single
9. Inai (いない) de l’album Jōdeki (上出来)
10. Tobe (飛べ) de l’album THE
11. Itazura (悪戯) de l’album 10
12. Afureru (あふれる) de l’album Makkuro (真っ黒)
13. Setsuyakuka (節約家) du EP KABUKU
14. Niwa (庭) de l’album A N D
15. 99.974℃ de l’album THE
16. Pool Side de l’album THE
17. Pool de l’album THE
18. Matsuri du EP School Children and the Cosmos (小学生と宇宙)

危なく無い街へ

J’ai en ce moment beaucoup de mal à me lancer dans l’écriture d’un nouveau billet. Les nouvelles récentes du monde font que tout le reste prend peu d’importance. Le fait d’être très occupé en ce moment professionnellement me donne également peu de temps le soir pour me mettre à écrire sur ce blog. L’allergie soudaine et inexpliquée qui m’a saisi depuis lundi n’arrange rien non plus. Mais ce blog a toujours été pour moi une porte d’évasion nécessaire et je me dis qu’elle est d’autant plus nécessaire en ce moment. Alors je me force un peu à écrire et le rythme revient. Tout est une histoire de rythme, il ne faut pas le perdre sinon on risque de tout arrêter. Les photographies ci-dessus datent déjà d’il y a plusieurs mois. Elles ont été prises de la gare de Shinagawa jusqu’à l’île artificielle de Tennōzu (天王洲アイル). J’avais en tête de passer voir plusieurs lieux pendant cette marche au trajet relativement bien défini à l’avance. Tout d’abord, passer sur les hauteurs de Gotenyama pour constater l’avancement d’une maison individuelle, celle que je montre sur les deux premières photographies. La dernière fois que je l’ai vu, le bâtiment en lui-même était déjà construit mais la fresque montrant des formes de vagues était en cours d’élaboration. En regardant de près, on remarque que cette surface est constituée d’une multitude de pierres taillées et on imagine très clairement qu’il fallait de longs mois pour la terminer. Cette façade maintenant terminée me rappelle les flots d’un océan au dessus desquels viennent voler des oiseaux. Ces oiseaux de couleurs bleues et vertes sont des objets posés à différents endroits de la parois. Cette surface est très belle, comme un tableau, mais je trouve que la porte d’entrée principale flanquée de deux tigres d’Okinawa ne s’accorde pas très bien avec l’ensemble. Dans le petit jardin derrière le muret de pierre, on remarque quelques statues posées dans les herbes folles. Cette maison se trouve à quelques mètres seulement de l’ancien musée d’art Hara, qui a malheureusement fermé ces portes. C’est bien dommage car en plus des expositions que l’on pouvait y voir, j’aimais beaucoup marcher à l’intérieur du vieux bâtiment et accéder au jardin intérieur. J’ai notamment des souvenirs d’y avoir vu une exposition de créatures bizarres de l’artiste australienne Patricia Piccinini en 2004. Je me souviens très bien avoir marché dans ce jardin intérieur en 2015 lorsque nous étions allés voir en famille l’exposition de photographies de Mika Minagawa intitulée Self-image. C’était un peu limite pour les enfants en y repensant maintenant et en revoyant les photographies de l’exposition publiées en photobook, mais le petit était encore petit. De Mika Ninagawa, je me souviens avoir beaucoup hésité à acheter son book éponyme sorti en 2010. Je l’ai souvent feuilleté en librairie à cette époque où j’achetais plus régulièrement que maintenant des livres de photographies, mais je ne l’ai malheureusement jamais acheté. En écrivant ces lignes, je le trouve par chance sur Mercari et je n’ai pas pu résister. On peut voir les photographies du book sur le site de la photographe, la mission étant de trouver celle avec Sheena Ringo, mais il y a également plusieurs photographies tirées de son film Sakuran. Des souvenirs du musée Hara, le plus marquant était un étrange concert mélangeant bruits d’insectes, des voix humaines et des expérimentations sonores, se déroulant pendant une soirée de l’été 2005. Nous étions assis dans l’herbe dans le noir à écouter cette musique très particulière.

