コンクリートも詩

Après une première visite en Décembre 2024 avant son ouverture officielle, je reviens déjà voir le Sony Ginza Park car on y montre une autre exposition intéressante que j’ai pourtant failli manquer pensant avoir tout le temps devant moi pour y aller. L’exposition Sony Park Exhibition 2025 (Sony Park展 2025) explore six domaines dans lesquels Sony est engagé dont la Musique, les Semi-conducteurs, la Finance, les Jeux Vidéo, les Technologies de l’Entertainment et le Cinéma, en les associant à six groupes d’artistes. L’exposition se décompose en deux parties distinctes. La première partie que j’ai été voir se déroulait du 26 Janvier au 30 Mars 2025 et la deuxième partie démarrera le 20 Avril pour se terminer le 22 Juin 2025. L’exposition de la première partie se déroulait sur les troisième et quatrième étages et au deuxième sous-sol. L’entrée était gratuite mais il fallait réserver à l’avance, ce qui n’était pas chose aisée, car les disponibilités ne semblaient apparaître qu’au compte-gouttes sur le site web de réservation. Je me suis donc connecté quelques fois et j’ai dû avoir un peu de chance. La première partie faisait participer Vaundy, Yoasobi et Hitsuji Bungaku (羊文学) tandis que la deuxième partie invitera les rappeurs de Creepy Nuts, le groupe de filles coréen Babymonster et le musicien Kensuke Ushio (牛尾憲輔). Il est clair que j’avais un intérêt très prononcé pour la première partie de cette exposition. Même sans billet, on peut se promener à l’intérieur du chef d’oeuvre brutaliste qu’est le Sony Ginza Park. Des affiches colorées des artistes invités sont montrées à différents endroits du building, ainsi que des étranges rubans adhésifs décoratifs reprenant les noms des artistes et des sections de l’exposition les concernant. Les couleurs vives de ces rubans sur le béton apportent un contraste intéressant pour le photographe, et j’accumule les photographies que j’aurais un peu de mal à sélectionner ensuite. Sur certains murs intérieurs, on peut également voir écrit en couleur blanche quelques lignes de poésie du groupe Hitsuji Bungaku s’ondulant comme un cours d’eau.

Je voulais commencer ma visite par l’espace d’exposition dédié à Hitsuji Bungaku au quatrième étage mais le programme était déjà en cours et on me conseille plutôt de descendre d’un étage pour aller voir celui de Yoasobi. Ce programme s’intitule Semiconductors create new realities (半導体は、SFだ。). Les programmes que l’on peut voir ne sont que très vaguement inspirés par les titres qui semblent seulement être là pour rappeler les diverses activités du groupe Sony. Avant d’entrer dans l’espace d’exposition, chacun doit rentrer un prénom ou surnom sur une borne en indiquant son état d’humeur actuel. La borne crée un petit logo animé avec le prénom en inscription qui voyagera sur les écrans immersifs de l’exposition. On entre ensuite dans un espace fermé dans lequel est diffusé le morceau Heart Beat de Yoasobi. Les murs et le sol sur lequel on marche sont recouverts de logos colorés bougeant au rythme de la musique du morceau. Le sol est tactile, utilisant une technologie haptique de Sony R&D, et les petits logos que chaque visiteur a créé réagit à nos mouvements. L’experience musicale est englobante et amusante, mais je reste quand même sur ma faim car le tout reste d’apparence assez simple, connaissant ce que Team Lab peut par exemple créer en comparaison.

