sonatine pour l’inconnu

Je me demande parfois s’il faut mieux montrer les choses ou seulement les suggérer. Sur une photographie, il peut se passer une multitude de choses que l’on ignore bien qu’on les voit. Que se passe t’il derrière les zones d’une photographie que l’on cache volontairement? Il s’y passe de nombreuses choses ou un néant absolu. Les choses que l’on voit nous laisse souvent imaginer les choses que l’on ne voit pas. Les choses que l’on ne voit pas semblent forcément plus interessantes que celles que l’on voit, mais qu’en est il réellement? La petite musique de l’inconnu nous attire inexorablement même si j’essaie parfois de l’ignorer. L’espace inconnu devant moi est vaste et sans limites apparentes. Je le parcours pendant de nombreuses années que je préférerais ne pas compter et j’essaierais toujours de montrer ici ce que je suis en mesure d’y découvrir.

J’ai fait quelques séances récentes de rattrapage des derniers films de Quentin Dupieux. J’ai visionné trois de ses derniers films à la suite, suivant les conseils de ma petite sœur. On se conseille en fait mutuellement les films du réalisateur car on a le même goût pour l’absurde en cinéma, et on aime en parler après par messages intercalés. Et Quentin Dupieux est un spécialiste de cet absurde qui nous fait souvent rire ou nous interroge. Depuis que j’ai vu son film Réalité en 2015, son univers bizarre me passionne. J’avais beaucoup aimé ses films suivants, Au poste ! et Le Daim, et je découvre maintenant Mandibules qui atteint d’autres sommets dans l’absurde. C’est toujours difficile d’être en mesure de raconter l’histoire des films de Quentin Dupieux sans trop en dévoiler et donc gâcher les effets de surprise. Il ne faut pas se laisser décourager par les affiches des films qui sont en général volontairement kitsch. Savoir que le film Mandibules, sorti en 2020, raconte l’histoire de deux demeurés, prenant la vie comme elle vient, se mettre en tête de dresser une mouche géante trouvée dans un coffre de voiture, peut laisser interrogateur. On se demande où Quentin Dupieux va trouver toutes ces idées et ses idées sont à chaque fois servies par un jeu d’acteur et d’actrice exceptionnel. Grégoire Ludig (Manu / Fred) et David Marsais (Jean-Gab) sont excellents de naturel dans leurs rôles de simple d’esprit et Adèle Exarchopoulos (Agnès) est assez prodigieuse. L’histoire d’Incroyable mais vrai, son film suivant sorti en 2022, tourne autour d’une maison possédant un pouvoir très particulier que l’on découvre au fur et à mesure du film. Là encore, le jeu d’Alain Chabat, Léa Drucker, Benoît Magimel et Anaïs Demoustier est excellent. Le film nous amène à des réflexions. Je le trouve un peu moins passionnant que Mandibules, mais ça n’enlève rien au fait qu’on est scotché devant son écran dans l’impossibilité de prédire quelle direction le film va prendre. Son dernier film Yannick, sorti en 2023, est très différent, prenant une direction plus réaliste et s’échappant de l’imaginaire absurde. Le film est porté magistralement par Raphaël Quenard jouant le rôle de Yannick, se levant dans une salle de théâtre pour se plaindre du jeu des acteurs. Ce personnage est à la fois effrayant et touchant, et on ne sait plus comment l’entrevoir au fur et à mesure que le film avance dans son histoire en huis-clos. Il faut noter que les films de Quentin Dupieux sont toujours très courts, environ une heure, et se regardent donc comme des petits épisodes nous faisant divaguer dans un univers décalé, le temps de quelques instants avant de revenir dans notre monde réel décidément bien normal.

Me rendre compte que D.A.N. avait composé et arrangé un des morceaux que je préfère de Daoko m’a donné l’envie irrésistible de revenir vers la musique du groupe. Je ne connaissais en fait que leur superbe dernier album NO MOON, sorti en Octobre 2021, que j’aime régulièrement écouter en partie ou en intégralité. Alors que je cherchais au Disk Union de Shin-Ochanomizu l’album anima de Daoko, je trouve à la place à la syllabe た, le deuxième album de D.A.N. intitulé Sonatine et sorti en Juillet 2018. Depuis que j’ai découvert NO MOON, j’ai hésité à continuer l’écoute de leur musique sur d’autres albums car j’avais une fausse perception que les deux albums précédents du groupe ne pouvaient pas être aussi bons que leur dernier. Sonatine n’atteint certes pas tout à fait le niveau de maturité de NO MOON, mais il est clairement dans la même veine. La voix de Daigo Sakuragi est magnifique de sensibilité, presque divine par moment, et les compositions musicales oscillent avec perfection entre des ambiances flottantes et d’autres beaucoup plus rythmées. J’aime particulièrement quand la musique de D.A.N. joue sur la longueur comme sur Sundance ou Borderland. Il y a plusieurs interludes purement instrumentaux plus ou moins longs avec des scènes atmosphériques qui me rappellent un peu celles qu’on peut entendre sur certains morceaux de Burial. L’ambiance y est par contre moins sombre. Le morceau Pendulum est un des plus aboutis de l’album, et compte avec le suivant Replica, parmi ceux que je préfère de l’album. Dans son ensemble, cet album est moins marquant que NO MOON mais possède une beauté diffuse qui nous accroche sans forcer le trait, car l’émotion qui s’en dégage est palpable.

