青山ウォーク❻

Même après avoir marché des dizaines de fois dans ces quartiers résidentiels d’Aoyama, j’y trouve encore maintenant des éléments du paysage urbain qui n’avaient pas attiré mon regard jusqu’à maintenant. C’est le cas notamment de cette maison sur la première photographie dont les couleurs et l’arrangement spatial de l’entrée et de l’escalier sont très particuliers. Je ne connais pas non plus la maison de la troisième photographie mais elle est sobre et élégante. Il m’arrive souvent, ces derniers temps, de découvrir le nom de l’architecte de certaines maisons ou buildings bien après que je les ai aperçu au hasard des rues. Il m’arrive régulièrement de me faire un commentaire à moi-même sur des anciens billets pour rajouter le nom de l’architecte. Je découvre souvent des maisons que j’ai déjà vu en réalité lorsque je parcours les sites web d’architectes. Certains sites web d’architectes sont très complets et montrent en détails la liste de leurs créations architecturales avec de nombreuses photos et parfois même des indications sur le lieu où elles se trouvent. Il est rare d’y trouver l’adresse mais je reconnais parfois un lieu grâce aux photos d’ensemble qui y sont montrées. Parcourir ces sites d’architecture est un de mes petits plaisirs. Parmi les photographies de ce billet, il y a bien entendu des lieux que je montre souvent car leur beauté architecturale n’incite à chaque fois à les prendre en photo, mais sous des angles légèrement différents cette fois-ci. Les visiteurs réguliers de Made in Tokyo reconnaîtront certainement la maison Wood/Berg par Kengo Kuma sur la quatrième photographie et l’école de bijouterie Hiko Mizuno par l’architecte Mitsuru Kiryu sur la dernière photographie. Il arrive encore maintenant que je découvre une rue que je ne connaissais pas, dans des lieux un peu à l’écart du reste du quartier comme celui où se trouve l’escalier en colimaçon jaunâtre de la sixième photographie. Le vieux bâtiment n’a rien de remarquable mais l’allure de cet escalier m’a attiré jusque là.

Côté musique, je sélectionne des morceaux par-ci par-là. Ce sont soit des artistes que je connais déjà, soit des artistes que j’ai découvert sur YouTube ou des morceaux que j’ai entendu à la radio. Le nouveau morceau de Kirinji intitulé Hazeru Shinzō (爆ぜる心臓, cœur qui explose) est une collaboration avec la rappeuse Awich. Depuis le morceau Killer Tune Kills Me de Kirinji avec YonYon que j’ai énormément aimé et écouté, je me trouve une nouvelle fois impressionné par ce nouveau morceau, bien qu’il soit très différent. L’association du hip-hop et des envolées vocales et musicales est très particulière, mais ce mélange des genres fonctionne très bien. Il y a quelque chose de grandiose dans l’instrumentation et dans la force de la voix de Takaki Horigome (堀込 高樹). Awich, de son vrai nom Urasaki Akiko, originaire d’Okinawa, est une des figures reconnues de la scène hip-hop japonaise, mais je connais assez peu sa musique, à part sa collaboration avec NENE sur le morceau Make It sur le EP Yumetaro sorti l’année dernière. Sur ma petite playlist, le morceau suivant intitulé Japanese par Show-Go est plus reposant. J’avais déjà vu cet artiste dans une émission de Matsuko Shikanai Sekai, car Show-Go (Shogo Kai de son vrai nom) est plutôt connu pour ces créations beatbox. Les morceaux beatbox qu’il crée sont impressionnants mais je préfère la nonchalance de ces morceaux chantés comme celui-ci. Il y a une sorte de tranquillité, ajoutée à celle de Kyoto que je crois reconnaître dans les vidéos. Les petits cui-cui d’oiseaux au début du morceau ajoutent même un côté bucolique, comme si on marchait dans une forêt de bambous ou au bord de la rivière Oigawa à Arashiyama. Show-Go chante en anglais et le refrain répète ces paroles ‘Please don’t worry ‘cause I’m Japanese, speak so quietly and slowly…’ je me demande s’il y de l’ironie dans ces paroles, qui donneraient un cliché sur la manière dont peuvent être vus les japonais par des étrangers. Le morceau suivant que je découvre dans cette petite série de singles s’intitule Somewhere par a子 (prononcé ako). Je connais déjà a子 pour avoir découvert son premier EP Misty Existence (潜在的MISTY) il y a plusieurs mois. Ce nouveau morceau est vraiment excellent et je l’écoute beaucoup. Il s’agit d’un des morceaux les plus accrocheurs qu’elle ait créé, mais il garde une certaine mélancolie dans sa voix que j’aime beaucoup. Ça doit être le morceau que je préfère de a子 jusqu’à maintenant. Parfois, je suis reconnaissant envers ces artistes qui nous donnent de si belles choses à écouter. Je voulais rester dans le rouge pour les couvertures de singles, mais je passe involontairement et soudainement vers les couleurs bleutées pour le nouveau single d’Utae. Je suis avec attention les nouvelles sorties musicales d’Utae depuis plusieurs années maintenant, mais il faut bien dire qu’elle sort ses nouveaux morceaux au compte-goutte. Son nouveau single s’intitule STOP. On y trouve là encore une certaine mélancolie dans les ambiances sonores électroniques vaporeuses poussant à une forme de méditation. On a l’impression que le morceau n’a pas de matérialité comme un petit nuage sonore. C’est peut-être dû au fait que la structure du morceau évolue petit à petit sans avoir vraiment de refrain. Je me nourris beaucoup de ce genre de mélancolie musicale qui fait disparaître la mienne lorsque j’écoute ce type de morceaux. Elle m’est en fait nécessaire.

