Je n’en montre qu’une seule sur ce billet par esprit de contradiction mais les rues de Tokyo sont actuellement envahies par les feuilles mortes, notamment celles jaunes des arbres Gingko. Je suis très attiré en ce moment par les sons rock américains, notamment par ceux du jeune musicien américain originaire de Caroline du Nord, MJ Lenderman, qui sort déjà son quatrième album Manning Fireworks à l’âge de 25 ans. L’album évolue dans un style Indie Rock et Country Music. Les deux morceaux plutôt orientés country me plaisent moins, mais quand il trouve le juste milieu entre l’alternatif et les sonorités de guitares country, je trouve sa musique excellente. Le meilleur morceau de l’album doit être celui intitulé She’s Leaving You, mais j’aime aussi beaucoup d’autres comme Joker Lips qui me fait à chaque fois penser aux albums orientés country de Beck. Le troisième morceau Rudolph est un bon exemple de cet équilibre entre les sonorités country avec une guitare d’introduction très typée, puis la voix de Lenderman me ramène un peu vers le rock indépendant pur d’un Stephen Malkmus de Pavement. Le passage en solo de guitare est vraiment sublime sur ce morceau. Ça doit être le morceau que je préfère de l’album. Je me rends compte après coup que cet album est placé en quatrième position du classement annuel de Pitchfork des meilleurs albums de cette année. J’avais complètement délaissé Pitchfork ces dernières années car j’y trouvais une trop grande orientation Hip-hop et R&B qui m’intéressait moins. Je suis d’ailleurs assez surpris de ne pas voir le dernier album de Beyoncé dans le classement 2024 de Pitchfork. Avec deux années de retard, j’ai beaucoup écouté cette année son album précédent Renaissance, qui était le meilleur album de l’année 2022, et c’est vrai que l’album est vraiment excellent. Je me souviens qu’à la première écoute, j’avais été tout de suite convaincu par le morceau Energy et manière par laquelle il merge avec le morceau suivant Break My Soul. Beyoncé peut tout faire de sa voix, et c’est quand même assez exceptionnel.
tunnel vision
L’année se termine bientôt et je ne l’ai pas vu passer. J’ai pourtant l’impression qu’il s’est passé beaucoup de choses cette année, mais rien de vraiment nouveau sur ce blog. Je me suis certainement posé moins de questions sur le fait de continuer ou pas à écrire, même si celles-ci reviennent inlassablement lorsque l’année se termine. Il me reste un certain nombre de photographies à montrer mais une toute petite volonté d’écrire, comme si toute la fatigue de l’année s’était emmagasinée et m’avait enlevé toute capacité à me concentrer pour écrire quelques lignes. C’est bizarre comme la fin d’une année se ressent comme une fin de cycle qui me fait à chaque fois réfléchir si je devrais de nouveau démarrer un nouveau cycle. Il m’est souvent arrivé d’annoncer les derniers jours de ce blog dans les brouillons d’un billet que j’étais en train d’écrire, pour ensuite me corriger. Même si la question de complètement arrêter Made in Tokyo ne se pose pas vraiment, l’écriture est parfois tellement laborieuse que je me demande si elle est vraiment nécessaire. Elle n’est parfois pas vraiment nécessaire, ni pour moi ni pour les autres.
Voir apparaître soudainement le drama Beautiful Life dans les nouvelles recommandations sur NetFlix m’a replongé au tout début des années 2000. Je ne me souviens pas avoir regardé beaucoup de drama à l’époque mais celui-ci avait accompagné quelques mois de mes premières années à Tokyo. Le drama Beautiful Life (ビューティフルライフ 〜ふたりでいた日々〜) a été diffusé sur la chaîne TBS du 16 Janvier au 26 Mars 2000. Je ne suis pas certain d’avoir regardé tous les épisodes à l’époque mais je me souviens très bien avoir suivi cette histoire jusqu’à son dénouement. J’ai eu envie de me replonger dans les onze épisodes de la série en les regardant une nouvelle fois sur NetFlix. L’actrice Takako Tokiwa (常盤貴子) y joue le rôle de Kyōko Machida (町田杏子), une bibliothécaire en fauteuil roulant, et Takuya Kimura (木村拓哉), celui de Shūji Okishima (沖島柊二), styliste d’un salon de coiffure réputé sur la grande avenue d’Omotesando. Une histoire d’amour pleine de rebondissements se noue entre Kyōko et Shūji, avec toutes les complications que peuvent apporter la situation physique et la maladie de Kyōko. Il y a de nombreux moments émouvants dans cette série, notamment dans les réactions de Kyōko qui semblent très justes, même si on ne peut que difficilement se mettre à sa place. Un autre intérêt de cette série est de revoir Aoyama en l’an 2000. De nombreux bâtiments ont été remplacés, notamment celui où se trouve le salon de coiffure. On y trouve maintenant le bâtiment du magasin Louis Vuitton. J’y aperçois également l’ancien bâtiment de verre Hanae Mori conçu par Kenzo Tange que j’avais pris en photo en 2006, ainsi que les vieilles résidences Dojunkai remplacées par Omotesando Hills. Et je repense à une série de photographies par Yūki Kanehira de ces Aoyama Dojunkai Apartments (青山同潤会アパート).