あなたの写真で夢が見たい

Des petits passages photographiques à Harajuku et Omotesando puis près d’Ebisu alors que la nuit tombait doucement. La deuxième photographie montre une installation artistique colorée de Kengo Kito (鬼頭健吾) à Omotesando Crossing Park. Il s’agit d’une des œuvres de la série d’expositions consacrées à l’artiste américain Sterling Ruby en association avec d’autres artistes japonais dont Kengo Kito et Kei Takemura (竹村京). Cette exposition est organisée du 8 Janvier au 4 Février 2024 par Anonymous Art Project en collaboration avec la galerie Taka Ishii. Je suis en fait passé rapidement car Kei Takemura est une amie de l’école des Beaux Arts de Mari, et j’avais déjà mentionné son nom sur ce blog il y a longtemps. Sur la troisième photographie du billet, je montre une nouvelle fois le nouveau Tokyu Plaza, au croisement d’Harajuku, qui ouvrira ses portes au Printemps 2024. Il fait face à l’autre Tokyu Plaza dans la diagonale du carrefour. Ce nouveau Tokyu Plaza conçu par l’architecte Akihisa Hirata prendra le nom de Harakado (ハラカド). Le Tokyu Plaza existant, conçu lui par Hiroshi Nakamura & NAP, changera de nom pour s’appeler Omokado (オモカド). C’est intéressant de voir cette correspondance entre deux buildings conçus par des architectes différents mais qui ont choisi une esthétique similaire basée sur des vitrages aux formes et plans variés et des zones végétales positionnées sur les hauteurs. Les deux bâtiments dialoguent en quelque sorte l’un avec l’autre.

Le titre de ce billet m’est inspiré par les paroles du dernier single NOISE du jeune groupe rock Haze. Le groupe est composé de quatre filles et est mené par Katy Kashii (香椎かてぃ), appelée simplement KATY, qui en est la guitariste et chanteuse. Chihiro Hanasaki (花咲ちひろ) appelée HANA est la bassiste du groupe et joue également pour un autre groupe appelé Hello End Roll (ハローエンドロール). Suzuka est aux claviers et Juri à la batterie. Je suis KATY d’assez loin sur les réseaux sociaux depuis plusieurs années, car elle a une personnalité assez décalée. Je me souviens d’une vidéo qui doit dater de ses débuts pour une audition du concours de modèles féminins Miss iD (ミスiD) parrainé par Kodansha. Elle s’agissait de l’édition 2017 de Miss iD alors qu’elle était encore en troisième année de lycée. Seiko Ōmori (大森靖子) faisait partie du comité de sélection et c’est peut-être à ce moment là qu’elle l’a repéré pour être membre d’origine du groupe ZOC (Zone Out of Control) fondé quelques années après en 2019. Katy a quitté ZOC en 2021 pour une raison que je ne connais pas mais je peux assez bien imaginer les difficultés conflictuelles avec Seiko Ōmori. Katy a fait également partie d’un autre groupe appelé Akuma no Kiss (悪魔のキッス) avec Kanano Senritsu (戦慄かなの), également ex-ZOC, mais qui a dû s’arrêter récemment (parfois, je me demande comment je peux avoir toutes ces informations en tête). En regardant cette vidéo de Katy sur Miss iD qui m’amuse toujours beaucoup, je retrouve les courtes vidéos sur fond vert Neet Tokyo (ニートtokyo) où elle est interviewée pour raconter bien sûr une histoire compliquée. Je regardais souvent ces vidéos de Neet Tokyo il y a quelques années, à l’époque où j’écoutais les podcasts de la rappeuse Valknee qui mourait d’envie d’y être invitée (ce qui arrivera finalement un peu plus tard). Ces vidéos sont en général très courtes et consacrées aux musiciens de la scène underground tokyoïte, principalement hip-hop. Je vois que certains musiciens étrangers y sont également invités, comme Porter Robinson qui y donne ses recommandations en musique pop japonaise. Le single NOISE de Haze est sorti en Janvier 2024. La composition du morceau rock n’est pas particulièrement originale mais j’aime beaucoup l’énergie brute qui s’en dégage, notamment par la voix de Katy qui ressemble par moment à une version plus torturée de celle d’AiNA The End. La vidéo du single réalisée par Yasuaki Komatsu me plait aussi beaucoup pour son hommage au film Fallen Angel (1995) de Wong Kar-Wai. Dans la vidéo, une scène à moto dans un tunnel ressemble en effet beaucoup dans son angle de prise de vue à une scène avec Takeshi Kaneshiro dans Fallen Angel. Et toujours sur cette vidéo, je ne m’attarderais pas à trouver des références dans la tenue d’infirmière de Suzuka donnant un coup de pied en avant ou celle en robe de mariée de Juri.

