目が眩むほど光る dimension おやすみ異世界

Je n’avais pas pris de photos depuis le 38ème étage de la tour de Yebisu Garden Place depuis très longtemps. En prenant les photographies ci-dessus, j’avais en tête celles prises il y a plus de 15 ans sous le titre Pattern Recognition. Les vitrages de la tour viennent refléter la ville comme des miroirs et m’avaient donné cette impression d’être un mécanisme de reconnaissance automatique de motifs. Un des points d’observation aménagés du haut de la tour donne une vue en direction de Roppongi, Akasaka et la Tour de Tokyo. Près des ascenseurs, les grandes baies vitrées en angle sont plus intéressantes, car elles permettent à certains endroits cet effet de miroir. Ce point de vue nous montre Shibuya puis Shinjuku au loin. Nous avons déjeuné dans cette tour pour un anniversaire. L’emplacement de notre table nous donnait une autre vue encore.

De gauche à droite: 嚩ᴴᴬᴷᵁ, cyber milk ちゃん, MANON, nyamura et devant KAMIYA, pour le singe GALFY4 produit par Masayoshi Iimori (マサヨシイイモリ).

J’aime faire des grands écarts musicaux en ce moment car ce qui va suivre est très différent de la musique que j’évoquais dans les deux derniers billets. Je reviens en fait très volontiers vers les atmosphères intenses et souvent maximalistes de l’hyper-pop japonaise. Une première excellente découverte est le single GALFY4 de KAMIYA avec plusieurs autres interprètes dont 嚩ᴴᴬᴷᵁ, MANON, nyamura et cyber milk ちゃん. Je suis arrivé sur ce morceau en faisant des recherches sur YouTube de collaborations musicales de 嚩ᴴᴬᴷᵁ avec d’autres artistes de ce même univers électronique et pop excentrique. Sur le morceau GALFY4, les cinq interprètes se relaient au chant en commençant et terminant par KAMIYA qui est l’artiste menant le morceau dans son ensemble. Elle est suivie de cyber milk ちゃん, nyamura, 嚩ᴴᴬᴷᵁ et MANON. La production du morceau est assurée par Masayoshi Iimori (マサヨシイイモリ), dont j’ai déjà plusieurs fois parlé sur Made in Tokyo pour sa participation à certains morceaux de 4s4ki. Il apporte sur ce morceau des sons influencés par l’Euro Beat avec toute l’extravagance sonore de l’Hyper Pop. J’adore la manière par laquelle il vient ajouter un rythme un peu haché qui agit comme un révélateur sur la voix neutre et détachée de cyber milk ちゃん. nyamura continue ensuite avec un ton de voix un peu similaire mais avec un auto-tune renforcé qui donne des effets intéressants sur certaines fins de ses phrases. On reconnaît ensuite immédiatement la voix de 嚩ᴴᴬᴷᵁ qui poursuit ensuite brillamment le morceau en se fondant assez bien avec le style de voix de nyamura. On trouve une certaine constante qui se casse par l’intervention beaucoup plus agressive de MANON. Je ne me lasse pas de ce morceau que j’ai écouté des dizaines de fois.

