あったかいね、半袖でいいかも

En photographies sur ce billet: les formes courbes de béton et de verre du building GUN-AN (軍庵) par Tadasu Ohe situé à Hiroo, celles plus angulaires d’un petit bâtiment de béton pour une agence publicitaire par Tadao Ando, un groupe de cyclistes dont un inhabituellement rétro passant en bas du grand cimetière d’Aoyama en direction du croisement de Nishi Azabu, la tôle angulaire aux airs de vaisseaux spatiaux du musée 21_21 Design Sight, toujours par Tadao Ando, posé dans le parc du complexe Tokyo Mid-Town, le tube métallique comme un grand vers survolant une partie de Nogizaka et des étranges visages derrière une vitrine d’Omotesando. Ces visages sont animés de mouvements robotiques et se trouvent à l’intérieur du vendeur de lunettes Gentle Monster dont je parlais avant son ouverture dans un billet récent. Il y a certains points de liaison entre les photographies de ce billet, que ça soit le béton brut, les surfaces métalliques ou les cyclistes qui traversent furtivement ces photographies. Plusieurs de ces photos évoquent une impression de futurisme qui se matérialise par la photographie finale de ces trois visages inquiétants.


AJICO a sorti le 13 Mars 2024 un nouvel EP de 6 titres intitulé Love no Genkei (ラヴの元型). C’est avec un plaisir non dissimulé qu’on accueille un nouvel épisode de leur aventure musicale. Le premier single reprenant le titre du EP frappe par sa coolitude maîtrisée entre les riffs merveilleusement accrocheurs de Kenichi Asai (浅井健一) à la guitare, l’omniprésente basse de TOKIE, la régularité impeccable de la batterie de Kyōichi Shiino (椎野恭一), et le chant particulièrement inspiré d’UA. Le morceau ne part pas dans les excès car le groupe semble très sûr de ce qu’ils veulent délivrer dans une maturité assumée. Par rapport à l’EP précédent Setsuzoku (接続) sorti en 2021 que j’évoquais à l’époque, il y a sur ce nouvel EP un meilleur équilibre entre les voix de UA et de Kenichi Asai. Le morceau d’ouverture Love No Genkei (ラヴの元型) est principalement chanté par UA mais Benji intervient dans les chœurs tandis que le deuxième morceau Attakaine (あったかいね) est principalement chanté par Benji avec UA dans les chœurs. Le cinquième morceau Kitty (キティ) est également interprété par Benji et sa décontraction cool y est remarquable. Ce morceau est un de mes préférés du EP. UA est beaucoup plus passionnée dans son chant, notamment sur le superbe Kotora ga Shuyaku ni Naranai (言葉が主役にならない), et sa voix est comme toujours très marquée. C’est le contraste entre les approches très différentes au chant de Kenichi Asai et de UA qui est un des grands intérêts du groupe. Et musicalement, c’est bien entendu très bien maîtrisé. C’est un EP que j’écoute très régulièrement ces dernières semaines, depuis sa sortie.

Je suis allé voir l’exposition MOMOPOLY (モモポリー), qui se déroulait du 17 au 24 Mars 2024 dans l’espace Spiral Garden à Aoyama, spécifiquement pour voir les photographies de Kotori Kawashima (川島小鳥) qu’on y montrait. J’avais déjà parlé de ce photographe dans mon billet au sujet de l’album Ne- Minna Daisuki Dayo (ねえみんな大好きだよ) de Ging Nang Boyz (銀杏BOYZ), car la photographie de couverture est de ce photographe. Il s’agit d’une exposition couvrant plusieurs artistes et l’espace consacré aux photos de Kotori Kawashima était donc limité. On pouvait cependant voir quelques unes de ses très belles photographies dont certaines très connues de la série consacrée à la petite Mirai chan (未来ちゃん). Certaines des photographies montrées dans cette exposition ont été utilisées pour d’autres couvertures d’albums ou EPs de Ging Nang Boyz. Ses photographies se concentrent sur les portraits mais ceux-ci sont placées dans un environnement qui vient influencer les impressions que l’on a de ces visages. Il ne s’agit pas de simples portraits car ils nous racontent une histoire qu’on parvient à deviner comme si ces photographies étaient des éléments d’une vidéo.