En parlant de Sheena Ringo un peu plus haut, l’autre but de ma marche cette journée là était d’aller voir le bâtiment des anciens studios d’enregistrement Toshiba EMI appelés TERRA (東芝EMI 寺田スタジオ), qu’elle a utilisé. On les voit sur les cinquième et sixième photographies du billet. Ce bâtiment, comme de nombreux autres dans ce quartier, sont la propriété de la compagnie TERRADA (寺田倉庫). TERRADA était initialement spécialisée dans les entrepôts, mais a diversifié ses services ces dernières années. Certains des entrepôts sont maintenant utilisés comme galeries d’art. L’ultime objectif de ma marche était de visiter le TERRADA Art Complex contenant plusieurs galeries, dans l’ensemble intéressantes. L’installation mécanique formant les lettres du mot « Tokyo » était montrée dans une de ces galeries. Les galeries sont disposées à plusieurs étages du bâtiment, mais comme il s’agissait auparavant d’un entrepôt, les ascenseurs sont extrêmement vastes, lents et ne s’arrêtent qu’à un seul étage à la fois. Il faut donc une certaine motivation pour visiter chaque étage, mais chaque galerie valait quand même le détour. Pour revenir aux anciens studios TERRA de Toshiba EMI, on pouvait voir l’intérieur dans une séquence vidéo d’un des DVDs Seiteki Healing de Sheena Ringo. Un des morceaux de son album Heisei Fuzoku (平成風俗) est également sous-titré « TERRA ver. » en référence à ce studio.

Musicalement parlant, je continue bien entendu à découvrir la musique du groupe rock alternatif Tricot, dont je ne me lasse pas et qui accapare presque complètement ma playlist quotidienne en ce moment. Je continue à rechercher les CDs des albums et EPs chez les disquaires Disk Union de Tokyo. Le magasin Disk Union de Shimokitazawa est une bonne pioche car j’y trouve de nombreux CDs que je recherchais. Cette fois-ci, j’y trouve l’album Makkuro (真っ黒) qui, comme son nom l’indique, a une couverture entièrement noire. C’est le quatrième album du groupe sorti en 2020. Je trouve également KABUKU EP sorti quelques années auparavant en 2016. L’album Makkuro commence très fort côté guitares dès le premier morceau et se calme un peu vers la deuxième partie de l’album. Dès la première écoute, l’album s’envole avec le morceau Watch (みてて) car Ikkyu Nakajima y pousse très loin sa voix. Ce genre de morceaux m’attirent beaucoup. Des morceaux plus apaisés comme Abunakunakunai Machi he (危なくなく無い街へ) se révèlent par contre vraiment après plusieurs écoutes. Le morceau Himitsu (秘密) est un de mes préférés et me fait dire que Tricot est un des meilleurs groupes rock alternatifs japonais. On plonge au milieu de ce morceau dans un magma de guitares qui me rappelle ceux de Sonic Youth. Musicalement, c’est toujours impeccable et très inspiré, avec ces saccades de guitares et les rythmiques compliquées de Montifour Kida désormais typiques de l’ambiance sonore du groupe. Makkuro (真っ黒) part aussi vers des directions plus pop rock, et l’album est un peu plus varié que ceux que je connais jusqu’à maintenant notamment le plus agressif A N D. J’aime aussi les liens subtils qui se tissent entre les albums. Sur le sixième court morceau Teisokudōro (低速道路), les voix vers la fin du morceau reprennent quelques paroles du morceau Kobe Number de l’album A N D. Le deuxième morceau intitulé Right Brain Left Brain (右脳左脳) est un des singles immédiatement accrocheur de l’album. Sa vidéo a été tournée sur un vieux pont piéton au dessus des lignes de chemins de fer près d’Ebisu. Je connais très bien cet endroit et j’emprunte très souvent ce petit pont. Je l’ai pris en photo de nombreuses fois notamment dans ce billet de Juillet 2020 où il était envahi par la végétation (sur la cinquième photographie). Je suis plutôt content de voir les membres du groupe évoluer dans un décor qui m’est très familier. Ce genre de liens entre mon expérience urbaine et la musique que j’écoute est pour moi très important. Les morceaux Afureru (あふれる) et le morceau titre Makkuro (真っ黒) sont également des singles de l’album, tout comme le dernier morceau de l’album Potage qui est pourtant dans la partie bonus. Je me moquais un peu dans un précédent billet du titre de ce morceau, mais il s’avère qu’il est excellent. Difficile de trouver des points faibles dans cet album, qui est peut-être mon préféré, bien que j’adore ceux que j’ai déjà écouté. Je n’oublie pas non plus le EP KABUKU composé de 5 morceaux dont Setsuyakuka (節約家) qui sera également inclu dans l’album suivant 3 sorti l’année suivante. Il n’y a pas de différence majeure entre les EPs et les albums mais certains morceaux s’aventurent parfois vers des horizons un peu différentes, comme le premier morceau Nichijo_Seikatsu chanté à plusieurs voix simultanées. J’écoute tous ces EPs et albums de Tricot à la suite et j’ai même un peu de mal à définir les limites entre eux. Le prochain album à découvrir est leur troisième intitulé très naturellement 3, que j’ai déjà trouvé au Disk Union d’Ikebukuro. J’ai un peu peur d’aller trop vite dans mes découvertes, mais j’ai du mal à me retenir.

