distorted lights & delicate sounds (ベータフラッシュ)

Je continue à marcher le soir dans les quartiers de Shibuya sans direction ni objectif très précis. Je me laisse mener par les lumières lorsqu’elles se font attirantes. Ce sont ces lumières que j’essaie de capturer du mieux que je le peux lorsqu’elles s’aventurent devant mon appareil photo. Avec un peu de chance, j’arrive à saisir quelques échantillons de ces lumières dansantes avant qu’elles ne s’échappent et s’évaporent dans la chaleur de la nuit. En musique, j’écoute en ce moment l’album To Lie Latent de la compositrice et interprète Smany, que je connaissais déjà pour son album suivant Illuminate sorti en 2020. Elle a sorti quelques singles en 2023 dont j’ai également parlé sur ce blog, mais pas de nouvel album depuis 4 ans. L’album To Lie Latent date de 2019 et se trouve être un regroupement de versions de morceaux sortis en indépendant sur ses trois albums précédents de 2013, 2014 et 2017 qu’on ne trouve d’ailleurs pas sur iTunes. To Lie Latent est donc en quelque sorte le véritable premier album de Smany et il annonce déjà le style teinté de mélancolie qu’on a le plaisir de trouver sur Illuminate et ses singles suivants. Je suis à chaque fois marqué par l’émotion qui se dégage de la musique et du chant de Smany et je me demande bien pourquoi je n’avais pas encore écouté cet album en entier. De cet album, j’ai d’abord écouté le morceau 2113 car l’artiste en a posté un extrait en version live sur un des réseaux sociaux et ce morceau m’a tout de suite beaucoup attiré. 2113 raconte une histoire fantastique où on lui annonce un matin par courier divin apporté par un messager que la terre va disparaître le jour même et qu’elle et son compagnon sont les seuls élus destinés à quitter la planète sur une arche de Noé en direction de la planète Mars (地球は終わりです、火星へもう逃げなさい), mais elle se pose des questions si elle pourra bien passer le reste de sa vie sur Mars avec son compagnon actuel. Cette réflexion qui prend le dessus sur la panique que devrait engendrer l’annonce de ce genre d’événements tragiques est inattendue et rend tout à fait surprenante cette petite histoire fantastique. La voix de Smany raconte cette histoire sur des nappes magnifiquement mystérieuses, et cette mise en scène me rappelle un peu le long morceau Hitotsuan d’Etsuko Yakushimaru (やくしまるえつこ). L’ambiance du morceau est très belle et c’est une constante de cet album. Avec le morceau Maboroshi, celui intitulé A quiet storm is passing by (静かな嵐は過ぎ去って) compte parmi les plus beaux de l’album. L’album démarrait par l’instrumental The Cycles Of Life qui est indiqué comme étant reminiscent de la musique de Sigur Rós et je trouve cette atmosphère un peu mystique présente sur d’autres morceaux comme A quiet storm is passing by. Et on a également le plaisir de retrouver le tabla d’U-Zhaan sur le morceau intitulé ・A・ .

loud lights & subtle sounds (アルファフラッシュ)

L’envie me revient de temps en temps de saisir en photo les lumières nocturnes de la ville. La longue exposition permet de créer une nouvelle vision de la ville où les formes sont étendues, distordues et parfois disproportionnée. Depuis l’écoute de la compilation Tokyo House Underground vol.1, je suis attiré en ce moment par les sons électroniques house qui m’amènent de fil en aiguille vers le courant minimal deep house avec un DJ japonais nommé So Inagawa. Je découvre trois EPs de trois titres sortis sur le label Cabaret qu’il a fondé avec DJ Masda. Étant loin d’être un spécialiste du genre, je ne connaissais pas cet artiste électronique. Ma dernière poussée de fièvre électronique remonte en fait à plus de dix ans lors que je découvrais, après ma phase obsessionnelle Autechre, beaucoup d’autres artistes notamment sur une série nommée Monad contenant une musique minimaliste, sombre et abstraite avec, par exemple, le fabuleux Mutate de Xhin sur Monad III ou le non moins fabuleux Tension de Perc sur Monad V. Je découvrais également à cette période Falling the same way de Sandwell District, qui compte parmi les plus beaux morceaux électroniques que je connaisse. La musique de So Inagawa, apparentée au minimal deep house, est beaucoup plus apaisée et évolue lentement intégrant progressivement des sons très subtils qu’il faut écouter au casque ou écouteurs pour vraiment en saisir les nuances. J’écoute donc trois EPs: Logo Queen contenant également les morceaux Scan Runner et Selfless State (morceau par lequel j’ai d’abord découvert So Inagawa et qui reste mon préféré), puis le EP Sensibilia contenant deux autres titres, Yours Sincerely et Count Your Blessings, puis finalement le EP Airier contenant également les morceaux Petrichor et Heads over the clouds. Ces trois EPs sont sortis consécutivement de 2013 à 2017. Je cite tous ces morceaux à la suite car il n’y en a pas un qui sort vraiment du lot. Ils forment un vaste ensemble qui se construit progressivement avec quelques évolutions stylistiques au fur et à mesure des EPs, sans pourtant créer de rupture. Au dessus du rythme électronique très marqué et répétitif, viennent se poser quelques samples et surtout une mélodie toujours très belle, un peu vaporeuse et apaisante. J’ai l’impression que les chaleurs du moment demandaient ce style musical. Outre ces trois EPs, je suis également subjugué par trois autres morceaux par des artistes européens qui ont la particularité d’inclure des sonorités plus classiques dans leurs trames électroniques. Je commence par le superbe Lost with K de l’italien Christopher Ledger sur son EP Seventh Orphism, qui intègre d’une manière parfaite l’émotion d’une partition de piano. Je continue avec le français Traumer sur un morceau intitulé Classroom sur un EP du même nom. Ce morceau est d’une beauté envoûtante notamment par ces sons de tabla et les chants en langue indienne intervenant en deuxième partie. Finalement, je termine cette petite série musicale électronique par le morceau Anima (Sumau Edit) du roumain Petre Inspirescu qui a l’idée saugrenue de faire intervenir une voix opératique sur son long morceau de huit minutes. Le résultat est fascinant, tout comme la totalité de cette playlist qui joue à chaque fois sur la longueur. L’ambiance musicale en devient hypnotique, comme ces images de lumières sur la ville qui ouvrent parfois des portes vers d’autres mondes.