まだ始まらないふりにして

Avant d’écrire mon premier billet pour la nouvelle année qui démarre, j’ai pris l’habitude de jeter un œil sur les billets que j’ai écrit les années précédentes. Ils sont en général longs et détaillés en commençant par un passage en revue de l’émission de la NHK Kōhaku Uta Gassen. Je fais le même genre de long billet depuis Janvier 2017 et j’ai même tendance à répéter les mêmes choses. Ce début d’année est plus calme que d’habitude et la principale différence est que nous ne l’avons pas passé près de Kamakura suite au déménagement de la mère de Mari à Tokyo. Nous restons donc à Tokyo cette année et nous ne nous déplacerons pas beaucoup. Au début de l’année, je me pose toujours la question de ce que je devrais changer dans ma manière d’écrire ce blog. J’ai l’impression que les marches de manœuvre sont de toute façon assez limitées, donc je ne me formalise plus beaucoup sur ce genre de réflexion. J’aimerais quand même reprendre la création de morceaux électroniques, reprendre mes illustrations ou écrire de nouveaux épisodes de ma série sur l’histoire de Kei. Je suis d’ailleurs en train d’écrire le sixième épisode de cette histoire depuis un petit moment. L’écriture d’une fiction me prend beaucoup de temps, mais j’adore passer ce temps à imaginer petit à petit le déroulement de cette histoire. Parfois, j’aimerais transformer ce blog entier en une œuvre de fiction. Sans aller aussi loin, je vais quand même essayer de regrouper ces textes que j’ai commencé à écrire en 2017 sur une page du blog pour qu’ils puissent être lus dans la continuité.