Je monte ensuite au quatrième étage pour aller voir l’exposition dédiée à Hitsuji Bungaku, intitulée Finance details life (ファイナンスは、詩だ。). Là encore, le titre n’a strictement rien à voir avec ce que l’on va voir. La salle du quatrième se compose d’un large écran placé devant un bassin d’eau. Le programme intitulé Floating Words se concentre sur les paroles et la musique de deux morceaux du groupe: more than Words et Hikaru Toki (光るとき). Nous sommes assis sur deux rangées dans l’obscurité devant le long écran et le bassin. La voix de Moeka Shiotsuka se fait d’abord entendre dans une courte narration abordant la force des mots. On verra ensuite ces mots tourbillonner au rythme des deux morceaux sur l’écran géant se reflétant sur le bassin. Il s’agit là encore d’une expérience immersive, que j’ai trouvé très réussie car la musique me plaisait beaucoup plus et les motifs de mots se créant sur l’écran nous accaparaient le regard comme un torrent mouvementé dont on essaie de suivre des yeux les moindres virages. Une deuxième partie de cette exposition nous fait marcher sur un sol utilisant encore une fois la technologie haptique pour simuler une fine épaisseur d’eau.

Je descends ensuite au deuxième sous-sol pour la partie de l’exposition consacrée à Vaundy, intitulée Music comes after a long journey (音楽は、旅だ。). Ce titre correspondait plutôt bien à ce que l’exposition nous proposait. L’espace, de couleur orangée correspondant bien au code couleur de Vaundy, proposait des bornes d’écoute. On nous donne d’abord un casque Sony (ceux qu’on peut voir lors des émissions The First Take sur YouTube) et on se connecte de borne en borne pour écouter des morceaux sélectionnés par l’artiste. Vaundy a sélectionné environ 200 morceaux dont on ne voit que le titre affiché. Il faut se connecter pour découvrir les morceaux, ce qui peut donner d’heureuses découvertes. Certains objets en référence aux morceaux sont tout de même posés sur des étagères faites de grands volumes en carton. Un QR code nous permet de découvrir le nom de l’artiste accompagné du titre du morceau et d’un commentaire succinct de Vaundy. C’est finalement l’endroit où j’ai passé le plus de temps, plus d’une heure, car on se prend au jeu des écoutes. J’y ai fait quelques découvertes mais également volontairement écouté des morceaux que je connaissais déjà, en étant d’ailleurs agréablement surpris de voir deux morceaux de My Bloody Valentine parmi cette immense playlist. Je ne résiste pas à l’envie de garder ci dessous une trace des morceaux que j’ai écouté et que j’ai aimé, pour y revenir plus tard. Je garde aussi en note encadrée le commentaire de Vaundy pour chaque section de l’exposition.

1. betcover!! – Yūrei (幽霊) [なんか、乱舞 – Quelque chose d’une danse sauvage]
2. Joe Hisaishi Ensemble (久石譲 アンサンブル) – Kids Return [なんか、黄昏 – Quelque chose comme le crépuscule]
3. Yura Yura Teikoku (ゆらゆら帝国) – Kūdō Desu (空洞です) [なんか、黄昏 – Quelque chose comme le crépuscule]
4. My Bloody Valentine – only shallow [なんか、哀愁 – Quelque chose de la tristesse]
5. My Bloody Valentine – when you sleep [なんか、哀愁 – Quelque chose de la tristesse]
6. The White Stripes – Seven Nation Army [なんか、乱舞– Quelque chose d’une danse sauvage]
7. David Bowie – Heroes [なんか、希望 – Quelque chose comme l’espoir]
8. Original Love – Seppun (接吻) [なんか、希望 – Quelque chose comme l’espoir]
9. The Flaming Lips – Yoshimi Battles the Pink Robots, Pt.1 [なんか、乱舞 – Quelque chose d’une danse sauvage]
10. Nayutan Seijin (ナユタン星人) – Taiyōkei desuko (太陽系デスコ) [なんか、乱舞 – Quelque chose d’une danse sauvage]
11. Karasu (鴉) – Sudachi (巣立ち) [なんか、情熱 – Quelque chose comme la passion]
12. Blur – Song 2 [なんか、乱舞– Quelque chose d’une danse sauvage]

