tunnel vision

L’année se termine bientôt et je ne l’ai pas vu passer. J’ai pourtant l’impression qu’il s’est passé beaucoup de choses cette année, mais rien de vraiment nouveau sur ce blog. Je me suis certainement posé moins de questions sur le fait de continuer ou pas à écrire, même si celles-ci reviennent inlassablement lorsque l’année se termine. Il me reste un certain nombre de photographies à montrer mais une toute petite volonté d’écrire, comme si toute la fatigue de l’année s’était emmagasinée et m’avait enlevé toute capacité à me concentrer pour écrire quelques lignes. C’est bizarre comme la fin d’une année se ressent comme une fin de cycle qui me fait à chaque fois réfléchir si je devrais de nouveau démarrer un nouveau cycle. Il m’est souvent arrivé d’annoncer les derniers jours de ce blog dans les brouillons d’un billet que j’étais en train d’écrire, pour ensuite me corriger. Même si la question de complètement arrêter Made in Tokyo ne se pose pas vraiment, l’écriture est parfois tellement laborieuse que je me demande si elle est vraiment nécessaire. Elle n’est parfois pas vraiment nécessaire, ni pour moi ni pour les autres.

Voir apparaître soudainement le drama Beautiful Life dans les nouvelles recommandations sur NetFlix m’a replongé au tout début des années 2000. Je ne me souviens pas avoir regardé beaucoup de drama à l’époque mais celui-ci avait accompagné quelques mois de mes premières années à Tokyo. Le drama Beautiful Life (ビューティフルライフ 〜ふたりでいた日々〜) a été diffusé sur la chaîne TBS du 16 Janvier au 26 Mars 2000. Je ne suis pas certain d’avoir regardé tous les épisodes à l’époque mais je me souviens très bien avoir suivi cette histoire jusqu’à son dénouement. J’ai eu envie de me replonger dans les onze épisodes de la série en les regardant une nouvelle fois sur NetFlix. L’actrice Takako Tokiwa (常盤貴子) y joue le rôle de Kyōko Machida (町田杏子), une bibliothécaire en fauteuil roulant, et Takuya Kimura (木村拓哉), celui de Shūji Okishima (沖島柊二), styliste d’un salon de coiffure réputé sur la grande avenue d’Omotesando. Une histoire d’amour pleine de rebondissements se noue entre Kyōko et Shūji, avec toutes les complications que peuvent apporter la situation physique et la maladie de Kyōko. Il y a de nombreux moments émouvants dans cette série, notamment dans les réactions de Kyōko qui semblent très justes, même si on ne peut que difficilement se mettre à sa place. Un autre intérêt de cette série est de revoir Aoyama en l’an 2000. De nombreux bâtiments ont été remplacés, notamment celui où se trouve le salon de coiffure. On y trouve maintenant le bâtiment du magasin Louis Vuitton. J’y aperçois également l’ancien bâtiment de verre Hanae Mori conçu par Kenzo Tange que j’avais pris en photo en 2006, ainsi que les vieilles résidences Dojunkai remplacées par Omotesando Hills. Et je repense à une série de photographies par Yūki Kanehira de ces Aoyama Dojunkai Apartments (青山同潤会アパート).

Et côté musiques rock et pop japonaises, j’écoute tant de choses que j’aurais un peu de mal à écrire avec détails sur tous les morceaux et albums de ma playlist actuelle. On y trouve le dernier single en date d’Utada Hikaru, Electricity. Ce morceau est présent sur la compilation Science Fiction sorti en Avril 2024, mais je n’y avais pas prêté attention jusqu’à la sortie récente de la vidéo. Je reviens également vers le jeune trio rock Brandy Senki (ブランデー戦記), dont j’ai parlé récemment pour le superbe single Coming-of-age Story (青春の物語), avec deux très bons morceaux: Nightmarish du même EP A Nightmare Week, et le tout dernier single du groupe, 27:00, sorti le 19 Novembre 2024 (la photo ci-dessus est tirée de ce morceau). J’ai aussi beaucoup écouté l’album Antenna (アンテナ) de Quruli (くるり) sorti en 2004, un album apaisé que j’ai beaucoup apprécié où chaque morceau oscille entre le rock et le folk. Ça ne m’a pas empêché de l’intercaler avec l’album DOOR (ドアー) de Ging Nang Boyz (銀杏BOYZ), qui est sorti en 2005 en même temps que leur premier album album You & I’s WW III Love Revolution (君と僕の第三次世界大戦的恋愛革命). Le style punk criard et volontairement immature de l’album DOOR y est similaire, mais il ne s’agit pas de mon album préféré du groupe. AiNA The End a sorti son troisième album Ruby Pop sorti le 27 Novembre 2024 contenant certains singles dont j’ai déjà parlé ici comme Love Sick ou Red:birthmark, entre autres. L’album est assez long avec 17 morceaux et malgré trois d’entre eux que je trouve moyens et que je passe à chaque écoute de l’album, la plupart des morceaux sont très bons. Je retiens surtout Kaze to Kuchizuke to (風とくちづけと), Entropy, Heart ni Heart (ハットにハット) et le sublime Ho (帆). Ce morceau est d’ailleurs celui par lequel elle a démarré son concert ENDROLL au Nippon Budokan (日本武道館) le 11 Septembre 2024. Je mentionne ce concert car il est disponible en intégralité sur Amazon Prime. J’avais pensé essayer d’acheter une place pour ce concert lorsqu’elle l’avait annoncé, mais je ne sais pour quelle raison j’avais hésité, peut-être parce qu’il y a toujours quelques uns de ses morceaux qui me plaisent moins comme sur cet album. En regardant ce concert sur Amazon Prime, je regrette un peu de ne pas y être allé, surtout dans une salle mythique comme le Budokan. Je n’ai pour l’instant aucun concert de prévu pour l’année prochaine et ça me manque un peu de ne rien avoir en vue à l’horizon. Et je termine cette retrospective par un duo inattendu d’Utaha (詩羽) et de Cent (セントチヒロ・チッチ ex-BiSH) sur un single extrêmement sympathique intitulé Bonsai. Utaha s’échappe de temps en temps de Wednesday Campanella (水曜日のカンパネラ) pour écrire ses propres morceaux, et ce n’est pas une mauvaise idée. Pour celui-ci, elle écrit en fait les paroles avec Cent et Soshi Maeshima compose la musique.