Et côté musiques rock et pop japonaises, j’écoute tant de choses que j’aurais un peu de mal à écrire avec détails sur tous les morceaux et albums de ma playlist actuelle. On y trouve le dernier single en date d’Utada Hikaru, Electricity. Ce morceau est présent sur la compilation Science Fiction sorti en Avril 2024, mais je n’y avais pas prêté attention jusqu’à la sortie récente de la vidéo. Je reviens également vers le jeune trio rock Brandy Senki (ブランデー戦記), dont j’ai parlé récemment pour le superbe single Coming-of-age Story (青春の物語), avec deux très bons morceaux: Nightmarish du même EP A Nightmare Week, et le tout dernier single du groupe, 27:00, sorti le 19 Novembre 2024 (la photo ci-dessus est tirée de ce morceau). J’ai aussi beaucoup écouté l’album Antenna (アンテナ) de Quruli (くるり) sorti en 2004, un album apaisé que j’ai beaucoup apprécié où chaque morceau oscille entre le rock et le folk. Ça ne m’a pas empêché de l’intercaler avec l’album DOOR (ドアー) de Ging Nang Boyz (銀杏BOYZ), qui est sorti en 2005 en même temps que leur premier album album You & I’s WW III Love Revolution (君と僕の第三次世界大戦的恋愛革命). Le style punk criard et volontairement immature de l’album DOOR y est similaire, mais il ne s’agit pas de mon album préféré du groupe. AiNA The End a sorti son troisième album Ruby Pop sorti le 27 Novembre 2024 contenant certains singles dont j’ai déjà parlé ici comme Love Sick ou Red:birthmark, entre autres. L’album est assez long avec 17 morceaux et malgré trois d’entre eux que je trouve moyens et que je passe à chaque écoute de l’album, la plupart des morceaux sont très bons. Je retiens surtout Kaze to Kuchizuke to (風とくちづけと), Entropy, Heart ni Heart (ハットにハット) et le sublime Ho (帆). Ce morceau est d’ailleurs celui par lequel elle a démarré son concert ENDROLL au Nippon Budokan (日本武道館) le 11 Septembre 2024. Je mentionne ce concert car il est disponible en intégralité sur Amazon Prime. J’avais pensé essayer d’acheter une place pour ce concert lorsqu’elle l’avait annoncé, mais je ne sais pour quelle raison j’avais hésité, peut-être parce qu’il y a toujours quelques uns de ses morceaux qui me plaisent moins comme sur cet album. En regardant ce concert sur Amazon Prime, je regrette un peu de ne pas y être allé, surtout dans une salle mythique comme le Budokan. Je n’ai pour l’instant aucun concert de prévu pour l’année prochaine et ça me manque un peu de ne rien avoir en vue à l’horizon. Et je termine cette retrospective par un duo inattendu d’Utaha (詩羽) et de Cent (セントチヒロ・チッチ ex-BiSH) sur un single extrêmement sympathique intitulé Bonsai. Utaha s’échappe de temps en temps de Wednesday Campanella (水曜日のカンパネラ) pour écrire ses propres morceaux, et ce n’est pas une mauvaise idée. Pour celui-ci, elle écrit en fait les paroles avec Cent et Soshi Maeshima compose la musique.