On écoute chaque morceau et on cherche ensuite rapidement le suivant avec une urgence ressemblant à un manque, comme si on n’avait que dix minutes devant nous pour apprécier une dernière musique avant la fin du monde. Je réutilise là un des messages affichés par Vaundy sur les volumes de cartons (まるで、世界が終わる10分前。). De Vaundy, on ne peut en fait écouter qu’un seul morceau, Odoriko (踊り子) sur une borne spéciale. Sur cette borne là comme sur certaines autres, on peut s’assoir tranquillement en écoutant la musique dans les écouteurs. On entre dans son monde musical tout en regardant les autres visiteurs voyager de borne en borne ou ressentir le rythme de ce qu’ils où elles écoutent. C’est au final l’expérience musicale la plus intéressante de l’exposition.

初詣2◯24


あけおめ
ことよろ
二◯二四

Une fois n’est pas coutume pour le premier jour de l’année, nous nous sommes levés très tôt pour aller observer le premier levé de soleil de l’année. Le soleil se levant à 6h50 du matin, nous avons dû tous nous lever vers 5h30, direction Odaiba, faute d’avoir le temps d’aller jusqu’aux bords de l’océan à Chiba, Oarai ou Enoshima. La vue en elle-même n’était pas magnifique mais nous avons pu voir le soleil se lever doucement, formant une boule de feu nous éblouissant de ses premières lumières de l’année pendant plusieurs minutes. Fort de cette énergie, nous avons ensuite pris la route pour Chiba et le grand sanctuaire de Katori que nous avions déjà visité. Nous y sommes arrivés vers 8h du matin. C’était une horaire idéale pour Hatsumōde (初詣), car ceux qui y sont venus après minuit sont déjà couchés et ceux qui viendront dans la matinée ne sont pas encore levés. Nous n’attendons pas beaucoup devant le sanctuaire, ce qui est vraiment appréciable. Il y a pourtant foule dans l’allée principale avec de nombreux stands vendant toutes sortes de choses, à manger ou à boire sur place. Je profite bien entendu de l’amazake avant de reprendre tranquillement la route. Dans l’après-midi, nous retournons au sanctuaire Hikawa (氷川神社) que nous avions visité le soir du réveillon juste après minuit et j’irais ensuite seul au sanctuatire Konnō Hachimangu (金王八幡宮). A pieds sur le chemin du retour, je n’ai pas ressenti les tremblements qui ont secoué l’Ouest du Japon à Ishikawa et Niigata, car ils restaient à un niveau relativement faible à Tokyo. Ce début d’année ne démarre pas sous les meilleurs augures pour la population affectée par ce grand tremblement de terre.

Le soir du réveillon, nous avons bien entendu regardé l’incontournable émission Kōhaku Uta Gassen sur NHK (NHK紅白歌合戦), mais je n’en garde pas un souvenir mémorable. Il y avait beaucoup de medley, même Sheena Ringo s’y est mis avec ㋚〜さすがに諸行無常篇〜 (MANGAPHONICS conscious) et c’était malheureusement assez peu convainquant. J’aurais tellement aimé la voir avec Daiki Tsuneta et Millenium Parade interpréter le morceau W●RK qui a quand même eu beaucoup de succès cette année. Il n’y avait pas pour moi beaucoup de moments mémorables à part les passages d’Ado qui interprétait son dernier single Show (唱) à Kyoto, celui de YOASOBI interprétant Idol entouré justement de la plupart des idoles féminines ou masculines présentes à l’émission, et Hiroko Yakushimaru (薬師丸ひろ子) chantant son morceau le plus connu tiré du film Sailor Fuku to Kikanjū (セーラー服と機関銃) que j’ai déjà évoqué plusieurs fois sur ce blog.