Je mentionnerais seulement le fait que je regrette vraiment de n’a pas avoir été au concert de King Gnu au Tokyo Dome les 27 et 28 Janvier 2024 car Sheena Ringo y était présente comme invitée secrète pour interpréter le morceau W●RK en duo avec Daiki Tsuneta. L’ambiance y était apparemment électrique et je peux très bien imaginer l’effet de surprise du public. Dans ses commentaires, le journaliste Patrick St. Michel qui était présent au concert ajoute que la clé pour comprendre la J-JOP des années 2020s est de reconnaître que les trois artistes les plus influenceurs des années 2000s étaient Sheena Ringo, Sōtaisei Riron (相対性理論) et Hatsune Miku. Ce commentaire est forcément très discutable mais à mon avis très proche d’une partie de la réalité. Une grande partie du courant électro-pop japonais actuel dérive du Vocaloid dont le projet Hatsune Miku était le précurseur. Je vois très souvent dans les jeunes groupes rock, notamment féminins, une influence de Sheena Ringo. Le fait même que Daiki Tsuneta porte un haut parleur à la main lors de certains morceaux de King Gnu, comme sur W●RK, dénote même cette influence. Quant à l’influence de Sōtaisei Riron, elle me paraît moins évidente. Certainement que des artistes comme Kiki Vivi Lily ou même Daoko prennent une certaine influence dans le chant intime d’Etsuko Yakushimaru et dans l’ambiance qui ne force pas le trait de Sōtaisei Riron. A ce propos, j’aime personnellement beaucoup revenir vers l’album Hi Fi Anatomia de Sōtaisei Riron, car il est vraiment brillant. Seiichi Nagai (永井聖一) de Sōtaisei Riron est d’ailleurs actuellement guitariste de QUBIT dans lequel chante Daoko. Et à ce propos, j’aime beaucoup le nouveau single de QUBIT intitulé Beautiful Days, dont la vidéo n’utilise heureusement pas cette fois-ci d’intelligence artificielle. L’approche rock est assez différente des morceaux solo de Daoko et c’est assez rafraîchissant, car Daoko y garde par moment son phrasé rapide hip-hop. Il faudrait que je me penche un peu plus sur le premier album du groupe, mais j’ai déjà tellement de choses à écouter. Les deux photos ci-dessus proviennent du compte Twitter de Daiki Tsuneta que je permets de montrer ici pour référence.

Lorsque je parcours les rayons des Disk Union de Tokyo, je ne regarde que rarement la section consacrée à Sheena Ringo et Tokyo Jihen car je dois avoir déjà à peu près tout. En jetant tout de même un œil rapide au rayon du Disk Union de Shin-Ochanomizu, je découvre une étrange compilation intitulée Complete singles que je ne connaissais pas. La photographie de couverture provient de la session photo utilisée pour le single Koko de Kiss Shite (ここでキスして。) de 1999. Sheena Ringo pose avec son appareil photo Canon F-1 qui l’accompagne souvent à cette époque. En regardant d’un peu plus près, cette compilation regroupe en fait les trois premiers singles de Sheena Ringo, Kōfukuron (幸福論), Kabukichō no Joō (歌舞伎町の女王) et Koko de Kiss Shite avec les B-side, et le premier album Muzai Moratorium (無罪モラトリアム). Ce qui est vraiment étrange, c’est que sur la vingtaine de morceaux inclus sur cette compilation, les trois derniers ne sont pas de Sheena Ringo mais d’autres chanteuses de cette époque n’ayant à priori aucuns liens avec le son monde musical. Ces morceaux s’intitulent I believe par Sakura, Hiyake (日焼け) par Yukie et Binetsu (微熱) par Mina Ganaha (我那霸美奈). La raison de cette sélection très classique de la J-Pop de l’époque mais n’ayant rien de transcendant est particulièrement mystérieuse. Je ne peux m’empêcher d’acheter le CD qui contient un beau picture disk. Les morceaux inclus ont une bonne qualité sonore, fidèle aux singles et album originaux. Il en est de même pour les photographies du livret. Quelques recherches m’indiquent qu’il s’agit en fait d’un bootleg taïwanais plutôt rare. Je savais que Sheena Ringo avait déjà sorti une compilation pour Taïwan au moment de son unique concert hors de Japon, mais la version que j’ai entre les mains est différente et n’a vraisemblablement rien d’officiel. Voilà une curiosité des plus étranges mais que je prends plaisir à écouter comme une sélection de ses premiers titres. Je suis par contre moins sûr de trouver un véritable intérêt aux trois morceaux ajoutés. J’imagine qu’ils ont été ajoutés comme teaser vers d’autres artistes. Ce n’est pas une mauvaise idée, quand on y pense, sauf si on considère le cadre de l’album comme une unité artistique. J’ai moi-même tendance à percevoir un album de cette manière, mais le cadre de la compilation donne ceci-dit des possibilités différentes.