crushing red interlude
Autre belle découverte de l’émission Very Good Trip de France Inter, le groupe hardcore punk américain Gouge Away, originaire de Floride. J’écoute d’abord le morceau Maybe Blue, qui me passionne immédiatement car j’y retrouve des sons et une agressivité vocale qui me sont familières. Le nom du groupe ne cache pas l’influence directe de Pixies. Mais un morceau comme Deep Sage me ramène aussi vers les sonorités de Sonic Youth et une certaine noirceur de Nirvana (pas celle de Nevermind). L’album Deep Sage de onze morceaux se condensent sur 35 minutes. Christina Michelle peut crier dans le micro, ça n’enlève rien à la beauté écorchée de sa voix.
true blue interlude
Je suis plus attentif ces derniers mois aux sorties musicales non-japonaises, grâce notamment au podcast Very Good Trip de France Inter qui m’oriente vers quelques très belles découvertes. Michka Assayas diffuse dans des episodes récents de son émission une rétrospective de titres sortis cette année qui auraient mérité être davantage diffusés. J’écoute d’abord l’épisode consacré à l’electro et j’accroche tout de suite sur le morceau Death & Romance du groupe Magdalena Bay sur leur dernier album Imaginal Disk, sorti le 23 Août 2024. Le nom de ce duo américain composé de Mica Tenenbaum et Matthew Lewin m’était familier, et je le gardais même en tête sans avoir écouté leur musique, car j’en avais entendu parler à plusieurs reprises. La synth pop à tendance rétro et alternative du morceau Death & Romance me plait tout de suite beaucoup et une première écoute de l’album sur Bandcamp me fait tout de suite l’acheter. J’aime beaucoup la manière dont la plupart des morceaux s’enchainent sur l’album sans interruption, ce qui crée un univers continu. J’adore l’approche pop un peu vaporeuse des morceaux qui n’hésite pas à s’en éloigner en cours de route pour des sons plus expérimentaux. Le tout donne un son alternatif mélangeant les styles, avec même des incursions disco sur l’excellent morceau Image. Ce morceau suivi de Death & Romance m’a tout de suite convaincu de la qualité de l’album. La très grande majorité des morceaux de cet album sont excellents, mais certains sortent quand même leur tête par dessus les autres. Outre ceux déjà cités, on peut également noter Vampire in the Corner, Tunnel Vision, entre autres. Ah, j’adore ce genre de découvertes musicales inattendues qui viendraient presque mettre sans dessus-dessous tout ce que j’ai écouté jusqu’à maintenant (et la composition classique de mes billets par la même occasion).
de l’impermanence répétée des choses
Cela fait plus de vingt ans que je parcours les rues de Tokyo avec mon appareil photo et je n’y trouve pourtant pas encore de lassitude, peut-être parce que mon regard est sans cesse renouvelé même si j’ai parcouru les mêmes rues des dizaines de fois. J’ai remarqué que ce renouvellement du regard ne s’opère que lorsque j’ai sorti l’appareil photo de mon sac et que je le tiens à la main ou en bandoulière. S’il reste au fond de mon sac, il y a de fortes chances que je passe à côté des choses qui m’entourent. Le fait d’avoir l’appareil immédiatement à disposition déclenche une sorte d’acuité visuelle et un intérêt accru pour ces choses autour de moi. Je me demande si ces choses autour de moi sont éphémères car il me semble souvent les avoir vu pour la première fois alors que je suis pourtant passé par ces lieux de nombreuses fois. Le béton et l’acier de la galerie TOM sur la première photographie se tiennent pourtant immuables au bord d’une rue de Shōtō depuis 1984. Même chose pour Earthtecture Sub-1 de Shin Takamatsu sur la troisième photographie, présente au bord d’une rue de Yoyogi Uehara depuis 1991. Ces architectures très particulières suscitent certainement le besoin de les approcher avec un regard à chaque fois renouvelé pour essayer de comprendre leurs mystères. L’éphémère n’est pas seulement celui des choses qui m’entourent mais également celui de mon regard qui change de points d’interêt et de sensibilité à chaque parcours. Cette impermanence répétée de mon propre regard ajouté au renouvèlement perpétuel de nombreuses parties de cette ville font que je n’en ai pas encore vu le bout, et que je peux entamer un nouveau parcours avec un regard à chaque fois différent. Et pour ajouter un paramètre indispensable à cette équation sensorielle, les lumières conditionnées par les saisons et les nuages qui nous surplombent modifient profondément l’appréhension que l’on peut avoir des choses. Et quand j’ai le sentiment que les choses autour de moi se répètent, je lève les yeux vers le ciel, vers des zones que l’on ne regarde pas forcément de manière spontanée. Une connaissance m’avait dit une fois, il y a de nombreuses années, que regarder mes photographies sur ce blog avait changé sa manière de regarder les rues qu’elle parcourait tous les jours. C’est un commentaire que je garde en tête encore maintenant.
