Après la visite du Pavillon d’Or, nous partons vers le temple Ryōan-ji (竜安寺) qui se trouve à une vingtaine de minutes à pieds. Je l’avais déjà visité il y a 25 ans avec mes parents et ma sœur lors de leur première visite au Japon. Le temple zen a été fondé en 1450 par Katsumoto Hosokawa (細川勝元), qui était haut fonctionnaire politique du Japon féodal de l’époque de Muromachi. L’élément le plus remarquable du temple est son jardin de 15 rochers placés sur une surface plane d’environ 200m2 entourée de murets, sauf pour la partie visible depuis l’intérieur du temple. Autour des rochers représentant des montagnes, un tapis de graviers finement et harmonieusement ratissés donne l’image d’un océan dont les vagues viennent percuter les rochers. Une des particularités du jardin est qu’on ne peut voir en même temps la totalité des 15 rochers. Une des arêtes de la surface rectangulaire du jardin est ouverte sur le temple et permet aux visiteurs de s’asseoir pour observer immobile les mouvements des vagues de graviers d’argile blanche kaolin. Les visiteurs sont nombreux mais on peut tout de même visiter le temple et son jardin sans gêne et s’asseoir sur les marches de bois au bord du jardin de pierres sans attendre. On a par contre un peu de mal à trouver la sérénité nécessaire pour apprécier pleinement l’harmonie zen qui se dégage du jardin. Il faudrait se trouver seul, ou avec un nombre limité d’autres personnes, pour pouvoir prendre son temps et vraiment s’abandonner dans ces montagnes et cet océan. La visite du grand camphrier du sanctuaire Tōshōgū à Ueno m’avait par exemple donné des conditions plus adaptées. A l’intérieur du temple Ryōan-ji, on pouvait admirer une très belle série de plusieurs peintures Fusuma-e de dragons dans les nuages peintes sur des portes coulissantes. Ces longues fresques sont récentes et ont été peintes par Morihiro Hosokawa (細川護煕), ancien premier ministre du gouvernement japonais, reconverti dans les arts après sa retraite. Il a actuellement 86 ans. Il est en fait descendant du clan Hosokawa à l’origine de la fondation du temple et a fait donation de ces grandes peintures Fusuma-e visibles au public depuis Octobre 2023. Elles valent franchement le détour. Après un tour de l’étang dans les jardins du temple, nous reprenons le bus pour retourner à notre hôtel. En chemin, je remarque un musée aux formes blanches originales. Il s’agit du Kyoto Prefectural Insho-Domoto Museum of Fine Arts, ouvert en 1966 et consacré au peintre japonais Insho Domoto qui était actif pendant les périodes Taisho et Showa. Le musée lui-même a été conçu par le peintre. Nous arrivons dans le centre de Kyoto à midi. Il nous faut maintenant reprendre la voiture pour se mettre en route sur le chemin du retour. Mais nous nous arrêterons quand même à Uji pour une dernière visite.
写真という言葉をなくせ!
Lorsque la météo est exécrable, j’ai parfois l’envie et le besoin même de déconstruire mes propres photographies. Je suis très certainement influencé par l’exposition que je vais voir dans un musée du quartier de Kitanomaru dans l’arrondissement de Chiyoda.
L’expression « Rendez-nous le ciel bleu! » (青い空をかえせ!) que j’utilise comme titre de ma série printanière dans les préfectures de Fukui et de Kyoto n’est pas de moi mais du photographe Takuma Nakahara (中平卓馬) dont j’ai été voir l’exposition rétrospective Burn Overflow au National Museum of Modern Art Tokyo (東京国立近代美術館) qui se déroulait du 6 Février au 7 Avril 2024. Le titre de ce billet « Débarrassons-nous du mot Photographie! » (写真という言葉をなくせ! ) est également une expression utilisée par le photographe, qui était reconnu pour son approche radicale de la photographie. Après des études en langues étrangères, Takuma Nakahara (1938-2015) commença sa carrière en tant que rédacteur d’une revue d’art, mais décidera assez rapidement à devenir photographe. Il était proche des photographes Shōmei Tomatsu et Daidō Moriyama et du poète et cinéaste d’avant-garde Shūji Terayama (que j’ai déjà brièvement évoqué ici). Il participa avec Yutaka Takanashi, Takahiko Okada et Kōji Taki au mythique magazine Provoke au tout début des années 1970. On le connaît pour son style photographique granuleux, flou et sans mise au point (アレ・ブレ・ボケ) qu’il partage avec Daidō Moriyama, déconstruisant l’approche traditionnelle et conventionnelle de la photographie de l’époque. For a Language to Come (来たるべき言葉のために) publié en Novembre 1970 est son premier livre photographique et une déclaration de ses conceptions photographiques, qu’il remettra d’ailleurs lui-même en compte plus tard. Takuma Nakahara a une personnalité complexe et passera par différentes étapes parfois diamétralement opposées dans son approche photographique. La rétrospective nous montre ces différentes étapes avec notamment ses photographies couleurs. Ma préférence se tourne tout de même vers la radicalité de ses photographies en noir et blanc. Le livre For a Language to Come a été réédité en 2010 et je me souviens avoir beaucoup tourné autour et l’avoir feuilleté de nombreuses fois à la librairie Aoyama Book Center de Roppongi où il était disponible. De Takuma Nakahara et Daidō Moriyama, je garde toujours en tête cette idée de sortir des formats conventionnels photographiques, que j’aimerais pouvoir appliquer plus souvent et à laquelle je m’essaie tout de même de temps en temps à mon moindre niveau d’amateur. J’aime cette idée de casser ses propres codes mais cela reste très difficile à développer et à appliquer.