Le single GALFY4 me pousse même à écouter quelques autres morceaux de cette formation, en démarrant par cyber milk ちゃん, dont je n’avais jamais entendu parler jusqu’à maintenant. J’écoute son single intitulé Sunkissed sorti en Juin 2024. Sa voix éthérée est très particulière car extrêmement modifiée et donne une impression d’être en dehors de toute réalité. Le rythme du morceau riche en basse sourde est assez lent, mais son phrasé est rapide et continu composé de successions de rimes. Cette atmosphère sonore m’attire beaucoup. J’y trouve quelque chose d’estival comme le suggère le titre du morceau et la vidéo qui l’accompagne, tournée au bord de l’océan. Je me tourne ensuite vers la musique de nyamura avec son dernier morceau When the Linalia Blooms (リナリアが咲いて) sorti le 1er Février 2025. Le personnage de la couverture du single me rappelle un peu les princesses du manga Ah My Goddess! (ああっ女神さまっ) dont j’avais vu certaines OVA (Original Video Animation) au début des années 1990 sur une cassette VHS qui se copiait de personne en personne car les OVAs n’étaient pas aussi disponibles à l’époque qu’elles le sont actuellement. Le morceau When the Linalia Blooms est basé sur les sons d’une guitare acoustique sur lesquels vient se poser la voix de nyamura pleine d’ondulations vocales. Une constante de tous ses morceaux est l’utilisation de l’auto-tune qui vient lisser les voix mais n’enlève rien à la beauté des morceaux. Il faut dire que cet auto-tune n’est pas exagéré et parfois même assez subtil. Il vient même contribuer à une atmosphère onirique comme sur son très beau morceau you are my curse sorti en Juin 2023. Ces deux morceaux de nyamura sont magnifiques. Dans un style assez similaire à celui de nyamura, j’écoute également le très beau Kill Me With a Lie (嘘で殺して⋆。˚✩) d’angelize, dont je ne sais pratiquement rien. Le rythme devient plus agressif avec deux morceaux de la franco-japonaise MANON. Je connais son premier morceau xxFANCYPOOLxx, tiré de son premier album Teenage Diary sorti en Juillet 2018, depuis longtemps, peut-être même depuis sa sortie. Elle avait 15 ans à cette époque et ce morceau de hip-hop léger évoque des épisodes de la vie quotidienne d’une jeune icône en devenir de la jeunesse japonaise. Le morceau sample le titre Lolita Ya Ya de Nelson Riddle tiré de la musique du film Lolita de Stanley Kubrick. Il possède une certaine drôlerie contagieuse et représente bien le brin de folie qui circule dans la musique de MANON. J’écoute également son dernier single intitulé Nobody Like きゅん sorti le 19 Décembre 2024, qui a une approche rock assez déstructurée. Ses morceaux ont une qualité underground et une grande liberté qui me plaisent beaucoup, comme l’excellent L.M.S.N (pour Let’s Make Some Noise) avec Kyunchi sorti en 2023. Le morceau démarre par un beat sourd comme si on pénétrait dans un club en sous-sol en pleine nuit. Le hip-hop qui vient accompagner ce beat très marqué est très accrocheur se laisse ensuite emporter par des sons techno jusqu’au slogan Let’s Make Some Noise servant de refrain et d’hymne pour le dance floor. Je reviens ensuite sur le EP Imaginary Friend de 嚩ᴴᴬᴷᵁ que j’avais précédemment évoqué car j’ai beaucoup écouté son dernier morceau intitulé 489. J’écoute maintenant beaucoup le EP en entier et il me donne encore une fois l’impression d’entrer dans un tout autre monde. Il faut bien sûr accrocher à la voix très modifié et aiguë à la limite du kawaiisme de Haku. Le contraste entre sa voix et l’électronique hyper-pop est vraiment prenant et est pour moi tout à fait fascinant. Le quatrième morceau OYASUMI (おやすみ), produit par KOTONOHOUSE, est un très bon exemple de ce contraste commençant doucement avec une voix presque chuchotée qui vient se crasher peu après avec une composition électronique particulièrement brutale. J’aime beaucoup cet EP mais je me dis qu’il n’est peut-être pas facile d’accès pour les néophytes de ce type d’atmosphère (comme un certain nombre de morceaux de cette sélection d’ailleurs).

Je n’écoute pas beaucoup de musique K-Pop mais je reste curieux des sorties du groupe aespa (에스파), depuis Supernova et Whiplash. Le single hot mess n’est pas le plus récent du groupe mais il attire mon attention car il est en partie chanté en japonais. Rappelons que l’une des quatre membres du groupe, Gisele, est japonaise même si son nom de scène ne le suggère pas vraiment. Il y a une dynamique particulièrement soutenue dans ce morceau. Mais même si le morceau est en partie chanté en japonais, il conserve la plupart des codes de la K-Pop. La raison pour laquelle j’aime certains morceaux d’aespa par rapport à ceux d’autres groupes K-Pop reste pour moi un peu mystérieux. Je pense que la combinaison de leurs quatre voix fonctionne très bien, et leur interprétation de Supernova pour The First Take ne contredira pas cela. La vidéo de hot mess a également une inspiration japonaise. Sur certaines scènes de la vidéo, les quatre membres du groupe viennent envahir la ville comme des Eva ou des Anges de Néon Genesis Evangelion. Elles n’écrasent heureusement pas tout sur leur passage. J’écoute également le morceau RulerxRuler du duo REIRIE dont la vidéo a également la particularité de les montrer envahissant Tokyo, le grand carrefour de Shibuya pour être précis. Le single RulerxRuler est plus proche d’un morceau d’idole mais passé à l’accélérateur, avec un rythme exagérément poussé à l’excès, ce qui rend le morceau très interessant, voire même addictif. J’aime beaucoup la dynamique du morceau qui bouscule tout sur son passage. Il y a une agressivité certaine dans cette musique, en décalage assez net avec les morceaux classiques d’idoles, qu’elles ne sont à priori plus.