J’avais acheté il y a plusieurs semaines au Disk Union de Shimokitazawa un double DVD du mythique groupe rock Number Girl mené par Shutoku Mukai (向井秀徳). Malgré une réunion éphémère plus récemment, le groupe s’est dissous il y a plus de vingt ans, le 30 Novembre 2002 après un ultime concert à Sapporo, le Sapporo Omoide in My Head Jōtai (サッポロOmoide in My Head状態). Le double DVD éponyme que je me suis procuré à Shimokitazawa est sorti le 23 Mars 2003 et il s’agit de la dernière sortie de la discographie officielle de Number Girl. Je le découvre progressivement en commençant par le premier DVD qui est un long documentaire de deux heures montrant un grand nombre d’images d’archives de leurs premiers concerts à Fukuoka d’où le groupe est originaire, du passage à la Japan Nite du festival SXSW au Texas, des séances d’enregistrements dans les studios de Tarbox Road de Dave Fridmann dans l’état de New York pour les albums Sappukei (2000) et Num-Heavymetallic (2002) et de nombreux autres extraits de concerts au Japon dont leur tout dernier morceau Omoide in My Head interprété lors de leur dernier concert à Sapporo mentionné ci-dessus. Parmi les nombreuses scènes du documentaire, celle intitulée Tokyo Freeze, prise en version acoustique attire mon attention. La vidéo datant de 2001 est très granuleuse et volontairement mal cadrée. Cette scène filmée semble improvisée. Elle a été prise dans une chambre d’hôtel à Sapporo. Elle réunit le groupe sur le tatami de la chambre d’hôtel. L’ambiance semble solennelle mais montre également la fatigue d’une fin de concert, où les membres utiliseraient leurs dernières forces pour un tout dernier morceau. Dans les paroles mi-parlées mi-chantées de Tokyo Freeze, Shutoku Mukai répète plusieurs fois les paroles « Kurikaesareru shogyōmujō, Yomi ga heru seiteki shōdō » (繰返される諸行無常、よみがへる性的衝動) qu’on peut traduire par « Impermanence répétée de toutes choses, Impulsions sexuelles ravivées ». Ces mêmes paroles me sont familières car Shutoku Mukai les prononce également sur le morceau Kamisama, Hotokesama (神様、仏様) de Sheena Ringo, sorti en 2015. Les univers de Shutoku Mukai et de Sheena Ringo se croisent sur ces paroles. Ce terme bouddhiste de l’impermanence Shogyōmujō (諸行無常) était utilisé par Sheena Ringo comme titre pour sa tournée nationale de 2023, Sheena Ringo to Aitsura to Shiru Shogyōmujō (椎名林檎と彼奴等と知る諸行無常). D’un autre côté, le terme Seiteki (性的) que Shutoku Mukai utilise dans ses paroles était présent dans l’univers de Sheena Ringo à ces débuts, notamment dans la série de compilations vidéos Seiteki Healing (性的ヒーリング), qu’on peut traduire par « Guérison sexuelle ». Le terme Shogyōmujō (諸行無常) est un des trois Sceaux du Dharma (Trilakṣaṇā dharmamudrā en sanscrit), ou marques de l’existence, constituant la philosophie fondamentale du bouddhisme, avec les concepts de Non-soi (諸法無我) et de sérénité du nirvana (涅槃寂静). Cette dernière marque est parfois remplacée par l’idée que toute expérience est caractérisée par la souffrance (Duḥkha en sanskrit). Le Shogyōmujō s’interprète comme le fait que toute chose dans ce monde change et répète son destin de naissance et de disparition, que rien ne reste toujours le même et que la vie est éphémère. Sheena Ringo utilise beaucoup les concepts et l’imagerie boudhistes dans ses morceaux et dans ses concerts. C’est également le cas pour sa dernière tournée de 2024, et d’une manière remarquable d’ailleurs. Je me rends compte que Shutoku Mukai utilise en fait très souvent ces paroles « Kurikaesareru shogyōmujō, Yomi ga heru seiteki shōdō » (繰返される諸行無常、よみがへる性的衝動) sur les morceaux de sa formation post-Number Girl, Zazen Boys, mais la première fois que ces paroles ont été utilisées était en 1999 sur le morceau Eight Beater de l’album School Girl Distortional Addict de Number Girl.