Je vais aussi continuer ma revue des concerts de Sheena Ringo et Tokyo Jihen, le prochain sera Just Can’t Help It. Sur la vingtaine qu’il existe en tout, j’ai déjà écrit un billet sur plus de la moitié d’entre eux et il me reste huit concerts à couvrir sur ce blog. Parmi ces huit concerts, il y en a trois que je ne possède pas encore en DVD ou Blu-ray. Je ne sais pas s’il existe un autre groupe ou artiste qui a sorti autant de concerts en vidéo. J’éprouve en tout cas toujours le même plaisir à les regarder et les commenter ensuite. Je ne pense pas, par contre, m’étendre autant que j’ai pu le faire sur Electric Mole, dans mon dernier billet sur ce sujet. Tokyo Jihen a également été très actif ces derniers mois avec des nouveaux morceaux et des passages dans les émissions musicales télévisées de fin d’année, pour mon plus grand plaisir, que ça soit sur les émissions FNS ou Music Station que j’ai déjà brièvement mentionné ou lors de l’émission Kōhaku du 31 Décembre. Comme je le mentionnais dans un billet précédent, ils ont joué une version modifiée du morceau Uru Uru Urū (うるうるうるう) sous le nom de Uru Uru Urū ~ Nōdōteki Urū Shime Hen (うるうるうるう~能動的閏〆篇~ ). Le groupe était habillé en yukata avec logo de paon et jouait dans un studio séparé, entouré d’écrans similaires à ceux qu’on pouvait voir pendant les concerts de la tournée News Flash. On peut d’ailleurs acheter ces yukata sur la boutique de Ringohan, mais il faut à priori aimer se faire remarquer. Leur prestation était beaucoup plus posée que celle de Music Station où Sheena était habillée en boxeur, mais pas pour autant moins mémorable. La mise en scène était travaillée avec des danseuses Awaodori intervenant à la fin du morceau et une chorégraphie de MIKIKO. L’émission Kōhaku semblait plus courte que d’habitude, peut être parce qu’elle se passait sans public dans la salle du NHK Hall. La nouvelle année arrive enfin et on est bien content de faire notre adieu à l’année précédente bien qu’elle n’a pas été aussi mauvaise que cela sur de nombreux points, au moins pour ce blog. J’ai quand même pu prendre beaucoup (trop) de photos l’année dernière et on a démarré des activités que nous n’avions pas fait auparavant. J’aurais un certain nombre de photographies de la fin Décembre à montrer un peu plus tard, mais j’hésite un peu. Ou alors, il me faudra être plus sélectif dans les photographies que je montre. Celles de la série ci-dessus sont prises dans le quartier de Naka-Meguro et Ebisu dans les tous premiers jours de cette année (hier en fait). Les troisième et quatrième montre une maison aux formes très intéressantes. Il s’agit de SRK par ARTechnic Architects.

Le premier jour de cette année, je surveillais également ma boîte email, car je m’entendais à recevoir une annonce de Tokyo Jihen. L’année dernière, ils avaient annoncé leur réformation le 1er Janvier. Je me suis donc dit qu’il pourrait également y avoir une annonce le 1er Janvier 2021, peut être une nouvelle tournée ou un nouvel album. C’est certainement beaucoup trop tôt pour lancer sereinement une nouvelle tournée. Tokyo Jihen a plutôt annoncé un nouvel album en préparation sans donner de date précise, sous le nom de code 2O2O+X. Le court teaser pourra difficilement nous faire patienter et j’espère qu’une date sera bientôt annoncée. Toujours pour nous faire attendre, le groupe partage une photo, celle ci-dessus, toujours avec un brin d’extravagance dans leur accoutrement (apparemment totalement en Gucci).