fiche de navigation tokyoïte numéro 2344

Je n’avais pas marché depuis Shibuya jusqu’à Shinjuku depuis plusieurs semaines ou même mois, et je pense que ça m’avait manqué. Je prends un peu moins de photographies que d’habitude ces dernières semaines, et je pense que la période froide hivernale y est pour beaucoup. En écrivant ce titre de billet, je me remémore les Karoshi Reports de Xavier Guilbert qu’il écrivait depuis son arrivée au Japon en Octobre 1998. À ma connaissance, Karoshi Report doit en quelque sorte être le premier blog francophone sur le Japon avant même que le système du blog n’existe. Je me souviens à cette époque avoir été impressionné par ces petits billets très bien mis en page, qui évoquaient sous la forme d’un journal personnel des épisodes de sa vie quotidienne au Japon. Je n’y trouvais bien sûr pas beaucoup d’éléments de surprise, tout simplement parce qu’il parlait d’un Tokyo que je côtoyais également et qui ne m’étonnait donc déjà plus. Ceci étant dit, j’avais un respect certain pour ce travail et je pense que je devais même être un peu envieux. Je pense en tout cas avoir été influencé par ce carnet web et cette approche dans l’écriture de mes propres billets quelques années plus tard et dans le souci de mise en page. Après toutes ces années, c’est agréablement surprenant de voir que ce premier blog tokyoïte est toujours là et n’a pas disparu de la toile. A cette époque là, j’avais déjà un site web personnel appelé Okaeri sur lequel je prenais beaucoup de plaisir à expérimenter des designs. J’avais également un journal de bord, que j’ai d’ailleurs transféré sur ce blog (il s’agit des pages avant Mai 2003 dans les archives), mais je n’y écrivais pas grand chose et pas très souvent. Karashi Report doit contenir une soixantaine de billets couvrant quelques années seulement. Pour Made in Tokyo, j’en suis maintenant au 2344 billet après plus de vingt années. Certaines photographies de ce 2344ème billet ont été prises le jour du passage à l’âge adulte Seijin no Hi (成人の日) pour les filles et les garçons de 18 ans (c’était 20 ans il y a peu). Me dire que mon garçon va bientôt arriver à cet âge me donne un sentiment bien étrange. On pouvait voir quelques personnes habillées en kimono pour l’occasion. Je n’ai pas cherché à tout prix à prendre des kimonos en photo mais ces deux filles sont tout d’un coup sorties de nulle part devant moi pour ensuite s’envoler quelques secondes plus tard. J’ai juste eu le temps d’appuyer sur le déclencheur.