明るい朝日を見ててよ

Lorsque je cherche un peu d’inspiration pour écrire un nouveau billet, je regarde de temps en temps en arrière pour voir ce que j’écrivais en plein mois d’Août l’année dernière ou les années précédentes. Regarder en arrière me donne rarement une nouvelle inspiration inattendue, mais me fait cette fois-ci réfléchir à mon style photographique. Je n’expérimente plus beaucoup avec les images et je sens que mon style stagne depuis longtemps. Je me tourne parfois vers Instagram ou Threads pour tenter de trouver des nouvelles inspirations. J’ai ceci étant dit un peu délaissé Instagram ces derniers mois et les dernières photos que j’y ai publié datent de début Mai. J’utilise plutôt Instagram pour me donner des idées d’endroits où aller, à travers des comptes parfois très spécialisés, notamment en architecture. Je me méfie toujours un peu d’Instagram ou de Threads car on y trouve beaucoup d’illusions, créées par de l’intelligence artificielle. Pour donner un exemple parmi beaucoup d’autres, j’avais été subjugué par la beauté visuelle et conceptuelle d’une série photo de Caspar Jade prise en noir et blanc dans un paysage de montagnes chinoises, mais j’ai ensuite assez vite compris que ce set d’images avait été entièrement créé par de l’intelligence artificielle. La série de photographies ne l’indique pas mais l’auteur le mentionne en fait clairement dans la biographie de son compte. Savoir qu’il s’agit d’intelligence artificielle disqualifie pour moi ces photographies, car je me sens trompé et même manipulé. En regardant un set comme celui-ci, on imagine les conditions de la prise d’image et l’ambiance magique des lieux que le photographe a dû parcourir pour trouver le bon endroit. On envie le photographe d’être dans un environnement pareil et réussir des photographies artistiquement inspirées. Mais il n’a rien de tout cela en réalité, seulement quelques mots clés bien choisis et agencés et une machine qui fait le travail. Je me pose toujours la question de la finalité de créer ce genre d’images, qui engendrent à chaque fois un sentiment de déception quand on apprend qu’il ne s’agit pas de réalité. Les auteurs ne prennent même plus la peine de mentionner sous leurs images qu’il s’agit d’intelligence artificielle, ce qui génère à chaque fois un doute et des interrogations. En regardant ce set de photos prises à Mexico en 1980 par le compte travelbug, on s’imagine tout de suite que ces photographies ont été retrouvées dans une malle ou un tiroir qu’on n’avait pas ouvert depuis très longtemps, que ces photos ont une vie tout comme les protagonistes qui y sont photographiés. On imagine brièvement l’histoire de ces photos, mais en même temps notre cerveau est gêné car ces images sont visuellement trop belles et parfaites pour être réelles. J’ai l’impression que les auteurs jouent sur le fait que chaque visiteur peut rapidement comprendre par lui ou elle-même qu’il s’agit de photographies irréelles, mais le fait que les auteurs de ce genre d’images jouent sur l’ambiguïté me gène avant tout. Là où ça devient compliqué, c’est quand les images sont délibérément irréelles comme celles d’architecture d’un certain Jean-Jacques Balzac. J’éprouve un véritable dilemme en regardant ces images créées de toute pièce, car on devine bien entendu qu’il s’agit de créations par intelligence artificielle bien que son auteur ne le mentionne pas clairement, mais le monde dystopique qu’il crée, venant très souvent posé des monolithes, des grandes structures faites de béton et de miroirs en plein désert, est vraiment intéressant et évocateur. Où se trouve la qualité d’un artiste? Dans sa capacité intellectuelle à imaginer des choses jamais vues ailleurs, belles ou dérangeantes? Dans sa capacité technique d’artisan à créer des objets merveilleux à partir de matériaux bruts? Ou dans sa capacité à nous faire rêver ou réfléchir peu importe le médium utilisé ? En quoi un artiste numérique passant des heures devant son ordinateur à créer de nouvelles images manuellement à partir d’une multitude de prises de vues réelles et des outils adaptés a t’il plus de mérite qu’un auteur passant des heures devant un ordinateur à triturer un script de mots clés pour affiner des images afin d’obtenir le rendu désiré ? Je n’arrive toujours pas à répondre clairement à cette question, mais ma tendance naturelle est de donner plus de crédit à un artiste qui ne fait pas entrer le hasard de la machine dans son processus créatif. On pourrait facilement rétorquer que les hasards heureux donnent parfois les plus belles œuvres d’art, et que le travail d’un manipulateur d’intelligence artificielle se compose de nombreuses étapes successives qui demandent à son auteur une vision claire et précise du résultat souhaité. Il reste certainement trop de flou autour des méthodes de création par intelligence artificielle pour légitimer le travail de leurs auteurs. Je reste persuadé qu’apprécier une œuvre ne se limite pas qu’au visuel créé mais demande une histoire, un cheminement qui ne s’invente pas en claquant des doigts. Une chose est sûr, l’intelligence artificielle n’est pas actuellement en capacité de surpasser la créativité humaine, et ça reste une très bonne nouvelle.