Ces dernières semaines, j’ai un peu moins parlé des découvertes musicales que j’ai pu faire mais j’ai quand même écouté de très belles choses. Avec le début d’année, de nombreux blogs ou sites musicaux que je suis attentivement font leur top 10 ou 100 des meilleurs albums de l’année 2020. Je ne me lancerais pas à lister le mien car il donnerait une vue très partielle de l’année 2020, mais j’aime beaucoup lire ceux des autres en gardant un regard critique, voire très critique parfois, ce qui fait partie du plaisir de découvrir ces classements. Je me questionne souvent sur la justesse des goûts musicaux des personnes faisant ces classements, mais je me rends compte aussi qu’il est très difficile d’avoir une influence sur son public. Je me pose souvent la question du nombre de personnes qui ont découvert un nouveau groupe ou un/une artiste grâce à mon blog. Je pense qu’on a tendance à s’aventurer vers des noms que l’on connaît déjà mais qu’il est plus difficile, à travers la simple recommandation d’un blogger ou d’un tweet, de se plonger naturellement dans la découverte d’un nouvel artiste dont on n’a jamais entendu parler. C’est certainement une question de temps disponible. Quand un blogger nous donne une liste de 100 albums, on a guère le temps ou le courage de se mettre à les écouter un à un. En ce qui me concerne, la couverture d’un album peut être un déclencheur. Il est rare que j’apprécie un album si je déteste la couverture. Cela fait partie d’un tout et si la couverture du disque me déplaît, c’est souvent parce que l’univers de l’artiste ne correspond pas exactement à ce que je recherche. Il y a de nombreuses exceptions et beaucoup de couvertures d’albums qui sont beaucoup plus fades que leur contenu. Mais le mauvais goût graphique est souvent synonyme pour moi d’une insuffisance qualitative de la musique. Dans les listes de fin d’année, je suis en général très attentif à celle de Pitchfork, sauf cette année. En fait, j’ai inconsciemment pratiquement tourné le dos à la musique occidentale pendant toute l’année dernière. Dans les 20 premiers albums du classement 2020 de Pitchfork, je n’en ai écouté aucun et aucun de ces albums ne me fait vraiment envie. J’ai certainement tord mais je me suis un peu déconnecté de la musique occidentale en 2020, un peu de la même manière qu’en 1999/2000 à mon arrivée à Tokyo où je n’écoutais également que de la J-Pop (terminologie qui ne veut rien dire). Je suis persuadé que les goûts fonctionnent par cycles, d’où parfois la difficulté de conseiller un artiste ou un album à quelqu’un. La découverte doit se faire au bon moment, qui correspond à une situation personnelle adaptée. En 2020, j’ai tout de même eu le plaisir de découvrir les nouveaux albums de Grimes, Autechre ou encore Thurston Moore.