J’avais décidé avant le début de la nouvelle année que je la démarrerais avec l’album Surf Bungaku Kamakura (サーフ ブンガク カマクラ) d’Asian Kung-Fu Generation (AKFG ou Ajikan), qui a en effet été la première musique que j’ai écouté le premier jour de cette année. Je connais la musique d’Ajikan depuis presque vingt ans et c’est écouter le dernier single solo Stateless du chanteur et guitariste du groupe Masafumi « Gotch » Gotoh qui m’a donné envie de revenir vers le groupe dont je ne connais en fait que deux albums. Surf Bungaku Kamakura est le cinquième album du groupe sorti en 2008, mais Ajikan en a sorti une version augmentée en Juillet 2023. J’écoute pour le moment la version originale de 2008. L’album suit en fait un concept, celui d’utiliser des titres et un thème liés à la ligne de train Enoden qui parcourt une partie de Kamakura et de Fujisawa dans la longue région côtière du Shonan. Chacun des titres reprend le nom d’une station de la ligne Enoden, par exemple Shichirigahama Skywalk (七里ヶ浜スカイウォーク) pour la station de la plage Shichirigahama, avec toujours la même composition du nom de lieu en kanji accompagné d’un mot en katakana (ce qui me rappelle beaucoup les titres utilisés par Sheena Ringo). La ligne Enoden comprenant 15 stations, l’album de 2008 réutilise seulement les noms et lieux des stations les plus connus de la ligne Enoden, tandis que la nouvelle version Surf Bungaku Kamakura Complete de Juillet 2023 vient ajouter cinq morceaux pour compléter la ligne Enoden. Certains morceaux de cet album ont des sonorités de guitares qui me rappellent un peu le rock californien de Weezer, de l’époque de l’album bleu de 1994 que j’avais énormément écouté à l’époque. Ce son est peut-être volontaire pour comparer le Shonan à la Californie. Mais la voix de Gotch nous rappelle tout de suite qu’il s’agit clairement d’un album d’Ajikan.

une échappée sous la lune

J’essaie quelques évolutions du titre du blog, qui était dernièrement écrit en japonais, en katakana pour être précis. Je tente d’y mélanger des blocs d’architecture glanés par-ci par-là dans Tokyo. Le titre restera en principe en noir et blanc, mais celui montré actuellement n’est à priori pas définitif. Lorsque je me lance à créer ce genre de titre, j’ai toujours en tête l’image de ma page À propos que j’avais créé il y a plusieurs années, mélangeant des mots (« Tokyo » en l’occurrence) avec des morceaux d’immeubles et de végétation. Comme une conséquence indirecte de cette recherche graphique, les photographies et compositions de ce billet en deviennent plus abstraites. J’aspire à créer ou à sélectionner un peu plus souvent ce types de photographies plus imagées, mais je me laisse parfois rattraper par l’encombrante réalité.

Je me suis inscris pour une période d’essai d’un mois à la chaine BS WOWOW, afin de pouvoir voir le concert de Sheena Ringo Aitsura to Shiru Shogyōmujō (椎名林檎と彼奴等と知る諸行無常) que j’avais été voir le 9 Mai 2023 au Tokyo International Forum. Le concert filmé et diffusé sur WOWOW le Samedi 9 Septembre 2023 était la dernière représentation, celle du 10 Mai 2023. C’était un vrai plaisir de voir en images avec plans serrés des scènes que je n’avais pu voir que de loin depuis ma place lors du concert. Je n’avais par exemple pas pu profiter de tous les détails de l’étrange chapeau qu’elle portait pendant la dernière partie du concert avant les rappels. Je n’avais pas non plus distingué quel était le sake qu’elle tendait à bout de bras et que je montre ci-dessus. L’excellente surprise était de constater qu’il s’agissait d’un sake Kokuryu (黒滝) originaire de la préfecture de Fukui, sake que j’apprécie particulièrement car on en a acheté plusieurs fois pour le nouvel an, quand on arrive à en trouver. Enfin, il ne s’agissait pas de celui qu’elle montre sur scène, qui est une édition limitée appelée Kokuryu Ishidaya Junmai Daiginjo, forcément très chère. Ce sake se vend à 13,200 Yens la bouteille. On apprend d’ailleurs que ce concert sortira en Blu-ray et DVD le 22 Novembre 2023, en version complète avec bonus, car la version de WOWOW ne contenait pas les rappels.