Avec cette découverte progressive des albums de Tricot, mon amour pour la musique du groupe s’intensifie de plus en plus. Il se trouvait justement que Tricot était en tournée nationale avec une dernière date à Tokyo pour le concert final, le dimanche 27 Février 2022. J’ai eu beaucoup de chance car il restait encore quelques places et j’ai pu m’en procurer une. J’ai quand même hésiter car la situation sanitaire actuelle n’encourage pas beaucoup à se regrouper en nombre dans des espaces fermés. Mais j’ai encore maintenant beaucoup de regrets de ne pas avoir été au concert de Tokyo Jihen en 2020 à cause de cette pandémie, et je n’avais pas vraiment envie de laisser passer cette occasion qui se présentait à un excellent timing. Tricot a commencé en 2021 cette tournée nationale de neuf dates appelée WALKING × WALKING TOUR 2021-2022. Elle se termine donc le 27 Février 2022 à Tokyo, dans la salle de Toyosu Pit (豊洲ピット). C’est la première fois que j’assiste à un concert dans cette salle située près de la station Shin-Toyosu de la ligne Yurikamome et au bord d’un large canal donnant sur la baie de Tokyo. Toyosu Pit peut apparemment accommoder 3,103 personnes debout ou 1,328 personnes assises. Lors de ce concert, il y avait des chaises disposées avec une place condamnée entre deux personnes, donc j’imagine qu’il devait y avoir à peu près 700 personnes dans la salle. Il fallait bien entendu porter le masque en permanence, ne pas crier et donc se contenter d’applaudir ou de lever les bras pour essayer d’attirer l’attention du groupe. J’étais plutôt placé vers le fond de la salle mais par chance juste après une marche qui donnait un peu de hauteur. La majorité du public semblait avoir une vingtaine ou trentaine d’années, mais il y avait également des personnes de mon âge. Les membres du groupe ont entre 32 et 33 ans (je ne suis pas sûr pour le batteur Yusuke Yoshida), soit une dizaine d’années de moins que moi. Le designer Masamichi Katayama était également présent en spectateur dans la salle car il montrait une photo sur son compte Instagram. Comme je le suis depuis longtemps sur Instagram et que je suis passé récemment devant les bureaux de Wonderwall pour prendre le bâtiment en photo, j’étais surpris de cette coïncidence. Je ne l’ai par contre pas vu ou reconnu dans la salle.