青い空をかえせ!④
Le réveil se fera tôt à Kyoto pour la troisième et déjà dernière journée de notre petit séjour. On a un programme bien chargé pour cette journée, car outre les visites prévues à Kyoto, il nous faudra ensuite reprendre les six heures de route pour notre retour à Tokyo. Notre programme est bien rempli car on voulait en quelque sorte se rattraper en cette belle journée ensoleillée des deux premiers jours pluvieux. Nous voulions d’abord revoir les grands classiques. Enfin, Zoa voulait revoir le Pavillon d’Or (金閣寺) et nous irons le revoir que tous les deux en prenant le métro puis le bus depuis Shijō Kawaramachi où se trouve notre hôtel. Je n’avais moi-même pas revu le Pavillon d’Or depuis 25 ans. Nous arrivons vers 9h15 du matin soit une quinzaine de minutes après l’ouverture. Je m’attendais à une foule ingérable mais ça restait tout à fait acceptable. On avait bien choisi notre journée car les feuilles d’or sont éclatantes devant le ciel bleu et les quelques nuages. Dès qu’on a vu le Pavillon d’Or, on a du mal en détacher notre regard et j’ai envie de le prendre en photo sous tous les angles. On nous clame souvent d’aller découvrir le Japon en dehors des sentiers battus, mais ces sentiers sont en général battus pour de très bonnes raisons. En observant avec insistance ce pavillon, je me remémore la lecture du roman de Yukio Mishima basé sur l’incendie du Pavillon d’Or par un jeune moine bouddhiste le 2 Juillet 1950. Le pavillon actuel reconstruit à l’identique que nous avons devant les yeux date de 1955, ce qui ne l’empêche pas d’être inscrit au patrimoine mondial de l’UNESCO depuis 1994 parmi les monuments historiques de l’ancienne Kyoto. Le parc entourant l’étang sur lequel se trouve le pavillon est également superbe, bien qu’on en ait assez vite fait le tour. On ne peut bien sûr pas entrer à l’intérieur du pavillon. Comme je viens de terminer récemment mon deuxième carnet de sceaux Goshuin, j’achète mon troisième carnet ici. Celui avec une représentation d’oiseau phœnix (鳳凰) me convient très bien. On trouve ce phœnix fièrement placé sur la toiture du pavillon d’or et il sera un des thèmes involontaires de notre visite de Kyoto. Notre visite prendra un peu moins d’une heure et il nous reste donc encore un peu de temps pour aller visiter le temple Ryōan-ji (竜安寺) situé à une vingtaine de minutes à pieds.
laisser le béton
« Dis moi, tu connais Blockbusters? »
« Non, c’est quoi au juste? »
« C’est une émission de radio sur France Inter. Regardes, je te montre sur mon iPhone, il y a une appli qui permet d’y accéder facilement. Ça parle de culture pop des années 80 et 90. »
« Ah ouais, génial mais c’est en français, j’y comprends rien, laisses béton ».