Je me rends compte que la chaîne WOWOW montre beaucoup de musique, en particulier des concerts très récents. J’en ai profité pour regarder celui de Yoasobi à Saitama Super Arena (さいたまスーパーアリーナ) qui avait lieu le 3 Juin 2023. Ce concert s’appelait Denkōsekka (YOASOBI ARENA TOUR 2023 “電光石火”). Je suis très loin de connaître tous les morceaux du groupe, mais au moins leur dernier succès récent intitulé Idol (アイドル) qui est assez fantastique d’énergie sur scène. Le concert se déroulant dans une salle omnisports de type Arena, la foule présente était impressionnante même en vidéo sur grand écran. Saitama Super Arena a une capacité maximale de 37,000 personnes. Il s’agit d’une des plus grandes salles du monde en cinquième position derrière la Paris La Défense Arena de 40,000 places et le Tokyo Dôme de 55,000 places. La scène rempli de lumières est tellement grande qu’on doit avoir un peu de mal à voir Ikura car elle n’est pas très grande, sauf quand elle monte sur une petite estrade. Ceci étant dit, elle arrive très bien à attraper la foule, et c’est intéressant à regarder même si tous les morceaux ne me plaisent pas forcément. Le spectacle est conçu comme un show qui va plus loin que la musique en elle-même. En concert, j’aurais plutôt tendance à me contenter seulement de la musique même si les petits passages que les artistes adressent à la foule concrétisent en quelque sorte leur réalité physique.

Je continue à faire le curieux sur WOWOW en regardant et en enregistrant le concert d’un groupe que je connais encore moins, BABYMETAL. Je n’ai jamais eu envie d’écouter leur musique car le nom du groupe m’a toujours paru ridicule et certains morceaux comme Gimme Chocolate me paraissait exagérer à l’extrême le contraste entre le côté kawaii des trois chanteuses et le dureté du métal le plus basique. Je me suis tout de même laisser tenter avec ce concert intitulé BABYMETAL RETURNS - THE OTHER ONE -, car l’imagerie est assez fascinante et la curiosité a été plus forte que ma volonté. Ce concert est très récent car il s’agit d’une captation des 28 et 29 Janvier 2023. J’ai été en fait très surpris par la qualité des morceaux que j’ai pu écouter lors de ce concert. Je me suis même surpris à noter quelques noms de morceaux, ceux qui m’intéressaient, pour ensuite les écouter en version studio sur YouTube. Je me rends compte que la grande majorité des morceaux dont j’ai apprécié l’écoute étaient tirés du dernier album intitulé The Other One, sorti le 24 Mars 2023. Les morceaux de cet album ont complètement perdu le côté kawaii des premiers albums, ce qui n’est pas vraiment étonnant car les deux chanteuses de BABYMETAL, Suzuka Nakamoto (au nom de scène Su-metal) et Moa Kikuchi (aussi appelée Moametal), ont respectivement 25 et 24 ans. Elles ont commencé le groupe il y a dix ans et donc à l’age de 14-15 ans. Il semble tout à fait normal que la musique et le chant du groupe aient gagné en maturité. C’est à mon avis tout à fait bienvenu. J’écoute maintenant le nouvel album en entier et le morceau Divine Attack (神撃), qui est vraiment excellent, est déjà mon préféré. Le chant de Su-metal est très affirmé et ne perd pas en force face au rythme forcené de la batterie et les guitares métal envahissantes. Les musiciens métalleux ne plaisantent en général pas avec la qualité de leur son. Le néophyte devrait écouter ce morceau pour se donner une idée. J’aime aussi beaucoup d’autres morceaux comme Light and Darkness, Metal Kingdom et le plus calme, entre guillemets, The Legend, qui conclut l’album. Ce dernier morceau est particulièrement intéressant car il dévie des sonorités typiques du métal en introduisant du saxophone. Peut-être s’agit d’une prochaine orientation pour le groupe d’apporter des instruments nouveaux. La particularité du groupe est de mélanger les sons électroniques aux guitares. Ce rythme électronique est particulièrement marqué sur un morceau comme Metalizm, qui est également un des très bons morceaux de l’album, tout en étant le plus déstructuré. Je lisais dans les revues de cet album qu’il avait perdu le côté fun que l’on pouvait entendre sur les premiers albums. Le concert que je regarde sur WOWOW garde quelques morceaux ayant ce côté ludique. Headbanger!! est un bon exemple de cela. Depuis ce concert, le groupe est repassé à trois chanteuses avec l’arrivée récente de Momoko Okazaki. Ce concert est visuellement impressionnant et très scenarisé avec des interludes entre les morceaux. Là encore, la salle de Makuhari Messe à Chiba est gigantesque, mais les trois filles de BABYMETAL savent bien maîtriser la foule. C’est particulièrement intéressant de voir Su-metal contrôler les mouvements de cette foule de fans, avec un air sérieux ou pince-sans-rire. C’est parfois tout à fait fascinant, et même un peu inquiétant quand une partie du public se met à courir en cercle quasiment sous les ordres des trois filles, ou peut-être est ce plutôt au son des guitares, je ne saurais pas vraiment dire. J’avais déjà remarqué cela il y a quelques temps sur la vidéo live du morceau plus ancien Road of Resistance. Il était également joué pendant ce concert à Makuhari Messe. Je trouve quand même ce morceau un peu trop teinté de sonorités musicales d’idoles à mon goût. On ne retrouve pas ce côté idole kawaii dans le nouvel album, ce qui me plait particulièrement. Mon seul regret est que le groupe n’est pas changé de nom avec l’arrivée de la troisième chanteuse et le revirement stylistique des morceaux.