Pour terminer cette sélection qui était d’abord pour moi assez disruptive mais qui entre maintenant dans ma zone de confort à force d’écoutes après des journées difficiles, je reviens vers le hip-hop japonais avec un morceau assez décapant intitulé Boss Bitch par la rappeuse 7 (ナナ). J’adore sa voix très convaincante qui possède une certaine nonchalance tout en étant très maîtrisée. Son flot sans interruptions s’impose immédiatement pour un hip-hop dont on a ensuite du mal à se detacher tant son rythme nous reste en tête. Il s’agit du deuxième morceau du EP intitulé 7 sorti en Novembre 2023. 7 a 24 ans et est originaire de la préfecture de Wakayama. Elle est devenue rappeuse après avoir vu un concert d’Awich qui a joué comme un électrochoc alors qu’elle vivait en Neet (ニートpour Not in Education, Employment, or Training) à cette époque de sa vie (comme nyamura d’ailleurs). Je trouve qu’on reconnait tout de suite cette inspiration d’Awich dans le morceau Boss Bitch. Avant de découvrir ce morceau, les algorithmes de YouTube, qui me recommandent assez souvent ce que j’ai envie d’écouter, m’ont amené vers le morceau PARALLEL (パラレル) produit par Chaki Zuku et interprété par Liza, une autre jeune rappeuse japonaise de 23 ans née en Russie. Ce morceau est un duo de Liza (à ne pas confondre avec LiSA) avec 7. Il a un certain humour dans ce morceau qui est malheureusement très court, faisant moins de deux minutes. Voici encore une fois de nombreuses nouvelles pistes musicales qui s’ouvrent à moi.

ダン・レ・ヌアージュ

Depuis le haut de la colline qui démarre à l’arrière du lycée et devant le petit musée d’art japonais, la pente de la rue est d’abord douce. Elle s’affirme un peu plus vers le bas mais il ne me sera peut-être pas nécessaire d’aller jusque là. Je ne cours pas souvent mais j’ai tout de même des chaussures de course légères qui ont une bonne adhérence sur l’asphalt. L’air est frais, idéal pour une sortie matinale. La rue est vide et personne ne pourra se mettre en travers de ma course, ce qui s’avéra primordial à mi-chemin lorsque mon enjambée de détachera du sol. La lumière est éblouissante. Je ne vois pas grand chose devant moi mais je connais cette rue par cœur. Mon iPod est dans ma poche refermée. J’ai mis la musique en route et il ne me reste plus qu’à enclencher la machine, avec une légère appréhension qui vient s’effacer derrière une excitation certaine bien qu’infime. Il ne me reste plus qu’à engager le premier pas, puis le deuxième et le troisième. Je gagne progressivement en vitesse en longeant les barrières de protection piétonne. L’effort des tous premiers instants s’estompe au fur et à mesure que la machine engage tous ses automatismes musculaires. Je ne contrôle plus mon pas de course qui s’accélère de plus en plus. Au premier petit carrefour, je commence à décrocher un pied du sol. Juste avant que la pente ne se fasse plus abrupte, je frappe l’asphalt une dernière fois avant de me décrocher complètement, léger comme une plume qui se laisse maintenant entraîner en hauteur par un vent ascendant. L’ascension est douce par rapport à la course qui a été nécessaire pour y arriver. Les nuages m’entourent et me caressent délicatement le visage. Ils rendent flou le contour des choses. Des petits éclats de lumière traversent parfois ces mailles nuageuses et guident mes mouvements. Il fait frais ici mais mon cœur s’est déjà réchauffé. Certaines musiques demandent parfois ces états d’être pour être pleinement appréciées.