Je suis arrivé 30 minutes avant le début du concert, pour avoir assez de temps pour m’imprégner des lieux. Pareillement, quand je vais au cinéma, j’aime arriver en avance pour regarder les bandes-annonces. Arriver 30 minutes en avance m’a permis de boire tranquillement une bière dans le hall d’entrée en observant la foule, et de m’asseoir un peu après dans la salle encore à moitié vide en écoutant la bande sonore qui nous passait des morceaux de Wednesday Campanella (nouvelle version avec Utaha) et de Chai, entre autres. Les trois premières photos ci-dessus sont prises à l’iPhone, pendant cette période d’attente (les deux premières photos) et après la fin du concert en sortant vers 19h. Le concert était relativement long, durant deux heures en tout. Le groupe a joué 20 morceaux en tout, incluant 3 en rappel, et Ikkyu assurait le rôle de MC. Elle parle en fait beaucoup, peut-être parce qu’il s’agissait du concert final de la tournée. En fait, Ikkyu lançait à chaque fois la discussion et Kida intervenait régulièrement en réponse. Hiromi et Yoshida étaient par contre beaucoup plus discrets. Elles revenaient principalement sur la tournée qui s’achève en évoquant certains lieux et le fait que le groupe était satisfait d’avoir pu tourner malgré les contraintes sanitaires. La tournée précédente avait apparemment été annulée en raison de la pandémie. En fait, cette tournée WALKING × WALKING TOUR 2021-2022 était censée être mondiale avec plusieurs dates en Europe (plusieurs en Grande Bretagne, une date à Paris et d’autres ailleurs) immédiatement après celles au Japon, mais elles ont été repoussées à partir du mois de Septembre. Pour les parisiens intéressés, Tricot sera en concert le samedi 24 Septembre 2022 au Point Éphémère dans le 10ème arrondissement de Paris. Pour combler cette attente supplémentaire, Tricot annonça pendant ce concert que trois autres concerts seront joués dans des petites salles de Setagaya et retransmis en live aux heures européennes (donc très tôt au Japon, vers 4h du matin). Cette petite tournée principalement destinée à être online se déroulera les 2, 10 et 23 Avril 2022 et se nomme STOP x STEP tout for UK & EU in TOKYO.

Je n’ai pas assisté à un concert depuis un petit moment et entendre le son live des premières percussions de la batterie de Yusuke Yoshida a réveillé une petite flamme en moi. Le premier morceau démarre dès l’entrée du groupe sur scène. Je ne connais pas Tricot depuis longtemps mais j’ai regardé un grand nombre de music vidéos et autres émissions sur YouTube, ce qui me donne l’impression de déjà bien les connaître. Je reconnais bien l’emplacement des membres du groupe car Ikkyu Nakajima se place toujours sur la droite, à l’opposé de Motifour Kida à la toute gauche. Hiromi Hirohiro à la basse se trouve toujours entre Ikkyu et la batterie de Yusuke Yoshida. Je reconnais aussi tout de suite la guitare d’Ikkyu car la sangle est imprimée de motifs empruntés à la couverture de l’album Revolver des Beatles (on peut notamment la voir sur la vidéo de Potage). Sur les 20 morceaux qui seront joués, la moitié provenait du dernier album Jōdeki (上出来), que je n’ai pas encore écouté à part les trois singles déjà sortis, notamment Kayoko et Inai (いない) qui sont d’excellents morceaux que j’aime vraiment beaucoup. Le son live de Tricot est très présent et puissant, je dirais même englobant tant le son occupe tout l’espace. La batterie est percutante, la voix d’Ikkyu ne manque pas d’intensité et de nuances, comme sur les albums. Comme sur les albums, la technique impeccable des guitares et de la batterie se mélange parfaitement avec l’émotion palpable qui se dégage du chant des trois filles de Tricot.