Suite à l’écoute de son album éponyme de 2015, je continue l’écoute progressive des albums de DAOKO avec Thank You Blue sorti en Décembre 2017. Cet album contient un certain nombre de morceaux que je connaissais déjà dont ShibuyaK par lequel j’ai d’ailleurs découvert sa musique et le très beau Onaji Yoru (同じ夜) dont j’avais déjà parlé dans un billet précédent. Onaji Yoru doit être un des plus beaux morceaux de sa discographie et je ne découvre que maintenant qu’il a été co-écrit avec Daigo Sakuragi (櫻木大悟) de D.A.N. et co-composé avec D.A.N. Je comprends maintenant beaucoup mieux la force d’attraction que ce morceau exerce sur moi. L’ensemble de l’album a clairement une approche beaucoup plus pop et mainstream que son album précèdent. On le note dès le premier morceau en duo avec Yonezu Kenshi (米津玄師), Uchiage Hanabi (打上花火), qui a eu un énorme succès commercial. Je pense avoir également parlé du deuxième morceau Step Up Love (ステップアップLOVE) en duo avec Yasuyuki Okamura (岡村靖幸), car j’adore la vidéo réalisée par Yuichi Kodama (児玉裕一), qui réalise également celle de ShibuyaK. Je pense même avoir aimé la vidéo avant ce morceau à l’approche très pop. C’est intéressant de constater le grand nombre de collaborations sur cet album. Je suis assez surpris de voir la bassiste de Sakanaction (サカナクション), Ami Kusakari (草刈愛美), jouer sur le morceau GRY et Keiichi Ejima (江島啓一), le batteur de Sakanaction, composé l’avant-dernier morceau Cinderella step. Le dernier morceau One Room Sideside Step (ワンルーム・シーサイド・ステップ) est un de mes préférés de l’album, notamment pour le rythme de ses percussions. J’étais également surpris de voir qu’il a été co-composé avec Tempalay. Le DVD accompagnant le CD et contenant sept vidéos démarre d’ailleurs par un court morceau intitulé Charm Point (チャームポイント) co-composé et arrangé par AAAMYYY (de Tempalay). Parmi les collaborations, on retrouve Oresama à la composition sur les morceaux ShibuyaK et BANG!, et le musicien Taku Inoue dont j’ai déjà évoqué le projet Midnight Grand Orchestra avec Hoshimachi Suisei (星街すいせい). Le morceau Daisuki (ダイスキ) avec l’artiste électronique TeddyLoid, qui composera plus tard le morceau polymorphe Odo (踊) avec Giga pour Ado, compte également parmi mes préférés. J’aime la manière par laquelle DAOKO intègre régulièrement ses parties rappées rapides, avec un ton très différent à la limite de la schizophrénie. La vidéo représente d’ailleurs bien cette double facette. DAOKO a une capacité certaine à bien s’entourer et à bien entourer les autres. Rappelons qu’elle a chanté en duo avec Beck sur le morceau Up All Night, sorti à cette même période en 2017, et qu’elle apparaîtra plus tard en chat noir lors du concert de Sheena Ringo de 2023, Shogyōmujō (椎名林檎と彼奴等と知る諸行無常), sur le morceau Ishiki (意識 ~Conciously~) dans sa version remixée par MONDO GROSSO. Cette représentation était pour moi le meilleur moment du concert et me laisse encore maintenant une très forte impression. Ce concert n’est en fait pas le seul lien entre DAOKO et Sheena Ringo. A part le fait que j’ai l’impression que le morceau Onaji Yoru est une référence directe au morceau du même titre de Sheena Ringo, elle a également repris Kabukichō no Jōo (歌舞伎町の女王) sur le DVD accompagnant l’album, dans une version électronique très intéressante avec paroles supplémentaires, et on la voit également collaborer avec le rapper Mummy-D, la chorégraphe MIKIKO et les danseuses d’Elevenplay, sans compter les vidéos de Yuichi Kodama, tous proches de Sheena Ringo. En repensant au fait que DAOKO est également très amie avec Ikkyu Nakajima (中嶋イッキュウ) de Tricot, car on les voit régulièrement ensemble sur les réseaux sociaux (je pressens un duo un jour ou l’autre), je me demande si elle ne serait pas le point de pivot entre toutes les musiques que j’aime.