On se sent à chaque fois un peu plus léger lorsqu’on écoute les morceaux d’Ichiko Aoba (青葉市子). Je me dis parfois que sa musique est trop belle pour ce monde terrestre. Vit elle dans un monde parallèle ou arrive t’elle tout simplement à se décrocher du sol comme le suggère la couverture de son dernier morceau SONAR, à la beauté mélancolique difficilement descriptible. Ce morceau sera présent sur son prochain album intitulé Luminescent Creatures qui sortira le 28 Février 2025. Le morceau Luciférine, que j’écoute également juste après, sera également sur ce nouvel album. Tout comme SONAR, ce morceau est beau à en pleurer, mais il s’en dégage pourtant une joie infime et délicate. Il y a une grâce dans son chant et dans la musique qui l’accompagne qui nous pousse à nous poser quelques instants pour écouter, en essayant de s’élever avec elle. Ces morceaux ont une orchestration plus étendue que sur ses premiers albums principalement accompagnés à la guitare acoustique. Sa voix n’en reste pas moins omniprésente et sa fragilité continue à posséder une force qui nous ferait nous envoler vers d’autres horizons.

dans la tranquillité de Yoshimi Kannon

Nous sommes déjà passés par la petite ville de Yoshimi dans la préfecture de Saitama pour aller voir les tombes creusées à flanc de collines de Yoshimi Hyakuana (吉見百穴), mais notre passage cette fois-ci était principalement pour acheter des fraises de Saitama appelées Amarin (あまりん). Nous les trouvons dans une station routière (道の駅) qui est bien nommée Ichigo no Sato (いちごの里吉見). Nous en profitons pour regarder autour à la recherche de lieux intéressants à visiter et nous découvrons le temple Anrakuji (安楽寺), également nommé Yoshimi Kannon (吉見観音). Le temple est paisible avec seulement quelques visiteurs en fin d’après-midi. Nous arrivons un peu avant 16h et le moine du temple referme déjà les portes du hall principal au moment de notre départ. Une des particularités de ce temple fondé à l’ère de Nara est d’avoir une pagode à trois étages (三重塔). Anrakuji évoque pour moi un autre temple portant le même nom dans la petite station thermale de Bessho Onsen (別所温泉) dans la préfecture de Nagano. Cet autre temple que nous avions visité en 2022 possède une étrange pagode en bois de forme octogonale, qui possède une sorte de magnétisme qui m’avait inspiré le septième chapitre de l’histoire de Kei, Du songe à la lumière. C’est un lieu qui reste pour moi tout à fait spécial, notamment parce que la petite station thermale était quasiment déserte, juste à la fin de la crise sanitaire.

Je viens de terminer les dix épisodes de la série Shōgun disponible sur la chaine Disney+. On s’est en fait abonné à Disney+ pour regarder cette série américaine qui a été acclamée à juste titre par la critique. La série a été créée par Rachel Kondo et Justin Marks et est basée sur le roman du même nom de James Clavell publié en 1975. Je n’avais que de très vagues souvenirs de la première adaptation télévisée qui en avait été faite dans les années 80 avec Richard Chamberlain et Toshirō Mifune (三船 敏郎), car je devais être trop jeune. Cette nouvelle série est grandiose par sa mise en scène mais ne montre pourtant pas de grandes batailles car l’essentiel de l’histoire se joue dans le petit village d’Ajiro à Izu et dans les palais d’Osaka et d’Edo. On apprécie le fait que la série n’a pas été américanisée ni adaptée pour satisfaire les goûts du plus grand nombre. La grande majorité des dialogues sont en japonais sous-titré et l’ensemble de ces dialogues, les états d’être complexes des personnages et les situations ont gardé une authenticité vraiment surprenante. Je ne suis pas spécialiste de ces époques anciennes mais c’est du moins l’impression très nette que donne cette adaptation. À part le pilote maritime protestant anglais John Blackthorne, interprété par Cosmo Jarvis, débarqué par bateau sur les terres japonaises près d’Izu, la grande majorité des acteurs et actrices sont japonais. Anna Sawai (アンナ・サワイ) joue un des personnages clés de l’histoire autour du seigneur Toranaga interprété brillamment par Hiroyuki Sanada (真田広之). L’histoire se construit principalement autour de la relation entre le seigneur Toranaga, qui pourrait devenir le futur shōgun réunifiant le Japon, et l’étranger anglais, le Anjin, mais certains personnages secondaires sont particulièrement intéressants, en particulier Kashigi Yabushige, seigneur d’Izu au service de Toranaga. Il est interprété par Tadanobu Asano (佐藤忠信). J’aime aussi beaucoup certains rôles féminins comme la Dame Fuji, interprétée par Moeka Hoshi (穂志もえか), contrainte d’être la consort de l’anglais Anjin. J’aime ces deux personnages en particulier car ils laissent parfois transparaître leur soi profond derrière les codes rigides du système féodal et societal de cette époque.