J’écoute en ce moment assidûment le podcast Blockbusters de France Inter animé par Frédéric Sigrist, consacré à la culture pop de divers horizons. Cette émission me parle beaucoup car l’animateur a le même âge que moi et les thèmes qu’il sélectionne sont par conséquent très proches de ma propre culture pop. J’ai commencé à enchaîner les épisodes quand je me suis rendu compte en fouillant dans les archives qu’on y parlait du film Les Goonies (1985) réalisé par Richard Donner d’après une histoire écrite par Steven Spielberg. En écoutant cette émission, je me suis remémoré la première fois où j’ai vu le film, et ce souvenir reste encore très clair dans a mémoire. C’était une diffusion un vendredi soir sur Canal+ alors qu’un ami de la famille nous avait prêté son décodeur pendant ses vacances. Ma sœur et moi avions tellement aimé le film qu’on l’avait regardé dès le jour suivant pour une rediffusion. Une autre émission du podcast couvre la série Twin Peaks (1990-91). Je l’ai découvert bien après sa sortie alors que je vivais déjà à Tokyo. J’étais déjà amateur du cinéma de David Lynch après avoir été choqué par Lost Highway (1997) au cinéma, mais je n’ai acheté les DVDs des deux saisons de Twin Peaks que bien plus tard. Je me souviens avoir dévoré cette série avec Mari. On était tous les deux accrochés à l’ambiance si particulière de cette petite ville fictive de l’Etat de Washington. La troisième saison sortie beaucoup plus tard en 2017 était un autre choc. Cette émission Blockbusters m’a ensuite donné envie de revoir Lost Highway que j’ai en DVD à la maison. Une autre émission parle de la série culte Seinfeld (1989-1998), que l’on a découvert en France sur la chaîne Canal Jimmy disponible à l’époque par abonnement satellite. Canal Jimmy nous avait fait découvrir un grand nombre de séries américaines, car Friends (1994-2004) y passait également. Je me souviens également de la série Spin City (1997-2003) avec l’acteur Michael J.Fox en chef de cabinet du maire de New York. Mais Seinfeld avait vraiment un humour particulier où un épisode pouvait se construire sur un rien, comme par exemple un homme portant une cape en pleine rue. Blockbusters parle bien évidemment de manga et de films d’animation avec l’incontournable Neon Genesis Evangelion dont j’avais vu les épisodes lors de leur première diffusion en France sur Canal+ en 1998. Les manga et anime n’avaient pas encore la popularité actuelle. Dans Blockbusters, on nous parle également du manga sombre Gunnm de Yukito Kishiro que j’avais suivi dès le premier tome sorti chez Glenat en 1995. Je garde cette série de manga précieusement. C’est amusant de voir abordé dans ce podcast une bonne partie des films et séries qui ont marqué pour moi la deuxième partie des années 1980 et les années 1990. On y parle par exemple d’Arnold Schwarzenegger. J’ai eu ma période de films d’action basiques pendant mon adolescence que j’avais démarré avec Commando (1985), puis Predator (1987) bien avant Terminator 2 (1991), Total Recall (1990) et True Lies (1994). L’Arme Fatale (1987), bien entendu couvert dans ce podcast, avait également été marquant. J’avais commencé la série par le deuxième épisode (1989) vu sur Canal+, en adorant tout de suite l’ambiance mélangeant une noirceur certaine avec l’humour du buddy movie, le tout accompagné par un saxophone particulièrement marquant. On y parle beaucoup d’anime avec le monde de Rumiko Takahashi (Ranma 1/2, Ramu, entre autres) et bien sûr celui d’Hayao Miyazaki pour lequel une émission de 5h est consacrée ainsi qu’une autre sur les deux chefs d’oeuvres que sont Princesse Mononoke et Le voyage de Chihiro. Bon, il y a bien des sujets d’émissions plus récents qui ne me parlent pas du tout comme Taylor Swift, Aya Nakamura ou Orelsan, mais dans l’ensemble j’y trouve une correspondance assez bluffante avec ma propre culture pop. Le podcast évoque aussi souvent les jeux vidéos, mais c’est un domaine que je connais moins à part quand il s’agit de franchises historiques comme celles des jeux de combat Street Fighter ou Tekken, ou le fabuleux Prince of Persia qui avait été pour moi une révélation sur sa version Super Famicom (j’y jouais en version import japonais). Les musiques de ce jeu me restent encore maintenant gravées en tête tant j’y pu y jouer en répétant des dizaines et des dizaines de fois les mêmes mouvements. Le jeu était difficile mais extrêmement immersif. Je ne joue plus beaucoup aux jeux vidéos à part ceux emblématiques sur la Nintendo Switch (les derniers Zelda, Super Mario et Mario Kart), mais j’ai toujours regretté d’avoir loupé le coche de Nier Automata. Ce podcast me permet également de remplir quelques lacunes culturelles. Mais ce que j’apprécie particulièrement sur ce podcast est le ton de Frédéric Sigrist et de ses invités qui ne se veulent pas savants et démontrent une véritable passion pour leurs sujets. On n’essaie pas non plus de nous faire croire que la culture pop était mieux avant. La qualité de séries actuelles comme The Gentlemen de Guy Ritchie que je regarde en ce moment sur Netflix me fait dire que des nouvelles oeuvres cultes sont en train d’être diffusées en ce moment.