Au Disk Union de Shibuya, je trouve également le CD du troisième album de DAOKO (sur une major), Shiteki Ryokō (私的旅行) sorti en Décembre 2018 et je fais donc un achat groupé avec le CD+DVD de Thank You Blue. J’aurais aimé trouvé l’album Anima (2020) qui a reçu de bonnes critiques à mon souvenir, mais on ne sait jamais à l’avance ce que l’on va trouver au Disk Union. Ça fait d’ailleurs partie du plaisir. De l’album Shiteki Ryokō, je connaissais déjà deux morceaux, à savoir le single Owaranai Sekai De (終わらない世界で) et Nice Trip. Je réécoute Owaranai Sekai De avec un plaisir certain, d’autant plus que je me rends compte maintenant qu’il a été composé et produit par Takeshi Kobayashi (小林武史), dont je parle beaucoup ces derniers temps (notamment sur mes billets sur Kurkku Fields et Kyrie no Uta), avec Yukio Nagoshi (名越由貴夫) à la guitare électrique. Nice Trip est également un des meilleurs morceaux de cet album, sinon le meilleur. Il est composé par le groupe Boom Boom Satellites, formé par le guitariste et chanteur Michiyuki Kawashima (川島道行) et le bassiste et programmeur Masayuki Nakano (中野雅之). Le groupe a cessé ses activités en 2018 suite au décès de Kawashima en Octobre 2016. De Boom Boom Satellites, je ne connais que l’album Photon sorti en 2002 que j’avais acheté à l’époque, attiré par sa superbe pochette spatiale sombre dessinée par Mitsuki Nakamura (中村光毅), qui a notamment été directeur artistique de Mobile Suit Gundam (機動戦士ガンダム) et de Nausicaä de la Vallée du Vent (風の谷のナウシカ). J’avais également été attiré par quelques très bons morceaux comme Pipper, Let it lift, entre autres. Je pensais avoir oublié cet album dans les profondeurs de ma discothèque personnelle, mais il est bien présent sur mon IPod parmi les 10,338 morceaux qu’il contient. Je retrouve son atmosphère sombre et sophistiquée mélangeant sons électroniques et électriques de guitares avec de nombreux passages de saxophone du musicien jazz Nao Takeuchi (竹内直). Kawashima chante, ou parle plutôt, uniquement en anglais et se fait parfois accompagner par une voix féminine, celle d’une chanteuse nommée Dice, sur deux morceaux Light my fire et 40 -FORTY-, qui comptent également parmi les plus remarquables de l’album. Pour revenir sur l’album Shiteki Ryokō, DAOKO y reprend Uchiage Hanabi (打上花火) mais en version solo, et on se demande un peu pourquoi car la version en duo avec Yonezu Kenshi sur Thank You Blue reste tout de même meilleure. Elle a en fait interprété ce morceau seule à l’émission NHK Kōhaku le 31 Décembre 2018. Je me suis interrogé si cette version solo n’avait pas été seulement conçue pour passer à Kōhaku, sachant que Yonezu Kenshi évite ce genre de manifestations télévisées, mais après vérification, la voix de Kenshi Yonezu était bien présente malgré son absence sur scène. Le deuxième morceau et single de l’album, Bokura no Network (ぼくらのネットワーク) composé par Yasutaka Nakata (中田ヤスタカ) est étonnant dans le mauvais sens du terme, car la voix de DAOKO ressemble tellement à celle de Kyary Pamyu Pamyu (きゃりーぱみゅぱみゅ) que ça devient du mimétisme. Certaines manières de chanter sont également ressemblantes, et la composition de Nakata aurait très bien pu convenir à Kyary. Ce morceau contraste avec le reste de l’album et je préfère souvent le passer au profit du suivant Oide Oide (オイデオイデ) qui mélange très bien son chant pop et rap. Dans les très bons morceaux de l’album, il y a celui intitulé 24h en duo avec Yoh Kamiyama (神山羊) que je ne connaissais pas. L’esprit de ce duo me rappelle un peu ceux de KAF, et j’adore cette ambiance un peu nocturne au final au saxophone. Un de mes morceaux préférés est le cinquième intitulé Tane mo Shikake mo aru Mahō (種も仕掛けもある魔法), et ce dès les premières notes au piano. Je ne sais pour quelle raison ces toutes premières notes me font penser à Tokyo Jihen car je ne pense pas à une ressemblance particulière à un morceau du groupe et le reste du morceau est très différent. Il doit y avoir quelque chose dans l’agencement de ces premières notes de piano. Dans son ensemble, cet album, avec Thank You Blue, est particulièrement réconfortant après des journées difficiles et ça fait beaucoup de bien de s’y laisser entraîner.

J’écris une partie de ce billet assis sur un banc du parc central de Nishi-Shinjuku, qui est devenu un de mes parcs préférés. Il fait froid mais le soleil nous réchauffe. Je ne suis pas le seul à apprécier les bancs de ce parc. Devant moi, se dressent les hauts buildings de Nishi-Shinjuku.

死ぬほど美しい

C’est devenu pour nous une tradition d’aller voir de près le Mont Fuji pendant les premiers jours de l’année. L’année dernière, nous avons longtemps regardé le versant de Shizuoka depuis les hauteurs de Nihondaira. Cette année, nous partons l’observer depuis la préfecture de Yamanashi, en poussant jusqu’au lac Motosu (本栖湖), le plus éloigné des cinq grands lacs du Mont Fuji (富士五湖). L’autoroute Chuo nous dépose au pied du lac Kawaguchi (河口湖). Il s’agit du plus immédiatement accessible et du plus grand des cinq lacs. Depuis la petite ville de Fujiyoshida située au bord du lac Kawaguchi, nous filons directement vers le lac Motosu, mais on s’arrête en passant au lac Shōji (精進湖), qui est lui le plus petit des cinq lacs. On en fait vite le tour en voiture pour rejoindre le lac Motosu, notamment le point de vue le plus connu que l’on voit représenté sur le billet de 1000 Yens. On compare bien sûr un billet avec la vue réelle pour constater qu’elle est en effet en tout point identique. Les bords du lac Motosu sont assez peu développés, à part des campements et quelques hôtels qui semblent assez anciens. L’endroit n’est pas difficile d’accès en voiture mais c’est très certainement plus compliqué de s’y rendre en transport en commun. Se promener en voiture autour des lacs est en tout cas vraiment plaisant, d’autant plus qu’il y a peu de traffic. Nous continuons notre petit périple en découvrant ensuite le lac Sai (西湖). On s’approche tout près de l’eau, comme montré sur la deuxième photographie du billet. Je ne peux bien sûr m’empêcher d’y proclamer que le lac Sai est formidable (西湖は最高だね!), ce qui correspond à un jeu de mots de bas niveau en japonais. Notre dernière étape est de retrouver le grand lac Kawaguchi, en faisant une pause à Fuji Oishi Hana Terrace. C’est un ensemble récent et moderne de petites boutiques et cafés situé à proximité du lac. A tout moment lorsqu’on l’aperçoit, on est envouté par la magnificence du Mont Fuji qui attire toute notre attention. Lorsqu’on ne le voit plus, caché par des forêts ou des montagnes, on le recherche. Lorsqu’on l’aperçoit devant soi, il est difficile de détourner le regard.