街の声は届かない

Hatsune Miku (初音ミク) observe le carrefour de Shibuya avec ses grands yeux mais n’entend pas la foule qui grouille à travers les vitrages du magasin Tsutaya où elle se trouve prisonnière. J’aime me promener régulièrement dans les rues encombrées de Shibuya car on y voit régulièrement ce genre de grandes affiches prenant d’assaut toute notre attention visuelle. La photographie que je préfère de ce billet est la dernière montrant un étrange halo lumineux. Il m’a d’abord surpris avant que je comprenne de quoi il s’agissait. J’ai bien sûr tout de suite pensé à la présence d’un esprit qui aurait voulu communiquer avec moi de manière visuelle, mais je me suis rendu compte qu’il s’agissait tout simplement de la réflection de la lumière du soleil dans un miroir routier de forme arrondie. Ce petit effet de lumière inattendu contribue en tout cas à la poésie urbaine que je recherche en marchant sans cesse dans les rues de Tokyo.

Hitsuji Bungaku (羊文学) vient de sortir un excellent nouveau single intitulé Koe (声), qui confirme encore une fois tout le bien et le respect que j’ai envers ce groupe, qui continue à tracer sa route en poursuivant son style sans se faire perturber par les influences du moment. Le morceau commence doucement par des accords de guitare acoustique accompagnés par la voix de Moeka Shiotsuka (塩塚モエカ) qui transmet comme toujours une tension palpable. La vidéo où l’on voit Moeka assise dans l’habitacle fermé d’une voiture étrangère est très belle. Elle transmet un sentiment d’isolation où les voix de la ville qui l’entoure sont inaudibles. Cette voiture est une superbe Mustang noire, ce qui m’a beaucoup surpris et même un peu amusé car j’avais justement eu l’idée d’utiliser une Mustang noire pour les images de la série photographique imaginaire entourant le groupe Lunar Waves dans mon billet « dans une réalité parallèle proche du chaos« . A noter que j’avais créé ces images avec la Mustang noire et publié ce billet avant la sortie de la vidéo du single Koe de Hitsuji Bungaku, ce qui constitue une coïncidence très intéressante voire un peu troublante. Hitsuji Bingaku a annoncé il y a quelques jours un nouveau concert au début du mois de Mai 2025 dans la salle Toyosu Pit avec le groupe Ging Nang Boyz (銀杏BOYZ), dont j’ai déjà parlé plusieurs fois sur ce blog. Ce concert s’intitule Japon Vol.1 Hitsuji Bungaku x Ging Nang Boyz (じゃぽんVol.1 羊文学x銀杏BOYZ) et fête l’anniversaire des dix ans de la salle, que je connais d’ailleurs déjà pour y avoir vu le groupe Tricot pour la première fois. J’ai tenté ma chance pour obtenir un billet mais il me faudra attendre le résultat de la loterie qui devrait tomber dans quelques jours. J’ai fait ma demande de billet dans les dix minutes qui suivaient l’ouverture de la billetterie, mais j’imagine que les places vont être difficiles à obtenir vu le succès de Hitsuji Bungaku. Le single Koe se trouve par exemple en deuxième position du classement hebdomadaire Tokio Hot 100, et sert de thème pour un drama télévisé intitulé 119 Emergency Call (119エマージェンシーコール). Bien qu’ils soient pleinement rock, la perspective de voir des groupes aussi opposés que Hitsuji Bingaku et Ging Nang Boyz m’attire en tout cas beaucoup.