J’avais pris l’habitude d’aller acheter les albums physiques en CD des artistes ou groupes que j’aime au Tower Records de Shibuya, le soir avant leur sortie officielle. Je n’ai malheureusement pas pu m’y rendre le 9 Juillet 2024 pour l’album d’a子 intitulé GENE, sorti officiellement le 10 Juillet. Je me suis en fait rattrapé quelques jours plus tard pour me procurer la version CD de l’album accompagnée par un disque Blu-ray montrant quelques morceaux enregistrés en version acoustique aux US en marge du festival SXSW d’Austin (Texas), auquel a子 avait participé avec son groupe en Mars 2024. Après trois EPs (Misty Existence, ANTI BLUE et Steal Your Heart) sortis entre 2020 et 2023 de manière indépendante sur Londog, a子 sort finalement son premier album sur le label IRORI Records de la maison de disques majeure Pony Canyon. GENE contient 13 titres dont 8 sont déjà sortis en singles ou sur les EPs précédents. Écouter tous ces singles déjà connus de manière continue à l’intérieur d’un album me fait rendre une nouvelle fois compte de la qualité de composition d’a子 et de son groupe sur la totalité de ses morceaux. Même en connaissant très bien une grande partie des morceaux déjà écoutés maintes fois, je n’éprouve aucune lassitude à l’écoute de l’ensemble. Je redécouvre en fait ces morceaux sous un jour nouveau, en me rappelant avec plaisir les incursions de violon de Neko Saito (斎藤ネコ) sur certains morceaux comme samurai et Ai ha Itsumo (愛はいつも). Je pense que la qualité pop de l’ensemble des morceaux sans renier l’approche indé initiale est une des forces de la musique d’a子. Une autre de ses grandes forces est bien entendu sa voix, qui est parfois murmurée et parfois forte, mais en tout cas particulière, unique et immédiatement reconnaissable. La sortie de l’album était accompagnée par le single good morning, assez classique de son style et en même temps très accrocheur. Parmi les nouveaux morceaux, Borderline (ボーダーライン) concluant l’album a aussi droit à une vidéo, tout comme good morning utilisant des images de leur passage aux US. Le morceau Borderline est en fait assez différent de ce qu’on a l’habitude d’entendre, car la voix d’a子 joue sur un registre inhabituel que je ne reconnais pas sur d’autres morceaux, au point où je me suis d’abord demandé si c’était bien elle qui chantait au début du morceau. L’approche de Borderline est plus axée rock, tout comme le morceau miss u qui est également une excellente surprise. On imagine assez bien l’influence américaine de son séjour à Austin sur le morceau miss u en particulier, les guitares y étant par moments plus lourdes et distordantes. Cette direction un peu différente sur ces deux morceaux, mais tout de même très tournés vers le pop rock, est assez fraîche dans sa discographie. Le nouveau morceau Beige to Momoiro (ベージュと桃色) qui suit ensuite a une approche plus électro-pop et je dirais que c’est un morceau “100”% a子” fonctionnant excellemment bien. En incluant le quatrième nouveau morceau intitulé Tsumaran (つまらん) qui est également très bon, on se dit que l’ensemble de l’album est une collection de singles qui s’accordent très bien ensemble, alternant entre un penchant plus rock alternatif et un autre plus électro, mais avec toujours cette tendance pop qui ne laisse pas indifférent dès la première écoute. Acheter l’album au Tower Records de Shibuya était l’occasion de prendre au passage le numéro du magazine gratuit Bounce montrant justement a子 en couverture. Elle est une nouvelle fois affichée dans les rues de Shibuya et je n’ai pu m’empêcher de faire mon Otaku en prenant en photo cet affichage de rue géant. Les photographies prises pour l’album par la photographe Alien Wang sont vraiment très réussies. Un booklet supplémentaire était donné si on réservait l’album avant sa sortie. Je m’en suis malheureusement rendu compte trop tard, ce qui est bien dommage car il a été conçu par l’artiste haru.(HUG) qui a également créé le design du dernier album 12 hugs (like butterflies) d’Hitsuji Bungaku (羊文学) et dont j’avais été voir l’exposition Secret Garden (ひみつの庭) au mois de Juin. On dirait bien qu’un petit lien discret est tiré entre les univers d’Hitsuji Bungaku et d’a子, pour ma plus grande satisfaction.