Une partie de la route qui nous a amené vers les lacs Motosu et Shoji traverse une partie de la mer forestière d’Aokigahara (青木ヶ原樹海) appelée Aokigahara Jukai. On qualifie cette forêt avec le mot Jukai (樹海) pour signifier qu’il s’agit d’une mer d’arbres. J’imagine très bien le mouvement des cimes d’arbres poussées de manière uniforme par le vent, formant comme des vagues d’un océan. Cette forêt a la triste réputation historique d’abriter des fantômes yūrei (幽霊), et depuis les années 1950, elle est connue pour le nombre important de personnes qui s’y suicident. Cette forêt est par endroits très dense et accidentée, formée suite à une large coulée de lave il y a 1200 ans (en 864). Cette lave poreuse absorberait apparemment les sons et contribuerait à un sentiment de solitude. Cette forêt d’Aokigahara me ramène tout d’un coup vers la musique de NECRONOMIDOL car la vidéo du morceau Psychopomp sur leur album VOIDHYMN y a été tournée. Dans la mythologie japonaise, les Shinigami (死神) sont des dieux psychopompes, des personnifications de la mort qui ont la tâche d’escorter les âmes récemment décédées vers l’autre monde.

Je ne suis pas sûr que ce soient des dieux psychopompes Shinigami que l’artiste Takato Yamamoto (山本タカト) représente sur les deux superbes illustrations ci-dessus, mais ils y ressemblent très fortement. Takato Yamamoto est peintre de formation, originaire de la préfecture d’Akita et diplômé du Département des Beaux-Arts de l’Université Zokei de Tokyo. Dans les années 1980, il travaille principalement sur des illustrations pour des publicités d’entreprise, mais à partir du début des années 1990, il commence à illustrer des romans sous l’influence de l’art de la fin du XIXe siècle et de l’Ukiyo-e. Il crée des œuvres d’ambiance fantastique, comme celles montrées ci-dessus qui me fascinent complètement, dans un style qu’on qualifie d’Esthétique Heisei. Il a déjà publié plusieurs livres d’illustrations mais je ne pense pas en avoir trouvé en librairie pour le moment. Certaines de ses créations peuvent être proches du style Ero-guro (érotisme grotesque) mais ne perdent pas pour autant une finesse déconcertante. La beauté de cette noirceur, parfois vampirique et pleine d’un romantisme d’une autre époque, est fascinante. Ces deux peintures ci-dessus à l’acrylique sur papier font partie d’une série intitulée Yokagami (夜鏡), qu’on peut traduire par le miroir de la nuit, datant de 2021. L’auteur donne également à cette série le sous-titre « In the Terrible Depth of Night ». Takato Yamamoto montre un grand nombre de ces peintures sur son compte Instagram, qu’il faut regarder sans être effrayé.

