dans la tranquillité de Yoshimi Kannon

Nous sommes déjà passés par la petite ville de Yoshimi dans la préfecture de Saitama pour aller voir les tombes creusées à flanc de collines de Yoshimi Hyakuana (吉見百穴), mais notre passage cette fois-ci était principalement pour acheter des fraises de Saitama appelées Amarin (あまりん). Nous les trouvons dans une station routière (道の駅) qui est bien nommée Ichigo no Sato (いちごの里吉見). Nous en profitons pour regarder autour à la recherche de lieux intéressants à visiter et nous découvrons le temple Anrakuji (安楽寺), également nommé Yoshimi Kannon (吉見観音). Le temple est paisible avec seulement quelques visiteurs en fin d’après-midi. Nous arrivons un peu avant 16h et le moine du temple referme déjà les portes du hall principal au moment de notre départ. Une des particularités de ce temple fondé à l’ère de Nara est d’avoir une pagode à trois étages (三重塔). Anrakuji évoque pour moi un autre temple portant le même nom dans la petite station thermale de Bessho Onsen (別所温泉) dans la préfecture de Nagano. Cet autre temple que nous avions visité en 2022 possède une étrange pagode en bois de forme octogonale, qui possède une sorte de magnétisme qui m’avait inspiré le septième chapitre de l’histoire de Kei, Du songe à la lumière. C’est un lieu qui reste pour moi tout à fait spécial, notamment parce que la petite station thermale était quasiment déserte, juste à la fin de la crise sanitaire.

Je viens de terminer les dix épisodes de la série Shōgun disponible sur la chaine Disney+. On s’est en fait abonné à Disney+ pour regarder cette série américaine qui a été acclamée à juste titre par la critique. La série a été créée par Rachel Kondo et Justin Marks et est basée sur le roman du même nom de James Clavell publié en 1975. Je n’avais que de très vagues souvenirs de la première adaptation télévisée qui en avait été faite dans les années 80 avec Richard Chamberlain et Toshirō Mifune (三船 敏郎), car je devais être trop jeune. Cette nouvelle série est grandiose par sa mise en scène mais ne montre pourtant pas de grandes batailles car l’essentiel de l’histoire se joue dans le petit village d’Ajiro à Izu et dans les palais d’Osaka et d’Edo. On apprécie le fait que la série n’a pas été américanisée ni adaptée pour satisfaire les goûts du plus grand nombre. La grande majorité des dialogues sont en japonais sous-titré et l’ensemble de ces dialogues, les états d’être complexes des personnages et les situations ont gardé une authenticité vraiment surprenante. Je ne suis pas spécialiste de ces époques anciennes mais c’est du moins l’impression très nette que donne cette adaptation. À part le pilote maritime protestant anglais John Blackthorne, interprété par Cosmo Jarvis, débarqué par bateau sur les terres japonaises près d’Izu, la grande majorité des acteurs et actrices sont japonais. Anna Sawai (アンナ・サワイ) joue un des personnages clés de l’histoire autour du seigneur Toranaga interprété brillamment par Hiroyuki Sanada (真田広之). L’histoire se construit principalement autour de la relation entre le seigneur Toranaga, qui pourrait devenir le futur shōgun réunifiant le Japon, et l’étranger anglais, le Anjin, mais certains personnages secondaires sont particulièrement intéressants, en particulier Kashigi Yabushige, seigneur d’Izu au service de Toranaga. Il est interprété par Tadanobu Asano (佐藤忠信). J’aime aussi beaucoup certains rôles féminins comme la Dame Fuji, interprétée par Moeka Hoshi (穂志もえか), contrainte d’être la consort de l’anglais Anjin. J’aime ces deux personnages en particulier car ils laissent parfois transparaître leur soi profond derrière les codes rigides du système féodal et societal de cette époque.

l’étrange Yoshimi Hyakuana

Après la visite d’un temple, celui de Seitenkyū (聖天宮), nous passons aux tombes. Nous profitons de cette belle journée pour aller explorer les collines boisées de la petite ville de Yoshimi dans la préfecture de Saitama, sauf que les collines que nous allons voir sont mystérieusement creusées de trous. Nous sommes ici à Yoshimi Hyakuana (吉見百穴). Il s’agit d’un ensemble d’environ deux cents tombes creusées à flanc de collines entre la deuxième partie et la fin de la période Kofun (entre la fin du 6ème siècle et la deuxième partie du 7ème siècle). Ces collines sont constituées de tuf volcanique, qui est une roche tendre résultant de la consolidation de débris volcaniques. Cette roche est relativement facile à creuser, ce qui explique l’utilisation de cet endroit pour y placer des tombes. On peut gravir la colline et visiter quelques tombes avec des lits de pierre, mais les couloirs sous-terrains sont malheureusement fermés. Les tombes de Yoshimi Hyakuana ont été découvertes en 1887 par Shogorō Tsuboi (坪井 正五郎), diplômé de l’Université Impériale de Tokyo (actuellement Université de Tokyo). L’utilisation passée de ce lieu est longtemps restée mystérieuse, car certains imaginaient qu’il s’agissait autrefois d’habitats troglodytiques. Les lieux ont été désignés comme monument historique national en 1923, mais furent tout de même utilisés pendant la seconde guerre mondiale comme espaces sous-terrains pour y construire des parties de moteurs d’avion. Cela a conduit à l’altération de certaines galeries et à la destruction de plusieurs tombes, ramenant leur nombre total de 237 à 219.