J’ai déjà écouté une dizaine d’albums de Buck-Tick mais je suis loin d’avoir fait le tour de leur discographie extensive s’étendant sur 35 ans. Le groupe fête donc ses 35 années de carrière et WOWOW diffuse pour l’occasion plusieurs concerts. J’imagine que le néophyte débarquant par hasard sur une retransmission d’un concert de Buck-Tick doit être particulièrement décontenancé. Le regard sombre et perçant du chanteur au style gothique Atsushi Sakurai (櫻井敦司) a de quoi soit effrayer, soit fasciner. Je suis personnellement dans la deuxième catégorie. Sakurai a un charisme et une présence sur scène qui accaparent toute l’attention, mais j’aime aussi la flamboyance certaine du guitariste et compositeur Hisashi Imai (今井 寿). Les membres du groupe approchent maintenant de la soixantaine mais les années n’ont pas l’air d’altérer leur musique. Ce qui m’impressionne c’est que la musique du groupe semble complètement hermétique aux goûts du jour. Buck-Tick poursuit son chemin mais mélange aussi beaucoup les styles, ce qui peut être au premier abord assez déconcertant. Les qualités musicales du groupe et la voix très marquante de Sakurai peuvent en fait tout intégrer, du rock gothique le plus sombre aux sons électroniques les plus accentués en passant soudainement par des moments beaucoup plus pop et accrocheurs avec toujours des restes de Visual-Kei, comme en témoigne la crête du batteur Toll Yagami (ヤガミ・トール). Il y a en fait assez peu de demi-mesure car chaque morceau est mené avec une tension qui est loin de laisser indifférent. Je regarde donc le concert intitulé SHOW AFTER DARK (魅世物小屋が暮れてから) avec beaucoup de passion. Il s’agit d’une captation au Nihon Budokan (日本武道館) le 29 Décembre 2021, quelques mois après la sortie de l’album Abracadabra. Buck-Tick joue bien entendu plusieurs morceaux de cet album comme MOONLIGHT ESCAPE, Villain, Kemonotachi no Yoru (獣たちの夜), Bōkyaku (忘却), Eureka (ユリイカ), entre autres. Je ne connaissais pas l’album Abracadabra et je découvre ces très bons morceaux en regardant le concert. Le groupe reprend aussi certains morceaux plus anciens et particulièrement marquants comme Muma (夢魔 -The Nightmare), Rakuen (楽園) ou BABEL. Ce sont des morceaux envoûtants, et je dirais même hantés, qui nous font redécouvrir tout le génie musical du groupe. Je n’exagère pas ce terme et je pense même que le talent du groupe n’est pas assez reconnu malgré leur longévité hors-norme. Buck-Tick est bien passé sur Music Station un peu plus tôt cette année pour la sortie de leur dernier single et album, mais on ne les sentait pas du tout à leur place sur un plateau de télévision grand public. Le groupe doit s’accommoder de l’ombre et de la fidélité de leur public. J’arrive tout à fait à comprendre que ce public de fans viennent nombreux aux concerts de Buck-Tick. J’aimerais aussi assister à un de leur concert, mais ça semble bien difficile sans faire partie du fan club. En attendant, je regarde les uns à la suite des autres les quelques concerts diffusés sur WOWOW.