トウキョウサマーハウスヴァイブス

A travers la grandiose et impressionnante cérémonie d’ouverture des Jeux Olympiques de Paris 2024, j’ai appris que les Minions étaient une création franco-américaine. Il y en a justement un énorme dans le centre de Shibuya, en face du magasin Tower Record. Je rentre pour la première fois à l’intérieur de l’immeuble Tsutaya renouvelé récemment, au croisement de Shibuya. Je n’y trouve que peu de choses intéressantes, car les espaces à chaque étage ont été transformés en cafés lounges dont l’entrée est payante à l’heure. En circulant dans les étages, on trouve quelques figurines de manga et Makima (マキマ) de Chainsaw Man attire forcément mon regard. Notre attention se porte en ce moment sur les Jeux Olympiques, même si je manque la plupart des épreuves vues les horaires tardives. J’ai à peine pu profiter des retransmissions en direct sur Amazon Prime du festival Fuji Rock qui se déroulait du 26 au 28 Juillet 2024. J’ai eu tout de même le plaisir de voir la prestation de The Killers et une petite partie seulement de RIDE et de Kim Gordon. Amazon Prime ne retransmettait qu’une partie du festival sur trois canaux et il n’y avait malheureusement pas de rediffusions comme ça pouvait être le cas pour Coachella. Les chaleurs estivales excessives ont fini par attaquer ma motivation à écrire alors je me contente du minimum. J’ai assez peu de nouvelles photographies à montrer, mais par contre un peu trop de musiques à évoquer.

En faisant quelques recherches sur certains des artistes et groupes présents sur l’album Tokyo Babylon Image Soundtrack vol.1 que je mentionnais dans mon billet précédent, je découvre que deux formations présentes sur cette compilation, Subsonic Factor et More Deep, ont également leurs deux mêmes morceaux présents sur une autre compilation intitulée Tokyo House Underground vol.1 sortie le 21 Novembre 1991, soit un peu moins d’une année avant Tokyo Babylon Image Soundtrack vol.1 sorti le 22 Juillet 1992. Les versions de leurs morceaux, 2・B-In Love et Nobody respectivement, sur Tokyo House Underground vol.1 sont en fait différentes de celles que je connaissais de Tokyo Babylon Image Soundtrack vol.1. Ces versions sont certainement un peu plus anciennes car la production y est beaucoup plus brute. Les versions sur Tokyo Babylon Image Soundtrack vol.1 sont en comparaison plus travaillées et affinées. Tokyo House Underground vol.1 comprend un total de dix morceaux et les autres artistes me sont tous inconnus. J’adore ce son très teinté de la fin des années 80, notamment le côté un peu brut et poussif des synthétiseurs. Je me trompe très certainement, mais sur le deuxième morceau de la compilation intitulé Headed For Tokyo par M.M. Apollo Faith, je crois reconnaître certains sons de synthétiseurs comme le MS-20, qui était mon préféré dans sa version iPad lorsque je créais des morceaux électroniques. Le troisième morceau Tektric de Takashitektronix démarre par des sons qui pourrait être sorti d’un jeu vidéo, et je pense en particulier à des jeux de combats urbains comme Final Fight de Capcom. Mais le morceau passe à un niveau supérieur quand des samples de voix quasiment opératiques viennent se poser sur les synthétiseurs. Le morceau suivant Phylocalia de PC-8 compte également parmi ceux que je préfère, notamment par la voix ressemblant étrangement à celle de Björk, démarrant et venant ponctuer le morceau. La plupart des morceaux, comme celui-ci, incorpore des éléments de hip-hop et d’autres beaucoup plus vaporeux. Il y a une densité dans ces compositions très volatiles qui me plaît beaucoup. On y trouve également une certaine étrangeté, sur des morceaux comme Peanut Cream de 3P, des rythmes acharnés comme sur Get Up Stand Up par CMJK + Super Akira MC. J’y trouve dans tous les cas une fraîcheur qui fait beaucoup de bien. Je ne pourrais pas dire par contre si cette compilation éditée par Sony est représentative de la House japonaise de la fin des années 80 et du début des années 90, car tous ces noms sont extrêmement obscurs pour moi.