de l’impermanence répétée des choses

Cela fait plus de vingt ans que je parcours les rues de Tokyo avec mon appareil photo et je n’y trouve pourtant pas encore de lassitude, peut-être parce que mon regard est sans cesse renouvelé même si j’ai parcouru les mêmes rues des dizaines de fois. J’ai remarqué que ce renouvellement du regard ne s’opère que lorsque j’ai sorti l’appareil photo de mon sac et que je le tiens à la main ou en bandoulière. S’il reste au fond de mon sac, il y a de fortes chances que je passe à côté des choses qui m’entourent. Le fait d’avoir l’appareil immédiatement à disposition déclenche une sorte d’acuité visuelle et un intérêt accru pour ces choses autour de moi. Je me demande si ces choses autour de moi sont éphémères car il me semble souvent les avoir vu pour la première fois alors que je suis pourtant passé par ces lieux de nombreuses fois. Le béton et l’acier de la galerie TOM sur la première photographie se tiennent pourtant immuables au bord d’une rue de Shōtō depuis 1984. Même chose pour Earthtecture Sub-1 de Shin Takamatsu sur la troisième photographie, présente au bord d’une rue de Yoyogi Uehara depuis 1991. Ces architectures très particulières suscitent certainement le besoin de les approcher avec un regard à chaque fois renouvelé pour essayer de comprendre leurs mystères. L’éphémère n’est pas seulement celui des choses qui m’entourent mais également celui de mon regard qui change de points d’interêt et de sensibilité à chaque parcours. Cette impermanence répétée de mon propre regard ajouté au renouvèlement perpétuel de nombreuses parties de cette ville font que je n’en ai pas encore vu le bout, et que je peux entamer un nouveau parcours avec un regard à chaque fois différent. Et pour ajouter un paramètre indispensable à cette équation sensorielle, les lumières conditionnées par les saisons et les nuages qui nous surplombent modifient profondément l’appréhension que l’on peut avoir des choses. Et quand j’ai le sentiment que les choses autour de moi se répètent, je lève les yeux vers le ciel, vers des zones que l’on ne regarde pas forcément de manière spontanée. Une connaissance m’avait dit une fois, il y a de nombreuses années, que regarder mes photographies sur ce blog avait changé sa manière de regarder les rues qu’elle parcourait tous les jours. C’est un commentaire que je garde en tête encore maintenant.