Il y a beaucoup de morceaux que j’écoute pour la première fois mais ils m’accrochent tout de suite. Le grand classique Ochansensu-su (おちゃんせんすぅす) du premier album THE est également interprété avec beaucoup de malice de la part de Kida qui commande le reste du groupe avec ses arrêts et redémarrages de guitare. Quelques autres morceaux de l’album THE sont également interprétés, mais bizarrement aucun des deuxième et troisième albums A N D et 3. Entendre des morceaux que j’ai beaucoup écouté a forcément une saveur particulière et je jubile en écoutant les deux morceaux joués à la suite de l’album Makkuro, Right Brain Left Brain (右脳左脳) et surtout Himitsu (秘蜜), qui est comme je le disais ci-dessus le morceau que je préfère de cet album. L’entendre sur scène me donne des frissons. Les morceaux s’enchaînent sans temps morts à part les pauses que s’autorise le groupe pour parler au public. Le dernier single End roll (エンドロールに間に合うように) sorti peut avant ce concert est bien entendu interprété. Il s’agissait de la première interprétation sur scène du morceau pour le groupe et Ikkyu semble prendre un malin plaisir a taquiner Hiromi car elle a le tract lors des premières interprétations sur scène de morceau. Ça ne se ressentait par pour autant. Les membres du groupe ne se déplacent pas beaucoup sur scène mais sont loin d’être immobiles notamment Motifour Kida qui se laisse emporter par le son de sa guitare. Elle vient quand même à un moment embêter Ikkyu de l’autre côté de la scène. Ikkyu fait d’ailleurs de même à un autre moment. Il se dégage une énergie positive du groupe qui me plaît beaucoup et qui fait même beaucoup de bien. Les interprétations sur scène étant impeccables, je ne regrette pas de m’être plonger dans cette énergie rock étourdissante.

Comme je le disais plus haut, les trois photos prises à l’iPhone sont les miennes (Tricot a d’ailleurs laissé un ‘like’ sur mon tweet les remerciant). Les suivantes proviennent des comptes Twitter et Instagram de Tricot et d’Ikkyu Nakajima. Je me permets aussi de montrer les quatre petites photos suivantes provenant du site Realsound.jp qui fait une revue de ce concert. Pour référence ultérieure, je note aussi ci-dessous les titres des morceaux interprétés lors de ce concert.

WALKING × WALKING TOUR 2021-2022 – Toyosu Pit (豊洲ピット) – 27 Février 2022:

1. Talk (言い尽くすトークします間も無く), de l’album Jōdeki (上出来)
2. Super Summer (スーパーサマー), de l’album Jōdeki (上出来)
3. Summer Night Town (サマーナイトタウン), de l’album 10
4. Omotenashi (おもてなし), de l’album THE
5. Right Brain Left Brain (右脳左脳), de l’album Makkuro (真っ黒)
6. Himitsu (秘蜜), de l’album Makkuro (真っ黒)
7. Kayoko (カヨコ), de l’album Jōdeki (上出来)
8. Dogs and Ducks, de l’album Jōdeki (上出来)
9. Ochansensu-su (おちゃんせんすぅす), de l’album THE
10. WARP, de l’album 10
11. Walking (餌にもなれない), de l’album Jōdeki (上出来)
12. Inai (いない), de l’album Jōdeki (上出来)
13. Night Monster (夜の魔物), de l’album Jōdeki (上出来)
14. POOL, de l’album THE
15. Itsumo (いつも), de l’album Jōdeki (上出来)
16. Bakuro (暴露), de l’album Jōdeki (上出来)
17. Omae (おまえ), de l’album 10
18. End roll (エンドロールに間に合うように), nouveau single
19. Hitoyasumi (ひとやすみ), de l’album Jōdeki (上出来)
20. Oyasumi (おやすみ), de l’album THE