この世に偶然なんてない、あるのは必然だけ

Le collectif de mangaka CLAMP (クランプ) évoque pour moi mes années d’adolescence en France pendant lesquelles je lisais régulièrement les mangas sortis à l’époque en traduction française aux éditions Tonkam, entre autres. Je n’ai pas tous les volumes, mais je me souviens très bien avoir été impressionné par les premiers mangas de CLAMP distribués en France, à savoir RG Veda et Tokyo Babylon. En plus des mangas, je m’étais également procuré des superbes art books de ces deux séries, qui comptent parmi les quelques petits trésors que je possède. Il y a celui intitulé Hiten Muma (非天夢魔) sorti en Juin 1991 lié à la série d’heroic fantasy RG Veda et Tokyo Babylon Photographs sorti en Avril 1996 lié comme son nom l’indique à la série Tokyo Babylon.

CLAMP est un collectif féminin se composant de quatre mangaka, à savoir Nanase Ōkawa (大川七瀬), scénariste et représentante du groupe, Mokona Apapa (あぱぱもこな), dessinatrice principale sur la plupart des séries, Tsubaki Nekoi (猫井椿), autre dessinatrice du groupe et Satsuki Igarashi (いがらし寒月), en charge des trames et du design des livres reliés. Les illustrations de Mokona sont absolument fascinantes, dans leurs détails et la délicate beauté des silhouettes fines et élancées des protagonistes qu’ils soient masculins ou féminins. Il faut rappeler que les mangas de CLAMP, comme RG Veda ou Tokyo Babylon, sont des shōjo manga, c’est à dire des mangas pour les filles, ce qui se remarque notamment dans l’aspect androgyne des personnages masculins. Cette distinction de genre n’a de toute façon que peu d’importance pour moi, tant que la qualité est au rendez-vous. Je n’ai pas vraiment suivi ensuite les nouvelles productions de CLAMP mais les séries que je connais m’ont laissé un souvenir indélébile. L’annonce d’une grande exposition de CLAMP au National Art Center Tokyo (NACT) m’a tout de suite donné envie de replonger de l’ambiance si distinctive de CLAMP. L’exposition a lieu du Samedi 3 Juillet jusqu’au Lundi 23 Septembre 2024, et l’envie irrésistible m’a pris d’essayer d’y aller dès le premier jour. Je me doutais bien qu’il y aurait foule le premier Samedi. J’y suis quand même allé mais un peu tard, vers 15h, et les places pour la journée étaient bien entendu déjà toutes vendues. J’ai donc fait un premier déplacement pour rien et comme pour me punir de ce manque de préparation évident, un très fort orage inattendu m’attendait sur le chemin du retour.

Je n’ai pas résisté à l’envie d’y retourner le lendemain en arrivant une dizaine de minutes avant l’heure d’ouverture à 10h. Je n’ai rencontré aucun problème pour acheter un billet, mais la longue file d’attente zigzaguant à l’intérieur du grand espace ouvert du hall du musée était particulièrement impressionnante. Il aura fallu environ une heure et demi d’attente avant de pouvoir pénétrer dans les salles de l’exposition. Cette attente me laisse assez de temps pour écrire le texte d’un billet de blog sur mon iPhone et observer la foule qui comprend à priori beaucoup d’Otaku qui doivent connaître par cœur les œuvres de CLAMP. Les tenues vestimentaires réfléchies de certaines et certains me laissent penser cela, mais les plus hardcores des Otaku sont peut-être tout simplement des gens comme moi. Les entrées dans les salles d’exposition étaient bien entendu régulées. C’est un mal pour un bien car on ne se marchait pas sur les pieds, bien qu’il y avait quand même un peu trop de monde pour apprécier de manière optimale les œuvres graphiques de CLAMP. L’exposition était très étendue, composée de plusieurs grandes salles déclinant cinq thèmes principaux reprenant les lettres du nom du collectif, à savoir « C » pour COLOR, « L » pour LOVE, « A » pour ADVENTURE, « M » pour MAGIC et finalement »P » pour PHRASE. La première section était ma préférée car elle couvrait RG VEDA et Tokyo Babylon, entre autres, avec des séries d’illustrations en couleur que je connaissais déjà pour la plupart, pour les avoir admiré de très nombreuses fois dans mes deux art books de CLAMP. Revoir ces illustrations en grand format permet d’apprécier tout la finesse du trait et le génie graphique de Mokona Apapa. Je les ai admiré avec une émotion certaine. On ne peut pas prendre de photos dans la section couleur de l’exposition qui se limite en fait à cette première salle. Les autres salles couvrent les nombreuses autres séries du collectif, dont certaines m’étaient complètement inconnues.