J’avais acheté il y a plusieurs semaines au Disk Union de Shimokitazawa un double DVD du mythique groupe rock Number Girl mené par Shutoku Mukai (向井秀徳). Malgré une réunion éphémère plus récemment, le groupe s’est dissous il y a plus de vingt ans, le 30 Novembre 2002 après un ultime concert à Sapporo, le Sapporo Omoide in My Head Jōtai (サッポロOmoide in My Head状態). Le double DVD éponyme que je me suis procuré à Shimokitazawa est sorti le 23 Mars 2003 et il s’agit de la dernière sortie de la discographie officielle de Number Girl. Je le découvre progressivement en commençant par le premier DVD qui est un long documentaire de deux heures montrant un grand nombre d’images d’archives de leurs premiers concerts à Fukuoka d’où le groupe est originaire, du passage à la Japan Nite du festival SXSW au Texas, des séances d’enregistrements dans les studios de Tarbox Road de Dave Fridmann dans l’état de New York pour les albums Sappukei (2000) et Num-Heavymetallic (2002) et de nombreux autres extraits de concerts au Japon dont leur tout dernier morceau Omoide in My Head interprété lors de leur dernier concert à Sapporo mentionné ci-dessus. Parmi les nombreuses scènes du documentaire, celle intitulée Tokyo Freeze, prise en version acoustique attire mon attention. La vidéo datant de 2001 est très granuleuse et volontairement mal cadrée. Cette scène filmée semble improvisée. Elle a été prise dans une chambre d’hôtel à Sapporo. Elle réunit le groupe sur le tatami de la chambre d’hôtel. L’ambiance semble solennelle mais montre également la fatigue d’une fin de concert, où les membres utiliseraient leurs dernières forces pour un tout dernier morceau. Dans les paroles mi-parlées mi-chantées de Tokyo Freeze, Shutoku Mukai répète plusieurs fois les paroles « Kurikaesareru shogyōmujō, Yomi ga heru seiteki shōdō » (繰返される諸行無常、よみがへる性的衝動) qu’on peut traduire par « Impermanence répétée de toutes choses, Impulsions sexuelles ravivées ». Ces mêmes paroles me sont familières car Shutoku Mukai les prononce également sur le morceau Kamisama, Hotokesama (神様、仏様) de Sheena Ringo, sorti en 2015. Les univers de Shutoku Mukai et de Sheena Ringo se croisent sur ces paroles. Ce terme bouddhiste de l’impermanence Shogyōmujō (諸行無常) était utilisé par Sheena Ringo comme titre pour sa tournée nationale de 2023, Sheena Ringo to Aitsura to Shiru Shogyōmujō (椎名林檎と彼奴等と知る諸行無常). D’un autre côté, le terme Seiteki (性的) que Shutoku Mukai utilise dans ses paroles était présent dans l’univers de Sheena Ringo à ces débuts, notamment dans la série de compilations vidéos Seiteki Healing (性的ヒーリング), qu’on peut traduire par « Guérison sexuelle ». Le terme Shogyōmujō (諸行無常) est un des trois Sceaux du Dharma (Trilakṣaṇā dharmamudrā en sanscrit), ou marques de l’existence, constituant la philosophie fondamentale du bouddhisme, avec les concepts de Non-soi (諸法無我) et de sérénité du nirvana (涅槃寂静). Cette dernière marque est parfois remplacée par l’idée que toute expérience est caractérisée par la souffrance (Duḥkha en sanskrit). Le Shogyōmujō s’interprète comme le fait que toute chose dans ce monde change et répète son destin de naissance et de disparition, que rien ne reste toujours le même et que la vie est éphémère. Sheena Ringo utilise beaucoup les concepts et l’imagerie boudhistes dans ses morceaux et dans ses concerts. C’est également le cas pour sa dernière tournée de 2024, et d’une manière remarquable d’ailleurs. Je me rends compte que Shutoku Mukai utilise en fait très souvent ces paroles « Kurikaesareru shogyōmujō, Yomi ga heru seiteki shōdō » (繰返される諸行無常、よみがへる性的衝動) sur les morceaux de sa formation post-Number Girl, Zazen Boys, mais la première fois que ces paroles ont été utilisées était en 1999 sur le morceau Eight Beater de l’album School Girl Distortional Addict de Number Girl.

De Zazen Boys, je ne connaissais que deux morceaux, ceux en collaboration avec Sheena Ringo présents sur la compilation Ukina (浮き名) sortie en Novembre 2013, Crazy Days Crazy Feeling et You make me feel so bad provenant du même album Zazen Boys II sorti en 2004. Je voulais démarrer l’écoute de Zazen Boys par ce deuxième album, qui compte apparemment parmi les plus réputés du groupe, mais je trouve d’abord l’album suivant Zazen Boys III, sorti en 2006, au Disk Union de Shin-Ochanomizu. Ce troisième album est celui qui divise le plus les fans et est réputé pour être le moins accessible. Je ne commence pas par la porte d’accès la plus facile mais je ne suis pas déçu par ce que j’écoute, et ce dès le premier morceau Sugar Man. L’album est très expérimental et assez désorganisé. Shutoku Mukai donne parfois l’impression d’être en roue libre, multipliant les voix bizarres. On note tout de même une inspiration bouddhiste certaine, dans certaines manières de chanter et de parler. Les compositions de Zazen Boys sont proches du math rock, dans le sens où elles sont complexes et imprévisibles. Il faut plusieurs écoutes pour s’imprégner de l’ambiance de l’album, qui devient petit à petit indispensable, car les rythmes de guitare finissent par nous hypnotiser. Le morceau Don’t Beat en est un bon exemple. Je peux comprendre que cet album puisse être déstabilisant car un morceau comme l’instrumental Lemon Heart ressemble à une session de préparation avant de démarrer un véritable morceau, mais les sons de guitare et le rythme complexe de la batterie sont tellement intéressants que ce morceau est pour moi fascinant, notamment pour son final qui décroche complètement. On trouve tout de même sur cet album des morceaux à l’approche plus classique, comme This is NORANEKO, mais il est tout de suite suivi par le morceau METAL FICTION qui démarre d’une manière très étrange par des paroles où Shutoku Mukai prend le ton de voix d’un moine bouddhiste. Sans connaître le reste de la discographie de Zazen Boys, je me place tout de suite du côté des amateurs de cet album, car l’ensemble est assez fabuleux pour sa grande liberté conceptuelle. Du coup, j’ai eu très envie de me procurer l’album Zazen Boys II que je trouve finalement au Disk Union de Shibuya. Au passage, le design en graffiti de la couverture de ce deuxième album du groupe me rappelle un peu un design récent d’un logo de Tokyo Jihen. Sur Zazen Boys II, outre les deuxième et cinquième morceaux, Crazy Days Crazy Feeling et You make me feel so bad, que je connaissais déjà, je ne découvre que maintenant que Sheena Ringo chante également sur un troisième morceau de cet album de 15 titres. Sur ce morceau intitulé Anminbō (安眠棒), Ringo n’intervient que dans les chœurs pour répéter, avec une voix aux accents traditionnels que je ne lui connaissais pas, les paroles « Anminbō de Korosareta » (安眠棒で殺された) qu’on peut traduire par le fait d’avoir été tué par un bâton de sommeil profond. Ces paroles sont bien mystérieuses et j’ai un peu de mal à en comprendre le sens. L’album Zazen Boys II est plus accessible que le troisième opus du groupe, avec certains morceaux proches de l’ambiance sonore de Number Girl, notamment pour le son de guitare très métallique et l’approche vocale agressive. Un grand nombre de morceaux ont cependant une approche math rock distincte. Dans cet esprit, le début du sixième morceau Cold Beat est très intéressant car le rythme rapide de la guitare fait ressembler l’instrument à un beat électronique. Shutoku Mukai y chante avec un phrasé proche du rap qui caractérise également un certain nombre de morceaux du groupe. Un morceau comme Daigakusei me ramène avec un grand plaisir vers les sons dissonants de Sonic Youth. C’est peut-être en raison du nom du groupe, mais j’avais un à priori que les morceaux de Zazen Boys étaient forcément moins intéressants que ceux de Number Girl, mais je me rends en fait compte avec ces deux albums que ce n’est pas du tout le cas.