Je découvre ensuite le groupe downy (ダウニー), qui n’a rien à voir avec une marque de shampoing, car il s’agit d’un groupe post-rock japonais. La formation se compose de six membres: Robin Aoki (青木ロビン) au chant et à la guitare, Yutaka Aoki (青木裕) également à la guitare, Kazuhiro Nakamata (仲俣和宏) à la basse, Takahiko Akiyama (秋山隆彦) à la batterie, SUNNOVA (サンノバ) aux claviers et samplers et finalement le producteur d’images et VJ Zakuro (柘榴). Le morceau intitulé Eclipse (日蝕), que je découvre, ressemble à une longue complainte. Robin Aoki répète les mots Hazeru yōna Rasen (爆ぜる様な螺旋), signifiant « Spirale explosive », d’une manière obsessionnelle comme s’il était possédé par cette spirale à laquelle il fait référence. La vidéo contribue au sentiment très étrange qui entoure ce morceau tout à fait fascinant. J’apprends que le groupe apporte beaucoup d’importance aux images, ce que l’on comprend bien par la présence permanente d’un producteur d’images au sein du groupe. Celles-ci ont été construites avec l’assistance de intelligence artificielle, ce qui se remarque très vite car les transformations d’images ne sont pas naturelles. Je comprends tout à fait l’intérêt de l’intelligence artificielle quand il s’agit de concevoir des vidéos que l’on aurait beaucoup de mal à créer de manière « artisanale ». Il faut une évidente inspiration pour pouvoir guider l’IA vers ce genre de compositions d’images. Je pense que les débats sur l’utilisation de l’IA ne se posent plus vraiment lorsqu’on crée ce genre d’images qu’on ne pas l’habitude de voir.

J’avais parlé du groupe Hakubi dans un billet récent et c’est un vrai plaisir de les retrouver sur un autre très bon single intitulé Another World (もう一つの世界) (Alt ver.). Le morceau Another World a une composition rock puissante en guitare assez classique, mais immédiatement convaincante. On y retrouve toujours cette passion que la chanteuse Katagiri (片桐) arrive merveilleusement bien à nous transmettre par son chant. Elle s’engage complètement dans son interprétation et ce genre d’implication sans retenue me plait toujours beaucoup. La vidéo remplie de neige est de saison car les tempêtes de neige sont annoncées sur une bonne partie du Japon. La vidéo a été tournée à Shibetsu (士別) à Hokkaido sur une colline appelée Hitsuji to Kumo no Oka (羊と雲の丘). Je me dis que cet endroit aurait été également idéal pour une vidéo de Hitsuji Bungaku.

Le morceau Spica par Suichu Spica (水中スピカ) est une autre belle découverte rock. Suichu Spica est un groupe de math rock originaire de Kyoto mais actuellement basé à Tokyo. Il se compose de quatre membres: Chiai (千愛) au chant et à la guitare, Takehisa Noguchi (野口岳寿) à la guitare, Jun Uchida (内田潤) à la basse et Ryoichi Ohashi (大橋諒一) à la batterie. Ce long morceau, sorti en Décembre 2024, nous transporte pendant plus de 7 minutes vers d’autres horizons. L’approche très mélodique du chant de Chiai se mélange vraiment bien avec l’instrumentation math rock. Cette association un peu typique d’une mouvance pop avec un morceau qui pourrait très bien être instrumental est vraiment exquise. C’est un morceau superbe en touts points, tout comme peut l’être la vidéo tournée dans une forêt profonde. Pour terminer, je retrouve le groupe Yuragi (揺らぎ) dont j’ai souvent parlé sur ces pages et qui est pour moi une valeur dans le petit monde du rock japonais à tendance Dream pop et Shoegaze. Miraco chante en anglais sur le morceau Our, extrait de leur troisième album In Your Languages. Le rythme de la batterie et des guitares est très marqué donnant une certaine tension qui est contrebalancée par la voix de Miraco qui dégage une mélancolie touchante. Et quand le rythme s’apaise, on est accompagné par une guitare acoustique qui nous apporte un peu de répit avant un déchaînement de guitares proche des sons alternatifs américains des 90s. Que de superbes morceaux dans cette série musicale rock!