建築と曲の微熱

J’avais d’abord vu le bâtiment que je montre sur les deuxième et troisième photographies de ce billet sur le compte Instagram de l’architecte Mark Dytham. Il s’agit d’un immeuble de bureaux et d’appartements appelé The Twist, conçu par l’architecte Ken Yokogawa. Mark Dytham indiquait qu’il se trouvait à proximité du parc Yoyogi et de l’avenue Yamate. Je pensais le trouver facilement au hasard des rues du quartier de Yoyogi Hachiman, mais je ne l’ai malheureusement pas trouvé lors de mon premier passage il y a plusieurs semaines de cela. Pour ma deuxième tentative, j’ai eu la présence d’esprit de rechercher sur internet l’emplacement exact de ce bâtiment à partir du nom de building. J’ai eu la surprise de m’apercevoir qu’il se trouvait dans la même rue qu’un autre bâtiment du même architecte, la maison aux allures futuristes Hironaka House sur laquelle j’ai d’ailleurs déjà écrit un billet. Le bâtiment The Twist est très élégant car les pilotis blancs lui donnent une certaine légèreté visuelle. L’orientation décalée de chacun des étages explique le nom du bâtiment. Je ne peux m’empêcher de reprendre ensuite en photo Hironaka House (sur la quatrième photographie du billet). Ça doit faire la troisième fois en peu de temps que je passe devant, parfois par pur hasard, car j’aime en ce moment me promener dans les quartiers de Yoyogi et je finis par retomber sur des rues et des lieux connus. La première photographie montre un petit bâtiment devant lequel je passe souvent mais que je prends que rarement en photo. Il s’agit du POSH Hyojito par Shigeru Uchida / Studio 80 à Minami Aoyama. Je ne prends en photo que rarement ce bâtiment car je suis persuadé que toutes nouvelles photos prises en digital ne vaudront pas la version que j’avais pris en argentique en Juin 2010. Les deux photographies, une digitale et une argentique, ont été prises le même mois mais à 12 années d’écarts. J’aime beaucoup la lumière et le ton chaud de la photographie argentique qui donne l’impression que le petit bâtiment en béton est une maquette de lui-même. Les autres photos sont prises à Shibuya autour des studios de la NHK jusqu’au quartier de Sangenjaya. Je me concentre toujours sur les affichages de rues. Parfois, j’aimerais créer mes propres stickers pour les coller sur des poteaux électriques au hasard des rues de Shibuya. Lorsqu’on fait attention à tous ces graphismes de rue, on trouve parfois de belles choses, comme ce tigre assis en kimono ou cette horde de chiens fous dessinés sur la vitrine d’un salon de coiffure.

Qu’il est bien ce nouvel EP ou mini-album de UA intitulé Are U Romantic? Il se compose de six morceaux ayant la particularité d’être tous des collaborations avec d’autres musiciens plus ou moins connus. Le premier morceau intitulé Binetsu (微熱) est composé et écrit par MahiTo The People (マヒトゥ・ザ・ピーポー) du groupe rock GEZAN (que je ne connaissais pas). Le morceau Ocha (お茶) est une collaboration avec Takashi Nagazumi (永積崇), utilisant comme nom d’artiste Hanaregumi (ハナレグミ), qui en compose la musique. Shigeru Kishida (岸田繁) du groupe QURULI (くるり) compose la musique du troisième morceau intitulé Aiwo (アイヲ). Le quatrième morceau intitulé Hachimitsu to Milk (蜂蜜とミルク) est composé par un certain JQ (Jeremy Quartus) du groupe japonais Nulbarich. La musique et les paroles du morceau suivant, Honesty, sont de Kaho Nakamura (中村佳穂). Le dernier morceau Okay est lui composé par Kj (Kenji Furuya) de Dragon Ash. La plupart de ces musiciens et chanteurs/euses interviennent également au chant dans les chœurs ou pour des parties rappées. Ces collaborations sont bien vus car elles donnent des ambiances légèrement différentes à chaque morceau tout en étant toutes reliés par le style vocal très particulier de UA. Depuis le EP d’Ajico, la musique de UA m’intéresse. On a pourtant déjà plusieurs de ses disques à la maison, notamment celui intitulé Cure Jazz avec Naruyoshi Kikuchi (菊地 成孔). Le deuxième morceau Ocha est certainement mon préféré mais l’ensemble est très bon, car on y trouve une ambiance dans laquelle on se sent bien. Et je trouve un certain plaisir à retrouver la voix du chanteur de Dragon Ash sur le dernier morceau, qui me ramène à mes premières années à Tokyo. Je repense à quelques morceaux de Dragon Ash comme Under Age’s Song sorti en 1998 sur l’album Buzz Songs ou Grateful Days (avec son gros sample du début du morceau Today des Smashing Pumpkins) sorti en 1999 sur l’album Viva La Revolution. UA a eu cette bonne idée de mélanger des collaborations avec des artistes confirmés comme Quruli et Dragon Ash et d’autres plus récents de la scène musicale japonaise, comme Kaho Nakamura.