découpée au sabre

Ces quelques photographies ont été prises il y a déjà plusieurs semaines à Shimo Kitazawa, Yoyogi Uehara puis dans les environs de Kiyosumi et Fukagawa près de la rivière Sumida. Sur la quatrième photographie montrant la devanture du magasin en désordre Village Vanguard dans le centre de Shimo Kitazawa, on me rappelle de jeter un œil un jour ou l’autre à deux séries animées disponible sur NetFlix. Il y a d’abord la série Maniac par Junji Ito (伊藤潤二・マニアック) sous-titrée Anthologie Macabre. Je ne connais pas beaucoup Junji Ito, mais j’ai beaucoup entendu parler de ses manga d’épouvante sur mon fil Twitter car il était invité au dernier festival d’Angoulème pour une exposition rétrospective exceptionnelle. Son manga le plus connu est Tomie qui est un pavé de plus de 700 pages. Comme j’ai un peu de mal à le trouver en librairie à un prix raisonnable, je vais peut-être me tourner vers la version digitale disponible sur le bookstore Apple. L’autre série dont on voit des affichettes sur la devanture du Village Vanguard s’intitule Bocchi the Rock! (ぼっち・ざ・ろっく!). Cette série nous raconte apparemment l’histoire d’un jeune groupe de rock à Shimo Kitazawa. J’ai également vu quelques autres affiches de cet anime à l’intérieur du Tsutaya de Shimo Kitazawa près de la station, et ça m’avait intrigué sans pourtant y regarder plus en avant. Le journaliste musical Patrick Saint-Michel consacrant sa dernière newsletter à cette série relance soudainement cet intérêt légèrement oublié. Il faudra que j’y jette un œil prochainement.