Outre le podcast ci-dessus, Nicolas me conseille également l’écoute du dernier single Bite you du jeune groupe muque, dont j’avais déjà parlé du single 456 sorti en Octobre 2023. Je n’avais pas vraiment poursuivi la découverte de la musique du groupe mais ce dernier morceau sorti le 26 Mars 2024 sur le label A.S.A.B. m’y ramène gentiment. Dès les premières cordes, on se laisse accrocher par le rythme du morceau, oscillant toujours entre l’approche rock et un beat pop très prononcé. Le groupe a cette capacité à créer des morceaux à la qualité pop immédiate, qui devraient les amener sur les ondes du mainstream un jour ou l’autre. D’autant plus que la voix d’Asakura est très affirmée et versatile, notamment dans un petit passage parlé au milieu du morceau qui fonctionne très bien.
Je ne sais plus par quel détour j’ai découvert l’excellent morceau Luv Myself de Kvi Baba avec AKLO & KEIJU, oscillant brillamment entre le hip-hop et la pop. En fait, depuis que j’ai écouté le morceau run away qu’AAAMYYY a chanté avec KEIJU lors de son concert Option C du 7 Mars 2024, j’ai l’envie de découvrir d’autres musiques sur lesquelles KEIJU intervient car j’aime beaucoup sa voix. Je ne connaissais pas le jeune rappeur et compositeur Kvi Baba originaire d’Osaka, qui mène ce morceau avec les deux autres rappeurs AKLO et KEIJU. Je ne connaissais AKLO qu’à travers le morceau RGTO, sur son album The Arrival de 2014, sur lequel il fait intervenir d’autres rappeurs: SALU, H.TEFLON et K DUB SHINE. La vidéo de ce morceau mentionne dans les remerciements T-Pablow et BAD HOP, et là s’ouvre une nouvelle porte vers un hip-hop japonais beaucoup plus badass (si vous me permettez l’expression).
BAD HOP est un collectif originaire du quartier d’Ikegami à Kawasaki et se compose de huit rappeurs: T-Pablow, YZERR, Tiji Jojo, Benjazzy, Yellow Pato, Bark, G-K.I.D et Vingo. J’écoute leur dernier album éponyme sorti en Février 2024 que je trouve excellent, notamment les deux morceaux Ikegami Boyz et Final Round. Je suis très loin d’être spécialiste du monde du hip-hop, mais je trouve que l’ambiance est proche du gangsta américain dans son approche musicale et dans les thèmes abordés. Le flot vocal et l’alternance des voix des rappeurs sont remarquables, par exemple, la manière mécanique par laquelle YZERR prononce les paroles « Knock out, Knock out, Knock out, Knock out床にKnock out » qui sonnent comme une série de coups de poing qui mettent à terre. Tous les morceaux ne sont pourtant pas tous sombres, comme Last Party Never End où Supercar2 mettant en avant la voix plus haut perchée de Toji Jojo qui apporte une alternative intéressante aux voix de tonalité plus grave de la plupart des autres membres du collectif. Du quartier industriel d’Ikegami à Kawasaki, la crew BAD HOP a gravi les échelons jusqu’au Tokyo Dome pour un concert le 19 Février 2024, qui est représenté par le premier morceau de l’album Tokyo Dome Cypher. BAD HOP a déjà sorti au moins cinq albums depuis 2014 et ce ne sont donc pas des nouveaux arrivants. Leur ascension jusqu’au Tokyo Dome démontre une popularité certaine auprès des amateurs de Hip-hop. A parmi les nombreuses collaborations de BAD HOP, j’y retrouve le nom de KEIJU sur certains morceaux. Une porte ouvre, je vais y entrer tranquillement sans faire de bruit.
青い空をかえせ!③
La pluie finit par cesser à notre arrivée à Kyoto dans l’après-midi du deuxième jour de vacances, mais les nuages sont toujours très épais et menaçants. On devine par contre des éclaircies qui annoncent peut-être une belle journée demain. Nous arrivons à Kyoto par l’Ouest en passant d’abord par Arashiyama (嵐山) pour revoir le fameux pont Togetsukyo (渡月橋) qui traverse la rivière Katsura. Ce pont de 155 mètres de long a été initialement construit en l’an 836, mais la version actuelle date de 1934. Il se compose de piliers et de poutres en béton armé mais les murets de protection sont en bois de cyprès, ce qui donne l’impression générale que ce pont est entièrement fabriqué en bois. Le nom du pont évoque la traversée de la lune. On dit que l’Empereur Kameyama de la période Kamakura (de 1185 à 1333) vu l’image d’une lune traversant le pont lors d’un repas festif dans un bateau sur la rivière. L’histoire ne précise pas si le dit empereur avait bu plusieurs verres de saké avant de faire cette observation.