De Zazen Boys, je ne connaissais que deux morceaux, ceux en collaboration avec Sheena Ringo présents sur la compilation Ukina (浮き名) sortie en Novembre 2013, Crazy Days Crazy Feeling et You make me feel so bad provenant du même album Zazen Boys II sorti en 2004. Je voulais démarrer l’écoute de Zazen Boys par ce deuxième album, qui compte apparemment parmi les plus réputés du groupe, mais je trouve d’abord l’album suivant Zazen Boys III, sorti en 2006, au Disk Union de Shin-Ochanomizu. Ce troisième album est celui qui divise le plus les fans et est réputé pour être le moins accessible. Je ne commence pas par la porte d’accès la plus facile mais je ne suis pas déçu par ce que j’écoute, et ce dès le premier morceau Sugar Man. L’album est très expérimental et assez désorganisé. Shutoku Mukai donne parfois l’impression d’être en roue libre, multipliant les voix bizarres. On note tout de même une inspiration bouddhiste certaine, dans certaines manières de chanter et de parler. Les compositions de Zazen Boys sont proches du math rock, dans le sens où elles sont complexes et imprévisibles. Il faut plusieurs écoutes pour s’imprégner de l’ambiance de l’album, qui devient petit à petit indispensable, car les rythmes de guitare finissent par nous hypnotiser. Le morceau Don’t Beat en est un bon exemple. Je peux comprendre que cet album puisse être déstabilisant car un morceau comme l’instrumental Lemon Heart ressemble à une session de préparation avant de démarrer un véritable morceau, mais les sons de guitare et le rythme complexe de la batterie sont tellement intéressants que ce morceau est pour moi fascinant, notamment pour son final qui décroche complètement. On trouve tout de même sur cet album des morceaux à l’approche plus classique, comme This is NORANEKO, mais il est tout de suite suivi par le morceau METAL FICTION qui démarre d’une manière très étrange par des paroles où Shutoku Mukai prend le ton de voix d’un moine bouddhiste. Sans connaître le reste de la discographie de Zazen Boys, je me place tout de suite du côté des amateurs de cet album, car l’ensemble est assez fabuleux pour sa grande liberté conceptuelle. Du coup, j’ai eu très envie de me procurer l’album Zazen Boys II que je trouve finalement au Disk Union de Shibuya. Au passage, le design en graffiti de la couverture de ce deuxième album du groupe me rappelle un peu un design récent d’un logo de Tokyo Jihen. Sur Zazen Boys II, outre les deuxième et cinquième morceaux, Crazy Days Crazy Feeling et You make me feel so bad, que je connaissais déjà, je ne découvre que maintenant que Sheena Ringo chante également sur un troisième morceau de cet album de 15 titres. Sur ce morceau intitulé Anminbō (安眠棒), Ringo n’intervient que dans les chœurs pour répéter, avec une voix aux accents traditionnels que je ne lui connaissais pas, les paroles « Anminbō de Korosareta » (安眠棒で殺された) qu’on peut traduire par le fait d’avoir été tué par un bâton de sommeil profond. Ces paroles sont bien mystérieuses et j’ai un peu de mal à en comprendre le sens. L’album Zazen Boys II est plus accessible que le troisième opus du groupe, avec certains morceaux proches de l’ambiance sonore de Number Girl, notamment pour le son de guitare très métallique et l’approche vocale agressive. Un grand nombre de morceaux ont cependant une approche math rock distincte. Dans cet esprit, le début du sixième morceau Cold Beat est très intéressant car le rythme rapide de la guitare fait ressembler l’instrument à un beat électronique. Shutoku Mukai y chante avec un phrasé proche du rap qui caractérise également un certain nombre de morceaux du groupe. Un morceau comme Daigakusei me ramène avec un grand plaisir vers les sons dissonants de Sonic Youth. C’est peut-être en raison du nom du groupe, mais j’avais un à priori que les morceaux de Zazen Boys étaient forcément moins intéressants que ceux de Number Girl, mais je me rends en fait compte avec ces deux albums que ce n’est pas du tout le cas.