Revoir le look 80s très coloré de Tokyo Babylon m’a rappelé l’album Tokyo Babylon Image Soundtrack 2 (東京バビロンサウンドトラック2) sorti en 1994 que j’avais acheté quelques années après, dans un petit magasin de jeux vidéo de Nantes qui vendait des jeux en import japonais et qui avait étendu son offre aux manga et autres produits dérivés. J’avais acheté ce CD sans connaître les artistes qui y chantaient et j’avais été plutôt déstabilisé car mon champ musical à l’époque se limitait aux rock alternatif américain et au naissant Trip-Hop anglais. Il m’a fallu beaucoup de temps pour apprécier cet album, même si quelques morceaux se sont tout de suite imposés pour moi comme des classiques dont j’ai déjà plusieurs fois parlé sur ce blog: MOON de REBECCA, Blue Desert de Zelda et Solid Gold de Masahiro Takashima (髙嶋政宏). On y trouve des morceaux de groupes ou d’artistes très connus au Japon, que je connaissais pas à cette époque comme Chara et The Boom, mais je me souviens avoir eu beaucoup de mal à les apprécier. Cet album que j’ai dû écouter en 1996, au moment de la sortie du manga Tokyo Babylon chez Tonkam en France, m’a pourtant beaucoup marqué, très certainement car c’était en fait ma première découverte de la musique pop japonaise. Je réécoute cet album régulièrement avec le souvenir de cette époque là en tête. Après l’exposition, j’ai eu envie de me plonger dans le premier épisode de la bande originale de cette série, à savoir l’album Tokyo Babylon Image Soundtrack 1 (東京バビロンサウンドトラック1) sorti en 1992. Comme sur le deuxième épisode, le son est très marqué par la fin des années 80. On y retrouve REBECCA, Chara et un certain nombre de morceaux de groupes qui me sont absolument inconnus mélangeant musique électronique techno et rap (Subsonic Factor, More Deep). L’instrumentalisation est forcément assez datée (genre KLF sur le morceau 2 B in Love de Subsonic Factor), mais très imaginative et écouter cet album m’enthousiasme complètement. Ryuichi Sakamoto y apporte également un court morceau instrumental très atmosphérique au piano. Il y a quelques morceaux qui me plaisent énormément comme Sayonara, So Long de D-Project Nobody (Nobody beats me in the Night Club) de More Deep et Visions of Boys de Hideaki Matsuoka (松岡 英明) qui signera également plusieurs morceaux sur l’album Soundtrack 2. Je suis de toute façon dans une petite période estivale tournée vers les années 80, car je réécoute aussi beaucoup en ce moment Rhythm Nation 1814 de Janet Jackson.

Pour revenir à l’exposition de CLAMP au NACT, j’y découvre en images de nombreuses séries que je ne connaissais pas. Je n’ai jamais lu X mais ce manga fait partie des séries les plus emblématiques du collectif. Je découvre une série intitulée xxxHOLIC (ホリック), publiée au Japon au début des années 2000, qui m’intéresse tout de suite beaucoup visuellement. Ce manga suit le lycéen Kimihiro Watanuki (四月一日君尋) qui a l’étrange capacité de voir les esprits, qu’il semble attiré mais qui le harcèlent et dont il voudrait se débarrasser. L’histoire démarre alors qu’il est attiré dans l’étrange boutique de la sorcière Yūko Ichihara (壱原侑子), qui serait en mesure de le libérer de cet encombrant don. Elle est en mesure d’exaucer les vœux des gens qui viennent dans sa boutique mais à un prix proportionnel à ce qui est demandé. En échange de cette libération des esprits, Watanuki sera amené à aider la mystérieuse sorcière en travaillant dans sa boutique avec ses deux oisives assistantes Maru et Moro (マルダシ & モロダシ). On imagine les nombreuses histoires de chasse aux esprits qui découlent de cette nouvelle collaboration entre Watanuki (qui peut se transcrire en 1er Avril en kanji) et la sorcière Yūko. Le xxx du titre xxxHOLIC fait en fait référence aux nombreux mots en « holic » (alcoholic, workaholic…) faisant référence aux maux de ce monde, et des clients qui viennent cette boutique. L’exposition montre de très nombreuses planches de travail du manga en noir et blanc, et le style très travaillé et mystérieux du personnage de Yūko Ichihara, notamment sa chevelure, me plait tout de suite beaucoup. Cette série assez occulte évoque beaucoup les notions de destin, que rien n’est coïncidence et que tout est en fait inévitable. Cette notion d’inévitable « Hitsuzen » (必然) revient souvent dans l’histoire. Ce sujet de coïncidence et de conditionnement est un sujet qui m’intéresse beaucoup depuis longtemps et dont on parlait justement (coïncidence?) récemment dans les commentaires de mon billet sur le concert de DAOKO au sujet de sa robe dans l’émission télévisée With Music avec Sheena Ringo.