Quant aux quatre découvertes musicales ci-dessus, ce ne sont pas des artistes ou des groupes que je ne connaissais pas mais plutôt des nouveaux morceaux ou albums d’artistes que je suis déjà depuis un petit moment et dont j’ai déjà parlé sur made in tokyo. 4s4ki sort le 16 Décembre 2020 un nouvel album intitulé Hyper Angry Cat qui s’avère en fait être une compilation incluant son album précédent Your Dreamland (おまえのドリームランド) sorti en Avril 2020 et d’autres morceaux, nouveaux ou inclus dans des EPs précédents. Je réécoute assez régulièrement Your Dreamland, dont je parlais ici l’année dernière et qui est un des albums que je préfère de l’année 2020. De Hyper Angry Cat, je n’écoute pour l’instant que trois morceaux dont le morceau titre de l’album Hyper Angry Cat (超怒猫仔) en collaboration au chant avec Mega Shinnosuke et Nakamura Minami. On retrouve le style hip-hop et les sons électroniques que l’on connaît sur Your Dreamland mais en beaucoup plus agressif et détonnant. Il y une multitude de sons 8bits, de glitches, de voix qui partent dans tous les sens et c’est particulièrement inspiré. Les associations de voix fonctionnent très bien, et c’est un plaisir d’écouter ce morceau en boucle. Je ne sais pas pourquoi mais j’ai le sentiment que 4s4ki est en avance sur son temps musicalement, pas spécialement pour la nouveauté des sons, mais pour sa mise en forme qui donne un ensemble extrêmement cohérent alors qu’il se base sur une cacophonie apparente de sons. Je pense que sa voix plus douce vient lier tous ces éléments d’une manière cohérente. J’écoute ensuite le troisième morceau Cat Jesus Cat (猫Jesus猫) qui a des apparences plus calmes, jusqu’à ce que les machines électroniques se réveillent. J’écoute aussi depuis plusieurs semaines le morceau 35.5, au rythme très soutenu, proche de l’EDM. C’est un morceau particulièrement prenant, et dès qu’on met une oreille dedans, il est difficile de s’en échapper. Le reste des morceaux de cette petite playlist peut paraître un peu fade par rapport à la musique de 4s4ki qui provoque une certaine addiction, mais continuons quand même car il faut bien varier les styles. Revenons vers le rock avec le morceau I want to touch you and be sure (触れたい 確かめたい) de Asian Kung-Fu Generation en duo avec Moeka Shiozuka (塩塚モエカ) de Hitsuji Bungaku. Je ne suis pas sûr d’avoir déjà parlé ici de Ajikan (diminutif indispensable pour les groupes de rock alternatif japonais qui ont l’idée saugrenue d’avoir des noms à rallonge) mais j’aime beaucoup leur album de 2004, Sol-fa (ソルファ). Ce morceau en duo de voix ne révolutionne pas le genre mais reste très accrocheur. Cela me rappelle que Hitsuji Bungaku a également sorti un nouvel album récemment et il faut que j’y jette une oreille. Ensuite, je reviens encore sur l’album de AiNA The End qui sortira le 3 Février 2021 et qui s’annonce comme un très bel album, du moins à l’écoute des deux premiers morceaux disponibles. Osmanthus (金木犀), qui vient juste de sortir, n’est pas aussi prenant et viscéral que le précédent Niji (虹) mais reste un très beau morceau surtout lorsque AiNA laisse filer sa voix légèrement voilée. Pour terminer cette petite série, on change encore de registre en passant à l’electro de Utae sur un nouveau morceau intitulé Just a Dream? (夢だとおもうの?). Elle crée ses nouveaux morceaux au compte-gouttes et j’en parle presqu’à chaque fois ici, car j’y trouve une certaine sérénité et un apaisement qui fait du bien. La voix de Utae joue dans ce sens, ainsi que les nappes électroniques qui évoluent doucement en changeant légèrement de rythme en cours de route. Je me rends compte en écrivant ces lignes que je couvre des styles très opposés dans cette playlist… Et au fait, une très bonne et heureuse année 2021 aux fidèles lecteurs de made in tokyo ainsi qu’aux plus occasionnels. Espérons que je maintienne le même rythme pour cette nouvelle année.

la fleur bleue au bord du ravin

La fleur bleue en forme de bouton dessinée par Shun Sudo n’existait pas encore lorsque je suis passé pour la première fois devant ce building si particulier près de Kita Sando. Elle a été ajoutée bien après et je l’ai maintes fois vu sur Instagram avant de me décider à aller la voir à mon tour. Je saisis l’occasion de ma visite rapide à la librairie de la galerie GA pour passer la voir rapidement. Je me perds un peu en recherchant le building car je ne note en général pas l’adresse des bâtiments intéressants que j’ai vu dans le passé. Je garde en tête leur emplacement approximatif, ce qui me permet d’y retourner. Il y a quand même des exceptions où j’ai noté le lieu précis quelque part, quand l’architecture se trouve dans des endroits que je n’ai pas l’habitude de parcourir. Un des grands intérêts de la découverte architecturale est la marche parfois hasardeuse qui nous y mène. Le building Realgate se trouve à un carrefour et est assez imposant. Il n’est donc pas très difficile à trouver. Il est découpé à un coin d’un coup de sabre et le ravin créé par cette découpe donne accès à l’intérieur du building. La fleur bleue se trouve sur une des façades blanchâtres près du bord du ravin. Je trouve sa présence très poétique et on aimerait voir plus d’illustrations de ce genre, surtout quand elles sont bien exécutées et qu’elles ne sont pas saccagées par d’autres graffiti médiocres. J’aimerais également voir ce genre d’illustrations pleines de couleur sur la rudesse du béton brut.