アクアマリン・コカコーラレッド

Une Dodge Challenger aquamarine au repos sans conducteur apparent derrière ses vitrages teintés, la moto futuriste de Bulma sur une collection de t-shirts de la série Dragon Ball pour la marque Graniph, des stickers à profusion envahissant des poteaux électriques à Jingūmae, cinq chanteuses et danseuses de K-Pop faisant la promotion d’une marque de jeans sur la devanture d’une boutique de Cat Street, un bonsaï de taille réelle installé à l’entrée d’un nouvel immeuble toujours en construction près de la rue Kotto, une interdiction de skater en rond dans une ville qui a pourtant vu défiler quelques champions nationaux et une révolution pacifiste en cours de décrépitude. L’arrondissement de Shibuya ne manque pas d’imageries en tout genre et c’est ce qui me fait toujours y revenir, appareil photo en mains. Outre leur attrait esthétique, ces images de rue attisent ma curiosité et je les prends souvent en photo pour qu’elles m’ouvrent plus tard des nouvelles portes vers des choses qui me sont peut-être inconnues ou peu familières. C’est une chose que de prendre des photographies et de s’en contenter, et c’en est une autre que de chercher où ces photographies peuvent nous mener. Je me demande même si pour moi prendre des photos n’est pas qu’un prétexte pour partir en recherche. Les photographies peuvent parfois être des liens directeurs vers d’autres mondes dont on ne soupçonnait pas l’intérêt qu’on pourrait éventuellement y trouver.

Les cinq filles qui posent sur l’affiche de la devanture du magasin de jeans Levi’s s’appellent Minji, Hanni, Danielle, Haerin et Hyein. Elles composent le groupe de K-Pop mondialement connu NewJeans qui n’a fait ses débuts que très récemment en Juillet 2022. Elles ont déjà un très grand succès en n’ayant sorti que quelques singles, un EP mais pas encore d’album complet. Leur succès tient peut être au fait qu’elles représentent une nouvelle génération dans la musique pop coréenne, passant après des dizaines de groupes répétant les mêmes recettes musicales et se transformant rapidement en purs produits commerciaux. Côté relations commerciales, Newjeans se surpassent déjà car, malgré leur jeune existence, le groupe représente de nombreuses marques, comme Levi’s, Coca Cola ou la marque d’électronique sud-coréenne LG. Mais ça n’est pas tout car chaque membre de Newjeans est également ambassadrice de marques de luxe. Hanni représente Gucci et Armani Beauty, Danielle s’affiche pour les marques Burberry et YSL Beauty, Hyein pour Louis Vuitton, Minji pour Chanel Corée et Haerin pour Dior. Il est difficile de faire mieux comme couverture commerciale, mais on sait aussi que ces marques de luxe se copient beaucoup entre elles. Newjeans passe même une étape supplémentaire en sortant un nouveau single intitulé Zero entièrement publicitaire pour la boisson sans sucre de Coca Cola. En plus de voir des cannettes de Coca Cola Zero dans la vidéo du morceau, le refrain utilise clairement le nom de la marque. Ce qui est particulièrement agaçant pour moi, c’est que malgré tous ces artifices commerciaux qui nous bouchent la vue, le morceau à tendance dubstep qui en résulte est excellent, assez loin de l’excès musical qui caractérise la plupart du temps la K-Pop. Et comme je me trouve à beaucoup aimer ce morceau Zero après l’avoir entendu une première fois à la radio, je lâche progressivement les préjugés qui m’empêchaient volontairement d’écouter les autres singles du groupe comme OMG et Ditto. Newjeans rentre ainsi, au côté de 2NE1, dans le cercle très sélectif des groupes de K-Pop dont j’aime beaucoup quelques morceaux.