Musicalement parlant, j’écoute toujours beaucoup la musique de Buck-Tick en ce moment. J’avais dans l’idée de parler au fur et à mesure de chaque album que je découvre, comme j’avais commencé à le faire pour Jūsankai ha Gekkō (十三階は月光) et Darker Than Darkness, mais la tâche me semble maintenant des plus ardues car j’ai déjà écouté plusieurs albums, notamment Kurutta Taiyō (狂った太陽) sorti en 1991, TABOO sorti en 1989, No.0 sorti en 2018 puis Atom Miraiha No.9 (アトム未来派N.9) sorti en 2016. Je suis impressionné par l’ambiance et la qualité générale de ces albums. Les compositions et les trouvailles musicales d’Hisashi Imai (今井寿) et le chant hanté de Atsushi Sakurai (櫻井敦司) ne déçoivent jamais. J’ai bien l’intention de découvrir une grande partie de la discographie du groupe mais elle est tellement immense que je ne me sens pas d’attaque pour parler de chaque album individuellement. C’est intéressant de voir la manière dont le style de la musique de Buck-Tick évolue, mais reste tout de même extrêmement sombre. L’électronique se fait plus présente dans les albums à partir des années 2000, mais l’esprit général est résolument rock. Le groupe était la semaine dernière sur la scène de l’émission Music Station, ce qui n’était pas arrivé depuis 28 ans. La dernière fois était en 1995 et le groupe avait interprété deux morceaux Aku no Hana (悪の華) de l’album du même nom sorti en 1990 et Uta (唄) de l’album Six/Nine sorti en 1995. Le chanteur Atsushi Sakurai, tout vêtu de noir comme à son habitude avec le regard sombre et perçant, est quand même un personnage singulier et fascinant. On ne peut pas dire qu’il était complètement à sa place dans l’émission, et c’était même assez amusant à voir, du moins je me suis délecté de leur présence. En fait, Atsushi Sakurai est quand même venu sans le groupe plus récemment en 2019 à Music Station, mais c’était avec Sheena Ringo pour le morceau Kakeochimono (駆け落ち者). Lors de l’émission du 7 Avril 2023, Buck-Tick jouait une version raccourcie de leur dernier single Mugen Loop (無限LOOP) qui est vraiment excellent et que j’ai moi-même écouté en boucle infinie. Ce morceau est assez différent de ce que j’ai pu écouter jusqu’à maintenant sur des albums plus anciens. J’admire la manière dont ils arrivent à se renouveler sans cesse à l’écart des modes du moment tout en conservant leur identité singulière. L’album TABOO datant de 1989 a certes un peu vieilli, teinté d’une ambiance années 80 mais contient des morceaux emblématiques comme ICONOCLASM et Just One More Kiss, qui a été un de leurs premiers succès, au plus fort du Visual Kei avec cheveux dressés sur la tête. Bien que chaque album soit différent, on retrouve toujours cette tension émotionnelle qui me plait tant. C’est même difficile de dire quel album est meilleur qu’un autre, mais il est assez communément admis par la communauté des fans qu’il est préférable de commencer par Darker Than Darkness ou Kurutta Taiyō (狂った太陽). Cette porte d’entrée me paraît en effet raisonnable. Il n’y a malheureusement que très peu de morceaux disponibles officiellement sur la chaîne YouTube du groupe, mais on en trouve trois de cet album Kurutta Taiyō de 1991: Jupiter, Speed (スピード) et M・A・D. Ces morceaux ne donnent bien sûr pas une impression d’ensemble de l’oeuvre de Buck-Tick, mais quelques idées des ambiances auxquelles on peut s’attendre. Je trouve l’excellent morceau BABEL de l’album No.0 de 2018 un peu plus représentatif. Toujours est-il que si on est entre dans le manoir de Buck-Tick et qu’on y reste quelques temps car ce qu’on y entend nous intrigue, il est ensuite difficile d’en sortir car on a envie d’y explorer toutes les salles, toutes les facettes.

J’ai regardé en direct sur YouTube ce samedi 15 Avril 2023 à 20h la première diffusion de la vidéo du single W●RK de Millenium Parade et Sheena Ringo. J’ai déjà dit tout le bien que je pense de ce morceau et du simple fait d’une collaboration entre Daiki Tsuneta et Sheena Ringo. La vidéo ne déçoit pas non plus pour ses parallèles avec la vidéo emblématique de Tsumi to Batsu (罪と罰), morceau très important dans le début de carrière de Sheena Ringo. On y retrouve la Mercedes Benz W114 avec la même plaque d’immatriculation, se faisant découper au sabre par Daiki Tsuneta. Sheena a les cheveux courts blonds et un maquillage autour des yeux qui rappelle également celui de Tsumi to Batsu, sans être aussi poussé. La présence du sabre est également un point commun des deux vidéos et une des scènes où Daiki Tsuneta ouvre ce sabre devant son visage semble être une correspondance directe à la vidéo de Tsumi to Batsu. On apprendra donc que Daiki Tsuneta et Sheena Ringo ont en commun le pouvoir de découper parfaitement en deux des voitures d’un seul coup de sabre. On sait en tout cas que Tsuneta aime les voitures vintage et qu’il en conduit une, comme Sheena Ringo à cette époque. On savait déjà également leur affection mutuelle pour le haut parleur portatif et j’aime beaucoup le fait que Sheena en porte deux et en donne un à Tsuneta, comme un passage de relais. La vidéo est réalisée par Yuichi Kodama, et j’imagine donc que les recommandations de Ringo ont été complètement prises en compte. Le détail très ’ringoesque’ est la durée de la vidéo incluant les crédits faisant exactement 4:17 minutes. C’est désormais bien connu que 417 se réfère à « Shiina » et ce choix n’est pour sûr pas laissé au hasard. Je me suis d’abord demandé si le groupe créatif de Daiki Tsuneta, Perimetron, serait en charge de réaliser la vidéo comme c’est le cas pour les vidéos de King Gnu et Millenium Parade. Le fait de trouver la tour de Tokyo dans cette vidéo est assez typique de Yuichi Kodama, en particulier dans les videos qu’il a réalisé pour Tokyo Jihen et Sheena Ringo. Mais cette tour de Tokyo est bizarrement mélangée avec des images du Mont Fuji et de Kyoto pendant le festival Gozan no Okuribi où le kanji Dai (大) est inscrit en feu sur une montagne. La musique de Millenium Parade fusionne de nombreux sons et styles et c’est peut-être le sens de ce collage visuel.

play with (the) street (and buildings sometimes).