Je continue à écouter quelques morceaux de hip-hop, notamment un morceau intitulé SpaceShip2094, sorti récemment début Juillet, par l’artiste hip-hop ONJUICY et Utae, compositrice et interprète électronique dont j’ai déjà parlé plusieurs fois ici pour quelques unes de ses compositions que j’apprécie toujours beaucoup. Le morceau est produit par Carpainter, un des fondateurs du label Trekkie Trax. Avant d’écouter ce morceau, j’avais d’abord découvert au hasard de YouTube une autre coopération entre Carpainter et ONJUICY sur un morceau intitulé PAM!!! sur lequel j’aimais beaucoup le phrasé rapide et continu de ONJUICY, surtout dans la première partie du morceau. Sur SpaceShip2094, j’apprécie le contraste de la voix rappée de ONJUICY avec le chant d’Utae beaucoup plus posé. C’est une très jolie association. Le chiffre 2094 correspond à 100 années passées depuis la naissance du producteur et du rappeur, apparemment nés la même année en 1994, avec la réflexion de se demander si ce morceau sera toujours écouté en 2094.

Pendant la période de l’état d’urgence au mois d’Avril et Mai, on a vu pointer sur YouTube une série de ré-interprétations du morceau Tokyo Drift de Teriyaki Boyz, le ‘super-groupe’ hip-hop composé de Ilmari et Ryo-Z de Rip Slyme, Verbal de M-Flo, Wise et Nigo, le fondateur de la marque de streetwear de luxe A Bathing Ape. Ce morceau, à plus de 250 millions de vues sur YouTube, apparaissait dans le film Fast & Furious: Tokyo Drift, que j’ai regardé récemment sur Netflix par curiosité. On ne peut pas dire que le film soit inoubliable mais il est relativement sympathique à regarder d’un œil distrait. En fait, j’aime bien la dynamique de la musique de ce morceau que l’on retrouve dans les multiples ré-interprétations récentes sur YouTube, sous le nom de Tokyo Drift Freestyle. Le principe est d’interpréter le morceau avec des paroles modifiées, reflétant souvent la situation particulière du ‘Stay Home’ en place pendant l’état d’urgence. J’ai écouté plusieurs versions du morceau, mais c’est la version Tokyo Drift Freestyle de Valknee (dont je parlais dans des billets précédents) que je préfère. Il y a quelque chose de très naturel et d’évident dans sa manière de rapper, qui pourrait faire croire que cette musique a été créée pour son interprétation verbale. Suite à mon dernier billet mentionnant certains morceaux de Valknee que j’aime beaucoup, une personne au nom de Tsukasa Tanimoto m’avait laissé un commentaire sur Twitter (de l’intérêt de publier sur Twitter un lien vers mes billets) indiquant un podcast qu’il coordonne avec Valknee et une autre personne s’appelant Riiko. J’avais écouté par curiosité un numéro de ce podcast intitulé Radioyasan gokko (バルニー・リー子・つかさのラジオ屋さんごっこ) qui parlait du morceau Zoom car il me l’avait conseillé. Je me trouve maintenant à écouter régulièrement les nouveaux épisodes de l’émission, qui parlent de sujets divers et variés avec parfois des invités exposant un problème particulier. J’aime surtout quand ils parlent de musique, souvent hip-hop, car ça me donne une perspective différente de la mienne (dans le sens où ils sont d’une génération un peu plus jeune que moi). Dans un des derniers épisodes, le groupe évoquait Kom_I dont les qualités artistiques avant-gardistes sont une évidence pour le plus grand nombre au point où on serait bien en mal de les contester. La contestation qui était tout de même donnée dans l’émission se rapporte au fait qu’elle n’écrit pas les paroles des morceaux de Suiyoubi no Campanella, ni ne compose les musiques, et de ce fait sa contribution à l’avant-garde de cette musique s’en trouverait amenuisé. Ceci étant dit, la manière dont elle chante les textes surréalistes des morceaux avec beaucoup d’assurance et le charisme certain de sa présence sur scène (du moins ce que j’ai vu du concert du Budokan sur YouTube) contribuent fortement à la nouveauté et à la particularité de ce groupe sur la scène musicale japonaise. Dans le groupe Suiyoubi no Campanella, j’ai plutôt confiance en la capacité de Kom_I de faire évoluer la direction du groupe, par rapport au compositeur Kenmochi Hidefumi qui, je trouve à tendance à répéter ses formules musicales, par exemple, quand il collabore avec d’autres artistes comme Xiangyu. Il est bien possible que le groupe ne parvienne pas à atteindre les sommets d’inspiration de leurs premiers albums, mais j’ai envie de croire que le prochain album sera meilleur que Galapagos (que j’ai d’ailleurs soudainement très envie de réécouter). Pour revenir à Valknee, j’aime aussi beaucoup son intervention avec le compositeur ANTIC (déjà présent sur des morceaux de Valknee) pour le morceau intitulé Hometenobiru du groupe d’idoles hip-hop Lyrical School sur leur dernier EP OK!!!!! On retrouve dès les premières notes la même agressivité si engageante des sons électroniques, et je ressens une certaine ironie dans les textes du morceau. Pour boucler la boucle de ce paragraphe, Lyrical school avait également participé au Tokyo Drift Freestyle avec leur propre version en remote bien entendu.