Il existe une célébration traditionnelle locale pour les enfants, filles et garçons, qui vont avoir 13 ans, ce qui correspond à l’achèvement du premier cycle zodiacal chinois qui se compose de 12 années et donc de douze signes zodiacaux différents. Lors de cette célébration appelée Jūsan Mairi (十三詣り), les enfants rendent d’abord visite au temple Hōrin-ji (法輪寺), proche du pont Togestukyo, pour prier et faire une offrande. La coutume veut que chaque enfant inscrive un kanji qui lui est cher et l’offre aux dieux du temple qui apporteront en échange une connaissance et sagesse. Les enfants traversent ensuite le pont Togestukyo et l’on dit que s’ils ont le malheur de se retourner en chemin, ils perdront cette sagesse nouvellement acquise. La traversée du pont sans se retourner représente le fait que chaque enfant laisse son enfance derrière lui sans regarder vers le passé et allant de l’avant.
Par rapport aux paysages quasiment déserts de touristes à Wakasa et Maizuru, l’ambiance est très différente à Arashiyama mais j’imaginais bien pire. Il y a certes foule mais rien ne nous empêche de profiter des lieux, et accessoirement de trouver une place de parking dans les environs. Du souvenir que j’avais des environs du pont Togetsukyo, il y a beaucoup plus de bâtiments récents sur le bord des rives, mais cette architecture se mélange bien avec son environnement. Les eaux de la rivière Katsura étaient très mouvementées. J’imagine que les pluies abondantes qui ont perturbé le début de notre séjour se retrouvent maintenant dans cette rivière. On laisse en tout cas toute cette eau passer sous les ponts et on regarde maintenant vers la soirée qui nous attend. Nous longeons dans un hôtel dans le centre de Kyoto, pas très loin de la rivière Kamogawa. Nous laisserons la voiture dans un grand parking du centre et en gagnant ensuite l’hôtel à pieds, j’ai la surprise de tomber par hasard sur le bâtiment Time’s de Tadao Ando (安藤忠雄). Il semble vide, peut-être à la recherche de nouveaux locataires. Un jour, il faudrait que je visite Kyoto d’un point de vue architecture contemporaine, et notamment partir à la recherche des buildings de Shin Takamatsu avant qu’ils ne disparaissent.
Le soir, nous marchons ensuite dans les rues de Gion à la recherche d’un restaurant que nous ne trouverons pas là bas, faute d’avoir réservé. Je voulais passer devant le petit sanctuaire Tatsumi (辰巳大明神) que l’on voit souvent dans la série The Makanai: Cooking for the Maiko House (舞妓さんちのまかないさん) avec Nana Mori (森七菜), Natsuki Deguchi (出口夏希), Aju Makita (蒔田彩珠), entre autres. J’avais regardé cette série sur NetFlix, non pas pour son histoire qui n’a rien d’inoubliable mais pour l’ambiance du quartier de Gion qui est retranscrite. La lenteur générale des épisodes de la série nous laissait presque seuls en chemin dans les rues de Kyoto. Il faudrait que les films nous permettent de nous asseoir directement dans les lieux de tournage pour apprécier pleinement l’ambiance des lieux en compagnie des acteurs et actrices. Je suis sûr que les techniques futures de cinéma nous permettront ce genre d’immersion complète. Et si l’histoire du film ne nous intéresse pas beaucoup, on pourrait même s’éclipser pendant quelques heures dans les rues de Gion pour revenir ensuite, en prétextant s’être perdu dans les décors, et reprendre le fil de l’histoire en cours. En parlant d’Aju Makita, elle est également une des actrices principales de la série House of Ninjas (忍びの家) toujours sur NetFlix, avec Kento Kaku (賀来賢人)、Yōsuke Eguchi (江口洋介)、Tae Kimura (木村多江) et Riho Yoshioka (吉岡里帆) entre autres. La série est assez bien ficelée avec une petite dose d’humour, mais n’est malheureusement pas aussi grandiose qu’on pourrait l’espérer. C’est souvent le cas sur Netflix où les séries originales sont divertissantes mais pas transcendantes, sauf la série récente 3 Body Problem qui est, il faut bien l’avouer, assez fabuleuse.