Cette série démarre par Yoyogi-Uehara pour revenir ensuite vers le centre de Shibuya et se terminer le soir dans les rues de Shinjuku à la frontière de Kabukichō. La petite maison de béton de la première photographie se trouve à Nishihara, un quartier proche de la station de Yoyogi-Uehara. Elle s’appelle Nishihara Wall et a été conçue en 2013 par l’atelier d’architecture Sabaoarch. Elle est placée sur un petit terrain de 40m2, pour une surface habitable de 78m2 arrangée sur trois étages, subdivisés avec des niveaux intermédiaires. Elle est étroite, entre 2.6m et 3.5 mètres de large pour environ 12m de long, et entourée de trois routes. Le vis-à-vis est évité par des ouvertures restant étroites lorsqu’elles donnent directement sur la rue, et des ouvertures beaucoup plus large aux étages, fournissant la lumière à l’ensemble. Depuis Yoyogi-Uehara, je rejoins ensuite la station de Yoyogi-Hachiman en empruntant volontairement des petites rues que je ne connais pas, longeant de loin la voie ferrée. Marcher dans les rues d’Okushibu (les quartiers à l’arrière de Shibuya) m’amène ensuite vers Kamiyamachō, puis Udagawachō qui conserve encore maintenant un certain désordre visuel.

À Udagawachō, les stickers s’amoncellent sur les vieilles cabines téléphoniques n’ayant plus grande utilité et les figures inquiétantes d’un groupe de filles appelé Tokyo Psychopath (東京サイコパス) m’intriguent un peu. En regardant par hasard quelques vidéos du groupe, leur musique n’a rien de vraiment transcendant ou d’original. Le morceau I’m a Kuzu Ningen (I’m a クズ人間) me plait en fait assez. Le fait que la vidéo soit tournée en partie à Udagawachō devant la Live house avec leur affiche et dans la cabine téléphonique que j’ai pris en photo est en tout cas une coïncidence intéressante. En revenant vers la longue avenue Meiji entre Shibuya et Ebisu, j’ai le plaisir de voir cette grande affiche montrant les personnages dessinées représentant Sheena Ringo et d’Ado pour le single Missing dont j’ai déjà longuement parlé. Le pont pour piétons sur la photographie suivante va bientôt disparaître, à priori avant la fin de l’année. J’y reviens donc avant qu’il ne disparaisse et en me disant qu’il faudrait que je cherche si quelqu’un a déjà eu l’idée de lister toutes les scènes de drama, vidéo musicales ou publicités qui ont tournées sur cette passerelle de métal. Un marquage écrit en blanc a fait son apparition et j’imagine qu’ils vont se multiplier avant que la passerelle soit démolie. Et pour prendre les deux dernières photographies, j’ai fait le déplacement à vélo jusqu’à Shinjuku, au pied de la nouvelle grande tour Tokyu Kabukicho Tower qui contiendra deux hôtels (Bellustar Tokyo et Hotel Groove Shinjuku), des salles de cinéma (109 Cinemas Premium Shinjuku), un théâtre (Milano-Za) et une salle de concerts (Zepp Shinjuku) sur un total de 47 étages et 4 sous-sols.

Les plus attentifs auront peut-être trouvé la pomme ajoutée sur une des photographies de ce billet. Je fais de temps en temps ce genre de clins d’oeil, mais ils sont apparemment tellement bien cachés que personne ne les trouve. Il fallait bien que je finisse pas donner quelques pistes. J’avais par exemple également laissé 3 pommes cachées dans les photos du billet 渋やああああっぷる (Juin 2019) ou 3 fantômes cachés dans le texte du billet 幽霊たちがやって来たらどうしょう (Mars 2020). J’ai également créé ces trois dernières années une dizaine de billets cachés que l’on peut accéder à partir des billets suivants dans l’ordre du plus récent au plus ancien: δАrэ чoὖ drivэ мy Ϛrαshed cаг (Octobre 2022), wolves crying at the giant moon (Octobre 2022), between the skies (Mai 2022), derrière une forêt d’immeubles (Mars 2022), every cloud is grey with dreams of yesterday (Novembre 2021), 閏年エンディング ~其ノ七~ (Décembre 2020), 閏年エンディング ~其ノ四~ (Décembre 2020), there is a distance in you (Mars 2020), feeling it in my scars (Mars 2020) et crawling in my skin (Mars 2020). Je laisse maintenant aux visiteurs motivés la mission de trouver ces pages cachées, comme dans une chasse aux trésors, et de me laisser un commentaire si la mission a été accomplie.

Les peintures ci-dessus sont de Teppei Takeda, montrées à la galerie Maho Kubota située à proximité de la rue Killer Street. Elle se déroulait jusqu’au 1er Octobre 2022 et j’ai sauté sur mon vélo ce jour là en me rendant compte que c’était le dernier jour d’exposition. L’artiste base ses portraits déstructurés sur des peintures de portraits qu’il a auparavant exécuté. Il déstructure ensuite les visages sur une nouvelle peinture qui correspond à l’oeuvre finale exposée. La puissance et l’impact de ces portraits sont indéniables. Il y a quelque chose d’organique, et même de viscéral, dans ces visages qui ne sont plus reconnaissables. Ces peintures m’impressionnent vraiment, elles m’hypnotisent même. Je connaissais déjà ces portraits mais je n’ai plus le souvenir d’où j’avais bien pu les voir. Maho Kubota Gallery est une petite galerie perdue dans une rue perpendiculaire à Killer Street. On ne la trouve pas par hasard car elle n’est pas visible depuis la rue principale. Le flux de visiteurs était cependant continu. Je pense que ce genre de peintures ne laissent pas indifférent, mais aimer pourrait facilement se transformer en une sorte d’addiction visuelle.