midnight lifeline

J’avoue prendre un certain plaisir à brouiller mes propres photographies comme si ça contribuait à brouiller les pistes. Les pistes me semblent cependant déjà assez brouillées pour ne pas en rajouter, mais continuons encore un peu avant de revenir vers des séries photographiques plus posées. Ça commençait pourtant assez bien avec une première photographie de nuit prise dans une petite rue qui serpente du quartier de Sakuragaokachō (桜丘町), mais la caméra dérape et m’échappe des mains plusieurs fois rendant les images résultantes floues. J’ai l’impression que mon appareil photo se rebelle contre ma propre volonté quand il souhaite montrer une vision que je n’avais pas initialement. Alors, je lui laisse la voie libre, je le laisse prendre les commandes en lui donnant le défi de capturer des lumières interessantes. Le résultat peut être imprévisible et mérite ensuite des sessions curatives. Difficile parfois de savoir précisément ce qu’il a souhaité me montrer ou plutôt me signifier, mais force est de constater que je dois parfois lui faire confiance pour éviter de me laisser emprisonner dans le cadre rigide d’une photographie classique. Parmi les quelques photographies, certains auront peut-être reconnu le monstre robotisé du Aoyama Technical College par l’architecte Makoto Sei Watanabe. Je pourrais même aller jusqu’à penser qu’il s’agit de la meilleure photographie que j’ai pu prendre de l’édifice, mais je me raviserais rapidement avant même d’avoir terminé ma phrase. Et il y a également une voiture noire vintage dont je ne reconnais pas le modèle mais qui porte le numéro 417 et qui avait directement inspiré la session photographique imaginaire du billet « dans une réalité parallèle proche du chaos« .

De haut en bas, des extraits des vidéos des morceaux Faint Light de duo REIRIE, Love&Pop (ラブ&ポップ) du groupe Haze (ヘイズ), Mero Mero Cancel ♡x♡ Kaiwai (めろめろキャンセル♡x♡界隈) du duo Akuma no Kiss (悪魔のキッス), Silly Garden de REIRIE et Anti Piracy Screen du collectif mené par Cafune avec Sasuke Haraguchi (原口沙輔), 嚩ᴴᴬᴷᵁ, e5 et utumiyqcom.