le parc fleuri de Ashikaga

La longue Golden Week de 10 jours paraît déjà bien loin, mais j’ai plusieurs séries de photographies restantes à montrer, ce qui me donne l’occasion d’y revenir en images. Pendant une journée ensoleillée du milieu de la Golden Week, nous sommes allés faire un tour du côté de Ashikaga dans la préfecture de Tochigi, pour aller visiter un parc assez connu, le Ashikaga Flower Park. Nous n’étions bien entendu pas les seuls à avoir cette idée, d’autant plus que ce parc est reconnu pour ses fleurs de wisteria et que les premiers jours du mois de mai correspondent à la pleine floraison. Un peu comme pour les cerisiers, ça a beaucoup moins de sens de visiter ce parc en dehors de la pleine floraison, donc toute la foule s’y dirige en même temps. Nous le savions et nous nous étions préparés mentalement à la foule. Ceci étant dit, l’arrivée n’était trop pénible. Avec un parking à voitures de 6000 places et un personnel assez nombreux pour faire la circulation, nous n’avons pas trop perdu de temps. La foule à l’intérieur du parc est immense, mais on arrive facilement à se déplacer sans se marcher sur les pieds. Le spectacle des wisterias fleuris est assez magique. Il y a plusieurs grands wisterias aux fleurs violettes placés à différents endroits du parc. Je suis impressionné par le toit de fleurs tombantes qui se dresse au dessus de nos têtes. Je n’imaginais pas qu’un seul arbre puisse porter autant de fleurs. On peut aussi admirer et traverser au centre du parc un tunnel de wisterias blanches. La profusion de fleurs joue sur la beauté des lieux et on en oublie petit à petit l’enfer de la foule. J’aime aussi beaucoup la complexité des branchages de ces arbres, qui fonctionnent comme des labyrinthes. J’aimerais, un jour peut être, essayer de les dessiner.

Pendant toute notre visite, on s’est demandé qu’elle était le lien entre le nom de cette ville Ashikaga de 149,000 habitants et le shogūnat Ashikaga (1336–1573) pendant l’ère Muromachi. Il se trouve que le clan Ashikaga qui s’était installé à Kyoto dès 1336 est en fait originaire de la ville de Ashikaga dans la province de Shimotsuke qui est l’actuelle préfecture de Tochigi. Un total de 15 Shōguns se succéderont pour diriger le pays pendant plus de deux siècles. Oda Nobunaga mettra fin au pouvoir du clan Ashikaga en 1573. Le troisième Shōgun établit une résidence à Kyoto construite en 1379 appelée le Palais des fleurs (花の御所 Hana no Gosho), en raison de l’abondance de fleurs dans le paysage du palais. Je n’ai pas pu confirmer s’il y a un lien entre l’image de ce palais aux fleurs du clan Ashikaga à Kyoto et le fait d’avoir installer ce grandiose parc fleuri à Ashikaga, mais je ne peux m’empêcher de penser qu’il y a dû y avoir une certaine inspiration.