Je me suis rappelé à moi-même d’écouter l’album solo intitulé Ten no Mikaku (てんのみかく) de Yumi Nakashima (中島優美) qu’elle signe sous son surnom Yū (ゆう). Ce n’est pas un album récent car sorti le 25 Février 2004, mais je l’avais depuis quelques temps dans ma liste mentale d’albums à écouter un jour ou l’autre en attendant que ça soit le bon moment. Et c’est maintenant le bon moment. En fait, je connais la musique de Yū depuis longtemps car elle chante et joue de la guitare dans le groupe de rock alternatif GO!GO!7188 dont j’ai déjà parlé sur ce blog pour l’album Tategami (鬣) sorti le 26 Février 2003, soit trois jours après Kalk Samen Kuri no Hana (加爾基 精液 栗ノ花) de Sheena Ringo sur la même maison de disques Toshiba EMI. Je prends KSK comme référence car l’album solo de Yuu, sorti un an après, le 1er Mars 2004, lui ressemble par certains aspects, notamment dans le melange d’instruments traditionnels et de guitares. Par rapport aux morceaux très axés rock de GO!GO!7188, ceux de Ten no Mikaku prennent parfois des ambiances différentes, comme le jazz qui me rappelle également ce que Sheena Ringo pourrait composer. Les comparaisons s‘arrêtent là car la voix, également très marquée de Yū, est très différente de celle de Sheena Ringo. De ce fait, on ne pense pas à une imitation, mais à des artistes évoluant dans des mouvances rock japonisantes assez similaires. Je trouve la voix de Yū assez proche du chant Enka et cette manière de chanter conjuguée à la force des guitares rend un ensemble assez sublime par moment. On n’atteint pas les grandeurs de KSK, mais l’album s’avère tout de même excellent. Un morceau comme le quatrième intitulé Mitsugetsu (蜜月) est particulièrement brillant, avec la voix tout en complainte de Yū et des sons aux ambiances indiennes. Elle utilise également des instruments chinois sur certains morceaux, dont le premier intitulé Lotus (蓮). On entend également du Sanshin, un instrument d’Okinawa, aux détours d’un morceau. Les morceaux les plus rocks ressemblent beaucoup à ceux qu’on pourrait trouver sur un album de GO!GO!7188, mais avec à chaque fois une touche qui me semble plus personnelle. Alors que j’avais découvert l’album Tategami de GO!GO!7188 en 2003 à sa sortie, alors que je tentais de trouver des groupes ou artistes dans le style de Sheena Ringo, j’aurais aimé découvrir l’album de Yū à cette époque. L’écouter maintenant me ramène inconsciemment à cette époque désormais bien lointaine. J’avais récemment redécouvert l’album Tategami de GO!GO!7188 et parlé de Yū pour sa participation à la guitare au groupe eLopers monté par Sheena Ringo, avec AiNA The End au chant, pour une reprise de Gunjō Biyori (群青日和) lors d’une émission de Music Station. Comme quoi les boucles finissent toujours par se reboucler.

wolves crying at the giant moon

Samedi dernier, je voulais profiter de la grande lune installée par l’artiste anglais Luke Jerram près de la gare de Shimo-Kitazawa avant qu’elle ne disparaisse. Mais c’est après être arrivé à pieds à Shimo-Kitazawa en fin de matinée que je me suis rendu compte que la lune n’était montée qu’à partir de 15h. Je suis donc revenu en vélo dans l’après-midi en gardant un œil sur le ciel car le typhon numéro 15 approche très rapidement. La pluie finit par tomber progressivement puis plus intensément par moments ce qui rend difficile un retour à vélo. Je ferais donc le long retour à pieds en tenant le vélo d’une main et le parapluie de l’autre. La difficulté supplémentaire de mon vélo est qu’il a un pédalier de type vélo de piste, c’est-à-dire qu’il est en permanence solidaire de la tour arrière. Quand on tient le vélo d’une main pour le faire rouler à côté de soi, il faut donc s’en écarter suffisamment pour ne pas se prendre des coups de pédales car le pédalier tourne au rythme du mouvement. Mais je ne regrette pas, malgré la pluie, d’avoir fait le déplacement jusqu’à cette lune qui apportait un brin de fantastique dans les rues de Shimo-Kitazawa. L’installation a apparemment été enlevée le Dimanche 25 Septembre. J’en montrais quelques photos supplémentaires sur mon compte Instagram la semaine dernière. J’aime beaucoup marcher jusqu’à Shimo-Kitazawa et notamment traverser le quartier de Yoyogi-Uehara que je connais assez bien sans jamais y avoir habité. J’ai dû en parcourir la plupart des rues. On y trouve par endroits des petits moments d’architecture remarquable. Shimo-Kitazawa reste beaucoup plus désordonné dans sa composition urbaine mais est malheureusement en voie de gentrification. Les alentours de la gare sont notamment en construction depuis plusieurs années et il y a fort à parier que la standardisation urbaine touche petit à petit les rues du centre. Au passage, je suis assez surpris par la longévité d’une grande illustration murale montrant des têtes de loups criant vers le ciel, ou peut-être plutôt vers la lune imaginaire qui est proche. Je vois très régulièrement sur les murs les mots « Tokyo is yours » écris à la va-vite. On sait peu de choses sur le ou les taggers écrivant ces messages dans les rues de Tokyo. Le message sur la photographie ci-dessus est écrit à l’entrée d’un escalier menant vers un sous-sol sombre et il est accompagné d’une petite flèche qui semble nous inviter à y pénétrer. Je me demande quel univers mystérieux se cache à cet endroit.