Cela fait un bon moment que les oeuvres musicales de Meitei (冥丁) m’intriguent, ne seraient ce que les couvertures des quelques albums qu’il a sorti jusqu’à maintenant. Meitei, de son vrai nom Daisuke Fujita (藤田大輔), est un artiste japonais vivant à Hiroshima. Il crée de la musique expérimentale principalement de style Ambient se basant sur des sons et des atmosphères anciennes du folklore japonais. Son premier album sorti en 2018 s’intitule Kwaidan (怪談) et, comme ce titre l’indique, il s’agit d’une œuvre basée sur le thème des histoires de fantômes japonaises. Sur cet album, Meitei est directement influencé par l’œuvre littéraire du même titre, Kwaidan ou Histoires et études de choses étranges, de l’écrivain Yakumo Koizumi (小泉八雲), contenant plusieurs kaidan, ou histoires de fantômes japonais. Yakumo Koizumi est en fait un écrivain irlandais, de son vrai nom Lafcadio Hearn. Débarqué au Japon en 1890 où il exerce le journalisme, il se marie en 1896 avec Setsuko Koizumi, fille d’un samouraï, et prend la nationalité japonaise et donc le nom de famille de sa femme. Il rédige des œuvres sur le Japon et la culture japonaise, notamment sur les histoires traditionnelles de fantômes. Il passe le restant de ses jours au Japon et meurt à Tokyo d’un crise cardiaque en 1904. Sa tombe se trouve dans le grand cimetière de Zoshigaya (雑司ヶ谷), endroit paisible que j’ai déjà visité à plusieurs reprises. Sur l’album Kwaidan, on ressent également l’influence du mangaka Shigeru Mizuki (水木しげる), un des fondateurs du manga d’horreur, spécialisé dans les histoires de monstres et de fantômes. Je suis très loin d’être connaisseur de ses manga mais je reconnais tout de même dans un morceau comme Touba (塔婆) ou Jizo (地蔵), un certain humour que Meitei traduit dans les sons de sa voix. Touba est le morceau que je préfère de l’album. On y devine des lieux d’un Japon ancien, rempli de fantômes ou d’êtres étranges que l’on distingue à peine dans l’obscurité mais dont on devine les voix et les mouvements. Meitei joue le rôle du narrateur en racontant une histoire mais sa voix est étrangement proche du hip-hop. Les arrangements musicaux électro-ambiant sont tellement détaillés qu’on est pris par cette ambiance tout simplement envoûtante évoquant un esprit japonais désormais disparu. L’écoute de cet album est certes déconcertante et difficile d’approche, mais l’atmosphère qui s’en dégage grandit petit à petit en soi à chaque écoute. Kwaidan n’évoque pas une atmosphère particulièrement effrayante, mais un univers poétique nostalgique et mélancolique à la finesse subtile. Les morceaux Sankai (山怪) et Sazanami (漣) en sont de très bon exemples. Meitei continue ensuite avec des œuvres musicales dans une trilogie intitulée Kofū (古風). Je pioche pour l’instant quelques morceaux du premier épisode Kofū, sorti en Septembre 2020, en particulier Oiran I (花魁I) et Oiran II (花魁II). Le style musical de de cet album est très différent de Kwaidan, mais maintient cette représentation d’un Japon antique longtemps disparu. On devine des lieux et des espaces, où évoluent et chantent par exemple les courtisanes Oiran évoquées par ces deux titres, mais l’approche électronique faite de samples est encore une fois déconcertante. Elle rend cette atmosphère irréelle et fantastique. Le talent de Meitei est d’arriver à composer avec ces ambiances pour créer un morceau moderne, venant brouiller toute conception temporelle. Ces deux morceaux Oiran sont étonnement extrêmement accrocheurs et sont à mon avis une bonne porte d’entrée vers son univers musical. Sur le troisième volet de la trilogie Kofū, sorti récemment en Décembre 2023 et intitulée tout simplement Kofū III (古風III), je choisis également deux morceaux Yume-jūya (夢十夜) et Heiwa (平和). Ces deux morceaux étaient en fait sorti ensemble et avant l’album sur un EP de deux titres (avec une image de poisson rouge en noir et blanc). Les deux morceaux sont très différents, l’un très agité comme une boîte à musique déréglée et l’autre évoquant une forme de plénitude, peut-être celle d’Onomachi près d’Hiroshima où vit Meitei. Comme de nombreux autres dans la discographie de Meitei, ce morceau Heiwa est beau à en mourir, comme la silhouette du Mont Fuji s’effaçant lentement derrière la pénombre naissante, ou comme cette jeune fille dessinée par Takato Yamamoto attirée par des spectres mortuaires.

le soir à Shibamata

Made in Tokyo ne se qualifiera jamais comme un blog touristique ou de voyage, mais je ne pourrais que conseiller un passage à Shibamata à ceux et celles qui viennent visiter Tokyo, mais peut-être pas quand c’est la première fois car il y a déjà énormément de lieux à voir dans le centre-ville. Shibamata se trouve à Katsushika dans la banlieue Nord-est de Tokyo. Une rue commerçante conservée, célèbre car il s’agissait d’un des lieux de tournage des films populaires Otoko ha Tsurai yo (男はつらいよ), nous amène jusqu’à l’entrée du temple Shibamata Taishakuten (柴又帝釈天). Nous y arrivons assez tard, en fin de journée pendant une des premières journées de l’année, mais avant la fermeture, ce qui nous permet d’entrer à l’intérieur, pendant qu’un moine répète inlassablement ses prières. Une des beautés du Taishakuten est la qualité des sculptures sur bois entourant le bâtiment principal. Nous en avons vu certaines de l’intérieur, mais la visite des grandes fresques sculpturales à l’extérieur ne peuvent se visiter que jusqu’à 16h, ce qui était un peu trop tard pour nous cette fois-ci. J’aime beaucoup l’ambiance du soir dans les temples et sanctuaires, en marchant avec un verre d’amazake dans les mains pour se réchauffer. La prise de photo n’est cependant pas aisée le soir lorsque la nuit tombe rapidement. Beaucoup des photographies que j’ai pris étaient floues ou mal cadrées (ce qui peut être un style à part entière), ce qui facilite ceci étant dit la sélection de ce que je montrerais ensuite sur ces pages. Avant de rentrer, nous faisons un saut de puce au pied de la tour Tokyo Skytree qui nous souhaite une bonne année. Nous avons été relativement actifs pendant les trois premiers jours de l’année, alors qu’en général, nous restons assis devant la télé de longues heures en somnolant un peu.