En faisant une recherche sur CLAMP sur Netflix après être revenu de l’exposition, je découvre qu’un film a en fait été réalisé sur l’univers de xxxHOLIC par la la réalisatrice Mika Ninagawa (蜷川実花), dont j’ai parlé plusieurs fois ici, notamment pour son film Sakuran dont les musiques sont composées par Sheena Ringo. J’aime beaucoup cette artiste, photographe et réalisatrice, mais il faut croire que je suis loin de connaître toute sa filmographie qui n’est pourtant pas très étendue. Le film xxxHOLIC sorti en 2022 est en fait le plus récent de ses six réalisations, en comptant la série FOLLOWERS (フォロワーズ) avec Miki Nakatani (中谷美紀) et Elaiza Ikeda (池田エライザ), dont je parlais justement il y a peu. Mika Ninagawa adapte ses conceptions florales aux couleurs saturées à l’univers de xxxHOLIC et c’est visuellement superbe. Le film démarre au début du manga avec la première rencontre de Watanuki avec Yūko Ichihara puis retrace quelques histoires d’exorcisme d’esprits magnifiquement représentés par des vagues mouvantes et enveloppantes appelées Ayakashi (アヤカシ), ressemblant à des pluies noires s’inscrivant sur les visages comme des kanji ou des essaims d’abeilles noires tournoyant autour des personnes. Kō Shibasaki (柴咲コウ) joue le rôle de Yūko Ichihara, ce qui lui va vraiment très bien dans les robes superbes proches des kimonos des Oiran de Sakuran. Elle est accompagnée par l’acteur Ryūnosuke Kamiki (神木隆之介) qui joue le rôle de Kimihiro Watanuki. Riho Yoshioka (吉岡里帆) joue tout en démesure le rôle de l’être maléfique Jōrogumo assistée dans ses méfaits par le charismatique Akagumo interprété par Hayato Isomura (磯村勇斗). Parmi les autres acteurs, on trouve l’amour secret de Watanuki, Himawari Kunogi, interprétée par l’actrice et modèle Tina Tamashiro (玉城ティナ), que je connaissais pour son interprétation au chant sur le morceau Radio de Towa Tei avec Yukihiro Takahashi (高橋幸宏). Hokuto Matsumura (松村北斗) du groupe SixTones joue Shizuka Dōmeki, qui est également camarade de classe de Watanuki et vit dans un temple. Alors qu’une grande partie de l’histoire semble se passer à Tokyo, notamment à Shibuya, le temple de Shizuka Dōmeki utilise le nom et les lieux de Ryūkōji (龍口寺) près d’Enoshima. J’étais assez surpris de voir ce lieu filmé dans xxxHOLIC car il s’agit d’un temple qu’on a souvent visité et que j’ai pris plusieurs fois en photo. L’autre grande surprise du film est de voir DAOKO y jouer. Elle interprète l’assistante Maru de la sorcière Yūko Ichihara, avec l’actrice et modèle Serena Motola (モトーラ世理奈) qui joue Moro. On la voit sur la photo ci-dessus à droite avec des longs cheveux de couleur bleu clair en tresse à pompon. Elle joue un rôle secondaire mais est tout de même très présente dans le film. Là encore, s’agit il d’une coïncidence ou d’un conditionnement, mais je suis en tout cas bluffé de retrouver, de manière tout à fait imprévue dans un film, DAOKO dont je parle régulièrement ces derniers temps. Cela me semble faire écho au thème principal du manga et film sur l’inévitabilité des choses. Il n’y a pas de coïncidences dans ce monde, seulement des inévitabilités (この世に偶然なんてない、あるのは必然だけ), comme l’annonce Yūko Ichihara. Ce qui est également intéressant est qu’un esprit en forme de papillon noir relie plusieurs scènes du film. Le papillon noir est également le symbole utilisé par DAOKO pour son agence Tefu Tefu (てふてふ). Les musiques du film sont remarquables, et ce dès les premières scènes du film. Elles accompagnent très bien la beauté esthétique à la fois sombre et colorée du film. En regardant le film sur Netflix, j’ai tout d’un coup eu le pressentiment que ces musiques étaient composées par Keiichirō Shibuya (渋谷慶一郎). Cette intuition qui m’est venu tout d’un coup est particulièrement étrange car je ne connais pas sa musique, bien que son nom m’est familier depuis longtemps pour l’avoir vu évoqué sur mon fil Twitter ou ailleurs sur Internet. Après vérification, Keiichirō Shibuya a bien composé les musiques de xxxHOLIC, ce qui m’a bluffé une deuxième fois. Quelle sorte de conditionnement m’a amené à penser que Keiichirō Shibuya était le compositeur des musiques de ce film?