Je ne suis jamais allé dans les petites salles de concert de Shimo-Kitazawa (autant que je m’en souvienne) et il y en a pourtant plusieurs que je vois souvent mentionnées lorsque je parcours les fils Twitter de certains artistes et groupes indépendants. Tricot s’y était notamment produit en petit comité un peu plus tôt cette année en Avril (j’en parlais dans un billet précédent), avec pour objectif principal de faire un enregistrement en direct visible par les spectateurs à l’étranger, en compensation du retard de leur tournée européenne. Les mois ont passé et Tricot est actuellement en Europe pour de nombreuses dates de concerts. J’aime beaucoup suivre leur périple sur Instagram car Ikkyu et Hiromi montrent beaucoup de photos et de petits films. Après l’Angleterre, Tricot est passé à Paris pour un seul concert au Point Éphèmère et les reportages que j’ai reçu d’un amateur sur place (qui se reconnaîtra) indiquent que le concert était très bon avec un très bon accueil parisien. Je n’ai pu m’empêcher de capturer quelques photos du compte d’Ikkyu et de Tricot pour garder une trace de ce passage français.

Et pendant que Tricot tourne en Europe, Ikkyu Nakajima (中嶋イッキュウ) sort sous le nom de projet SUSU (好芻) un mini-album intitulé Gakkari. il s’agit d’une collaboration avec le musicien Kanji Yamamoto (山本幹宗). Le mini-album a une ambiance musicale très éloignée de la dynamique millimétrée du math-rock de Tricot. L’univers de Gakkari. est innocent et insouciant, dans des ambiances rêveuses. L’approche est très rafraîchissante. Je trouve cette approche comme détachée de la réalité. On y trouve parfois des petits moments musicaux orientaux et cet aspect un peu oriental donne à ce mini-album un côté un peu kitsch sans vraiment l’être. C’est un équilibre bien dosé qui tient par la voix un peu voilée mais parfaitement maîtrisée d’Ikkyu. J’aime en particulier les deux singles, Blue Boat qui démarre le mini-album et Night Market qui le conclut. Cet univers ne s’est révélé pour moi qu’après plusieurs écoutes, mais j’y ai tout de suite trouvé de l’intérêt.

Et pour continuer sur Tricot et partager une discussion que j’ai eu par messages interposés avec Nicolas, on se demandait la signification du surnom Motifour de la guitariste de Tricot. Son vrai nom est Motoko Kida (木田素子) mais se fait appeler Motifour Kida (キダ モティフォ). Une petite recherche sur le Wikipedia japonais m’a donné des bonnes pistes. Elle a apparemment pris son surnom du guitariste d’un groupe japonais appelé mudy on the Sakuban (mudy on the 昨晩). Le guitariste en question se fait appeler Watifour Mori (森 ワティフォ) et ce mot Watifour veut dire « Espoir » en langue africaine Swahili. On peut traduire Espoir en Kibō en japonais (希望). Motifour Kida aurait donc gardé le « Mo » de son vrai prénom Motoko et repris le « tifour » du nom de ce guitariste. A noter qu’un autre guitariste, Satoshi Takeuchi, d’un groupe japonais nommé Onigawara, a également appliqué la même technique en prenant le nom de Satifour Takeuchi. J’imagine qu’un lien se crée ainsi entre une communauté de guitaristes. Je me suis ensuite demandé si les kanji que Motifour Kida écrit sur ses deux mains lors des concerts ne seraient pas tirés de ce mot espoir Kibō 希望. Mais en fait non, ce sont les kanji 甲, qui signifie « dos de la main » et qu’on peut aussi comprendre comme « armure » ou « casque de protection » et 攻 qui veut dire « attaque ». L’utilisation de ces deux kanji en particulier reste bien mystérieuse. Motifour Kida dit simplement qu’il s’agit d’un porte-bonheur. Je ne sais pas si c’est commun pour les musiciens d’écrire de cette manière des kanji ou mots porte-bonheur sur leurs mains avant des représentations, mais le fait d’inscrire un kanji sur la main me rappelle forcément Sheena Ringo à ses débuts en concert (extrait du concert Senkō Ecstasy de 1999 sur la photo de droite). Elle inscrivait par exemple le kanji 主 qu’on peut traduire, je pense, en « Principal » ou « Maitre ». Tout comme Ikkyu, on sait que Motifour Kida appréciait Sheena Ringo ou des groupes comme Number Girl à ses débuts, mais je me demande si ses inscriptions sur les mains sont une influence directe. Il reste encore quelques mystères à élucider.