Le nouveau morceau de la compositrice track maker et interprète Utae s’intitule Beautiful Hell, le bel enfer comme peut l’être le parc d’Ashikaga en pleine saison. Ça fait un petit moment qu’elle n’avait pas sorti de nouveau morceau, malgré des participations à d’autres projets musicaux, mais je reste toujours attentif à ce qu’elle crée au compte-gouttes, il faut bien le dire. On retrouve sur ce morceau le même souci du détail et l’élégance du son électronique, sur lequel vient se poser la voix neutre de l’interprète. J’aime bien cette voix qui ne se force pas, qui n’exagère pas mais qui se complexifie au fur et à mesure du morceau par de multiples superpositions de voix se mélangeant les unes aux autres. Pourtant cette musique ne fait pas dans l’excès ou la profusion des sons. J’y trouve même une certaine forme d’apaisement qui s’accorde bien avec mes promenades photographiques. Je me souviens d’ailleurs encore clairement d’avoir écouté certains des morceaux de Utae quand je marchais seul au delà de Ikebukuro à la recherche du Tokyo Apartment de Sou Fujimoto. J’aime garder en mémoire ces associations musicales avec des lieux parcourus.

frénésie interne (un)

Les images se bousculent et sortent du cadre dans une frénésie incontrôlable. On peut voir cette série en entier et dans toute sa longueur sur le lien suivant. Il faut certainement attendre un peu que l’image se charge et l’agrandir à sa taille actuelle.

Je découvre quelques autres morceaux de Utae que j’écoute très souvent dans ma playlist quand je marche dans les rues de Tokyo. Juste après avoir sorti le morceau Supersonic dont je parlais il y a quelques temps, Utae nous fait écouter ce nouveau morceau plus expérimental intitulé Victoria, et qu’on imaginerait prendre comme inspiration l’esthétique musicale de Björk. La vidéo du morceau Victoria est intéressante car basée sur de la VR, c’est à dire que les images électroniques de la vidéo sur YouTube changent leur orientation en fonction des mouvements que l’on opère avec l’iPhone ou l’iPad que l’on utilise pour regarder la vidéo (ça fonctionne également sur un écran fixe mais avec petit pad sur l’écran). On s’amuse à rechercher le visage de la musicienne qui apparaît de temps en temps parmi les images brouillées de la vidéo. J’écoute également régulièrement un morceau sorti en 2017 et intitulé Internet Magic. J’aime beaucoup le côté électronique rétro du morceau. Comme beaucoup d’autres qu’elle compose, la fin de ce morceau introduit un break qui amène le morceau vers d’autres horizons où la musique se fait plus dense et se mélange à des nappes vocales. J’aime beaucoup ce genre de décrochage final, comme si le morceau était livré à lui-même et pouvait se donner la possibilité de partir en vrille.

Dans un autre style musical plus fantaisiste, je découvre d’autres morceaux de Zombie-Chang sur le EP 恋のバカンス (koi no vacances) qui est disponible en téléchargement gratuit sur la page Bandcamp du label Omake Club. J’avais déjà parlé du morceau Summer Time sur ce même EP, mais j’écoute maintenant le reste des morceaux, notamment deux remixes qui viennent en fait améliorer les deux morceaux originaux de l’EP. Je n’apprécie en général pas trop les versions remixées car je les trouve toujours inférieures à l’original, mais dans le cas présent, le remix apporte une profondeur et une ambiance supplémentaire au son. La musique et la voix de Zombie-Chang sont très particulières et il faut s’y habituer au début. Par exemple, le morceau We should kiss, sur son nouvel album au titre en français Petit Petit Petit, part un peu dans tous les sens, mais il y a des trouvailles dans les sons, comme l’utilisation d’une alarme de barrières de passage à niveau japonais, qui vient ponctuer le morceau à différents moments. Les attitudes désinvoltes de Meirin sont amusantes. Tout cela me donne envie de revenir régulièrement voir et écouter ce morceau sur Youtube.