J’arrive progressivement à un point d’entente avec Zoa sur les anime que l’on regarde. Je ne regarde pas beaucoup d’anime mais il est vrai que ces derniers mois, j’en ai regardé plus qu’à l’accoutumée. Chainsaw Main d’abord, puis Spy x Family et maintenant Oshi no Ko (推しの子) qui a un grand succès actuellement. Je ne suis pas assez informé sur les manga et anime pour confirmer s’il y a une amélioration de la qualité ces derniers temps, mais c’est du moins l’impression que ça me laisse. Ils sont tous disponibles sur NetFlix ce qui facilite beaucoup le visionage. Le premier épisode d’Oshi no Ko faisant plus d’une heure était d’abord sorti au cinéma et le fait que Yoasobi en compose et chante le thème musical avait été apparemment gardé secret. Dans cet anime, on y parle du monde des idoles. Et comme pour Bocchi The Rock, que je regarde aussi en ce moment, traitant du monde du rock indé à Shimo-Kitazawa, Oshi no Ko donne de nombreux indices et explications sur la manière dont fonctionne le monde très codifié des idoles, sans hésiter à en montrer le pire. Je ne raconterais pas l’histoire d’Oshi no Ko car elle démarre par une situation des plus improbables, qui fait à mon avis toute la beauté disruptive des manga. J’aime aussi beaucoup les thèmes d’ouverture et de fermeture de chaque épisode de l’anime. J’ai déjà mentionné Yoasobi avec un morceau composé par Ayase intitulé tout simplement Idol (アイドル). Le morceau est hyper dynamique et assez typique de l’empreinte musicale du groupe. Pourtant, la manière de chanter d’Ikura est changeante comme un caméléon avec des parties presque parlées hip-hop ressemblant à de la K-Pop et d’autres plus proches de l’image qu’on peut avoir de la musique d’idoles. J’aime aussi beaucoup le thème de fin intitulé Mephisto (メフィスト) par un groupe nommé Queen Bee (女王蜂). Queen Bee est un groupe japonais rock originaire de Kobe fondé en 2009 que je connaissais par la présence d’Avu-chan (アヴちゃん) au chant. A ma grande surprise, je me rends compte maintenant qu’Avu-chan a également créé un autre groupe nommé Gokumontō Ikka (獄門島一家) pendant une période de hiatus de Queen Bee. Et dans ce super-groupe Gokumontō Ikka, j’y retrouve quelques noms de musiciens qui me sont très familiers comme un certain Ryosuke Nagaoka (長岡亮介 aka Ukigumo) de Tokyo Jihen et de Petrolz, ou encore le batteur Tatsuya Nakamura (中村達也) de feu Blankey Jet City. En attendant de partir à la découverte de Gokumontō Ikka, j’apprécie Mephisto et les envolées de voix d’Avu-Chan.