Dans ma playlist, il y a quelques morceaux que j’écoute de manière quasi systématique et ceux qui suivent en font partie. Je découvre d’abord l’excellent single Faint Light du duo REIRIE. Le groupe se compose de Rei Kuromiya (黒宮れい), originaire de Saitama, et de Rie Kaneko (金子理江), originaire de Tokyo, toutes les deux ex-idoles d’un groupe nommé Ladybaby qui se catégorise dans le style kawaii metal. Elles faisaient partie des premières formations de ce groupe qui en est actuellement à sa 4ème formation. La première formation en trio de Ladybaby avait la particularité d’avoir comme troisième membre un australien cascadeur, catcheur et chanteur nommé Richard Magarey. Il se faisait appeler Ladybeard (レディビアード) et chantait en robe de Lolita à froufrous mais avec une barbe bien taillée. On ne pouvait pas ne pas remarquer cet étrange et atypique trio, mais je n’ai jamais eu envie d’écouter ce que ça donnait. Je découvre en fait ce morceau Faint Light sans avoir toutes ses informations préalables, qui auraient pu influencer dans le mauvais sens mes premières impressions. Cela aurait été dommage vu la qualité de ce single mélangeant les genres avec des premiers accords rock se transformant rapidement vers une pop électronique avec des petits brins de kawaiisme. Elles chantent principalement en japonais mais avec quelques inclusions de mots anglais prononcés avec un accent tellement prononcé qu’il devient un des points d’interêt du morceau. Ce single est vraiment très réussi. Je retrouve ensuite le groupe Haze (ヘイズ) mené par Katy Kashii (香椎かてぃ) avec un single intitulé Love&Pop (ラブ&ポップ). Il ne me semble pas avoir précédemment remarqué que Katy avait ce petit quelque chose d’AiNA The End dans sa voix, qui décroche légèrement en fin de phrases comme si sa voix arrivait à un palier de saturation. Le morceau déborde d’énergie avec toujours cette rugosité dans l’exécution. Cela rend ce rock à l’énergie pop très authentique, ce qui n’est pas forcément acquis d’avance connaissant la proximité de Katy Kashii avec le monde des idoles, quoique alternatives. Katy faisait en effet précédemment partie du groupe d’idoles alternatives ZOC fondé par Seiko Ōmori (大森靖子), tout comme Kanano Senritsu (戦慄かなの). Je ne connais pas la raison de leur départ de ZOC mais je peux assez facilement imaginer qu’elles étaient toutes les deux très difficiles à gérer, connaissant d’autant plus le tempérament parfois éruptif de Seiko Ōmori. Après leur départ de ZOC, Katy Kashii et Kanano Senritsu ont créé un duo nommé Akuma no Kiss (悪魔のキッス), dont je découvre soudainement un single qui me plaît énormément, bien que très éloigné de mes écoutes habituelles. Ce morceau s’intitule Mero Mero Cancel ♡x♡ Kaiwai (めろめろキャンセル♡x♡界隈) et il a également une énergie assez folle. Katy et Kanano n’ont apparemment pas quitté ZOC en mauvais terme car le morceau a été composé et ecrit par Seiko Oomori. On y reconnaît le kawaiisme décalé, carrément foutraque comme le montre très bien la vidéo. J’aime beaucoup la manière dont leurs voix aux tons très différents s’additionnent sur la grande majorité du morceau, Kanano avec une voix aiguë et Katy avec une voix plus grave et rugueuse. L’excentricité générale du morceau fait qu’on aurait très bien imaginer Seiko Ōmori le chanter. Akuma no Kiss a sorti en tout neuf singles et celui-ci, sorti le 30 Octobre 2024, est le dernier en date. Je n’ai malheureusement pas trouvé de points d’accroche sur leurs autres morceaux du duo. Revenons encore un peu vers l’autre duo REIRIE dont je parlais un peu plus haut, car parmi les neuf singles qu’elles ont sorti, j’aime aussi vraiment beaucoup celui intitulé Silly Garden. Le style est assez difficile à définir mais se base sur une pop électronique avec un beat excessif et certaines distorsions de voix qui rendent l’ensemble assez disruptif. Il y a toujours ce kawaiisme sous-jacent mais qui est volontairement mis à mal par un rythme très agressif. J’aime vraiment beaucoup ce type de distorsion des genres qui rend ce single très intéressant et novateur. Je pense que tous les morceaux de cette petite playlist ont cette composante disruptive.

Pour ceux qui me suivent toujours jusqu’ici, continuons encore dans la demesure électronique avec un morceau intitulé Anti Piracy Screen, produit par Sasuke Haraguchi (原口沙輔), en collaboration avec trois artistes 嚩ᴴᴬᴷᵁ, e5 et utumiyqcom, le tout sur une compilation hyper pop intitulée NOVA par un curateur virtuel nommé Cafune. Tout ceci peut paraître très compliqué mais ce morceau attire d’abord mon attention car je suis 嚩ᴴᴬᴷᵁ depuis que j’ai découvert son single 489 sur son premier EP Imaginary Friend, dont je parlais dans un billet précédent. Le morceau Anti Piracy Screen part dans plusieurs directions et peut être très facilement désorientant, mais ça n’enlève rien à l’imaginativité débordante qu’on trouve dans les sons se percutant mais laissant tout de même place à des voix qui s’adoucissent par moment, souvent par intervention de l’autotune. Le morceau maintient sa complexité tout le long de ses trois minutes et demi mais la logique se révèle après quelques écoutes. L’abrasivité sonore se ressent moins sur le single Traveling Night de 嚩ᴴᴬᴷᵁ que j’écoute ensuite, qui a une approche angélique cachant des petits démons. Ce single est plus proche des morceaux du EP Imaginary Friend que j’écoute maintenant dans son intégralité et dont je parlerais certainement un peu plus tard. Et quand on parle de déstructuration sonore hyper pop, j’ai toujours envie de revenir écouter 4s4ki qui vient justement de sortir un nouvel EP intitulé Jiai equal Jiai (慈愛equal自愛) le 4 Décembre 2024. De cet EP, j’écoute le premier morceau Hymn to the Ego (自我讃歌), qui ne dépareillera pas dans la discographie de 4s4ki, mais c’est également ce genre de morceaux que je viens rechercher dans sa musique. Son empreinte musicale est très forte et je trouve qu’elle fait toujours partie des forces d’avant-garde des artistes électroniques japonais.