Après quelques recherches sur YouTube, je me rends compte que Keiichirō Shibuya a composé la musique du très beau film publicitaire Kaguya pour Gucci (avec Hikari Mitsushima, Aoi Yamada et Eita Nagayama) que j’ai déjà évoqué plusieurs fois sur Made in Tokyo. Je découvre aussi sur son canal YouTube, un très beau concert expérimental intitulé Music of the Beginning joué à l’intérieur de la fabuleuse architecture ouverte du KAIT Plaza conçu par Junya Ishigami dans l’enceinte de l’université Kanagawa Institute of Technology. J’avais visité le KAIT Plaza en Décembre 2022, et cette architecture singulière compte parmi celles qui m’ont laissé une grande impression. Cet espace a déjà été utilisé par d’autres artistes dont BiSH et Hikari Mitsushima & Daichi Miura (満島ひかり & 三浦大知). Je ne suis donc pas surpris de le voir utilisé par Keiichiro Shibuya, sauf qu’ici l’association entre cet espace expérimental et la musique imaginée par Keiichirō Shibuya est remarquable. Ce concert a été enregistré le 26 Décembre 2021 et était apparemment limité à un public très restreint éparpillé sur la place couverte du KAIT. Il se compose de 8 morceaux dont certains sont des reprises et d’autres des compositions originales de Keiichirō Shibuya. Il y joue du piano et est accompagné par la chanteuse soprano Ayako Tanaka (田中彩子), basée à Vienne, et l’artiste du son Evala. Evala conçoit les nappes électroniques enveloppant la voix très puissante, et sublime il faut bien le dire, d’Ayako Tanaka et les mélodies parfois déstructurées de Shibuya. Evala sample en fait en temps réel la voix d’Ayako Tanaka et réintrodis ce sample dans le morceau en cours d’interprétation. Cet effet d’écho est assez saisissant. Parmi les reprises, le concert démarre par Overgrown de James Blake dont j’avais découvert l’album à la même période que ce concert, en Décembre 2021, à travers une recommandation que je mentionnais dans un billet. Le morceau original de James Blake est en fait tellement changé par la voix d’opéra d’Ayako Tanaka et par les manipulations sonores de Keiichirō Shibuya et d’Evala, qu’il est difficilement reconnaissable. Dans la setlist, on trouve également le morceau Chasing Pavements d’Adele présent sur son album 19 que l’on a beaucoup écouté en voiture il y a plus de 15 ans. Certaines compostions comme The Secret Police (tiré de l’opéra Le Grand Macabre) du compositeur autrichien György Ligeti sont beaucoup plus obscures et difficiles d’accès, d’autres plus évidentes comme le Clair de lune de Claude Debussy concluant le set. L’ensemble est très beau et le voir en vidéo apporte beaucoup à l’atmosphère particulière qui s’en dégage. Les tenues aux apparence futuristes d’Ayako Tanaka et des musiciens s’ajoutant au froid hivernal apparent des lieux et cette couleur bleutée contribuent à cette ambiance conceptuellement magnifique.

L’exposition de CLAMP me fait dériver vers de multiples choses. Elle se conclut sur une boutique dans laquelle il est seulement autorisé de rester 30 minutes. On y vend beaucoup de choses très certainement à la fois inutiles et indispensables. Je choisis trois cartes postales des univers qui m’ont le plus marqué. De gauche à droite, RG Veda, Tokyo Babylon et xxxHOLIC. Je trouve le graphisme influencé par l’art déco sur l’illustration de xxxHOLIC particulièrement réussi. Les deux illustrations de RG Veda et Tokyo Babylon me sont déjà connus car elles sont toutes les deux présentes dans les deux art books que je montre ci-dessus. Je me procure également un classeur de taille A4 reprenant le graphisme du flyer de l’exposition. Ce genre de classeur plastifié me permet de conserver les flyers de chacune des expositions que je vais voir, et ce depuis 2003. J’en suis maintenant au troisième classeur et il m’arrive parfois de garder des flyers de quelques expositions que j’ai malheureusement manqué. Le flyer aux illustrations débordant de l’alphabet du nom du collectif CLAMP a été conçu spécialement pour cette exposition. Je le trouve très réussi car il montre toute la richesse de l’univers de CLAMP, qu’il me faudra moi-même découvrir un peu plus.